En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi, la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. […] Mais je ne craindrai pas de dire que je pense avoir eu beaucoup d’heur1 de m’être rencontré dès ma jeunesse en certains chemins qui m’ont conduit à des considérations et des maximes dont j’ai formé une méthode par laquelle il me semble que j’ai moyen d’augmenter par degrés ma connaissance, et de l’élever peu à peu au plus haut point auquel la médiocrité de mon esprit et la courte durée2 de ma vie lui pourront permettre d’atteindre. […] Ainsi mon dessein n’est pas d’enseigner ici la méthode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison, mais seulement de faire voir en quelle sorte j’ai tâché de conduire la mienne2. […] Je révérais notre théologie, et prétendais autant qu’aucun autre à gagner le ciel ; mais ayant appris, comme chose très-assurée, que le chemin n’en est pas moins ouvert aux plus ignorants qu’aux plus doctes, et que les vérités révélées qui y conduisent sont au-dessus de notre intelligence, je n’eusse osé les soumettre à la faiblesse de mes raisonnements, et je pensais que pour entreprendre de les examiner et y réussir il était besoin d’avoir quelque extraordinaire assistance du ciel et d’être plus qu’homme.
Après les avoir bien connus et éprouvés, il les conduisit avec lui en Sicile. […] Son temple est dans la campagne, près du chemin qui conduit d’Assore à Enna. […] Voyez la différence de ces deux manières de vous conduire, et celle que vous deviez choisir. […] Scipion conduisit autrefois vos troupes maritimes contre les Carthaginois, mais aujourd’hui Cléomène conduit vos vaisseaux presque sans équipages contre les pirates. […] Voyez, Verrès, avec quelle équité je me conduis à votre égard.
Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau qui, répandu sur une colline vers le déclin d’un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger soigneux et attentif est debout auprès de ses brebis ; il ne les perd pas de vue, il les suit, il les conduit, il les change de pâturages : si elles se dispersent, il les rassemble ; si un loup avide paraît, il lâche son chien, qui le met en fuite ; il les nourrit, les défend ; l’aurore le trouve déjà en pleine campagne, d’où il ne se retire qu’avec le soleil. […] Où conduira-t-il son argent, ses meubles, sa famille ? […] Le regret qu’ont les hommes du mauvais emploi du temps qu’ils ont déjà vécu ne les conduit pas toujours à faire, de celui qui leur reste à vivre, un meilleur usage. […] Ils conduisent un général par la main ; et, après l’avoir loué de mille sottises qu’il n’a pas faites, ils lui en préparent mille autres qu’il ne fera pas.
En un mot, comme la première source de leur autorité vient de nous, les rois n’en doivent faire usage que pour nous… Ce n’est donc pas le souverain, c’est la loi, sire, qui doit régner sur les peuples : vous n’en êtes que le ministre et le premier dépositaire ; c’est elle qui doit régler l’usage de l’autorité, et c’est par elle que l’autorité n’est plus un joug pour les sujets, mais une règle qui les conduit, un secours qui les protége, une vigilance paternelle qui ne s’assure leur soumission que parce qu’elle s’assure leur tendresse. […] Quels sont les motifs qui conduisent cet autre à l’autel saint ? […] Des parents barbares et inhumains, pour élever un seul de leurs enfants plus haut que ses ancêtres, et en faire l’idole de leur vanité, ne comptent pour rien de sacrifier tous les autres et de les précipiter dans l’abîme : ils arrachent du monde des enfants à qui l’autorité seule tient lieu d’attrait et de vocation pour la retraite ; ils conduisent à l’autel des victimes qui vont s’y immoler à la cupidité de leurs pères plutôt qu’à la grandeur du Dieu qu’on y adore ; ils donnent à l’Église des ministres que l’Église n’appelle point, et qui n’acceptent le saint ministère que comme un joug odieux qu’une injuste loi leur impose ; enfin, pourvu que ce qui paraît d’une famille éclate, brille et fasse honneur dans le monde, on ne se met point en peine que des ténèbres sacrées cachent les chagrins, les dégoûts, les larmes, le désespoir. […] Qu’on ne prétende pas de là néanmoins que les choses soient égales ; car il y a cette extrême différence, que la violence n’a qu’un cours borné par l’ordre de Dieu, qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu’elle attaque ; au lieu que la vérité subsiste éternellement, et triomphe enfin de ses ennemis, parce qu’elle est éternelle et puissante comme Dieu même. » Nous lisons dans un sermon de Bossuet sur la brièveté de la vie « Quand je fais réflexion sur les diverses calamités qui affligent la vie humaine, entre toutes les autres la famine me semble être celle qui représente mieux l’état d’une âme criminelle, et la peine qu’elle mérite.
