» Penser d’après soi-même : caractère plein de force et de grandeur ; qualité la plus rare peut-être et la plus précieuse de toutes les qualités de l’esprit. […] Je l’avouerai donc : les grâces accompagnent quelquefois la philosophie, et répandent sur ses traces les fleurs à pleines mains ; mais qu’il me soit permis de répéter une parole de la sagesse au philosophe sublime qui possède l’un et l’autre talent : craignez d’être trop sage ; craignez que l’esprit philosophique n’éteigne, ou du moins n’amortisse en vous le feu sacré du génie.
Disons que c’est une éloquence d’affaires et de service ; née au commandement5 et à la souveraineté ; tout efficace et toute pleine de force. […] Un homme qui a vu et qui a écouté longtemps avec de l’attention et du dessein3, qui a fait diverses réflexions sur les vérités universelles, qui a considéré sérieusement les principes et les conclusions de chaque science, qui a fortifié son naturel de mille règles et de mille exemples, qui s’est nourri du suc et de la substance des bons livres ; un homme, dis-je, si plein, a bien de quoi débiter ; ayant tant de fonds et tant de matière de parler, il a de grands avantages quand il parle ; et personne ne peut trouver étrange que d’une infinité de hautes et de rares connaissances sortent et fleurissent les diverses grâces de ses paroles comme de leur tige et de leur racine.
Il tombe enfin, laissant le monde rempli de ses œuvres, l’esprit humain plein de son image, et le plus actif des mortels va mourir, mourir d’inaction, dans une île du grand Océan ! […] Tous paraissaient purs, heureux, pleins d’avenir !
. — Jour réjouissant, plein de soleil, brise tiède, parfums dans l’air ; dans l’âme, félicité. […] Féli1 pour le même labeur ; les heures d’étude et d’épanchement poétique, qui nous mènent jusqu’au souper ; ce repas qui nous appelle avec la même douce voix et se passe dans les mêmes joies que le dîner, mais moins éclatantes, parce que le soir voile tout, tempère tout ; la soirée qui s’ouvre par l’éclat d’un feu joyeux, et, de lecture en lecture, de causeries en causeries, va expirer dans le sommeil ; à tous les charmes d’une telle journée ajoutez je ne sais quel rayonnement angélique, quel prestige de paix, de fraîcheur et d’innocence, que répandent la tête blonde, les yeux bleus, la voix argentine, les ris, les petites moues pleines d’intelligence d’un enfant qui, j’en suis sûr, fait envie à plus d’un ange, qui vous enchante, vous séduit, vous fait raffoler avec un léger mouvement de ses lèvres, tant il y a de puissance dans la faiblesse !
Tourmenté d’une basse jalousie, et plein d’un amour-propre excessif, il eut la sotte vanité de vouloir se faire appeler le fléau d’Homère, contre lequel il fit des vers dont il ne resta bientôt plus aucune trace de souvenir parmi ses contemporains mêmes.
En cet état-là, pour parler encore le langage de la primitive Église, ils étaient pleins, ils étaient possédés de Jésus-Christ. […] Son style est plein de feu. […] combien d’hommes corrompus et pleins d’iniquité, qui se produisent avec tout le faste et toute l’ostentation de la probité ? […] Nos ennemis sont pleins de prudence et d’habileté, et nos généraux sont malhabiles, et notre soldat découragé. […] Vos victoires et vos conquêtes ne le réjouissent plus : il est plein d’aigreur et de désespoir.
Mais les temps sont changés, sa mort fut un sommeil : On le vit, plein de gloire à son brillant réveil, Laissant dans le tombeau sa dépouille grossière, Par un sublime effort voler vers la lumière. […] N’est-ce pas cet esprit, plein de son origine, Qui, malgré son fardeau, s’élève, prend l’essor1, A son premier séjour quelquefois vole encor, Et revient tout chargé de richesses immenses ?
Il n’y a point de voix dominantes, mais des sons monotones, parmi lesquels se font entendre des bruits sourds et profonds, qui nous jettent dans une tristesse pleine de douleur. […] La lune, vers son plein, était déjà fort élevée sur l’horizon et brillait de l’éclat le plus pur dans un ciel sans nuages.
