Les lois qu’il vous a données sont que, parmi vos sujets, votre puissance ne soit formidable qu’aux méchants, et que vos autres sujets puissent vivre en paix et en repos, en vous rendant obéissance. […] C’est là de toutes vos obligations celle qui est sans doute la plus essentielle ; et Votre Majesté me pardonnera si j’appuie tant sur ce sujet-là, qui est le plus important de tous. […] Je suis avec un respect et une dépendance absolue, aussi bien qu’avec une ardeur et un zèle extrême, Sire, de Votre Majesté le très-humble, très-obéissant et très-fidèle serviteur et sujet. […] On voit par cette lettre que Bossuet sait concilier la liberté du prédicateur avec le respect du sujet. […] Cette pensée est le fond des oraisons funèbres ; mais Bossuet renouvelle sans cesse ces sujets d’éternelle méditation.
Loin de m’opposer aux développements donnés à certaines idées favorites, benjamins de la fantaisie, j’applaudis, surtout dans le poëme didactique et le roman, aux excursions même hors des limites du sujet, aux épisodes, aux digressions, qui divertissent l’attention trop longtemps soutenue et suspendent l’intérêt sans le détruire. […] « Dans le discours, dit Pascal, il ne faut point détourner l’esprit d’une chose à une autre, si ce n’est pour le délasser, mais dans le temps où cela est à propos et non autrement ; car qui veut délasser hors de propos, lassc. » Que vos digressions sortent naturellement du fond même de l’écrit et semblent lui être nécessaires ; que jamais elles ne fassent naître dans l’esprit une série d’idées étrangères, à plus forte raison, d’idées contraires au sujet ; enfin qu’elles soient placées au lieu qui leur convient le mieux, qui les appelle en quelque sorte ; qu’elles se rattachent à ce qui précède et ramènent ce qui doit suivre par des transitions faciles et naturelles. […] « Les pierres bien taillées, dit Cicéron, s’unissent d’elles-mêmes sans le secours du ciment. » Et il dit vrai ; seulement, elles ne s’unissent ainsi que dans les constructions romaines, c’est-à-dire dans ces écrits profondément et énergiquement médités, où le sujet se développe franchement, où les idées s’attirent et se balancent comme les corps dans l’univers de Newton. […] Si vous éprouvez le besoin des transitions, si vous avez la conscience d’une lacune à combler entre deux idées, prenez garde ; c’est qu’alors votre méditation a été incomplète, c’est que vous n’avez pas saisi avec assez de puissance l’ensemble de votre sujet et les relations des diverses parties, ou bien encore que vous vous occupez trop de l’ingénieux, du piquant de la diction et des sentences détachées. […] Ces éléments de son sujet n’ont point tous la même force ou la même importance, ils s’échelonnent à divers degrés.
. — narration, description L’écrivain a exposé le sujet, il a cherché à se concilier la bienveillance, l’attention, la docilité ; il entre en matière. […] Creuser patiemment son sujet, s’identifier avec les hommes, les faits ou les idées dont on s’occupe ; ne dédaigner aucun détail ; s’intéresser soi-même à l’antagonisme des forces contraires qui fait le nœud de tout récit ; en ordonner l’action et la résistance avec l’habileté stratégique d’un grand général, et, comme l’écrivain a cet avantage sur le général qu’il dispose à la fois des deux partis, ménager les succès, faire pencher alternativement la balance, de manière à tenir l’anxiété du lecteur éveillée jusqu’au dénoûment : voilà ce qui donne la véhémence et le pathétique dans les grands sujets ; dans les petits, la grâce, la finesse, la naïveté ; partout, le choix des détails, la variété des tours ; et voilà ce qui nous attache à une exposition quelle qu’elle soit. […] La conséquence de ce principe, c’est que les descriptions ne doivent pas être multipliées, qu’elles doivent être liées au sujet et opportunes, c’est-à-dire désirées et convenables à la place qu’on leur assigne. […] Pour l’une comme pour l’autre, il faut faire un choix dans l’ensemble des objets, déterminer les points les plus saillants, les plus utiles ; à moins qu’il n’y ait quelque circonstance dominante et qui appelle tout d’abord les regards, distribuer le tout par groupes, le ciel, le terrain, les eaux, puis le feuillage et les fabriques, ou encore d’après les impressions des sens, les formes, les couleurs, les bruits, les odeurs ; si le sujet est vaste, préférer en général l’opposition des contrastes aux rapprochements des harmonies, les masses aux détails, et là même où les détails sont de mise, se restreindre à ceux qui ont un caractère assez tranché pour frapper l’esprit.