Elle te portera toi-même en tes travaux, Elle te conduira par le milieu des maux, Jusqu’à cet heureux port3 où la peine est finie ; Mais ce n’est pas ici que tu dois l’espérer. […] Les bontés de mon Dieu sont bien plus à chérir : Il m’ôte des périls que j’aurais pu courir, Et, sans me laisser lieu de tourner en arrière, Sa faveur me couronne entrant dans la carrière ; Du premier coup de vent il me conduit au port2, Et, sortant du baptême, il m’envoie à la mort. […] C’est peu d’aller au ciel, je vous y veux conduire. […] Où le conduisez-vous ? […] Je sais de quel repos cette peine est suivie, Et ne crains point la mort qui conduit à la vie.
. ; et cette apostrophe sublime, qui tient lieu d’exorde, conduit l’éloquent pasteur jusqu’à la division de son discours. […] Il faut, ce que l’art ne donnera jamais, ce qu’Aristote, Cicéron et Quintilien n’enseignent point et ne peuvent enseigner, une chaleur, une impétuosité de sentiment, qui entraînent impérieusement, et conduisent, malgré lui, l’auditeur au but où celui qui parle veut le conduire.
C’est un officier de vingt-deux ans qui conduit des bataillons de milice ou correspond avec le représentant du roi d’Angleterre. […] Dans les plus mauvais jours, quand il avait à se défendre de sa propre tristesse, il disait : « Je ne puis pas ne pas espérer et croire que le bon sens du peuple prévaudra à la fin sur ses préjugés… Je ne saurais penser que la Providence ait tant fait pour rien… Le grand souverain de l’univers nous a conduits trop longtemps et trop loin sur la route du bonheur et de la gloire, pour nous abandonner au milieu. […] Mais comme je n’ai trouvé jusqu’ici point de meilleur guide que des intentions droites et un examen attentif des choses, tant que ce sera moi qui veillerai, je me conduirai d’après ces maximes.
Lorsque Protée conduisit son troupeau sur les hautes montagnes. […] Exercitum ducere, conduire une armée. […] Cic. — Circumducere, mener, conduire autour. […] Agere cuniculos, conduire des mines, miner. […] Au figuré, conduire, régler.
Les diverses opinions et les contrariétés des philosophes sur ce sujet, conduisent à la nécessité d’une révélation. […] Le conduit souterrain de ces eaux marécageuses nous étoit entièrement inconnu. […] Je marchai dans la nuit, conduit par Epicure. […] Le sujet de ces sortes de pièces doit être simple, exposé avec précision, et sagement conduit. […] Mais quel soin vous conduit en ce pays barbare ?
Le père tremble pour l’avenir d’Eugène, que plus tard l’oisiveté pourra conduire au vice. […] Frédéric est tiré de sa prison et conduit, devant son père pour recevoir son arrêt. […] On conduisait Lucien au martyre. […] On le place sur une charrette, sous la garde d’un Cosaque qui doit le conduire en Sibérie. […] Ensuite, ces tristes restes furent conduits en grande pompe dans la sépulture des rois de Portugal.
Plus loin, dans ses calculs gravement enfoncé, Un couple sérieux qu’avec fureur possède L’amour du jeu rêveur qu’inventa Palamède, Sur des carrés égaux, différents de couleur, Combattant sans danger, mais non pas sans chaleur, Par cent détours savants conduit à la victoire Ses bataillons d’ébène et ses soldats d’ivoire. […] Mais il faut avouer que personne ne l’a eue à un plus haut degré ; et c’est là sans doute ce qui l’a conduit à composer ses poèmes de cette marqueterie où il était sûr de réussir. […] La totalité des actions d’un héros, ce qu’on appelle une vie, ne peut pas non plus être la matière d’une épopée régulière, parce qu’une vie est un corps trop étendu pour qu’on puisse l’embrasser d’une seule vue, en saisir les rapports, les proportions, en voir la beauté ; parce que tout n’est pas héroïque dans la vie d’un héros ; enfin parce que les faits, n’y étant pas nécessairement enchaînés les uns avec les autres, aucun intérêt alors ne conduit le lecteur avec plaisir jusqu’au bout du poème. […] Il apprend qu’un héros, conduit par la victoire, À de ses bords fameux flétri l’antique gloire ; Que Rheinberg et Wesel, terrassés en deux jours, D’un joug déjà prochain menacent tout son cours. […] Il a quelques endroits imités de Virgile, qui égalent les plus beaux du poète latin, comme la descente en esprit de Henri aux enfers, conduit par saint Louis, la mort du jeune d’Ailly tué par son père, etc.
