… Qu’est devenue, ô mon ami, qu’est devenue ton éloquence ? […] Cessez à présent d’être leurs mères pour devenir leurs juges ; leur vie et leur mort sont entre vos mains. […] Par exemple : « Je demande comment cet homme est devenu si riche : lui a-t-on laissé un ample patrimoine ? […] Les guerres civiles, les meurtres, les brigandages, les factions charmèrent son premier âge, et devinrent les soins de sa jeunesse. […] L’esprit aime les contrastes, dit Montesquieu ; mais le tour de phrase toujours le même et toujours uniforme déplaît extrêmement : ce contraste perpétuel devient symétrie, et cette opposition toujours recherchée devient uniformité.
Il n’est donc pas étonnant que ce magnifique sujet soit devenu, entre ses mains, l’un des plus beaux monuments de notre langue. […] Ce texte, qui convient à tous les états, à tous les événements de notre vie, par une raison particulière devient propre à mon lamentable sujet, puisque jamais les vanités de la terre n’ont été si clairement découvertes, et si hautement confondues. […] Commencez aujourd’hui à mépriser les faveurs du monde ; et toutes les fois que vous serez dans ces lieux augustes, dans ces superbes palais à qui Madame donnait un éclat que vos yeux cherchent encore ; toute les fois que regardant cette grande place qu’elle remplissait si bien, vous sentirez qu’elle y manque, songez que cette gloire que vous admirez, faisait son péril en cette vie, et que dans l’autre elle est devenue le sujet d’un examen rigoureux, où rien n’a été capable de la rassurer, que cette sincère résignation qu’elle a eue aux ordres de Dieu, et les saintes humiliations de la pénitence ».
Ce brillant caractère me frappe d’abord dans tous les ouvrages marqués au coin de la vraie philosophie : je sens un génie supérieur qui m’enlève au-dessus de ma sphère ; et qui, m’arrachant aux petits objets, autour desquels ma raison se traînait lentement, me place tout d’un coup dans une région élevée, d’où je comtemple ces vérités premières, auxquelles sont attachées, comme autant de rameaux à leur tige, mille vérités particulières ; dont les rapports m’étaient inconnus : il me semble alors que mon esprit se multiplie et devient plus grand qu’il n’était. […] Écartant avec dédain toutes ces minuties scolastiques qui remplissent l’esprit sans l’éclairer, ils vous porteront d’abord au centre où tout vient aboutir, et vous mettront à la main le nœud, pour ainsi dire, de toutes les vérités de détail, lesquelles, à le bien prendre, ne sont réellement vérités que pour ceux qui en connaissent l’étendue et les affinités secrètes : aussitôt toutes vos observations s’éclairent mutuellement, toutes vos idées se rassemblent en un corps de lumière ; il se forme de toutes vos expériences un grand et unique fait, et de toutes vos vérités une seule et grande vérité qui devient comme le fil de tous les labyrinthes. […] » Mais si la nature, en vous accordant le talent de penser en philosophe, vous a refusé cette heureuse sensibilité qui saisit le beau avec transport, et le reproduit avec force ; si vous n’êtes qu’un esprit toujours réfléchissant, la règle devient plus sévère à votre égard, et vous bannit de l’empire du goût ; éloignez-vous : la raison séparée des grâces, n’est qu’un docteur ennuyeux qu’on laisse tout seul au milieu de son école.
« C’est un métier de faire un livre, comme de faire une pendule, disait la Bruyère ; il faut plus que de l’esprit pour être auteur3. » La rhétorique n’eût-elle d’autre résultat que d’aplanir les difficultés de cet apprentissage, ceux qui aspirent à devenir praticiens ne devraient pas la négliger. […] « La nature est riche, dit Vico dans ses Institutions oratoires, l’art pauvre, l’exercice et le travail invincibles… Aussi, ajoute-t-il, les peintres qui veulent devenir excellents ne s’arrêtent pas aux longues et subtiles discussions sur leur art, mais ils passent des années entières à copier les tableaux des grands maîtres. » La meilleure leçon pour l’écrivain est l’étude approfondie des bons modèles, et les travaux qui ont pour but de reproduire les formes de leur style. […] Ce n’est pas rendre un service aux génies que de les dégager de l’assujettissement à la méthode ; elle est pour eux ce que les lois sont pour l’homme libre. » Seulement j’ajouterai avec Montesquieu : « Comme les lois sont toujours justes dans leur être général, mais presque toujours injustes dans l’application, de même les règles, toujours vraies dans la théorie, peuvent devenir fausses dans l’hypothèse.
