Ta patrie a déjà été cruellement punie, et ta mère n’a pas encore reçu le moindre témoignage de ta gratitude ! […] Père de deux fils, je n’ai pas hésité à les exposer aux périls qu’ils devaient affronter pour la patrie. […] En effet, je n’ai jamais offert de sacrifices à d’autres dieux qu’à Jupiter, à Junon et aux divinités reconnues par la patrie. […] Ce que nous avons acquis au prix de mille travaux, de mille dangers, nous l’avons remis entre tes mains dès ta naissance : nous t’avons donné une patrie dont l’univers reconnaît la supériorité, et dans cette patrie, une origine, une famille, de bons principes, une fortune digne de ton rang. […] Chacun ne se croyait pas né seulement pour ses parents et pour ses proches, mais pour la patrie avant tout.
Ils termineront en adjurant les députés, au nom de la patrie, au nom du prince, de voter par acclamation les subsides nécessaires. […] Ce spectacle de la grandeur et de la liberté de leur patrie est bien fait pour agrandir leurs âmes, mais aussi pour les intimider. […] Les grands mouvements oratoires, les riches expressions coulent de leur âme, enivrée de l’amour de la patrie, comme l’eau d’un vase trop plein. […] D’autres sont venus après eux qui aimaient aussi leur patrie, mais qui se sont perdus sans avoir la consolation de la sauver. […] C’est tout simplement un homme qui aime sa patrie et qui essaye de persuader ses concitoyens en leur parlant des intérêts publics.
Mais non seulement Milon a pu et dû tuer Clodius ; il lui est encore glorieux de l’avoir fait, parce qu’il a délivré la patrie d’un scélérat reconnu, et d’un citoyen pernicieux à la république. […] « Quant au reste des auditeurs (et je parle ici des vrais citoyens), tous nous sont favorables ; et dans cette multitude nombreuse de Romains, dont les regards viennent de tous les points du Forum se fixer sur vous, et qui attendent avec tant d’impatience l’issue de cette affaire, il n’en est pas un qui n’applaudisse au courage de Milon, et qui ne pense que ce jour va décider de son sort, de celui de ses enfants, de celui, enfin, de la patrie elle-même. […] Je me retire, je pars ; si je n’ai pas l’avantage de vivre au sein d’une patrie heureuse, je ne la verrai pas du moins dans le trouble ; et la première ville où j’aurai trouvé des mœurs et de la liberté, c’est là que je fixerai mon asile. […] — Pourquoi m’avez-vous rappelé dans ma patrie ? […] Croyez que celui qui a choisi pour juges les hommes les plus justes et les plus fermes, s’est engagé d’avance plus particulièrement que personne, à approuver ce que vous auront dicté la justice, la patrie et la vertu ».
Dix mois environ après le retour de Cicéron dans sa patrie, la faction de Clodius accusa Sextius de violence publique, d’après la loi Lutatia. […] « Si l’on s’étonnait, par le passé, que dans une république aussi puissante, et dans un aussi illustre empire, il se rencontrât si peu de citoyens assez fermes, assez intrépides, pour oser dévouer leur personne et leur vie au salut de l’état et au maintien de la liberté commune ; que l’on s’étonne bien plus aujourd’hui de rencontrer encore de braves et généreux citoyens, que de trouver des hommes timides et plus occupés d’eux-mêmes que des intérêts de la patrie. » En effet, Romains, sans qu’il soit nécessaire de vous rappeler ici le sort de chacun en particulier, vous pouvez, d’un coup d’oeil, voir ceux qui, de concert avec le sénat, ont relevé la république abattue, l’ont délivrée d’un brigandage domestique ; vous pouvez, dis-je, les voir plongés dans la tristesse, revêtus d’habits de deuil, traduits en justice, exposés à vivre loin de leur patrie, de leurs enfants ; à rester privés de leur ville, de leur réputation, de toute leur existence : tandis que ceux qui ont attaqué, confondu, violé, détruit tous les droits divins et humains, ne se contentent pas de paraître en public avec un air satisfait, triomphant ; mais, sans y être forcés, absolument tranquilles pour eux-mêmes, ils