Si je dis : Dieu fait la loi aux rois ; Dieu arrête les complots des méchants, — j’énonce deux vérités, mais je ne caractérise pas Dieu en tant que dominant les rois ou réprimant le crime, et mes deux vérités courent risque de passer inaperçues. […] Si la périphrase ne sert pas à caractériser la pensée ou le sentiment d’après les lois de la liaison des idées et le ton de l’ouvrage, point de périphrase ; je préfère le mot propre, toutes les fois du moins que les bienséances ne s’y opposent pas ; et quand je dis les bienséances, j’entends les réelles et les vraies, et non celles des précieuses ou des classiques exagérés, ce qui est tout un. […] Quant à la paraphrase proprement dite, paraphrase des psaumes, paraphrase d’un article de loi, etc., ce n’est plus là une figure de rhétorique, c’est un commentaire plus ou moins éloquent ou logique d’un texte ; nous n’avons point à en parler. […] Un père veut dire qu’il pleure sa fille morte, tandis que, selon les lois de la nature, c’est elle qui devrait le pleurer : Sur mon tombeau ma fille devrait faire Ce que je fais maintenant sur le sien. […] Le goût, l’intelligence du génie de la langue et le tou de l’ouvrage sont les seuls guides à suivre dans ces infractions aux lois ordinaires.
Ainsi le temps, ce don de Dieu, ce bienfait le plus précieux de sa clémence, et qui doit être le prix de notre éternité, fait tout l’embarras, tout l’ennui et le fardeau le plus pesant de notre vie1 La loi doit régner sur les rois Sire, c’est le choix de la nation qui mit d’abord le sceptre entre les mains de vos ancêtres ; c’est elle qui les éleva sur le bouclier militaire et les proclama souverains. […] En un mot, comme la première source de leur autorité vient de nous, les rois n’en doivent faire usage que pour nous… Ce n’est donc pas le souverain, c’est la loi, Sire, qui doit régner sur les peuples : vous n’en êtes que le ministre et le premier dépositaire ; c’est elle qui doit régler l’usage de l’autorité, et c’est par elle que l’autorité n’est plus un joug pour les sujets, mais une règle qui les conduit, un secours qui les protége, une vigilance paternelle qui ne s’assure leur soumission que parce qu’elle s’assure leur tendresse. Les hommes croient êtres libres quand ils ne sont gouvernés que par les lois ; leur soumission fait alors tout leur bonheur, parce qu’elle fait toute leur tranquillité et toute leur confiance. Les passions, les volontés injustes, les désirs excessifs et ambitieux que les princes mêlent à l’autorité, loin de l’étendre, l’affaiblissent ; ils deviennent moins puissants dès qu’ils veulent l’être plus que les lois ; ils perdent en croyant gagner : tout ce qui rend l’autorité injuste et odieuse l’énerve et la diminue1.
On nous propose un projet de loi qui a pour objet de verser l’argent de la France dans les mains des émigrés. […] — « Certainement les lois ne toléreraient pas un semblable appareil de défense, si elles ne nous permettaient jamais de nous en servir. » — C’est la conséquence. » (Cicéron, Milonienne.) […] Il a transgressé la loi, je le reconnais ; lui-même l’avoue. […] Ce sont les lois, les titres, les promesses, les serments, les informations, l’opinion des jurisconsultes, les arrêts des cours souveraines, les dépositions des témoins.
Il écrit des lois pour prévoir et punir les crimes, et quand il les a écrites, il s’y confie, il promet de s’y assujettir. Un coupable survient dont les crimes ont échappé à la prévoyance et ne tombent point sous l’atteinte des lois. […] Rien n’est dit, rien n’est jugé ; il faut recommencer ; il faut aller au delà du crime comme il a fallu aller au delà de la loi ; il faut étudier l’homme lui-même, tout l’homme ; il est bien plus vaste, bien plus complexe que son action ; en lui se rencontrent je ne sais combien de dispositions, de facultés, d’idées, de sentiments dont elle ne donne pas la clef, qui n’en font pas moins partie de sa nature morale, et qu’il faut bien connaître, dont il faut bien tenir compte si on veut le juger d’après ce qu’il est réellement, et prononcer sur son caractère, sur sa personne, sur lui-même enfin avec équité. Il est vrai, Strafford, qui n’était pas coupable de trahison selon la loi, en était coupable selon la morale ; et pourtant Strafford était bien autre chose qu’un traître et un coupable. Comme il y avait dans sa conduite des crimes que les lois n’atteignent point, de même il y avait dans son caractère des qualités que n’atteignent point ses crimes.
