La Rhétorique est l’art de bien dire. […] Pourquoi la Rhétorique est-elle appelée art ? […] En quoi consiste l’art de la composition ? […] La déclamation est l’art de faire sentir ce que l’on prononce. […] Il faut alors mettre beaucoup d’art à couper le dialogue.
Les maîtres de l’art restreignent la métonymie aux usages suivants : 1º la cause pour l’effet, Bacchus pour le vin, Cérès pour le pain. […] Au mérite d’une métaphore parfaitement juste, soutenue, et graduée avec tout l’art possible. […] L’art du pilote est tout ; et, pour dompter les vents, Il faut la main du sage et non des ornements. […] Minerve lui donna l’art de persuader ; La superbe Junon celui de commander. […] Là, d’un long mur de jonc l’ondoyante souplesse, Puissante par leur art, forte par sa faiblesse, Sur le bord qu’il menace attend le flot grondant, Trompe sa violence et résiste en cédant.
On représente Apollon sous la figure d’un jeune homme sans barbe, avec une lyre, un bouclier, un carquois et des flèches, ayant auprès de lui des instruments pour les arts. […] La gloire qu’il eut de faire fleurir les arts et les sciences, lui mérita le titre de restaurateur des lettres. […] Minerve, déesse de la sagesse, des sciences et des beaux arts. […] C’est pour cela qu’ils lui attribuent le soin des chevaux et des chars, et l’art de monter à cheval. […] Il apprit, selon la fable, de Cérès elle-même l’art de cultiver la terre.
Voilà sans doute les esprits suffisamment aigris, et disposés avec tout l’art possible à regarder et à traiter comme ennemi déclaré du bien public un infracteur quelconque de la loi. […] Autant nous avons remarqué d’art et de perfidie dans l’exorde d’Eschine, autant nous allons admirer de noblesse et de dignité dans celui de Démosthène. […] C’est un morceau brillant, mais qui ne pose que sur un sophisme, et où l’art oratoire devient malheureusement celui de la calomnie. […] Mais, comme le remarque M. de La Harpe, d’après le judicieux Rollin, qui l’avait observé avant lui, les mœurs républicaines autorisaient cette licence ; et ni Démosthène ni Eschine n’ont manqué par conséquent au précepte de l’art, qui défend de violer les convenances reçues.
Ceux même qui lui ont contesté avec le plus d’acharnement la divinité de sa mission, n’ont jamais songé à lui disputer le grand art de savoir conduire les hommes ; et cet art-là tient nécessairement du prodige, quand on songe à ce qu’était le peuple hébreu, lorsque Moïse conçut le projet de le réduire en corps de nation, et l’espérance de voir cette nation tenir un jour un rang distingué. […] Mais ce qui nous surprendra davantage dans un siècle aussi reculé, dans un climat presque barbare, et chez des peuples à peine sortis des mains de la nature, c’est de trouver des discours dans la force du terme, des harangues de longue haleine, et qui paraissent avoir été le fruit de la réflexion et du travail, tant on y remarque l’art de mettre à profît toutes les circonstances possibles, de ne dire que ce qu’il faut, et de le dire précisément comme il doit être dit pour produire l’effet que l’on en attend.
Ceux-là font de leurs mains courir ce char léger Que roule un seul coursier sur une double roue ; Ceux-ci,sur un théâtre où leur mémoire échoue En bouffons apprentis défigurent ces vers Où Molière, prophète, exprima leurs travers ; Par d’autres, avec art, une paume lancée Va, revient tour à tour pousée et repoussée. […] …………………………………………………………………………………… Assise dans ce cirque où viennent tous les rangs Souvent baîller en loge, à des prix différents, Chloris n’est que parée, et Chloris se croit belle : En vêtements légers l’or s’est changé pour elle ; Son front luit, étoilé de mille diamants ; Et mille autres encore, effrontés ornements, Serpentent sur son sein, pendent à ses oreilles ; Les arts, pour l’embellir, ont uni leurs merveilles : Vingt familles enfin couleraient d’heureux jours, Riches des seuls trésors perdus pour ses atours. […] De là sur l’Hélicon deux partis opposés Règnent, et l’un par l’autre à l’envi déprisés, Tour à tour s’adressant des volumes d’injures, Pour le trône des arts combattent par brochures ; Mais plus forts par le nombre, et vantés en tous lieux, Les corrupteurs du goût en paraissent les dieux.
Au sentiment de l’art antique il a su allier celui de l’art chrétien. […] Ce passage est tiré d’une épopée champêtre, qui rivalise avec Hermann et Dorothée par l’éloquence dramatique d’une inspiration simple et touchante, par la vigueur ou la grâce du coloris, et l’art d’ennoblir les plus simples détails de la vie rustique.
