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2. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Le lion, ne voulant point abandonner son sauveur, se jette dans la mer, suit le vaisseau à la nage, et périt dans les flots. […] Les Anglais prennent la fuite ; le captal abandonne à la hâte sa tente, où le festin venait d’être servi. […] Il s’abandonne aux plus douloureuses réflexions. […] Et Dieu nous abandonnera si nous abandonnons l’entreprise que nous avions formée en son nom. […] En 888, les Allemands et les Italiens le déposèrent, et il mourut l’année suivante, abandonné de tout le monde.

3. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

Vous avez en général besoin de vous pénétrer du sentiment de votre force et de la dignité qui convient à l’homme libre : divisés et pliés depuis des siècles à la tyrannie, vous n’eussiez pas conquis votre liberté ; mais sous peu d’années, fussiez-vous abandonnés à vous-mêmes, aucune puissance de la terre ne sera assez forte pour vous l’ôter. […] La victoire ne les abandonna jamais, parce qu’elles furent constamment braves, patientes à supporter la fatigue, disciplinées et unies entre elles. […] Mais, lorsque nous nous abandonnions à cette trop confiante sécurité, de nouvelles trames s’ourdissaient sous le masque de l’amitié et de l’alliance. […] aurions-nous donc bravé les saisons, les mers, les déserts ; vaincu l’Europe plusieurs fois coalisée contre nous ; porté notre gloire de l’orient à l’occident, pour retourner dans notre patrie comme des transfuges, après avoir abandonné nos alliés, et pour entendre dire que l’aigle française a fui épouvantée à l’aspect des armées prussiennes ! […] Soyez fidèles au nouveau roi que la France s’est choisi ; n’abandonnez pas notre chère patrie, trop longtemps malheureuse !

4. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Il s’agit de la sœur d’Horace, qui, à l’aspect des dépouilles de son amant tué par son frère, s’abandonne à l’excès de son désespoir : solvit crines, et flebiliter nomine sponsum adpellat . […] Si donc les choses sont comme je le pense, si l’âme survit en effet au corps qu’elle abandonne, faites, par respect pour la mienne, ce que vous recommande aujourd’hui ma tendresse : si je suis dans l’erreur, si l’âme reste et périt avec le corps, craignez, du moins, craignez les dieux qui ne meurent point, qui voient tout, qui peuvent tout, qui entretiennent dans l’univers un ordre immuable dont la magnificence et la majesté sont au-dessus de l’expression ; craignez, dis-je, les immortels, et que cette crainte vous empêche de rien faire, de rien dire, de rien penser même qui puisse blesser la piété et la justice. […] » Mais je sens que mon âme commence à m’abandonner ; je le reconnais aux symptômes qui annoncent notre prochaine dissolution. […] Mais que tout l’abandonne ; l’oseras-tu percer, ce sein dont je lui veux faire un rempart ? […] N’eût-il pas bien mieux valu cent fois abandonner mon existence aux douceurs du loisir et aux charrues du repos, que de la vouer tout entière au travail et à la fatigue ?

5. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

Il est trop juste pour abandonner au fer des soldats un accusé remis à la décision des tribunaux, et trop sage pour armer de l’autorité publique l’audace d’une multitude effrénée ». […] Il part donc, et abandonne une assemblée tumultueuse où sa fureur laissa un vide immense ; assemblée qui se tint ce jour-là même, et qu’il n’eût certes pas abandonnée, si, tout plein de son projet, il n’eût voulu prendre toutes les mesures capables d’en assurer l’exécution. […] Moi qui, dans ces temps déplorables, marqués par les attentats de Clodius, quand le sénat était dans l’abattement, la république dans l’oppression, les chevaliers romains sans pouvoir, tous les bons citoyens sans espérance, leur ai consacré tout ce que le tribunat me donnait de puissance, me serais-je attendu à être un jour abandonné par ceux que j’avais défendus » ?

6. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Jean-Baptiste Rousseau 1670-1741 » pp. 441-444

Tenez, voilà vos pinceaux, vos crayons : Reprenez tout, j’abandonne sans peine Votre Hélicon, vos bois, votre Hippocrène3, Vos vains lauriers d’épine enveloppés, Et que la foudre a si souvent frappés4 ; Car aussi bien5, quel est le grand salaire D’un écrivain au-dessus du vulgaire ? […] A ses talents aucun ne porte envie ; Il a sa place entre les beaux esprits, Fait des sonnets2, des bouquets pour Iris, Quelquefois même aux bons mots s’abandonne, Mais doucement, et sans blesser personne ; Toujours discret, et toujours bien disant, Et, sur le tout, aux salons complaisant.

7. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Malgré les mauvais succès de ses armes infortunées, si on a pu le vaincre, on n’a pas pu le forcer ; et comme il n’a jamais refusé ce qui était raisonnable, étant vainqueur, il a toujours rejeté ce qui était faible et injuste, étant captif. » On peut rapporter à la concession la Permission, figure qu’on emploie, tantôt pour abandonner à eux-mêmes ceux qu’on ne peut détourner de leur dessein, tantôt pour inviter son ennemi à faire tout le mal qui lui est possible, et cela, afin de le toucher, ou de lui inspirer de l’horreur de ce qu’il a déjà fait. […] … Pouvez vous donc faire un crime à Rabirius de s’être joint à ceux qu’il ne pouvait ni attaquer sans folie, ni abandonner sans déshonneur ?  […] L’ennemi renversé fuit et gagne la plaine : Le Dieu lui-même cède au torrent qui l’entraîne, Et seul, désespéré, pleurant ses vains efforts, Abandonne à Louis la victoire et ses bords. […] Elle s’abandonne quelquefois, se néglige, se relâche de ses avantages, toujours en pouvoir de les reprendre et de les faire valoir. […] Mon cœur de soins divers sans-cesse combattu, Ennemi du forfait, sans aimer la vertu, D’un amour malheureux déplorable victime, S’abandonne au remords, sans renoncer au crime.

8. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Bientôt ils s’abandonnaient à un sommeil que les soins et les chagrins n’interrompaient jamais. […] Son industrie fut de séparer les Perses des côtes de la mer et de les réduire à abandonner eux-mêmes leur marine, dans laquelle ils étaient supérieurs. […] Il résista à ceux qui voulaient qu’il traitât les Grecs comme maîtres et les Perses comme esclaves : il ne songea qu’à unir les deux nations, et à faire perdre les distinctions du peuple conquérant et du peuple vaincu ; il abandonna, après la conquête, tous les préjugés qui lui avaient servi à la faire ; il prit les mœurs des Perses, pour ne pas désoler les Perses en leur faisant prendre les mœurs des Grecs : c’est ce qui fit qu’il marqua tant de respect pour la femme et pour la mère de Darius, et qu’il montra tant de continence.

9. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lamennais 1782-1854 » pp. 243-246

Vous allez entrer dans le printemps, plus hâtif qu’en France dans le pays que vous habitez4 ; j’espère qu’il aura sur votre santé une influence heureuse : abandonnez-vous à ce qu’a de si doux cette saison de renaissance ; faites-vous fleur1 avec les fleurs. […] il hasardera même quelquefois de montrer une opinion, ne fût-ce que pour l’abandonner ensuite à propos.

10. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Nos troupes semblent rebutées — autant par la résistance des ennemis que par l’effroyable disposition des lieux, et le prince se vit quelque  temps comme abandonné. Mais, comme un autre  Machabée, son bras ne l’abandonna pas, et son courage irrité par tant de périls vint à son secours. […] Il arrive peu à peu et n’est complet qu’au moment où Merci abandonne les bords du Rhin. […] Mais en huit jours il sut triompher de tous les obstacles, et l’ennemi forcé de fuir abandonna ses bagages, et n’osa reparaître devant le vainqueur, qui resta maître des bords du Rhin. […] J’abandonne l’étude de tous ces genres aux élèves qui ont des dispositions naturelles à la poésie, recommandant à ceux qui n’ont pas reçu le feu sacré de s’occuper de prose.

11. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

« C’est ici le lieu de vous dire un mot de ces braves citoyens, qu’il a envoyés à un péril manifeste, quoique les sacrifices ne fussent point favorables ; de payer un juste tribut de regrets et d’éloges à ces illustres morts, dont il a osé louer la bravoure, en foulant leurs tombeaux de ces mêmes pieds qui ont si lâchement abandonné le poste qui leur était confié. […] l’on proclamera en plein théâtre, que le peuple d’Athènes couronne, pour sa vertu, le plus méchant des hommes ; et pour son courage, celui qui a lâchement abandonné son poste ! […] « Thémistocle qui commandait votre flotte, quand vous vainquîtes le roi de Perse à Salamine, vous paraît-il un plus grand homme que Démosthène qui a abandonné son poste ?

12. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

*** Jure-moi mon bonheur devant Dieu qui l’ordonne ; Je jure de mourir, moi, si tu, m’abandonne ! […] Le chantre, qui de loin voit approcher l’orage, Dans son cœur éperdu cherche en vain du courage : Sa fierté l’abandonne, il tremble, il cède, il fuit. […] V) 2° Entrons chez Bérénice ; et, puisqu’on nous l’ordonne, Allons lui déclarer que Titus l’abandonne..... […] L’aimable Bérénice entendrait de ma bouche Qu’on l’abandonne ! […] Après 1677, et tous les deux en même temps, ils abandonnèrent le culte des Muses. — Ils devaient y revenir, l’un douze ans, l’autre seize à dix-sept ans plus tard —.

13. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre III. De l’Éloquence chez les Romains. »

Lorsqu’un objet important exaltait son âme, et exigeait de la force et de l’indignation, il abandonnait le ton déclamatoire, et le remplaçait par la force et la véhémence ; et l’homme vraiment éloquent, qui foudroie Antoine, Verrès et Catilina, n’est plus l’orateur fleuri, l’écrivain élégant qui parlait pour Marcellus, pour Ligarius ou pour le poète Archias. […] Abandonnée dès lors aux sophistes et aux déclamateurs romains, elle ne fut plus qu’un composé bizarre d’affectation, de pointes et d’antithèses.

14. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bernardin de Saint-Pierre. (1737-1814.) » pp. 153-158

L’orfraie marine s’élève au haut des airs, et, n’osant s’abandonner à l’impétuosité des vents, elle lutte, en jetant des voix plaintives, contre la tempête qui fait ployer ses ailes. […] Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords ; mon âme s’y abandonne, elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres, elle s’élève avec leur crime vers les cieux, elle se transporte dans les temps qui les ont vus naître et dans ceux qui les verront mourir ; ils étendent dans l’infini mon existence circonscrite et fugitive.

15. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

« Quel sera le crime de l’homme du roi, qui, trompé dès le début de son expédition, frustré de la moitié des forces qu’on s’était engagé à lui fournir, enchaîné bientôt par une puissance absolue, dépourvu de tous moyens, sans vivres, sans argent, sans vaisseaux, sans soldats, traversé par mille obstacles, oublié de sa cour, tandis que les ennemis recevaient des renforts multipliés de la leur ; malgré l’excessive infériorité de ses forces, malgré l’esprit de sédition et de vertige répandu dans une armée qui n’a ni solde, ni nourriture ; malgré la désertion journalière et la défection totale de cette armée sans cesse quittant ses drapeaux pour aller joindre l’ennemi, trouve moyen de faire la guerre pendant trois ans sans interruption ; prend dix places, en manque une, et la manque parce que son escadre l’abandonne et laisse la mer libre à l’escadre ennemie ; gagne dix batailles, en perd une, et la perd, parce qu’une partie de ses troupes disparaît au commencement de l’action, et le laisse sur le champ de bataille, au moment où il fond sur l’ennemi ; dispute le terrain pied à pied ; lorsqu’il ne peut plus se défendre, tient pendant cinq mois en échec des forces vingt fois supérieures aux siennes ; et après avoir épuisé toutes les ressources que son zèle et son imagination pouvaient lui suggérer, après avoir payé et nourri de son argent le peu de troupes qui lui restait, est enfin obligé de rendre une ville2 bloquée par terre et par mer, une ville prise par la famine, où il ne restait pas un grain de riz, où l’on avait mangé les arbres et le cuir, sans autre défense, en un mot, que quelques canonniers, et une poignée de soldats, qui n’avaient plus la force de remuer un canon, même pas celle de se trainer jusqu’aux remparts. […] Ce ne sont point, Messieurs, de ces faux amis du jour, esclaves de la fortune, et toujours prêts à nous abandonner dans l’adversité ; martyrs généreux de l’amitié, on les voit s’échapper de l’asile doré de l’opulence, où l’on veut les retenir captifs, et mi, où comme tant de parasites qui sont loin de les valoir, ils seraient traités magnifiquement, pour retourner dans l’humble galetas du pauvre auquel ils sont attachés par un lien que l’amitié rend indissoluble. […] Songez au moins qu’un ennemi cent fois plus terrible vous menace… Les rats, à qui les chats imposent encore, les rats, Messieurs, sont aux aguets ; ils n’attendent que le moment où vous aurez prononcé l’arrêt fatal que mon adverse partie sollicite, pour entrer en campagne et venir s’établir dans vos habitations, que vous serez forcés, oui, Messieurs, que vous serez forcés de leur abandonner.

16. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Pascal, 1622-1662 » pp. 44-51

Et quand ils sont dans la disgrâce, et qu’on les envoie à leurs maisons des champs5, où ils ne manquent ni de biens, ni de domestiques pour les assister dans leurs besoins, ils ne laissent pas6 d’être misérables et abandonnés, parce que personne ne les empêche de songer à eux. L’homme et l’univers En voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, en regardant tout l’univers muet1, et l’homme sans lumière, abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l’univers, sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j’entre en effroi2 comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s’éveillerait sans connaître où il est, et sans moyen d’en sortir.

17. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Tigre altéré de sang, Décie impitoyable, Ce Dieu t’a trop longtemps abandonné les siens ; De ton heureux destin vois la suite effroyable3 Le Scythe va venger la Perse et les chrétiens. […] Daignez considérer le sang dont vous sortez1, Vos grandes actions, vos rares qualités ; Chéri de tout le peuple, estimé chez le prince, Gendre du gouverneur de toute la province, Je ne vous compte à rien le nom de mon époux2 : C’est un bonheur pour moi qui n’est pas grand pour vous ; Mais après vos exploits, après votre naissance, Après votre pouvoir, voyez notre espérance3, Et n’abandonnez pas à la main d’un bourreau Ce qu’à nos justes vœux promet un sort si beau. […] Le déplorable état où je vous abandonne Est bien digne des pleurs que mon amour vous donne ; Et si l’on peut au ciel sentir quelques douleurs,J’y pleurerai pour vous l’excès de vos malheurs ; Mais si, dans ce séjour de gloire et de lumière, Ce Dieu tout juste et bon peut souffrir ma prière, S’il y daigne écouter un conjugal amour, Sur votre aveuglement il répandra le jour. […] Au nom de cet amour, ne m’abandonnez pas.

18. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Que deviendrez-vous quand vous serez malade et abandonné ? […] Clavecin, instrument de musique abandonné aujourd’hui, et remplacé par le piano. […] Mais quant à présent, elles m’ont abandonné.

19. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

les Athéniens n’avaient commis jusqu’à cette époque que des fautes en tout genre : ils avaient manqué de prévoyance et de politique dans vingt circonstances ; ils avaient abandonné ou négligé leurs alliés, et c’est là précisément ce qui doit les rassurer pour l’avenir ! […] L’orateur termine, en ranimant la confiance des Romains, par l’idée consolante que les dieux ne peuvent abandonner une cause devenue la leur. […] Ils ont fait une longue énumération de tout ce que la guerre entraîne de calamités : ils nous ont peint les jeunes filles, les jeunes garçons indignement enlevés ; les enfants arrachés des bras de leurs pères ; les mères de famille en proie à la brutalité d’un vainqueur forcené ; les temples des dieux, les maisons des particuliers abandonnés au pillage et aux flammes : partout enfin le carnage, la mort et le désespoir. […] En vain réclamerez-vous l’appui des dieux ; si vous vous abandonnez à la mollesse, à la lâcheté, vous les trouverez irrités et inflexibles.

20. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

L’Éternel lui-même s’est fait un jeu d’abandonner un moment son ouvrage à la puérilité de leurs discussions : Tradidit mundum disputationi eorum (Ecc.) […] Je voyais du méchant prospérer la malice, Le juste abandonné périr dans sa justice, Et ma raison prenant un vol audacieux, Osait dans leur conseil interroger les cieux. […] c’est pour s’y bercer voluptueusement d’idées agréables, pour s’y abandonner sans obstacle à sa chère paresse : Ergo ubi me in montes et in arcem ex orbe removi, Nec mala me ambitio perdit, nec plumbeus Auster, Autumnusque gravis, Libitinæ questns acerbæ, Quid priùs illustrem satyris, musâque pedestri ?

21. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Il découvre à nu les inquiétudes et les peines d’une âme ennuyée de tout et mal satisfaite de soi-même, abandonnée de Dieu et des hommes, qui a perdu jusqu’à ses propres désirs, qui ne peut ni vivre ni mourir. […] La justice divine paraît quelquefois avec éclat et fait des exemples qui sont vus de tout le monde : quelquefois aussi elle s’exerce secrètement et abandonne les méchants à leurs propres cœurs et à leurs propres pensées.

22. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

Jamais, nous le croyons, jamais sa main paternelle ne nous abandonnera tout à fait dans ce monde, et son image attendrie se penchera vers nous pour nous soutenir avant de nous rappeler1. […] Dieu soit béni cependant pour le secours qu’il nous prépare encore dans cet instant : nos paroles seront incertaines, nos yeux ne verront plus la lumière, nos réflexions, qui s’enchaînaient avec clarté, erreront isolées sur de confuses traces ; mais l’enthousiasme ne nous abandonnera pas, ses ailes brillantes planeront sur notre lit funèbre ; il soulèvera les voiles de la mort, il nous rappellera ces moments où, pleins d’énergie, nous avions senti que notre cœur était impérissable, et nos derniers soupirs seront peut-être comme une noble pensée qui remonte vers le ciel.

23. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Comment se faire craindre, sans se mettre en danger d’être haï et bien souvent abandonné ? […] Elle végète obscure, abandonnée, sans faste, et notre œil cherche encore à la découvrir quand son odeur a déjà trahi sa présence. […] Il se gardera, toute sa vie, de dire qu’il a résidé dans un château abandonné, où son arrivée aurait été un accident imprévu, et où rien n’aurait été préparé pour le recevoir. […] qui en prendra soin si elle les abandonne ? […] C’est un petit être sans prévoyance et sans force qu’on ne saurait abandonner à lui-même.

24. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre III. Du Sublime dans les Compositions littéraires. »

Notre imagination s’élève avec l’auteur ; c’est à lui de la soutenir dans son essor ; mais s’il l’abandonne brusquement, sa chute est aussi soudaine que désagréable pour elle. […] Abandonne ta barque aux vents les plus mutins : Sa charge lui promet le secours des destins.

25. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

J’abandonne ce maître. […] « Lucrèce, a dit Fontanes (Discours préliminaire de sa traduction de l’Essai sur l’homme), comme presque tous les athées fameux naquit dans un siècle d’orages et de malheurs : témoin des guerres civiles de Marius et de Sylla, et n’osant attribuer à des dieux justes et sages les désordres de sa patrie, il voulut détrôner une providence qui semblait abandonner le monde aux passions de quelques tyrans ambitieux.

26. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Diderot, 1713-1784 » pp. 303-312

Également merveilleux, soit que le pinceau captif s’assujettisse à l’imitation d’un modèle, soit que sa muse, dégagée d’entraves, s’abandonne à elle-même ; incompréhensible, soit qu’il emploie pour éclairer ses tableaux l’astre du jour ou celui de la nuit, la lumière naturelle ou les lumières artificielles ; toujours harmonieux, vigoureux et sage, tel que ces grands poëtes, ces hommes rares, en qui le jugement gouverne si parfaitement la verve qu’ils ne sont jamais ni exagérés ni froids. […] Si elle s’était mise à son clavecin, et qu’elle eût préludé ou chanté, le philosophe sensible eût pris un tout autre caractère, et le portrait s’en serait ressenti ; ou, mieux encore, il fallait le laisser seul, et l’abandonner à sa rêverie.

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