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37. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Dans nos tribunaux, il faut convaincre, et l’on y demande plus de raisonnement que de pathétique. […] Je vous le demande ; vous l’ignorez, et je l’ignore moi-même. […] Celui qui demande pourquoi l’opium fait dormir, sait fort bien que l’opium a une vertu dormitive ; mais il demande d’où vient cette vertu. […] et tu ne rougis pas de m’en demander compte ! […] Mais il y a des sujets qui demandent d’un bout à l’autre un style simple.

38. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Tous les sujets ne demandent pas de divisions. […] Quand le sujet demande un style pathétique, on doit le puiser dans la nature. […] On ne lui demande ni texte, ni exorde, ni préambule ; il abordera simplement son sujet. […] Tout ce qu’on demande à l’écrivain, c’est de discuter avec méthode et clarté. […] Est-ce là, nous le demandons, la dignité du saint prêtre, l’attitude pieuse de l’apôtre ?

39. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Venez, jeunes beautés, Chimène la demande. […] C’était moins contre le roi que contre la cour que la France demandait des garanties. […] demandez à la terre ! […] Pourquoi le demander, puisque vous le savez ? […] Pourquoi je le demande ?

40. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Préface. »

Eh bien, ce sont là précisément ces Notions de littérature demandées par le règlement nouveau qu’il s’agit d’ajouter aux traités ordinaires de rhétorique, et pour lesquelles nous avons rédigé le présent ouvragé. […] Il est inutile d’ajouter que ce sont là les grandes divisions, et que chacune d’elles se subdivise autant que l’usage commun le demande. […] Nous savons qu’un travail de ce genre a été fait tout au commencement de ce siècle sur l’ouvrage de Batteux et n’a eu qu’un demi-succès ; mais, indépendamment de ce que Batteux demande à être complété, il ne suffit pas, quand on renouvelle pour l’usage présent un ancien ouvrage, d’y opérer quelques coupures : le nouvel éditeur doit y mettre son cachet et en faire un ouvrage vraiment neuf et qu’il puisse dire sien.

41. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XII. du corps de l’ouvrage. — portrait, dialogue, amplification  » pp. 161-174

Vous demanderez peut-être quelques règles de disposition pour le dialogue, comme pour le récit, la description et le portrait. […] Songez que le ministre Necker, pour remédier à l’embarras des finances, ne demandait rien moins que le quart de la fortune de chaque citoyen ; songez quelle opposition devait soulever et souleva réellement l’idée d’un si formidable impôt ; songez que l’orateur avait déjà parlé trois fois dans la séance, qu’il était plus de quatre heures, ce qui répond à six ou à sept dans nos habitudes actuelles, que l’attention de tous était fatiguée, épuisée par la longueur et la violence de la discussion. […] Il n’ose, il est vrai, défendre ni les cornes menaçantes, ni les écailles jaunissantes ; soit, et j’accorde que Racine ail oublié, dans ce récit, sa sobriété habituelle ; mais, d’une autre part, se borner à l’assertion laconique de Fénelon, c’eût été, en quelque sorte, désappointer le lecteur, qui, comme Thésée, demande des détails, c’est-à-dire l’amplification. […] Le père attendri demande « quel Dieu lui a ravi son fils, quelle foudre soudaine ? […] On lui demande des détails ; il doit en donner… Quel est le spectateur qui voudrait ne les pas entendre, ne pas jouir du plaisir douloureux d’écouter les circonstances de la mort d’Hippolyte ?

42. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — De Maistre, 1753-1821 » pp. 377-387

