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77. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Dieu a-t-il quelque autre sanctuaire que la terre et la mer et l’air et le ciel et le giron de la vertu ? […] Il semble qu’à mesure qu’il se détache de la terre, il prend quelque chose de cette nature divine et inconnue qu’il va rejoindre. […] Par le centre ouvert de la terre, est du remplissage. […] Ce que Jésus-Christ est venu chercher du ciel en terre, ce qu’il a cru pouvoir, sans s’avilir, acheter de tout son sang, n’est-ce qu’un rien ? […] Des aspects extraordinaires décèlent de toute part une terre travaillée par des miracles.

78. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mézeray. (1610-1683.) » pp. 12-14

Les capitaines de son armée, les religionnaires mêmes, dont le courage endurci par les coups de la fortune ne rebroussait pas facilement contre le danger, comparant les forces de son ennemi avec les siennes, ne voyaient pas bien quel expédient les pourrait tirer de ce péril, et appréhendaient extrêmement pour le salut du roi, duquel dépendait celui de tout l’Etat ; de sorte que dans un conseil qu’il tint le cinquième de septembre, la plupart concluaient que, laissant ses troupes à terre fortifiées dans des postes où elles pourraient aisément soutenir les attaques de l’ennemi et attendre les renforts qui lui devaient arriver, il mît sa personne sacrée en sûreté, et qu’il s’embarquât au plus tôt pour prendre la route d’Angleterre ou de la Rochelle, de peur que, s’il tardait davantage, il ne se trouvât investi par mer aussi bien que par terre : ce que les vaisseaux que le duc de Parme avait tout prêts pourraient faire bien aisément, avec les barques qui descendaient de Rouen en très-grande quantité. […] Votre Majesté ne souffrirait jamais qu’on dît qu’un cadet de la maison de Lorraine lui aurait fait perdre terre, encore moins qu’on la vît mendier à la porte d’un prince étranger.

79. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.

80. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Prosper Mérimée Né en 1803 » pp. 286-290

Il fut cruellement détrompé ; un coup de hallebarde l’étendit par terre baigné dans son sang. […] Elle perçait avec peine un brouillard lourd et rasant la terre, que le vent déplaçait çà et là en y faisant comme de larges trouées ; mais ces flocons grisâtres se réunissaient bientôt, comme les vagues séparées par un navire retombent, et remplissent le sillage qu’il vient de tracer. […] On appelle gabion une sorte de panier, en forme de tonneau, qu’on remplit de terre pour couvrir des soldats dans un siége.

81. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Notes. Pour l’intelligence des exemples cités dans ce troisième volume. — A — article »

Il fut consacré grand pontife, d’après les ordres du Seigneur, qui confirma son sacerdoce par plusieurs miracles, en faisant éclater sa colère sur tous ceux qui s’élevèrent contre cette consécration ; principalement sur Coré, Dathan et Abiron, que la terre entr’ouverte engloutit avec leur famille. […] C., privé, comme son frère, du bonheur d’entrer dans la terre promise, aujourd’hui la te.

82. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Avant que de payer le droit de la nature, Son âme, s’élevant au delà de ses yeux, Avait au créateur uni la créature ; Et marchant sur la terre, elle était dans les cieux. […] Allez, honneurs, plaisirs, qui me livrez, la guerre :   Toute votre félicité,   Sujette à l’instabilité,   En moins de rien tombe par terre ;   Et comme elle a l’éclat du verre5,   Elle en a la fragilité. […]   Je n’adore qu’un Dieu, maître de l’univers4 Sous qui tremblent le ciel, la terre et les enfers ; Un Dieu qui, nous aimant d’une amour infinie, Voulut mourir pour nous avec ignominie. […] Godean, poëte du temps, avait dit Mais leur gloire tombe par terre, Et comme elle a l’éclat du verre, Elle en a la fragilité. […] Tout ce plaidoyer s’adresse à un cœur devenu sourd aux intérêts de la terre : aussi prévoit-on la réponse de Polyeucte.

83. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Guizot. Né en 1787. » pp. 469-478

Les voyages, la chasse, l’exploration des terres lointaines, les relations amicales ou hostiles avec les Indiens des frontières, furent les plaisirs de sa jeunesse. […] Capable de s’élever au niveau des plus grandes destinées, il eût pu s’ignorer lui-même sans en souffrir, et trouver dans la culture de ses terres la satisfaction de ces facultés puissantes qui devaient suffire au commandement des armées et à la fondation d’un gouvernement. […] Il disait : Si quelque pouvoir sur la terre pouvait, ou si le grand pouvoir au-dessus de la terre voulait élever le drapeau de l’infaillibilité en fait d’opinions politiques, il n’y a, parmi les habitants de ce globe, pas un être qui fût plus empressé que moi d’y recourir, aussi longtemps que je resterai le serviteur du public.

84. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Balzac. (1594-1655.) » pp. 2-6

L’homme-Dieu que nous adorons a nettoyé la terre de cette multitude de monstres que les hommes adoraient ; mais il n’en est pas demeuré là. […] Avant que de se perdre, il a eu le loisir de perdre les peuples et les Etats, de mettre le feu aux quatre coins de la terre, de gâter le présent et l’avenir par les maux qu’il a faits et par les exemples qu’il a laissés… Mais il faut toujours en venir là. […] Ces grandes pièces qui se jouent sur la terre ont été composées dans le ciel, et c’est souvent un faquin qui en doit être l’Atrée ou l’Agamemnon.

85. (1839) Manuel pratique de rhétorique

La terre épouvantée avouera. La terre pour les habitants qui la peuplent, c’est la même figure que nous avons analysée dans la première phrase. […] Dieu, devant lequel les princes de la terre ne sont plus que de faibles mortels. […] Mais il se trouva par terre, parmi des milliers de morts dont l’Espagne sent encore la perte. […] ô reine admirable et digne d’une meilleure fortune, si les fortunes de la terre étaient quelque chose !

86. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bossuet. (1627-1704.) » pp. 54-68

Son discours, bien loin de couler avec cette douceur agréable, avec cette égalité tempérée que nous admirons dans les orateurs, paraît inégal et sans suite à ceux qui ne l’ont pas assez pénétré ; et les délicats de la terre, qui ont, disent-ils, les oreilles fines, sont offensés de la dureté de son style irrégulier. […] mais il se trouva par terre parmi ces milliers de morts dont l’Espagne sent encore la perte. […] Il y a une raison qui fait que le plus grand poids emporte le moindre ; qu’une pierre enfonce dans l’eau plutôt que du bois ; qu’un arbre croît en un lieu plutôt qu’en un autre ; et que chaque arbre tire de la terre, parmi une infinité de sucs, celui qui est propre pour le nourrir. […] Les pluies viennent ; les feuilles pourrissent et se mêlent avec la terre, qui, ramollie par les eaux, ouvre son sein aux semences, que la chaleur du soleil, jointe à l’humidité, fera germer en son temps. […] Quel nom avaient-ils sur la terre ?

87. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

La terre stérile sous les flots de sang qui l’inondent devient cruelle et barbare comme les hommes qui la ravagent, et l’on s’égorge en mourant de faim. […] Les généraux corrompent, par le pillage, par de l’argent et par des terres, les soldats qui cessent de se regarder comme ceux de la république. […] La grande route qui le traverse dans la direction de Paris à Clermont étant bordée des terres les plus habitées, il est difficile au voyageur de soupçonner la beauté des sites qui l’avoisinent. […] Toute une civilisation est dans cette croix de bois qui marque sur la terre le triomphe de l’égalité des races et de la liberté politique. […] Si vous poursuivez le mérite, ce n’est pas sur nos terres que vous devez chasser.

88. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

viens avec moi ; « Viens, nous serons heureux ensemble : « La terre est indigne de toi. […] … Demandez à la terre ! […] Cotin, à ses sermons traînant toute la terre, Fend des flots d’auditeurs pour aller à sa chaire. […] Dans la Divine Comédie de Dante, Ugolin raconte les tourments terribles que lui et ses enfants éprouvèrent dans la tour de la Faim : « Tout ce jour et celui qui suivit, nous restâmes tous muets : Ah : terre, terre dure, pourquoi ne t’ouvris-tu pas ?  […] C’est une prosopopée que ce beau tableau de Racine : La terre s’en émeut, l’air en est infecté ; Le flot qui l’apporta recule épouvanté.

89. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Les uns ne semblent être sur la terre que pour y jouir d’un indigne repos, et se dérober par la diversité des plaisirs à l’ennui qui les suit partout à mesure qu’ils le suient ; les autres n’y sont que pour chercher sans cesse dans les soins d’ici-bas des agitations qui les dérobent à eux-mêmes. […] tout ce qui passe est trop vil pour être le prix d’un temps qui est lui-même le prix de l’éternité : c’est pour nous démêler de la foule des enfants d’Adam, au-dessus même des Césars et des rois de la terre, dans cette société immortelle de bienheureux qui seront tous rois, et dont le règne n’aura point d’autres bornes que celles de tous les siècles. […] Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre ; et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes : on nous fait même plaisir de nous en décharger ; c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage. […] La mort d’un aîné change nos vues, nous rengage dans le monde d’où nous venions de sortir ; et notre vocation à l’autel expire à mesure que nous voyons revivre de nouvelles espérances pour la terre.

90. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Dès qu’il approcha, elle mit pied à terre et alla à sa portière. […] On y ouvrit des fenêtres, et les deux princes, ayant chacun sa princesse à son côté, s’assirent sur un même canapé près des fenêtres, le dos à la galerie ; tout le monde épars, assis et debout, et en confusion dans ce salon, et les dames les plus familières par terre aux pieds ou proche du canapé des princes. […] Les plus forts de ceux-là, ou les plus politiques, les yeux fichés à terre, et reclus en des coins, méditaient profondément aux suites d’un événement aussi peu attendu, et bien davantage sur eux-mêmes. […] Je lui attribue de l’élévation, non qu’il se porte et qu’il se tienne jamais très-haut, mais parce qu’il ne touche presque jamais la terre.

91. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Massillon 1643-1743 » pp. 133-138

La conscience Partout nous rendons hommage, par nos troubles et par nos remords secrets, à la sainteté de la vertu que nous violons ; partout un fonds d’ennui et de tristesse inséparable du crime nous fait sentir que l’ordre et l’innocence sont le seul bonheur qui nous était destiné sur la terre. […] tout ce qui passe est trop vil pour être le prix d’un temps qui est lui-même le prix de l’éternité : c’est pour nous démêler de la foule des enfants d’Adam, au-dessus même des Césars et des rois de la terre, dans cette société immortelle de bienheureux qui seront tous rois, et dont le règne n’aura point d’autres bornes que celles de tous les siècles. […] Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre, et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes ; on nous fait même plaisir de nous en décharger : c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage.

92. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

Le réveil de psyché Le matin, rougissant dans sa fraîcheur première, Change les pleurs de l’aube en gouttes de lumière ; Et la forêt joyeuse, au bruit des flots chanteurs, Exhale, à son réveil, les humides senteurs ; La terre est vierge encor, mais déjà dévoilée, Et sourit au soleil sous la brune envolée. […] La terre avec amour porte la blonde enfant ; Des rameaux par la brise agités doucement Le murmure et l’odeur s’épanchent sur sa couche. […] Rejetant de son front ses longs cheveux, Psyché Écarte l’herbe haute et les fleurs autour d’elle, Respire, sent la vie, et voit la terre belle, Et blanche, se dressant dans sa robe aux longs plis, Hors du gazon touffu monte comme un grand lis4 (Psyché.

93. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage ; La terre s'en émeut, l'air en est infecté ; Le flot qui l'apporta recule 2 épouvanté. […] Philoctète parle ainsi à Néoptolème : O mon fils, je te conjure par les mânes de ton père, par ta mère, par tout ce que tu as de plus cher sur la terre, de ne pas me laisser seul dans les maux que tu vois. […] Boileau, pour faire entendre que l'on fuyait les sermons de Cotin, dit : Cotin, à ses sermons traînant toute la terre, Fend des flots d'auditeurs pour aller à sa chaire. […] … Rien ne m'appartient sur la terre ; Je n'eus pas même de berceau ! […] Prions : l'oiseau sous le feuillage A la terre offre ses concerts ; Offrons nos cœurs et notre hommage Au créateur de l'univers1.

94. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

On ne l’eut pas plutôt vu pied à terre, forcer le premier ces inaccessibles hauteurs, que son ardeur entraîna tout après elle. […] À peine est-il enfermé dans le sein de la terre, qu’il en sort dès le troisième jour, victorieux et triomphant. […] Pour moi, ô terre ! […] Que si leur malice invétérée est incurable, poursuivez-les sur terre et sur mer, et exterminez-les totalement. […] Son ombre eût pu encore gagner des batailles ; et voilà que dans son silence, son nom même nous anime, et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et ne pas arriver sans ressource à notre éternelle demeure avec le Roi de la terre, il faut encore servir le Roi du ciel.

95. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-8

Quand vous aurez vu le Tibre, au bord duquel les Romains ont fait l’apprentissage de leurs victoires, et commencé ce long dessein qu’ils n’achevèrent qu’aux extrémités de la terre ; quand vous serez monté au Capitole, où ils croient que Dieu était aussi présent que dans le ciel, et qu’il avait enfermé le destin de la monarchie universelle ; après que vous aurez passé au travers de ce grand espace qui était dédié aux plaisirs du peuple2, et où le sang des martyrs a été souvent mêlé avec celui des criminels et des bêtes, je ne doute point qu’après avoir encore regardé beaucoup d’autres choses, vous ne vous lassiez à la fin du repos et de la tranquillité de Rome, qui sont deux choses beaucoup plus propres à la nuit et aux cimetières qu’à la cour et à la lumière du monde3. […] La fraîcheur et les rosées de la nuit viennent ensuite, et réjouissent ce qui languirait sur la terre sans leur secours ; mais, ayant plutôt abattu la poussière que fait de la boue, il faut avouer qu’elles ne contribuent pas peu aux belles matinées dont nous jouissons3. […] Et, bien qu’ils se soient vantés d’avoir purgé la terre de la nation des chrétiens, d’avoir aboli le nom chrétien en toutes les parties de l’empire, l’expérience nous a fait voir qu’ils ont triomphé à faux, et leurs marbres ont été menteurs.

96. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

Ce n’est pas que la philosophie n’ait des droits incontestables aux hommages des princes de la terre ; ils ont besoin de ses lumières, comme elle a besoin de leur appui et de leur protection : mais elle ne doit approcher du trône que pour l’affermir, que pour le rendre plus vénérable ; et je ne vois plus que la sédition raisonnée, dans cette audacieuse philosophie qui, sous prétexte de donner des leçons aux rois, relâche insensiblement tous les liens de la subordination naturelle, et ébranle par conséquent la société dans ses premiers fondements. […] m’écriai-je, puisque la race des hommes que tu as jetée sur la terre avait besoin d’être gouvernée, pourquoi ne leur as-tu donné que des hommes pour régner sur eux ? […] L’un d’eux prit la parole : « Nous avons vu dans l’Asie le sol qui nous portait s’écrouler sous nos pas, et nos trois villes renversées par un tremblement de terre. […] Romains, le grand homme mourant a je ne sais quoi d’imposant et d’auguste ; il semble qu’à mesure qu’il se détache de la terre, il prend quelque chose de cette nature divine et inconnue qu’il va rejoindre.

97. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre III. »

Les idées sont physiques, quand elles représentent des objets matériels : terre, livre, arbre ; Morales, quand elles représentent une chose de l’ordre moral : orgueil, vertu, sensibilité ; Métaphysiques, quand elles s’appliquent aux faits de l’ordre rationnel : cause, espace, idéal. […] » C’était le cri du cœur, le souvenir de la patrie : le bananier lui rappelait sa terre natale, sa famille, ses amis, toute sa vie passée.

98. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Avocat à Paris en 1822, il ne demandait au ciel et à la terre qu’une cause à servir par un entier dévouement. […] La vertu seule continue son règne au travers des âges, et ni tyrans ni mensonges n’arrêtent le fleuve qui la porte à l’admiration de la terre. […] Perdus que nous sommes dans l’immensité visible et invisible des choses, accablés du spectacle de la terre et du ciel, des perspectives de l’histoire et des horizons sans fin de l’avenir, nous ne pouvons arriver à la persuasion de notre petitesse1 ; notre âme proteste contre nos yeux, et, de l’abîme où elle semble anéantie, elle nous suscite la pensée que nous servons, et le désir invincible de servir en effet. […] Qui l’introduira bien ou mal dans la science de l’homme, dans cette science dont les éléments sont le passé, le présent, l’avenir, la terre et le ciel, qui touche à la fois au néant et à l’infini ? […] Un peuple est assoupi dans les mœurs de la barbarie ; il ne connaît pas même le premier des arts, qui est d’assujettir la terre à ses besoins.

99. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE IV. De la composition des vers. » pp. 295-331

Un rivage cruel, une terre avare, c’est-à-dire où règne un roi cruel et avare. […] Si l’on disait, en parlant de la neige qui couvre les campagnes : Candida nix operit campos, l’épithète candida serait ici choisie avec goût, parce qu’il s’agit précisément de peindre la surface de la terre blanchie par une couche de neige. […] Non, assurément ; c’est parce qu’elle est froide et glacée ; c’est parce que, en couvrant la surface de la terre, elle empêche ces petits habitants des airs d’y chercher leur nourriture. […] On en a vu un exemple dans le passage cité plus haut, où Virgile, avec une pensée pleine de délicatesse, compare à des colombes qu’une noire tempête a mises en fuite et précipitées en troupe sur une terre abritée, Hécube et ses filles qui, poursuivies par Pyrrhus, vont se réfugier au pied des autels. […] Virgile ne pouvait mieux faire que de comparer le jeune guerrier soit à une fleur brillante dont la racine a été tranchée par le soc de la charrue, soit à un pavot qui laisse pencher vers la terre sa tête chargée de pluie.

100. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

Je fus hier au Buron2, j’en revins le soir ; je pensai pleurer en voyant la dégradation de cette terre : il y avait les plus vieux bois du monde ; mon fils, dans son dernier voyage, y a fait donner les derniers coups de cognée. […] Voilà le second ministre1 que vous voyez mourir, depuis que vous êtes à Rome ; rien n’est plus différent que leur mort ; mais rien n’est plus égal que leur fortune, et les cent millions de chaînes qui les attachaient tous deux à la terre. […] Terre de son fils, dans le pays nantais. […] Retiré dans ses terres en Bourgogne, il se consolait de ses disgrâces en cultivant les lettres, sans pourtant cesser de faire des tentatives pour rentrer à Versailles.

101. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Dans un autre endroit, que le doux Soleil poudre les cheveux de sa femme, la Terre. […] Lorsque nous disons, par exemple, que la terre a soif, que les champs sourient, etc., nous ne trouvons rien d’extraordinaire, rien d’exagéré dans ces expressions, qui prouvent avec quelle facilité l’esprit voit, dans les êtres inanimés les propriétés des créatures vivantes. […] Sur le fruit tentateur porte une main coupable, Le saisit, le dévore ; à peine il est cueilli, D’épouvante et d’horreur la terre a tressailli. […] Quel charme ajoute à cette belle description le sentiment si heureusement prêté à la terre, aux oiseaux, aux fleurs, etc., qui partagent le bonheur d’Adam ! […] La terre ouvre son sein sous le dieu qui la presse.

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