Loi sainte, loi désirable, Ta richesse est préférable A la richesse de l’or ; Et ta douceur est pareille Au miel dont la jeune abeille Compose son cher trésor. […] D’avides étrangers, transportés d’allégresse, Engloutissent déjà toute cette richesse, Ces terres, ces palais de vos noms ennoblis. […] « Vers admirable, dit Le Brun, et qui concentre en lui seul toute la richesse de cette strophe. » — Il fait aisément oublier que le vers précédent est un peu dur. […] « Cette cantate de Circé, dit La Harpe, est un morceau à part ; elle a toute la richesse et l’élévation des plus belles odes de Rousseau, avec plus de variété : c’est un des chefs-d’œuvre de la poésie française. » 5. […] Il est à propos de remarquer avec quel bonheur Rousseau savait rajeunir et relever, par la richesse et l’éclat de son style, le vieux fonds mythologique, dont il fit toutefois, à l’exemple de son temps, un trop large usage.
Les qualités du style tempéré ou fleuri sont au nombre de trois, savoir : l’élégance, la grâce et la richesse. […] Richesse. […] En quoi consiste la richesse du style ? La richesse du style consiste dans l’abondance des pensées, la variété et l’harmonie des tours, l’éclat des figures, la vivacité des images et la magnificence des expressions. […] C’est la richesse jointe à la grandeur.
Souvent on a loué la richesse d’imagination et de savoir qui se montre dans ce dernier ouvrage : on peut dire qu’aucun, dans le dix-huitième siècle, ne renferme plus de vues justes et fécondes, de principes vrais et lumineux, et plus de ces pensées efficaces, susceptibles de se réaliser par des applications pratiques1. […] On allait au temple pour demander les faveurs des dieux : ce n’était1 pas les richesses et une onéreuse abondance ; de pareils souhaits étaient indignes des heureux Troglodites ; ils ne savaient les désirer que pour leurs compatriotes ; ils n’étaient au pied des autels que pour demander la santé de leurs pères, l’union de leurs frères, l’amour et l’obéissance de leurs enfants. […] Vous savez que pour lors vous pourrez contenter votre ambition, acquérir des richesses et languir dans une lâche volupté, et que, pourvu que vous évitiez de tomber dans les grands crimes, vous n’aurez pas besoin de la vertu. » Il s’arrêta un moment, et ses larmes coulèrent plus que jamais. « Et que prétendez-vous que je fasse ? […] Aujourd’hui la grammaire exigerait : Ce n’étaient pas les richesses.
Le premier événement qui figure avec quelque intérêt dans son histoire, est la chute de ce fameux Crésus, qui soutint ce revers épouvantable avec une fermeté courageuse, que l’on ne semblait pas devoir attendre d’un homme ébloui longtemps de ses richesses, et l’objet et la victime de tous les genres de corruption. […] — Elle pille ta ville, répondit Cyrus et enlève tes richesses. — « Ce n’est ni ma ville ni mes richesses qu’elle pille, reprit Crésus, puisqu’elles ne m’appartiennent plus : ce sont tes biens qu’elle prend et qu’elle emporte ». […] » La manière dont je me suis signalé au milieu de vous dans les charges publiques et dans d’autres occasions, peut exciter la jalousie de quelques citoyens ; mais elle fait admirer aux étrangers la grandeur imposante d’Athènes ; et peut-être n’est-ce pas un projet si mal conçu, que d’être utile à soi-même et de servir son pays par un semblable emploi des richesses ». […] Et ne te flatte pas de séduire, par l’appât des richesses, des hommes formés jusqu’ici à l’école de la pauvreté.
Il joignit à une haute naissance et à de grandes richesses, tous les agréments du corps et tous les talents de l’esprit, avec un caractère qui se pliait à tout. […] Il fut le plus riche monarque de son temps ; et ses richesses passèrent en proverbe. […] Plutus, dieu des richesses, suivant la fable, et que quelques-uns font fils de Cérès, et d’autres de la fortune On le représente boiteux, lorsqu’il vient aux hommes ; aveugle, lorsqu’il distribue les richesses, et avec des ailes, lorsqu’il s’en va. Bien des auteurs le confondent avec Pluton, qu’ils regardent comme le dieu des richesses et des mines souterraines. […] Elle était dans la Médie, vaste contrée d’Asie, et dont les anciens vantent beaucoup les richesses.
