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90. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Plus heureux qu’eux, envié d’eux, fendant à grand’peine cette presse importune, y est admis, quand il lui plaît, un fils d’affranchi, grand poète, présenté par d’autres grands poètes, et qui s’y est établi, en leur compagnie, sur le pied de la plus parfaite amitié. […] Elles ont sous leurs formes sévères un charme qui nous plaît. […] À cet âge plus qu’à tout autre, ils aiment leurs amis et leurs camarades, parce qu’ils se plaisent à vivre en compagnie et que ne jugeant rien d’après la règle de l’utile, ce n’est pas d’après cette règle qu’ils jugent leurs amis. […] Votre fille me plut, je prétendis lui plaire ; Elle est de mes serments seule dépositaire : Content de son hymen, vaisseaux, armes, soldats, Ma foi lui promit tout, et rien à Ménélas. […] C’est alors, plaise aux Dieux qu’il soit de bon augure, C’est alors que le bruit me vint de ton retour.

91. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

Personne ne conteste que les sons l’attirent ou la repoussent par leur vertu propre, et indépendamment de toute idée accessoire ; qu’une gamme, un prélude, un accord, une vocalise peuvent lui plaire, sans offrir à l’esprit aucun caractère positif, aucune image déterminée. […] An entier est insupportable, et ne le cède qu’au vers de Lamotte : Et le mien incertain encore… Tout en reconnaissant quelque exagération dans la sentence de Boileau : Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée, il faut avouer du moins que l’oubli des lois de l’harmonie nuit aux meilleures choses76. […] Pour plaire aux habiles, la période doit se dérouler avec aisance, abondance et harmonie ; qu’elle ne se prolonge pas indéfiniment comme ces phrases allemandes dont on ne trouve la fin qu’en sautant au moins un feuillet ; que les suspensions et les repos y soient ménagés avec assez d’art pour permettre au lecteur de respirer librement et à propos81 ; qu’elle se termine, autant que possible, par des sons pleins et soutenus, qui, tout en évitant le ridicule de l’esse videatur 82, empêchent la voix de tomber trop brusquement ; que pour flatter l’oreille et faciliter la prononciation, les membres en soient savamment balancés et proportionnés.

92. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

Un esprit né sans fard, sans basse complaisance, Fuit ce ton radouci que prend la médisance ; Mais de blâmer des vers ou durs ou languissants, De choquer un auteur qui choque le bon sens, De railler2 d’un plaisant qui ne sait pas nous plaire, C’est ce que tout lecteur eut toujours droit de faire. […] L’Académie en corps a beau le censurer : Le public révolté s’obstine à l’admirer4 ………………………………………………………………………………………     La satire, dit-on, est un métier funeste, Qui plaît à quelques gens et choque tout le reste. […] En vain deux fois la paix a voulu l’endormir1 : Loin de moi son courage, entraîné par la gloire, Ne se plaît qu’à courir de victoire en victoire.

93. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Elle n’a d’autre but que de toucher les passions quand et comme il lui plaît. […] — Le poëte et l’orateur ont la liberté, interdite à l’historien, de donner aux événements l’aspect et la physionomie qui doivent plaire ou persuader. […] Mais la cause, s’il vous plaît, qui fait qu’elle a perdu la parole ? […] J’ai dit qu’à la netteté il fallait joindre quelque agrément, parce que souvent, pour instruire, il faut plaire. […] Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée.

94. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Calvin, 1509-1564 » pp. -

Mais il ne cherche pas à plaire. […] Seulement priez Nostre Seigneur qu’il nous face la grace de ne point fleschir, mais que nous preferions son obeyssance à nostre vie, quand mestier sera6, et que nous craignions plus de l’offenser que d’esmouveoir toute la rasge des meschans contre nous, et en la fin qu’il luy plaise d’apaiser tous les tumultes qui pourroient rompre le cœur des infirmes : car c’est ce qui me poise7 plus que tout le reste.

95. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lacordaire 1802-1861 » pp. 279-285

Le jeune patricien s’y plaît et s’y donne ; il s’y plaît comme Démosthène, il s’y donne comme Cicéron ; et toutes ces images du beau, en le préparant aux devoirs de la cité, lui font déjà une arme présente contre les erreurs trop précoces de ses sens.

96. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Rochefoucauld, 1613-1680 » pp. 32-37

Il en change selon le changement de nos âges, de nos fortunes et de nos expériences ; mais il lui est indifférent d’en avoir plusieurs ou de n’en avoir qu’une, parce qu’il se partage en plusieurs, et se ramasse en une quand il le faut et comme il lui plaît. […] Pour plaire aux autres, il faut parler de ce qu’ils aiment et de ce qui les touche, éviter les disputes sur des choses indifférentes, leur faire rarement des questions, et ne leur laisser jamais croire qu’on prétend avoir plus de raison qu’eux.

97. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Pour cela, il n’a rien de mieux à faire qu’à se bien pénétrer de son sujet, qu’à en sentir toute la gravité et l’importance, enfin qu’à chercher tien plus à persuader qu’à plaire ; car il plaira d’autant plus, qu’il fera moins d’efforts pour y réussir. […] L’histoire n’est donc point une simple narration, faite pour plaire au lecteur en flattant son imagination. […] Il paraît que tous s’étaient formé de l’histoire l’idée la plus juste, car tous ont le mérite de plaire et d’intéresser en instruisant. […] L’auteur d’un dialogue bien fait a donc le talent de plaire et d’instruire à la fois. […] Le génie des Orientaux, particulièrement, se plut aux fictions dès les premiers âges du monde.

98. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Madame, « Recevez, s’il vous plaît, ici mes très humbles remerciements du mot que vous me fîtes l’honneur de me dire hier. […] Vous achèverez, Madame, quand il vous plaira, de me mettre au rang de mes camarades. […] C’est ainsi que mon âme se plaît à parler à la vôtre, et j’entre à merveille, comme vous voyez, dans l’éducation que vous avez reçue.

99. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VI. De l’Harmonie du Style. »

« Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires ; à qui seul appartiennent la gloire, la majesté et l’indépendance, est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et de terribles leçons. […] Sa démarche ferme et hardie annonce sa noblesse et son rang ; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées ; les bras ne lui sont pas donnés pour servir d’appui à la masse de son corps ; sa main ne doit pas fouler la terre : elle est réservée à des usages plus nobles, pour exécuter les ordres de la volonté, saisir les objets éloignés, écarter les obstacles et tout ce qui pourrait nuire, retenir ce qui peut plaire, et le mettre à la portée des autres sens ».

100. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fléchier. (1632-1710.) » pp. 69-75

Vous immolez à votre souveraine grandeur de grandes victimes, et vous frappez quand il vous plaît ces têtes illustres que vous avez tant de fois couronnées. […] L’armée en deuil est occupée à lui rendre les devoirs funèbres ; et la renommée, qui se plaît à répandre dans l’univers les accidents extraordinaires, va remplir toute l’Europe du récit glorieux de la vie de ce prince et du triste regret de sa mort.

101. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée. […] Ainsi, Fénelon et Massillon plaisent toujours par l’harmonie de leur langage. […] Il convient surtout aux sujets où l’on cherche à plaire. […] Examinez ces tableaux, pleins d’harmonie, chefs-d’œuvre de composition d’un grand peintre : tout se tient et concourt à l’effet général ; les différentes parties se rapprochent sans confusion ; elles sont liées par les effets du clair-obscur et par la dégradation des teintes ; l’ensemble satisfait l’œil et plaît à l’imagination : telle doit être aussi la composition littéraire. […] Dans Andromaque, Racine nous en donne un admirable exemple, lorsque Oreste, après avoir tué Pyrrhus pour plaire à Hermione, apprend que celle-ci vient de se poignarder pour ne pas survivre au roi d’Épire : Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance !

102. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Une puissance divine indique d’abord la différence, viennent ensuite les rapports, c’est-à-dire l’objet de l’espérance, ses moyens de plaire, et ses effets. […] Dans la forme, il examinera les détails et fera ressortir les traits qui lui plairont le plus. […] Mais s’il vous plaît, Madame, Depuis quand plaidez-vous ? […] En vain, dans nos nos champs cultivés, l’imagination cherche à s’étendre ; elle rencontre de toutes parts les habitations des hommes, mais dans ce pays désert, lame se plaît à s’enfoncer dans un océan de forêts, à errer aux bords de lacs immenses, à planer sur le gouffre des cataractes, et, pour ainsi dire, à se trouver seule devant Dieu. […] Il oppose nos champs cultivés aux déserts du nouveau monde, là l’imagination languit ; ici elle est libre et fière, et l’âme s’y plaît seule devant Dieu.

103. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

La poésie lyrique, comme toute poésie, doit avoir pour but non-seulement de plaire, mais encore d’instruire. […] Il faut que le cœur seul parle dans l’élégie Le but de l’élégie, telle que nous l’entendons aujourd’hui, est moins de plaire que de toucher, d’attendrir l’âme ; elle veut exciter la pitié, et non pas l’admiration. […] La douleur, dit Lowth, est ingénieuse à se tourmenter ; elle se plaît à revenir souvent sur la peinture de ses maux, à les exagérer, à décrire toutes les circonstances qui ont accompagné la perte qu’elle déplore, et à s’attacher fortement aux idées qui la lui rappellent. […] Dans un pays où l’on rendait un culte sérieux au dieu du vin, il est assez naturel qu’on lui ait adressé des hymnes, et que dans ces hymnes les poètes aient imité le délire de l’ivresse : c’était plaire à ce dieu que de lui ressembler. […] Le refrain, qui doit être facile à retenir et à chanter, plaît beaucoup dans la chanson, et lui donne plus de grâce et de mérite. 11 doit contenir le résumé frappant du sentiment de la pièce, l’idée principale de la chanson ; et cette idée doit être saillante, toujours liée naturellement avec celles qui la précèdent dans chaque strophe, et toujours amenée avec art.

104. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Bossuet : Il fallait cacher la pénitence avec le même soin qu’on eût fait (caché) les crimes (Or. fun. de la Reine d’Angleterre) ; 6° L’emploi logique de fût que (où nous mettons soit que) quand le verbe principal est au passé ; 7° L’emploi, imité du latin, de l’imparfait du subjonctif dans le sens du conditionnel passé ou de : Plût à Dieu que (voy. […] Et vouluntiers me delecte a lire les Moraulx de Plutarque, les beaulx dialogues de Platon, les monuments de Pausanias, et Anticquitez de Atheneus13, attendant l’heure qu’il plaira a Dieu mon createur m’appeler et commander yssir de ceste terre. […]   Voylà doncques quant à cette sorte de subiects, les aucteurs qui me plaisent le plus. […] Et pour ce que les escriptures plaisent à aucuns et desplaisent à d’aultres, et que les liseurs trouveront peult-estre estrange et pourroient dire que c’est mal faict à moy d’es-cripre mes faictz, lesquelz je debvois laisser escripre à ung aultre, en cella je respondz que, pourveu que l’on escripve à la veritté et que l’on atribue la louange à Dieu, ce n’est pas mal faict. […] Car j’estime que, nonobstant tout ce que dessus, Vostre Majesté peut seurement et hardiment envoyer qùand il luy plaira.

105. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Aimable abandon, caprice de l’esprit, sensibilité touchante, grâce piquante et vive, négligence heureuse, gaîté communicative, elle a tous les secrets de plaire et de charmer. […] Soyez bien persuadé, s’il vous plaît, que vous n’obligerez pas une ingrate, et que vos bienfaits me pénètrent à un point qui vous acquiert mon moi tout entier. […] Si je ne vous en ai pas adressé plus tôt, c’est que nous autres, vieux cousins, nous n’écrivons guères à nos jeunes cousines sans savoir auparavant comment nos lettres seront reçues, n’étant pas, comme vous autres, toujours assurés de plaire. […] On mande de vous des choses qui me plaisent. […] Il faut que la philosophie, quand elle veut nous plaire dans un ouvrage de goût, emprunte la voix de l’harmonie, la vivacité et le coloris de l’imagination. » (Guénard, Discours couronné par l’Académie française, en 1755.)

106. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bossuet. (1627-1704.) » pp. 54-68

Une puissance surnaturelle, qui se plaît à relever ce que les superbes méprisent, s’est répandue et mêlée dans l’auguste simplicité de ses paroles. […] Au milieu des discours qui plaisent, ne jugeons rien de digne de nous que les enseignements qui édifient ; et accoutumons-nous tellement à aimer Jésus-Christ tout seul dans la pureté naturelle de ses vérités toutes saintes, que nous voyions encore régner dans l’Eglise cette première simplicité, qui a fait dire au divin apôtre : Quum infirmor, tunc potens sum  : « Je suis puissant parce que je suis faible » ; mes discours sont forts, parce qu’ils sont simples ; c’est leur simplicité innocente qui a confondu la sagesse humaine2. […] Il a dans sa simplicité une sorte de rudesse qui semble braver le lecteur et rejeter dédaigneusement tout ce qui plaît ou qui séduit. » — « Bossuet, le plus éloquent des hommes, a dit aussi M.

107. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Ponsard 1814-1868 » pp. 583-600

Je vais chez qui me plaît, et non chez qui m’invite2. […] Je ne puis pas admettre Qu’un importun m’oblige à répondre à sa lettre4, Et, parce qu’il lui plaît de noircir du papier, Me condamne moi-même à ce fâcheux métier. […] Mais aller chez des gens que l’on connaît à peine, Pour échanger sans but quelque parole vaine2 ; Avoir des rendez-vous ; savoir l’heure qu’il est ; S’arracher avec peine aux lieux où l’on se plaît ; Quitter le coin du feu, la page commencée, Et le fauteuil moelleux où s’endort la pensée ; Se parer, s’épuiser en efforts maladroits Pour enfoncer sa main dans des gants trop étroits, Et pouvoir se montrer, d’une façon civile, En deux salons placés aux deux bouts de la ville3 ; Bref, d’invitations incessamment pourvu, Ne pas se réserver un jour pour l’imprévu, Et gaspiller le temps d’une œuvre sérieuse Dans cette oisiveté rude et laborieuse4 ; Est-ce vivre ?

108. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

L’objet qu’il se propose, est de persuader ; et pour en venir à bout, il doit, comme je l’ai déjà dit ailleurs, instruire, plaire et toucher, quoiqu’il arrive quelquefois qu’un seul de ces moyens suffit. […] Or, pour instruire, il faut qu’il fasse usage des preuves : pour plaire, il faut qu’il peigne les mœurs : pour toucher, il faut qu’il excite les passions. […] Il faut choisir un ou plusieurs bons modèles, y distinguer ce qui est véritablement beau, ce qui plaît également dans tous les temps et dans tous les lieux, et n’y prendre que ce qui peut convenir au genre qu’on traite, et aux mœurs du siècle pour lequel on écrit. […] C’est là le plus sûr et le plus agréable moyen de plaire, parce qu’il n’est personne qui ne voie, avec un plaisir très vif, une représentation fidèle du caractère et du génie des hommes, ou des usages et du commerce de la vie. […] L’orateur peut dans la confirmation s’attacher à plaire et à toucher.

109. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE IV. De la composition des vers. » pp. 295-331

« Qu'autour d’elles fleurissent la verte lavande, le thym, le serpolet à la suave odeur, et que la violette y boive une onde pure. » Ces vers plaisent surtout à cause des épithètes qu’ils renferment, et qui sont puisées dans la nature des choses dont il s’agit. […] Ce n’est pas assez de changer et d’ajouter des mots, il faut aussi étendre la matière en y ajoutant des idées nouvelles qui intéressent le lecteur, qui lui plaisent et excitent son admiration. […] En saisissant les plumes et en amollissant la cire, amusement qui lui plaisait beaucoup, il avait le sourire sur les lèvres, chose si naturelle à un enfant au milieu de ses jeux. […] La poésie aime à se parer de comparaisons riches, nobles, touchantes, afin de plaire à l’imagination et au sentiment, et d’ajouter au sujet de nouvelles beautés.

110. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Au mien l’on aime encore, près de vous je le sens : Mais peut-on jamais plaire avec des cheveux blancs ? […] Le fond et les détails principaux sont restés exactement les mêmes ; les noms seuls et le lieu de la scène sont changés : c’est Lavinie et Palémon, au lieu de Ruth et de Booz ; quant au lieu de la scène, il est partout où l’on voudra, et ce vague qui prive le sujet de l’intérêt attaché aux circonstances locales, ces noms, ces personnages d’idée, qui ne tiennent à rien, qui ne se lient à aucun peuple, à aucune époque historique, rejettent nécessairement cet épisode dans la classe des morceaux qui plaisent plus à l’esprit qu’ils ne peuvent toucher le cœur. […] Vous, mes filles, gardez les mœurs de votre mère ; C’est non par des atours qu’elle avait su me plaire.

111. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVII. les qualités essentielles du style. — propriété, précision, naturel  » pp. 230-239

L’écrivain naturel et vrai ne plaît pas seulement au lecteur, il s’en fait aimer ; et Pascal a finement expliqué cette sympathie qui nous entraîne vers lui. […] Les poëmes d’Ossian jetés en France à la fin du xviiie  siècle, et qui plaisaient tant à Napoléon, exercèrent une fâcheuse influence sur la littérature.

112. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

Mais il rachetait ces défauts par les qualités qui donnent le succès ; il était enjoué, plaisant, laborieux, d’une conversation légère et agréable, d’une repartie vive, quoiqu’il parlât sans feu et sans énergie ; enfin, à cette sagesse spécieuse qui plaît aux esprits modérés, il joignait les agréments variés qui usurpent si souvent la place des talents solides, et leur enlèvent la faveur du monde et les récompenses des princes1. […] Vauvenargues n’a pas ce courage intéressé qui aime la guerre pour l’avancement, pour ce qu’elle rapporte, et place l’héroïsme à intérêts ; ce qui lui plaît, c’est la mort qu’on brave, c’est l’emploi des qualités fortes, la fermeté, la patience, les nuits laborieuses, les longues marches, avec la faim et la soif pour compagnes, tout ce qui trempe l’âme, tout ce qui l’élève.

113. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Marc Girardin. Né en 1801. » pp. 534-541

Stoïcien, ce n’est point pour plaire à la divinité que vous êtes vertueux, c’est par respect pour vous-même ; vous ne craignez, vous n’espérez rien du ciel, et l’âme de Thraséas traite de pair avec les dieux. […] pourquoi ces fictions invraisemblables et fabuleuses ont-elles le don de nous plaire ?

114. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Demandez-lui ce qui lui plaît, et pourquoi cela lui plaît : il ne pourra pas aisément en rendre compte, ni en dire les véritables raisons ; mais le sentiment fait à peu près en lui ce que l’art et l’usage font dans les connaisseurs. […] Je me plais à prêcher. […] Je ne fais donc que lui obéir, et je la supplie très humblement de ne me point savoir mauvais gré de ma hardiesse. — A Dieu ne plaise, interrompit-il avec précipitation, à Dieu ne plaise que je vous la reproche ! […] Partout où je me plais, j’y reste. […] Tout ce qu’il vous plaira messieurs ; mais si j’étais un fat, s’ensuit-il que j’étais un ogre ?

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