si tu as une si grande envie d’éprouver les forces contre celles des Massagètes, ne te donne pas tant de peine pour construire un pont ; nous nous retirerons à trois journées du fleuve, afin que tu puisses passer sur nos terres ; ou, si tu aimes mieux nous recevoir sur les tiennes, fais ce que nous te proposons de faire nous-mêmes ». […] Passons à Quinte-Curce. […] Vous avez adopté mes conseils avant que les maux soient venus vous assiéger, et vous vous en repentez à présent que vous souffrez. — Abattus par des disgrâces aussi funestes qu’imprévues, vous n’avez plus la force de maintenir vos résolutions ; mais les citoyens d’une puissante république, des hommes élevés dans des sentiments dignes de leur patrie, devraient-ils succomber aussi facilement à l’infortune, et ternir, par tant de lâcheté, l’éclat de leur conduite passée ? […] Songez à vos exploits passés ; chargez vos ennemis avec ardeur, et croyez que la nécessité présente et votre position critique, sont ce que vous avez de plus redoutable à combattre ». […] « C’est ainsi que tu désires toujours plus que tu ne peux embrasser ; tu passes d’Europe en Asie, tu repasses d’Asie en Europe ; et si tu avais soumis tout le genre humain, tu ferais la guerre aux forêts, aux montagnes, aux fleuves et aux bêtes sauvages.
Je passe la nuit sans m’éveiller ; et le soir, quand je vais au lit, une espèce d’engourdissement m’empêche de faire des réflexions. […] J’ai cru trouver de l’esprit à des gens qui passaient pour n’en point avoir. Je n’ai pas été fâché de passer pour distrait ; cela m’a fait hasarder bien des négligences qui m’auraient embarrassé. […] Mais, lorsque les légions passèrent les Alpes et la mer, les gens de guerre, qu’on était obligé de laisser pendant plusieurs campagnes dans les pays qu’on soumettait, perdirent peu à peu l’esprit de citoyens ; et les généraux, qui disposèrent des armées et des royaumes, sentirent leur force et ne purent plus obéir. […] Ce fut un assez beau spectacle, dans le siècle passé, de voir les efforts impuissants des Anglais pour établir parmi eux la démocratie.
En effet, quel homme sensé pourrait passer une vie agréable au milieu des jaloux et des envieux ? […] Puis, tout en les épargnant, je les ferai passer sous le joug : cette humiliation, ils l’ont infligée à d’autres. […] Laissons de côté le passé ; envisageons uniquement ce qui m’est arrivé à moi. […] J’ai passé ma vie dans la retraite et dans l’étude. […] Le passé peut nous instruire à cet égard.
Il put dire avec fierté : « J’ai passé cinquante ans à mon bureau », et il songeait sans doute à lui-même, en définissant le génie, une longue patience. […] Loin de l’admirer, on le plaint d’avoir passé tant de temps à faire de nouvelles combinaisons de syllabes, pour ne dire que ce que tout le monde dit. […] Le passé est comme la distance ; notre vue y décroît, et s’y perdrait de même, si l’histoire et la chronologie n’eussent placé des fanaux, des flambeaux aux points les plus obscurs. […] J’aimerais mieux passer mon temps à cultiver mes vignes que de le perdre ici en courses inutiles, et à faire encore plus inutilement ma cour. […] Buffon se complaît trop à faire passer dans l’histoire naturelle des maximes morales ou philanthropiques.
C’est pourtant vrai, mais oubliez bien vite que je vous l’ai dit ; ne vous souvenez que d’une chose : Amour, tu perdis Troie, — et passons à l’apostrophe. […] Je lis dans la lettre de madame de Sévigné sur la mort de Vatel : « Vatel monte à sa chambre, met son épée contre la porte et se la passe au travers du cœur ; mais ce ne fut qu’au troisième coup (car il s’en donna deux qui n’étaient pas mortels) qu’il tomba mort. » Voilà une véritable parenthèse. […] Voyez dans l’Oraison funèbre de la duchesse d’Orléans : « Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l’herbe des champs ; le matin elle fleurissait, avec quelle grâce ! […] L’énallage se rencontre en français dans certaines locutions familières : Si tu parles, tu es mort ; et dans un ton plus élevé, quand pour donner à la phrase du mouvement et de la vivacité, on substitue : 1° Le présent au passé : « Turenne meurt, tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse… etc. ; » 2° Le présent au futur ; dans Boileau : … Dès que nous l’aurons prise, Il ne faut qu’un bon vent et Carthage est conquise ; 3° Le passé au présent ou au futur ; dans Racine : Bientôt ton juste arrêt te sera prononcé ; Tremble ! son jour approche, et ton règne est passé.