. — Lois qui présidèrent à sa formation La langue française, comme notre sol lui-même, s’est formée par une série d’alluvions successives. […] Par les violences ou l’habileté de sa politique, le vainqueur lui avait imposé sa langue avec ses lois et ses institutions. […] Bornons-nous à l’indispensable, et indiquons sommairement les lois qui présidèrent à la formation du vocabulaire primitif que le latin nous a transmis, et que nous avons accommodé à notre génie. […] C’est en cette œuvre que se rencontre pour la première fois le croisement des rimes masculines et féminines ; et ce sera plus tard une des lois de notre prosodie. […] Cependant, la papauté, dont les domaines s’étaient agrandis, devenait ou prétendait devenir l’arbitre de l’Europe ; ses milices, répandues partout, faisaient la loi au clergé séculier ; Boniface VIII allait bientôt proclamer qu’il tenait légitimement les deux glaives, et pouvait à son gré disposer des couronnes.
Rien de plus juste que de s’assujettir aux lois de la langue qu’on parle ; lois fondées sur une dialectique très fine et très solide, sur cette logique naturelle, avec laquelle naissent tous les hommes bien organisés ; lois qui accoutument l’esprit à une marche toujours droite et toujours ferme, dans les diverses routes qu’il peut se frayer. […] Tout homme qui les a lus avec quelque attention, a dû voir, non seulement que leurs plus beaux morceaux sont précisément ceux, où les lois grammaticales sont observées avec la plus grande exactitude ; mais encore qu’il y en a bien d’autres, auxquels il ne manque, pour être vraiment beaux, que l’arrangement des mots et des phrases selon ces mêmes lois. […] Convenons cependant avec les grammairiens, même les plus rigides, qu’il est des circonstances, où le génie, l’imagination, et le sentiment ne doivent point s’attacher en esclaves serviles, à certaines lois de la grammaire. […] Mais comme je suis bien loin de croire que mes observations puissent être une règle pour eux, je me suis imposé la loi de m’appuyer toujours de l’autorité des critiques sages et éclairés, dont le goût sûr et les connaissances profondes sont généralement reconnus. […] Donc c’est la loi de Dieu qui doit être la règle constante du temps, et non pas la variation des temps qui doit devenir la règle de la loi de Dieu. » Et dans celui-ci : « Il ne faut pas vivre pour manger : mais il faut manger pour vivre. » Adjonction.
La Grammaire et le Grammairien Lorsqu’on eut trouvé le moyen de peindre la parole par des signes ou des lettres et par des mots, on ne tarda pas à leur imposer des lois. […] Pour tracer ici brièvement les différents caractères de la phrase, nous rappellerons que la plus simple est formée d’un sujet, d’un verbe et d’un attribut, telle que celle-ci : Dieu est éternel ; que quelquefois elle est complétée par le moyen d’un complément direct, exemple : Dieu donna sa loi ; d’un complément indirect, exemple : Dieu donna sa loi à Moise, et d’un déterminatif ou complément circonstanciel, exemple : Dieu donna sa loi à Moïse, sur le mont Sinaï.
L’avocat ne saurait mettre jamais trop de bonne loi dans l’exposition des moyens de son adversaire. […] C’est dégrader la noblesse de sa profession, c’est avilir la majesté d’un tribunal ; c’est manquer enfin au respect que commande la loi. […] Tout ce qui appartient aux fonctions austères de la justice ; tout ce qui a pour objet l’interprétation ou l’application de la loi, porte nécessairement un caractère de gravité, dont on ne s’écarte jamais qu’aux dépens de la bienséance qui est de rigueur ici.
Cette loi proposée par le tribun M. […] Cette loi, proposée par le tribun C. […] Elle confirma sur ce point la loi Valéria, rendue vers l’an de Rome 245, environ 507 avant J.-C. ; la loi des douze tables, rendue vers l’an de Rome 304, environ 448 ans avant J.-C., et la loi Porcia, dont j’ai parlé ailleurs.
On ne peut violer cette loi sans être mauvais citoyen ; on ne peut violer la loi naturelle sans offenser l’humanité. C’est donc à l’orateur à faire valoir l’autorité de ces lois. […] Tous les grands maîtres se sont réunis, comme de concert, pour dicter cette loi. […] “Si la loi elle-même pouvait parler, ne se plaindrait-elle pas ? […] Que répondrons-nous aux lois, Criton ?
