Je t’aime ; et pour te le prouver, je te fais mon confident. » Je n’eus pas sitôt entendu ces paroles, que je tombai aux pieds de Sa Grandeur, tout pénétré de reconnaissance. […] Je n’étais plus embarrassé que d’une chose : je ne savais de quelle façon entamer la parole. […] » Ces paroles firent pâlir mon maître, qui me dit avec un souris forcé : « Monsieur Gil Blas, cette pièce n’est donc pas de votre goût ? […] Vous êtes donc aujourd’hui tout ce que vous fûtes jamais, et peut-être meilleur ; car si à votre âge vous êtes si vif et si impétueux, quel nom, Théobalde, fallait-il vous donner dans votre jeunesse, et lorsque vous étiez la coqueluche ou l’entêtement de certaines femmes qui ne juraient que par vous et sur votre parole, qui disaient : Cela est délicieux ; qu’a-t-il dit ?
Ton esprit ne sait pas planer dans ces hauteurs Où tout scrupule échappe aux vrais législateurs ; Les terrestres liens t’empêchent de m’y suivre ; D’un misérable orgueil ta parole t’enivre ; Des flatteurs empressés te prodiguent l’encens ; L’or, l’amour, les festins ont captivé tes sens, Et la dépouille belge, hélas ! […] Danton, éclatant enfin, après avoir arpenté le théâtre à grands pas, pendant les dernières paroles de Marat. […] « La politesse est à la bonté ce que les paroles sont à la pensée. Elle n’agit pas seulement sur les manières, mais sur l’esprit et le cœur ; elle rend modérés et doux tous les sentiments, toutes les opinions et toutes les paroles. […] Il y a du sang dans toutes leurs paroles.
La clarté du style est, d’après Quintilien, cette qualité qui fait saisir sur-le-champ et sans effort la pensée exprimée par la parole. […] L’obscurité, qui fait qu’on ne saisit que difficilement la pensée exprimée par la parole, est le plus grand vice du discours. […] Le style concis, présentant un grand sens renfermé en peu de paroles, est agréable à l’esprit, pourvu qu’on s’en serve avec modération. […] Quoi de plus simple que ces paroles de l’Écriture : Dixitque Deus : Fiat lux, et facta est lux. […] Il s’en passe en effet assez souvent, quoiqu’on doive convenir que l’éclat en est rehaussé par le sublime des paroles.
Quelle conquête une seule parole peut vous procurer ! […] Qui n’ont pas l’usage de la parole, qui sont faciles à briser. […] C’est la cause pour l’effet ; ce n’est pas la parole, mais le souvenir qu’on en conserve, qui a survécu. […] Les modernes aussi se sont occupés des règles de l’art de la parole. […] Voilà les dernières paroles qui s’échappent avec mon sang !
Car, en parlant rigoureusement, l’élocution est l’énonciation de la pensée par la parole. […] La langue, pour le don de la parole. […] Elle dit en plusieurs paroles ce qu’on pourrait dire en moins, et souvent en un seul mot. […] Communication dans les paroles. […] Sous ce dernier rapport, les paroles précédentes d’Andromaque renferment une pensée naïve autant que délicate.
Quel exorde renfermé dans une seule parole accompagnée de cette action ! […] La harangue historique est un discours qu’on trouve chez les historiens, quand ils cèdent la parole au personnage qu’ils ont mis en scène. […] Sa parole ressemble au flot soulevé par une tempête qui, pour reprendre son mouvement naturel, vient à intervalles inégaux, caresser mollement le rivage de la mer. […] La meilleure prononciation ne pourra que donner l’intelligence des paroles d’un auteur : cela ne peut suffire. […] Le geste est en quelque sorte à la parole, ce que la parole est à la pensée, il lui donne un corps et la fait sentir même aux sourds.
Il lui représenta au naturel le jeu que l’on avait fait en toutes occasions de la parole royale ; les illusions honteuses, et même puériles, par lesquelles on avait éludé mille et mille fois les résolutions les plus utiles et même les plus nécessaires à l’Etat ; il exagéra avec force le péril où le public se trouvait par la prise tumultuaire et générale des armes. […] Il se donna le temps de rallier ce qu’il put de la compagnie ; il conserva toujours la dignité de la magistrature et dans ses paroles et dans ses démarches, et il revint au Palais-Royal au petit pas, sous le feu des injures, des menaces, des exécrations et des blasphèmes. […] Le cardinal, à qui un jeune conseiller des enquêtes avait dit en raillant qu’il serait assez à propos qu’il allât lui-même dans les rues voir l’état des choses, le cardinal, dis-je, se joignit au gros de la cour, et l’on tira enfin à toute peine cette parole de la bouche de la reine : « Hé bien ! […] Aussitôt que l’arrêt fut rendu, l’on expédia les lettres de cachet, l’on transmit les paroles, et le premier président montra au peuple les copies, qu’il avait mises en forme, de l’un et de l’autre : mais l’on ne voulut pas quitter les armes que l’effet ne s’en fût ensuivi4.