Tout se change en douleur pour vous, et vos réflexions n’aboutissent qu’à tirer de toutes choses quelque sujet d’accablement. […] Nos passions ont fait de notre dernière heure un sujet de désespoir et d’effroi, un moment haï, d’où la prévoyance et le souvenir se détournent également. […] Sans moi, vous n’auriez pas dans votre empire un sujet qui osât toujours vous dire la vérité pure. […] « Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1. […] Il faut comparer à cette lettre platonicienne les chapitres ou les passages dans lesquels Montaigne parle de la mort, les fables de La Fontaine sur La Mort et le mourant, Le Vieillard et les trois jeunes hommes, les pensées chrétiennes de Bossuet sur le même sujet.
Du reste, la pensée d’Aristote sur ce sujet n’est guère que celle de presque toute l’antiquité païenne voyez Strabon, Géographie, III, 4, § 18 Philon le Juif, Sur l’Immutabilité de Dieu, ch. […] Aristote, à lui seul, nous offre beaucoup de belles observations sur ce sujet par exemple, dans sa Morale à Nicomaque, VIII, 9, une admirable analyse de l’amour maternel. […] Malgré l’autorité d’un tel critique et de ceux qui l’ont suivi, je crois que ces mouvements d’une âme qui cède d’abord à la douleur et se roidit ensuite contre elle, sont conformes à la nature, conformes à l’esprit du théâtre grec, qui en avait fait le sujet et la leçon de la tragédie. » (M.
Ce n’est pas assez qu’une chose soit belle, il faut qu’elle soit propre au sujet, qu’il n’y ait rien de trop1, ni rien de manque. […] Pascal dit ailleurs : « L’esprit de ce souverain juge du monde n’est pas si indépendant, qu’il ne soit sujet à être troublé par le premier tintamarre qui se fait autour de lui. […] quel chaos, quel sujet de contradiction ! […] L’orateur est occupé de son sujet, et le déclamateur de son rôle : l’un agit, l’autre feint ; le premier est un personnage exposant de grandes idées, le second un personnage débitant de grands mots. » 1.
C’est Bossuet qui parle, il s’agit sans doute d’un grand spectacle ; car, pour un sujet médiocre, il ne provoquerait pas ainsi notre attention. […] L’orateur se réserve les grands moyens ; sa déclamation est grave et digne de ses sujets. […] Il convient à la haute poésie, aux sujets nobles, à cause de son rhythme grave et majestueux. […] Ce vers s’emploie dans les mêmes sujets que le vers de six syllabes. […] Il faut être plus sévère dans les sujets relevés, surtout quand on compose des vers alexandrins.
Louis a brisé les fers dont tu accablais ses sujets, qui sont nés pour être libres sous son glorieux empire. […] Il était appliqué, modéré, droit et ferme dans les négociations ; en sorte que les étrangers ne se fièrent pas moins à lui que ses propres sujets. […] Mes sujets sont heureux, et je le suis329. […] Combien l’homme vivant dans la simplicité primitive est sujet à peu de maux ! […] Rome est sujette d’Albe !
Voyez sur ce sujet les auteurs cités à propos du chap. […] Voyez sur ce sujet le mémoire que j’ai publié, à propos de l’Alceste d’Euripide, dans l’Annuaire de l’Association des études grecques (1873). […] Dacier : « Enfin elle ne reçut que fort tard la grandeur et la gravité qui luy sont convenables, car elle ne se deffit qu’avec peine de ses petits sujets et de son style burlesque, qu’elle avoit retenu de ces pièces satyriques, d’où elle sortoit. » Batteux : « On donna aux fables plus de grandeur, et au style plus d’élévation.