On aime, par amour-propre, à passer sa vie avec les gens auxquels on est accoutumé, avec lesquels on est libre, et parmi lesquels on est en possession de réussir. […] Il faudrait lui faire passer sa vie sur un lit de repos. […] Le dîner est venu ; l’après-dînée se passera comme le matin, et toute la vie comme cette journée. […] Il passerait d’abord de son tort au vôtre, et deviendrait raisonnable 7, pour le seul plaisir de vous convaincre que vous ne l’êtes pas. […] Rien ne serait plus sot et plus déplacé ; mais j’ai appris à connaître les hommes en vieillissant, et je crois que le meilleur est de se passer d’eux, sans faire l’entendu3.
Ce type, c’est le grotesque cette forme, c’est la comédie. » Et plus bas : « La comédie passe presque inaperçue dans le grand ensemble épique de l’antiquité. […] Il n’y a qu’à faire passer l’action dans le moins de temps qu’on pourra à moins que le poëte n’eût voulu traiter une histoire qui durât quelques années. […] Et à considérer qu’un Espagnol, assis fort à son aise, se met à tempester dès que la comédie dure plus de deux heures, quand il s’agirait même de représenter ce qui s’est passé depuis la Genèse jusqu’au jugement final, je trouve que si c’est un moyen de lui plaire, il est juste de s’y tenir. » (Lopez de Véga, Arte nuova de hacer comedias en este tiempo, publié à Madrid en 1621, et traduit un peu librement en français dans le recueil intitulé : Pièces fugitives d’histoire et de littérature, Paris, 1704, p. 256. […] La traduction de ce passage par de Norville (1671) montre combien alors les esprits étaient prévenus sur ce sujet et disposés à interpréter Aristote dans le sens de leurs théories : « La tragédie commence et termine son action en un jour ou en une nuit autant que faire se peut : et si le fort de l’action se passe dans l’un de ces temps elle anticipera bien peu sur l’autre. » Après avoir observé que les trois grands tragiques de la Grèce se conforment à l’unité de temps, d’Aubignac ajoute : « ….
Ses jours ont été pleins, selon les termes de l’Ecriture ; et, comme il ne perdit pas ses jeunes années dans la mollesse et dans la volupté, il n’a pas été contraint de passer les dernières dans l’oisiveté et dans la faiblesse4. Il passe le Rhin5 et trompe la vigilance d’un général habile et prévoyant6 ; il observe les mouvements des ennemis ; il relève le courage des alliés ; il ménage la foi suspecte et chancelante des voisins ; il ôte aux uns la volonté, aux autres les moyens de nuire ; et, profitant de toutes ces conjonctures importantes qui préparent les grands et glorieux événements, il ne laisse rien à la fortune de ce que le conseil et la prudence humaine lui peuvent ôter. […] Tous entreprennent son éloge ; et chacun, s’interrompant lui-même par ses soupirs et par ses larmes, admire le passé, regrette le présent et tremble pour l’avenir. […] Mascaron a bien décrit aussi, dans son oraison funèbre, cet hommage spontané de la douleur publique : « On vit, dit-il, dans les villes par où son corps a passé les mêmes sentiments que l’on avait vus autrefois dans l’empire romain, lorsque les cendres de Germanicus furent portées de la Syrie au tombeau des Césars… » (Tacite, Annales, III, 4.)
Mon cerf débûche 8, et passe une assez longue plaine ; Et mes chiens après lui, mais si bien en haleine, Qu’on les aurait couverts tous d’un seul justaucorps. […] c’est un cheval aussi bon qu’il est beau, Et que ces jours passés j’achetai de Gaveau. […] Je le relance seul ; et tout allait des mieux, Lorsque d’un jeune cerf s’accompagne le nôtre : Une part de mes chiens se sépare de l’autre, Et je les vois, marquis, comme tu peux penser, Chasser tous avec crainte, et Finaut2 balancer ; Quelques chiens revenaient à moi, quand, pour disgrâce, Le jeune cerf, marquis, à mon campagnard passe. […] A te dire le vrai, cher marquis, il m’assomme : Notre cerf relancé va passer à notre homme, Qui, croyant faire un coup de chasseur fort vanté, D’un pistolet d’arçon qu’il avait apporté Lui donne justement au milieu de la tête, Et de fort loin me crie : « Ah !
