/ 346
55. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Rousseau et Diderot deviennent célèbres. […] La situation devenait alors le principal dans le drame, « toute l’intrigue, dit M. […] Il ne commença à devenir cher à la nation que quand il eut été assassiné. […] Cela fait qu’une lettre à écrire devient un fardeau pour vous. […] Que deviendrez-vous quand vous serez malade et abandonné ?

56. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Beaumarchais 1732-1799 » pp. 199-202

Le procès que lui suscitèrent les héritiers de Paris Duvernez, devint, grâce à son adresse, une importante question de liberté publique et d’intérêt général. […] Nul n’a mis en circulation plus de malices devenues proverbes. […] Elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription.

57. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Notions préliminaires » pp. 2-15

Lorsque, joignant la réflexion, la combinaison à la mémoire, elle compose avec les traits et les circonstances que lui fournit cette dernière faculté des tableaux dont l’ensemble n’a point de modèle dans la nature, elle devient créatrice ; et c’est alors qu’elle appartient au génie. […] Mais aussi lorsqu’on a acquis de l’expérience en ce genre, le goût s’éclaire et devient plus sûr ; il discerne non seulement le caractère général de l’ouvrage, mais les beautés et les défauts de chaque partie ; il voit des qualités distinctes, il connaît ce qui est digne de louange et ce qui doit être repris. […] Il y avait des orateurs, des poètes, lorsque personne encore n’enseignait à le devenir. […] Les vérités deviennent plus sensibles par la netteté du style, par les images riantes, et par les tours ingénieux sous lesquels on les présente à l’esprit.

58. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume. » pp. 365-408

Élevé chez les Jésuites à Bourges, où son père faisait sa résidence la plus ordinaire, il montra, dès ses études, un génie précoce, et devint un héros dans les premières années de sa jeunesse. […] Mais dès le moment qu’il fut rentré dans le devoir, il devint, comme il l’avait été auparavant, un des sujets les plus fidèles ; et le roi ne balança pas à lui rendre ses bonnes grâces et toute sa confiance. […] Celle des douze tribus d’Israël, dont il fut le chef, devint la plus nombreuse et la plus puissante de toutes. […] Devenue orpheline, elle fut élevée chez une de ses tantes à Paris. […] Cette république, anéantie par Jules César, qui s’en fit nommer dictateur perpétuel, devint un Empire sou Auguste, son fils adoptif, qui en fut reconnus le premier empereur l’an 31 avant Jésus-Christ.

59. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

Ajax en devint si furieux, qu’il perdit l’usage de sa raison. […] Devenu roi de France, en 1589, il ne fut sacré qu’en 1594, après avoir porté le dernier coup à la Ligue, par l’abjuration qu’il fit de la religion protestante. […] Un jour s’étant reposé sur le bord d’une claire fontaine, et ayant aperçu son image dans l’eau, il en devint si amoureux, qu’il sécha de langueur. […] Mais devenu chef de parti dans la guerre civile, il fut battu par César à Pharsale. […] Cette contrée dont Cyrus était devenu l’héritier, son royaume de Perse, et l’empire d’Assyrie qu’il avait conquis, ayant été réunis, vers l’an 338 avant J.

60. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Racine 1639-1699 » pp. 415-440

Ce Dieu, depuis longtemps votre unique refuge, Que deviendra l’effet de ses prédictions ? […] Pour moi, je ne dors plus ; aussi je deviens maigre ! […] Avec quel art ingénieux et naïf il échappe et devient insaisissable ! […] Son adresse, son ingénuité devient un piège. […] Il devient presque éloquent.

61. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Ils devinrent classiques par suite de l’admiration qu’ils avaient inspirée aux juges les plus éclairés de leur siècle et de leur pays. […] Il leur était moins facile de devenir des hommes distingués ; mais ceux qui le devenaient étaient certains de se voir environnés de ces honneurs et de ces respects qui sont la noble récompense et le véritable encouragement du génie. […] Ainsi ces sortes compositions ne sont pas méprisables par elles-mêmes, elles ne le deviennent que par la manière dont elles sont exécutées. […] Il court le danger de devenir ennuyeux s’il n’emploie que ces sujets rebattus, qui sont originaux dans les premiers poètes qui copièrent la nature, mais qui, depuis, ont été si souvent répétés, qu’ils sont en quelque sorte devenus d’insipides lieux communs. […] Sa simplicité, rendue littéralement, deviendrait platitude dans nos langues modernes.

62. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

Vous comprenez que cette modestie, cette douce et harmonieuse simplicité disposent notre esprit en faveur de l’auteur et de son œuvre ; nous devenons les amis de l’écrivain qui ne met pas tout en feu en arrivant, Et pour donner beaucoup ne nous promet que peu. […] L’exposition et l’invocation, puisées dans la nature, deviennent donc, à l’aide de l’art, des moyens d’assurer une bienveillance attentive au poëte si modeste, au sujet si intéressant. […] D’une part, il serait aussi déplacé qu’un portail devant une chaumière ; de l’autre, il deviendrait un hors-d’œuvre inutile. […] Après un tel exorde qui promet généralement plus que l’œuvre ne donnera, celle-ci devient froide et décevante. […] Chaque fois que s’épargnant ces préparations, ces confidences sans intérêt, l’on peut tout d’abord entrer dans le vif de l’action, il est bien de le faire, quitte à plaquer çà et là des fragments d’exposition, à l’heure où ils deviendront nécessaires, et dans un moment où le lecteur portera déjà un intérêt assez vif au sujet qui sa déroule pour désirer tous les éclaircissements possibles. » 45.

63. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

Mais, lorsqu’on la néglige, elle devient rebelle ; Et, pour la rattraper, le sens court après elle3 : Aimez donc la raison4 ; que toujours vos écrits Empruntent d’elle seule et leur lustre, et leur prix. […] J’évite d’être long, et je deviens obscur. […] L’habitude devient aptitude. […] S’il en montrait moins, il me laisserait respirer, et me ferait plus de plaisir ; il me tient trop tendu, la lecture de ses vers me devient une étude. […] Les lettres humaines sont devenues très-inhumaines ; on injurie, on cabale, on calomnie, on fait des couplets.

64. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Lettre à M. de la Condamine1 lors de sa reception a l’académie française Du génie pour les sciences, du goût pour la littérature, du talent pour écrire, de l’ardeur pour entreprendre, du courage pour exécuter, de la constance pour achever, de l’amitié pour vos rivaux, du zèle pour vos amis, de l’enthousiasme pour l’humanité : voilà ce que vous connaît un ancien ami, un confrère de trente ans, qui se félicite aujourd’hui de le devenir pour la seconde fois. […] Lorsque l’Ame est tranquille, toutes les parties du visage1sont dans un état de repos ; leur proportion, leur union, leur ensemble, marquent encore assez la douce harmonie des pensées, et répondent au calme de l’intérieur ; mais lorsque l’âme est agitée, la face humaine devient un tableau vivant où les passions sont rendues avec autant de délicatesse que d’énergie, où chaque mouvement de l’âme est exprimé par un trait, chaque action par un caractère, dont l’impression vive et prompte devance la volonté, nous décèle, et rend au dehors par des signes pathétiques2 les images de nos secrètes agitations. […] Le style C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire : il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et, comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres ; il demeure donc dans la perplexité ; mais, lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile1 ; la chaleur naître de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur, et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on dit à ce que l’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. […] Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ; à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes.

65. (1881) Rhétorique et genres littéraires

Les lieux communs ne sont devenus des banalités que par l’abus. […] Passant du sens primitif au sens dérivé, et dans une acception plus étendue, il est devenu la forme personnelle et vivante que l’écrivain donne à sa pensée. […] Exagérée, la concision devient un défaut. […] Trop recherchée, cette figure devient fatigante. […] Ceux-ci sont la fin du poème comme ils en ont été le commencement ; seulement le vers refrain qui a été le second vers du poème en devient l’avant-dernier, et celui qui en a été le premier en devient le dernier.

66. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Je t’ai trouvé, Cinna, dans le camp de mes adversaires : tu n’es pas devenu, tu étais né mon ennemi : eh bien ! […] est-ce de devenir empereur ? […] Par là on peut comprendre ce qu’elles deviendront, lorsqu’elles seront entièrement détachées des liens du corps. […] tu regardais comme utile de te laisser duper par des devins ? […] Lâches que vous êtes, qui avez eu peur d’une fille, et qui n’ayant pu être soldats, êtes devenus bourreaux.

67. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

On dira, pour finir, ce que devient la goutte d’eau sur son caillou. […] Ces flocons, en roulant, ferment une petite boule qui s’accroît peu à peu et devient une masse redoutable. […] Auffrédi devient plus riche qu’auparavant ; avec ses bénéfices immenses il fonda à la Rochelle l’hôpital qui porte son nom. […] S’il est implacable au contraire, que deviendra-t-elle ? […] Qu’au contraire par leur valeur, ce petit vallon inconnu au monde devienne célèbre par leur victoire.

68. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Ce jeune prince, si fougueux, si hautain, si rebelle, devint entre ses mains pieux, humain, charitable, attentif à tous ses devoirs : ce fut le miracle d’une habileté qui alliait la tendresse à l’autorité, la complaisance à l’énergie, la patience à la souplesse. […] Les parties2 de divertissements, qu’il a tant désirées, lui deviennent ennuyeuses ; il faut les rompre3. […] Il passerait d’abord de son tort au vôtre, et deviendrait raisonnable 7, pour le seul plaisir de vous convaincre que vous ne l’êtes pas. C’est un rien qui l’a fait monter jusqu’aux nues8, mais ce rien qu’est-il devenu ? […] Il devint un ange.

69. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Le zèle d’une louable émulation finit même par se tourner en péril ; et l’anarchie devint telle qu’il y eut un jour, dit Monteil, huit ou dix alphabets différents, quarante traités d’orthographe, trente systèmes de prononciation ou d’étymologie, et autant de grammaires. […] Ces deux races n’auraient pu se toucher que dans la colonie phocéenne de Marseille ; mais, comme elle devint rapidement toute romaine, l’idiome originaire fut submergé sous cette inondation. […] Ils inaugurèrent ainsi ces glossaires qui, devenus le partage exclusif des spécialistes, n’ont pas cessé d’être un obstacle à la vulgarisation des sciences. […]  — D’autre part, il n’est point urgent de rendre pronominaux des verbes qui ont cessé de l’être, tels que : se sourire et se pourpenser. — Quant à ceux qui, devenus neutres, furent alors actifs, notons-les seulement comme curiosités. […] Il octroyait ainsi des lettres de noblesse à la langue des bourgeois, qui devint celle de la cour, des parlements et, plus tard, de la diplomatie européenne.

70. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Il représente deux joueurs attablés autour d’un trictrac ou devant un jeu d’échecs : Le ciel devient-il sombre ? […] Mon cœur devient-il triste et ma tête pesante, Eh bien, pour ranimer ma gaîté languissante, La fève de Moka, la feuille de Canton, Vont verser leur nectar dans l’émail du Japon. […] Mais après cette décision générale, on peut encore désirer de savoir ce que deviendront en particulier les personnes. […] Achille, transporté au temps des croisades, aurait pu conserver son caractère ; mais ses mœurs n’eussent certainement pas été les mêmes ; et il serait devenu le Renaud du Tasse ou le Roland de l’Arioste. […] Chacun de ses enfants, nourri sous sa tutelle, Devint son ennemi dès qu’il régna sans elle.

71. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Bruyère. (1646-1696.) » pp. 91-100

N’y épargnez rien, grande reine : employez-y l’or et tout l’art des plus excellents ouvriers ; que les Phidias et les Zeuxis de votre siècle déploient toute leur science sur vos plafonds et sur vos lambris ; tracez-y de vastes et de délicieux jardins, dont l’enchantement soit tel qu’ils ne paraissent pas faits de la main des hommes ; épuisez vos trésors et votre industrie sur cet ouvrage incomparable ; et, après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu’un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par le péage de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison pour l’embellir et la rendre plus digne de lui et de sa fortune. […] D’abord elle se plaint qu’elle est lasse et recrue1 de fatigue ; et le dieu prononce que cela lui arrive par la longueur du chemin qu’elle vient de faire : elle dit qu’elle est le soir sans appétit ; l’oracle lui ordonne de dîner peu : elle ajoute qu’elle est sujette à des insomnies, et il lui prescrit de n’être au lit que pendant la nuit : elle lui demande pourquoi elle devient pesante, et quel remède ? […] Une longue maladie semble être placée entre la vie et la mort, afin que la mort même devienne un soulagement et à ceux qui meurent et à ceux qui restent. […] Riche et fameux commerçant de Bourges, qui devint argentier (trésorier de l’épargne) de Charles VII : ce prince le combla d’honneurs, mais finit par le sacrifier.

72. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

L’histoire littéraire, grâce à celle méthode, est devenue l’analyse vivante de l’esprit humain. […] Poète tragique et patriotique, au milieu de ce drame épouvantable d’une révolution, il devint orateur. […] La psychologie devient ainsi la base de la science philosophique. […] Rendu à l’École normale sous le ministère de M. de Martignac, et devenu après 1830 suppléant de M.  […] Caen devint au nord le centre du mouvement fédéraliste, comme Lyon dans le midi.

73. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre V. De l’Éloquence politique chez les Français. »

C’est que les matières devinrent bientôt si intéressantes, les événements se pressèrent tellement, tous les intérêts, toutes les passions froissées se heurtèrent avec une telle impétuosité, qu’il devait résulter de grandes choses et de grandes fautes, de grandes vérités et de tristes erreurs, d’un choc d’autant plus violent, qu’il avait été plus longtemps comprimé. On sent bien qu’il ne peut être question ici d’opinions jugées, ni d’hommes mis à leur place depuis longtemps : il s’agit seulement de la marche et des progrès de l’éloquence politique, pendant cette période si brillante, et devenue ensuite si flétrissante pour elle. […] Il ne nous serait que trop facile de le prouver par des citations ; mais nous en avons dit assez pour indiquer ce qu’étaient devenus alors le langage de la tribune, et l’éloquence des Mirabeau et des Maury ; nous nous hâtons d’arriver à une époque où l’importance de la cause et le talent de l’orateur ramenèrent, pour un moment, le langage de la raison et la véritable éloquence, dans une assemblée qui comptait encore quelques hommes capables d’entendre l’un et d’apprécier l’autre.

74. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Élève des jésuites et devenue maître parmi eux, il composa, dans les cellules des colléges où il enseignait, plusieurs badinages ingénieux qui n’ont pas cessé de passer pour des chefs d’œuvre. […] …………………………………………………………………………… Dans maint auteur de science profonde J’ai lu qu’on perd à trop courir le monde ; Très-rarement en devient-on meilleur4 : Un sort errant ne conduit qu’à l’erreur. […] Vers devenu proverbe.

75. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Poussée trop loin, l’amplification amène des redites et devient fatigante. […] Il est bon de remarquer qu’elle s’unit très bien à l’éthopée et qu’elles n’en deviennent, l’une et l’autre, que plus agréables et plus piquantes. […] Puissiez-vous devenir, vous-même, le modèle des rois, vos successeurs ! […] eussiez-vous dit, que sont devenus ces toits de chaume et ces foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ? […] Elle devient, dans ce cas, d’un emploi presque obligé, et elle peut faire une beauté et même une grande beauté.

76. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

— Mon père, il est donc vrai, tout est devenu pire ? […] La fraternité et la charité ne peuvent devenir la loi de l’État ; elles cesseraient d’être des vertus. […] Il devint accommodant à l’égard des désirs dominants, facile envers les circonstances impérieuses. […] Mais que devins-je, hélas ! […] Que sont-ils devenus, ces jours si chers, hélas !

77. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Or Jésus-Christ a vaincu l’idolâtrie et attiré à lui le monde devenu chrétien. […] Les parties de divertissement qu’il a tant désirées lui deviennent ennuyeuses : il faut les rompre. […] C’est un rien qui l’a fait monter jusques aux nues ; mais ce rien, qu’est-il devenu ? […] La plupart des grands capitaines sont devenus tels par degrés. […] Le séjour en était devenu mortel.

78. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Sa fermeté, devenue opiniâtre, fit ses malheurs dans l’Ukraine, et le retint cinq ans en Turquie ; sa libéralité, dégénérant en profusion, a ruiné la Suède ; son courage, poussé jusqu’à la témérité, a causé sa mort ; sa justice a été quelquefois jusqu’à la cruauté ; et, dans les dernières années, le maintien de son autorité approchait de la tyrannie. […] Cela fait qu’une lettre à écrire devient un fardeau pour vous. […] Vous avez passé votre jeunesse1, vous deviendrez bientôt vieux et infirme ; voilà à quoi il faut que vous songiez. […] Que deviendrez-vous quand vous serez malade et abandonné ? […] S’il eu montrait moins, il me laisserait respirer et me ferait plus de plaisir : il me tient trop tendu, la lecture de ses vers me devient une étude ; tant d’éclairs m’éblouissent : je cherche une lumière douce qui soulage mes faibles yeux. » (Lettre à l’Académie, V.)

79. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

Les récits les plus étranges deviennent admissibles, dans l’histoire, dès qu’on échelonne convenablement les circonstances et les moyens d’exécution ; dans le poëme et le roman ; dès qu’on y sème ces détails de la vie commune et positive qui leur donnent un air de franchise, et les font descendre des régions de la fiction dans celles de la réalité. […] Dès lors, et puisque toutes les circonstances tendent à prouver que Milon ne songeait en aucune façon à hâter son départ, il n’y a plus un mot de trop ; chaque menu détail se change en argument ; tout ce qui eût été défaut en général devient vertu dans l’espèce. […] Sans ce feu, ravi au ciel comme celui de Prométhée , l’art se matérialise, et la poésie descriptive, quelque étincelante qu’elle soit, devient une œuvre purement plastique. […] L’épithète pittoresque a remplacé partout l’épithète abstraite : la colonne majestueuse est devenue le fût jaspé et cannelé, le marbre gris et rose ; la main gracieuse et délicate s’est changée en doigts longs et blancs ; de même qu’au siècle précédent, les Grecs bien bottés et bien casqués d’Homère avaient disparu dans les guerriers magnanimes.

80. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

Quand Florus compare la Rome des empereurs à cette Rome naissante qui portait ses vœux au Capitole pour la conquête de Tibur et de Préneste, devenus depuis les maisons de plaisance du peuple-roi ; quand Auguste demande aux jeunes gens d’écouter un vieillard que les vieillards écoutaient lorsqu’il était jeune, audite, jurenes, senem quem juvenem senes audiere ; quand Bossuet rappelle l’Océan traversé tant de fois par la reine d’Angleterre dans des fortunes si diverses, l’opposition dans les faits amène nécessairement l’antithèse dans les mots. […] Pascal et Corneille en ont de sublimes ; Pline le jeune, Sénèque, Fléchier, Marivaux, de vives et d’ingénieuses ; mais ces derniers ne peuvent s’en rassasier, et ils en deviennent faux et fatigants. […] Donc, c’est la loi de Dieu qui doit être la règle constante des temps, et non la variété des temps qui doit devenir la règle et la loi de Dieu. » Tout le monde connaît l’épigramme d’Ausone : Pauvre Didon, où t’a réduite De les maris le triste sort ? […] Et ton nom deviendra, dans la race future, Aux plus cruels tyrans la plus cruelle injure.

/ 346