Horace perfectionna le lyrique, en réunissant l’enthousiasme de Pindare à la douceur d’Anacréon, et fit oublier Lucile, qui avait été, chez les Romains, le père de la satire. […] Richelieu, après avoir pacifié le royaume, établissait la balance de l’Europe, lorsque le grand Corneille, père de notre Théâtre, créa une tragédie nouvelle, et partagea le laurier de Sophocle.
L’homme n’est point un orphelin : il a un père dans le ciel. Que fera ce père de son enfant quand celui-ci lui reviendra ?
Monsieur, tous mes procès allaient être finis : Il ne m’en restait plus que quatre ou cinq petits, L’un contre mon mari, l’autre contre mon père, Et contre mes enfants : ah, monsieur ! […] Oui, Monsieur, je vous crois comme mon propre père. […] Enfin, l’un d’eux dit aux autres : mes frères, prions notre père qui est dans les deux, peut-être il aura pitié de nous dans cette détresse. Et cette parole fut écoutée et ils prièrent de cœur le père qui est dans les deux. […] En particulier : On fera remarquer 1° si dans la forme la narration historique est grave, sérieuse, soutenue ; si la narration fictive et la narration mixte sont ornées, élégantes, si la narration badine et la narration épistolaire sont familières, simples et enjouées ; si la narration légende fait respirer le parfum du style et de la foi de nos pères.
Des générations de rois issus du même sang se sont succédé pendant dix siècles au gouvernement du même peuple, et, malgré cette perpétuité d’intérêt et de commandement, ils n’ont pu couvrir aux yeux du monde les fautes de leurs pères, et maintenir sur leur tombe le faux éclat de leur vie. […] Il lit dans l’histoire de ses pères l’exemple de ceux qui ont honoré un grand patrimoine par un grand dévouement, et, pour peu que l’élévation de sa nature réponde à l’indépendance qu’il s’est acquise ou qu’il a reçue, la pensée de servir l’État lui ouvre une perspective de sacrifices et de labeurs. […] Ce sera la parole encore : non plus celle de son père ou de sa mère mais une parole hasardeuse, qui étouffera peut-être en lui les germes de la vérité, qui peut-être les y développera, selon l’esprit des maîtres qui dirigeront le sien. […] Un temple lui offre sous une image sensible le dieu qui a fait le monde, le père de la justice et l’habitant des âmes.
Le héraut s’avançait, et présentant au peuple assemblé les orphelins dont les pères étaient morts à la guerre, et qui étaient tous revêtus d’une armure complète, il faisait cette proclamation, si belle et si capable d’exciter à la vertu : Ces enfants, dont les pères sont morts à la guerre, en combattant avec courage, le peuple les a élevés pendant leur enfance : il les revêt aujourd’hui de cette armure complète, les renvoie, sous d’heureux auspices, à leurs affaires domestiques, et les invite à mériter un jour les premières places. […] Imaginez-vous entendre Solon, ce grand philosophe, ce législateur fameux, dont les excellentes lois ont affermi chez nous la démocratie ; et Aristide, cet homme juste et désintéressé, qui a réglé les contributions de la Grèce, et dont le peuple, après sa mort, a doté les filles : l’un, vous conjurer avec cette douceur qui lui était si naturelle, de ne point préférer aux lois et à votre serment, les phrases éloquentes de Démosthène ; l’autre, se plaindre du mépris de la justice, vous demander si vous ne rougissez pas, en voyant que vos pères ont presque fait mourir, ont banni d’Athènes et de toute l’Attique Arthénius de Zélie, qui avait apporté chez les Grecs l’or des Perses ; Arthénius qui ne faisait que passer dans Athènes, qui était uni aux Athéniens par le droit de l’hospitalité ; et que vous, vous allez honorer d’une couronne d’or Démosthène, qui n’a pas apporté de l’or des Perses, mais qui en a reçu, et qui en possède encore pour prix de ses trahisons.
Dans cette innombrable multitude de types gracieux, terribles, délirants, résignés, célestes et infernaux, quel écrivain nous montre la femme tout entière, comme Homère, par exemple, a montré l’homme tout entier, jeune dans Achille, mûr dans Ulysse, vieux dans Nestor, fils dans Télémaque, père dans Priam ? […] J’ai dit qu’Homère avait peint, dans l’Odyssée et l’Iliade, le père, le fils, l’épouse. […] Le Père de famille, le Fils naturel de Diderot, beaucoup d’autres drames de cette époque, appartiennent à cet ordre d’idées qui n’était pas à dédaigner.
