L'éloquence est la faculté d'agir sur l'esprit, sur la volonté même par la parole écrite ou articulée ; c'est une manière naturelle de parler ou d'écrire qui a ordinairement pour objet d'instruire, de plaire et de toucher et que la rhétorique peut développer. […] Observez qu'on écrit mal quand on veut tout dire, et quand on veut avoir trop d'esprit. […] Voyez avec quel naturel Mme de Sévigné a écrit le plus grand nombre de ses lettres ; avec quelle bonhomie la Fontaine a écrit ses fables : relisez souvent Racine, Fénelon, Bossuet et Boileau ; apportez une grande attention dans la conversation ; et vous concevrez que l'on s'accoutume à bien écrire et à bien parler en lisant ceux qui ont bien écrit, et en écoutant ceux qui parlent bien. […] L'élégie s'écrit ordinairement en vers. […] La comédie s'écrit en prose ou en vers indifféremment.
Préface de la première édition Les tendances actuelles, écrivait récemment un critique, sont hostiles à l’étude sérieuse des lettres. […] Puisque l’importance des belles-lettres est proclamée d’une voix unanime, quelle serait la position d’un jeune homme, dans la bonne société, s’il n’était pas initié à la connaissance des principes littéraires, s’il ignorait les règles relatives aux éléments, aux qualités, aux ornements du style, ainsi que les moyens de se former à l’art d’écrire, et s’il ne possédait pas des notions exactes sur la poésie et sur l’éloquence ? […] Réservant pour la Rhétorique les préceptes de l’art de bien dire, et pour la Poétique les règles du premier des arts agréables, nous exposerons, dans ce volume, les principes généraux de l’art d’écrire, principes qui sont communs à tous les genres de productions littéraires. […] Comme notre Poétique, tout en complétant le cours, peut être facilement séparée des deux autres volumes, on aura dans le Style et dans la Rhétorique tous les principes de l’art d’écrire et toutes les règles de l’éloquence. […] Là, nous étudions surtout les pensées, les mots, la phrase, comme étant les fondements indispensables de l’art d’écrire.
quels sont les livres les mieux écrits ? […] Mais quoiqu’on écrive au singulier tout, on écrit au pluriel tous. […] qu’il écrive. qu’ils écrivent. […] que j’écrive. que tu écrives. qu’il écrive. qu’ils écrivent.
L’Académie française ayant élu l’auteur de ce beau monument, sans qu’il sollicitât ses sauffrages, il prouva par son Discours sur le style (1753) qu’il était maître dans l’art de composer et d’écrire : ses préceptes valurent ses exemples. […] Le style C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire : il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et, comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres ; il demeure donc dans la perplexité ; mais, lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile1 ; la chaleur naître de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur, et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on dit à ce que l’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. Rien ne s’oppose plus à la chaleur que le désir de mettre partout des traits saillants ; rien n’est plus contraire à la lumière qui doit faire un corps et se répandre uniformément dans un écrit, que ces étincelles qu’on ne tire que par force en choquant les mots les uns contre les autres, et qui ne nous éblouissent pendant quelques instants, que pour nous laisser ensuite dans les ténèbres. […] Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ; à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes. […] D’une société de trois ou quatre intimes amis, il faut voler à l’opéra, à la comédie, voir des curiosités comme un étranger, embrasser cent personnes en un jour, faire et recevoir cent protestations ; pas un instant à soi, pas le temps d’écrire, de penser, ni de dormir.
J’ai commencé par les Principes de l’Art d’écrire ; principes que je fais consister dans la correction, dans les agréments, dans la chaleur et la véhémence du style. […] À ces trois points, qui font la division de la première Partie, j’ai cru devoir ajouter des Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres, et sur le cérémonial qu’on y observe. […] Si la voix de cette critique doit être écoutée par un Auteur qui écrit pour sa propre gloire, elle doit l’être encore davantage par celui qui a principalement écrit pour l’instruction des jeunes gens.