Pleins d’estime, pénétrés d’une vénération affectueuse pour ce grand homme, tous prêtent, à son discours, une oreille attentive. […] Pour moi, je ne connais point de nécessité plus pressante pour des hommes libres, qu’une situation d’affaires pleine de honte et d’ignominie. […] C’est ici principalement que le style doit être plein, nerveux, véhément, et surtout précis : les pensées doivent s’y succéder avec la plus grande rapidité. […] Quant à nous, détournez au plutôt de dessus nos têtes les malheurs qui nous menacent, et accordez-nous une pleine sûreté ». […] Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services, du jour que vous vous serez donnés a un maître si bienfaisant.
Il n’en résulte pas moins que ce discours, plein de force et de vérité, est un des plus beaux monuments de l’éloquence historique, et fait peut-être mieux connaître ce hardi conspirateur, que vingt pages de l’histoire la plus scrupuleusement fidèle. […] Tite-Live est plein de morceaux où respire cette éloquence vraiment dramatique, qui identifie le lecteur avec le personnage, et lui fait éprouver tout ce qu’il a senti. […] Voilà ce dont notre grand Racine était plein, quand il faisait dire à son Achille avec tant de force et de vérité : Pour aller jusqu’au cœur que vous voulez percer, Voilà par quel chemin vos coups doivent passer.
Mais en cet instant, peut-être serait-il dangereux de tenter l’entreprise, puisque nous ne pouvons amener les troupes directement à travers le fleuve qui est profond et plein de tourbillons : les bords, comme vous le voyez, sont très élevés et escarpés. […] Partons donc, pleins de confiance, d’autant plus qu’on ne saurait nous accuser de convoiter les possessions d’autrui. […] Notre ville a toujours été grande et illustre, et ce dont on nous blâme n’est qu’une modération pleine de sagesse. […] Votez donc la guerre, Lacédémoniens, comme il est digne de Sparte ; ne laissez pas grandir la puissance d’Athènes, ne trahissons pas nos alliés, mais pleins de confiance dans la protection des Dieux, marchons contre un peuple qui commet des injustices. […] Marchez donc au combat, pleins de confiance ; préparez vos arcs et vos flèches ; attaquez vos cruels ennemis de front, de côté, par derrière, et qu’ils ne puissent reconnaître d’où vient le coup qui les frappe.
C’est ce qu’on appelle ironie socratique, parce que cette raillerie fine et pleine de sens était Parme habituelle de Socrate. […] Sa présence nous plonge dans une rêverie ravissante ; et lorsque nous sortons de cette rêverie, la beauté n’est plus ; elle a passé comme une ombre ; elle s’est évanouie comme le souvenir confus d’un songe plein d’enchantement. […] S’il y a une occasion au monde où l’Âme pleine d’elle-même soit en danger d’oublier son Dieu, c’est dans ces postes éclatants où un homme, par la sagesse de sa conduite, par la grandeur de son courage, par la force de son bras, et par le nombre de ses soldats, devient comme le dieu des autres hommes, et, rempli de gloire en lui-même, remplit tout le reste du monde d’amour, d’admiration ou de frayeur. […] Il emploie la même figure dans une suite de questions pleines de noblesse et de majesté. […] Il a les traits réguliers, le teint beau et vermeil, le nez aquilin, les yeux grands, pleins de feu ; les cheveux blonds et bouclés, la tête haute, mais un peu penchée vers l’épaule gauche, la taille moyenne, fine et dégagée, le corps bien proportionné et fortifié par un exercice continuel.
Ce n’est pas tout : il a la physionomie, la taille, un grand air, une voix pleine et sonore. […] Il est naturel qu’un jeune homme, épuisé par les fatigues que demande l’arrangement d’un si grand jour, tombe dans un sommeil plein : il l’est aussi qu’un génie fait pour la guerre, agissant sans inquiétude, laisse au corps assez de calme pour dormir. » Bossuet. — « A la veille d’un si grand jour, et dès la première bataille, il est tranquille, tant il se trouve dans son naturel, et l’on sait que le lendemain il fallut réveiller d’un profond sommeil cet autre Alexandre. » Voltaire. — « Le prince gagna la bataille par lui-même, par un coup d’œil qui voyait à la fois le danger et la ressource, par son activité exempte de trouble, qui le portait à propos à tous les endroits. » Bossuet. — « Le voyez-vous comme il vole ou à la victoire ou à la mort ? […] L’orateur, plein de son sujet, se passionne pour la cause qu’il défend. […] Heureux qui l’a reçue de la nature pleine et sonore et qui n’a pas besoin, comme Démosthène, de s’en créer une artificielle ! […] Ce sont de belles cloches dont le son est clair, plein, doux et agréable, mais, après tout, ce sont des cloches qui ne signifient rien, qui n’ont point de variété, ni par conséquent d’harmonie et d’éloquence23. » Que de cloches au barreau, à la tribune et dans la chaire !