Celui-là sur l’airain a gravé sa pensée ; Dans un rhythme doré l’autre l’a cadencée ; Du moment qu’on l’écoute, on lui devient ami. […] Recevant d’âge en âge une nouvelle vie, Ainsi s’en vont à Dieu les gloires d’autrefois ; Ainsi le vaste écho de la voix du génie Devient du genre humain l’universelle voix… Et de toi, morte hier, de toi, pauvre Marie, Au fond d’une chapelle il nous reste une croix ! […] Le ciel de ses élus devient-il envieux ?
Brisant alors, non sans douleur, des liens qui lui étaient devenus chers, il quitta son ermitage philosophique pour se fixer à Paris, et s’y vouer à ses goûts d’étude, sans autre fortune que son talent. […] Ce 1er mai me fait l’effet d’un jour de noces devenu jour de convoi. […] c’est que je ne sais pas me gouverner, c’est que ma volonté n’est pas unie à la vôtre, et, comme il n’y a pas autre chose où elle puisse se prendre, je suis devenu le jouet de tout ce qui souffle sur la terre1.
L’élément est un son indivisible ; non pas un son quelconque, mais un son qui peut devenir naturellement un son intelligible. […] De même les habitudes ; et en effet, ce qui nous est habituel devient comme naturel, et l’habitude a quelque ressemblance avec la nature. […] Il est encore agréable de compléter une opération inachevée, car cette opération, dès lors, devient nôtre. […] En effet, ils sont à craindre dès maintenant, ou le seront quand leur puissance sera devenue plus grande. […] On devient arrogant et hautain, sous l’influence de la richesse que l’on acquiert.
Combien de réflexions suggère la transformation du drame chevaleresque du grand Corneille dans la tragédie majestueuse de Racine, qui devient à son tour le mélodrame philosophique de Voltaire ! […] La chaleur était étouffante ; tout à coup, comme le soleil baissait pourtant déjà à l’horizon, elle s’accrut d’une façon inattendue jusqu’à devenir insupportable. […] Ils aimaient la guerre avec passion, comme le moyen de devenir riches dans ce monde, et, dans l’autre, convives des dieux. […] Lorsqu’une réforme est devenue nécessaire, et que le moment de l’accomplir est arrivé, rien ne l’empêche, et tout la sert. […] Peu à peu les couleurs s’obscurcirent, les contours devinrent plus massifs, les profondeurs plus mystérieuses.
Le plus grand déplaisir qui puisse m’arriver au monde, c’est s’il me revenait que vous êtes indévot, et que Dieu vous est devenu indifférent. […] On s’ennuie, on devient maussade, on vieillit d’un siècle par an. […] je deviens méchant. […] La couleur des eaux devint semblable à celle du verre liquide. […] La mère de Chénier était Grecque ; il goûta dès l’enfance l’harmonie de cette belle langue des Hellènes, et, devenu poète, il transporta dans ses compositions quelque chose de la douceur, de la grâce, de la riche simplicité du génie antique.
C’est en vain qu’au travers des bois, avec sa cavalerie toute fraîche, Beck4 précipite sa marche pour tomber sur nos soldats épuisés : le prince l’a prévenu, les bataillons enfoncés demandent quartier ; mais la victoire va devenir plus terrible pour le duc d’Enghien que le combat. […] Ainsi nous pouvons dire, messieurs, que la justesse est devenue par vos soins le partage de notre langue, qui ne peut plus rien endurer d’affecté ni de bas : si bien qu’étant sortie des jeux de l’enfance et de l’ardeur d’une jeunesse emportée, formée par l’expérience et réglée par le bon sens, elle semble avoir atteint la perfection qui donne la consistance. […] Guillaume II de Nassau, mort en 1650, père de Guillaume III, stathouder de Hollande, qui devint roi d’Angleterre, en 1688, après que Jacques II, son beau-père, eût été détrôné. […] Celui-ci datait de 1671. — Un des principaux bienfaits de l’Académie française, qui a si glorieusement justifié toutes les espérances de son fondateur, a été, suivant l’observation de Bossuet lui-même, de fixer notre idiome, « qui devenait jusque-là barbare dans le cours de peu d’années. » Tel fut le fruit des modestes mais très-utiles discussions grammaticales qui occupaient cette assemblée dans le principe, et dont il nous reste un témoignage curieux dans les Remarques de Vaugelas sur la langue française.
puissance tribunitienne, ô institutions de la patrie, qu’êtes-vous devenues ? […] Cessez à présent d’être leurs mères pour devenir leurs juges ; leur vie et leur mort sont entre vos mains. […] — Quelle délicate flatterie pour Bérénice quand Titus faisant allusion à l’absence de la reine lui dit : Dans l’Orient désert quel devint mon ennui ! […] Supprimez la dernière conjonction puisque, la phrase devient claire et élégante en restant correcte. […] A ce propos, plus que jamais, i importe de rappeler cette observation de goût que plus une expression est énergique et puissante quand elle est mise à sa place, plus elle devient ridicule quand elle est employée à contre-sens.
