Toutefois, le nom de Théophraste servit de bouclier à la première édition de ses Caractères, qui parut en 1688. […] Honnête homme, fier, indépendant de caractère, supérieur à une condition subalterne qui l’exposait à la légèreté hautaine ou à la condescendance humiliante des grands, La Bruyère eut des accès d’humeur chagrine allant jusqu’à la misanthropie. […] Son caractère est noble et facile, inspire le respect et la confiance, et fait que les princes nous paraissent grands et très-grands, sans nous faire sentir que nous sommes petits1. […] « J’ajoute que, de nos jours, Giton et Phédon changent continuellement de rôle ; il n’y a souvent de distance entre eux que celle de la hausse à la baisse dans les spéculations de la Bourse, et ce perpétuel changement de condition a son influence sur le caractère réciproque de Giton et de Phédon. […] Le poëte Santeuil aimait beaucoup les serins, et en avait sa maison remplie : quelques traits de ce caractère pourraient bien s’appliquer à lui.
Avec l’abaissement du caractère est venue la servitude ; les tyrans se sont joués de ce peuple en lui imposant des lois dignes de ses mœurs. […] Le caractère est ce qu’il faut toujours sauver avant tout ; car c’est le caractère qui fait la puissance morale de l’homme. […] ne voyez-vous pas, madame, vous dont l’esprit et l’amitié ont le coup d’œil si sûr, ne voyez-vous pas à quel point j’avilirais mon caractère en me dépouillant de l’habit religieux pour monter dans la chaire de Notre-Dame ? […] L’intégrité du caractère Fragment de lettre 1 Je tiens par-dessus tout à l’intégrité du caractère ; plus je vois les hommes en manquer et faillir ainsi à la religion qu’ils représentent, plus je veux, avec la grâce de celui qui tient les cœurs dans sa main, me tenir pur de tout ce qui peut compromettre ou affaiblir en moi l’honneur du chrétien. […] L’homme est là tout entier, avec son élan, sa passion, son indépendance, son imagination, son esprit d’entreprise et d’enthousiasme, sa hauteur de caractère, digne en un mot des regards de la postérité.
Mais ces instrumens doivent être maniés, ces moyens doivent être modifiés selon le génie, le caractère, les institutions, les mœurs et la religion des hommes auxquels on parle. […] Il doit prendre en considération, l’âge, le caractère, la condition de ceux devant lesquels il parle. […] Les passions ne s’allument pas si aisément dans le cœur des juges, qui sont ordinairement des personnes d’un âge mûr, d’un caractère grave et imposant. […] Or, c’est par la dignité du caractère, les belles actions, une conduite irréprochable, qu’on se concilie la bienveillance. » (De Orat. […] D’ailleurs, en agissant de la sorte, l’avocat déshonore son caractère et avilit sa profession.
Que les caractères particuliers soient bien marqués et parfaitement soutenus jusqu’à la fin ; que le dénouement soit amené naturellement et par degrés, et sorte du seul fond des événements, autant qu’il est possible, sans l’intervention de personnages étrangers à ce qui précède. […] Ces romans ont sur le roman par correspondance l’avantage évident de se mieux prêter au développement rapide des caractères, à la succession et à l’enchaînement des actes. […] L’auteur s’attache à y peindre et y développer un ou deux caractères par le simple exposé des sentiments, sans presque y mêler aucune action. […] Dans le roman merveilleux ou fantastique on fait agir des personnages de pure imagination, et doués d’un pouvoir surnaturel, comme des fées, des génies, des enchanteurs ; on les appelle souvent contes de fées quand ils ont un caractère enfantin.
De tous les fabulistes connus, c’est La Fontaine en France, et Kryloff en Russie, qui nous semblent l’expression la plus complète du génie de la fable ; ils en ont porté la perfection à un degré inimitable et sublime ; leur popularité tient surtout à ce que chacun d’eux a reproduit admirablement le caractère de sa nation. […] C’est qu’il a su tellement s’identifier avec tous les sujets, les revêtir d’un caractère et d’un style tellement inimitables, qu’il est arrivé à personnifier la fable en lui-même. […] On aime à y voir des scènes dialoguées, ingénieuses et piquantes, où les caractères et les mœurs se joignent avec finesse et vivacité : tels sont les contes d’Andrieux, etc.