se plaisent à précipiter dans le péril les citoyens les plus fermes et les plus courageux. […] Lorsque de tels hommes ont trouvé des chefs de leur parti, il se forme dans la république des orages, lesquels obligent ceux qui ont pris en main le gouvernail de la patrie, à se tenir sur leurs gardes, à employer tous leurs soins, à déployer toute leur habileté, pour conserver les grands objets dont je viens de parler, pour se mettre en état de naviguer sûrement, et d’arriver enfin au port d’une heureuse tranquillité ». […] « Aimons donc la patrie, soyons soumis au sénat, prenons les intérêts des gens de bien ; oublions les avantages présents, pour ne nous occuper que de la gloire à venir ; regardons comme le plus utile ce qui sera le plus juste ; espérons tout ce que nous voudrons, mais supportons tout ce qui nous arrivera ; pensons enfin que, dans les grands hommes, le corps seul est mortel, que les conceptions de leur âme et la gloire de la vertu sont éternelles ; et si nous voyons cette opinion consacrée dans la personne d’Hercule, ce héros vénérable, dont l’immortalité même vint, dit-on, recueillir l’âme et les vertus, dès que les flammes du bûcher eurent consumé son corps, nous devons croire aussi que ceux qui, par leurs conseils ou par leurs travaux, ont défendu, accru, sauvé une république aussi florissante, sont parvenus à une gloire qui ne mourra jamais ».
Il appartient à l’élite de ceux qui, sans chimère ni ambition, veulent le bien de la patrie et l’honneur du genre humain. […] Il vous est permis de souhaiter de monter à des postes plus éminents, parce qu’il est permis à chaque citoyen de souhaiter d’être en état de rendre de plus grands services à sa patrie ; d’ailleurs, une noble ambition est un sentiment utile à la société, lorsqu’il se dirige bien. […] Si je savais quelque chose qui fût utile à ma famille, et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je le regarderais comme un crime. […] Les soldats de Tibère et non de la patrie.
Ne vois-tu pas que tu anéantis, autant qu’il est en toi, et les lois et la patrie ? […] si la patrie t’offense par un jugement injuste, as-tu droit de lui nuire ? […] Dans les tribunaux, dans les prisons, sur le champ de bataille, partout les ordres de la patrie sont sacrés ». […] Si tu cèdes lâchement au malheur, si tu violes ton pacte solennel avec nous, tu outrages ceux qui l’ont le moins mérité, toi, tes amis, ta patrie, et nous surtout, nous qui deviendrons tes ennemies implacables pendant ta vie et qui te dénoncerons d’avance à l’animadversion de nos sœurs, chez les morts ».
Oui, César doit veiller à sa propre conservation, parce qu’il est indispensable qu’il existe pour réparer les maux que la guerre civile a faits à la patrie. […] Nous le demanderons maintenant à ceux qui ont fait à Cicéron un crime des louanges données à César : n’est-ce pas là le langage d’un homme également sensible aux vertus de César et aux intérêts de la patrie, et qui rend justice à l’un, mais qui aime l’autre ; qui, en louant l’usurpateur de l’usage qu’il fait de sa puissance, l’avertit que son premier devoir est de la soumettre aux lois ? […] Assez pour la nature, si vous voulez, assez même pour la gloire, j’y consens ; mais non pas pour la patrie, qui est avant tout. […] » Or, prenez garde que si toutes vos grandes actions doivent aboutir à laisser la république dans l’état où elle est, vous n’ayez plutôt excité l’admiration, que mérité la véritable gloire, s’il est vrai que celle-ci consiste à laisser après soi le souvenir du bien qu’on a fait aux siens, à la patrie et au genre humain. […] Vous serez pour nos neveux, comme vous l’avez été pour nous, un sujet éternel de division : les uns vous éléveront jusqu’au ciel ; les autres diront qu’il vous a manqué ce qu’il y a de plus glorieux, de guérir les maux de la patrie ; ils diront que vos grands exploits peuvent appartenir à la fortune, et que vous n’avez pas fait ce qui n’aurait appartenu qu’à vous.