Ce que nous venons de citer de Salluste, nous conduit naturellement à parler ici d’une des parties brillantes de l’art oratoire chez les anciens. […] Comme eux vêtu sans pompe, armé de fer comme eux, Je conduisais aux coups leurs escadrons poudreux ; Comme eux, de mille morts affrontant la tempête, Je n’étais distingué qu’en marchant à leur tête. […] » Ce n’est pas seulement une armée de mer, une armée faible, qu’il faut conduire contre une telle puissance ; il faut aussi des troupes de terre considérables, si nous voulons que l’exécution réponde au projet, et qu’une forte cavalerie ne nous arrête pas au débarquement. — Quelle honte pour nous, Athéniens, si nous étions contraints de nous retirer, ou de faire revenir des troupes, pour avoir mal calculé les obstacles, et mal pris nos mesures ! […] « Qu’est-il besoin, guerriers, d’un long discours pour animer des hommes déjà disposés à se conduire bravement ?
Si, chez les peuples serfs, il ne conduit qu’à la défense des intérêts vulgaires, chez les peuples libres, il est la porte des institutions qui fondent ou qui sauvegardent. […] Les intentions, la bonne volonté, les plus beaux desseins, qu’on n’aurait certainement pas manqué de conduire à bien, n’eût été ceci ou cela, tout ce qui ne se résout pas en fait est compté pour rien par l’humanité ; elle veut des résultats retentissants ; car eux seuls viennent jusqu’à elle : or, il n’y a pas de tricherie possible. […] Il faut donc aimer la gloire, parce que c’est aimer les grandes choses, les longs travaux, les services effectifs rendus au genre humain, et il faut dédaigner la réputation, les succès d’un jour et les petits moyens qui y conduisent ; il faut songer à faire, à beaucoup faire, à bien faire, et non à paraître ; car, tout ce qui paraît sans être, bientôt disparaît ; mais tout ce qui est, par la vertu de sa nature, paraît tôt ou tard. […] Il exige, il suppose, avec des dons extérieurs qui plaisent ou qui touchent, le sang-froid, le tact, la présence d’esprit, la fermeté, le courage, la promptitude de la décision, la connaissance des hommes, l’art de les deviner et de les conduire ; comment ne serait-il pas une grande qualité politique, un moyen pratique de gouvernement ?
Je pense aussi que les Romains seront satisfaits de mes procédés, si je me conduis envers eux, qui se vantent de pratiquer la vertu, comme ils se sont conduits eux-mêmes bien souvent envers les autres nations. » Traduit du même auteur. […] J’ai l’intention de jeter un pont sur la mer d’Hellé et de conduire une armée en Grèce, afin de punir les Athéniens de tout le mal qu’ils ont fait aux Perses et à mon père. […] Quant à moi, je ne fixe aux travaux entrepris par des hommes de cœur d’autres limites que celles qui conduisent à la gloire et à l’honneur. […] Conduis-moi plutôt dans ta patrie ou à quelque port de l’Eubée : la route ne sera pas longue pour gagner le mont Trachine, et m’offrir aux regards d’un père chéri. […] Si tu veux suivre la route qui conduit à moi, tu te signaleras par de grandes et nobles actions.
N’a-t-on pas vu des hommes, avec du bon sens, de l’expérience et un amour désintéressé de leur pays, conduire sagement leurs concitoyens ? […] Quand vous assistez à un drame bien conduit, vous remarquez que l’intérêt redouble de scène en scène, à mesure que les incidents sortent du caractère des personnages et du jeu des passions. […] Leur plaidoyer ressemble à un beau péristyle de marbre qui conduirait à un hangar. […] Il n’y a que les âmes passionnées pour franchir ainsi d’un bond les nombreux degrés qui conduisent lentement d’une idée à une autre les esprits calmes et rassis. […] Que l’orateur se règle sur de purs modèles, s’il est assez heureux pour en trouver ; et quand il aura formé sa voix, qu’il s’exerce à la conduire.
Les principes évidents de l’un ne le conduisent pas toujours aux phénomènes tels qu’ils sont ; les phénomènes ne conduisent pas toujours l’autre à des principes assez évidents.
