Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants, Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens, Et régler la dépense avec économie, Doit être son étude et sa philosophie1. […] L’enfant louche, et le père parle de son regard oblique ; il l’appelle tendrement mon poulet, quand sa taille est ridiculeusement petite, comme jadis celle de l’avorton Sisyphe ; si ses jambes sont torses ou ses pieds contrefaits, il balbutie les noms de Varus et de Scaurus. […] Imaginez-vous l’application d’un enfant à élever un château de cartes, ou à se saisir d’un papillon ; c’est celle de Théodote pour une affaire de rien, et qui ne mérite pas qu’on s’en remue : il la traite sérieusement, et comme quelque chose qui est capital ; il agit, il s’empresse, il la fait réussir ; le voilà qui respire et qui se repose, et il a raison : elle lui a coûté beaucoup de peine. » (De la Cour.) […] C’est un enfant de l’orgueil qui naît tout élevé, qui manque d’abord d’audace, mais qui n’en pense pas moins. […] Le marchand le plus mince Élève ses enfants comme des fils de prince ; Sa fille, qu’en tous lieux il se plaît à vanter, N’entend rien au ménage, et ne sait pas compter ; En revanche elle fait des vers, de la musique, Et l’on trouve un piano… dans l’arrière-boutique.
Je me sentis pleurer, et ce fut un prodige3, Un mouvement honteux ; mais bientôt l’étouffant : « Nous nous sommes conduits comme il fallait, lui dis-je, Adieu donc, mon enfant ! […] Sa femme et ses enfants sont debout, et l’écoutent ; Et des chasseurs de daims, que les Hurons redoutent, Défricheurs de forêts et tueurs de bison, Valets et laboureurs, composent la maison. […] Tout est prêt et rangé dans sa juste mesure, Et la maîtresse, assise au coin d’une embrasure, D’un sourire angélique et d’un doigt gracieux Fait signe à ses enfants de baisser leur beaux yeux.
J’ai vu tendre aux enfants une gorge assurée, À la sanglante mort qu’ils voyaient préparée, Et tomber sous le coup d’un trépas glorieux Ces fruits à peine éclos, déjà mûrs pour les cieux… 1. […] Fénelon a dit : « Dieu a mis les hommes ensemble dans une société où ils doivent s’aimer et s’entre-secourir comme les enfants d’une même famille, qui ont un père commun. […] L’amour de ce père commun doit être sensible, manifeste, et inviolablement régnant dans toute cette société de ses enfants bien-aimés. […] Ils vont à lui comme les enfants à leur mère, et sur son sein ils dorment, ils prient, ils pleurent, ils demeurent.
Athalie, qui depuis plusieurs années s’est emparée de la couronne, demande au grand prêtre cet enfant contre lequel elle conçoit d’ailleurs quelques soupçons. […] Telle est la clémence d’Auguste qui pardonne de Cléopâtre qui veut faire périr ses enfants pour conserver son trône et sa puissance. […] Le Paria, Marino, Louis XI, les Enfants d’Édouard, la Fille du Cid, etc., sont des ouvrages qui restent dans toutes les mémoires, et dont la place est déjà marquée parmi les chefs-d’œuvre de notre théâtre. Empruntons à ses Enfants d’Édouard une partie du récit que fait le plus jeune de ces princes du songe qui lui annonçait le crime de Glocester, son oncle. […] En effet, après Corneille, Racine a fait les Plaideurs ; Voltaire, Nanine, l’Enfant prodigue et plusieurs autres ; Delavigne, les Comédiens, l’École des vieillards, la Princesse Aurélie, la Popularité.
« Jamais il ne faut permettre, a dit Nicole, que les enfants apprennent rien par cœur qui ne soit excellent ; car les choses qu’ils ont apprises sont comme des moules ou des formes que prennent leurs pensées lorsqu’ils les veulent exprimer. » Rollin demandait, d’après ce motif, des recueils français « qui, composés exprès, épargnassent aux maîtres la peine nécessaire pour feuilleter beaucoup de volumes, et aux élèves des frais considérables pour se les procurer ». […] Pour les enfants des classes élémentaires, convaincu qu’il fallait avant tout les former à l’usage de la langue de nos jours, nous avons, sans acception de temps, choisi chez ceux qui l’ont le mieux écrite, même chez les auteurs contemporains, ce qui nous a paru en rapport avec leur jeune intelligence.