La possession des richesses les touche peu, parce qu’ils n’ont jamais senti l’indigence. […] Il n’en est pas de même de leur passion pour les richesses : ils renferment tous leurs désirs dans les nécessités de la vie, sachant combien il est aisé de perdre et difficile d’acquérir. […] » L’opulence consiste moins dans la possession que dans l’emploi des richesses. […] » La prospérité participe de la richesse et de la puissance : ainsi son caractère est mêlé de ceux qui sont propres à ces deux états. […] Contre la liberté des mers et la fidélité du commerce, des armateurs français leur avaient enlevé, et leurs richesses, et le vaisseau qui les portait.
A mesure que le sujet s’élève, on peut arriver à la richesse et à la magnificence : La richesse qui ajoute à la noblesse l’éclat des images, l’abondance des ornements, le nombre de la phrase, ou qui encore renferme sous peu de mots des idées fécondes ; La magnificence qui est la grandeur dans la richesse. […] Portées à l’excès, la gravité et la noblesse deviennent de la raideur ; la richesse et la magnificence de l’enflure ; l’énergie, de la dureté ; la véhémence, de la déclamation.
Peu de temps après, le Génie du christianisme étonna par la grandeur de son objet et la richesse d’un plan qui embrassait sans effort une prodigieuse variété de connaissances en tout genre : on y admira surtout le parti que l’imagination et la sensibilité de l’auteur avaient su tirer d’un sujet qui semblait ne devoir offrir que des discussions arides, que des raisonnements secs et abstraits ; et on lui sut gré de nous avoir donné un cours presque complet d’histoire naturelle, de poésie, d’éloquence, une poétique enfin de tous les beaux arts, au lieu de traités théologiques sur la nécessité et la vérité de la religion chrétienne. Cette grande et belle idée de s’adresser d’abord au cœur de l’homme, pour convaincre ensuite sa raison, de mettre ses passions même dans les intérêts de la vérité, pour qu’elle triomphe de lui malgré lui, et presqu’à son insu, était une idée aussi nouvelle, aussi heureuse en morale, que féconde en poésie ; et si l’imagination n’eût point entraîné quelquefois M. de Chateaubriand au-delà des justes bornes ; si un goût toujours sage, toujours pur eût présidé constamment à la distribution des richesses que la nature de son plan mettait à sa disposition, il eût mérité, sans doute, que l’on dît de lui : les autres théologiens prouvent la religion, mais M. de Chateaubriand la fait aimer. […] Mais plus je relis moi-même l’auteur des Martyrs, plus je me croirais fondé à penser que ces lectures ont été faites dans un âge où l’on sent trop vivement pour méditer beaucoup ; où le désir de réparer des années perdues fait courir rapidement, et par toutes les routes à la fois, vers le but qu’on se propose d’atteindre, ce qui n’est pas toujours le plus court moyen d’y arriver ; étonné, ébloui de tant de richesses littéraires, que de nouvelles lectures, augmentent encore tous les jours, l’imagination échauffée tour à tour, quelquefois en même temps, par les beautés sublimes des Prophètes, d’Homère, de Virgile, de Milton, du Dante, etc., etc., comment se faire un emploi sage et judicieux de ces nombreux trésors qui se pressent et s’accumulent sous vos mains ? […] Ce n’est point assez, pour se placer au rang des modèles, d’ouvrir une route nouvelle ; il faut voir où cette route peut conduire les imitateurs tentés de la suivre : il ne suffit pas de créer un nouveau genre, il faut examiner si ce genre nouveau est une richesse littéraire de plus : c’est peu enfin d’introduire dans le style, des formes qu’il ne connaissait pas, et dont Fénelon, Voltaire, Buffon et Rousseau n’ont pas eu besoin pour assurer à notre langue l’empire qu’elle exercera à jamais sur toutes les langues modernes ; sans quoi l’on appauvrit la langue, au lieu de l’enrichir. […] Mais quelle profusion de beautés, quelles richesses de détail couvrent et font pardonner ces fautes !