Le cheval qui porte son maître à la chasse du tigre se pavane sous la peau de ce même animal2 ; l’homme demande tout à la fois, à l’agneau ses entrailles pour faire résonner une harpe, à la baleine ses fanons pour soutenir le corset de la jeune vierge, au loup sa dent la plus meurtrière pour polir les ouvrages légers de l’art, à l’éléphant ses défenses pour façonner le jouet d’un enfant : ses tables sont couvertes de cadavres. […] N’entendez-vous pas la terre qui crie et demande du sang ? […] On croit voir ces grands coupables, éclairés par leur conscience, qui demandent le supplice et l’acceptent pour y trouver l’expiation. […] L’histoire nous montre souvent le spectacle d’une population riche et croissante au milieu des combats les plus meurtriers ; mais il y a des guerres vicieuses, des guerres de malédictions, que la conscience reconnaît bien mieux que le raisonnement : les nations en sont blessées à mort, et dans leur puissance, et dans leur caractère ; alors vous pouvez voir le vainqueur même dégradé, appauvri, et gémissant au milieu de ses tristes lauriers, tandis que sur les terres du vaincu, vous ne trouverez, après quelques moments, pas un atelier, pas une charme qui demande un homme. » 1. […] Il ne réussit bien qu’aux sentiments qui exigent du jet, et au commerce qui demande du goût, de la hardiesse et de la célérité. » « Les journaux et les livres sont plus dangereux en France qu’ailleurs, parce que tout le monde y veut avoir de l’esprit ; et que ceux qui n’en ont pas en supposent toujours beaucoup à l’auteur qu’ils lisent, et se hâtent de penser on de parler comme lui. » « En France, il semble qu’on aime les arts pour en juger bien plus que pour en jouir. » 1.

43. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Avocat à Paris en 1822, il ne demandait au ciel et à la terre qu’une cause à servir par un entier dévouement. […] Quand les consuls regardaient le Capitole, le temple de Jupiter se montrait à eux au-dessus des destinées de la République, et, si chère que Rome leur fût, telle place qu’elle occupât dans leurs cœurs, ils entendaient une voix obscure qui leur demandait davantage et leur prophétisait au delà. […] J’irais donner dans Notre-Dame, à nos ennemis, le spectacle d’un religieux qui a peur après avoir affiché le courage, qui se cache après s’être montré, qui demande grâce et merci en considération de son déguisement volontaire ? […] M. de Lamartine raconte, dans son Voyage d’Orient, qu’étant allé visiter lady Stanhope dans le Liban, elle lui demanda son nom. […] Je demandais un jour, il y a de cela quinze ou vingt ans, à un préfet, homme de beaucoup d’esprit, pourquoi il ne venait pas plus souvent à Paris, et pourquoi, quand il y venait, il n’y restait pas plus longtemps.

44. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Rabelais, 1483-1553 » pp. -

Si l’on se demande ce qu’eût été Molière en un siècle où tout esprit indépendant avait à craindre le Châtelet, le Parlement et la Sorbonne, Molière privé d’un théâtre et réduit à dérober son bon sens sous la livrée de la folie, on songera tout naturellement au pantagruélisme de Rabelais, côtoyant les piéges sans y tomber, et sauvant ses audaces par l’apparente insanité d’un rire sans cause. […] beuuons6 ; ho, laissons toute melancholie ; apporte du meilleur, rince les verres, boute7 la nappe, chasse ces chiens, souffle ce feu, allume la chandelle, ferme cette porte, taille ces souppes8, enuoye9 ces pauures, bai’le10 leur ce qu’ilz demandent, tiens ma robbe, que ie me mette en pourpeinct11 pour mieux festoyer12 les commeres. […] Quand ilz feurent au plus parfond8 du gué, au dessus de la roue du moulin, il luy demanda s’il auoit poinct d’argent sus luy. […] Puys le medicin demandant son salaire, le mary respondit qu’il estoit vrayement sourd : et qu’il n’entendoit sa demande. […] Qu’il avait trouvé le régal fort bon, et ne demandait qu’à recommencer.

45. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

D’autres, quand la reine leur demandait quel temps il faisait, ne croyaient pas devoir laisser échapper une si belle occasion de se faire connaître, et répondaient bien au long à cette question ; mais d’autres aussi montraient du respect sans crainte, de l’empressement sans avidité. […] Une émotion pleine de charme leur a-t-elle appris ces pleurs qui n’ont rien de personnel, ces pleurs qui ne demandent point de pitié, mais qui nous délivrent d’une souffrance inquiète ; excitée par le besoin d’admirer et d’aimer ? […] Les larmes des autres se sèchent si vite, et, quand on leur demande ce qu’ils ne peuvent plus donner, on a l’air d’un créancier importun. […] Ils sont pour le talent comme ce vieillard qui demandait si l’on avait encore de l’amour. » « Quand le cœur est entier dans ce qu’il voit, on jouit admirablement de l’existence.

46. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Le Sage 1668-1747 » pp. 139-143

Le parasite J’arrivai heureusement à Pennaflor1, et j’entrai dans une hôtellerie d’assez bonne apparence où je demandai à souper : c’était un jour maigre ; on m’accommoda des œufs. […] En même temps, il versait du vin dans mon verre, et m’excitait à lui faire raison5 Je ne répondais point mal aux santés qu’il me portait, ce qui, avec ses flatteries, me mit insensiblement de si belle humeur, que, voyant notre seconde omelette à moitié mangée, je demandai à l’hôte s’il n’avait point de poisson à nous donner. […] Je m’en sentais offensé, et je dis fièrement à Corcuélo : « Apportez-nous votre truite, et ne vous embarrassez2 pas du reste. » L’hôte, qui ne demandait pas mieux, se mit à nous l’apprêter, et ne tarda guère à nous la servir.

47. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Prosper Mérimée Né en 1803 » pp. 286-290

Tout ce qu’il entend, tout ce qu’il voit demande du sang, depuis sa sœur, cette Électre implacable dont le silence même lui impose son devoir, jusqu’à ce chien de garde qui court à travers les vignes pour le guider vers le lieu du meurtre impuni. […] Le malheureux poussait des cris épouvantables, et agitait vainement les bras comme pour demander du secours. […] Les dernières paroles de sa sœur retentissaient sans cesse à ses oreilles, et il lui semblait entendre un oracle fatal, inévitable, qui lui demandait du sang, et du sang innocent.

48. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

On demande où serait leur place ! […] Ne demander en axiomes que des choses parfaitement évidentes. […] Vous serez surpris de tout ce qu’il demande. […] Ce sont des raisonnements qui demandent de la contention d’esprit. […] Or je demande à qui on doit plus de respect qu’au public ?

49. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Attendez qu’on vous en demande plus d’une fois, et vous ressouvenez de porter toujours beaucoup d’eau. […] Allez-vous-en lire un peu les préceptes de la santé, et demander aux médecins s’il y a rien de plus préjudiciable à l’homme que de manger avec excès. […] Monsieur, je n’ai voulu prendre personne pour vous faire une demande que je médite depuis longtemps. […] Cependant, Sire, c’est ce cœur que Dieu demande. […] M. de Sainte-Hermine m’a prié de le demander pour lui, et madame de Mailly le désire pour faire le mariage de sa fille.

50. (1873) Principes de rhétorique française

Or, je vous le demande, et je vous le demande frappé de terreur, ne séparant pas en ce point mon sort du vôtre, et me mettant dans la même disposition où je souhaite que vous entriez : si J. […] Je vous le demande ; vous l’ignorez, et je l’ignore moi-même. […] Après cet exorde, il hasardera sa proposition : il demandera un congé, une promenade, une exemption de travail. […] Certain devoir pieux me demande là-haut, Et vous m’excuserez de vous quitter sitôt. […] En effet, quoique l’on questionne, que l’on interroge et que l’on demande pour savoir, il semble que questionner fasse sentir un esprit de curiosité, qu’interroger suppose de l’autorité, et que demander ait quelque chose de plus honnête et de plus respectueux : l’espion questionne les gens ; le juge interroge les criminels ; le soldat demande l’ordre du général.

51. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Et lors il leur demandoit de sa bouche : « A-il ci nullui qui ait partie ?  […] Et alors il leur demandait de sa bouche : « Y a-t-il ici nul (homme) qui ait procès ?  […] L’hôte, qui ne demandait pas mieux, se mit à l’apprêter, et ne tarda guère à nous la servir. […] Le ministère est obligé de casser les colonels, et de donner aux strélitz l’argent qu’ils demandent. […] Vous demandez comment on fait ces grandes fortunes ?

52. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Retz 614-1679 » pp. 22-26

Comme j’étais à l’une des portières avec Mademoiselle de Vendôme, je demandai au cocher pourquoi il s’arrêtait, et il me répondit avec une voix fort étonnée : « Voulez-vous que je passe par-dessus tous les diables qui sont là devant moi ?  […] Je lui demandai ce qu’il regardait, et il me répondit, en me poussant au bras, et assez bas : « Je vous le dirai, mais il ne faut pas épouvanter ces dames2 », qui, dans la vérité, hurlaient plutôt qu’elles ne criaient. […] M. de Turenne, qui avait une petite épée à son côté, l’avait aussi tirée, et après avoir regardé un peu, comme je vous ai déjà dit, il se tourna vers moi de l’air dont il eût demandé son dîner, ou de l’air dont il eût donné une bataille, et me dit ces paroles : « Allons voir ces gens-là3 ! 

53. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

Donnez une idée de l’élévation que demande l’épopée. […] Cependant, si le poète peut mener de front un grand nombre de caractères, et si le sujet le demande, l’ouvrage ne pourra que gagner en grandeur et en intérêt. […] A chaque trait, à chaque mot, le poète, qui aura toujours son héros devant les yeux, devra se demander s’il a pu agir ou parler ainsi dans telle occasion. […] Quelles sont les qualités que demande l’exposition ? […] Donnez une idée de l’élocution que demander épopée.

54. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Molière 1622-1673. » pp. 27-43

Attendez qu’on vous en demande plus d’une fois, et vous ressouvenez de porter toujours beaucoup d’eau. […] Allez-vous-en lire un peu les préceptes de la santé, et demander aux médecins s’il y a rien de plus préjudiciable à l’homme que de manger avec excès. […] Monsieur, je n’ai voulu prendre personne pour vous faire une demande que je médite depuis longtemps. […] que nous savons peu ce que nous faisons, quand nous ne laissons pas au ciel le soin des choses qu’il nous faut, quand nous voulons être plus avisés que lui, et que nous venons à l’importuner par nos vœux aveugles et nos demandes inconsidérées ! J’ai souhaité un fils avec des ardeurs non pareilles ; je l’ai demandé sans relâche avec des transports incroyables ; et ce fils, que j’obtiens en fatiguant le ciel de mes prières, est le chagrin et le supplice de cette vie même, dont je croyais qu’il devait être la joie et la consolation.

55. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Parmi les savants, la littérature proprement dite réclame ceux qui ont, comme le demande J.  […] Voyant ce tumulte, je demande si l’hoste de la maison n’estoit point là-dedans. […] Vous le pouvez acquérir justement ; car elle ne demande de vous que la justice. […] Il demande un homme qui ne soit ni tout méchant ni tout bon ; il le demande persécuté par quelqu’un de ses plus proches ; il demande qu’il tombe en danger de mourir par une main obligée à le conserver ; et je ne vois point pourquoi cela ne puisse arriver qu’à un prince, et que dans un moindre rang on soit à couvert de ces malheurs. […] Le blessé néanmoins, ressentant sa foiblesse, lui demande à quoi il les jugeoit telles.

56. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

Manque-t-elle de l’une ou de l’autre des vertus que lui demandent les rhéteurs, clarté, précision, vraisemblance, intérêt, le défaut influe souvent sur l’ouvrage entier. […] « J’arrivai sur le port, dit Quintilien, j’aperçus un navire, je demandai le prix du passage, je fis marché, je montai, on leva l’ancre, on mit à la voile, nous partîmes. — Chaque phrase est courte, le récit est long. […] Mais avant de condamner Cicéron, demandez-vous quel est ici le point culminant du récit. […] Avec la clarté et la précision, je demande la variété et l’originalité.

57. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Ce genre de discours demande beaucoup d’élévation dans le génie, une grandeur majestueuse, qui tient un peu de la poésie. […] Il y en a qui s’accordent et demandent à être liées ; il y en a aussi qui sont incompatibles et qui veulent être séparées. […] Qui ne sait que la gravité du sénat demande un genre d’éloquence, que la légèreté du peuple en demande une autre ? […] En effet, c’est toujours contre les passions, contre l’intérêt, la cupidité, l’orgueil, la haine, la vengeance qu’on demande justice. On la demande à des juges que la loi voudrait impassibles, et que la nature a faits irritables.

58. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre premier. Apologie de Socrate par Platon. »

Quoi de plus facile dans un combat que de jeter ses armes, et de demander la vie à l’ennemi qui vous poursuit ? […] Socrate conclut : « Ayez donc des idées plus justes sur la mort, et soyez bien convaincus d’une vérité : c’est que l’homme de bien n’a rien à redouter pendant sa vie, ni après sa mort ; l’œil des immortels est constamment ouvert sur lui. — Il ne me reste qu’une grâce à demander à mes accusateurs, c’est de traiter un jour mes fils comme moi, s’ils vous donnent les mêmes sujets de plainte ; c’est de ne les point épargner, si vous les voyez préférer à la vertu les richesses ou quelque chose au monde que ce soit. — C’est un trait de justice que Socrate et ses enfants ont peut-être quelque droit d’attendre de vous. […] Et si on lui demande, comment, déjà vieux, et n’ayant qu’un instant à passer sur la terre, il a pu se résoudre à traîner les restes d’une vieillesse honteuse, après avoir enfreint les lois de son pays, que répondra-t-il ?

59. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre III. du choix du sujet. » pp. 38-47

« Nous ne reconnaissons pas à la critique, disent-ils11, le droit de questionner l’écrivain sur sa fantaisie, et de lui demander pourquoi il a choisi tel sujet, broyé telle couleur, cueilli à tel arbre, puisé à telle source. […] Lorsque le génie peut élever et épurer nos âmes, nous faire aimer la vertu, la gloire, la patrie, la liberté, il serait défendu de lui demander pourquoi il se gaspille lui-même dans des sujets insignifiants, ou se prostitue à des sujets ignobles ! […] Les vrais artistes demandent au moins le second, à défaut du dernier, le plus énergique de tous.

60. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XX. des qualités accidentelles du style. — élégance, finesse, naiveté, enjouement  » pp. 274-288

Un solliciteur disait à M. de Tallcyrand pour appuyer sa demande : « Et notez, monseigneur, que je suis allé à Gand. — En êtes-vous bien sûr ? […] Rappelez-vous les reproches si doux de Didon à Enéc : Si bene quid de le merui, fuit aut tibi quidquam Dulce meum… ; le mot d’Iphigénie, quand Agamemnon veut l’obliger à renoncer à Achille : Dieux plus doux, vous n’aviez demandé que ma vie ! […] Ne demandez pas à la rhétorique une théorie, une méthode de finesse et de délicatesse. […] Sans prétendre donc, avec Victor Hugo, que le grotesque et le grave, marchant si souvent de front dans la nature, doivent être aussi mêlés et confondus dans l’art, nous pouvons dire qu’il est peu de sujets et peu de génies qui ne se prêtent à l’enjouement du style, que la langue de la plaisanterie forme presque la moitié de la langue populaire, qu’il faut done l’étudier soigneusement, et que si en effet le style enjoué demande plus de naturel encore que le sérieux, cette étude bien dirigée ne servira qu’à perfectionner la nature.

61. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Ce n’est pas la nature brute et sauvage qu’il demande : c’est la nature sans pompe, sans ornements affectés, sans dessein formé de plaire. […] Mon Seigneur a demandé d’abord à ses serviteurs : avez-vous encore votre père et quelque autre frère ? […] Mais le temps s’écoule ; le tombeau s’ouvre devant le monarque ; le tombeau l’attend et le demande : il pense donc à se remplacer auprès de son successeur. […] Je vous le demande, frappé de terreur comme vous, ne séparant point mon sort du vôtre, et me mettant dans la même situation où nous devons tous paraître un jour devant Dieu notre juge ; si Jésus-Christ, dis-je, paraissait dès à présent, pour faire la terrible séparation des justes et des pécheurs, croyez-vous que le nombre des justes fût sauvé ?

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