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2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

Il est un modèle de majestueuse élégance, de clarté brillante, de cette précision ornée qui s’interdit trop la simplicité du mot propre. […] Si l’on y joint encore de la défiance pour son premier mouvement, du mépris pour tout ce qui n’est que brillant, et une répugnance constante pour l’équivoque et la plaisanterie, le style aura de la gravité, il aura même de la majesté. […] que par les soins de l’homme elle est brillante et pompeusement parée ! […] Leur bec est une aiguille fine, et leur langue un fil délié ; leurs petits yeux noirs ne paraissent que deux points brillants ; les plumes de leurs ailes sont si délicates qu’elles en paraissent transparentes. […] On lit dans Beaumarchais : « Je voudrais, dit Figaro, finir par quelque chose de brillant, de scintillant, qui eût l’air d’une pensée. » (Barbier de Séville.

3. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

À la vérité, ces tissus brillants se faneront vite ; la trame en est légère et la couleur peu solide. […] L’élite des esprits sera moins brillante ; mille et mille esprits sortiront de leur indigence intellectuelle, et dans ce genre aussi la petite propriété, héritant de la grande, deviendra le plus ferme rempart de la société, qui n’est mise en péril que par ceux qui ne possèdent rien dans le champ des connaissances et des idées. […] Que de douces matinées m’ont fait passer les Lettres de Sénèque à Lucilius, si spirituelles, si fortes, malgré l’exagération de quelques passages, et beaucoup moins entachées qu’on ne le dit de faux brillant et de sophismes ! […] Entre ces deux croyances, je ne vois que quelque chose d’aride et de sec, un rire froid et moqueur, une gloire sans brillant, une sagesse sans élévation, un fond de bassesse que le talent même ne parvient pas à déguiser. […] C’est du trésor de leur cœur que sortent tant de généreux mouvements, tant de pures et brillantes images où sa peint leur amour du juste et du vrai.

4. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Les couleurs les plus brillantes et les plus variées éclatent dans ses fables : tout y est image et peinture. […] On peut allier dans ce poème les figures hardies, les descriptions brillantes, le style même sublime, avec la simplicité de l’apologue. […] Ô nation brillante et vaine ! […] Mais ce coloris ne doit pas être trop brillant ; ces grâces ne doivent pas être affectées. […] Il est, selon les sujets, énergique, majestueux, grave, brillant, délicat et naïf.

5. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

En suivant cette comparaison, j’ajouetrai que le Génie du christianisme (1802) fut l’arc-en-ciel, le signe brillant d’alliance et de réconciliation entre la religion et la société française. […] D’abord il frappe l’écho des brillants éclats du plaisir : le désordre est dans ses chants : il saute du grave à l’aigu, du doux au fort : il fait des pauses ; il est lent, il est vif : c’est un cœur que la joie enivre, un cœur qui palpite sous le poids de l’amour. […] La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans le bois, tour à tour paraissait brillante des constellations de la nuit, qu’elle répétait dans son sein. […] Plus elle s’avance vers le tombeau, plus elle se montre pure et brillante aux mortels consolés. […] C’est l’heure où la nature, un moment recueillie, Entre la nuit qui tombe et le jour qui s’enfuit, S’élève au créateur du jour et de la nuit, Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage.

6. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Il faut donc ouvrir les yeux des jeunes gens sur les vices brillants d’une composition dont l’éclat leur déguise le danger, et leur prouver que le génie du style est un don particulier de la nature, aussi admirable et plus rare encore que le génie des choses. […] Les pédants crièrent à l’insulte, à la profanation : mais les gens du monde applaudirent, et s’empressèrent d’ouvrir leurs cercles au poète distingué qui leur rappelait déjà la touche brillante, et, jusqu’à un certain point, le coloris de Voltaire. […] Delille se sentait irrésistiblement entraîné ; et l’essai brillant qu’il venait d’en faire dans les Géorgiques, lui réussit également dans le poème des Jardins, ouvrage qu’il n’a jamais surpassé quant aux ornements de détail et à la poésie du style. […] Delille, ne l’ont pas retrouvé davantage dans son Énéide : mais cette riche et brillante paraphrase n’en sera pas moins une portion durable de la gloire de son auteur, et un monument qui honore à la fois et les Muses du Tibre et celles de la Seine. […] Cette brillante déesse qui l’avait si souvent et si bien inspiré, n’abandonna pas son poète dans cette nouvelle carrière, et l’on sait tout le parti qu’il tira d’un sujet stérile pour tout autre par sa fécondité même, et d’autant plus périlleux que l’éclat en couvrait mieux le danger.

7. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

Nuit brillante, dis-nous, qui t’a donné tes voiles ? […] Mais les temps sont changés, sa mort fut un sommeil : On le vit, plein de gloire à son brillant réveil, Laissant dans le tombeau sa dépouille grossière, Par un sublime effort voler vers la lumière. […] Telle est de l’univers la constante harmonie : De son empire heureux la discorde est bannie ; Tout conspire pour nous, les montagnes, les mers, L’astre brillant du jour, les fiers tyrans des airs. […] Par de brillants travaux je cherche à dissiper Cette nuit dont le temps me doit envelopper. […] Un contemporain de Louis Racine, Saint-Lambert, l’auteur du poëme des Saisons, a développé fort heureusement des pensées analogues, en peignant dans une brillante description les désastres causés par un orage (l’Eté).

8. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

La poésie s’en accommode mieux que la prose, l’éloquence mieux que l’histoire ; le genre didactique ne la dédaigne pas, la sentence acquiert par elle plus de netteté et d’énergie : les Essayistes anglais l’ont souvent employée avec un bonheur extrême ; chez les poëtes et les orateurs, elle sera plus brillante et plus élastique ; chez les philosophes et les historiens, plus significative et plus rigoureuse. […] Les comparaisons des écrivains latins sont déjà plus étroitement liées à leur sujet ; et les prosateurs, comme les poëtes des deux derniers siècles de notre littérature, en présentent un grand nombre à la fois riches et exactes, brillantes et correctes. […] La métaphore est partout : ici, tellement familière qu’elle se confond avec le langage commun ; là, si neuve et si brillante qu’elle réveille par le piquant et éblouit par l’éclat de ses traits. […] L’assassin emprunte au tigre son nom comme ses mœurs, Fénelon et Bossuet ne sont plus des orateurs harmonieux ou sublimes, ce sont des cygnes ou des aigles : Ces tigres à ces mots tombent à ses genoux… Le cygne de Cambrai, l’aigle brillant de Meaux… Tantôt le même échange a lieu entre les objet inanimés, physiques ou moraux : Je ne sens plus le poils ni les glaces de l’âge. […] Non, mille fois non ; je soutiens qu’avec du travail on peut être élégant, brillant, hardi, téméraire même, sans cesser d’être correct et sensé ; que tous les vrais poëtes de tous les âges, et entre autres M. de Lamartine lui-même, l’ont prouvé surabondamment, et que la source de ces non-sens n’est ni l’ignorance, ni l’impuissance, mais le dédain pour les règles, et surtout la précipitation paresseuse qui sacrifie parfois le bien faire au besoin de faire vite.

9. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

Cette persécution rendit service à son talent ; car nous devons aux vicissitudes de son exil les deux meilleurs ouvrages qu’elle ait produits : Corinne, roman trop métàphysique dont les fictions recouvrent les confidences d’une âme supérieure ; et l’Allemagne, tableau brillant d’une littérature dont l’étude fut pour nous la découverte de richesses ignorées. […] La séance de l’Académie a été fort brillante. […] Dieu soit béni cependant pour le secours qu’il nous prépare encore dans cet instant : nos paroles seront incertaines, nos yeux ne verront plus la lumière, nos réflexions, qui s’enchaînaient avec clarté, erreront isolées sur de confuses traces ; mais l’enthousiasme ne nous abandonnera pas, ses ailes brillantes planeront sur notre lit funèbre ; il soulèvera les voiles de la mort, il nous rappellera ces moments où, pleins d’énergie, nous avions senti que notre cœur était impérissable, et nos derniers soupirs seront peut-être comme une noble pensée qui remonte vers le ciel. […] si l’enthousiasme un jour s’éteignait sur votre sol, si le calcul disposait de tout et que le raisonnement seul inspirât même le mépris des périls, à quoi vous serviraient votre beau ciel, vos esprits si brillants, votre nature si féconde ?

10. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

Parmi les pensées, les unes sont simples, naturelles, naïves, fines, délicates, tendres, agréables, gracieuses, enjouées, vives brillantes, fortes, frappantes, hardies, neuves, énergiques, grandes, magnifiques, nobles et sublimes ; — d’autres sont basses, communes ou triviales, fausses, gigantesques, etc. […]  » 13° Pensées brillantes Les pensées brillantes consistent dans le choix d’une heureuse comparaison, relevée par une tournure pleine de précision. La pièce de vers suivante, intitulée la Prière, se fait remarquer par une multitude de pensées brillantes et riches. La Prière Le roi brillant du jour, se couchant dans sa gloire, Descend avec lenteur de son char de victoire.

11. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mme de Maintenon. (1635-1719.) » pp. 76-82

Mme de Maintenon (elle devait ce nom à une terre qu’elle avait acquise) profita de sa brillante situation pour réaliser plusieurs belles œuvres de charité : la principale fut la création de Saint-Cyr3. […] Mais il est certain que, par la suite, la brillante fortune de madame de Maintenon ne l’éblouit pas, et que son élévation ne changea point son cœur, comme le lui écrivait dans une lettre fort remarquable, datée du 20 avril 1714, le duc de Richelieu, petit-neveu du cardinal et père du maréchal de France. […] Elle fut nommée Amable ; et, dans la suite, elle épousa le duc de Noailles, d’abord appelé comte d’Ayen, dont la carrière militaire fut brillante, et qui, après être parvenu, en 1733, à la dignité de maréchal de France qu’avait aussi possédée son père, mourut en 1766.

12. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Les figures vives et piquantes, le choix et l’harmonie des mots, la variété des sons, les tours ingénieux et brillants, en un mot tout ce qui peut embellir le discours, lui convient et le caractérise. […] Cette figure si brillante doit être employée rarement dans un Ouvrage sérieux, et partout ailleurs même, avec quelques ménagements. […] Les brillants exemples qu’ils nous fournissent de cette figure si belle, sont en si grand nombre, qu’il serait bien difficile de faire un choix. […] Peut-on trouver, dans le genre brillant et gracieux, une description plus agréable que celle-ci ? […] Telles sont les principales figures qui rendent le style brillant, fleuri et quelquefois élevé, en embellissant et ennoblissant les objets que présente l’écrivain.

13. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Voici sur quel ton Bourdaloue commence la seconde partie de son Oraison funèbre du grand Condé a : « Il n’y a point d’astre qui ne souffre quelque éclipse ; et le plus brillant de tous, qui est le soleil, est celui qui en souffre de plus grandes et de plus sensibles. […] La Prosopopée, une des plus vives, des plus magnifiques et des plus brillantes figures de l’éloquence et de la poésie, fait parler tous les êtres, soit animés, soit insensibles, soit réels, soit imaginaires ; les morts mêmes. […] Nuit brillante, dis-nous qui t’a donné tes voiles ? […] « Je vais vous marquer la chose du monde la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète, jusqu’aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie ; enfin une chose dont on ne trouve qu’un exemple dans les siècles passés ; encore cet exemple n’est-il pas juste ; une chose que nous ne saurions croire à Paris ; comment la pourrait-on croire à Lyon ? […] Le style sublime ne peut se montrer que sous le pompeux appareil des figures les plus brillantes et les plus magnifiques.

14. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

On voit par là, que le discours oratoire est un discours composé pour des occasions publiques et brillantes. […] La grandeur et l’importance du sujet autorisent l’Orateur à commencer par quelques traits frappants, par des figures brillantes, par de riches comparaisons. […] On va voir qu’il prouve d’abord cette proposition par un magnifique éloge de César, et ensuite par trois raisons qu’il développe d’une manière non moins solide que brillante. […] Quelque brillante qu’elle soit, et elle l’est infiniment, vous la possédez seul tout entière. […] Il faut surtout s’attacher à bannir du discours oratoire ces pensées stériles, qui ne sont que brillantes, et qui ne disent rien pour l’instruction de l’auditeur.

15. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Qu’elles sont brillantes, en effet, les vingt premières années du gouvernement de Louis XIV ! […] Au lieu de concentrer la force comique sur quelque sujet d’intrigue et de mœurs longtemps médité, vous avez éparpillé la comédie dans une foule de brillantes esquisses, et reproduit l’ingénieuse fécondité de ces poëtes espagnols, dont les ouvrages et les succès se comptaient par centaines. […] Son expression est grave, brillante, légère, éloquente, selon le génie des divers membres de cette glorieuse tribu d’écrivains qu’il passe en revue. L’histoire, la biographie, les détails de mœurs vivifient sa critique : une inflexible morale, un dévouement vrai et de cœur à tout ce qui honore, console et relève l’humanité, à la liberté, à la religion, à la vérité, semblent rendre encore son goût plus pur et plus sévère ; cet enchaînement de tableaux historiques, d’anecdotes racontées avec l’esprit le plus brillant, de réflexions morales et d’analyses judicieuses et profondes, qui se mêlent sans confusion, conduit le lecteur jusqu’au bout du livre sans qu’il ait un moment l’envie de s’arrêter.

16. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre III. Discours académiques de Racine, de Voltaire et de Buffon. »

Le grand Corneille loué de cette manière par le plus illustre de ses rivaux, par le seul qui marchera constamment à ses côtés, était une époque trop brillante, pour ne pas nous y arrêter un moment. […] Après avoir suivi avec Voltaire la langue française dans ses progrès, depuis sa naissance jusqu’à l’époque déjà marquée par une décadence qu’il a plus qu’un autre contribué à ralentir, peut-être sera-t-on bien aise d’avoir, sur le style en général, des idées justes, et données par un homme dont le nom seul rappelle l’un des titres les plus brillants de notre langue à l’admiration universelle : écoutons Buffon, dans son discours de réception à l’académie française. […] Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ».

17. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Buffon. (1707-1788.) » pp. 146-152

De tous les êtres animés, voici le plus élégant pour la forme et le plus brillant pour les couleurs. […] Les Indiens, frappés de l’éclat et du feu que rendent les couleurs de ces brillants oiseaux, leur avaient donné les noms de rayons ou cheveux du soleil. […] Leur bec est une aiguille fine ; leurs petits yeux noirs ne paraissent que deux points brillants ; les plumes de leurs ailes sont si délicates, qu’elles en paraissent transparentes.

18. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Souvent le sujet, pour être dignement traité, demande avec la noblesse de l’expression les images les plus vives et les figures les plus brillantes ; parfois le grandiose des idées et la hauteur des vues exigent que le langage, pour y répondre, s’élève et s’agrandisse comme la pensée. […] Jeter des mots éblouissants et sonores sur des idées pauvres et stériles, ce n’est plus de la richesse, c’est une parure de faux brillants, c’est le clinquant des acteurs sur un théâtre. […] La magnificence est à l’esprit ce que le sublime est au sentiment, les plus hautes conceptions du génie revêtues des plus brillantes couleurs de l’imagination. […] » Cependant la richesse du style ne consiste pas toujours dans cette brillante abondance de développements.

19. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Est-il besoin de rappeler, dans la comédie, les brillantes narrations des Fâcheux et du Menteur ? […] Le brillant dilemme du vieil Horace défendant son fils pèche par un vice de ce genre. […] Cette forme flexible et brillante convient à l’éloquence et surtout à la poésie, où les pensées s’enchaînent et prennent naturellement de l’ampleur et du nombre. […] Il ajoute, pour ainsi dire, à la nature de cette langue celle de son esprit si net, si juste, si facile, si rapide, si brillant de clarté. […] Mais que nous sert ce brillant qui nous étonne, si nous ne prévenons le coup qui nous tranche ? 

20. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Son style n’est ni chaud, ni brillant, ni frais, et, même dans ses chants les plus relevés, son enthousiasme est trop visiblement voulu. […] Il est plus attaché à la force, à la profondeur des idées, à la solidité du raisonnement qu’au brillant de la forme et aux séductions du style. […] Il y préfère toujours la vérité au brillant de la pensée, et une teinte de mélancolie douce et légère s’y mêle souvent au chant du plaisir. […] Plus brillant que les tiens ! […] Cette diction est souvent brillante, pompeuse, magnifique ; mais c’est une magnificence trompeuse.

21. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Il est un modèle de majestueuse élégance, de clarté brillante, et de précision ornée2. […] Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ; à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes. […] On lit dans Beaumarchais :« Je voudrais dit Figaro, fuir par quelque chose de brillant, de scintillant, qui eut l’air d’une pensée. » Barbier de Séville.

22. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Thiers. Né en 1797. » pp. 513-521

Il serait injuste de lui refuser des touches fines, une vivacité brillante, un tour spirituel, et l’animation d’un causeur prompt à toutes les impressions. […] On remarque souvent chez un enfant, un ouvrier, un homme d’État, quelque chose qu’on ne qualifie pas d’abord du nom d’esprit, parce que le brillant y manque, mais qu’on appelle l’intelligence, parce que celui qui en paraît doué saisit sur-le-champ ce qu’on lui dit, voit, entend à demi-mot, comprend, s’il est enfant ce qu’on lui enseigne, s’il est ouvrier l’œuvre qu’on lui donne à exécuter, s’il est homme d’État les événements, leurs causes, leurs conséquences, devine les caractères, leurs penchants, la conduite qu’il faut en attendre, et n’est surpris, embarrassé de rien, quoique souvent affligé de tout. […] « Abondante, aisée, simple et lumineuse, son éloquence sait prêter un intérêt qui captive aux arides détails des affaires les plus compliquées, parcourir sans s’égarer tous les détours des questions les plus vastes, répandre sur les plus obscures le jour éclatant de l’évidence, semer comme en se jouant sur sa route les vérités brillantes et les mouvements heureux, et, cachant une méthode réfléchie sous les dehors d’une improvisation facile, déployer un art d’autant plus savant qu’il conserve tout le charme de l’abandon et tout l’entraînement du naturel ; reproduire enfin cette grandeur négligée qu’on admirait dans M.

23. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Les mots sonores et brillants affaibliraient souvent une pensée forte. […] Celui-ci est plus léger, plus vif, plus brillant. […] Les idées les plus profondes, les plus brillantes, les plus sublimes se montrent sous sa plume, avec toute leur force, tout leur éclat, toute leur grandeur, sans que les règles de la langue soient violées. […] Il cherche à plaire par l’imitation : il faut que son style soit riche, brillant, fleuri, nombreux et pittoresque. […] Mais quand on y regarde de près, on est tout surpris de ne trouver qu’un barbarisme brillant dans ce qu’on avait admiré.

24. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

On l’appelle fleuri, parce qu’il fait usage des ornements ; il comporte l’agrément des expressions, se distingue par le choix et l’harmonie des mots, par la variété des sons et par des tours brillants et animés. […] Nous ne saurions citer un meilleur exemple pratique que le brillant Discours de Buffon sur le style, prononcé le jour de sa réception à l’Académie française. […] Il proscrit de la véritable éloquence les pensées fines, les idées légères, l’esprit mince et brillant, qui est nuisible à l’expression des grandes choses. Rien n’est encore plus opposé à la véritable éloquence que l’emploi de ces pensées fines, et la recherche de ces idées légères, déliées, sans consistance, et qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité : aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style, à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes. […] Le style sublime ne peut se montrer que sous le pompeux appareil des expressions et des figures les plus brillantes ; tandis que le sublime se trouve souvent dans la phrase, ou dans l’expression la plus simple.

25. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bernardin de Saint-Pierre, 737-1814 » pp. 357-367

Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords ; mon âme s’y abandonne, elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres, elle s’élève avec leur cime vers les cieux, elle se transporte dans les champs qui les ont vus naître et dans ceux qui les verront mourir ; ils étendent dans l’infini mon existence circonscrite et fugitive. […] Les sentiers sinueux où nous marchions en silence traversaient des bosquets fleuris de lilas, de troënes, d’ébéniers, tout brillants d’une lueur bleuâtre et céleste. […] Tout à coup, au jour vif et brillant de la zone torride, succède une nuit universelle et profonde ; à la parure d’un printemps éternel, la nudité des plus tristes hivers.

26. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Silvestre de Sacy Né en 1804 » pp. 271-274

Quand un livre n’est pas à notre usage, il a beau être bien brillant, nous soupirons, et nous ne l’achetons pas1. […] C’est du trésor de leur cœur que sortent tant de généreux mouvements, tant de pures et brillantes images où se peint leur amour du juste et du vrai. » 1.

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