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2. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre second. De la disposition. »

Tantôt on commence par les plus faibles, tantôt au contraire on place en avant les plus fortes. […] Ce serait donc une faute de choisir d’abord une pensée forte, de la faire suivre d’une pensée faible, en exposant immédiatement une pensée tenant le milieu entre ces deux extrêmes. […] Rejeter les preuves faibles est un travail préliminaire auquel il faut se soumettre. Il ne faut pas toutefois, en le faisant, confondre les preuves faibles avec les probabilités. […] Les preuves faibles sont la plupart étrangères au sujet ; s’en servir, ce serait faire soupçonner que l’on manque de preuves fortes et conciliantes.

3. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre V. Des sermons de Bossuet. »

Multipliez vos jours, comme les cerfs et les corbeaux que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés, et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez dans cet espace qui paraît immense, honneurs, richesses, plaisirs : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ? […] « Pensez, maintenant, comment aurait pu prendre un tel ascendant une créature si faible, et si exposée, selon le corps, aux insultes de toutes les autres, si elle n’avait en son esprit une force supérieure à toute la nature visible, un souffle immortel de l’esprit de Dieu, un rayon de sa face, un trait de sa ressemblance : non, non, il ne se peut autrement. […] Voilà pourquoi nous avons multiplié les citations, et prouvé partout, par l’exemple des grands maîtres, la solidité des principes que nous avions établis ; voilà pourquoi nous n’avons dissimulé ni les défauts ni les endroits faibles de ceux que nous proposons d’ailleurs comme des modèles.

4. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

De l’éclat de ses fruits justement enchanté, Ne méprise jamais ces plantes sans beauté : Troupe obscure et timide, humble et faible vulgaire, Si tu sais découvrir leur vertu salutaire, Elles pourront servir à prolonger tes jours. […] Jusqu’au fond de leur sein lentement répandus, Dans leurs veines errants, à leurs pieds descendus, On les en voit enfin sortir à pas timides ; D’abord faibles ruisseaux, bientôt fleuves rapides. […] Dit l’impie ; est-ce à toi, vaine et faible étincelle, Vapeur vile, d’attendre une gloire immortelle ? […] il arrive au tombeau, Plus faible, plus enfant qu’il ne l’est au berceau La mort, du coup fatal, frappe enfin l’édifice : Dans un dernier soupir achevant son supplice, Lorsque vide de sang le cœur reste glacé, Son âme s’évapore, et tout l’homme est passé. »     Sur la foi de tes chants, ô dangereux poëte !

5. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

À mesure qu’il approchait, je la voyais disparaître ; le faible croissant diminuait peu à peu ; et quand le soleil se fut montré tout entier, sa pâle et débile lumière, s’évanouissant, se perdit dans celle du grand astre qui paraissait, dans laquelle elle fut comme absorbée. […] — Mais je saurai bien m’affermir et profiter de l’exemple des autres ; j’étudierai le défaut de leur politique et le faible de leur conduite, et c’est là que j’apporterai le remède. — Folle précaution ! […] Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros ; mais approchez en particulier, ô vous qui courez avec tant d’ardeur dans la carrière de la gloire, âmes guerrières et intrépides ! […] Chacun est jaloux de ce qu’il est, et on aime mieux être aveugle que de connaître son faible ; surtout les grandes fortunes veulent être traitées délicatement ; elles ne prennent pas plaisir qu’on remarque leur défaut : elles veulent que, si on le voit, du moins on le cache. […] Mais c’est encore trop de vanité, de distinguer en nous la partie faible, comme si nous avions quelque chose de considérable.

6. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIII. du corps de l’ouvrage. — argumentation, confirmation, réfutation  » pp. 175-188

Il faut moins compter que peser les arguments, numeranda minus quant ponderanda ; s’il est des occasions où l’on doive s’occuper de la quantité plus encore que de la qualité, c’est seulement lorsque les preuves, faibles par elles-mêmes, ne peuvent, comme les sarments du faisceau de la fable, acquérir de force que par l’union ; c’est quand on espère que leur ensemble triomphera où chacune à part eût été impuissante : Et quæ non prosunt singula, multa juvant ; c’est enfin quand, ne pouvant renverser comme la foudre, on veut du moins, comme la grêle, frapper à coups redoublés, etiam si non ut fulmine, tamen ut grandine. […] Le vieux Nestor, dans Homère, met au premier rang sa cavalerie et ses chars, au dernier sa nombreuse et vaillante infanterie, au milieu ses plus faibles soldats, ϰαϰούς ϑίς μίσσου ἔλατσευ. […] Démontrez la vulgarité des arguments communs, l’insignifiance des faibles, l’absurdité des contradictoires, l’équivoque des ambigus ; tournez à votre avantage ceux que les deux parties peuvent utiliser également ; dédaignez ceux qui sont trop évidemment frivoles ou étrangers à la question ; méfiez vous des similitudes, et appuyez sur le commun proverbe : Comparaison n’est pas raison ; dévoilez enfin toutes les espèces de sophismes et de paralogismes. […] Si j’ai donc pensé ne pouvoir passer sous silence une division qu’Aristote établit dès le principe, et que tant de rhéteurs ont regardée comme capitale, d’un autre côté, je n’ai point cru devoir, dans un livre didactique, admettre comme fondamentale une division dont l’influence sur la partie didactique me paraît si faible.

7. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

Il ne fut donc pas élevé comme ceux que l’on flatte déjà lorsqu’ils sont encore ignorants et faibles ; un lâche respect ne craignit pas de le fatiguer par des efforts ; une discipline sévère assujétit son enfance au travail ; et parent du maître du monde, il fut forcé à s’éclairer comme le dernier citoyen ». […] à devenir humain, où tout ce qui est puissant écrase tout ce qui est faible ? […] Il faudrait que sa force fût aussi prompte que sa volonté, pour détruire et combattre sans cesse toutes les forces qui luttent contre le bien général : mais le prince a des organes aussi faibles que le dernier de ses sujets. […] Tu emprunteras des secours ; mais ces secours ne seront qu’un remède imparfait à ta faiblesse : l’action confiée à des bras étrangers, ou se ralentit, ou se précipite, ou change d’objet ; rien ne s’exécute comme le prince l’a conçu ; rien ne lui est dit comme il l’aurait vu lui-même, on exagère le bien ; on diminue le mal : on justifie le crime ; et le prince, toujours faible ou trompé, exposé à l’infidélité ou à l’erreur de tous ceux qu’il a chargés de voir et d’entendre, se trouve continuellement placé entre l’impuissance de connaître et la nécessité d’agir.

8. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVII. les qualités essentielles du style. — propriété, précision, naturel  » pp. 230-239

. — propriété, précision, naturel « Entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, dit la Bruyère, il n’y en a qu’une qui soit la bonne : on ne la rencontre pas toujours en parlant ou en écrivant ; il est vrai néanmoins qu’elle existe, que tout ce qui ne l’est point est faible, et ne satisfait point un homme d’esprit qui veut se faire entendre. » La propriété consiste à rencontrer cette expression qui est la bonne ; c’est dire que la propriété contribue singulièrement à la clarté du style, en même temps qu’à son énergie, car toute expression vague est toujours faible et tout à la fois obscurcit la pensée. […] Tant d’éclairs m’éblouissent ; je cherche une lumière douce qui soulage mes faibles yeux70. » Il me semble que le défaut de naturel part de deux sources, la faiblesse, ou la vanité qui n’est elle-même qu’une faiblesse.

9. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

Style diffus, concis, faible, nerveux, sec, simple, clair, élégant et fleuri. […] La vraie source du style nerveux ou du style faible est dans la manière de penser d’un auteur. […] L’éloquence naturellement languit et retomba dans ce genre faible introduit par les rhéteurs et les sophistes. […] Les écrits de Gerbier ne donnent qu’une bien faible idée de son talent ; ils ne révèlent pas le grand orateur. […] La vérité et le bon sens sont seules inébranlables, la mode et le caprice sont faibles et vacillants.

10. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

Quant à leur force graduelle, la règle générale veut que l’on procède du plus faible au plus fort ; et cette marche est excellente toutes les fois que l’orateur, convaincu de la bonté de sa cause, ne voit aucune espèce d’obstacle à en démontrer l’évidence. […] Lorsque dans un grand nombre d’arguments, il s’en trouve un ou deux qui sont plus faibles que les autres, Cicéron conseille de les placer au milieu de ce corps de preuves, parce que leur faiblesse y sera bien moins sensible qu’au commencement où à la fin de la confirmation. […] Sont-ils faibles ou seulement douteux : il faut les serrer étroitement, et en former, pour ainsi dire, une phalange, où la faiblesse individuelle emprunte de la réunion une force que l’on était bien loin de leur supposer.

11. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Non, je ne suis pas faible assez Pour regretter des jours stériles, Perdus bien plus tôt que passés Parmi tant d’erreurs inutiles. […] vous êtes étonnée2 Qu’au bout de quatre-vingts hivers, Ma Muse faible et surannée Puisse encor fredonner des vers ? […] L’un, quand l’homme accablé sent de son faible corps Les organes vaincus sans force et sans ressorts, Vient par un calme heureux secourir la nature, Et lui porter l’oubli des peines qu’elle endure. […] Je plains tout être faible, aveugle en sa manie, Qui dans un seul objet confina son génie, Et qui, de son idole adorateur charmé, Veut immoler le reste au dieu qu’il s’est formé.

12. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre III. Du Sublime dans les Compositions littéraires. »

Voici le grec exactement traduit : « Pluton lui-même, le roi des enfers, s’épouvante dans ses demeures souterraines ; il s’élance de son trône et jette un cri, tremblant que Neptune, dont les coups ébranlent la terre, ne vienne enfin à la briser, et que les régions des morts, hideuses, infectes, dont les dieux même ont horreur, ne se découvrent aux yeux des mortels et des immortels. » Le tableau est complet ; il n’y a pas un trait faible ou inutile : tout est frappant, tout va en croissant. […] Mais sort de son trône, est faible, quand il s’agit de s’élancer, et quand le grec le disait expressément. […] L’homme éperdu frissonne, est bien faible auprès de mortalia corda humilis stravit pavor, qui joint à la force et à la beauté de l’expression, le mérite de peindre par le mouvement et par la coupe du vers ; et cette belle chute dejicit !

13. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

Aussi Voltaire, en transportant ce trait dans sa Henriade, s est-il bien gardé de l’affaiblir en voulant l’étendre : Dans sa course d’abord il (l’Amour) découvre avec joie Le faible Simoïs, et les champs où fut Troie. […] De ces faibles Romains les premières alarmes Font parler seulement les soupirs et les larmes ; Et n’ont, pour accuser la vengeance des dieux, Que ce muet discours et du cœur et des yeux. […] Le style faible et le style nerveux sont souvent confondus avec le style concis et le style diffus, et la nuance qui les sépare est en effet quelquefois difficile à saisir.

14. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Cousin 1792-1867 » pp. 257-260

Mon esprit épuisé ne sert plus ni mon cœur ni ma pensée ; ma plume est aussi faible que ma main ; elle a tracé péniblement chacune de ces lignes : il n’y en a pas une qui ne m’ait déchiré le cœur, et je n’aurais pas souffert davantage si j’eusse creusé moi-même la fosse de Santa-Rosa. […] Oui, il y a un Dieu, un Dieu qui est une véritable intelligence, qui, par conséquent, a conscience de lui-même, qui a tout fait et tout ordonné avec poids et mesure, et dont les œuvres sont excellentes, dont les fins sont adorables, alors même qu’elles sont voilées à nos faibles yeux.

15. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Elle paraît, bien qu’adoucie par une imagination faible et tendre, dans toute la manière de Bernardin de Saint-Pierre. […] Mon esprit épuisé ne sert plus ni mon cœur ni ma pensée ; ma plume est aussi faible que ma main ; elle a tracé péniblement chacune de ces lignes : il n’y en a pas une qui ne m’ait déchiré le cœur, et je n’aurais pas souffert davantage si j’eusse creusé moi-même la fosse de Santa-Rosa. […] Oui, il y a un Dieu, un Dieu qui est une véritable intelligence, qui, par conséquent, a conscience de lui-même, qui a tout fait et tout ordonné avec poids et mesure, et dont les œuvres sont excellentes, dont les fins sont adorables, alors même qu’elles sont voilées à nos faibles yeux.

16. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

, II, 76), quoique bonnes en elles-mêmes, sont d’une si faible importance qu’elles ne méritent pas d’être mises en œuvre. […] Ce même Démosthène, dont tu fais un homme si faible, tu veux qu’il l’emporte sur les armées de Philippe ; et avec quoi ? […] Tant d’éclairs m’éblouissent : je cherche une lumière douce, qui soulage mes faibles yeux. […] Dans le premier de ces deux vers, imperceptible ouvrage est joint par opposition à faible objet : tour plus hardi et plus vif que si l’on eût dit, faible objet qui est un ouvrage imperceptible. […] Elle est l’effet d’une imagination vivement frappée, à qui les expressions ordinaires paraissent trop faibles.

17. (1873) Principes de rhétorique française

Chercher à plaire à ces êtres faibles pour les amener à entendre la vérité, ce n’est pas complaisance ou bassesse, c’est plutôt sage concession à la débilité de leur nature. […] Les mœurs et les passions conviennent surtout dans les œuvres gui s’adressent aux êtres faibles et passionnés. […] Mais cela ne veut pas dire qu’il faille commencer par les preuves les plus faibles pour s’élever par degrés jusqu’aux plus fortes. […] Les preuves les plus faibles, si elles sont groupées, se prêteront un secours mutuel. […] — Après avoir opposé des raisons solides aux arguments les plus forts, il est permis de combattre les plus faibles par l’ironie.

18. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

Et les faibles mortels, vains jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux comme s’ils n’étaient pas. […] En effet, des expressions élevées et de petites idées ne font jamais que de l’enflure : la force de l’expression s’évanouit, si la pensée est trop faible ou trop légère pour y donner prise. […] Parmi les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, dit La Bruyère, il n’y en a qu’une qui soit la bonne, et tout ce qui ne l’est point est faible. […] 2° N’accumulez jamais dans une même phrase des choses qui ont entre elles une liaison si faible, qu’il soit facile de les séparer en deux ou trois phrases distinctes. […] Les phrases embarrassées, obscures et faibles, annoncent les mêmes défauts dans les idées qu’elles expriment.

19. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

L’éloquence Il ne faut pas faire à l’Éloquence1 le tort de penser qu’elle n’est qu’un art frivole, dont un déclamateur se sert pour imposer à la faible imagination de la multitude, et pour trafiquer de la parole. […] L’harmonie qui ne va qu’à flatter l’oreille n’est qu’un amusement de gens faibles et oisifs ; elle est indigne d’une république bien policée. […] Tant d’éclairs m’éblouissent : je cherche une lumière douce, qui soulage mes faibles yeux. […] Ainsi notre raison bornée, incertaine, fautive, n’est qu’une inspiration faible et momentanée d’une raison primitive, suprême et immuable, qui se communique avec mesure à tous les êtres intelligents. […] La piété n’a rien de faible, ni de triste, ni de gêné ; elle élargit le cœur, elle est simple et aimable, elle se fait toute à tous pour les gagner tous.

20. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bernardin de Saint-Pierre. (1737-1814.) » pp. 153-158

Si ce petit et faible oiseau aperçoit un vaisseau au milieu de la mer, il vient se réfugier le long de sa carène ; et, pour prix de l’asile qu’il lui demande, il lui annonce la tempête avant qu’elle arrive. […] Quand les rudes aquilons ont ravagé la terre, vous appelez le plus faible des vents ; à votre voix le zéphyr souffle, la verdure renaît, les douces primevères et les humbles violettes colorent d’or et de pourpre le sein des noirs rochers.

21. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

J’ai conçu l’idée de cette collection, plus particulièrement dans l’intérêt des élèves faibles, qui ont besoin de se familiariser avec l’art d’exposer des pensées d’une façon méthodique. […] Au moment où nous en sortirons, sans que les rangs soient reformés, et en présentant un front très étroit, ce qui est la disposition la plus faible, la cavalerie ennemie nombreuse et en bon ordre se précipitera sur nous. […] Beaucoup d’hommes, quoique très opulents, ne sont pas parfaitement heureux : d’autres au contraire le sont, quoique n’ayant qu’un faible patrimoine. […] Notre entreprise est assurée et par les bonnes dispositions de ceux qui nous appellent et par la faible résistance de ceux qui pourraient s’opposer à nous. […] Tu es Grec, et citoyen d’une ville qui n’est ni la plus faible, ni la moins importante de la Grèce.

22. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Mais je répète encore que l’agresseur doit succomber, s’il fait la faute que fit Eschine de trop étendre ses moyens dans une harangue diffuse, de présenter un trop grand nombre de points d’attaque, et de donner lieu à l’adversaire d’éluder les plus forts, d’aller droit aux plus faibles, et après avoir enfoncé la ligne, de culbuter les forces dispersées que l’accusateur lui opposait. […] De tout ce que je viens de dire, de l’art de ménager ses forces, il ne s’en suit pas que l’orateur doive mettre en avant ce qu’il a de plus faible, mais seulement qu’il doit réserver pour sa conclusion ce qu’il a de plus éminent. […] C’est prendre les soldats par leur faible. […] Ranime un faible espoir que chaque instant détruit. […] Assurément, ces vers qui avaient coûté au célèbre orateur une demi-journée de travail, ne valent pas un seul membre de la plus faible de ses périodes, qu’il avait peut-être fait en moins d’une minute.

23. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Son équitable austérité Défendra le faible pupille. […]         Quelle fatale erreur t’entraîne,         Homme faible et présomptueux ? […] « Les peuples les plus redoutables ont été pour moi comme un nid de petits oiseaux, qui s’est trouvé sous ma main : j’ai réuni sous ma puissance tous les peuples de la terre, comme on ramasse quelques œufs que la mère a ahandonnés ; et il ne s’est trouvé personne qui osât seulement agiter son aile, ou faire entendre un faible cri ».

24. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

Toutefois si quelqu’un de mes faibles écrits Des ans injurieux peut éviter l’outrage, Peut-être pour ta gloire aura-t-il son usage ? […] Massillon y peint avec énergie la folie des hommes qui emploient à offenser Dieu les courts instants qui leur sont accordés sur cette terre : Tout change tout s’use, tout s’éteint : Dieu seul demeure toujours le même ; le torrent des siècles qui entraîne tous les hommes coule devant ses yeux, et il voit avec indignation de faibles mortels emportés par ce cours rapide l’insulter en passant, vouloir faire de ce seul instant tout leur bonheur, et tomber en sortant de là entre les mains éternelles de sa colère et de sa justice. […] Les coursiers, dans Pradon, ne reconnaissent plus de maître ni de guide : ces deux expressions sont synonymes, la seconde même est plus faible que la première ; tandis que Racine nous montre les coursiers Ile connaissant plus ni le frein ni la voix, deux expressions qui ont un sens diffèrent chacune, au lieu d’être la répétition l’une de l’autre.

25. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Or l’un peut être sans l’autre, l’esprit pouvant être fort et étroit, et pouvant être aussi ample et faible. […] Il est vrai néanmoins qu’elle existe, que tout ce qui ne l’est point est faible, et ne satisfait point un homme d’esprit qui veut se faire entendre. […] Le doux mais faible Pavillon fait sa cour humblement à madame Deshoulières, qui est placée fort au-dessus de lui. […] Précepteurs ignorants de ce faible univers. […] Le style rend singulières les choses les plus communes, fortifie les plus faibles, donne de la grandeur aux plus simples.

26. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Faible vieillard. […] Dieu, devant lequel les princes de la terre ne sont plus que de faibles mortels. […] Les passions sont souvent le seul moyen qui puisse décider la volonté faible ou qui résiste, lorsque l’esprit a déjà été convaincu par des preuves. […] Il y en a de forts et de décisifs, d’autres médiocres, quelques-uns même faibles, mais qu’on ne doit pas quelquefois négliger. […] Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros.

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