Il s’élève une question sur la nature des richesses, et, comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent et sur son produit net ; sitôt, je vois du fond d’un fiacre se baisser pour moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté. […] est la devise de la pauvreté contre la richesse, de l’esprit en disgrâce contre la sottise en faveur ; c’est aussi la plainte de la vanité mécontente.
Homère s’élevant par l’effort de son seul génie, aux plus sublimes hauteurs de la poésie, en déploya dans l’épopée tout le feu, tout le coloris, toutes les richesses. […] Destouches et Piron produisirent des chefs-d’œuvre dignes de Molière ; Crébillon eut la gloire de balancer Eschyle ; et Voltaire, incomparable dans les poésies légères, à qui notre scène doit une partie de ses richesses, fit d’heureux efforts pour atteindre à la couronne épique.
Il est un des modèles de notre langue pour l’élégance, la richesse, l’harmonie de la diction, la modération ornée du discours, l’ampleur ingénieuse d’un talent qui excelle dans ces développements souples et continus où les pensées naissent les unes des autres ; mais en lui l’art se fait trop sentir. […] Il apporte, pour toute marque de vocation à un ministère d’humilité, des vues d’élévation et de gloire ; à un ministère de travail et de sollicitude, des espérances de repos et de mollesse ; à un ministère de désintéressement, de modestie et de charité, des projets de luxe, de profusion et d’abondance ; et, comme cet infidèle Héliodore, il ne vient dans le temple que parce qu’il a toujours ouï dire qu’il y trouverait des richesses immenses, et les dépouilles saintes des peuples. […] Vous serez donc un mondain voluptueux, un courtisan ambitieux, un homme de guerre impie, un magistrat injuste, un ministre corrompu, puisque vous n’avez choisi le monde que pour ses plaisirs : la cour, que pour la faveur ; les armes, que pour la licence ; la robe, que pour une vaine distinction ; l’autel, que pour les honneurs et les richesses du sanctuaire.
« Un charme d’élocution continuel, dit-il, en parlant de Massillon, une harmonie enchanteresse, un choix de mots qui vont tous au cœur ou qui parlent à l’imagination ; un assemblage de force et de douceur, de dignité et de grâce, de sévérité et d’onction ; une intarissable fécondité de moyens se fortifiant tous les uns par les autres ; une surprenante richesse de développements ; un art de pénétrer dans les plus secrets replis du cœur humain ; de l’effrayer et de le consoler tour à tour ; de tonner dans les consciences et de les rassurer ; de tempérer ce que l’évangile a d’austère par tout ce que la pratique des vertus a de plus attrayant : c’est à ces traits que tous les juges éclairés ont reconnu dans Massillon un homme du très petit nombre de ceux que la nature fit éloquents ». […] D’où vient que les richesses l’inquiètent, que les honneurs le fatiguent, que les plaisirs le lassent, que les sciences le confondent et irritent sa curiosité, loin de la satisfaire ; que tout cela ensemble ne peut remplir l’immensité de son cœur, et lui laisse encore quelque chose à désirer ? […] La richesse et l’élégance ne sont pas les seuls caractères de l’éloquence et du style de Massillon : ses discours offrent aussi de la grandeur et de l’énergie, et s’élèvent, quand il le faut, à l’éloquence la plus sublime.
à mépriser la richesse, où la richesse est la mesure de l’honneur ? […] D’abord il promena ses regards sur les différentes sectes qui étaient autour de lui ; il en distingua une qui apprenait à l’homme à s’élever au-dessus de lui-même : elle lui découvrit, pour ainsi dire, un monde nouveau, où le plaisir et la douleur sont comme anéantis, où les sens ont perdu tout leur pouvoir sur l’âme, où la pauvreté, les richesses, la vie, la mort ne sont rien, où la vertu existe seule.