La passion s’enflamme, les figures les plus hardies deviennent naturelles, parce qu’elles sont naturellement amenées : la chaleur du discours, l’élan du sentiment se communiquent de proche en proche, les esprits sont convaincus ; les cœurs entraînés, et la vérité triomphe. […] Que le plaisir de nous entendre parler ne nous fasse jamais oublier que les auditeurs sont faciles à lasser ; que l’inconstance et la légèreté du plus grand nombre ne leur permettent pas de donner, à rien de sérieux, une attention longtemps suivie ; et lorsqu’une fois cette lassitude commence à se faire sentir, tout l’effet de notre éloquence devient absolument nul.
La Boétie 1530 1563 [Notice] Né dans le Périgord, à Sarlat, en 1530, peu de temps après la paix de Cambrai, lorsque François Ier, sans cesser d’être l’ennemi de Charles-Quint, devint son beau-frère, Étienne de la Boétie appartenait à cette génération qu’auima la ferveur de l’érudition classique. […] Villemain, un manuscrit antique trouvé dans les ruines de Rome sous la statue brisée du plus jeune des Gracches. » Ce tribun de dix-huit ans devint plus tard conseiller au Parlement.
Tu deviens le port tranquille où l’on se réfugie pendant l’orage, où l’on se félicite après le danger. […] Le Sorite, ou accumulation, est un raisonnement composé d’un nombre indéterminé de propositions, disposées de telle façon que l’attribut de la première devienne le sujet de la seconde, l’attribut de la seconde, le sujet de la troisième, et ainsi de suite jusqu’à la Conclusion, qui prend pour sujet, le sujet de la première proposition, et pour attribut l’attribut de la dernière. […] C’est la raison énergique et brûlante comme la passion ; c’est la passion calme et pure comme la raison : nos devoirs les plus saints deviennent nos voluptés les plus douces, et tout l’homme est d’accord. […] Je crois voir de tes mains tomber l’urne terrible ; Je crois te voir, cherchant un supplice nouveau, Toi-même de ton sang devenir le bourreau. […] Là, tous les airs de la ville seraient oubliés ; et, devenus villageois au village, nous nous trouverions livrés à des foules d’amusements divers, qui ne nous donneraient chaque soir que l’embarras du choix pour le lendemain.
Cessez à présent d’être leurs mères pour devenir leurs juges. […] Le meilleur moyen d’apprendre et de devenir savant, c’est d’enseigner : en prêchant, on devient prédicateur. […] Qu’étaient-ils devenus ? […] qui deviendra son guide et sa lumière ? […] Alors il devient grand, puissant, éclatant comme elle.
La terre stérile sous les flots de sang qui l’inondent devient cruelle et barbare comme les hommes qui la ravagent, et l’on s’égorge en mourant de faim. […] Fénelon donne l’exemple de la générosité : il envoie le premier toutes les récoltes de ses terres, et l’émulation gagnant de proche en proche, les pays d’alentour font les mêmes efforts et l’on devient libéral même dans la disette. […] L’air devenu serein, il pari tout morfondu Sèche du mieux qu’il peut son corps chargé de pluie. […] La domination romaine devient en horreur. […] — « Sire, que deviendrons-nous, si vous n’y êtes plus ?
Rien de plus imposant que l’idée d’une force surnaturelle, qui rend des êtres surnaturels capables d’arracher des montagnes et de les lancer dans les airs avec autant de facilité que de justesse ; mais plus cette idée est grande, plus elle deviendra puérile, basse et dégoûtante, si on l’accompagne de circonstances ridicules. […] Dans la poésie, dans l’éloquence, les grands mouvements des passions deviennent, froids quand ils sont rendus en termes communs et dénués d’imagination. […] Ses Poésies Sacrées surtout, la partie la plus recommandable de ses Œuvres, devinrent, pour le patriarche de la secte, la source d’une foule de plaisanteries, plus dignes, pour la plupart, d’un bateleur de la foire, que d’un homme tel que Voltaire.
