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112. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

L’amour unissait deux moineaux ; ils sont pris dans un piège et mis en cage. […] Il ne cache jamais la vérité, quelque affreuse qu’elle puisse être, et ne prend pas même soin de l’envelopper. […] Avant de prendre la plume, le poète a bien conçu son dessein, a disposé son plan. […] Le poète dans son début engage le roi à prendre sa foudre contre les rebelles. […] Il prend sa course, il s’avance Comme un superbe géant.

113. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Pascal, 1622-1662 » pp. 44-51

Mais n’ayant que des sciences imaginaires, il faut qu’ils prennent ces vains instruments qui frappent l’imagination à laquelle ils ont affaire ; et par là en effet ils s’attirent le respect. […] Prenez-y garde. […] Pour moi, je n’ai pu y prendre d’attache, en considérant combien il y a plus d’apparence7 qu’il y a autre chose que ce que je vois ; j’ai recherché si ce Dieu n’a pas laissé quelques marques de soi8. […] Parabole Un homme est jeté par la tempête dans une île inconnue, dont les habitants étaient en peine4 de trouver leur roi, qui s’était perdu ; et ayant beaucoup de ressemblance de corps et de visage avec ce roi, il est pris pour lui, et reconnu en cette qualité par tout ce peuple. D’abord il ne savait quel parti prendre ; mais il se résolut1 enfin de se prêter à sa bonne fortune.

114. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VIII. Épître. »

L’épître est une lettre en vers qui peut prendre tous les tons, depuis le plus familier jusqu’au plus élevé. […] L’épitre familière prend un air de négligence et de liberté ; elle badine agréablement, elle sème partout la saillie, les traits d’esprit et la grâce. […] Quant au style de l’épitre, il doit, comme le caméléon, prendre la couleur de chaque objet qu’il touche.

115. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

D’autres ont donné à leurs reproches un caractère plus grave encore ; ils ont prétendu que les acteurs introduits dans le grand drame de l’histoire, n’ayant pas tenu précisément le discours que leur prête l’historien, c’est se jouer mal à propos de la crédulité du lecteur, faire prendre le change à sa bonne foi, et l’induire gratuitement en erreur. […] — Elle pille ta ville, répondit Cyrus et enlève tes richesses. — « Ce n’est ni ma ville ni mes richesses qu’elle pille, reprit Crésus, puisqu’elles ne m’appartiennent plus : ce sont tes biens qu’elle prend et qu’elle emporte ». […] « Oui, vous vous en prenez à moi, qui me flatte de connaître vos affaires aussi bien que personne, et de savoir en parler ; à moi qui suis l’ami de l’état, et au-dessus des petites considérations d’un vil intérêt. […] » Il y aurait eu de la folie, sans doute, à prendre les armes, si, heureux d’ailleurs, le choix eût dépendu de vous ; mais, s’il ne vous restait qu’un parti à prendre, celui de céder et d’obéir, ou de combattre et de triompher de l’injustice, ne serait-on pas plus blâmable d’avoir fui le péril, que de l’avoir bravé ? […] Pleins des mêmes sentiments, prenons les mêmes moyens, et travaillons comme eux à la prospérité publique.

116. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Introduction » pp. -

Les deux habitudes persistant côte à côte, chacune prendra bientôt un sens spécial, et le trésor commun n’en sera que plus riche. […] Plus disciplinée, elle tend à prendre des habitudes qui deviendront des règles. […] Elle a pris le pas sur sa rivale ; elle la laisse ciseler ses objets de luxe, et se charge du solide, du nécessaire. […] Dante avait pris Virgile pour maître et pour guide en son pèlerinage de la Divine Comédie. […] Leur vient de illorum,et ne prend pas d’s au pluriel.

117. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Par exemple, ces expressions, je vous écris ces deux lignes, je prends la liberté de vous écrire, pour m’informer de l’état de votre santé, etc. […] Un inférieur concevra aisément qu’il doit parler en termes respectueux, sans trop s’abaisser ; un égal, qu’il ne doit point prendre un ton de hauteur ; un supérieur, qu’il ne doit pas trop faire sentir ce qu’il est. […] On ne saurait trop y montrer l’intérêt qu’on prend à la personne pour laquelle on demande quelque chose, et dont on ne doit pas passer sous silence les talents et les vertus. […] Cette lettre est un vrai modèle en ce genre, principalement pour la précision, la délicatesse, et le ton qu’on doit prendre, quand on écrit dans ces circonstances à des personnes d’un rang élevé. […] de Turenne, et la nouvelle de sa mort. » Ne prenez jamais un ton de maître dans les lettres de conseils.

118. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

Chez lui, tout est forme et couleur ; le monde moral et le monde physique se confondent ; les sentiments sont des sensations, les idées ont des contours, l’abstrait prend un corps, et l’invisible même veut qu’on le voie. […] Et qu’enfin, seul et nu, vous voguez solitaire, Allant où va le flot, sans jamais prendre terre2. […] Beaucoup ont sa pitié : nul ne lui fait envie ; Sage et douce, elle prend patiemment la vie ; Elle souffre le mal sans savoir qui le fait. […] — Laisse aller ta parole où ton âme l’envoie ; Ne t’inquiète pas (toute chose à sa voie), Ne t’inquiète pas du chemin qu’elle prend ! […] Et la face des eaux, et le front des montagnes, Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts S’iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes Prendra sans cesse aux monts le flot qu’il donne aux mers.

119. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

Ne craignons rien ; nous reverrons le Christ, le Christ sauveur, le Christ libérateur, le Christ qui prend pitié des pauvres, des faibles et des misérables. […] Toutefois, je voudrais que mon cher comte ne prît aux événements que cette sorte de part que, dans sa position, le devoir commande, ou que peut avouer, une raison aussi droite et aussi ferme que la sienne. […] Au nom de Dieu, prenez sur vous ; nous nous reverrons tous, nous nous retrouverons tous là où pour jamais il n’y aura plus ni vicissitudes, ni larmes. […] Les philosophes se rendront aussi, et, après s’être longtemps débattus et tourmentés, ils donneront enfin dans les filets de nos célestes pêcheurs, où, étant pris heureusement, ils quitteront les rets de leurs vaines et dangereuses subtilités où ils tâchaient de prendre les âmes ignorantes et curieuses. […] Des sandales, une tunique, un bâton, il leur défend de prendre rien de plus, ni sac, ni pain, ni argent dans leur ceinture.

120. (1858) Exercices latins adaptés à la Grammaire latine d’après Lhomond. Deuxième partie : Cours gradué de versions latines sur la syntaxe, à l’usage des classes de sixième, cinquième et quatrième. Livre du maître pp. -370

Souvent la volupté est aux prises avec la vertu. — 12. […] Les Romains ne prenaient aucune mesure d’intérêt public, ni en temps de paix ni en temps de guerre, sans avoir pris les auspices. — 19. […] Le Gange et l’Indus prennent leur source au mont Caucase. — 3. […] La ville paraissait devoir être difficile à prendre. […] Il est donc pris pour chef par d’unanimes suffrages.

121. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Nicole. (1625-1695.) » pp. 40-47

Encore, en conservant avec quelque soin ce petit ouvrage, on le peut garder tant que l’on veut ; mais, quelque soin qu’on prenne à conserver sa vie, il n’y a aucun moyen d’empêcher qu’elle ne finisse bientôt. […] Si l’on ne prend point indifféremment toute sorte d’aliments, et si l’on évite avec soin tous ceux qui nous peuvent nuire, si l’on ne sème pas dans ses terres toutes sortes de semences, mais seulement celles qui sont utiles, combien doit-on encore apporter plus de discernement à ce qui sert de nourriture à notre esprit, et ce qui doit être la semence de nos pensées ? […] Si nous avions pour but de profiter3 à ceux que nous contredisons, nous prendrions d’autres mesures et d’autres voies. […] Il faut donc réduire cette réserve aux choses plus essentielles et auxquelles on voit que les gens prennent plus d’intérêt ; et encore y aurait-il des voies pour les contredire de telle sorte qu’il serait impossible qu’ils s’en offensassent. […] La prudence nous oblige donc à prendre une route toute contraire, à quitter absolument le dessein chimérique de corriger tout ce qui nous déplaît dans les autres, et à tâcher d’établir notre paix et notre repos sur notre propre réformation et sur la modération de nos passions.

122. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre III. Lettres missives. Genre épistolaire. »

Elles peuvent rouler sur tout, prendre tous les langages, n’être que d’une ligne, former des volumes, s’adresser à un ou à plusieurs particuliers, quelquefois au public ; et, pour tout dire en un mot, des lettres ne sont pas un ouvrage : elles sont plusieurs ouvrages. […] Nous croyons donner une idée plus exacte des lettres missives prises en général en les rapprochant des discours prononcés. […] On ne saurait trop y montrer l’intérêt qu’on prend à la personne pour laquelle on demande quelque chose, ni trop appuyer sur ses talents ou ses vertus. […] N’y prenez jamais un ton de maître ; il faut y ménager l’amour-propre de celui à qui vous écrivez, soit que vous lui donniez de vous-même ces conseils, soit qu’il vous les ait demandés. […] Vous m’allez demander comment le feu s’était mis à cette maison ; on n’en sait rien ; il n’y en avait point dans l’appartement où il a pris.

123. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Courier, 1773-1825 » pp. 447-454

Je veux voir la patrie de Proserpine, et savoir un peu pourquoi Pluton a pris femme en ce pays-là. […] Ce royaume que nous avons pris n’est pourtant pas à dédaigner : c’est bien, je vous assure, la plus jolie conquête qu’on puisse jamais faire en se promenant. […] Quand ils nous prennent, ils nous brûlent le plus doucement qu’ils peuvent. On fait peu d’attention à cela : tant pis pour qui se laisse prendre. […] Prendre des précautions, se garder, à quoi bon ?

124. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Eugénie de Guérin , 1805-1848. » pp. 578-584

Elle eut l’âme triste ainsi que son frère, mais cette mélancolie n’avait rien d’énervant ; le courage fut ici du côté de la faiblesse, et ces soupirs d’un cœur mystique se concilient avec un bon sens prudent qui sut prendre pied sur terre, tout en ayant les yeux fixés vers la patrie de l’idéal. […] Il me regardait écrire, et a pris le pulvérier pour du poivre dont j’apprêtais le papier. […] Nous avons dit merci sans rien prendre, parce que nous étions après dîner. […] Voilà bien la peine de prendre de l’encre pour écrire de ces inutilités2 ! […] Je ne voudrais pas que mon âme prît tant de part à l’état de l’air et des saisons, comme une fleur qui s’épanouit ou se ferme au froid ou au soleil.

125. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Ainsi, quand on dit la chaleur du feu, les rayons du soleil, ces mots sont pris dans le sens propre ; mais lorsque l’on dit la chaleur du combat, un rayon d’espérance, ils sont pris dans le sens figuré. […] Quand elle s’étend à un morceau entier, elle prend le nom de composition allégorique. […] Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire, Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire. […] Elle emploie des mots qui, pris à la lettre, vont bien au delà de la réalité, mais qui sont réduits à leur juste valeur par ceux qui les entendent. […] Dans quels cas l’exclamation prend-elle le nom d’optation ?

126. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre premier. Première espèce de mots.  » p. 6

Les noms terminés au singulier par au, eu, ou, prennent x au pluriel : le bateau, les bateaux ; le feu, les feux ; le caillou, les cailloux 1. […] Les noms en ou prennent une s au pluriel, suivant la règle générale : un clou, des clous ; un trou, des trous. Il n’y a d’exceptés que bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou et pou qui prennent un x.

127. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

Ce mot a été pris, plus tard, dans un sens un peu détourné. […] Les mœurs se prennent en deux sens différents : dans la poésie et dans l’éloquence. […] Cicéron allait parler ; Catilina entre et vient prendre sa place. […] Mais cet exposé prend différents noms, selon le genre de cause dont il s’agit. […] Il expose ensuite ses moyens ou preuves, les développe, et finit par prendre des conclusions dans lesquelles il spécifie l’objet de sa demande.

128. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Marc Girardin. Né en 1801. » pp. 534-541

En effet, la bizarrerie est, pour ainsi dire, un mauvais geste de l’âme, qui, comme les mauvais gestes dont le corps prend involontairement l’habitude, déplaît vite, parce qu’il est toujours le même. […] Pardonnez-moi si je le prends dans mes paroles. […] Qu’il me soit permis de prendre encore un exemple parmi les choses les plus familières1. […] Aujourd’hui même que le roman et le théâtre visent, à qui mieux mieux, à l’horrible ; aujourd’hui que le vice a pris des allures fières et hautaines qui déconcertent la vertu, cette manie de mettre le grand dans l’horrible, et le beau dans le mal, n’est pas autre chose qu’une tentative faite par l’homme pour atteindre à cet idéal qu’il cherche toujours, et qu’il place, selon les opinions du temps, tantôt dans le bien, tantôt dans le mal, mais qu’il ne trouve jamais. […] Mais saints ou démons, elle prend toujours ses modèles hors de la terre ; car, quand elle ne peut plus s’élever au-dessus de l’homme, elle aime encore mieux s’abaisser au-dessous que de rester dans les limites de l’humanité, l’homme ne pouvant pas se décider à être homme, c’est-à-dire imparfait et médiocre1.

129. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VII. Satire. »

La satire touche de près à la comédie ; chez les Grecs, elle prit même naissance sur le théâtre : les comédies d’Aristophane sont essentiellement satiriques. […] Ennius la tira de la place publique, et en composa ces poèmes pleins de variété et de malice qui prirent le nom de satires, mot qui voulait dire mélange. […] La satire, ordinairement peu étendue, prend quelquefois de larges dimensions ; on l’appelle alors poème satirique ; tels sont : les Tragiques de d’Aubigné, la Dunciade de Pope, les Délateurs de Dupaty.

130. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Molière. (1622-1673.) » pp. 29-34

Outre cela, je vous constitue, pendant le souper, au gouvernement des bouteilles, et s’il s’en écarte quelqu’une, et qu’il se casse quelque chose, je m’en prendrai à vous et le rabattrai sur vos gages. […] Par ma foi, monsieur l’intendant, vous nous obligerez de nous faire voir ce secret et de prendre mon office de cuisinier : aussi bien vous mêlez-vous céans3 d’être le factotum. […] Nous serons huit ou dix ; mais il ne faut prendre que huit. […] Mais je ne sais quel temps je pourrai prendre ; car, outre le maître d’armes qui me montre, j’ai arrêté encore un maître de philosophie qui doit commencer ce matin.

131. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Grâce encore à cette précaution, les jeunes gens, préparés à toutes les surprises, ne se trouveront pas désorientés, dans ces luttes solennelles où l’on prend à tâche de tirer les sujets de composition des sources les moins connues.

132. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Sévigné 1626-1696 » pp. 52-64

Tendre, enjouée, rêveuse, malicieuse, compatisssante, pathétique et parfois sublime, sans y penser, elle est aussi prompte au sourire qu’aux larmes, elle raille sans amertume, elle badine sans licence comme sans pruderie, elle prend le ton des sujets les plus divers avec une souplesse qui ravit, et un abandon qui défie l’art le plus accompli. […] J’écrivis à M. de Grignan, vous pouvez penser sur quel ton ; j’allai ensuite chez Madame de La Fayette, qui redoubla mes douleurs par la part qu’elle y prit. […] Un courtisan pris au piége 1er décembre 1664. […] Le Roi se mêle depuis peu de faire des vers3 ; MM. de Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comme il faut s’y prendre. […] et la triste demeure qu’un bois où les feuilles ne disent mot, et où les hibous prennent la parole.

133. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

Bien hardi qui essayerait de les lui prendre ! […] Ils ne chicanent pas le courage, le dévouement, le mépris de la mort, le sacrifice de soi-même ; ils prennent l’homme tel qu’il est, et ne lui demandent pas de se dépouiller de ce moi qui est le fond de son être. […] Prend-on son livre pour devenir plus fort, plus courageux, plus homme de bien ? […] Dans sa correspondance avec Atticus, on le voit sans doute quelquefois abattu, découragé, ne sachant quel parti prendre entre César entouré de tous les mauvais sujets de Rome, et Pompée affectant des airs de Sylla. […] Si vous prenez cette correspondance par son côté domestique et familier, madame de Sévigné n’est pas plus naturelle et plus aimable ; elle ne fait pas partager avec plus de simplicité à ceux qui la lisent les émotions de son cœur, les bons ou mauvais événements de sa vie, ses petits triomphes et ses grandes douleurs.

134. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Il faut convenir que l’intérêt qu’on prend à Oreste qui aime Hermione, se rapportant à lui seul, affoiblit beaucoup l’intérêt qu’on prend à Andromaque. […] Le premier est celui qui prend sa source dans l’action même, et qui se trouve dans la situation des personnages. […] Prenez-vous son parti contre moi ? […] Oui, tu le prends par-là ? […] Pour y parvenir, elle nous met sous les yeux des exemples pris dans les plus hautes conditions, dans les rangs les plus élevés.

135. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

S’il s’agit de quelque question importante, d’une circonstance qui intéresse vivement le bien public ou le salut de la patrie, elle pourra s’élever, s’animer, devenir vive, impétueuse, passionnée ; l’argumentation prendra plus de nerf, plus de puissance, et, soutenue par l’émotion de l’orateur, elle entraînera la conviction de l’auditoire. Devant un peuple assemblé, l’éloquence prend un autre ton, un autre caractère ; elle s’adresse moins à la logique qu’à la passion ; elle emprunte plus de puissance à la voix, au geste, au regard, aux images, qu’à l’enchaînement des mots et des idées ; elle sait que son triomphe tient à l’ébranlement momentané des cœurs. […] Il est rare que dans l’assemblée un orateur puisse prévoir le tour que prendra la discussion, les adversaires qu’il aura à combattre, les arguments, les opinions qu’il faudra réfuter ; un discours préparé d’avance ne trouve pas toujours la place ni l’à-propos qui lui convient. […] Au lieu de se renfermer dans les bornes étroites et monotones de l’éloge, les concurrents académiques prennent un vol plus élevé ; ils ne s’évertuent plus, comme Thomas dans ses Éloges, à balancer harmonieusement des périodes, à courir après les effets du style ; plusieurs ont produit d’excellents morceaux de critique, des dissertations aussi solidement pensées que bien écrites32. […] Il y a de l’éloquence partout où le style s’anime et prend l’empreinte de l’émotion de l’écrivain.

136. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fontenelle. (1657-1757). » pp. 110-119

M. d’Argenson1 voulait entrer dans le service ; mais des convenances d’affaires domestiques lui firent prendre la charge de lieutenant général au présidial2 d’Angoulême, qui lui venait de son aïeul maternel. […] Il ne semble pas qu’un homme seul y puisse suffire, ni par la quantité des choses dont il faut être instruit, ni par celles des vues qu’il faut suivre, ni par l’application qu’il faut apporter, ni par la variété des conduites qu’il faut tenir et des caractères qu’il faut prendre : mais la voix publique répondra si M. d’Argenson a suffi à tout. […] La cherté étant excessive dans les années 1709 et 17101, le peuple, injuste parce qu’il souffrait, s’en prenait en partie à M. d’Argenson, qui cependant tâchait par toutes sortes de voies de remédier à cette calamité. […] Où en eussiez-vous été si on les eût pris au pied de la lettre ? […] Quand je me fusse tué à imaginer des fables allégoriques, il eût bien pu arriver que la plupart des gens auraient pris la fable comme une chose qui n’eût point trop été hors d’apparence, et auraient laissé là l’allégorie1.

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