Le citoyen le plus heureux, si sa patrie vient à tomber, tombe nécessairement avec elle ; tant qu’elle se soutient, il trouve dans le bonheur général les moyens de réparer ses propres disgrâces. […] Si celui qui joindrait au mérite des lumières le talent de les communiquer, avait de mauvaises intentions, jamais il ne vous donnerait un bon conseil ; et, en lui supposant même de bonnes intentions, s’il était susceptible de céder à l’appât de l’or, il serait bientôt capable de trafiquer lâchement des intérêts de la patrie. […] Ce qui m’a fait un nom dans le monde, est aussi glorieux pour mes ancêtres et pour moi-même, qu’avantageux pour ma patrie. […] Mais telle est la célébrité qu’ils ont laissée après eux, que tout le monde a brigué l’honneur d’appartenir à leur race, et que la patrie elle-même, les regardant comme ses enfants les plus chers, se glorifiait de leur avoir donné la naissance, et s’applaudissait de leurs actions, bien loin de songer à les désavouer. […] Nos ennemis peuvent se dire, pour s’animer mutuellement, qu’ils combattent dans le sein et pour les intérêts de leur patrie ; vous combattez, vous, dans un pays d’où vous ne pouvez sortir désormais que par une victoire.
C’est un entier dévouement au salut de la patrie qui les mène au danger. L’effet qui en résulte n’est pas moins beau : c’est la gloire et la conservation de la patrie. […] Je ne manquerai à aucun de vous ; mais faites en sorte que ma fortune ne manque pas à la patrie, etc. […] et pour n’avoir ni nom ni rang dans ta patrie, en es-tu moins soumis à ses lois ? […] devais-je croire qu’il n’y aurait plus pour moi de place dans cette patrie ?
« O ma patrie ! […] … Non ; car un serment antérieur, un serment plus saint le lie à sa patrie, à sa famille, à tous ses devoirs. […] Eudoxe va en secret consulter l’oracle sur le sort de la patrie et sur le sien. […] Enfin le devoir et la patrie remportent. […] Envers la patrie ; 3°.
Pour moi, je vous le proteste, grand prince, si votre juste indignation s’apaise, si vous rendez à notre patrie votre bienveillance, j’y retournerai avec joie, j’irai bénir avec mon peuple la bonté divine et célébrer la vôtre. […] Dans le genre délibératif, c’est l’amour du bien public, du prince, de la patrie. […] Milon ne devait pas revenir à Rome, et on le prouvait par ce syllogisme disjonctif : « Ou bien Milon a tué Clodius par haine, ou bien par amour de la patrie ; s’il l’a tué par haine, alors, sa vengeance étant satisfaite, il quittera volontiers sa patrie ; s’il l’a tué par générosité et par amour de la patrie, après avoir rendu un si grand service à ses concitoyens, il les laissera jouir de ses bienfaits, et il emportera dans son exil le témoignage d’une conscience tranquille après une grande action. […] Et toi (car il s’adresse souvent à moi), lorsque je te rendais à ta patrie, devais-je m’attendre à ne pas trouver un asile dans cette même patrie ? […] que tu as pu me rappeler dans ma patrie ; et je ne pourrai, par leur secours, t’y maintenir toi-même !
Mais il ne faut pas qu’un seul homme puisse ainsi compromettre une fois de plus le salut de la patrie. […] la patrie, notre mère commune à tous, te déteste et te craint ; depuis longtemps elle n’attend de toi que des complots parricides. […] Si la patrie, en effet, qui m’est bien plus chère que la vie, si toute l’Italie, si la république entière venait me dire : « M. […] Puisse cette union, consolidée sous mon consulat, subsister éternellement dans notre patrie ! […] À tous les autres, vous ayez décerné des félicitations pour avoir bien servi la patrie, à moi seul pour l’avoir sauvée.