— Rattacher l’autorité des lois civiles à l’autorité supérieure des lois naturelles de la raison. […] Les poëtes comme les orateurs subissent cette loi de la raison. […] ô lois de Porçius et de Sempronius ! […] Tel est l’exemple fourni par le discours de Cicéron contre la loi agraire. […] alors c’est une loi une ville, un monument, que vous chargez de l’énumération : « Si la loi elle-même pouvait parler, ne se plaindrait-elle pas ?
Il commande au soleil d'animer la nature, Et la lumière est un don de ses mains ; Mais sa loi sainte, sa loi pure Est le plus riche don qu'il ait fait aux humains. […] La loi et les titres sont du domaine de la jurisprudence. […] L'homme puissant est humain, sensible, ou dur, intraitable ; il est juste, ou il se met au-dessus des lois. […] De quel domaine sont la loi et les titres ? […] Le merveilleux, c'est-à-dire ce qui surpasse les lois ordinaires de la nature, comme l'intervention des dieux, est un ornement que réclame le poëme épique.
L’orateur sacré peut puiser ces lieux communs dans l’Écriture sainte, dans les Pères de l’Église, dans l’Histoire Ecclésiastique ; l’orateur du barreau les découvrira dans les lois, dans les arrêts ou ordonnances, dans les dépositions des témoins ; l’historien, les écrivains en général pourront recourir aux traditions, aux ouvrages célébrés tant anciens que modernes, aux auteurs regardés comme jouissant de l’estime publique, etc. […] Rousseau a si bien exprimé dans ces deux vers : Le riche et l’indigent, l’imprudent et le sage, Sujets à même loi subissent même sort. […] Son discours, armé contre les passions qu’enfante l’égoïsme, doit s’animer de toutes celles que la loi morale autorise ; par elles, il foudroie tout ce qui lui résiste, il impose à son gré la conviction, et tous ces milliers d’hommes qui se pressent silencieusement autour de lui, ou qui ont les yeux attachés sur les pages qu’il a tracées, ne vivent plus qu’en lui et n’ont plus d’âme que la sienne. […] ignorez-vous quelles sévères lois Aux timides mortels cachent ici les rois ? […] Moi-même, sur son trône, à ses côtés assise, Je suis à cette loi comme une autre soumise Et sans le prévenir, il faut pour lui parler, Qu’il me cherche, ou du moins qu’il me fasse appeler.
Aussi est-ce la raison pure qui admire ces types d’un art souverain, où s’entrevoit l’autorité des lois éternelles. […] Nous ne rappellerons pas ici les lois qui présidèrent aux origines des dialectes romans ; car nous les avons indiquées en un chapitre préliminaire. […] Leurs exemples méritaient trop de faire loi pour ne pas forcer la main aux plus récalcitrants. […] Assujetir l’écriture aux lois de la prononciation, c’eût été déclasser les mots, et falsifier cet air de famille qui est comme leur état civil. […] Ce n’est pas que le langage échappe à l’obligation d’obéir à des lois.
Lisez quelques passages de Platon, de la République ou des Lois, des Lois surtout, ce délicieux ouvrage de sa vieillesse, tranquille et doux comme une belle soirée. […] Les Lois de Platon ! […] loi Porcia ! loi Sempronia !
Elle leur défend encore plus fortement que les lois civiles de se faire justice à eux-mêmes : et c’est par son esprit que les rois chrétiens ne se la font pas dans les crimes de lèse-majesté même au premier chef, et qu’ils remettent les criminels entre les mains des juges pour les faire punir selon les lois et dans les formes de la justice. […] Est-ce par grimace et par feinte que les juges chrétiens ont établi ce règlement ; et ne l’ont-ils pas fait pour proportionner les lois civiles à celles de l’Évangile, de peur que la pratique extérieure de la justice ne fût contraire aux sentiments intérieurs que des chrétiens doivent avoir ? […] Non : la vie des hommes est trop importante, on y agit avec plus de respect ; les lois ne l’ont pas soumise à toutes sortes de personnes, mais seulement aux juges dont on a examiné la probité et la naissance. […] Et c’est pourquoi, afin d’y agir comme fidèles dispensateurs de cette puissance divine d’ôter la vie aux hommes, ils n’ont la liberté de juger que selon les dépositions des témoins, et selon toutes les autres formes qui leur sont prescrites ; ensuite desquelles1 ils ne peuvent en conscience prononcer que selon les lois, ni juger dignes de mort que ceux que les lois y condamnent.