et chaque groupe ainsi disposé a-t-il un caractère spécial déterminé par des règles fixes ? […] Par le choix et l’opportunité des accessoires dans les choses, par l’analyse des caractères dans les hommes, la narration ou la thèse prévient les objections, répond d’avance à toutes les questions, rend probables les rencontres les plus merveilleuses, les assertions les plus paradoxales. […] Pour l’une comme pour l’autre, il faut faire un choix dans l’ensemble des objets, déterminer les points les plus saillants, les plus utiles ; à moins qu’il n’y ait quelque circonstance dominante et qui appelle tout d’abord les regards, distribuer le tout par groupes, le ciel, le terrain, les eaux, puis le feuillage et les fabriques, ou encore d’après les impressions des sens, les formes, les couleurs, les bruits, les odeurs ; si le sujet est vaste, préférer en général l’opposition des contrastes aux rapprochements des harmonies, les masses aux détails, et là même où les détails sont de mise, se restreindre à ceux qui ont un caractère assez tranché pour frapper l’esprit. […] Si l’on décrit les campagnes, les épithètes communes sont d’autant plus à redouter qu’elles s’offrent sans cesse : les vertes prairies, plus ou moins émaillées de fleurs, les forêts mystérieuses, les roches sourcilleuses, le cristal des fleuves, les cieux azurés, etc… Toutes ces jolies choses si souvent exaltées affadissent le caractère d’une description et font qu’elle ressemble à tout. » Mais songez-y bien. […] Quant à la classification des rhéteurs, je pense qu’on peut réduire toutes leurs espèces de description à deux, celle des choses, qui vient d’être traitée, et celle des personnes, que j’appelle simplement caractère ou portrait, et dont nous allons nous occuper.
Le caractère dominant de son éloquence est la force, la profondeur des idées, la vivacité du raisonnement, et la noblesse soutenue du style. […] Il semble avoir fondu dans son style les différents styles des plus célèbres orateurs, pour se former une manière unique, et qui est devenue son caractère distinctif. […] Son imagination, ardente comme le ciel sous lequel il était né, et l’excessive austérité de son caractère, l’ont jeté dans des écarts qui pourraient égarer l’inexpérience des jeunes orateurs.
.), ont blâmé comme une inconséquence de caractère ce passage de la faiblesse à l’héroïsme. […] « Ainsi, le poëte, en représentant un homme colère ou un homme patient, ou de quelque autre caractère que ce puisse être, doit non-seulement les représenter tels qu’ils étaient, mais il les doit représenter dans un tel degré d’excellence, qu’ils puissent servir de modèle ou de colère, ou de douceur ou d’autre chose. » (Trad. de Racine.) — « « Ce qui est rare et parfait en son espèce, ne peut manquer d’attirer l’attention. Ainsi, il faut toujours peindre les caractères dans un degré élevé, rien de médiocre, ni vertus, ni vices….
Il y a tant d’âme dans nos beaux-arts, que peut-être un jour notre caractère égalera notre génie. […] Lorsque dans ses fictions il inspire de l’intérêt pour un caractère, bientôt il montre les inconséquences qui doivent en détacher. […] Son administration en Irlande, souvent dure et arbitraire, avait eu du moins un caractère de sévère impartialité. […] Tels sont les caractères des ouvrages qui résument l’enseignement de M. […] Ainsi, du même coup, le caractère qui les rend obligatoires va s’attacher au bien des autres et au nôtre.
Mais ces caractères généraux et abstraits, combien n’est-il pas difficile de les personnifier ! […] Le caractère change avec les années : faites habilement la part de ces années qui nous changent. […] Ce passage fournirait, s’il en était besoin, une nouvelle preuve du caractère intime et presque confidentiel de l’Épitre aux Pisons. […] Voici la paraphrase pleine de justesse que Du Marsais a faite de ce passage : « Si vous osez mettre sur la scène un sujet nouveau, un caractère qui n’ait pas encore été traité, si quid inexpertum, etc., et que, pour peindre ce caractère, vous inventiez un personnage jusqu’alors inconnu au théâtre, personam novam : que ce personnage conserve toujours son caractère ; qu’il ne se démente point, et que, jusqu’à la fin de la pièce, il soit tel qu’il aura paru au commencement. […] Concluons avec Du Marsais que, dicere communia proprie, c’est adapter si bien un caractère général à un personnage particulier, que toutes les actions, toutes les paroles qu’on prête à ce personnage, répondent exactement à l’idée abstraite et générale qu’on a du caractère.