Il s’élève une question sur la nature des richesses, et, comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent et sur son produit net ; sitôt, je vois du fond d’un fiacre se baisser pour moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté. […] je lui dirais que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours1 ; que sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur, et qu’il n’y a que de petits hommes qui redoutent les petits écrits. […] On me dit que, pendant ma retraite économique, il s’est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s’étend même à celle de la presse ; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. Pour profiter de cette douce liberté, j’annonce un écrit périodique, et croyant n’aller sur les brisées d’aucun autre, je le nomme Journal inutile. […] Voici ce qu’il écrivait à un de ses amis, l’abbé Nicaise : « La calomnie ne m’a fait aucun mal : j’en ai avalé le calice, où, dans la vérité, je n’ai trouvé l’amertume que l’on pourroit croire.
Le quatrième est l’étude analytique et synthétique des ouvrages bien pensés et bien écrits, et les exercices de composition graduellement distribués. […] Des résumés et des analyses raisonnées de divers écrits habituent l’élève à reconnaître et à reproduire lui-même cet enchaînement. […] Outre ces observations qui s’appliquent à l’ensemble de l’ouvrage, il y en a de spéciales pour les diverses parties, pour le commencement, le milieu et la fin d’un écrit. […] Le commencement ou début d’un ouvrage doit être conforme à la nature de l’écrit tout entier. […] Les règles du dialogue parlé s’appliquent presque toutes aux lettres ou épîtres qui sont, en général, une sorte de dialogue par écrit.
3° Pensées naïves Les pensées naïves sont des pensées dont le sel et la finesse sont cachés sons un air simple et ingénu ; elles semblent couler de source, sans apprêt, sans effort, comme dans ce quatrain de Pradon : Vous n’écrivez que pour écrire ; C’est pour vous un amusement : Moi qui vous aime tendrement, Je n’écris que pour vous le dire. […] Toutefois si quelqu’un de mes faibles écrits Des ans injurieux peut éviter l’outrage, Peut-être pour ta gloire aura-t-il son usage ? […] Il écrit à son fils qui lui proposait de quitter l’armée de Condé pour pactiser avec la révolution : « Monsieur mon fils, si les coups de bâton pouvaient s’écrire, vous tiriez ma lettre sur votre dos. […] Voltaire, par exemple, s’est plu à refaire une grande partie des tragédies de Crébillon ; Corneille et Racine ont composé une tragédie sur le morne sujet, Bérénice ; Boileau, comme Horace et Lafresnais-Vauquelin, a composé un art poétique ; Horace, Boileau et Régnier ont encore écrit une satire sur un festin ; la Phèdre de Racine a été malheureusement éclipsée un instant par celle de Pradon. […] Boileau dit que les transitions sont ce qu’il y a de plus difficile dans l’art d’écrire : aussi rien ne donne plus d’agrément et de force même au discours que la liaison parfaite des idées dont il se compose.
Que faut-il pour bien écrire ? […] Tel est encore ce madrigal de Pradon : Vous n’écrivez que pour écrire ; C’est pour vous un amusement : Moi qui vous aime tendrement, Je n’écris que pour vous le dire. […] Les images doivent donc être adaptées aux habitudes du peuple pour qui l’on écrit. […] Surtout qu’en vos écrits la langue révérée. […] Pour écrire avec précision, il faut avoir des idées distinctes et bien définies.
Les siècles de la guerre des Albigeois, de la guerre de cent ans, avaient écrit les fabliaux ; le plus âpre de ses rois avait au xve siècle écrit ses Nouvelles nouvelles. […] Il prend sa pensée comme elle vient, récrit comme il pense ; le lecteur doit la prendre comme il l’écrit. […] Il a écrit encore Philothée ou Traité de l’amour de Dieu, des sermons, des controverses, etc. […] Et ceux qui écrivent contre la gloire veulent avoir la gloire d’avoir bien écrit, et ceux qui le lisent veulent avoir la gloire de l’avoir lu ; et moi qui écris ceci, j’ai peut-être cette envie, et peut-être que ceux qui le lisent l’auront aussi. […] C’est la Logique du Port-Royal (1661), qu’il écrivit avec Nicole.