Lally-Tolendal, plaidant la réhabilitation de son père, interrompt le récit de l’injuste condamnation du vieillard pour s’écrier : « Hommes justes, fils religieux et soumis, c’est vous que j’invoque. […] Voilà ce père opprimé dont la cause doit être plaidée par vous. […] Des avocats font un étrange emploi de cette figure. — On nous accuse, disent-ils, d’avoir assassiné notre père… Quand avons-nous manqué d’aboyer un larron ?
Leur, suivi d’un nom pluriel, prend une s ; alors il signifie d’eux, d’elles : un père aime ses enfants, mais il n’aime pas leurs défauts. 165. — On ne met point d’accent sur o dans notre, votre, quand ils sont devant un nom : votre père, notre maison ; mais on met un accent circonflexe sur ô dans le nôtre, le vôtre, la nôtre, la vôtre.
C’était une lecture de père de famille, dans le temps des conseils minutieux et réitérés, où le fabuliste était complice des réprimandes, et le docteur de la morale domestique. Mais si, dans cet orgueil de la vie, il en est un qui, par désœuvrement ou par fatigue des plaisirs, ouvre le livre dédaigné, quelle n’est pas sa surprise en se retrouvant parmi ces animaux auxquels il s’était intéressé enfant, de reconnaître par sa propre réflexion, non plus sur la parole du maître ou du père, la ressemblance de leurs aventures avec la vie, et la vérité des leçons que le fabuliste en a tirées !
Les empereurs romains prenaient le nom de père de la patrie, dès qu’ils montaient sur le trône. […] Pline, son panégyriste, lui dit à ce sujet : vous êtes le seul à qui il soit permis d’être le père de la patrie, avant de le devenir . Cette pensée est très délicate : elle laisse plus de choses à entendre, qu’elle n’en dit ; savoir, que Trajan était en effet, et dans le cœur de ses sujets, le père de la patrie, avant qu’il en portât le nom. […] Voyez encore celle-ci du même auteur sur un père, affligé de la mort de sa fille. Le père s’adresse au ciel.
» Aussi ne sont-ce pas des pleurs, mais des consolations et une leçon que j’offre maintenant aux pères des guerriers dont nous célébrons la mémoire : ils savent que leurs fils naquirent soumis aux viscissitudes de la fortune. […] Ceux à qui l’âge laisse encore l’espoir d’être pères, trouveront dans de nouveaux enfants un adoucissement aux larmes qu’ils répandent aujourd’hui, et la république en retirera le double avantage d’une population plus nombreuse et d’un concours unanime au bien général.
J’ouvre le poëme de la Pitié, je tombe sur l’histoire d’une jeune fille qui consacrait son existence à soigner son vieux père : Son âme, dévouée à ces doux exercices, A son vieux domestique enviait ses services ; Les plus humbles emplois flattaient son tendre orgueil. Elle-même avec art dessina le fauteuil, Qui, par un double appui, soutenant sa faiblesse, Sur un triple coussin reposait sa vieillesse ; Elle-même à son père offrait ses vêtements… Un peu plus loin, la jeune fille dit qu’elle préfère cette vie de sacrifices à toutes les joies du mariage : Pour moi, mon cœur jouit des biens qu’il se refuse ; Je jouis, quand le jour, appuyé sur mon bras, Mes secours attentifs aident ses faibles pas ; Dans des liens nouveaux ma jeunesse engagée Par deux objets chéris se verrait partagée… etc. […] Mon père, j’ai peur !
[Notice] Né à Limoges en 1668, d’une ancienne et honorable famille, François d’Aguesseau eut le bonheur de trouver dans son père un excellent maître qui forma également son cœur et son esprit. […] L’une et l’autre sont absolument nécessaires à tout homme qui veut avoir une foi éclairée et rendre à Dieu ce culte spirituel, cet hommage de l’être raisonnable à son auteur, qui est le premier et le principal devoir des créatures intelligentes ; mais l’une et l’autre sont encore plus essentielles à ceux qui sont destinés à vivre au milieu de la corruption du siècle présent, et qui désirent sincèrement d’y conserver leur innocence, en résistant au torrent du libertinage qui s’y répand avec plus de licence que jamais, et qui serait bien capable de faire trembler un père qui vous aime tendrement, si je ne croyais, mon cher fils, que vous le craignez vous-même.