Mais étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant de même caractère le vrai et le faux. […] Car n’est-il pas plus clair que le jour, que nous sentons en nous-mêmes des caractères ineffaçables d’excellence ? […] La première édition des Caractères parut en 1688 : le succès dépassa l’attente de La Bruyère. […] quels caractères ! […] Ainsi le caractère distinctif de la vertu subsiste : ainsi rien ne peut l’effacer.
La vie semble prendre dès le berceau, et au bord de la tombe, un caractère attendrissant et respectable pour ceux même qu’aucune relation personnelle ne lie à l’enfant qui y entre, ou au vieillard qui en sort. […] Dans les caractères actifs et susceptibles, il est toujours tenté de croire à l’injustice, ou de se tourner en dépit et en envie ; dans les caractères mous et faibles, il amène l’insouciance et le découragement : l’humilier, c’est l’aigrir ou l’abattre1 ; on se tromperait fort si l’on croyait exercer par là une honte salutaire ; l’humiliation est toujours funeste à l’honneur : ou bien elle le blesse si vivement qu’il se révolte, ou bien elle le frappe si rudement qu’elle l’atterre2, et ôte la force de nous aider à nous relever.
Tout le monde le reconnut : c’était Apollonius, philosophe stoïcien, estimé dans Rome, et plus respecté encore par son caractère que pour son grand âge. […] C’est un philosophe qui entreprend l’éloge d’un monarque philosophe, dans la vraie signification du mot : tout doit donc porter ici le caractère de l’homme et offrir le ton du genre. […] Thomas était le plus honnête, le plus vertueux des hommes ; et ce même écrivain, dont la morgue et l’emphase sont, en général, les caractères distinctifs, avait dans sa conduite et dans ses mœurs la simplicité d’un enfant. […] Apollonius poursuit : il apprend aux Romains que c’est à la philosophie seule que Marc-Aurèle est redevable du caractère qui le distingue essentiellement entre tous les empereurs ; transition un peu forcée, pour amener le morceau suivant, « À ce mot de philosophie, je m’arrête. […] Rien de plus opposé au caractère de la véritable éloquence, que cette manière de procéder dans une composition oratoire ; et ce qui le prouve surtout, c’est qu’elle date précisément de l’époque où l’éloquence commença à dégénérer entre les mains des sophistes grecs, et finit par se perdre tout à fait entre celles de Sénèque et de ses imitateurs.
On ne peut s’empêcher d’aimer et d’estimer un tel caractère. […] La naïveté est le caractère dominant de La Fontaine. […] appliquez-vous à donner à votre éloquence un caractère délié, un langage fin et subtil. […] Est-ce un homme sans foi, sans mœurs, sans caractère, un monstre d’iniquité ? […] Ce tour, comme le mot l’exprime, porte surtout le caractère de l’urbanité.
Chaque peuple donne à son style l’empreinte de son caractère et de son génie. […] Pourtant il y a un art de dire noblement les petites choses, de relever les plus minces sujets, de donner aux objets mêmes qui répugnent un caractère d’élégance qui les fasse passer. […] Nos vieux auteurs français sont empreints d’une naïve simplicité qui paraît avoir été le caractère propre de l’esprit gaulois. […] Selon nous, ces caractères ne suffisent pas pour constituer le sublime. […] Son regard est inquiet et mobile ; il n’ose regarder le mur de la salle du festin, dans la crainte d’y lire des caractères funestes. » Ces paroles font allusion au festin de Balthazar.
Bougainville joignait à la douceur et à la bonté une grande originalité de caractère. […] L’exposition fait connaître : 1° Le caractère original de Bougainville ; 2° Quelques mots sur ses voyages ; 3° Son départ pour Brest ; 4° Sa rencontre avec M. de Boncourt ; 5° Quelques mots sur le caractère de M. de Boncourt. […] Il faut bien faire connaître les personnages, leurs actions, leurs caractères ; n’omettre aucune des circonstances de lieu, de temps, de moyen, qui expliquent les causes, les effets et rendent les événements naturels. C’est ainsi que dans la narration : le Tour du monde impromptu, le caractère de Bougainville et celui de son ami sont exposés, l’un gai, jovial, l’autre simple, susceptible, mais facile ; que tous les détails de leur conversation viennent expliquer comment M. de Boncourt s’aperçoit toujours trop tard que son ami le trompe, et comment, par suite de son caractère, il finit toujours par prendre gaiement son parti. […] Le commun caractère est de n’en point avoir : Le matin incrédule, on est dévot le soir.