On croira même ajouter quelque chose à la gloire de notre auguste monarque, lorsqu’on dira qu’il a estimé, qu’il a honoré de ses bienfaits cet excellent génie ; que même deux jours avant sa mort, et lorsqu’il ne lui restait plus qu’un rayon de connaissance, il lui envoya encore des marques de sa libéralité3, et qu’enfin les dernières paroles de Corneille ont été des remercîments pour Louis le Grand. […] Jamais prince n’observa si religieusement sa parole ; il l’a toujours exactement tenue à ses ennemis mêmes : et dans la paix d’Aix-la-Chapelle1, il aima mieux, en rendant la Franche-Comté, renoncer à la plus glorieuse et à la plus utile de ses conquêtes que de manquer à la parole qu’il avait donnée de la rendre. […] « Racine, qui en cette occasion, dit d’Alembert, s’était éclipsé devant le prédicateur, prit sa revanche dans ce nouveau discours, l’un des plus beaux qui aient été prononcés à l’Académie française. » On rapporte que Louis XIV, a qui Racine était venu le lire, lui dit avec cette dignité pleine de justesse qui manquait rarement à ses paroles : « Je le louerais davantage si je n’y étais tant loué. » De cette appréciation de Corneille il sera curieux de rapprocher sa Vie par son neveu Fontenelle et sou Eloge par Victorin Fabre, enfin et surtout le travail que M.
Mais ses écrits ne nous offrent qu’une image affaiblie d’elle-même ; car elle brillait surtout par le génie de la conversation, et son style, parfois vague ou abstrait, n’a pas retenu toute la flamme de sa parole. […] Les conversations des sociétés ont une portée sérieuse, et c’est par elles que l’opinion publique se forme : les paroles sont devenues des actions, et tous les cœurs sensibles vantent avec transport un mémoire que l’humanité anime, et qui paraît plein de talent parce qu’il est plein d’âme. […] Le goût des spectacles est universel ; car la plupart des hommes ont plus d’imagination qu’ils ne croient, et ce qu’ils considèrent comme l’attrait du plaisir, comme une sorte de faiblesse qui tient encore à l’enfance, est souvent ce qu’ils ont de meilleur en eux : ils sont, en présence des fictions, vrais, naturels, émus, tandis que, dans le monde, la dissimulation, le calcul et la vanité disposent de leurs paroles, de leurs sentiments et de leurs actions. […] Dieu soit béni cependant pour le secours qu’il nous prépare encore dans cet instant : nos paroles seront incertaines, nos yeux ne verront plus la lumière, nos réflexions, qui s’enchaînaient avec clarté, erreront isolées sur de confuses traces ; mais l’enthousiasme ne nous abandonnera pas, ses ailes brillantes planeront sur notre lit funèbre ; il soulèvera les voiles de la mort, il nous rappellera ces moments où, pleins d’énergie, nous avions senti que notre cœur était impérissable, et nos derniers soupirs seront peut-être comme une noble pensée qui remonte vers le ciel.
Vous passez pour un prodige, et je ne doute pas que l’Espagne ne se trouve un jour aussi vaine6 de vous avoir produit, que la Grèce d’avoir vu naître ses sages7 » Ces paroles furent suivies d’une nouvelle accolade8 qu’il me fallut essuyer, au hasard d’avoir le sort d’Anthée9 Pour peu que j’eusse eu d’expérience, je n’aurais pas été la dupe de ses démonstrations ni de ses hyperboles ; j’aurais bien connu à ses flatte ries outrées que c’était un de ces parasites1 que l’on trouve dans toutes les villes, et qui, dès qu’un étranger arrive, s’introduisent auprès de lui pour remplir leur ventre2 à ses dépens ; mais ma jeunesse et ma vanité m’en firent juger tout autrement. […] Le seigneur Corcuélo (C’était le nom de l’hôte), qui, selon toutes les apparences, s’entendait avec le parasiste, me répondit : « J’ai une truite excellente, mais elle coûtera cher à ceux qui la mangeront : c’est un morceau trop friand pour vous. — Qu’appelez-vous trop friand, dit alors mon flatteur d’un ton de voix élevé : vous n’y pensez pas, mon ami ; apprenez que vous n’avez rien de trop bon pour le seigneur Gil Blas de Santillane, qui mérite d’être traité comme un prince. » Je fus bien aise qu’il eût relevé les dernières paroles de l’hôte, et il ne fit en cela que me prévenir. […] Soyez désormais en garde contre les louanges ; défiez-vous des gens que vous ne connaîtrez point6Vous en pourrez rencontrer d’autres qui voudront, comme moi, se divertir de votre crédulité, et peut-être pousser les choses encore plus loin ; n’en soyez point la dupe, et ne vous croyez point, sur leur parole, la huitième merveille du monde. » En achevant ces mots, il me rit au nez et s’en alla.