De ce qu’il convient de mettre sur la scène de l’art d’embellir les caractères. […] De l’art de développer un sujet.
Ce genre n’a donc pas de bornes déterminées ; il peut comprendre tous les traités, réguliers ou non, sur la philosophie, sur la morale, sur les arts et les sciences ; tous les livres de théorie, les études et les descriptions de la nature, les livres d’éducation, etc. […] Ce que nous avons dit sur l’art d’écrire en général, dans la première partie, peut trouver son application dans chaque genre.
Ces trois opérations ont lieu, non seulement dans le discours oratoire, mais encore dans la poésie et dans les autres arts, en un mot, dans toutes les productions du génie. […] Mais que des pluies excessives s’y joignent encore, afin que nous ayons, à la fois, avec tout le courage et tout l’art, toute la nature à combattre. […] C’est un art qui demande une grande sagacité dans l’esprit, un discernement juste et fin, un goût sûr et exquis. […] Il faut alors qu’il s’exprime simplement, pour s’insinuer avec art dans l’esprit de ceux qui l’écoutent. […] Art Poét.
Des arts liberaulx, geometrie, arithmeticque et musicque, ie t’en donnay quelque goust quand tu estoys encores petit en l’eage de cinq a six ans ; poursuis le reste, et d’astronomie saches en les canons. Laisse moy l’astrologie divinatrice, et l’art de Lullius15, comme abus et vanite. […] Aristophanes le grammairien n’y entendoit rien, de reprendre en Epicurus la simplicité de ses mots, et la fin de son art oratoire, qui estoit perspicuité de langage seulement. […] C’est dans un des chapitres, de l’Art de terre, qu’il raconte ses travaux et ses souffrances. […] Quoi qu’il en soit, voilà mes opinions, ou, si vous voulez, mes hérésies touchant les principaux points de l’art ; et je ne sais point mieux accorder les règles anciennes avec les agrémens modernes.
Hæc enim ridentur vel sola vel maxime, quæ notant et designant turpitudinem aliquam non turpiter. » — Sur le ridicule dans l’art, voir d’ingénieuses considérations dans le Laocoon, de Lessing, § 23. — M. […] « Le premier, dit un grammairien anonyme qui semble puiser à une bonne source, Épicharme s’appropria, par de nombreuses innovations dans la pratique de l’art, la comédie auparavant dispersée » (c’est-à-dire dont on ne trouvait que des éléments épars sur divers points de la Grèce) : « sa poésie était surtout riche en inventions, sentencieuse et travaillée. » Voyez Meineke, Hist. crit., p. 535. […] Mais comme il a servi de texte à une foule de discussions qui n’ont pas été sans influence sur l’art dramatique, particulièrement en France, on lira peut-être avec intérêt quelques extraits des controverses qui s’y rapportent : « Il suffit, dit Lopez de Véga, de s’attacher à l’unité d’action et d’éviter l’épisode, en sorte qu’il n’y ait rien d’étranger et qui nous tire du sujet principal c’est-à-dire qu’on n’en puisse détacher aucune partie, sans que la pièce tombe en ruine.
Ces pièces sont si courtes qu’il semble qu’il n’y ait aucun art à les raconter ; il est certain, pourtant, que tout le monde n’y réussit pas également ; que les uns récitent parfaitement une anecdote, tandis que d’autres le font si médiocrement, qu’on cherche, après qu’ils ont parlé, ce qu’il peut y avoir de piquant dans leur récit. L’art de raconter ces petits faits n’a jamais été poussé si loin que dans le siècle dernier. […] Donnons ici, comme un modèle de l’art de faire ces petits récits, la page que La Harpe consacre au mesmérisme dans sa Correspondance littéraire, à propos de la mort de Court de Gébelin.
L’immortalité 1 Apollon à portes ouvertes2 Laisse indifféremment cueillir Ces belles feuilles toujours vertes Qui gardent3 les noms de vieillir ; Mais l’art d’en faire des couronnes N’est su que de peu de personnes ; Et trois ou quatre seulement, Au nombre desquels on me range, Peuvent donner une louange Qui demeure éternellement4. […] Il nous enseigna l’espèce d’harmonie imitative qui lui convient, et comment on se sert de l’inversion avec art et réserve. […] Ces vers cornéliens me rappellent aussi Scarron disant sur un autre ton : Superbes monuments de l’orgueil des humains, Pyramides, tombeaux, dont la riche structure A témoigné que l’art, par l’adresse des mains Et l’assidu travail, peut vaincre la nature, Par l’injure des ans vous êtes abolis, Ou du moins la plupart vous êtes démolis : Il n’est point de ciment que le temps ne dissoude : Si vos marbres si durs ont senti son pouvoir, Dois je trouver mauvais qu’on méchant pourpoint noir, Qui m’a duré deux ans, soit percé par le coude ?