qui donne le respect et la vénération aux personnes, aux ouvrages, aux lois, aux grands, sinon cette faculté imaginante ? […] L’avenir, sire, peut être prévu et réglé par de bonnes lois : qui oserait encore manquer à son devoir quand le prince fait si dignement le sien ? […] Vos peuples s’attendent, sire, à vous voir pratiquer plus que jamais ces lois que l’Écriture vous donne. […] On voit dans les lois de ce prince un esprit de prévoyance qui comprend tout et une certaine force qui entraîne tout. […] On murmure en secret contre mes lois ; mais elles ne seront pas effacées par des flots même de sang romain.
La force des lois dans l’un, le bras du prince toujours levé dans l’autre, règlent ou contiennent tout. […] Car il est clair que dans une monarchie, où celui qui fait exécuter les lois se juge au-dessus des lois, on a besoin de moins de vertu que dans un gouvernement populaire, où celui qui fait exécuter les lois sent qu’il y est soumis lui-même, et qu’il en portera le poids. […] Esprit des Lois, liv. […] Quand la loi arbitraire qui l’éloignait de Paris eut été rappelée, il partit de Ferney le 3 avril 1778. […] C’est dans la nature que nous en devons trouver les lois, puisque ce n’est qu’en nous écartant de ses lois que nous rencontrons les maux.
Nos anciens poètes et surtout Ronsard, voulant imiter le grec et le latin, ont souvent transgressé la loi du repos final. […] Ne faites donc point rimer loi avec voix, bois ou exploit non plus que genou avec courroux, etc. […] ses vertus, son courage, La sublime valeur, le zèle pour son roi, N’ont pu le garantir, au milieu de son âge, De la commune loi. […] Vous régnez, Londre est libre et vos lois florissantes. […] L’inversion est vicieuse lorsqu’elle est trop dure et trop ouvertement contraire à l’usage ainsi qu’aux lois de la grammaire et de l’harmonie.
Voilà le principe de toutes les lois de l’harmonie générale en littérature. […] Au contraire, il a eu raison d’obéir à l’euphonie en dépit des lois de la grammaire, quand il a fait dire à Agamemnon, J’écrivis en Argos… Vous comprenez pourquoi l’hiatus est absolument interdit dans les vers75. […] An entier est insupportable, et ne le cède qu’au vers de Lamotte : Et le mien incertain encore… Tout en reconnaissant quelque exagération dans la sentence de Boileau : Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée, il faut avouer du moins que l’oubli des lois de l’harmonie nuit aux meilleures choses76. […] Au reste, ces lois d’harmonie ne sont pas plus universelles que les autres. […] Et remarquez pourtant, car c’est là la grande loi !
Elle obéit à la loi, invisible et toute-puissante, comme le vaisseau à la force irrésistible de la vapeur qu’il cache dans ses flancs, comme l’univers au pouvoir occulte et suprême qui le dirige dans sa marche, comme… etc. — Les adversaires de la république trouveront d’autres ni et d’autres comme ; et ici nous entrons dans les similitudes, les différences, les comparaisons, les contraires. […] N’est-ce pas là, en effet, comme agissent Aristote, par exemple, quand il dit, à propos des contraires : « si l’on vous allègue les lois, appelez-en à la nature, et si l’on fait parler la nature, rangez-vous du côté des lois ; » et Quintilien, quand il développe la théorie et les règles du mensonge oratoire, qu’il appelle, par euphémisme, une couleur, colorent ? […] Bourdalouc s’adresse aux semblables pour développer l’inconséquence de celui qui nie la Providence dans le gouvernement de l’univers : « Il croit qu’un Etat ne peut être bien gouverné que par la sagesse et le conseil d’un prince ; il croit qu’une maison ne peut subsister sans la vigilance et l’économie d’un père de famille ; il croit qu’un vaisseau ne peut être bien conduit sans l’attention et l’habileté d’un pilote ; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille bien réglée, ce royaume dans l’ordre et dans la paix, il conclut, sans hésiter, qu’il y a un esprit, une intelligence qui y préside ; mais il prétend tout autrement à l’égard du monde entier, et il veut que, sans Providence, sans prudence, sans intelligence, par un effet du hasard, ce grand et vaste univers se maintienne dans l’ordre merveilleux où nous le voyons. » Racine fait de même pour démontrer qu’en remettant Joas à Athalie, on concourt peut-être à l’accomplissement des secrets desseins de Dieu sur cet enfant : Pour obéir aux lois d’un tyran inflexible, Moïse, par sa mère au Nil abandonné, Se vit, presque en naissant, à périr condamné ; Mais Dieu, le conservant contre toute espérance, Fit par le tyran même élever son enfance.
