/ 255
2. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 140-145

Ils firent lancer sur le toit, contre les portes et contre les fenêtres, des flèches entortillées de mèches allumées : la maison fut en flammes en un moment ; le toit tout embrasé était près de fondre sur les Suédois. […] L’embrasement redoubla avec plus de rage : l’appartement du roi était consumé ; la grande salle où les Suédois se tenaient était remplie d’une fumée affreuse mêlée de tourbillons de feu qui entraient par les portes des appartements voisins ; la moitié du toit était abîmée dans la maison même ; l’autre tombait en dehors en éclatant dans les flammes. […] » s’écria le roi ; il embrassa ce garde, et le créa colonel sur-le-champ. « Allons, mes amis, dit-il, prenez avec vous le plus de poudre et de plomb que vous pourrez, et gagnons la chancellerie l’épée à la main. » Les Turcs, qui cependant entouraient cette maison tout embrasée, voyaient avec une admiration mêlée d’épouvante que les Suédois n’en sortaient point ; mais leur étonnement fut encore plus grand lorsqu’ils virent ouvrir les portes et le roi et les siens fondre sur eux en désespérés. Charles et ses principaux officiers étaient armés d’épées et de pistolets : chacun tira deux coups à la fois, à l’instant que la porte s’ouvrit, et, dans le même clin d’œil, jetant leurs pistolets et s’armant de leurs épées, ils firent reculer les Turcs plus de cinquante pas ; mais, le moment d’après, cette petite troupe fut entourée. […] Les Turcs l’emmenèrent au quartier du bacha ; les uns le tenaient sous les jambes, les autres sous les bras, comme on porte un malade que l’on craint d’incommoder.

3. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lacordaire 1802-1861 » pp. 279-285

Agé de trois ans, il allait frapper à la porte des frères de la doctrine chrétienne, et comme on lui en refusait l’entrée, parce qu’il était encore trop jeune, il pleurait beaucoup. […] La porte s’ouvre. […] Tous ces monuments, destinés aux lettres et aux sciences, ont leurs portes ouvertes ; l’étranger y entre comme chez lui, parce que c’est l’asile de tous ceux qui le veulent. […] Si, chez les peuples serfs, il ne conduit qu’à la défense des intérêts vulgaires, chez les peuples libres, il est la porte des institutions qui fondent ou qui sauvegardent. […] Il disait ailleurs de la tristesse : « C’est un dard qu’on porte toujours dans l’âme.

4. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Brizeux, 1803-1858 » pp. 557-563

les bruits, les odeurs, les murs gris des chaumières, Le petit sentier blanc et bordé de bruyères2, Tout renaît, comme au temps où, pieds nus, sur le soir, J’escaladais la porte, et courais au Moustoir ; Et, dans ces souvenirs où je me sens revivre, Mon pauvre cœur troublé se délecte et s’enivre ! […] Chaque objet cependant s’éclaircit ; à deux pas, Je vois le lit de chêne et son coffre6, et plus bas (Vers la porte, en tournant), sur le bahut énorme, Pêle-mêle, bassins, vases de toute forme, Pain de seigle, laitage, écuelles de noyer, Enfin, plus bas encor, sur le bord du foyer, Assise à son rouet près du grillon qui crie, Et dans l’ombre filant, je reconnais Marie. […] ne quittez jamais, c’est moi qui vous le dis, Le devant de la porte où l’on jouait jadis, L’église, où tout enfant, et d’une voix légère, Vous chantiez à la messe auprès de votre mère, Et la petite école, où traînant chaque pas1, Vous alliez le matin ; oh ! […] Croyez qu’il sera doux de voir un jour peut-être Vos fils étudier sous votre bon vieux maître, Dans l’église avec vous chanter au même banc, Et jouer à la porte, où l’on jouait enfant. […] Jeune et puissant Protéc aux formes toujours heuves, Il vogue, ardent navire, à tous les vents des mers ; S’allonge en ponts hardis sur le lit de nos fleuves, Fend, remorqueur tonnant, le vaste champ des airs ; Se roule autour du globe en splendide ceinture ; Rampe, en canaux de gaz, sous le sol tourmenté, Et porte aux nations, avec leur nourriture, La lumière, la paix, l’ordre, la liberté !

5. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

A partir de Rodogune, qui, en 1642, ouvrit à Corneille les portes de l’Académie, son astre ne fit plus que pâlir, tandis que se levait à l’horizon la gloire de Racine, dont l’ombrageuse rivalité attrista sa vieillesse pauvre, fière et indépendante. […] Tel est notre destin, telles en sont les lois ; Tout homme pour lui-même est une vive1 croix, Pesante d’autant plus que plus lui-même il s’aime2 ; Et comme il n’est en soi que misère et qu’ennui, En quelque lieu qu’il aille, il se porte lui-même, Et rencontre la croix qu’il y porte avec lui. […] D’un affront si cruel, Qu’à l’honneur de tous deux il porte un coup mortel ; D’un soufflet. […] — Quel livre portes-tu ?  […] Tu veux Ici, elle devient injuste, extrême, comme l’est toute passion ; chaque mot blesse et porte coup sur le vif, dans ces plaintes de la tendresse méconnue.

6. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Sévigné 1626-1696 » pp. 52-64

j’en trouvai les portes ouvertes ; mais je vis tout démeublé, tout dérangé, et votre pauvre petite fille qui me représentait la mienne. […] La marée cependant arrive de tous côtés ; on cherche Vatel pour la distribuer ; on va à sa chambre, on heurte, on enfonce la porte, on le trouve noyé dans son sang ; on court à M. le Prince, qui fut au désespoir. […] comment se porte monsieur mon frère ? Sa pensée n’osa aller plus loin. — Madame, il se porte bien de sa blessure. — Il y a eu un combat… Et mon fils ? […] On couvre le corps d’un manteau, on le porte dans une haie, on le garde à petit bruit ; un carrosse vient, on l’emporte dans sa tente.

7. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Pascal, 1623-1662 » pp. 56-71

Son éloquence porte dans la défense de la religion cette angoisse et cette haute mélancolie que d’autres ont rencontrées dans le doute. […] Cependant le malheur du siècle est tel, qu’on voit beaucoup d’opinions nouvelles en théologie, inconnues à toute l’antiquité, soutenues avec obstination et reçues avec applaudissement ; au lieu que celles qu’on produit dans la physique, quoique en petit nombre, semblent devoir être convaincues de fausseté dès qu’elles choquent tant soit peu les opinions reçues : comme si le respect qu’on a pour les anciens philosophes était de devoir, et que celui que l’on porte aux plus anciens des Pères était seulement de bienséance ! […] L’éloquence est un art de dire les choses de telle façon que ceux à qui l’on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir, ou qu’ils s’y sentent intéressés, en sorte que l’amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion. […] Je dirai donc seulement ici le sujet qui me porte à l’offrir à Votre Majesté, ce que je considère comme le couronnement et le dernier bonheur de son aventure. […] Voilà, Madame, ce qui me porte à faire à Votre Majesté ce présent, quoique indigne d’elle.

8. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mme de Sévigné. (1626-1696.) » pp. 48-53

Vatel monte à sa chambre, met son épée contre la porte, et se la passe au travers du cœur ; mais ce ne fut qu’au troisième coup, car il s’en donna deux qui n’étaient point mortels ; il tombe mort. La marée cependant arrive de tous côtés : on cherche Vatel pour la distribuer, on va à sa chambre, on heurte, on enfonce la porte, on le trouve noyé dans son sang ; on court à M. le prince, qui fut au désespoir. […] mademoiselle, comment se porte monsieur mon frère2 ? » Sa pensée n’osa aller plus loin. « Madame, il se porte bien de sa blessure. — Il y a eu un combat !

9. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE I. De la propriété des mots. » pp. 2-8

. — Le verbe fero, je porte, a formé plusieurs composés en se joignant à divers substantifs. Tels sont : frugifer, a, um (de ferre fruges), qui porte des fruits ; c’est-à-dire fécond, fertile, abondant en fruits. Mortifer ou mortiferus (de ferre mortem), qui porte la mort, mortel. Legislator (du supin latum et de lex, legis), qui porte la loi, législateur.

10. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

J’y trouvai tout Versailles rassemblé, ou y arrivant, toutes les portes ouvertes, et tout en trouble. […] Quelques moments après, je vis de loin, vers la porte du petit cabinet, monseigneur le duc de Bourgogne avec un air fort ému et peiné ; mais le coup d’œil que j’assénai vivement sur lui ne m’y rendit rien de tendre, et ne me rendit que l’occupation profonde d’un esprit saisi. […] Après les premiers embrassements d’un retour qui signifiait tout, le duc de Beauvilliers, qui les vit étouffer dans ce petit lieu, les fit passer par la chambre dans le salon qui la sépare de la galerie ; depuis quelque temps, on avait fermé ce salon d’une porte pour en faire un grand cabinet. […] Le duc de Beauvilliers2, debout auprès d’eux, l’air tranquille et froid, comme à chose non avenue ou à spectacle ordinaire, donnait ses ordres pour le soulagement des princes, pour que peu de gens entrassent, quoique les portes fussent ouvertes à chacun, en un mot pour tout ce qu’il était besoin, sans empressement, sans se méprendre en quoi que ce soit ni aux gens ni aux choses ; vous l’auriez cru au lever ou au petit couvert servant à l’ordinaire. […] Je lui attribue de l’élévation, non qu’il se porte et qu’il se tienne jamais très-haut, mais parce qu’il ne touche presque jamais la terre.

11. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — De Maistre 1753-1821 » pp. 210-213

Sous ses idées fixes et ses paradoxes, il y a du trait, du mordant, des vues hardies ou profondes, et l’accent d’une voix vibrante qui porte au loin. […] Un signal lugubre est donné ; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte, et l’avertir qu’on a besoin de lui : il part, il arrive sur une place publique couverte d’une foule pressée et palpitante. […] Il la détache ; il la porte sur une roue : les membres fracassés s’enlacent dans les rayons ; la tête pend ; les cheveux se hérissent, et la bouche, ouverte comme une fournaise, n’envoie plus par intervalles qu’un petit nombre de paroles sanglantes qui appellent la mort.

12. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Nicole. (1625-1695.) » pp. 40-47

L’impatience qui porte à contredire les autres avec chaleur ne vient que de ce que nous ne souffrons qu’avec peine qu’ils aient des sentiments différents des nôtres. […] De sorte qu’il y a tout ensemble dans ce procédé, et de l’orgueil qui nous cause ce dépit, et du défaut de charité qui nous porte à nous en venger par une contradiction indiscrète, et de l’hypocrisie qui nous fait couvrir tous ces sentiments corrompus du prétexte de l’amour de la vérité et du désir charitable de désabuser les autres, au lieu que nous ne recherchons en effet1 qu’à nous satisfaire nous-mêmes. […] Nous devons donc regarder cette impatience, qui nous porte à nous élever sans discernement contre tout ce qui nous paraît faux, comme un défaut très-considérable, et qui est souvent beaucoup plus grand que l’erreur prétendue dont nous voudrions délivrer les autres. […] Il ne suffit pas, pour conserver la paix avec les hommes, d’éviter de les blesser ; il faut encore savoir souffrir d’eux, lorsqu’ils font des fautes à notre égard : car il est impossible de conserver la paix intérieure, si l’on est si sensible à tout ce qu’ils peuvent faire et dire de contraire à nos inclinations et à nos sentiments ; et il est difficile même que le mécontentement intérieur que nous avons conçu n’éclate au dehors et ne nous dispose à agir envers ceux qui nous auront choqué, d’une manière capable de les choquer à leur tour, ce qui augmente peu à peu les différends et les porte souvent aux extrémités.

13. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Ce fut une fête pour la curiosité publique ; et ce succès toujours croissant, qui étonna la modestie d’un auteur désintéressé, lui ouvrit les portes de l’Académie en 1693. […] Lui seul ignore combien il est au-dessous du sublime et de l’héroïque ; et, incapable de savoir jusqu’où l’on peut avoir de l’esprit, il croit naïvement que ce qu’il en a est tout ce que les hommes en sauraient avoir : aussi a-t-il l’air et le maintien de celui qui n’a rien à désirer sur ce chapitre, et qui ne porte envie à personne. […] Il n’y a pas deux voix différentes sur ce personnage ; l’envie, la jalousie parlent comme l’adulation : tous se laissent entraîner au torrent qui les porte ; qui les force de dire d’un homme ce qu’ils en pensent ou ce qu’ils n’en pensent pas, comme de louer souvent celui qu’ils ne connaissent point. […] Clitiphon ou l’important Je vais, Clitiphon, à votre porte ; le besoin que j’ai de vous me chasse de mon lit et de ma chambre : plût aux dieux que je ne fusse ni votre client ni votre fâcheux ! […] Entrez, toutes les portes vous sont ouvertes ; mon antichambre n’est pas faite pour s’y ennuyer3 en m’attendant ; passez jusqu’à moi sans me faire avertir.

14. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Courier 1773-1825 » pp. 238-242

Au bout d’un quart d’heure qui fut long, j’entendis sur l’escalier quelqu’un, et, par la fente de la porte, je vis le père, sa lampe dans une main, dans l’autre un de ses grands couteaux. Il montait, sa femme après lui, moi, derrière la porte : il ouvrit ; mais avant d’entrer, il posa la lampe, que sa femme vint prendre, puis il entra pieds nus ; et elle, dehors, lui disait à voix basse, masquant avec ses doigts le trop de lumière de la lampe : « Doucement, va doucement. » Quand il fut à l’échelle, il monte, son couteau dans les dents ; et venu à la hauteur du lit, ce pauvre jeune homme étendu, offrant sa gorge découverte, d’une main il prend son couteau, et de l’autre… Ah ! […] La porte se referme, la lampe s’en va, et je reste seul avec mes réflexions1.

15. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Prosper Mérimée Né en 1803 » pp. 286-290

Une surprise Une cinquantaine de soldats avec leur capitaine étaient logés dans la tour du moulin ; le capitaine, en bonnet de nuit et en caleçon, tenant un oreiller d’une main et son épée de l’autre, ouvre la porte, et sort en demandant d’où vient ce tumulte. […] Les soldats eurent le temps de barricader la porte de la tour, et pendant quelques instants ils se défendirent avec avantage en tirant par les fenêtres ; mais il y avait tout contre ce bâtiment un grand amas de paille et de foin, ainsi que des branchages qui devaient servir à faire des gabions1. […] La porte brûlait, et les barricades qu’ils avaient faites les empêchaient de sortir par cette issue.

16. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre premier. Des caractères essentiels de la poésie » pp. 9-15

Si sa pensée se porte sur le monde moral, il lui prête des formes matérielles et palpables. […] Ce soleil qui ramène le jour et féconde la terre, ces astres dont la douce clarté illumine les nuits, cette mer qui s’agite en bouillonnant dans son lit immense, cette nature qui se pare et se dépouille tour à tour, ce mouvement régulier de l’univers, cette succession d’êtres qui brillent et s’effacent, qui naissent et meurent, les mystères qu’il rencontre en lui-même touchant son origine, sa conservation, sa fin, voilà ce qui le porte invinciblement à croire à des êtres invisibles, à un monde dont celui-ci n’est que l’apparence et le relief, et à faire tous ses efforts pour soulever le voile qui le dérobe à ses yeux. […] Tous les grands phénomènes de la nature étaient ainsi personnifiés : le soleil était un dieu monté sur un char étincelant, que traînaient des chevaux immortels vomissant la flamme ; l’aurore était une jeune déesse, ouvrant avec ses doigts de roses les portes de l’Orient : ses pleurs étaient la rosée qui humecte la terre et qui redonne la vie aux fleurs ; les vents avaient des ailes, le tonnerre, des flèches.

17. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre III. Du Sublime dans les Compositions littéraires. »

Du seuil des portes éternelles Des légions d’esprits fidèles À sa voix s’élancent dans l’air. […] porte tous les caractères du vrai sublime. […] tu portes César. […] Ton esprit qui se livre à des frayeurs si fortes, Se les reprocherait s’il savait qui tu portes.

18. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fénelon. (1651-1715.) » pp. 101-109

Jetons les yeux sur cette terre qui nous porte ; regardons cette voûte immense des cieux qui nous couvre, ces abîmes d’air et d’eau qui nous environnent et ces astres qui nous éclairent. […] D’ailleurs, c’est par un effet de la providence divine que nulle terre ne porte tout ce qui sert à la vie humaine ; car le besoin invite les hommes au commerce pour se donner mutuellement ce qui leur manque, et ce besoin est le lien naturel de la société entre les nations : autrement tous les peuples du monde seraient réduits à une seule sorte d’habits et d’aliments ; rien ne les inviterait à se connaître et à s’entrevoir. […] Il est trop vivement touché des intérêts de sa patrie pour s’amuser à tous les jeux d’esprit d’Isocrate ; c’est un raisonnement serré et pressant, ce sont les sentiments généreux d’une âme qui ne conçoit rien que de grand, c’est un discours qui croît et qui se fortifie à chaque parole par des raisons nouvelles, c’est un enchaînement de figures hardies et touchantes : vous ne sauriez le lire sans voir qu’il porte la république dans le fond de son cœur ; c’est la nature qui parle elle-même dans ses transports ; l’art est si achevé, qu’il n’y paraît point ; rien n’égala jamais sa rapidité et sa véhémence2. […] Malherbe, dans son ode à la reine régente Marie de Médicis, a dit aussi : Apollon à portes ouvertes Laisse indifféremment cueillir Les belles feuilles toujours vertes Qui gardent les noms de vieillir : Mais l’art d’en faire des couronnes N’est pas su de toutes personnes ; Et trois ou quatre seulement, Au nombre desquels on me range, Peuvent donner une louange Qui demeure éternellement.

19. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

La vanité porte un homme à s’élever au-dessus des bienséances sociales. […] Comment se porte madame Dimanche votre épouse ?    […] Ces amis restent chez eux quand on le porte en terre. […] Le Strymon porte à tort le nom de fleuve, tant il promène à petit bruit ses ondes paresseuses. […] On y porte le velours plein jusqu’au mois de juin.

20. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre I. Des Poésies fugitives. »

Ainsi l’auteur qui a dit : Maison à louer, laquelle a deux portes, trois fenêtres, du logement pour quatre maîtres, même pour cinq en un besoin, deux caves, un grenier à foin ; maison que le propriétaire avec sa baguette d’enchanteur, peut transporter, au gré du locataire, dans quelque quartier qu’il lui plaira ; maison qui porte un écriteau tiré de Barème et de l’algèbre, et dont le nom, aussi bien que celui de l’enchanteur, se lit dans le calendrier  : cet auteur, dis-je, a proposé une énigme, dont le mot est une voiture, nommée fiacre. […] Le Logogriphe, qui, comme je l’ai déjà dit, signifie énigme sur un mot, et même sur les parties de ce mot, est en effet l’assemblage de plusieurs énigmes, dont une porte sur le mot total, et les autres sur les parties de ce mot, c’est-à-dire, sur les syllabes ou les lettres indifféremment arrangées. […] J’ai fondu son carquois pour m’en faire une assiette ; Et lorsque pour goûter du vin vieux ou nouveau,                        Je descends à la cave, Ce superbe vainqueur, à présent mon esclave,                  Porte devant moi son flambeau. […] Je n’en connais pas de plus belle pour un monument public, que celle qu’on lit au-dessus de la porte de l’Arsenal de Paris.

21. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XVI » pp. 112-113

De toutes les obscurités qu’offre ce chapitre, des jugements que l’auteur y porte, et de la place qu’il occupe dans les développements relatifs à la tragédie, Ritter conclut qu’il n’est pas d’Aristote. Je ne relève pas toutes les décisions de ce genre que porte si facilement le même éditeur.

22. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Malherbe 1555-1628 » pp. 302-309

L’immortalité 1 Apollon à portes ouvertes2 Laisse indifféremment cueillir Ces belles feuilles toujours vertes Qui gardent3 les noms de vieillir ; Mais l’art d’en faire des couronnes N’est su que de peu de personnes ; Et trois ou quatre seulement, Au nombre desquels on me range, Peuvent donner une louange Qui demeure éternellement4. […] Malherbe, en cet âge brutal, Pégase est un cheval qui porte Les grands hommes à l’hôpital. […] A portes ouvertes, c’est-à-dire en laissant entrer la foule.

23. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — De Maistre, 1753-1821 » pp. 377-387

Sous ses idées fixes, sous ses paradoxes, sous ses jugements absolus, il y a du trait, du mordant, des vues hardies, neuves et profondes, l’accent d’une voix vibrante qui porte au loin, des airs de prophète qui lance la foudre. […] Le cheval qui porte son maître à la chasse du tigre se pavane sous la peau de ce même animal2 ; l’homme demande tout à la fois, à l’agneau ses entrailles pour faire résonner une harpe, à la baleine ses fanons pour soutenir le corset de la jeune vierge, au loup sa dent la plus meurtrière pour polir les ouvrages légers de l’art, à l’éléphant ses défenses pour façonner le jouet d’un enfant : ses tables sont couvertes de cadavres. […] C’est au milieu de cette solitude et de cette espèce de vide formé autour de lui qu’il vit seul avec sa femelle et ses petits, qui lui font connaître la voix de l’homme : sans eux il n’en connaîtrait que les gémissements… Un signal lugubre est donné ; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte et l’avertir qu’on a besoin de lui : il part ; il arrive sur une place publique couverte d’une foule pressée et palpitante. […] Il la détache ; il la porte sur une roue : les membres fracassés s’enlacent dans les rayons ; la tête pend ; les cheveux se hérissent, et la bouche, ouverte comme une fournaise, n’envoie plus par intervalles qu’un petit nombre de paroles sanglantes qui appellent la mort.

24. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Les Épitres de Boileau sont datées des conquêtes de Louis XIV ; Racine porte sur la scène les faiblesses et l’élégance de la cour ; Molière doit à la puissance du trône la liberté de son génie ; La Fontaine lui-même s’aperçoit1 des grandes actions du jeune roi, et devient flatteur pour le louer. […] Villemain improvisait à la Sorbonne au milieu de nos applaudissements, et souvent au bruit de la foule qui se pressait aux portes. […] Elle ne porte que des jugements vagues et malins, d’autant plus contagieux que leur généralité accommode notre paresse, et que leur malice ne flatte que trop notre penchant à mépriser les autres. […] L’esprit de critique est un esprit d’ordre : il connaît des délits contre le goût et les porte au tribunal du ridicule ; car le rire est souvent l’expression de sa colère, et ceux qui le blâment ne songent pas assez que l’homme de goût a reçu vingt blessures avant d’en faire une.

25. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

La vertu seule continue son règne au travers des âges, et ni tyrans ni mensonges n’arrêtent le fleuve qui la porte à l’admiration de la terre. […] Si, chez les peuples serfs, il ne conduit qu’à la défense des intérêts vulgaires, chez les peuples libres, il est la porte des institutions qui fondent ou qui sauvegardent. […] S’il lui plaît que je prêche à Notre-Dame, j’y prêcherai ; s’il m’en ferme les portes, je prêcherai ailleurs ; si toutes les chaires de France me sont successivement interdites, j’attendrai d’autres temps et je ferai le bien qui me restera possible. […] La vanité, l’ambition, la vengeance, le luxe, la volupté, le désir insatiable d’accumuler, voilà les vertus que le monde connaît et estime, voilà les vertus auxquelles il porte ses partisans. […] On se prodigue à l’envie les louanges et les adulations, et on porte dans le cœur la haine, la jalousie et le mépris de ceux qu’on loue.

/ 255