Richesses, honneurs, distinctions de tous les genres, voilà leur partage et celui de leurs dignes amis : pour nous, les dangers, les affronts, la flétrissure des jugements et l’indigence, voilà ce qui nous reste ! […] Peut-on en effet, pour peu que l’on pense en homme, souffrir sans indignation que leurs richesses excèdent la folie de leurs dépenses, qu’ils rendent la mer habitable, que les montagnes s’applanissent pour eux, tandis que nous avons à peine le nécessaire ? […] Ils achètent des tableaux, des statues, des vases précieux ; ils détruisent ce qu’ils viennent de construire, pour construire de nouveau ; ils fatiguent, ils tourmentent enfin leur argent de toute manière, sans que leurs vastes caprices puissent parvenir encore à absorber l’immensité de leurs richesses. […] Elle vous sourit enfin, cette liberté que vos vœux appellent depuis si longtemps, et avec elle, s’offrent à vous les richesses, l’honneur et la gloire : ce sont les prix que la fortune promet aux vainqueurs.
Exemple : Quelques richesses que vous ayez, vous ne devez pas vous enorgueillir. […] Exemples : Quelle que soit votre force, quelles que soient vos richesses, vous ne devez pas vous enorgueillir ; votre puissance quelle qu’elle soit, ne vous donne pas le droit de mépriser les autres.
Il convient dans les discours d’apparat principalement destinés à plaire, dans les compliments faits aux puissances, dans les panégyriques où il est permis d’employer toutes les richesses de l’art et d’en étaler toute pompe. […] Tous les citoyens s’appliquent au commerce, et leurs grandes richesses ne les dégoûtent jamais du travail nécessaire pour les augmenter. […] Section III. — Genre sublime Le Genre sublime développe toutes les richesses et les ressources de l’éloquence : ses qualités distinctives sont : l’énergie, la véhémence, la magnificence, la majesté, la hardiesse des figures et l’éclat des images. […] Style sublime Le style sublime admet quelque nuance : il s’appelle Magnifique, lorsqu’il joint à la magnificence des expressions et à la richesse des images, l’harmonie des périodes, la majesté et l’élévation des pensées. […] Vous visiterez la terre et vous la féconderez ; vous multiplierez ses richesses.
Si l’or seul a pour vous d’invincibles appas, Fuyez ces lieux charmants qu’arrose le Permesse ; Ce n’est point sur ses bords qu’habite la richesse. […] de Fontanes a jugé ainsi Boileau : « Quand il parut, la poésie retrouva ce style qu’elle avait perdu depuis les beaux jours de Rome ; ce style toujours clair, toujours exact, qui n’exagère ni n’affaiblit, n’omet rien de nécessaire, n’ajoute rien de superflu, va droit à l’effet qu’il veut produire, ne s’embellit que d’ornements accessoires puisés dans le sujet, sacrifie l’éclat à la véritable richesse, joint l’art au naturel, et le travail à la facilité ; qui, pour plaire toujours davantage, s’allie toujours de plus près au bon sens, et s’occupe moins de surprendre les applaudissements que de les justifier ; qui fait sentir enfin, et prouve, à chaque instant, cet axiome éternel : Rien n’est beau que le vrai. » (Discours préliminaire de l’essai sur l’homme.) […] » Nous lisons dans Régnier : Maints fascheux accidents surprennent sa vieillesse : Soit qu’avec du soucy gaignant de la richesse, Il s’en deffend l’usage, et craint de s’en servir, Que tant plus il en a, moins s’en peut assouvir ; Ou soit qu’avec froideur il face toute chose, Imbécile, douteux, qui voudroit et qui n’ose, Dilayant, qui tousjours a l’œil sur l’avenir, De léger il n’espère et croit au souvenir : Il parle de son temps, difficile et sévère ; Censurant la jeunesse, use des droits d’un père Il corrige, il reprend, hargneux en ses façons, Et veut que tous ses mots soient autant de leçons.
Une autre qualité du poème didactique, c’est la variété et la richesse de la forme. […] Il faut alors qu’il connaisse toutes les richesses de la langue dans laquelle il écrit, pour exprimer ces objets avec une élégante noblesse. […] Le poème descriptif, qui implique plutôt une suite d’études poétiques qu’un plan correct et complet, doit plaire par la richesse de l’imagination et la fidélité des peintures. […] Ces poésies de pure invention demandent à être animées par une grande chaleur de sentiment et embellies par une grande richesse d’expression. […] Quelquefois, quand le sujet et les personnages le demandent, il admet la richesse, la force et les images pittoresques, et s’élève même jusqu’au sublime, comme dans le Chêne et le Roseau, le Statuaire et la Statue de Jupiter, le Lion et le Moucheron.