Les anciens ont défini l’éloquence ainsi cultivée, l’art de persuader par la parole. […] Mais s’il adresse la parole à une assemblée d’hommes cultivés et polis, c’est plutôt par la précision et la justesse des idées qu’il parviendra à les toucher. […] L’énergie et le pathétique se trouvent dans les prophètes, les allusions ingénieuses se puisent dans les livres historiques ; les élévations affectives se forment des paroles des Psaumes. […] Si on veut le produire au dehors par la parole ou par l’écriture, la phrase qui l’exprime s’appelle proposition. […] Quelle confiance peut prendre le peuple en un prédicateur dont les mœurs démentent les paroles ?
Nous citerons entre autres cette fable : Parole de Socrate : Socrate un jour faisant bâtir, Chacun censurait son ouvrage. […] Telles sont ces paroles d’Henri IV, adressées à ses troupes, avant la bataille d’Ivry : Mes amis, vous êtes Français, je suis votre roi, voilà l’ennemi ; nous courons aujourd’hui même fortune ; je veux vaincre ou mourir avec vous. […] Ces paroles héroïques lui valurent une nouvelle victoire. Le noble Rochejaquelein dit aux paysans vendéens qu’il commandait ces belles paroles que l’histoire a conservées : Si j’avance, suivez-moi ; si je recule, tuez-moi ; si je meurs, vengez-moi. Où trouver des paroles et des pensées plus remarquables par leur énergie, et surtout par leur noblesse de sentiment ?
À qui s’adressent ces paroles ? […] On n’entend dans les funérailles que des paroles d’étonnement de ce que ce mortel est mort. […] Quelle simplicité vraiment sublime dans cette autre phrase : « On n’entend dans les funérailles que des paroles d’étonnement de ce que ce mortel est mort ».
Un ton véhément et pathétique, des gestes expressifs et fréquents, des paroles rapides et sonnantes. » Tel est le sentiment de Buffon. […] Si l’amiral et non le poète eût trouvé ces paroles au fond de son cœur, point de doute que le poignard ne fût tombé de la main de ses assassins. […] En Grèce, les Périclès, les Démosthènes, les Eschyle ; à Rome, les Gracques, les Scipion, les Cicéron et une foule d’autres, n’ont-ils pas su conquérir par le talent de la parole les plus hautes dignités de la République ?
Il est trop vivement touché des intérêts de sa patrie pour s’amuser à tous les jeux d’esprit d’Isocrate ; c’est un raisonnement serré et pressant, ce sont les sentiments généreux d’une âme qui ne conçoit rien que de grand, c’est un discours qui croît et qui se fortifie à chaque parole par des raisons nouvelles, c’est un enchaînement de figures hardies et touchantes : vous ne sauriez le lire sans voir qu’il porte la république dans le fond de son cœur ; c’est la nature qui parle elle-même dans ses transports ; l’art est si achevé, qu’il n’y paraît point ; rien n’égala jamais sa rapidité et sa véhémence2. […] En écoutant ces paroles, vous apprenez le fait, mais vous ne le voyez pas. […] Ce n’est plus Virgile que vous écoutez ; vous êtes trop attentif aux dernières paroles de la malheureuse Didon pour penser à lui. […] Jamais homme n’a donné un tour plus heureux que vous à la parole, pour lui faire signifier un beau sens avec brièveté et délicatesse ; les mots deviennent tout nouveaux par l’usage que vous en faites2.
Au nom de toute la terre, un roi se déclare partie et prend la parole contre un empereur. […] Il n’est point esclave des mots, il va droit à la vérité ; il sait que la passion est comme l’âme de la parole. […] La passion, qui nuit à son jugement, anime ses paroles et les rend souvent éloquentes. […] Un ton véhément et pathétique, des gestes expressifs et fréquents, des paroles rapides et sonnantes. […] Le style doit graver des pensées : ils ne savent que tracer des paroles.