Je suis bien folle de vous écrire de telles bagatelles ; c’est le loisir de Livry qui vous tue. […] Si je voulais, j’écrirais jusqu’à demain. […] C’est moi qui vais remplir jusques à un point tout ce qui en est écrit. […] Un esprit médiocre croit écrire divinement189 ; un bon esprit croit écrire raisonnablement. […] La dernière lettre qu’il écrivit, pleine d’une simplicité héroïque, a souvent été citée.
Pour bien écrire, ce n’est donc pas assez de bien concevoir : il faut encore apprendre l’ordre dans lequel vous devez communiquer l’une après l’autre des idées que vous apercevez ensemble, il faut savoir analyser votre pensée. […] N’est-ce point Pascal qui écrivait à un ami : « Excusez la longueur de cette lettre ; je n’ai pas eu le temps de la faire plus courte » ? […] Ailleurs on écrit des volumes ; ce n’est qu’en France, de l’aveu de tous, que l’on sait faire un livre. […] Ecrire purement, c’est donc observer les règles de la grammaire générale, c’est-à-dire de la raison universelle, et surtout celles de la grammaire spéciale, c’est-à-dire du génie de la langue fixé par l’usage ou par l’autorité ; je dis surtout, car, quand il y a lutte entre les deux grammaires, c’est toujours la seconde qui doit triompher. […] Il en est qui ne se contentent pas, comme Salluste et Tacite chez les auciens ; de ressusciter quelques mots surannés, et de chercher des perles dans le fumier d’Ennius ; ils vont plus loin, ils écrivent des volumes tout entiers en vieux langage ; ainsi Voiture, Naudé, Pellisson, au xviie siècle ; J.
De la manière d’écrire l’histoire. […] Il se tue à rimer, que n’écrit-il en prose ? […] Il en est de l’art de bien dire ou de bien écrire comme de tous les autres ; il faut l’avoir pratiqué pour le connaître à fond. […] C’est en vers élégiaques que Callinus et Tyrtée ont écrit leurs chants de guerre. […] Ces trois derniers comiques n’ont écrit qu’en prose.
Déprécier un ouvrage d’après le nom seul de l’auteur, qui, jusque-là, n’en a publié que de médiocres ; louer un ouvrage sur le seul nom de l’auteur, parce qu’il est déjà connu par d’excellents écrits, ce serait juger avec prévention. […] Gibert, qu’il a composé de longues Observations pour les réfuter, et qu’enfin les deux rivaux se sont écrit des lettres où règne autant de vivacité que de politesse. […] Gibert que de reconnaître qu’il possède Aristote, Hermogène, Cicéron, Quintilien ; qu’il entend la matière qu’il traite ; que les grands maîtres sont bien expliqués, et qu’il y a de la dialectique dans ce qu’il a écrit sur l’art oratoire, où l’imagination a tant de part. […] Ce genre d’écrire s’appelle dialogue philosophique ou oratoire, dans lequel on expose ou une question qu’on veut discuter et résoudre, ou une vérité qu’on veut faire connaître et solidement établir. […] Ils sont écrits d’un style pur et naturel, assaisonnés du sel d’une plaisanterie délicate.
Déprécier un ouvrage sur le seul nom de l’auteur, qui, jusqu’à celui-ci, n’en a publié que de médiocres ; louer un ouvrage sur le seul nom de l’auteur, déjà connu par d’excellents écrits, ce serait juger avec prévention. […] Si, en matière de religion, il s’est seulement trompé sur certains articles, le critique doit se borner à réfuter son erreur par des preuves sans réplique, écrites avec modération, suivant l’esprit de la charité chrétienne. […] Ce genre d’écrire, le Dialogue oratoire, ainsi nommé par opposition au dialogue dramatique, est en général un entretien de deux ou de plusieurs personnes, dans lequel on expose, ou une question qu’on veut discuter et résoudre, ou une vérité qu’on veut faire connaître et solidement établir. […] Dans les œuvres de Lucien, né vers la fin du premier siècle de notre ère, à Samosate, ville de Syrie, et professeur de philosophie et d’éloquence à Athènes, on trouve un petit Traité sur la manière d’écrire l’histoire, qui est un chef-d’œuvre. […] Ils sont écrits d’un style pur et naturel, assaisonnés du sel d’une plaisanterie délicate, pleins de peintures vives, de caractères bien dessinés et bien soutenus.