Il y aperçoit une pauvre cabane, il y frappe ; il en sort un vieux hernouten à barbe blanche. « Mon père, lui dit l’officier, montrez-moi un champ où je puisse faire fourrager mes cavaliers. — Tout à l’heure », reprit l’hernouten. […] La troupe aussitôt met pied à terre, fauche le grain, le met en trousse, et remonte à cheval L’officier de cavalerie dit alors à son guide : « Mon père, vous nous avez fait aller trop loin sans nécessité ; le premier champ valait mieux que celui-ci. — Cela est vrai, monsieur, reprit le bon vieillard, mais il n’était pas à moi. » Études de la nature (notes de l’auteur).
Les pères mourants envoient leurs fils pleurer sur leur général mort. […] L’un voyant croître ses moissons bénit la mémoire de celui à qui il doit l’espérance de sa récolte ; l’autre, qui jouit encore en repos de l’héritage qu’il a reçu de ses pères, souhaite une éternelle paix à celui qui l’a sauvé des désordres et des cruautés de la guerre.
Songez, mon cher frère, au voyage d’Amérique, aux malheurs de notre père, aux malheurs de notre enfance, à ceux de notre jeunesse, et vous bénirez la Providence au lieu de murmurer contre la fortune. […] Songez que c’est uniquement la fortune de votre tante qui a fait celle de votre père et la vôtre.
On ne dira donc pas : mes père et mère ; ses père et mère ; nos grands et petits appartements ; leurs grands et petits appartements. Il faudra dire : mon père et ma mère ; son père et sa mère ; nos grands et nos petits appartements ; leurs grands et leurs petits appartements. […] Il faut dire : vous avez le droit, ou répéter le nom, au lieu du pronom, en disant et je trouve ce droit bien fondé : = chaque père de famille doit bien gouverner la sienne. […] Satisfaire, signifiant contenter, a un régime simple : = cet enfant satisfait son père et sa mère : = il a satisfait tous ses créanciers. […] on ne craint point qu’il venge un jour son père ; On craint qu’il n’essuyât les larmes de sa mère.
Remuez, votre champs dès qu’on aura fait l’août2 ; Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse. » Le père mort, les fils vous retournent le champs. […] D’argent point de caché3 ; mais le père fut sage De leur montrer, avant sa mort, Que le travail est un trésor. […] Nos pères composaient avec en tous les verbes qui exprimaient une idée de mouvement, de progrès, de dérangement, ou de métamorphose : s’ensauver, s’en partir, s’endormir, s’entourer, s’en aller, s’en repentir, etc. […] Quelles délices de dîner tous les trois à notre petit table ronde, aux lumières : de manger du potage et de boire du vin rouge de France, et de ne bouger de là que pour aller dans la chambre de notre père, laissant les autres chercher du plaisir hors de leur maison, et nous, restant dans la nôtre, autour du feu, à nous conter les accidents de notre séparation les uns aux autres ! […] Et notre père, comme il sera heureux !
Nestor pleure sur son fils Pisistrate : Malheureux d’avoir été père et d’avoir vécu si longtemps ! […] Iphigénie cherchant à consoler son père qui l’envoie à la mort arrache des larmes plus douces que si elle disputait sa vie au nom de sa jeunesse et de son innocence. En effet, Iphigénie touche d’autant plus qu’au lieu de se plaindre, elle cherche à consoler son père. […] On dit qu’il est juste de faire périr une femme qui a tué son mari, qu’il est juste qu’un fils venge le meurtre de son père, et l’on absout Oreste sans se demander s’il est juste qu’un fils assassine sa mère. […] pour de son père.
Ces témoignages divins et humains, dont parle Cicéron, l’avocat les trouvera d’abord dans ce qu’on nomme les pièces du procès, puis dans les livres où sont traitées ex professo les questions de droit qui se rattachent à sa cause, et dans les commentaires que ces ouvrages ont groupés autour d’eux ; l’historien, dans les chroniques, les mémoires, les pamphlets, les journaux, les œuvres philosophiques et littéraires du pays et du siècle qu’il a choisis ; l’orateur politique, dans les fastes parlementaires, dans les records, dans les annales de la tribune en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, à Rome même et en Grèce ; le prédicateur, dans l’Ecriture sainte, les Pères, les écrivains ecelésiastiques ; le philosophe, le romancier, le poëte, les trouveront partout. Voyez de quel secours les Pères et l’Ecriture ont été, par exemple, à Bossuet, le plus original assurément de tous les orateurs de la chaire et le plus riche de son propre fond ! […] — Analyse : L’un, voyant croître ses moissons, bénit la mémoire de celui à qui il doit l’espérance de sa récolte ; l’autre, qui jouit encore en repos de l’héritage qu’il a reçu de ses pères, souhaite une éternelle paix à celui qui l’a sauvé des désordres et des cruautés de la guerre.