La vraie voie pour atteindre le sublime, c’est de dire de grandes choses avec des paroles simples. […] Il se sert de la parole comme un homme modeste de son habit pour se couvrir : il tonne ; il foudroie ; c’est un torrent qui entraîne tout. On ne peut le critiquer parce qu’on est saisi ; on pense aux choses qu’il dit et non à ses paroles. […] Le talent de la parole produit toujours un grand effet. […] Ils ôtent du poids aux paroles de l’orateur, et font naître le soupçon d’un défaut de solidité et de vigueur dans ses arguments.
Dès lors, la parole, qui doit être l’expression fidèle de nos pensées, se produit avec des couleurs aussi vives, et en un style aussi animé. […] Dès que ces paroles eurent frappé les oreilles de la multitude. […] Nous disons d’abord que l’on peut imiter, par la parole, les sons que produisent les objets physiques, comme le bruit des vagues, le mugissement des vents, le murmure d’un ruisseau, etc. […] Pourquoi ces paroles d’Anchise à son fils : Je puis encore vous voir, vous entendre et vous parler ? […] Je puis encore vous voir, je puis entendre vos douces paroles ; vous pouvez répondre encore à la voix de votre père !
— Madame, je n’ai point de parole pour vous répondre. — Ah ! […] Ne vous persuadez pas qu’on attire du ciel quand on veut cette divine parole. […] donnez efficace à votre parole ! […] Donnez-moi des paroles sages ; donnez-moi des paroles puissantes ; donnez-moi la prudence ; donnez-moi la force ; donnez-moi la circonspection ; donnez-moi la simplicité. […] Ses paroles précises sont l’image de la justesse qui règne dans ses pensées.
Ainsi entendue, la littérature peut se définir : L’ensemble des lois qui régissent l’expression du beau par la parole écrite ou parlée. […] Quand l’âme est élevée, dit Chateaubriand, les paroles tombent de haut, et l’expression noble suit toujours la noble pensée. […] Le genre épique (ἐπὸς, parole, récit), dans sa plus grande extension, embrasse tout récit poétique qui constitue un seul tout. […] On peut considérer dans les personnages dramatiques ou leur caractère ou leurs paroles. […] Depuis, elle a été plus mêlée à l’action, et enfin elle a exclu toute parole.
Mais, malgré les orages de la liberté, les grands intérêts, et le plaisir de gouverner par la parole un peuple libre, il n’y eut pas, avant Caton, un orateur que l’on pût citer. […] Démosthène paraît sortir de soi et ne voir que la patrie ; il ne cherche point le beau, il le fait sans y penser ; il est au-dessus de l’admiration ; il se sert de la parole, comme un homme modeste de son habit, pour se couvrir. […] On pense aux choses qu’il dit, et non à ses paroles.
Si vous marchez constamment dans le sentier de la loi divine, le Seigneur fera de vous un peuple saint, un peuple à part : il vous l’a juré, et sa parole est inviolable. […] Mais je les crains peu, et je saurai sacrifier ma vie pour arriver au but glorieux qui m’est proposé, pour remplir jusqu’à la fin le ministère sacré de la parole divine. […] » Je vous recommande à Dieu et à la parole de sagesse de celui qui peut seul bénir vos travaux et vous en donner le prix, en vous réservant une portion de l’héritage promis à ses saints ».
Sa parole stridente, âpre et incisive, a comme un arrière-goût d’amertume. […] Je m’en vais à luy comme à un Pere. » Comme elle tenoit ces paroles, il arriva bonne compagnie2, j’entrelaçois parfois quelques mots, selon qu’il me sembloit estre expedient : et aussi nous faisions prieres à Dieu selon l’exigence de sa necessité. […] Quand la parole lui fut faillie, elle ne cessa pourtant de parler de son visaige6 combien elle estoit ententive tant aux prieres qu’aux admonitions qu’on faisoit.
Il en fit une sorte de tribune religieuse d’où sa parole électrisa l’élite de la jeunesse libérale. […] Je me représente l’image vénérable d’un homme qui n’a pas pesé sur la terre, dont le cœur n’a jamais conçu l’injustice, et dont la main ne l’a point exécutée ; qui non-seulement a respecté les biens, la vie, l’honneur de ses semblables, mais aussi leur perfection morale ; qui fut observateur de sa parole, fidèle dans ses amitiés, sincère et ferme dans ses convictions, à l’épreuve du temps qui change et qui veut entraîner tout dans ses changements, également éloigné de l’obstination dans l’erreur et de cette insolence particulière à l’apostasie qui accuse la bassesse de la trahison ou la mobilité honteuse de l’inconstance : Aristide enfin dans l’antiquité, l’Hôpital1 dans les temps modernes, voilà l’honnête homme. […] Saluez-le donc en passant, et qui que vous soyez, chrétien et même saint, aimez entendre à votre oreille, et surtout au fond de votre conscience, cette belle parole, que vous êtes un honnête homme.