« Notre conduite passée est précisément ce qui doit nous donner, pour l’avenir, les plus grandes espérances ». […] Passons à l’application de l’exemple, et voyons le parti que l’orateur en va tirer. […] Dès qu’il fut parti, Cicéron monta à la tribune aux harangues pour rendre compte au peuple romain de tout ce qui s’était passé. […] Il n’y avait qu’une voix sur la légitimité d’un arrêt qui délivrait la république de scélérats, de factieux qui avaient passé leur vie à la troubler. […] Peut-être leur conduite passée vous paraît-elle une excuse de ce dernier forfait.
Je vais même, si tu veux, les passer en revue avec toi. […] Tu ne saurais, néanmoins, l’en passer un instant. […] Mais comment s’en passer, surtout pendant ces nuits d’hiver ? […] Je vais vous dire, d’après ces sénateurs, comment la chose se passa. […] Toute la nuit se passe à décharger ce vaisseau.
Je passe maintenant à la partie pathétique. […] Passons aux règles qu’il est le plus utile d’observer à cet égard. […] Je passe de la poésie didactique à la poésie descriptive, qui ouvre une si belle carrière au génie. […] Les scènes, au lieu d’être froidement décrites, se passent sous nos yeux. […] C’est l’imitation immédiate de la nature, c’est une répétition littérale de ce qui s’est passé, ou de ce que l’on suppose s’être passé dans la conversation des personnages que le poète met en scène.
Bossuet passe en revue avec une admirable précision le caractère et les principales actions des sept premiers rois de Rome. […] Le style, sous la plume d’un bon auteur, sait faire passer les expressions les plus familières, les plus basses même, à la faveur de la beauté des pensées. […] notre héritage est passé aux étrangers, et notre maison à ceux qui ne nous sont rien. […] nous ne sommes pas encore connues ; mais nous sommes en passe de l’être ; et nous avons une amie particulière qui nous a promis d’amener ici tous ces messieurs du Recueil des pièces choisies. […] Victor Hugo, celle surtout où il parle de la grandeur passée de l’Espagne : Ruy-Blas à la Monarchie espagnole.
Elle doit donc être étudiée sous deux points de vue : méthodiquement, comme disaient les anciens, ou dans le présent ; historiquement, ou dans le passé. […] Ensuite, l’étude du passé, non-seulement historique, dans l’ordinaire acception du mot, mais philosophique, c’est-à-dire partant de l’étymologie des vocables et les suivant dans toutes leurs phases et leurs transformations, ne se contentant pas de constater et d’enregistrer les faits accomplis, mais les expliquant, distinguant l’immuable du muable, et pouvant aider, s’il en est besoin, à conclure l’avenir même de la langue. […] Second moyen : la science, c’est-à-dire l’observation dans le passé, l’étude de ce qui nous a précédés, ajoutée à celle de ce qui nous entoure. […] « Il n’est pas temps de se préparer, dit-il, trois mois avant que de faire un discours public : ces préparations particulières, quelque pénibles qu’elles soient, sont nécessairement très-imparfaites, et un habile homme eu remarque bientôt le faible ; il faut avoir passé plusieurs années à se faire un fond abondant. […] Il passera de là à des compositions originales, tantôt en n’ayant que le titre du sujet à traiter, plus souvent en s’aidant d’une matière ou argument qui indique les idées principales et trace la marche à suivre.