Il est difficile qu’un écrivain conserve le même ton, le même caractère dans ses ouvrages, à des époques et dans des circonstances aussi différentes que celles que nous venons d’assigner. […] Telle est en effet l’inappréciable avantage des bonnes études ; elles impriment au goût une direction, et aux idées un caractère de justesse, qui ne manquent jamais de ramener tôt ou tard vers le but, dont on avait pu s’écarter un moment. […] Soit qu’il fût persuadé que l’on ne doit pas plus composer avec le faux goût qu’avec les mauvaises mœurs, soit que le ton dur et tranchant tînt essentiellement à son caractère ou à l’inexpérience de l’âge, il crut qu’il suffisait d’avoir raison, et ne songea qu’à le prouver, insensible d’ailleurs, ou complètement sourd aux clameurs qu’il ne pouvait manquer d’exciter autour de lui. […] On conçoit aisément que rien de commun, rien d’ordinaire ne peut sortir d’une réunion de circonstances extraordinaires, et que tout doit porter, dans les productions d’un tel écrivain, un caractère d’originalité qui peut faire époque, mais qui ne doit point servir d’exemple. […] Racine, qui avait également bien étudié et le génie de la langue et le caractère de la nation française, sentit que le seul moyen de donner des ailes à notre poésie, si lourde, si rampante jusqu’à lui, et qui ne s’était encore élevée que dans quelques stances de Malherbe, était de la débarrasser de ces mots auxiliaires, de ces particules traînantes qui donnent à la versification la marche de la prose ; de l’attirail des prépositions, des circonlocutions, etc., etc.
Il a peint avec une vérité saisissante tous les types de la physionomie humaine ; son investigation philosophique a parcouru tous les rangs de la société ; il met en scène la cour, la ville et la province : bourgeoiset nobles, marchands, médecins et hommes de lois ; pédants, fâcheux, fanfarons, fripons, servantes, valets et maîtres, sans compter les ridicules ou les vices de toutes les conditions et de tous les caractères : bel esprit, faux savoir, avarice, prodigalité, faiblesse, égoïsme, entêtement, malveillance, vanité, sottise, jalousie, libertinage, misanthropie, irréligion, hypocrisie, en un mot son siècle et avec lui l’humanité tout entière. […] C’est la nature même parlant naïvement, selon le caractère, la passion, la condition. […] Comme l’objet de la comédie est de représenter en général tous les défauts des hommes, et principalement des hommes de notre siècle, il est impossible à Molière de tracer aucun caractère qui ne rencontre quelqu’un dans le monde ; et, s’il faut qu’on l’accuse d’avoir songé à toutes les personnes où l’on peut trouver les défauts qu’il peint, il faut, sans doute, qu’il ne fasse plus de comédies. » Molière. […] sans sortir de la cour, n’a-t-il pas encore vingt caractères de gens où il n’a point touché ? […] Voir La Bruyère : De la cour, p. 179, édition Dezobry. — « Vient-on de placer quelqu’un dans un nouveau poste, c’est un débordement de louanges en sa faveur, etc… Est-il entièrement déchu, les machines qui l’avaient guindé si haut sont encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris. » Il faut chercher dans La Bruyère le caractère de tous les originaux passés ici en revue.
Revêtu du caractère sacré, le prêtre est l’envoyé du ciel ; il est investi d’une autorité qui donne à sa parole quelque chose d’auguste et de solennel. […] Le nom de Bossuet est inséparable de l’oraison funèbre : il a donné à ce genre un caractère de grandeur et de perfection sublime qui ne sera sans doute jamais surpassé. […] Devant un peuple assemblé, l’éloquence prend un autre ton, un autre caractère ; elle s’adresse moins à la logique qu’à la passion ; elle emprunte plus de puissance à la voix, au geste, au regard, aux images, qu’à l’enchaînement des mots et des idées ; elle sait que son triomphe tient à l’ébranlement momentané des cœurs. […] L’éloquence ne se trouve pas exclusivement dans les discours parlés ou écrits, comme ceux dont nous venons d’étudier les divers caractères ; elle peut exister dans les ouvrages destinés à convaincre les esprits et à toucher les cœurs.