Elles devinrent tout à la fois plus abondantes et plus précises. […] L’allusion avait toujours eu le défaut d’être un peu vague, elle eut celui de devenir commune. […] Ce que les uns nomment hypallage, les autres l’appellent métonymie ; certaines synecdoques, qui chez ceux-ci restent synecdoques, deviennent métonymies ou antonomases chez ceux-là.
Quand l’inspiration s’empare du génie, dans son délire fécond et sublime, l’homme sent le besoin de manifester sa pensée par des œuvres : il crée, il devient réellement poète. […] L’étude la rend plus vive en l’appliquant à la contemplation des beautés de la nature et de l’art ; elle se fixe et se pose des règles ; alors le goût la dirige, et elle devient, pour un esprit cultivé, la source de douces jouissances. L’imagination, ainsi cultivée par l’étude, tend à sortir d’elle-même et à devenir créatrice : elle est l’indice non équivoque du talent ou du génie.
On sait qu’après la retraite de d’Alembert, il devint le principal architecte de l’encyclopédie, ce monument philosophique1 qui, de l’aveu de Voltaire, était bâti moitié de marbre, moitié de boue2. […] J’ai un masque qui trompe l’artiste : soit qu’il y ait trop de choses fondues ensemble, soit que, les impressions de mon âme se succédant très-rapidement et se peignant toutes sur mon visage, l’œil d’un peintre ne me retrouvant pas le même d’un instant à l’autre, sa tâche devienne beaucoup plus difficile qu’il ne la croyait. […] Diderot recommande au critique d’art d’entrer dans la toile qu’il vent juger ; ici il devient acteur de la scène qu’il peint.
Pardon, mon oncle, je me répète : tout sentiment surabondant fait ainsi ; mon cœur crie sans cesse qu’il vous respecte, qu’il vous aime, qu’il espère en vous : éclairez-le, guidez-le ; ce cœur toujours ardent est devenu docile ; il obéira à la moindre inflexion de votre main ou de celle de mon père. […] Necker avait l’ombre de caractère, il serait inébranlable, marcherait avec nous au lieu de déserter notre cause qui est la sienne, deviendrait cardinal de Richelieu sur la cour, et nous régénérerait. […] Mais outré, bizarre, sophiste même quand il n’était pas soutenu par la passion, il devenait tout autre par elle.
Ses travaux sont devenus le fondement le plus solide, le plus fidèle miroir de la science moderne, dans ce qu’elle a de certain et d’invariable. […] Ses paroles jaillissent énergiques et nouvelles ; son improvisation devient pure et correcte, en restant véhémente, hardie, singulière ; il méprise, il insulte, il menace ; une sorte d’impunité est acquise à ses paroles comme à ses actions ; il refuse les duels avec insolence, et fait taire les factions du haut de la tribune1. […] Quand cet homme était à la tribune dans la fonction de son génie, sa figure devenait splendide et tout s’évanouissait devant elle. » (Littérature et philosophie, p. 110, Hachette et Cie.)
Je deviendrais aveugle que j’aurais encore, je le crois, du plaisir à tenir dans mes mains un beau livre. […] Il me semble que, par un si long et si doux commerce, ils sont devenus comme une portion de mon âme !
Peut-être que, familiarisés davantage avec le style de ceux de tous les hommes qui ont parlé de la religion et de la morale de la manière la plus digne d’elles, ils concevront mieux qu’un grand prédicateur, qu’un véritable apôtre de l’Évangile, peut devenir un homme utile à la société ; et que celui qui, du haut de la tribune sacrée, annonce au peuple les paroles de la sagesse, contribue plus efficacement qu’ils ne le pensent à la félicité commune. […] Si la gravité domine, elle peut devenir trop sombre et trop monotone ; si la chaleur manque de gravité, ce n’est plus qu’une déclamation théâtrale, au moins déplacée, quand elle n’est pas ridicule dans la chaire.
comme elle devient sublime par le spectacle qui entoure l’orateur ! […] La narration s’arrête, la transition est brusque, la phrase se meurt lentement, devient courte et hérissée de noms propres. […] Si la césure est placée sans goût pour le simple besoin de la phrase, pour obtenir un effet puéril, ridicule, ou pour arrêter la pensée sur un objet horrible, monstrueux, etc., elle manque totalement son but et devient une faute impardonnable. […] Si l’e muet précédé d’une voyelle est suivi de consonnes qui ne modifient point la prononciation ou la quantité prosodique, l’entrée du vers lui est défendu ; il devient alors nécessaire de rejeter ces mots à la fin du vers. […] D’un autre côté un très petit nombre d’hommes sont appelés à devenir orateurs politiques, avocats, prédicateurs.