L’intérêt seul de la patrie et l’espoir d’ouvrir un avis utile, avaient fait monter Démosthène à la tribune ; nous l’avons vu dans son exorde. […] « Nous sommes enfin parvenus, Romains, à chasser, à éloigner, du moins, du milieu de vous ce prodige d’audace et de scélératesse, ce fougueux Catilina, qui tramait la perte de sa patrie, qui menaçait cette ville de l’incendie, et vous tous de son poignard. […] Je les préviens donc que cette douceur, dont on a pu me reprocher l’excès, n’a ici d’autre but que de mettre leur perversité dans tout son jour ; mais que rien ne me peut faire oublier que c’est ici ma patrie, que j’y suis consul, et que mon devoir est de vivre avec mes concitoyens, ou de mourir pour eux. […] On a beaucoup parlé sur les peines à infliger à des monstres qui ont déclaré la guerre à leur patrie, à leurs parents, à leurs dieux et à leurs propres foyers. […] respectez ce qu’on doit à la dignité de Lentulus, s’il a respecté lui-même ce qu’il se doit, ce qu’il doit aux dieux et à ses semblables : respectez la jeunesse de Céthégus, si ce n’est pas la seconde fois qu’il déclare la guerre à sa patrie.
Le consul Cicéron fut appelé le père de la patrie. — 3. […] Nous obéissons aux lois de la patrie. — 2. […] C’est un crime d’en vouloir à sa patrie. — 4. […] Il est glorieux de bien mériter de la patrie. — 17. […] La patrie est notre mère commune à tous. — 3.
. — Comme il s’en faut bien que ma fortune approche de sa médiocrité d’or, je ne vous donnerai que des fraises et du lait dans des terrines ; mais vous aurez le plaisir d’entendre les rossignols chanter dans les bosquets des dames anglaises, et de voir leurs pensionnaires folâtrer dans le jardin4 La patrie Lorsque j’arrivai en France sur un vaisseau qui venait des Indes, je me rappelle que les matelots, en vue de la patrie, devinrent pour la plupart incapables d’aucune manœuvre. […] La vue de mon pays, de ce pays si chéri, où des torrents de plaisirs avaient inondé mon cœur, l’air des Alpes, si salutaire et si pur : le doux air de la patrie, plus suave que les parfums de l’Orient ; cette terre riche et fertile, ce paysage unique, le plus beau dont l’œil humain fût jamais frappé ; ce séjour charmant auquel je n’avais rien trouvé d’égal dans le tour du monde ; l’aspect d’un peuple heureux et libre ; la douceur de la saison, la sérénité du climat ; mille souvenirs délicieux qui réveillaient tous les sentiments que j’avais goûtés ; tout cela me jetait dans des transports que je ne puis décrire, et semblait me rendre à la fois la jouissance de ma vie entière. »
Chantre des vaincus et des morts, il sut, par des notes attendries ou légères, allier la sensibilité à l’ironie, et faire venir une larme aux yeux, un sourire aux lèvres : en célébrant la bravoure, la gloire et l’amour de la patrie, il trouva le secret d’associer dans une sorte d’idéal les mots d’Empire et de Liberté. […] Ici, ma voix, mêlée aux chants des fêtes, De la patrie a bégayé le nom8. […] si jamais vous vengez la patrie, Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas !
Doux sommets de l’Ida, beau ciel de la patrie, Adieu pour la dernière fois ! […] Si un pareil ramas d’hommes se disciplinait si facilement, on peut juger de ce qu’étaient des citoyens, pères de famille, attachés au sol de la patrie et nourris dans le respect de leurs institutions. […] Tout saigne et se confond dans un vaste tombeau ; Le cœur de la patrie est aux mains du bourreau ! […] trop longtemps c’est suspendre nos coups : « Au sceptre qui l’opprime arrachons la patrie. […] Patrie !