Une lettre écrite avec abandon est pleine de ces surprises de l’âme et de ces mouvements naturels qui ont été dérobés au public ; c’est souvent le portrait le plus ressemblant de l’auteur.
Elle nous fait souvenir que, nés faibles comme eux, nous avons comme eux nos torts et nos besoins ; elle nous donne une idée juste de notre condition et de nos devoirs ; elle est l’état naturel de l’âme que des principes sages élèvent et perfectionnent ; elle est le penchant irrésistible de celui dont le cœur plein de bonté, loin de vouloir jamais affliger, sent toujours le besoin de soulager les maux qu’il aperçoit. […] Pleine de modération dans l’exercice de son autorité, les conseils qu’elle donne semblent être ceux d’un ami, et la modestie pleine de délicatesse qui s’unit à sa bienfaisance, double le prix des faveurs ou des dons qu’elle accorde. […] Il y a, dans le Psalmiste, un passage qui mérite aussi d’être cité : « Dieu apaise le courroux des mers et le tumulte du peuple. » Avoir rapproché deux objets aussi pleins de grandeur que le courroux des flots et le tumulte du peuple, qui offrent assez de rapports pour que l’imagination les associe naturellement ; les avoir tous deux représentés comme soumis au même moment à la volonté de l’Être suprême, c’est produire l’effet le plus noble et le plus beau. […] Cæsarem vehis ; nous sommes frappés de la courageuse audace du héros plein de confiance en sa cause et en sa fortune. […] Nous en avons un exemple frappant dans les langues américaines, qui, selon les rapports les plus authentiques, sont pleines d’images.
Telle est la différence des langues, que, malgré les efforts et le talent rare du traducteur, cette répétition pleine de charme et de sensibilité dans le latin, n’est plus en français qu’une recherche froidement élégante, un tour précieux et maniéré28. […] Didon présente à Bitias une coupe d’or pleine de vin. […] Nos bons auteurs sont pleins de ces grands traits, de ces grands mouvements qui frappent le lecteur d’étonnement et d’admiration : « À ces cris, Jérusalem redoubla ses pleurs, les voûtes du temple s’ébranlèrent, le Jourdain se troubla, et tous ses rivages retentissent du son de ces lugubres paroles : Comment est mort cet homme puissant, qui sauvait le peuple d’Israël » ? […] Cicéron est plein d’exemples où l’antithèse joue le même rôle et produit le même effet : « Est enim hæc non scripta, sed nata lex ; quam non didicimus, accepimus, legimus ; verùm ex naturâ ipsâ arripuimus, hausimus, expressimus : ad quam non docti, sed facti ; non instituti, sed imbuti surnus ».
Les deux princes et les deux princesses assises à leurs côtés prenant soin d’eux étaient les plus exposés à la pleine vue. […] Tous partent d’un cœur plein de vertu.
La naïveté du style consiste dans le choix de certaines expressions simples, pleines de molle douceur, et qui paraissent nées d’elles-mêmes plutôt que choisies, dans ces constructions faites comme par hasard ; dans certains tours rajeunis et qui conservent cependant encore un air de vieille mode. […] Si l’idylle exprime une passion, il faut que cette passion s’exhale en plaintes, en reproches modérés, si elle est triste, ou en expression joyeuses, mais toujours pleines de douceur, si elle est inspirée par la joie, la tendresse ou l’espérance.
Dit cet animal plein de rage ; Tu seras châtié de ta témérité. […] L'élégance convient plus particulièrement au style tempéré ; elle consiste a n'employer que des expressions coulantes et pleines d'harmonie et de grâce. […] 1° L'ellipse supprime un ou plusieurs mots nécessaires à la construction pleine, mais inutiles pour exprimer clairement le sens qu'on veut faire entendre. […] Il faut rendre la construction pleine, lorsque la construction elliptique altère le sens de la phrase. […] La construction grammaticale demandait lui, parce qu'il est question du peuple ; mais, plein de son idée, le poëte n'a vu que les pauvres et les orphelins.