… Mais ces connaissances sont utiles et nécessaires à ceux qui ont besoin de l’art de parler et d’écrire. […] Art Poét. […] Art Poét. […] Art Poét. […] Art.
Quel parti Cicéron va tirer de cette exclamation d’un grand homme, et avec quel art il va s’en servir pour lui en faire une leçon importante ! […] La guerre civile, celle d’Afrique, celle au-delà des Alpes, celle d’Espagne, où des villes révoltées étaient unies à des nations belliqueuses ; celle des esclaves, celle des pirates ; toutes ces guerres différentes, contre tant d’ennemis divers, je ne dis pas conduites, mais terminées par le seul Pompée, prouvent qu’il n’est pas une partie de l’art militaire qui ait pu échapper à ses connaissances ». […] « Pendant ces dernières années, quel endroit, dans toute l’étendue de la mer, a été assez fortifié par l’art, pour qu’on y fût en sûreté ; assez défendu par la nature, pour qu’on y échappât à la violence ? […] « Puis donc que la guerre actuelle est tellement indispensable, qu’il est impossible d’y renoncer ; puisqu’elle est si importante, que rien n’en doit détourner notre attention ; puisqu’enfin nous en pouvons remettre le commandement à un général qui réunit à une connaissance profonde de l’art militaire, toutes les vertus d’un guerrier, une brillante réputation, et le bonheur le plus constant, balancerez-vous, Romains, à consacrer au salut et à l’agrandissement de la république, le bien inestimable qui nous est offert et accordé par les Dieux immortels !
Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre : les auteurs aussi ignorants que les spectateurs ; la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance ; point de mœurs, point de caractères ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement : en un mot, toutes les règles de l’art, celles même de l’honnêteté et de la bienséance partout violées. […] À dire le vrai, où trouvera-t-on un poète qui ait possédé à la fois tant de grands talents, tant d’excellentes parties, l’art, la force, le jugement, l’esprit ? […] » Un de leurs contemporains, incapable peut-être du sublime qui élève l’âme, et du sentiment qui l’attendrit, mais fait pour éclairer ceux à qui la nature accorda l’un et l’autre ; laborieux, sévère, pur, harmonieux, il devint le poète de la raison : — il égala et surpassa peut-être Horace dans la morale et dans l’art poétique.
Bien que cette querelle ait perdu son à-propos, la verve d’une ironie éloquente, des principes d’éternelle morale, la dialectique d’un bons sens convaincu, et les beautés d’un art supérieur assurent un intérêt durable à ce pamphlet, qui demeure comme une date impérissable de notre littérature. […] S’ils avaient la véritable justice, si les médecins avaient le vrai art de guérir, ils n’auraient que faire de bonnets carrés : la majesté de ces sciences serait assez vénérable d’elle-même. […] L’éloquence est un art de dire les choses de telle façon que ceux à qui l’on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir, ou qu’ils s’y sentent intéressés, en sorte que l’amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion.
Nous cultivions en paix d’heureux champs, et nos mains Etaient propres aux arts, ainsi qu’au labourage. […] Je me persuade qu’à force de rêver, le poëte en avait fait un art à son usage, choisissant à dessein les chimères les plus impossibles, non pas l’élection, mais l’amour du peuple ; et sachant bien aussi que les chimères les plus impossibles sont celles qui plaisent le plus. […] Il y a, dans tous les arts, un je ne sais quoi qu’il est bien difficile d’attraper. […] Il faut avouer que, dans les arts de génie, tout est l’ouvrage de l’instinct. […] Il n’est plus, cet homme à qui il a été donné de rendre la négligence même de l’art préférable à son poli le plus brillant !