Infinie variété des sujets et des formes des lettres. — Classification. […] Des lettres n’ont ni sujet spécial, ni forme particulière, ni ton qui leur soit propre ; ni grandeur, ni divisions qui soient connues, même approximativement. […] On peut aussi, quand on est dans une certaine familiarité, se jeter à côté, et traiter un autre sujet, pour revenir, à la fin de sa lettre, aux souhaits de bonheur qu’on a d’abord écartés. […] Les lettres de Sénèque, celles de Pline le jeune, celles de Fronton, et celles d’un grand nombre d’écrivains chrétiens, sont aussi curieuses par les sujets que par le style.
Mais il nous reste de Cicéron plusieurs morceaux oratoires célèbres, dans le genre du panégyrique : ce sont les éloges de Pompée, dans le discours pour la loi Manilia, et celui de César, dans le remerciement que lui adresse l’orateur, au sujet du rappel de Marcellus. […] On sent, à chaque ligne de ce discours, que l’âme de Cicéron y était à son aise, et au niveau de son sujet : il était tout simple qu’il trouvât du plaisir à louer Pompée. […] Après un très beau lieu commun sur le fracas et la gloire bruyante des conquêtes, Cicéron en vient au véritable sujet du discours, l’éloge de la clémence du vainqueur. […] Que cette transition est heureuse, pour amener le morceau important qui suit, et qui était le grand sujet du discours ! […] Vous serez pour nos neveux, comme vous l’avez été pour nous, un sujet éternel de division : les uns vous éléveront jusqu’au ciel ; les autres diront qu’il vous a manqué ce qu’il y a de plus glorieux, de guérir les maux de la patrie ; ils diront que vos grands exploits peuvent appartenir à la fortune, et que vous n’avez pas fait ce qui n’aurait appartenu qu’à vous.
Ce qui choqua le plus, ce fut d’y trouver moins l’intention d’élever Racine, qui d’ailleurs n’avait pas besoin d’éloge, que le projet bien formel de déprécier le grand Corneille, et d’accréditer les nouvelles hérésies littéraires qui commençaient à se répandre au sujet du père de notre tragédie. […] Le sujet même de l’ouvrage, le cadre très heureux sous certains rapports, que l’orateur avait adopté, le personnage principal du tableau, tout amenait naturellement ici, ce qui eût été fort déplacé partout ailleurs ; mais l’auteur n’abuse-t-il pas quelquefois des facilités même que lui donnait son plan à cet égard ; et n’y trouve-t-on pas encore sur la liberté, l’égalité, la propriété, la vie et la mort, beaucoup trop de ces tirades ambitieuses et déclamatoires, où percent à travers le masque d’Apollonius la véritable intention de propager les idées nouvelles et d’opérer, dans les têtes, la révolution qui ne tarda pas à se manifester dans les choses ? […] Il faudrait que son oreille pût être frappée à la fois de tous les gémissements, de toutes les plaintes, de tous les cris de ses sujets. Il faudrait que sa force fût aussi prompte que sa volonté, pour détruire et combattre sans cesse toutes les forces qui luttent contre le bien général : mais le prince a des organes aussi faibles que le dernier de ses sujets. […] Je suis même surpris qu’un pareil sujet n’ait pas encore tenté le génie de nos peintres célèbres.
L’exposition du sujet, c’est-à-dire de la chose qui a produit ou occasionné la pensée, doit se faire remarquer par cette précision de style qui rejette tout ce qui est languissant et superflu. […] Le madrigal peut avoir le même nombre de vers que l’épigramme ; il consiste également dans une seule pensée, et n’en diffère que par le caractère de cette pensée que nous avons vue moqueuse ou piquante, et qui est délicate au contraire dans le madrigal spécialement consacré à des sujets tendres ou galants. […] Elle traite des sujets familiers, amusants, tendres, badins, quelquefois satiriques, et c’est en quoi elle diffère de l’ode, qui s’élève jusqu’au sublime. […] Ce genre de poésie doit présenter une suite d’idées naturelles et piquantes, d’images douces et gracieuses, qui tendent toutes au même sujet. […] Voici une romance de Millevoye ; elle est intitulée la Fleur du souvenir, parce qu’elle a pour sujet la fleur qui s’appelle Souvenez-vous de moi.