Ce qui fait que la plupart des petits enfants plaisent, c’est qu’ils sont encore renfermés dans cet air et ces manières que la nature leur a donnés, et qu’ils n’en connaissent point d’autres. […] Parmi les hommes comme parmi les enfants.
Chers enfants de Cérès, ô chers agriculteurs ! […] Avec non moins d’orgueil et non moins de folie, Un élève d’Euterpe, un enfant de Thalie, Qui dans ses vers pillés nous répète aujourd’hui Ce qu’on a dit cent fois, et toujours mieux que lui, De sa frivole muse admirateur unique, Conçoit pour tout le reste un dégoût léthargique, Prend pour des arpenteurs Archimède et Newton, Et voudrait mettre en vers Aristote et Platon1. […] Victor Hugo (Espoir en Dieu) ces beaux vers : Espère, enfant ! […] Il écrivait à madame Denis : « Je commence, ma chère enfant, à sentir que j’ai un pied hors du château d’Alcine… Je ferai voile de l’île de Calypso, sitôt que ma cargaison sera prête, et je serai beaucoup plus aise de retrouver ma nièce que le vieil Ulysse ne le fut de retrouver sa vieille femme. » 3.
Ce dernier trait, d’abord contenu, échappe à la naïveté de l’enfant, et l’effet en est terrible. […] La naïveté est le propre d’un enfant ingénu ou d’un villageois sans culture qui a de l’esprit naturellement et comme sans s’en douter. […] Cet enfant de David, votre espoir, votre attente ! […] Quel sera, quelque jour, cet enfant merveilleux ? […] Casimir Delavigne a remplacé les airs par des chœurs, et Lamartine a fait une cantate sans aucune allégorie pour les enfants d’une maison de charité.
Il y a, dans l’entrevue de ce petit Mignon avec l’Empereur, des circonstances qu’on est bien aise de savoir, et qu’il raconte avec une grande naïveté : cet élan d’un enfant, cette botte saisie, cette jambe héroïque secouée, et l’entretien qui s’établit : « — Que me demandes-tu ? […] Il compare ce germe à un enfant qui dort dans son berceau.
Mais autant les hommes de génie sont rares, autant l’inspiration du ciel visite rarement l’homme de génie lui-même ; il a ses moments d’enthousiasme, comme le volcan ses éruptions flamboyantes ; puis il retombe dans le silence et l’obscurité, comme s’il était consumé par ses propres efforts : Ainsi, quand l’aigle du tonnerre Enlevait Ganymède aux cieux, L’enfant, s’attachant à la terre, Luttait contre l’oiseau des dieux ; Mais entre ses serres rapides L’aigle, pressant ses flânes timides, L’arrachait aux champs paternels, Et, sourd à la voix qui l’implore, Il le jetait, tremblant encore, Jusques aux pieds des immortels. […] Dante n’a point vu Ugolin dans la tour de la Faim, il n’a pas ressenti les tortures de son âme paternelle en voyant ses enfants mourir d’inanition ; il imagine, et quelles couleurs naturelles ! […] À l’origine des sociétés, l’homme est encore enfant ; il sent plus qu’il ne réfléchit.
Oui, je le soutiens, et je ne crains point d’être démenti par l’expérience, un enfant qui n’est pas mal né, et qui a conservé jusqu’à vingt ans son innocence, est, à cet âge, le plus généreux, le meilleur, le plus aimant et le plus aimable de tous les hommes4. […] Comparez le portait de l’enfant dans Horace et Boileau. […] Tout enfant impie est un méchant ou débauché.
Ici, un enfant échappé du naufrage est porté sur les épaules de son père ; là, une femme étendue morte sur le rivage, et son époux qui se désole. […] On dirait de celui-ci qu’il commence par créer le pays, et qu’il a des hommes, des femmes, des enfants en réserve, dont il peuple sa toile comme on peuple une colonie ; puis il leur fait le temps, le ciel, la saison, le bonheur, le malheur qu’il lui plaît. […] Mes enfants, je vous préviens que ce n’est pas moi.