. — Réponse à ceux qui contestent au récit des Évangélistes leur caractère de certitude. […] Corneille ne peut être égalé dans les endroits où il excelle, il a pour lors un caractère original et inimitable ; mais il est inégal. […] Appropriée au caractère de son imagination douce et pathétique, sa diction est sobrement ornée, élégante et pure, harmonieuse et sans effort. […] Chose nécessaire aux réformateurs, il joignait à la vigueur du talent celle du caractère. […] La noblesse du caractère se joignait dans Rotrou à la distinction de l’esprit, et l’homme chez lui était digne du poète.
En revanche, notre plus vif plaisir a été de signaler les pages où l’homme se montre sous l’écrivain, où le style est la personne même trahissant son caractère, et laissant parler son cœur avec ce naturel, cet abandon, cette bonne foi qui ne sent ni l’encre ni le papier. […] Des préambules substantiels, où la biographie éclaire la critique, offriront donc, comme en miniature, tous les traits saillants d’un caractère ou d’un talent. […] Oui, nous pouvons, en toute sécurité, nous rendre ce témoignage que le fond des idées nous a préoccupé à l’égal de la forme ; nous serons donc récompensé d’un travail souvent pénible, si les jeunes lecteurs de notre recueil comprennent bien cette leçon écrite à toutes ses pages, à savoir que le goût et la conscience se confondent, et que les pensées dignes de vivre procèdent toujours d’un caractère élevé, d’une volonté vaillante, d’un cœur honnête, d’un esprit droit et d’une âme saine.
Moraliste pénétrant, il excelle aussi dans l’art de peindre les traits d’un caractère et d’un esprit. […] La fable et la fontaine Dans l’enfance, ce n’est pas la morale de la fable qui frappe, ni le rapport du précepte à l’exemple ; mais on s’y intéresse aux instincts des animaux, et à la diversité de leurs caractères. […] Les plus avisés, ceux devant lesquels on ne dit rien impunément, vont plus loin ; ils savent saisir une ressemblance entre les caractères des hommes et ceux des animaux : j’en sais qui ont cru voir telle de ces fables se jouer dans la maison paternelle.
En revanche, notre plus vif plaisir a été de signaler les pages où l’homme se montre sous l’écrivain, où le style est la personne même trahissant son caractère, et laissant parler son cœur avec ce naturel, cet abandon, cette bonne foi qui ne sent ni l’encre ni le papier. […] Des préambules substantiels, où la biographie éclaire la critique, offriront donc, comme en miniature, tous les traits saillants d’un caractère ou d’un talent. […] Oui, nous pouvons, en toute sécurité, nous rendre ce témoignage que le fonds des idées nous a préoccupé à l’égal de la forme ; nous serons donc récompensé d’un travail souvent pénible, si les jeunes lecteurs de notre recueil comprennent bien cette leçon écrite à toutes ses pages, à savoir que le goût et la conscience se confondent, et que les pensées dignes de vivre procèdent toujours d’un caractère élevé, d’un volonté vaillante, d’un cœur honnête, d’un esprit droit et d’une âme saine.
Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre ; les auteurs aussi ignorants que les spectateurs ; la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance ; point de mœurs, point de caractères ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement ; en un mot, toutes les règles de l’art, celles même de l’honnêteté et de la bienséance, partout violées. […] quelle dignité et en même temps quelle prodigieuse variété dans les caractères ! […] Je veux croire que vous avez écrit fort vite les deux lettres que j’ai reçues de vous, car le caractère en paraît beaucoup négligé.
[Pensées remarquables par le caractère ou la signification.] […] Telle est cette pensée si usée : la mort n’épargne personne, mais à laquelle Malherbe a su donner les caractères de la nouveauté : Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre Est sujet à ses lois ; Et la garde qui veille aux barrières du Louvre N’en défend pas nos rois. […] Section I. — Pensées, qui doivent leur charme à l’expression Toutes les pensées dont nous venons de faire l’énumération sont remarquables chacune par le caractère ou la signification dont elles sont revêtues : elles doivent leur mérite au sens plus on moins important qu’elles renferment en elles-mêmes. […] Andrieux, voulant exprimer que « le caractère de l’homme est changeant » le fait en des termes choisis qui embellissent sa pensée. […] Le commun caractère est de n’en point avoir : Le matin incrédule, on est dévot le soir : Tel s’élève et s’abaisse au gré de l’atmosphère.