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2. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

Cette partie de son discours est traitée avec la supériorité d’un grand talent qui défend une bonne cause. […] Il assemble autour de la tribune les ombres de ces infortunés citoyens ; il les place entre le peuple et Démosthène : il l’investit de ces mânes vengeurs, et en forme autour de lui un rempart dont il semble lui défendre de sortir. […] Mais devant qui oserions-nous lever les yeux, si nous avions laissé à d’autres le soin de défendre la liberté des Grecs contre Philippe ? […] Trois statues de pierre, placées sous le portique de Mercure : mais il fut défendu d’y mettre leurs noms, afin sans doute que l’inscription parût être faite pour le peuple, et non pour les généraux. […] Mais, comme le remarque M. de La Harpe, d’après le judicieux Rollin, qui l’avait observé avant lui, les mœurs républicaines autorisaient cette licence ; et ni Démosthène ni Eschine n’ont manqué par conséquent au précepte de l’art, qui défend de violer les convenances reçues.

3. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIII. du corps de l’ouvrage. — argumentation, confirmation, réfutation  » pp. 175-188

Car il faut démontrer qu’en effet il est permis de tuer dans le cas de légitime défense, et qu’en effet Milon n’a fait que se défendre contre une injuste agression ; le syllogisme ainsi développé prend le nom d’épichérème. […] Nous venons d’établir les règles de l’argumentation ; vous qui les avez étudiées et appliquées, prouvez que votre adversaire a péché contre elles, soit par sa propre faiblesse, soit, et je le préfère ainsi, par celle de sa cause ; il y a en effet adresse et bon goût à lui accorder assez de talent et d’esprit pour que sa défaite soit regardée comme une conséquence nécessaire de l’opinion qu’il défend, et non de la manière dont il la défend. […] Etudiez à fond la cause adverse ; c’est en apprenant à la défendre que vous saurez mieux la réfuter. […] Elle se fonde, disent-ils : 1° sur les objets de la pensée : l’honnête, l’utile et leurs contraires sont la matière du genre délibératif ; le vrai, le juste et leurs contraires, celle du genre judiciaire ; le beau et le laid, celle du genre démonstratif ; 2° sur la situation de celui qui écoute : dans le délibératif, il écoute pour approuver ou rejeter l’avis proposé ou combattu ; dans le judiciaire, pour absoudre ou condamner l’individu accusé ou défendu ; dans le démonstratif, pour imiter ou fuir les exemples loués ou blâmés ; 3° sur les différents points de la durée : la délibération porte toujours sur l’avenir, le jugement sur le passé, l’éloge ou le blâme ordinairement sur le présent. […] Il est évident, en effet, que les lois de la narration ou de la description ne sont pas celles de l’argumentation ; que les règles qui gouvernent le commencement ne gouvernent pas la fin ; mais qu’on loue, qu’on défende, qu’on propose, qu’on exhorte, ou que, dans un sens opposé, on blâme, on accuse, on réfute, on détourne, les préceptes d’invention, de disposition, d’élocution même, seront à peu près semblables.

4. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre I. — Rhétorique »

Faire prévaloir tout ce qui est bon et honnête, le juste sur l’injuste ; assurer le triomphe de la vérité et de la vertu ; défendre la pureté et la sainteté de la morale et de la religion ; étendre l’empire des lettres, des sciences et des arts ; raffermir l’existence des sociétés ébranlées ; travailler à l’utilité ou au bien général : tel est le domaine de l’orateur, telle est la gravité de la mission qu’il est appelé à remplir parmi ses concitoyens. […] Voici les nuances qui les distinguent : Les discours qui ont pour objet de louer ou de blâmer, constituent le genre démonstratif ; ceux qui ont pour objet de conseiller ou de dissuader, se rapportent au genre délibératif, et ceux qui ont pour objet d’accuser ou de défendre appartiennent au genre judiciaire. […] Il consiste à accuser ou à défendre, c’est-à-dire à plaider, soit à demander justice, soit à se défendre devant les magistrats.

5. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre V. De l’Éloquence politique chez les Français. »

« Son esprit (dit l’abbé Sicard) était brûlant comme le soleil qui éclaira son berceau, sa tête remplie de principes justes et sains ; homme étonnant, qui mieux que lui les eût fait triompher, si d’anciens ressentiments ne l’avaient jeté dans un parti dont il faisait la force, dont il était la gloire, et dont il était sur le point de déserter les drapeaux, quand la mort vint empêcher cette réparation solennelle à la cause qu’il avait combattue jusqu’alors avec tant de courage, de talent et de persévérance. » Cependant cet athlète si redoutable, dont la seule apparition à la tribune semblait en devoir écarter tous ceux qui n’y monteraient pas pour soutenir ou défendre ses opinions ; ce turbulent tribun du peuple, qui jouissait et abusait même insolemment de toute l’influence que donne une grande popularité, trouva un adversaire digne de son talent, dans un homme qui, célèbre jusque-là par des succès dans la chaire évangélique, et par de pacifiques triomphes d’académie, ne laissait pas soupçonner en lui le publiciste profond, l’homme d’état complètement familiarisé avec tous les ressorts et tous les secrets de l’administration. […] Il était trop juste qu’ils obtinssent un abri salutaire, à l’ombre des autels qu’ils ont relevés, et de cette monarchie qu’ils ont généreusement défendue. […] Que penseront nos neveux de cet homme qui soutint presque seul les assauts multipliés d’un si puissant adversaire ; et qui, vaincu même, et accablé malgré lui de toutes les forces réunies de l’éloquence et de la raison, trouvait encore, dans son inépuisable génie, les ressources nécessaires pour pallier sa défaite, ou la tourner au profit de la cause qu’il défendait ? […] Il fallait plus pour défendre Louis XVI ; il fallait tout le courage que donne la vertu, et l’héroïsme que n’intimident ni les cris de la fureur aveugle, ni la certitude que la mort était l’infaillible prix de ce dévouement généreux à la cause d’un monarque proscrit d’avance, et pour qui l’on allait braver toutes les formes de la justice, comme on avait déjà violé toutes les lois de l’humanité.

6. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 140-145

Par ce moyen, les Suédois n’attaquèrent qu’en désordre, et les Saxons se défendirent en gardant leurs rangs. […] Il sauva ainsi son armée, et Charles ne put s’empêcher de dire : « Aujourd’hui Schullembourg nous a vaincus. » C’est ce même Schullembourg qui fut depuis général des Vénitiens, et à qui la république a érigé une statue dans Corfou, pour avoir défendu contre les Turcs ce rempart de l’Italie. […] « Voilà un étrange homme, dit le roi, qui s’imagine qu’il n’est pas plus beau d’être brûlé que d’être prisonnier. » Un autre garde, nommé Rosen, s’avisa de dire que la maison de la chancellerie, qui n’était qu’à cinquante pas, avait un toit de pierres, et était à l’épreuve du feu, qu’il fallait faire une sortie, gagner cette maison et s’y défendre. « Voilà un vrai Suédois !  […] On désigne ainsi de grosses pièces de bois, armées de pieux pointus et ferrés, dont on se sert pour couvrir un bataillon ou défendre une brèche.

7. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

Cicéron, qui défendait la cause de la raison, de la justice et de l’amitié, ne pouvait manquer de profiter habilement de toutes les circonstances favorables à l’orateur ou à l’ami. Celle d’un tribunal si extraordinaire, et de formes si nouvelles, si étrangères aux formes habituelles du barreau, devaient inspirer naturellement quelque défiance au défenseur de Milon ; et c’est de cette crainte même, dont il ne peut se défendre entièrement, que l’orateur a su tirer ce bel exorde. […] Ces soldats placés devant tous les temples, quoique destinés à prévenir la violence, ne laissent pas d’effrayer l’orateur ; et quoique leur présence soit utile, nécessaire même à la sûreté commune, elle inspire je ne sais quelle terreur, dont il est impossible de se défendre entièrement ». […] Milon quitte son manteau, s’élance de sa voiture, et se défend vigoureusement. […] Je m’arrête ; mes larmes m’empêchent de poursuivre, et Milon ne veut pas être défendu par des larmes.

8. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre II. Qualités et devoirs de l’Orateur du Barreau. »

Sa franchise annonce, dans la bonté de sa cause, une confiance qui en inspire aux autres ; et l’on ne suppose pas même douteux un droit qu’il se propose de défendre sans artifice et sans détours. […] Si les plaisanteries, si les railleries dures et offensantes sont et doivent être sévèrement interdites à l’orateur du barreau, à combien plus forte raison ne doit-il pas se défendre la grossièreté des injures et l’odieux des personnalités ? […] Souvent néanmoins des plaideurs, qui cherchent bien plus à se venger qu’à se défendre, exigent impérieusement de l’orateur que sa plume soit trempée dans le fiel le plus amer.

9. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Il regardait comme la plus belle tâche de l’orateur de défendre l’innocence malheureuse, surtout lorsqu’elle était opprimée par un ennemi puissant. […] Les Siciliens veulent un roi qui les défende contre la juste fureur de Charles d’Anjou et qui les protège contre les menaces de la France. […] Le consul Manlius Torquatus, général des Romains, a défendu tout combat avant la bataille générale. […] Un tribun militaire prend la parole pour le défendre. […] Coriolan se défend.

10. (1863) Discours choisis ; traduction française par W. Rinn et B. Villefore. Première partie.

Il conjure le peuple de le défendre contre l’envie dont il prévoit les attaques, comme lui-même a défendu Rome contre les conjurés. […] qui se chargera de défendre les monuments de sa vertu, si vous en abandonnez le soin ? […] vous avez porté la main sur des choses que la religion vous défendait même de regarder ? […] vous voilà donc sans espérance d’être défendu par aucun magistrat sicilien ? […] Comment se défend-il ?

11. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre premier. Objet de l’Éloquence de la chaire. »

Il ne s’agit plus ici, comme dans l’éloquence politique, de quelques discussions à établir sur des points d’administration civile ou militaire ; il ne s’agit plus, comme au barreau, de défendre l’honneur, la fortune ou la vie de tel ou tel particulier : l’orateur, sa cause, ses titres, ses clients, tout va prendre un caractère de dignité qui n’est comparable à rien de ce que nous avons vu jusqu’ici. L’homme qui parle est l’envoyé du ciel : la cause qu’il défend est celle de la vérité et de la vertu : ses titres, la loi de la nature empreinte dans tous les cœurs, et la loi révélée, écrite et consignée dans le dépôt des livres saints : ses clients, la nature, dont il défend les droits ; l’humanité, dont il venge l’injure ; la faiblesse, dont il protège le repos et la sûreté ; l’innocence, à laquelle il prête une voix suppliante pour désarmer la calomnie, ou des accents terribles pour l’effrayer ; l’enfance abandonnée, pour qui il cherche dans son auditoire des cœurs paternels ; la vieillesse souffrante, l’indigence timide, la grande famille de J.

12. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

L’insinuation suppose, au contraire, la nécessité de détruire, dans l’esprit des auditeurs, des dispositions peu favorables à la cause que l’on entreprend de défendre  Il faut tout l’art possible pour dissiper sans effort, mais avec succès cependant, ces préventions fâcheuses, et amener insensiblement l’auditeur à nous entendre, non seulement avec attention, mais avec cette portion d’intérêt qui est d’avance un présage certain du gain de la cause. […] il commence par l’énumération des faveurs qu’il a reçues du peuple- : il reconnaît qu’il lui doit tout, et que personne ne peut avoir plus de motifs que lui pour défendre ses intérêts. […] Or, quelles que soient la force de la vérité et la légitimité des droits qu’elle défend, il faut quelque chose de plus pour vaincre au barreau, et pour agir efficacement sur une multitude quelconque. […] Il ne peut y avoir lieu ici aux mouvements oratoires : un raisonnement pressé, mais lumineux, des conséquences justes et exactement déduites ; voilà tout le mérite de ces sortes de péroraisons, qui ont l’avantage de réunir, sous un seul et même point de vue, l’état général de la cause, les lois dont elle s’appuie, et les moyens que l’on a employés pour la défendre.

13. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

Son but est d’accuser, de défendre et d’éclairer les délibérations judiciaires. […] L’éloquence du barreau doit faire triompher la justice et la vérité ; il lui est défendu de se prêter à soutenir l’injustice et le mensonge. […] Le rôle de l’avocat est de défendre un accusé ; celui du magistrat public, président ou procureur, est de poursuivre le coupable pour venger la loi et la société outragées. […] L’éloquence judiciaire comprend plusieurs sortes de discours, dont les uns sont parlés et les autres seulement écrits ; ce sont ; 1° Les plaidoyers, discours d’un avocat pour défendre un client ; 2° les réquisitoires, discours d’un magistrat public, dans le but de requérir, au nom de la société, le châtiment d’un coupable ; 3° les mémoires, discours écrits pour éclairer les questions judiciaires ; 4° les rapports, résultats des enquêtes de la justice, où la cause se trouve relatée ; 5° les consultations, sorte de mémoires écrits par un avocat sur une cause pour laquelle on le consulte31.

14. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fontenelle. (1657-1757). » pp. 110-119

Loin de connaître les sciences, ils ne connaissaient pas les arts les plus simples et les plus nécessaires ; ils n’avaient point d’autres armes que l’arc ; ils n’avaient jamais conçu que les hommes pussent être portés par des animaux ; ils regardaient la mer comme un grand espace défendu aux hommes, qui se joignait au ciel, et au delà duquel il n’y avait rien. […] Dans toutes les Indes orientales on croit que, quand le soleil et la lune s’éclipsent, c’est qu’un certain dragon, qui a les griffes fort noires, les étend sur ces astres dont il veut se saisir ; et vous voyez pendant ce temps-là les rivières couvertes de têtes d’Indiens qui se sont mis dans l’eau jusqu’au cou, parce que c’est une situation très-propre, selon eux, à obtenir du soleil et de la lune qu’ils se défendent bien contre le dragon. […] En vérité, tout cela est trop honteux pour les hommes : il devrait y avoir un arrêt du genre humain qui défendît qu’on parlât jamais d’éclipse, de peur que l’on ne conserve la mémoire des sottises qui ont été faites ou dites sur ce chapitre-là. Mais ne faudrait-il pas aussi que le même arrêt abolît la mémoire de toutes choses, et défendît qu’on parlât jamais de rien : car je ne sache rien au monde qui ne soit le monument de quelque sottise des hommes.

15. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Rochefoucauld, 1613-1680 » pp. 32-37

Il n’est pas défendu de conserver ses opinions si elles sont raisonnables. […] L’honnêteté veut que l’on cache quelquefois la moitié de son esprit, et qu’on ménage un opiniâtre qui se défend mal, pour lui épargner la honte de céder. […] Pour moi, Mademoiselle, je n’ai pas eu la goutte depuis que vous m’avez défendu de l’avoir, et ce respect que j’ai pour vous a plus de vertu que Baréges2.

16. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

Cet homme qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre, qui couvrait son camp d’un bouclier, et forçait celui des ennemis avec l’épée ; qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle ; cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Esaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; cet bomme que Dieu avait mis autour d’Israël comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie ; et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus forts et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; ce vaillant homme, poussant enfin avec un courage invincible les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel, et demeura comme enseveli dans son triomphe. […] La narration oratoire diffère de la narration historique ; celle-ci ne recherche que le vrai ; l’autre doit être faite en vue de la cause que l’on défend : sens détruire la vérité, elle appuie sur les circonstances favorables, et glisse légèrement sur celles qui pourraient nuire. […] « Quel sera le crime de l’homme du roi, qui, trompé dès le début de son expédition, frustré de la moitié des forces qu’on s’était engagé à lui fournir, enchaîné bientôt par une puissance absolue, dépourvu de tous moyens, sans vivres, sans argent, sans vaisseaux, sans soldats, traversé par mille obstacles, oublié de sa cour, tandis que les ennemis recevaient des renforts multipliés de la leur ; malgré l’excessive infériorité de ses forces, malgré l’esprit de sédition et de vertige répandu dans une armée qui n’a ni solde, ni nourriture ; malgré la désertion journalière et la défection totale de cette armée sans cesse quittant ses drapeaux pour aller joindre l’ennemi, trouve moyen de faire la guerre pendant trois ans sans interruption ; prend dix places, en manque une, et la manque parce que son escadre l’abandonne et laisse la mer libre à l’escadre ennemie ; gagne dix batailles, en perd une, et la perd, parce qu’une partie de ses troupes disparaît au commencement de l’action, et le laisse sur le champ de bataille, au moment où il fond sur l’ennemi ; dispute le terrain pied à pied ; lorsqu’il ne peut plus se défendre, tient pendant cinq mois en échec des forces vingt fois supérieures aux siennes ; et après avoir épuisé toutes les ressources que son zèle et son imagination pouvaient lui suggérer, après avoir payé et nourri de son argent le peu de troupes qui lui restait, est enfin obligé de rendre une ville2 bloquée par terre et par mer, une ville prise par la famine, où il ne restait pas un grain de riz, où l’on avait mangé les arbres et le cuir, sans autre défense, en un mot, que quelques canonniers, et une poignée de soldats, qui n’avaient plus la force de remuer un canon, même pas celle de se trainer jusqu’aux remparts. […] « La cause des chats est, je l’avoue, Messieurs, plus difficile il défendre.

17. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre II. Éloge de Démosthène par Lucien. »

si je dois vivre encore, si les jours de Démosthène doivent être conservés, que mes conservateurs soient mon pays, les flottes que j’ai armées à mes dépens, les fortifications que j’ai élevées, l’or que j’ai fourni à mes concitoyens, leur liberté que j’ai défendue, leurs lois que j’ai rétablies, le génie sacré de nos législateurs, les vertus de nos ancêtres, l’amour de mes concitoyens qui m’ont tant de fois couronné, la Grèce entière que j’ai vengée jusqu’à mon dernier soupir ; voilà quels doivent être mes défenseurs : et si dans ma vieillesse je suis condamné à traîner une vie importune aux dépens des autres, que ce soit aux dépens des prisonniers que j’ai rachetés, des pères dont j’ai doté les filles, des citoyens indigents dont j’ai acquitté les dettes. Ce n’est qu’à ceux-là que Démosthène veut devoir ; s’ils ne peuvent rien pour moi, que Neptune que j’implore, que cet autel, que la sainteté des lois me protègent aujourd’hui : et si Neptune lui-même ne peut défendre son temple contre toi, s’il ne rougit pas de livrer Démosthène au ministre d’Antipater, je saurai mourir, et jamais l’oppresseur de mon pays ne sera un dieu pour moi. — Non, je ne déshonorerai point Athènes ; je ne servirai point : je mourrai libre ; c’est la plus belle des destinées ».

18. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. Racine. (1639-1699.) » pp. 226-241

Il suffit que sa vue Désormais à vos yeux ne soit plus défendue. […] Mais son fils périssait, il l’a fallu défendre. […] Non, non, je te défends, Céphise, de me suivre ; Je confie à tes soins mon unique trésor : Si tu vivais pour moi, vis pour le fils d’Hector. […] Sortons de ce palais, Ou bien résolvons-nous de n’en sortir jamais ; Nos Grecs pour un moment en défendent la porte : Tout le peuple assemblé nous poursuit à main-forte.

19. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

La probité : C’est l’ennemi qui a attaqué, qui est de mauvaise foi ; l’orateur s’est défendu. […] Worms, Spire, Mayence, Landau, vingt autres places de nom, ouvrent leurs portes ;  Merci ne peut les défendre et ne paraît plus devant son vainqueur. […] Il trouva cette ville défendue par sa position naturelle et de redoutables travaux d’art. […] Mais dans la pratique de la vie, n’avons-nous pas souvent à défendre nos biens, notre réputation dans les simples discussions de société, dans les contestations commerciales, qui n’aboutissent pas néanmoins au scandale des procès ? […] Pour nos essais nous ne descendrons pas jusqu’à cette simplicité pratique ; en attendant que nous ayons à nous défendre nous mêmes, nous défendrons les autres, et il nous sera permis de mettre en pratique toutes les règles de l’art, telles qu’elles sont exposées dans les trois parties du premier livre.

20. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

Porus est fait prisonnier par Alexandre après s’être bravement défendu : le vainqueur lui demandé comment il voulait qu’il le traitât ; en roi, répond Porus. […] Il faut néanmoins convenir qu’une force ou un pouvoir quelconque, qu’il soit ou non accompagné de terreur, employé à nous défendre ou à nous épouvanter, a des titres mieux fondés au sublime que tous les objets que nous venons de passer en revue.

21. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

Ne serait-il pas étrange qu’il fût permis aux ennemis de la vérité d’attirer les hommes dans l’erreur par des discours vifs et pathétiques, et que le même avantage fût interdit à ceux qui la défendent ? […] « Il défend, dit d’Aguesseau, un de ces fiers républicains qui avaient porté les armes contre César, et a César même pour juge. […] Il consiste à accuser ou à défendre, ou, comme on dit parmi nous, à plaider, soit en demandant, soit en défendant ; il s’y agit toujours d’une chose passée. […] Dans les plaidoyers, on demande ou l’on défend. […] L’avocat qui défend suit la même marche, mais dans une intention contraire.

22. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Ponsard 1814-1868 » pp. 583-600

Nourrice, nous avons tous les deux notre emploi : Lui, les armes en main, doit défendre son roi ; Il doit montrer l’exemple aux soldats qu’il commande ; Mon devoir est égal, si ma tâche est moins grande. […] Prolongez cette retraite austère ; Défendez aux plaisirs votre seuil solitaire ; Mais, cessant d’ajouter la fatigue aux ennuis, Que le travail au moins n’abrége pas vos nuits6. […] Il le sait ; il défend celui qui le défend.

23. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Mais nous jurons, par ce qu’il y a de plus sacré, que, si vous entrez dans nos terres comme ennemis, nous vous regarderons comme un peuple injuste, et que nous vous traiterons comme des bêtes farouches. » Ces paroles furent renvoyées avec mépris ; ces peuples sauvages entrèrent armés dans la terre des Troglodites, qu’ils ne croyaient défendue que par leur innocence. […] A chaque défaite ils s’approchaient de la victoire ; et, perdant au dehors, ils apprenaient à se défendre au dedans. […] Les Francs et les Bourguignons permirent ces mariages ; les Visigoths les défendirent en Espagne, et ensuite ils les permirent ; les Lombards ne les permirent pas seulement, mais même les favorisèrent : quand les Romains voulurent affaiblir la Macédoine, ils y établirent qu’il ne pourrait se faire d’union par mariage entre les peuples des provinces.

24. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Guizot. Né en 1787. » pp. 469-478

Washington est, dès cette époque, l’Américain éminent, le représentant fidèle et supérieur de son pays, l’homme qui le comprendra et le servira le mieux, soit qu’il s’agisse de traiter ou de combattre pour lui, de le défendre ou de le gouverner1. […] Si nous consultons les mémoires du temps, si dans ses paroles à demi figées sur le papier nous cherchons à reconnaître l’inspiration primitive, nous voyons un homme audacieux par le caractère autant que par le génie ; attaquant avec véhémence, lorsqu’il aurait eu peine à se défendre ; faisant passer les mépris qu’on lui avait d’abord montrés pour le premier des préjugés qu’il veut détruire ; y réussissant à force de hardiesse et de talent, et ressaisissant par l’éloquence l’ascendant sur les passions qu’il cesse de flatter. […] Dans les plus mauvais jours, quand il avait à se défendre de sa propre tristesse, il disait : « Je ne puis pas ne pas espérer et croire que le bon sens du peuple prévaudra à la fin sur ses préjugés… Je ne saurais penser que la Providence ait tant fait pour rien… Le grand souverain de l’univers nous a conduits trop longtemps et trop loin sur la route du bonheur et de la gloire, pour nous abandonner au milieu.

25. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

L’Isle Adam exhorte les habitants de Rhodes à se défendre contre les Turcs (1522-1523). […] Est-il donc défendu de pourvoir à son salut ? […] Si nous ne les prévenons promptement, nous serons opprimés sans pouvoir nous défendre. […] Vous avez attenté aux jours du vieillard le plus respectable, d’un excellent empereur dont la vie vous était confiée et que vous auriez dû défendre aux dépens même de la vôtre. […] La ville se défendit courageusement ; mais réduite enfin par la famine, elle se vit obligée de capituler.

26. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Enfin dans le genre judiciaire, on accuse, on défend. […] Ses plaintes doivent être justifiées par la nécessité de défendre ses clients. […] Milon jette son manteau, s’élance hors de la voiture, et se défend avec vigueur. […] L’endroit surtout où il se défend d’avoir été complice de la mort de César, est admirable. […] Quand Iphigénie a entendu son père lui défendre de revoir Achille, elle s’écrie (Act. 

27. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Un peu de suite et de persévérance dans cet exercice quotidien suffit pour réformer des habitudes si ridicules que personne n’oserait les défendre, bien que personne n’ose les attaquer. […] Les nobles autrefois allaient seuls à la guerre ; Aujourd’hui je suis noble, et je défends ma terre. […] Faudra-t-il envoyer un duc pour me défendre ? […] Casimir Périer venait de succomber, un vif mouvement de regret, de reconnaissance et d’alarme éclata, en province comme à Paris, parmi les propriétaires, les négociants, les manufacturiers, les magistrats, dans toute cette population amie de l’ordre qu’il avait comprise et défendue mieux qu’elle ne savait se comprendre et se défendre elle-même. […] pour Britannicus votre haine affaiblie Me défend… NÉRON.

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