Qu’il faut nettoyer mon carrosse, et tenir mes chevaux tout prêts pour conduire à la foire… Maître Jacques. […] Monsieur, j’obligerai le voisin le Picard à se charger de les conduire ; aussi bien nous fera-t-il ici besoin1 pour apprêter le souper.
Le genre de l’épigramme dans le sens que nous venons de déterminer, peut conduire et conduit trop souvent à des personnalités injurieuses qu’on doit toujours s’interdire. […] Lorsque le prince de Condé, prisonnier à Marcoussy, fut transféré au Havre en 1650, le comte d’Harcourt se chargea de le conduire.
D’un autre côté, Souvent la peur d’un mal nous conduit dans un pire 7. […] Pour se conduire, enfin, n’a t-il pas ses aïeux ? […] Mais, madame, Néron suffit pour se conduire. […] On dit que, sous mon nom à l’autel appelée, Je ne l’y conduisais que pour être immolée ; Et que, d’un faux hymen nous abusant tous deux, Vous vouliez me charger d’un emploi si honteux. […] Ainsi, les passages défectueux de ce maître en versification tourneront encore à l’avantage des élèves, et serviront à rendre prudents nos jeunes versificateurs, Conduire le carrosse où l’ont le voit traîné.
Les captifs, en tremblant, conduits en sa présence, Attendaient leur arrêt dans un profond silence : Le mortel désespoir, la honte, la terreur, Dans leurs yeux égarés avaient peint leur malheur. […] Votre plus jeune fils, à qui les destinées Avaient à peine encore accordé quatre années, Trop capable déjà de sentir son malheur, Fut dans Jérusalem conduit avec sa sœur. […] Toi qui seul as conduit sa fortune et la mienne, Mon Dieu qui me la rends, me la rends-tu chrétienne ?
Mesme le jour devant1, comme elle exhortoit ses gens, elle dict au serviteur, puisque Dieu l’avoit conduit en une eglise chrestienne, qu’il advisast d’y vivre sainctement. […] Il ne reste sinon que ce bon Dieu poursuyve à conduire son œuvre8.
Ne me conduisez pas : j’en sais toutes les routes ; Parmi ces bois grandis, je les retrouve toutes ; J’irais, fermant les yeux, et, si rien n’est changé, Au bout du chemin creux de hêtres ombragé, Le château va paraître. […] Un chemin charmant y conduit, Bordé d’une haie embaumée, Qui, de grenadiers parsemée, A ses fleurs voit s’unir leur fruit.
« Quelles pensez-vous que furent les voies qui le conduisirent à cette fin ? […] Ils s’entretiennent ensemble de ce qu’ils voient et de ce qu’ils goûtent : ils foulent à leurs pieds les molles délices et les vaines grandeurs de leurs anciennes conditions qu’ils déplorent : ils repassent avec plaisir ces tristes mais courtes années, où ils ont eu besoin de combattre contre eux-mêmes et contre le torrent des hommes corrompus, pour devenir bons : ils admirent le secours des Dieux qui les ont conduits, comme par la main, à la vertu, au milieu de tant de périls. […] Les tritons conduisaient les chevaux et tenaient les rênes dorées. […] Les jeuxk qui le suivent toujours Répandent des fleurs sur ses traces : Ses tigres conduits par les Grâcesl, Sont caressés par les Amours.
Livrée à des coups assassins, Le voyageur de ses larcins Y laisse d’horribles vestiges ; Et par ta vengeance conduit, Un monstre en a brisé les tiges, Dévoré la feuille et le fruit. […] 150Dans une triste et vaste plaine La main du Seigneur m’a conduit. […] Je posais avec lui les fondements du monde ; Je séparais les cieux des abîmes de l’onde : Je conduisais sa main, lorsqu’il pesait les airs, Qu’il décrivait l’enceinte et les bornes des mers.
Comme hommes, c’est-à-dire, comme membres de la société, nous devons savoir la meilleure manière de nous y conduire : c’est ce que j’appelle la morale de l’homme dans la vie civile. […] Cette manière de se conduire, dans tous les individus, établiroit sur des fondemens inébranlables la paix et l’harmonie de la société. […] En nous traçant les moyens de connoître les hommes, l’auteur nous apprend parfaitement la manière de nous bien conduire avec eux ; c’est-à-dire, de ne pas nous engager dans de fausses démarches, et de bien prendre nos mesures, pour réussir dans les affaires, autant qu’il est possible, sans violer les règles de la probité.