Boileau a tracé cette règle importante dans le premier chant de son Art poétique : Un auteur quelquefois trop plein de son objet, ………………………………………… d’un détail inutile. […] Et ils lui présentaient une coupe pleine de vin pour la libation. […] Enfin, les mots trop communs et les expressions basses ne devront jamais paraître dans une narration, à moins qu’on ne parvienne à les rendre supportables au moyen d’une épithète ou de quelque autre mot, comme l’a fait Racine pour le mot chiens, lorsqu’il a dit : Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux Que des chiens dévorants se disputaient entre eux. […] Avec des amis sûrs et éprouvés, un laconisme plein de franchise et une confiance entière sont préférables. […] Il faut se montrer plein de compassion et pleurer avec ceux qui pleurent.
avec autant de bonheur que de justesse ; qui donnent à des vers charmants, à des tableaux pleins de mouvement et de variété, l’exactitude d’une prose rigoureusement didactique, et personne ne leur contestera sans doute le titre de poètes : on ne leur interdira pas plus un rang au Parnasse qu’un genre dans les poétiques élémentaires. […] Ajoutez à cela le mérite d’un style plein de force et de véhémence dans les harangues des premiers chants ; de grâce, de mollesse et d’abandon, dans les amours d’Adam et d’Ève ; de vigueur et d’énergie, dans la description des combats, et vous aurez une idée juste d’une traduction évidemment supérieure à l’original. […] Soumis, agenouillés, ils priaient ; leur prière Franchissant d’un plein vol les champs de la lumière, Malgré les vents jaloux, sur des ailes de feu, Part, vole, monte, arrive aux portes du saint lieu ; Là, du temple divin le pontife suprême, Heureux médiateur, fils de Dieu, Dieu lui-même, Sur l’autel d’or où fume un encens éternel, La bénit et la porte aux pieds de l’Éternel.
Abondant, nombreux, plein d’énergie et de dignité, il étonne, il ravit, il transporte par la magnificence et la pompe des expressions, la vivacité des tours, la hardiesse des figures, la beauté frappante des comparaisons, la force et la rapidité des mouvements. […] j’en frémis encor de dépit et d’horreur ; J’ai vu mon verre plein, et je n’ai pu le boire. […] Il est plein de grandes idées et d’images sublimes : c’est un morceau de poésie fini.
Et comme tes exploits étonnant les lecteurs, Seront à peine crus sur la foi des auteurs ; Si quelque esprit malin les veut traiter de fables, On dira quelque jour pour les rendre croyables : Boileau, qui dans ses vers pleins de sincérité, Jadis à tout son siècle a dit la vérité, Qui mit à tout blâmer son étude et sa gloire, A pourtant de ce roi parlé comme l’histoire. […] La dernière pensée est pleine de délicatesse. […] « S’il y a une occasion au monde, où l’âme pleine d’elle-même, soit en danger d’oublier son Dieu (premier membre), c’est dans ces postes éclatants, où un homme, par la sagesse de sa conduite, par la grandeur de son courage, par le nombre de ses soldats, devient comme le Dieu des autres hommes (second membre) et rempli de gloire, en lui-même, remplit tout le reste du monde d’admiration, d’amour ou de frayeur » (troisième membre). […] Le style est fin, quand il montre, sous des expressions simples, des idées choisies ; gracieux, quand il est plein de pensées délicates et de descriptions riantes ; élégant, lorsque les expressions sont bien choisies et bien arrangées ; varié, lorsqu’il se fait remarquer par la multiplicité des tours et des ornements.
Le rôle d’Andromaque, celui de Bérénice, sont pleins de ces sortes de délicatesses. […] Nodier, Courier, une foule de pamphlets et de journaux où l’on pourrait puiser à pleines mains ; et si l’on veut des romanciers, laissant de côté M.
Il y a, par exemple, dans les poèmes dramatiques de Shakespeare, des morceaux d’une vraie éloquence, que déparent d’autres morceaux pleins de défauts monstrueux. […] Le Sermon de ce dernier sur le petit nombre des élus, est plein de morceaux sublimes.