Ainsi l’idée de guerre nous rappelle tout ce qui l’accompagne : la mêlée sanglante, les champs dévastés, les villes ruinées, la douleur des familles ; ou bien encore la patrie sauvée, la gloire des vainqueurs. […] » C’était le cri du cœur, le souvenir de la patrie : le bananier lui rappelait sa terre natale, sa famille, ses amis, toute sa vie passée.
vous avez de grandes destinées à remplir, des batailles à livrer, des dangers, des fatigues à vaincre ; vous ferez plus que vous n’avez fait pour la prospérité de la patrie, le bonheur des hommes et votre propre gloire. […] Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France : là, vous serez l’objet de mes tendres sollicitudes. […] aurions-nous donc bravé les saisons, les mers, les déserts ; vaincu l’Europe plusieurs fois coalisée contre nous ; porté notre gloire de l’orient à l’occident, pour retourner dans notre patrie comme des transfuges, après avoir abandonné nos alliés, et pour entendre dire que l’aigle française a fui épouvantée à l’aspect des armées prussiennes ! […] Soyez fidèles au nouveau roi que la France s’est choisi ; n’abandonnez pas notre chère patrie, trop longtemps malheureuse ! Aimez-la toujours, aimez-la bien, cette chère patrie !
Lacordaire 1802-1861 [Notice] Né à Recey-sur-Ource (Côte-d’Or), Henri-Dominique Lacordaire fit de brillantes études au lycée de Dijon, dans la patrie de Bossuet, en vue de la colline où naquit aussi saint Bernard. […] Je ne parle pas de cette utilité vulgaire, quoique déjà bien noble, de fonder ou de perpétuer une famille, de créer un patrimoine à sa postérité, de maintenir et d’honorer sa patrie, de laisser enfin à sa famille un nom honoré. […] Ainsi, aux jours du moyen âge, on voyait des chrétiens quitter leur patrie pour se donner à quelque cathédrale qui se bâtissait sur les bords d’un fleuve étranger ; contents de leur journée, parce qu’elle avait servi, ils regardaient, le soir, de combien l’œuvre s’était avancée vers Dieu, et, lorsque, après vingt ou trente ans d’un obscur travail, la croix brillait au sommet du sanctuaire élevé de leurs mains, ils y jetaient un dernier regard, et, prenant leurs enfants et leurs souvenirs, ils s’en allaient, sans laisser leur nom, mourir en paix dans la bienheureuse pensée d’avoir fait quelque chose pour Dieu1. […] Mais, là où la patrie est un temple vide, qui n’attend rien de nous que le silence et le passage, il se crée une oisiveté formidable, où la force des âmes, s’il leur en reste, se dépense à se flétrir. […] Il n’a point de patrie ; le sol même où il est errant n’a reçu de son travail aucune consécration de sa puissance, aucune limite, et, encore qu’il garde les os de ses ancêtres, il y marche sans passé et sans avenir.
lorsque vous voyez périr voire patrie, Pour quelque chose, Esther, vous comptez votre vie ? […] Casimir Delavigne, dans sa tragédie les Enfants d’Édouard ; l’amour de la patrie, si profondément gravé dans le cœur de tous les hommes, et l’amour non moins puissant du sol natal, qui exerce une influence si forte sur les animaux eux-mêmes, sur les oiseaux, sur les abeilles comme nous le confirme le savant Alibert en parlant un jour de ces dernières. […] L’Amour de la Patrie Les plus grands prodiges de vertu ont été produits par l’amour de la patrie : ce sentiment doux et vif qui joint la force de l’amour propre à toute la beauté de la vertu, lui donne une énergie qui, sans la défigurer, en fait la plus héroïque de toutes les passions. C’est lui qui produisit tant d’actions immortelles dont l’éclat éblouit, nos faibles yeux, et tant de grands hommes dont les antiques vertus passent pour des fables depuis que l’amour de la patrie est tourné en dérision. Ne nous en étonnons pas : les transports des cœurs tendres paraissent autant de chimères à quiconque ne les point sentis, et l’amour de la patrie… ne se conçoit de même qu’en l’éprouvant ; mais il est aisé de remarquer dans tous les cœurs qu’il échauffe, dans toutes les actions qu’il inspire, cette ardeur bouillante et sublime dont ne brille pas la plus pure vertu, quand elle en est séparée.