C’est ainsi qu’élevé d’abord par son sujet, l’auteur s’élève bientôt au-dessus de son sujet lui-même, par la manière de l’envisager. […] C’est que, pénétré des charmes de son sujet, qui le transportait au milieu des sentiments qui lui étaient les plus chers et les plus familiers, Florian s’est abandonné à l’impulsion de son âme, et n’a fait, en traduisant la Bible, qu’épancher ses propres sentiments. […] Florian en prend occasion d’entrer en matière par quelques réflexions sur la nature et le charme de ce sentiment ; réflexions qui seraient froides et arides sous la plume d’un autre, ou sèchement sentencieuses, et qui prennent naturellement ici le ton et la couleur du sujet. […] Le fond et les détails principaux sont restés exactement les mêmes ; les noms seuls et le lieu de la scène sont changés : c’est Lavinie et Palémon, au lieu de Ruth et de Booz ; quant au lieu de la scène, il est partout où l’on voudra, et ce vague qui prive le sujet de l’intérêt attaché aux circonstances locales, ces noms, ces personnages d’idée, qui ne tiennent à rien, qui ne se lient à aucun peuple, à aucune époque historique, rejettent nécessairement cet épisode dans la classe des morceaux qui plaisent plus à l’esprit qu’ils ne peuvent toucher le cœur. […] Ce beau sujet a successivement tenté toutes les muses qui ont consacré leurs chants à la religion : il a été traité par Racine le fils, par MM. de Pompignan et de Bologne.
On entend donc par belles-lettres cette partie des lettres où le beau se révèle, dont le beau est le principal caractère, comme la poésie, l’éloquence, l’histoire, et aussi la philosophie quand elle revêt des formes dignes des sujets sublimes qu’elle embrasse. — On dit aussi, mais plus rarement dans le même sens, les lettres humaines, les lettres polies, humaniores litteræ, parce que les compositions et exercices littéraires adoucissent les mœurs et civilisent les hommes. […] Pour ce qui regarde les belles-lettres, le talent consiste à donner un forme agréable et une disposition heureuse aux idées que l’on exprime et aux sujets que l’on traite. […] Partout où il s’agit des affections, des caractères, des actions des hommes, c’est-à-dire dans les sujets les plus nobles où s’exerce le génie, on ne peut ni bien sentir, ni bien décrire, si l’on est étranger aux affections vertueuses. […] Elles aident l’esprit dans le choix du sujet, soutiennent le génie dans la création du plan, le guident dans sa marche, lui indiquent le but qu’il doit s’efforcer d’atteindre, et dirigent le goût dans la distribution des ornements.