— Sans doute, répondent plusieurs critiques ; les idées principales ne peuvent pas être toujours si étroitement liées, qu’il ne reste jamais entre elles de lacunes à combler, si complétement fondues ensemble, qu’elles n’aient souvent besoin de soudures, en quelque sorte ; n’y a-t-il pas alors un mérite réel à trouver et à disposer des idées secondaires et relatives, pour passer d’une idée principale à l’autre, comme font les ponts sur les rives d’un fleuve ? […] Quand l’auteur de ces sortes d’ouvrages a épuisé une pensée, il passe à l’autre avec simplicité et bonne foi ; et cela vaut bien mieux que ces transitions subtiles presque toujours uniquement fondées sur des rapports entre les mots, sur une liaison apparente entre le dernier du paragraphe qui finit et le premier de celui qui commence. […] Ne croyez pas, en effet, qu’il s’agisse de passer brusquement de la folie à la raison, de provoquer les larmes, puis un instant après le rire, pour revenir bientôt du rire aux larmes ; loin de là : les romans, les drames, les vaudevilles, qui affectent ces oppositions heurtées, ces rapprochements discords, pèchent, à mon gré, contre l’art aussi bien que contre la nature. […] Sans cesse en écrivant variez vos discours… Heureux qui, dans ses vers, sait d’une voix légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. […] Restes d’Israël, passez à la droite ; froment de Jésus-Christ, démélez-vous de cette paille destinée au feu.
L’originalité de Chateaubriand est dans l’accord de ses dissonances : procédant de maîtres opposés, il s’inspire du passé comme de l’avenir ; il mêle tous les styles, il rapproche les idées et les sentiments les plus contraires. […] Ses beaux yeux étaient fermés, ses pieds modestes étaient joints, et ses mains d’albâtre pressaient sur son cœur un crucifix d’ébène ; le scapulaire de ses vœux était passé à son cou. […] Vous apercevez cà et là quelques bouts de voies romaines, dans des lieux où il ne passe plus personne ; quelques traces desséchées des torrents de l’hiver : ces traces, vues de loin, ont elles-mêmes l’air de grands chemins battus et fréquentés, et elles ne sont que le lit désert d’une onde orageuse qui s’est écoulée comme le peuple romain. […] Étonnés de ces cantiques, les hôtes des champs4 sortent des blés nouveaux, et s’arrêtent à quelque distance, pour voir passer la pompe villageoise. […] M. de Lamartine dit : « Le poëte est semblable aux oiseaux de passage qui ne bâtissent point leurs nids sur le rivage, qui ne se posent pas sur les rameaux des bois ; nonchalamment bercés sur le courant de l’onde, ils passent en chantant loin des bords ; et le monde ne connaît rien d’eux que leurs voix. » 2.
Mais quant à notre conduite passée, sire, que votre majesté s’accommode, s’il lui plaît, à la faiblesse, à l’infirmité de ses enfants. […] — Mais pour le passé ; sire, il est passé, il ne revient plus, il ne se corrige plus.
Les maîtres s’en passeront bien ; souvent d’ailleurs, elles seraient un peu compliquées, un certain nombre de ces matières étant extraites à la fois de plusieurs écrivains et de plusieurs ouvrages.
Nous venons de passer en revue les qualités générales du style, c’est-à-dire celles qui sont toujours indispensables. […] Il semblait à son gré gouverner le tonnerre ; Foulait aux pieds ses ennemis vaincus ; Je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus. […] L’impie était le dieu de la terre ; le poète ne fait que passer, et ce dieu est anéanti, il n’est plus. […] Le sublime proprement dit peut donc se passer de la hardiesse et de la pompe des expressions. Il s’en passe en effet assez souvent, quoiqu’on doive convenir que l’éclat en est rehaussé par le sublime des paroles.
Mais est-il bien vrai, dira-t-on sans doute, que l’Orateur doive éprouver les sentiments qu’il veut faire passer dans l’âme de ses auditeurs, puisqu’il y a tant d’écrivains qui n’avaient assurément pas les vertus qu’ils font aimer par leurs ouvrages ? […] On croira sans peine que le paysan du Danube fit passer dans l’âme des Sénateurs la juste indignation dont il était transporté contre les vexations tyranniques des Préteurs romains ; et que Burrhus remplit l’âme de Néron du sentiment d’horreur dont il avait été lui-même saisi à la seule idée de cet empoisonnement. […] S’ils ont été inventés, il suffit qu’ils soient aussi vraisemblables qu’ils puissent l’être, et que par conséquent il y ait des raisons de croire que, dans leur réalité, ils se seraient passés de la même manière que nos deux Poètes le supposent dans la fiction qu’ils emploient. […] Louis XIV, ce monarque, la gloire de son peuple et de son siècle, la gloire de la religion et de l’État, plus héros dans le déclin des années et dans l’adversité, que dans le brillant de la jeunesse et de ses victoires, et dont la vertu éprouvée par la disgrâce, força enfin la fortune à rougir de son inconstance, lui fit sentir sa faiblesse, lui apprit qu’il ne lui appartient ni de donner, ni d’ôter la véritable grandeur ; Louis XIV avait vu passer comme l’ombre sa nombreuse postérité. […] « Je suppose que ce soit ici notre dernière heure à tous ; que les cieux vont s’ouvrir sur nos têtes ; que le temps est passé, et que l’éternité commence ; que Jésus-Christ va paraître, pour nous juger selon nos œuvres, et que nous sommes tous ici, pour attendre de lui l’arrêt de la vie ou de la mort éternelle.