Sa parole écrite semble née sans efforts sur les lèvres du causeur ou de l’orateur. […] C’est ce jugement pur et fin, composé de connaissances et de réflexions, que possèdera d’abord la critique ; il a pour fondement l’étude des anciens, qui sont les maîtres éternels de l’art d’écrire, non pas comme anciens, mais comme grands hommes. […] Il en est ainsi souvent de l’art d’écrire, et nulle part l’abus n’est plus ridicule et plus nuisible. […] Il y a moyen de dire toutes les vérités poliment. — Joubert disait : « Le zèle amer de certains critiques pour le bon goût, leurs indignations, leur véhémence, leur flamme, sont ridicules ; ils écrivent sur les mots comme il n’est permis d’écrire que sur les mœurs.
Les cours du Nord se montrent curieuses de tout ce qui se fait et s écrit en France. […] Cela fait qu’une lettre à écrire devient un fardeau pour vous. […] N’oubliez point vos amis, et ne passez pas des mois entiers sans leur écrire un mot. […] Malebranche dont l’imagination brillante écrivait contre l’imagination. […] Quelle bonté de cœur, quelle sincérité se remarque dans tes écrits !
« En écrivant vite, dit Quintilien, on n’apprend pas à bien écrire ; en écrivant bien, on apprend à écrire vite. » Ainsi, après le premier élan, revenez sur votre travail, polissez et repolissez, corrigez beaucoup, Ajoutez quelquefois et souvent effacez9. […] Je ne sais, en définitive, quel est le pire, de trouver bon tout ce qu’on écrit, ou de le trouver mauvais. […] Mais je ne suis pas pour le nonum prematur in annum, et ne partage en aucune façon l’avis de Malherbe qui avait besoin de noircir une main de papier pour mener une ode à bonne fin, et soutenait qu’après avoir écrit un poëme de cent vers ou un discours de trois feuilles, il fallait se reposer dix ans. […] Quatrième moyen d’invention : Étude analytique et synthétique des ouvrages bien pensés et bien écrits ; exercices de composition graduellement distribués. […] « Le côté du style (le crayon des anciens) qui sert à effacer est plus grand que celui qui sert à écrire, major styli pars quæ delet quam quæ scribit, » dit saint Jérôme.
Mais existe-t-il un ordre normal pour disposer les principaux groupes d’idées selon les divers genres d’écrits ? […] que d’Essais sur les éloges , sur l’éloquence de la chaire, sur la manière d’écrire l’histoire, sur la critique ! […] Ainsi, à propos du récit, par exemple, point de traité sur la manière d’écrire l’histoire ou le roman, mais quelques préceptes sur la disposition et la forme de la narration en général, qu’elle constitue le livre lui-même, ou n’y entre qu’accidentellement. […] « Qui ne sait décrire, ne sait écrire, » dit M. […] Quelques rhéteurs ont tort, à mon avis, d’écrire prosographie, au lieu de prosopographie.
Il faut alors qu’il connaisse toutes les richesses de la langue dans laquelle il écrit, pour exprimer ces objets avec une élégante noblesse. […] Pour que la satire soit un genre d écrire vraiment honnête et recommandable, il faut qu’elle soit générale et réglée par les bienséances. […] La lettre, qui consiste dans un entretien par écrit entre deux personnes éloignées, demande du naturel, de la facilité, de l’abandon, mais aussi de la correction et de l’exactitude. […] De même, Voltaire a admirablement peint et loué le militaire français dans une lettre bien connue, qu’il écrivit du camp de Philipsbourg. […] Le conte est écrit en prose ou en vers : nous n’avons à parler ici que du conte en vers.
Ses écrits portent les titres de Maximes, Caractères, Méditations, Introduction à la connaissance de l’esprit humain. […] Ce sont vos louanges qui me gâtent ; il est juste que vous en souffriez ; d’ailleurs, j’aime beaucoup mieux vous écrire rarement, que retenir ma plume, lorsqu’elle est en train d’aller ; cela est plus conforme à ma paresse, et plus commode aussi pour vous. […] « Grandissant au milieu d’une ambition stérile, enlevé au seuil de la maturité, et déposant dans chaque page qu’il écrit sa protestation contre la fortune, il inspire la compassion la plus vive. […] Henri IV écrivait sur Plutarque à la reine : « M’amye, j’attendois d’heure à heure vostre lettre ; je l’ai baisée en la lisant. […] La fortune, qui l’a réduit à les écrire, me paraît injuste.