Les adjectifs, ainsi que les noms en ant, ou en ent, tels que enfant, prudent, conservent le t au pluriel : des enfants prudents.
Le pont était couvert de six cents créatures humaines4, dont plusieurs, que le mal de mer avait retenues dans leur lit, s’étaient vues forcées de s’enfuir sans vêtement, et couraient çà et là, cherchant un père, un mari, des enfants. […] Les femmes et les enfants des soldats étaient venus chercher un refuge dans les chambres des ponts supérieurs, et là ils priaient et lisaient l’Écriture sainte avec les femmes des officiers et des passagers.
Ainsi les jolis vers de madame Deshoulières à ses enfants, Dans ces près fleuris Qu’arrose la Seine…, ce qu’elle a fait de mieux, à mon goût. […] Enfants, ainsi toujours puissiez-vous être unis, dit Joad à Joas et à Zacharie, que désuniront plus tard les haines religieuses ; et dans la Henriade : Ton roi, jeune Biron, te sauve enfin la vie. […] … Facies non omnibus una Nec diversa tamen… Une mère désespérée écrit sur la tombe de son enfant le mot fatal de la Bible : Et noluit consolari ; une mère résignée, le mot consolant de l’Evangile : Laissez venir à moi les petits enfants.
C’est-à-dire, dans l’un et l’autre cas l’enfant doit périr. […] Antiloque, Pisistrate, ô chers enfants ! […] Sur la fin du règne d Auguste, par une froide nuit d’hiver, naissait sur la paille, débile, souffrant et dénué de tout, un enfant destiné à sauver le monde. […] Les enfants des souverains n’ont plus rien de nouveau à voir, parce qu’ils voient tout dès leur enfance : dès leur berceau on leur prépare leur ennui. […] Comme, elles forment le langage de l’imagination, elles sont très-familières aux êtres les plus passionnés, c’est-à-dire aux enfants et à la foule non moins qu’aux poëtes et aux orateurs.
Par cette voie, elle s’acquit une familiarité avec eux9 dont aucun des enfants du roi, non pas même ses parents, n’avait pu approcher. […] Elle prend avec eux des libertés aimables d’enfant gâtée, et les traite gentiment en grands parents.
Les enfants et les jeunes gens sont imprévoyants. — 10. […] Aucun père ne souhaite à ses enfants une vie éternelle. — 9. […] Il dévorait ses enfants ; c’est pourquoi des enfants étaient immolés à Saturne. […] Un poëte a comparé les hommes insensés à des enfants. — 2. […] Nous donnons prudemment de l’eau à boire aux enfants. — 13.
Que dites-vous, mon enfant, de l’infinité de cette lettre ? […] Il fait peur, il fait pitié : il pleure comme un enfant, il rugit comme un lion. […] ô joie pure des enfants de Dieu ! […] Les pères de famille espèrent la longueur de ma vie comme celle de leurs enfants : les enfants craignent de me perdre, comme ils craignent de perdre leur père. […] Comptez que vous tuez votre enfant en le caressant trop.
Ils le représentent sous la figure d’un enfant nu, avec un arc et un carquois rempli de flèches ardentes, dont il blesse les cœurs. […] La fable, qui les a personnifiés, les représente sous la figure de petits enfants ailés. […] Angleterre (Henriette Anne d’), la dernière des enfants de Charles I, roi d’Angleterre, et de Henriette-Marie de France. […] Après la mort de son mari, la soif de régner la porta à faire massacrer tous les enfants de son fils Ochosias qui n’existait plus. […] Après avoir vu périr tous ses enfants par le fer de l’ennemi, il fut lui-même égorgé dans son palais, l’an 1209 avant Jésus-Christ, par Pirrhus, fils d’Achille, au pied de l’autel de Jupiter, qu’il tenait embrassé.
Comme il disait ces mots, Du bout de l’horizon accourt avec furie Le plus terrible des enfants Que le nord eût porté jusque-là dans ses flancs. […] C’est une mère furieuse qui est sur le point d’égorger son enfant. […] L’enfant tend les bras à sa mère pour la recevoir et l’embrasser ; et cette action naturelle et attendrissante fait ressortir la fureur d’une mère dénaturée. […] Ecrit presque toujours pour les enfants, le conte veut un style simple, léger, familier et à la portée du premier âge. […] Chacun se rappelle ici quel agrément on éprouve en lisant les contes du chanoine de Schmit, quelles larmes d’attendrissement ils font verser aux enfants et combien l’on est heureux de voir toujours la vertu récompensée et la méchanceté punie.