Elle leur défend encore plus fortement que les lois civiles de se faire justice à eux-mêmes ; et c’est par son esprit que les rois chrétiens ne se la font pas dans les crimes même de lèse-majesté au premier chef, et qu’ils remettent les criminels entre les mains des juges pour les faire punir selon les lois et dans les formes de la justice. […] non : la vie des hommes est trop importante, on y agit avec plus de respect ; les lois ne l’ont pas soumise à toutes sortes de personnes, mais seulement aux juges dont on a examiné la probité et la naissance. […] Commander aux hommes et leur donner des lois ? […] Auparavant, Buffon s’était livré à l’étude des sciences : son puissant génie s’attacha dès lors à pénétrer dans tous les secrets de l’art d’écrire, dont il nous a si parfaitement tracé les lois. […] Mais ce n’était plus le temps où les lois de la Grèce infligeaient une peine aux artistes qui ne traitaient pas leurs sujets avec une certaine décence.
Les uns crurent sacrifier la loi à la justice, d’autres la justice à la nécessité. […] Nous vivons à l’ombre des lois ; faudra-t-il que nous mourions par des lois qui n’existent point ? […] Je prends pour exemple le plus important de tous, la loi des Franks saliens ou loi salique, dont la rédaction latine appartient au règne de Dagobert. […] Un nouveau motif d’agir est apparu, une nouvelle règle véritablement règle, une nouvelle loi véritablement loi, un motif, une règle, une loi qui se légitime par elle-même, qui oblige immédiatement, qui n’a besoin, pour se faire respecter et reconnaître, d’invoquer rien qui lui soit étranger, rien qui lui soit antérieur ou supérieur. […] Cette idée, cette loi est lumineuse et féconde.
Il porta une loi, en vertu de laquelle on devait connaître extraordinairement du crime de Milon, et former une commission spéciale devant laquelle Milon serait accusé. […] Remarquez avec quelle adresse, en supposant à Pompée ces intentions généreuses, l’orateur lui fait indirectement une loi de ne pas s’en écarter. […] quand l’insuffisance présumée, ou le sommeil affecté des lois, ont fait rentrer chacun dans ces droits prétendus de défense naturelle, qui n’a plus été que l’assassinat organisé ? […] « Si donc, Milon, tenant son épée sanglante, s’écriait : Venez, citoyens, écoutez-moi : j’ai donné la mort à Clodius ; les fureurs de ce pervers que la crainte des lois et des jugements ne pouvaient plus réprimer, ce bras et ce fer les ont repoussées de vos têtes ; si les lois, si la justice, si les tribunaux, si la liberté, la pudeur et la chasteté ne sont point bannis de Rome, c’est à moi, citoyens, à moi seul qu’on en est redevable ».
Voici le début de l’orateur : « Plusieurs des orateurs que vous venez d’entendre à cette tribune, n’ont pas manqué de préconiser le législateur qui, en consacrant l’ancienne loi sur la sépulture des citoyens moissonnés dans les combats, crut devoir y ajouter celle qui ordonne de prononcer leur éloge : sans doute ils pensaient que c’est une belle institution de louer en public les héros morts pour la patrie. […] Un magnifique éloge d’Athènes, de sa constitution, de ses lois, de ses avantages physiques et politiques, du caractère, des mœurs et de la conduite des Athéniens remplit la première partie de ce beau discours ; et ce qui ne nous semblerait qu’un brillant hors-d’œuvre, entre parfaitement ici dans les vues de l’orateur politique, qui, en remettant sous les yeux du peuple qui l’entend le tableau de la gloire et de la prospérité passées d’Athènes, se propose à la fois et de les attacher fortement à la défense d’un pays si digne de leur amour, et de les engager à honorer, à imiter le dévouement de ceux qui n’ont pas craint de mourir pour une si belle cause. […] » J’ai satisfait à la loi ; j’ai développé les idées que les circonstances exigeaient de l’orateur.