La plupart, indigents au milieu des richesses, Achètent l’abondance à force de bassesses : Souvent, à pleines mains, d’Ovral sème l’argent ; Parfois, faute de fonds, monseigneur est marchand. […] Honneurs, richesse, emplois, ils ont tout en partage, Hors la saine raison, que leur bonheur outrage : Distribuant la gloire et pesant les écrits, Ces fiers inquisiteurs jugent les beaux esprits.
Les rimes se distinguent quant à leur genre, quant à leur richesse et quant à leur arrangement. […] Les rimes, considérées quant à leur richesse, sont pauvres, suffisantes, riches ou superflues.
L’oisiveté Une conséquence de la richesse dans les nations tenues en tutelle, pour ne pas dire en servitude, c’est l’oisiveté, et l’oisiveté est la mère inévitable de la dépravation. […] Si la richesse y produit encore des voluptueux, elle y produit aussi des citoyens ; si elle énerve des âmes, elle en fortifie d’autres.
En somme, l’essence de la richesse consiste plutôt dans l’usage que dans la propriété, car l’exercice de la propriété consiste dans l’usage et l’usage même est une richesse. […] Il vaut mieux désirer d’avoir des amis que d’acquérir des richesses ; de sorte que la recherche des amis est préférable à la soif des richesses. […] Aussi la richesse réelle est-elle, évidemment, un bien supérieur à la richesse apparente. […] Quelles mœurs accompagnent la richesse, tout le monde le voit aisément. […] En somme, la richesse donne les mœurs d’un insensé heureux.
Voltaire, qui écrivait dans un temps et chez un peuple observateur bien plus scrupuleux des bienséances, n’a pas craint de comparer, dans sa Henriade, les troupes françaises à une meute de chiens : sûr de la justesse de la comparaison et du rapport vrai des idées, il ne restait plus qu’à ennoblir les détails par la richesse et l’harmonie de la diction ; et c’est l’art des grands poètes. […] Nous nous bornerons à un exemple, et nous le tirerons du psaume 2e, aussi important par son objet, qu’admirable par le ton qui y règne d’un bout à l’autre, par la grandeur des images et la richesse des expressions. […] Il ne se borne point à nous la représenter comme le guide fidèle de l’homme sur la terre, la dispensatrice des honneurs, des richesses, de la vraie félicité : il nous montre en elle l’élève, la compagne chérie du créateur tout-puissant, l’âme de tous ses conseils et de ses prodigieux travaux.
Vous demandez au faible des efforts, au riche le détachement de la richesse, à l’ambitieux de s’effacer, à l’orgueilleux de se faire petit, au sensuel de vaincre ses convoitises, à tous un long et rude labeur ; comment seriez-vous écouté ? […] Partout où vous verrez, au lieu de l’oubli de soi, des pensées personnelles, au lieu du zèle désintéressé et de l’abnégation sévère, l’amour des richesses et des jouissances que procurent les richesses, dites : Dieu n’est pas là ; son envoyé n’est pas venu encore, et priez pour qu’il vienne bientôt. » (Commentaires de l’Évangile selon saint Marc, édition Garnier.)
Vivant sous la tente patriarcale, éprouvant peu de besoins, trouvant la terre docile à leurs désirs et produisant sans culture les fruits les plus délicieux, entourés de nombreux troupeaux qui leur assuraient une existence facile, exempte de soucis, ne soupçonnant pas l’existence des honneurs et des richesses, n’abandonnant leurs cœurs qu’à des passions douces et innocentes, les hommes durent nécessairement se contenter d’un langage fort limité pour l’expansion de leurs sentiments et l’expression de leurs idées. […] À mesure que les siècles s’écoulèrent, les hommes devinrent étrangers les uns aux autres, puis cherchèrent à établir entre eux des communications utiles : le commerce, les arts, les richesses, la paix, la guerre, les alliances furent autant de sources d’où jaillirent de nouvelles idées, et de là de nouvelles expressions qui constituèrent des idiomes particuliers : ici un objet était connu sous un certain nom ; là il prenait et admettait une dénomination différente, et ainsi les langues se multiplièrent.