Ne croyez-vous pas entendre un homme de notre siècle qui voit ce qui s’y passe, et qui parle des abus présents ? […] Quand on n’en a point, on s’en passe ; mais il n’y a guère de matières où l’on en manque. […] Ainsi tout se passe en exclamations sans preuve et sans peinture. […] En effet, la plupart n’avaient guère que l’esprit de leur temps, et non cet esprit qui passe à la dernière postérité. […] Enfin on nous fit passer dans l’intérieur du sanctuaire.
Voici un logogriphe français qui passe pour être le plus ancien en notre langue. […] -C., et Martial, qui, né en Espagne, vers le milieu du premier siècle de l’ère chrétienne, passa la plus grande partie de sa vie à Rome. […] -C., et des ouvrages duquel il ne nous est parvenu que quelques petits fragments, passe pour avoir été chez, les Grecs l’inventeur de l’épithalame. […] Mais votre destinée Ne vous permet d’aimer qu’à la saison des fleurs ; Et quand elle a passé, vous la cherchez ailleurs Afin d’aimer toute l’année. […] Mais qu’on ne passe point les bornes d’une critique fine, et d’une raillerie délicate.
Mon cœur, cependant, vous envoie ses vœux ; il demande pour vous, sinon le bonheur qui n’est point d’ici-bas, du moins ces secrètes consolations que la Providence fait couler d’en haut sur les âmes malades, ces joies intimes qui n’ont point de nom, parce qu’elles passent sur la terre comme quelque chose d’un autre monde, comme le souffle lointain de la patrie. […] Il faut que les pluies et les glaces de l’hiver, les chaleurs de l’été et ses orages passent sur ce grain à peine germé ; et puis viendra le jour de la moisson, jour plein d’allégresse et de paix, jour des espérances satisfaites, des joies et du repos éternel. […] Dans une autre lettre à madame de Senfft, je lis encore : « Je prends un plaisir extrême à voir cette vie passer comme l’oiseau qu’on entrevoit à peine, et qui ne laisse point de trace dans les airs ; et quand après cela j’arrête mes regards sur cette immense éternité, fixe, immobile, vaste comme mon cœur, inépuisable comme ses désirs, je voudrais m’élancer dans ses profondeurs.
Que reste-t-il d’eux et de leur passé ? […] L’action doit se passer dans un seul lieu. […] Il suffit qu’elle se passe dans le même palais ou la même maison. […] Chapelain passe pour le premier des poètes ; la confusion est partout. […] L’exemple du passé me mettra d’ailleurs en garde contre toute imprudence.
Au contraire, s’il est capable d’avoir toujours l’œil vers les cieux, même en louant les héros de la terre, si en célébrant ce qui passe il porte toujours sa pensée et la nôtre vers ce qui ne passe point ; s’il ne perd jamais de vue ce mélange heureux, qui est à la fois le comble de art et de la force, alors ce sera en effet l’orateur de l’Evangile, le juge des puissances, l’interprète des révélations divines ; en un mot, ce sera Bossuet. […] La paix ne peut être éloignée : mais, comme je l’ai promis avant de passer le Rhin, je ne ferai qu’une paix qui nous donne des garanties, et assure des récompenses à nos alliés. […] Chaque soldat va se croire un héros et se persuadera que son nom passera à la postérité. […] La curiosité, l’intérêt, l’amour de la patrie, l’admiration, la joie ont successivement occupé notre âme, et nous sommes arrivés à la fin du récit aussi éclairés et satisfaits que si l’action s’était passée sous nos yeux. […] C’est une petite fantaisie que l’on peut se passer sans être le moins du monde un Racine ou un Boileau.