Par la force du génie, on se représentera toutes les idées générales et particulières sous leur véritable point de vue ; par une grande finesse de discernement, on distinguera les pensées stériles des idées fécondes ; par la sagacité que donnera l’habitude d’écrire, on sentira d’avance quel sera le produit de toutes ces opérations de l’esprit. […] C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son sujet, qu’un écrivain se trouve embarrassé et ne sait par où commencer à écrire ; il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et comme il ne les a ni comparées, ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres, et il demeure dans la perplexité. […] Pour bien écrire, il faut donc posséder d’abord pleinement son sujet ; il faut y réfléchir assez pour voir clairement quel est l’ordre qu’on doit mettre dans ses pensées et en faire une chaîne continue, ce qui est le propre de la disposition, comme nous le verrons bientôt. […] La Rhétorique est la science de bien dire, c’est-à-dire de bien parler et de bien écrire de choses morales. […] Qu’on médite attentivement son sujet, qu’on se pénètre profondément de sa matière, qu’on l’envisage sous toutes ses faces, qu’on en étudie tous les détails, et l’on trouvera assez de preuves intrinsèques ; qu’on enrichisse son esprit des connaissances nécessaires à la matière que l’on traite, qu’on lise avec attention les auteurs qui ont écrit sur le même sujet, et les preuves extrinsèques se présenteront en foule.
Ce peu de mots explique parfaitement la bouffisure, et le ton ridiculement emphatique qui règnent en général dans les ouvrages de Thomas : il était impossible qu’il y eût rien de simple, rien de naturel dans les écrits d’un homme obligé de violenter à ce point la nature, et dont le travail était une convulsion perpétuelle. […] Veut-on savoir ce qu’il faut penser d’une semblable manière d’écrire ? […] Il entreprend de diriger les opinions. — La gloire de l’homme qui écrit est donc de préparer des matériaux utiles à l’homme qui gouverne, etc. » Non ; ce n’est point à l’homme de lettres à se mêler de politique : rarement il y entend quelque chose. […] Sans doute l’homme de lettres peut, en compassant,en analysant, dans son cabinet solitaire, tout ce qui a été écrit sur tel ou tel sujet, s’en former une théorie complète ; et cette manière de travailler, qui était surtout celle de Thomas, ne constitue pas cependant l’homme profondément versé dans telle ou telle de ces parties. […] Cette manière d’écrire était devenue si habituelle dans Thomas, que les choses les plus indifférentes ne sortaient de sa plume qu’affublées de ce ridicule accoutrement.
. — On écrit œil, que l’on prononce comme euil. […] 119. — Pour la date des années, on écrit mil. […] Partout ailleurs on écrit mille, qui ne prend jamais s 3 : deux mille hommes. […] Si le nom n’est placé qu’après le que et le verbe, alors il faut écrire en deux mots séparés quel ou quelle que, quels ou quelles que. […] Mais on écrira sans s deux cent dix hommes, quatre-vingt-cinq volumes, parce que dans ses phrases cent et vingt sont suivis d’un autre adjectif numéral.
• Portrait de Blaise Pascal d’après ses écrits. (17 novembre 1881). […] On supposera que cette lettre a été écrite en 1604. (31 juillet 1882). […] Vous supposerez que Boileau écrit à Boursault pour réfuter ses critiques. (16 novembre 1883). […] On supposera que Richelieu, sur le point de mourir, écrit à Louis XIII pour lui conseiller de prendre Mazarin comme premier ministre. […] Quel poète vous eussiez donné à la France, si vous aviez daigné écrire en français !
Sou viens-toi de m’écrire ces mots. […] oui, je sais lire et écrire. […] Sont-ce des vers que vous lui voulez écrire ? […] Je suis bien folle de vous écrire de telles bagatelles. […] si je voulais, j’écrirais jusqu’à demain.