Quand on a l’État en vue, on travaille pour soi ; le bien de l’un fait la gloire de l’autre : quand le premier est heureux, élevé et puissant, celui qui en est cause est glorieux, et par conséquent doit plus goûter que ses sujets, par rapport à lui et à eux, tout ce qu’il y a de plus agréable dans la vie. […] Le monde a été ébloui de l’éclat qui l’environnait ; ses ennemis ont envié sa puissance ; les étrangers sont venus des îles les plus éloignées baisser les yeux devant la gloire de sa majesté ; ses sujets lui ont presque dressé des autels ; et le prestige qui se formait autour de lui n’a pu le séduire lui-même. » Glissons ici ce fragment d’une Lettre que Louis XIV écrivait à Philippe V, son petit-fils, roi d’Espagne : « Il y a deux ans que vous régnez, vous n’avez pas encore parlé en maître par trop de défiance de vous-même ; vous n’avez pu vous défaire de votre timidité ; à peine cependant vous arrivez à Madrid, qu’on réussit à vous persuader que vous êtes capable de gouverner seul une monarchie, dont vous n’avez senti jusqu’à présent que le poids excessif. […] Il n’est pas juste que mes sujets soient absolument ruinés, pour soutenir l’Espagne malgré elle, et je le tenterais en vain, lorsque de votre part je ne vois plus de confiance en moi et en ceux que je vous envoie. »
Doué d’une sensibilité irritable qui prenait feu sur toute question ; d’une intelligence vive, rapide et capricieuse qui effleurait les sujets les plus divers ; d’un bon sens prompt à l’ironie fine et légère, il eut le génie de la malice, mais manqua trop souvent de cette délicatesse dont le tact avertit des occasions qui comportent la plaisanterie ou le sérieux. […] Avant la bataille et après la victoire, il n’avait que de la modestie ; après la défaite, que de la fermeté ; dur pour les autres comme pour lui-même, comptant pour rien la peine et la vie de ses sujets aussi bien que la sienne : homme unique plutôt que grand homme, admirable plutôt qu’à imiter. […] Au nom d’Apollon, tenez-vous-en à votre premier sujet ; ne l’étouffez point sous un amas de fleurs étrangères : qu’on voie bien nettement ce que vous voulez dire ; trop d’esprit nuit quelquefois à la clarté. […] Ses sujets ne comportent pas cette élévation dont ceux que vous traitez sont susceptibles. […] « Nous avions beau dire que nous en appelions à César, que l’empereur avait été élu dans Francfort, que mon secrétaire était Florentin, et sujet de Sa Majesté impériale, que ma nièce et moi nous étions sujets du roi très-chrétien et que nous n’avions rien à démêler avec le margrave de Brandebourg, on nous répondit que le margrave avait plus de crédit dans Francfort que l’empereur.
Bourbon tourna sur eux des regards pleins de grâce, Où régnaient à la fois la douceur et l’audace : « Soyez libres, dit-il ; vous pouvez désormais Rester mes ennemis ou vivre mes sujets… Choisissez. » A ces mots d’un roi couvert de gloire, Sur un champ de bataille, au sein de la victoire, On voit en un moment ces captifs éperdus2, Contents de leur défaite, heureux d’être vaincus : Leurs yeux sont éclairés, leurs cœurs n’ont plus de haine ; Sa valeur les vainquit, sa vertu les enchaîne ; Et, s’honorant déjà du nom de ses soldats, Pour expier leur crime, ils marchent sur ses pas. […] Louis XV s’était rendu justice en refusant la dédicace d’un ouvrage où un roi père de ses sujets et un grand homme était célébré. […] On peut voir enfin, à son sujet, Delille, au chant V de son poëme de l’Imagination, et Châteaubriand, Génie du Christianisme, IIe part., liv. […] , VII, 8) : Mars autrefois mit tout l’air en émeute ; Certain sujet fit naître la dispute… Cf. […] Revoir, au sujet des épithètes que présentent ces deux derniers vers, et dont l’une au moins est superflue, la note 2 de la p. 283.
Tendre, enjouée, rêveuse, malicieuse, compatissante, pathétique et parfois sublime sans y penser, elle est aussi prompte au sourire qu’aux larmes, elle raille sans amertume, elle badine sans licence comme sans pruderie, elle prend le ton des sujets les plus divers avec une souplesse qui ravit, et un abandon qui défie l’art le plus accompli. […] J’en ai beaucoup d’autres, comme dit madame de Bouillon3, mais je n’ai pas celle-là ; cette pensée n’est que dans votre tête, et j’ai fait ici mes preuves de générosité sur le sujet des disgraciés4, qui m’ont mise en honneur dans beaucoup de bons lieux, que je vous dirois bien si je voulois. […] Alors m’étant trouvée par malheur assez imparfaite de corps et d’esprit pour vous donner sujet de faire un fort joli portrait de moi, vous le fîtes et vous préférâtes à notre ancienne amitié, à notre nom et à la justice même, le plaisir d’être loué de votre ouvrage. Vous savez qu’une dame de vos amies vous obligea généreusement de le brûler ; elle crut que vous l’aviez fait, je le crus aussi ; et quelque temps après, ayant su que vous aviez fait des merveilles sur le sujet de M. […] Je vis que vous vous étiez moqué et de madame de Montglas et de moi, que j’avois été votre dupe, que vous aviez abusé de ma simplicité, et que vous aviez eu sujet de me trouver bien innocente, en voyant le retour de mon cœur pour vous, et sachant que le vôtre me trahissoit.