Là, ce n’est plus le langage humain, c’est Dieu lui-même qui parle par les prophètes ; c’est lui qui met dans la bouche de David l’expression la plus vraie et la plus touchante de la douleur de l’âme, tempérée par les élans de la foi et de l’espérance religieuse : telle est entre autres le psaume qui chante la captivité de Babylone (Super flumina Babylonis), et que Chateaubriand appelle le plus beau des cantiques sur l’amour de la patrie . Les Lamentations de Jérémie sont aussi d’admirables élégies, véritables chants funèbres de la patrie expirante, de Jérusalem, la reine des nations, assise dans l’abandon, la tristesse et le veuvage.
Mais accusé d’avoir mutilé les statues de Mercure, et condamné à mort par contumace, il se retira à Lacédémone, où cet homme, accoutumé au luxe et aux délices de sa patrie, prit sans peine la manière de vivre sobre et dure des Spartiates. […] Habile politique, il gouverna sa patrie pendant quarante ans, et il en fut le seul maître pendant les quinze dernières années, ayant fait bannir tous ses rivaux. […] Après avoir donné à sa patrie les lois les plus sages, et qui sont encore admirées, Solon voyagea d’abord en Égypte, et passa ensuite à la cour de Crœsus, roi de Lydie, province de l’Asie mineure (aujourd’hui Natolie). […] Cette punition sévère, mais juste, changea entièrement le cœur de Thémistocle, qui ne tarda pas à consacrer ses talents au service de sa patrie. […] Mais Thémistocle, loin de vouloir faire la guerre à sa patrie, termina ses jours par le poison.
Ils y verront comment le fils d’un pauvre artisan, ayant lui-même travaillé longtemps de ses mains pour vivre, est parvenu à la richesse à force de labeur, de prudence et d’économie ; comment il a formé tout seul son esprit aux connaissances les plus avancées de son temps, et plié son âme à la vertu par des soins et avec un art qu’il a voulu enseigner aux autres ; comment il a fait servir sa science inventive et son honnêteté respectée aux progrès du genre humain et au bonheur de sa patrie. Peu de carrières ont été aussi pleinement, aussi vertueusement, aussi glorieusement remplies que celle de ce fils d’un teinturier de Boston, qui commença par couler du suif dans des moules de chandelles, se fit ensuite imprimeur, rédigea les premiers journaux américains, fonda les premières manufactures de papier dans ces colonies, dont il accrut la civilisation matérielle et les lumières ; découvrit l’identité du fluide électrique et de la foudre ; devint membre de l’Académie des sciences de Paris et de presque tous les corps savants de l’Europe ; fut auprès de la métropole le courageux agent des colonies soumises ; auprès de la France et de l’Espagne le négociateur heureux des colonies insurgées, et se plaça à côté de Georges Washington comme fondateur de leur indépendance ; enfin, après avoir fait le bien pendant quatre-vingts ans, mourut environné des respects des deux mondes comme un sage qui avait étendu la connaissance des lois de l’univers, comme un grand homme qui avait contribué à l’affranchissement et à la prospérité de sa patrie, et mérita non-seulement que l’Amérique tout entière portât son deuil, mais que l’Assemblée constituante de France s’y associât par un décret public. […] Sa langue est devenue la langue de l’Europe ; tout y a contribué : les grands auteurs du siècle de Louis XIV ; ceux qui les ont suivis ; les pasteurs calvinistes réfugiés, qui ont porté l’éloquence, la méthode, dans les pays étrangers ; un Bayle surtout, qui, écrivant en Hollande, s’est fait lire de toutes les nations ; un Rapin de Thoyras, qui a donné en français la seule bonne histoire d’Angleterre ; un Saint-Évremond, dont toute la cour de Londres recherchait le commerce ; la duchesse de Mazarin, à qui l’on ambitionnait de plaire ; Madame d’Olbreuse, devenue duchesse de Zell, qui porta en Allemagne toutes les grâces de sa patrie.