Il cite comme exemple de paraphrase les vers d’Iphigénie : Ce destructeur fatal des tristes Lesbiens, Cet Achille, l’auteur de tes maux et des miens, Dont la sanglante main m’enleva prisonnière, Qui m’arracha d’un coup ma naissance et ton père, De qui jusques au nom tout doit m’être odieux, Est de tous les mortels le plus cher à mes yeux ; et comme exemple d’épiphrase les deux derniers vers de ce passage de Phèdre : Et puisse ton supplice à jamais effrayer Tous ceux qui, comme toi, par de lâches adresses, Des princes malheureux nourrissent les faiblesses, Les poussent au penchant où leur cœur est enclin, Et leur osent du crime aplanir le chemin, Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère céleste ! […] « Mon père, dit Nieomède, pourra faire taire la nature dans son cœur, mais mes conquêtes parleront, elles parleront toujours, sans cesse ; quelque chose qui arrive, celles-là du moins ne se tairont pas. » Je ne vois là qu’un pléonasme de bon aloi. […] Un père veut dire qu’il pleure sa fille morte, tandis que, selon les lois de la nature, c’est elle qui devrait le pleurer : Sur mon tombeau ma fille devrait faire Ce que je fais maintenant sur le sien.
On sait que La Motte, ayant fait, dans le siècle dernier, une imitation en vers de l’Iliade, et mis au-devant de cet ouvrage un Essai sur Homère, où il relevait dans ce père de la poésie grecque un grand nombre de défauts, madame Dacier, qui avait traduit Homère elle-même, prit fait et cause pour son auteur, et imprima, sous le titre des Causes de la corruption du goût, un gros volume où elle combattait toutes les opinions de La Motte. […] Nous en extrayons comme modèle du genre l’entretien suivant de Pompée le fils avec Ménas, affranchi de son père. […] Les deux tyrans de Rome sont dans vos mains ; les mânes de votre père seront vengés des deux héritiers de César : Rome sera en liberté.
n’est-ce pas d’un luxe qui engloutit tout, et qui était inconnu à nos pères ? […] On a critiqué avec raison ces vers de Maynard sur un père qui a perdu sa fille : Hâte ma fin, que ta rigueur diffère ; Je hais le monde, et n’y prétends plus rien. […] Hippolyte dit à Théramène : Depuis plus de six mois éloigné de mon père, J’ignore le destin d’une tête si chère. […] Ainsi, dans Athalie, Azarias dit au grand prêtre : Oui, nous jurons ici, pour nous, pour tous nos frères, De rétablir Joas au trône de ses pères, De ne poser le fer entre nos mains remis, Qu’après l’avoir vengé de tous ses ennemis. […] Dans la tragédie d’Euripide, Iphigénie laisse voir dans son âme la terreur que lui inspire la mort, et le regret qu’elle éprouve de quitter la vie : « Mon père, j’embrasse vos genoux ; vous voyez à vos pieds cette tille qui vous lut chère ; ne m’arrachez pas une vie que je commence à peine à goûter.
Vos nombreuses infidélités datent du jour où vous sortîtes de l’Égypte, etc. » Le reste, du discours est consacré à remettre sous les yeux des Israélites tout ce que le Seigneur avait opéré jusqu’alors de prodiges en leur faveur, et cette pompeuse énumération est terminée par des conseils donnés avec la tendresse d’un père et l’autorité d’un maître. […] Pour vous, le ciel deviendra d’airain, la terre sera de fer ; et la main vengeresse du père que vous aurez offensé, vous saisira pour vous livrer, chargés de fer, à vos plus cruels ennemis.
Mais il est certain que, par la suite, la brillante fortune de madame de Maintenon ne l’éblouit pas, et que son élévation ne changea point son cœur, comme le lui écrivait dans une lettre fort remarquable, datée du 20 avril 1714, le duc de Richelieu, petit-neveu du cardinal et père du maréchal de France. […] Elle fut nommée Amable ; et, dans la suite, elle épousa le duc de Noailles, d’abord appelé comte d’Ayen, dont la carrière militaire fut brillante, et qui, après être parvenu, en 1733, à la dignité de maréchal de France qu’avait aussi possédée son père, mourut en 1766.