Les auteurs aussi ignorants que les spectateurs, la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance, point de mœurs, point de caractères4 ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement ; en un mot, toutes les règles de l’art, celles mêmes de l’honnêteté et de la bienséance, partout violées. […] Quelle noblesse, quelle économie dans les sujets ! […] Cependant il est merveilleux que, parmi les soins d’une guerre qui a dû, ce semble, l’occuper tout entier, ce prince soit encore entré dans le détail du gouvernement de son État, et qu’on l’ait vu aussi appliqué aux besoins particuliers de ses sujets que si toutes ses pensées avaient été renfermées au dedans de son royaume. […] C’est que Louis XIV a mérité d’être regardé comme le centre de tout ce qui s’est fait, dit, écrit pour lui, par lui, autour de lui. » Voy. notamment, à ce sujet, l’Histoire de la Littérature française, par M.
Sujets, amis, parents, tout deviendra stérile5 ; Et, dans ce jour fatal, l’homme à l’homme inutile Ne paîra point à Dieu le prix de sa rançon. […] Non, non ; tout doit franchir ce terrible passage6 : Le riche et l’indigent, l’imprudent et le sage, Sujets à même loi, subissent même sort1. […] Mais il paraît assez prouvé maintenant qu’il était innocent des imputations dirigées contre lui au sujet des couplets scandaleux qui motivèrent sa condamnation : elle eut lieu en 1712, l’année même où naissait à Genève un autre Rousseau, destiné à captiver avec tant de puissance l’imagination de ses contemporains. — Pour défendre, au reste, la mémoire de Jean-Baptiste, on doit rappeler qu’il eut et conserva pour amis des hommes dignes de la plus haute estime, tels que Louis Racine, Rollin et Lefranc de Pompignan. […] Le poëte français a voulu se montrer, dans ce sujet, plus régulier, plus méthodique et aussi plus moral que ses principaux devanciers, Horace (I, 35) et Pindare (XIIe Olymp.) : c’est ce qu’annonce tout aussitôt ce début plein de gravité.
Le premier comprend les sujets puisés aux sources grecques : (Andromaque, 1667. […] Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre ; les auteurs aussi ignorants que les spectateurs ; la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance ; point de mœurs, point de caractères ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement ; en un mot, toutes les règles de l’art, celles même de l’honnêteté et de la bienséance, partout violées. […] Quelle noblesse, quelle économie dans les sujets !
voilà le sujet et le texte qui fournissent à Bossuet l’occasion de développer avec toute l’éloquence du génie les plus grandes vérités de la morale de tous les temps et de tous les pays ; de cette morale qui a été celle de Platon, de Socrate et de Cicéron, comme de Bourdaloue et de Bossuet, et qui doit être celle de tous les hommes qui ne sont ni dans le délire ni dans l’enfance. Quelle idée Bossuet nous donne d’abord de son sujet ! […] Ce ne sont point là de ces froids jeux de mots, de ces antithèses puériles où l’esprit s’est mis à la torture pour faire contraster quelques mots, ou donner par l’opposition un moment d’éclat à des pensées communes : c’est un rapprochement naturel commandé par la force du sujet, et qui frappe d’autant plus, qu’il s’est offert avec plus de facilité.
Quand le poète a épuisé tous les côtés saillants de son sujet, il l’abandonne pour ne pas affaiblir l’impression qu’il a produite : l’inspiration dure peu, surtout quand elle est forte ; elle s’épuise par elle-même. […] L’ode varie de ton selon les sujets qu’elle chante : elle est héroïque, si elle célèbre les exploits ou le génie des grands hommes, les grands événements qui agitent le monde ; morale ou philosophique, si elle roule sur un sujet sérieux de morale, d’art ou de science ; badine, si l’objet du chant est simple, léger et gracieux.