L’abbé Beauregard venait de prêcher son beau sermon sur la Providence, et avait prouvé à son auditoire qu’elle veille toujours sur ses enfants, et que jamais elle ne les abandonne. […] Finir en disant qu’elle attire sur les enfants qui pratiquent cette vertu, les faveurs du ciel. […] Ainsi l’on écrira avec mesure à ses supérieurs ; avec respect aux personnes âgées ; avec franchise à ses égaux ; avec expansion à ses amis ou à ses parents ; ainsi l’on ne pourra prendre un ton de gaieté avec une personne plongée dans la tristesse, un ton de protection ou de hauteur avec un égal, un ton grave avec un enfant, ou un ton de familiarité avec un supérieur. » § III. […] La seconde est d’avoir une extrême docilité pour les avis de M. et de madame Vignan, qui vous aiment comme leur enfant. […] M. le cardinal entra dans les miennes ; la sorte d’amitié qu’il a pour vous le rend fort sensible à votre départ… Ne blâmez point, mon enfant, ce que je sentis en rentrant chez moi : quelle différence !
Rome entière noyée au sang de ses enfants. […] : Voilà donc quels vengeurs s’arment pour ta querelle, Des prêtres, des enfants, ô sagesse éternelle ! […] : J’ai révélé mon cœur au Dieu de l’innocence : Il a vu mes pleurs pénitents, Il guérit mes remords, il m’arme de constance : Les malheureux sont ses enfants. […] : Quel astre à nos yeux vient de luire, Quel sera, quelque jour, cet enfant merveilleux ? […] : Rome entière noyée au sang de ses enfants.
-D. de la Garde, mentionné par Chateaubriand ; le cantique de la Croix, du cardinal Giraud ; un Noël sur le sommeil de l’enfant Jésus, et un autre intitulé la Belle Étoile. […] Rousseau ; les dernières paroles de Gilbert ; le Bonheur, par Léonard ; la Jeune captive, d’André Chénier ; la Chute des feuilles et l’Anniversaire, de Millevoye ; la Mort de Jeanne d’Arc, et le Jeune diacre, de Casimir Delavigne ; la Jeune fille agonisante, de Campenon ; les Tombeaux de Saint-Denis et Louis XVIII, de Tréneuil ; le Petit Savoyard, de Guiraud ; la Prière de l’enfant, de Lamartine ; l’Ange et l’enfant, de Reboul ; le Retour à la chapelle, de Mme Tastu ; le Dernier hymne d’Ossian ; le Cimetière de campagne, de Gray ; Une mère à son enfant, de Campbell ; A l’Irlande, par Thomas Moore, § III — Du dithyrambe 223. […] C’est ainsi que Casimir Delavigne et Lamartine ont remplacé les airs par des chœurs, le premier dans sa belle cantate des Troyennes, et le second dans sa magnifique cantate pour les Enfants d’une maison de charité. […] On peut citer comme modèles de chansons religieuses, l’Église de campagne, et la Pauvre Lidwine par Mlle Angélique Gordon ; le Voyageur, par Béranger, et le Bon Dieu du petit enfant.
Il dit ailleurs : « Si un roi épouse une fille de basse extraction, elle devient reine ; on en murmure quelque temps, mais enfin on la reconnaît ; elle est anoblie par le mariage du prince, sa noblesse passe à sa maison, ses parents sont appelés aux plus belles charges, et ses enfants sont les héritiers du royaume. […] Comparez ce fragment du sermon de Jocelyn aux enfants du village : Ne dites pas, enfants, comme d’autres ont dit : « Dieu ne me connaît pas, car je suis trop petit « Dans sa création ma faiblesse me noie ; « Il voit trop d’univers pour que son œil me voie. » L’aigle de la montagne un jour dit au soleil : « Pourquoi luire plus bas que ce sommet vermeil ? […] … » Chers enfants, bénissez, si votre cœur comprend, Cet œil qui voit l’insecte, et pour qui tout est grand.