Quelle fut en Grèce la conséquence de cette heureuse nature de langage, à laquelle contribuaient d’ailleurs le climat, l’éducation, le libre essor de la vie extérieure et l’instinct général de l’art ? […] Pour plaire aux habiles, la période doit se dérouler avec aisance, abondance et harmonie ; qu’elle ne se prolonge pas indéfiniment comme ces phrases allemandes dont on ne trouve la fin qu’en sautant au moins un feuillet ; que les suspensions et les repos y soient ménagés avec assez d’art pour permettre au lecteur de respirer librement et à propos81 ; qu’elle se termine, autant que possible, par des sons pleins et soutenus, qui, tout en évitant le ridicule de l’esse videatur 82, empêchent la voix de tomber trop brusquement ; que pour flatter l’oreille et faciliter la prononciation, les membres en soient savamment balancés et proportionnés. […] Vous y apprendrez surtout l’art si nécessaire et si difficile, en fait d’harmonie, comme de pensée et d’expression, de concilier la vérité et l’unité, l’unité dans l’harmonie générale, la vérité dans l’harmonie spéciale. […] Que les jeunes gens surtout soient bien convaincus d’une vérité, c’est que les génies les plus vastes et les plus élevés, comme les plus spontanés et les plus naïfs, n’ont point estimé au-dessous d’eux les plus minutieuses prescriptions de l’art ; c’est qu’ils n’ont pas cru que l’étude de toutes les délicatesses du nombre nuisît aux sublimes inspirations de la pensée ; c’est qu’enfin, sans jamais sacrifier ni le sens, ni l’expression, ils ont su donner au discours les charmes de l’euphonie et du rhythme, et n’ont même négligé, dans l’occasion, aucun des embellissements variés de l’harmonie imitative.
Ce voyage lui valut, avec un surcroît d’expérience, une bulle pontificale qui l’autorisait à exercer en tous lieux l’art de la médecine, mais à titre gratuit, « jusqu’à l’application du fer et du feu exclusivement1 ». […] Emprunté aux arts, aux métiers, à la guerre, à la marine, à la basoche, son français a exploité toutes les sources techniques, tout le trésor du fonds national. […] Elle parla par l’art du medicin et du chirurgien, qui luy coupperent un encyliglotte13 qu’elle avoit soubz la langue. […] Le medicin respondit en son art bien auoir remedes propres pour faire parler les femmes : n’en avoir pour les faire taire.
. — Différents genres d’exercices Lorsque l’esprit des jeunes gens se sera suffisamment familiarisé avec le style et ses différentes espèces, il sera à propos alors de s’adonner l’art d’écrire dont on commencera à posséder les principaux secrets. […] Les arts et les sciences, tels que la peinture, la musique, l’astronomie, la médecine, la physique, la botanique, l’histoire naturelle, etc., pourront être tour à tour l’objet d’une multitude de dissertations ; la religion et la morale sont encore deux grandes sources qui permettront aux élèves de donner l’essor à une foule d’idées utiles. […] 3° Dissertation sur les Arts Accorder une préférence à la Peinture ou à la Musique. […] Par son concours, les Orphée, les Linus réunirent autrefois les premières sociétés humaines, et les civilisèrent par la puissance de l’harmonie ; aussi les hommes reconnaissants ont-ils toujours cultivé avec amour un art aussi aimable. […] Conclure en balançant les avantages de ces deux arts, et en donnant la supériorité à celui qui plaira le plus.
Voltaire, par exemple, s’est plu à refaire une grande partie des tragédies de Crébillon ; Corneille et Racine ont composé une tragédie sur le morne sujet, Bérénice ; Boileau, comme Horace et Lafresnais-Vauquelin, a composé un art poétique ; Horace, Boileau et Régnier ont encore écrit une satire sur un festin ; la Phèdre de Racine a été malheureusement éclipsée un instant par celle de Pradon. […] La liaison est l’art d’enchaîner les pensées ; la transition est l’art de passer de l’une à l’autre naturellement. Boileau dit que les transitions sont ce qu’il y a de plus difficile dans l’art d’écrire : aussi rien ne donne plus d’agrément et de force même au discours que la liaison parfaite des idées dont il se compose.
Il existe de nombreux ouvrages pour les trois temps assignés par Marmontel aux disciples de la rhétorique, ainsi que pour l’étude de l’art qu’on a appelé le premier des arts agréables.
Dans les écrivains du second ordre, au contraire, tout présente les traces pénibles d’efforts rarement heureux ; et ce rapprochement involontaire, mais perpétuel, de la nature, grande et belle sans effort, et de l’art qui se tourmente infructueusement pour l’imiter mal, altère sensiblement quelquefois le plaisir que pourraient nous faire les plus beaux morceaux de poésie moderne. […] Voyez, dans la belle ode Æquam memento rebus in arduis, avec quel art ce grand poète sait amener de grandes vérités de morale, et les fondre dans les descriptions les plus riantes. […] Maniée avec art, elle s’élève aux plus grandes beautés en ce genre ; et il suffit, pour s’en convaincre, de parcourir les ouvrages de Pope, et surtout sa belle traduction d’Homère, la seule qui puisse, jusqu’ici, donner aux modernes une idée juste du plus grand génie qui ait jamais écrit dans la langue du monde la plus riche et la plus harmonieuse.