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81. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Dieu répand la désolation et la mort sur toute la maison royale. […] Philippe est-il mort ? […] Mort ou malade, que vous importe ; puisque s’il n’était plus, vous vous feriez bientôt un autre Philippe par votre mauvaise conduite ? […] Ainsi puisse-t-il toujours vous être un cher entretien : ainsi puissiez-vous profiter de ses vertus ; et que sa mort, que vous déplorez, vous serve à la fois de consolation et d’exemple. […] Au lieu de déplorer la mort des autres, grand Prince, dorénavant je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte.

82. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Punissez de mort         Une plainte un peu trop sincère. […] Ces vengeurs trouveront de nouveaux défenseurs, Qui même après leur mort auront des successeurs ; Vous allumez un feu qui ne pourra s’éteindre. […] Non, ou vous me croirez ; ou bien de ce malheur Ma mort m’épargnera la vue et la douleur. […] Et nous avons répondu à mon Seigneur : Nous avons un père fort âgé, et un jeune frère qui est né dans sa vieillesse ; son frère qui est né de la même mère est mort : il est resté seul, et son père l’aime tendrement. […] Tantôt il évoque les morts, tantôt il personnifie la patrie, pour gémir sur les attentats d’un citoyen rebelle.

83. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Au bout de quatre-vingts hivers, Dans mon obscurité profonde, Enseveli dans mes déserts, Je me tiens déjà mort au monde. […] Prince, dont le charmant esprit Avec tant de grâce m’attire, Si j’étais mort, comme on l’a dit, N’auriez-vous pas eu le crédit De m’arracher du sombre empire ? […] C’est ainsi qu’Orphée en usait Dans l’antiquité révérée ; Et c’est une chose avérée Que plus d’un mort ressuscitait. […] D’autres attendent mieux la mort : ils ne vont pas la chercher plus gaiement que nous. […] Helvétius, fastueux fermier général, triste philosophe qui professait le matérialisme, mort en 1771.

84. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VIII. L’éloquence militaire. »

Dérar est mort ! […] Qu’importe que Dérar soit mort ? […] Vous portez à l’Angleterre le coup le plus sûr et le plus sensible, en attendant que vous puissiez lui donner le coup de la mort ». […] Ils sont morts !

85. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — La Boétie, 1530 1563 » pp. -

On peut bien dire que, après sa mort, aussi vilaine que sa vie, le noble peuple romain en receut tel desplaisir, se soubvenant de ses jeux et festins, qu’il fut sur le poinct d’en porter le deuil. […] Ce qu’on ne trouvera pas estrange, si l’on considere ce que ce peuple là mesme avoit faict à la mort de Jules Cæsar, qui donna congé8 aux lois et à la liberté : auquel personnage ils n’y ont trouvé, ce me semble, rien qui valeust9, que son humanité ; laquelle, quoiqu’on la preschast10 tant, fut plus dommageable que la plus grande cruauté du plus sauvage tyran qui feust oncques, pour ce que, à la verité, ce fut ceste venimeuse doulceur qui, envers le peuple romain, sucra1 la servitude. Mais, après sa mort, ce peuple là, qui avoit encores à la bouche ses banquets, en l’esprit la soubvenance de ses prodigalités, pour lui faire ses honneurs et le mettre en cendres2, amonceloit, à l’envi, les bancs de la place ; et puis esleva une colonne, comme au pere du peuple, ainsi portoit le chapiteau : et lui fit plus d’honneur, tout mort qu’il estoit, qu’il n’en debvoit faire à homme du monde, si ce n’estoit possible, à ceux qui l’avoient tué.

86. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Notes. Pour l’intelligence des exemples cités dans ce troisième volume. — R — article » p. 421

Mais il n’eut point la satisfaction d’en voir faire le premier essai, étant mort à Toulouse en 1680. Cet essai ne se fit qu’au mois de mai de l’année suivante, par les soins de ses deux fils, Jean-Mathias de Riquet, mort président à mortier au parlement de Toulouse, en 1714, et Pierre-Paul de Riquet, comte de Caraman mort lieutenant-général des armées du roi, en 1730.

87. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

Mais les temps sont changés, sa mort fut un sommeil : On le vit, plein de gloire à son brillant réveil, Laissant dans le tombeau sa dépouille grossière, Par un sublime effort voler vers la lumière. […] Ils m’échappent, la mort me les vient arracher ; Et, frappés avant moi, le tombeau les dévore : J’irai bientôt les joindre. […] n’est-ce point une agréable erreur Qui de la mort en moi vient adoucir l’horreur ? […]     Que ne puis-je prétendre à votre illustre sort, O vous dont les grands noms sont exempts de la mort ? […] Le poëte Le Brun, son ami, a déploré sa mort prématurée et funeste, sur laquelle on a aussi des stances touchantes de Lefranc de Pompignan.

88. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Socrate mourant sans douleur4, sans ignominie, soutint aisément jusqu’au bout son personnage ; et si cette facile mort n’eût honoré sa vie, on douterait si Socrate, avec tout son esprit, fut autre chose5qu’un sophiste. […] Léonidas2était mort pour son pays avant que Socrate eût fait un devoir d’aimer la patrie. […] La mort de Socrate philosophant tranquillement avec ses amis est la plus douce5 qu’on puisse désirer ; celle de Jésus expirant dans les tourments, injurié, raillé, maudit de tout un peuple, est la plus horrible qu’on puise craindre. […] Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu6. […] Voyez les beaux vers de Lamartine sur la mort de Socrate.

89. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Voyons donc la description de la mort de César dans le même poëme. […] Néarque est mis à mort par l’ordre du gouverneur Félix, beau-père de Polieucte. […] (Nous voyons en effet dans la tragédie du Cid, que les Maures font une descente à Séville, après la mort du comte, mais non pas à cause de la mort du comte.) […] Une mort violente, un assassinat peuvent bien souvent n’être pas tragiques. […] C’est ainsi que nous plaignons vivement Rodrigue, qui a vengé son père par la mort de celui de sa maîtresse, parce que sa maîtresse même est obligée de poursuivre à son tour la mort de son amant.

90. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

*** Il survivrait, coupable, à la honte, au remord, Plus vivant que la vie, et plus fort que la mort. […] ) d’en voir sortir l’agonie et la mort ! […] Pour qui, sourd à la voix d’une mère immortelle, Et d’un père éperdu négligeant les avis, Vais-je y chercher la mort tant prédite à leur fils ? […] 5° LA MORT D'HIPPOLYTE. […] Voit sa vie ou sa mort sortir de son cornet.

91. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

Telles sont ces paroles d’un enfant qui venait d’entendre le récit de la mort de Pyrrhus : Ah ! […] La mort en mille éclats en sort avec furie. […] s’écrie Bossuet dans l’Oraison funèbre de Madame, pouvons-nous encore entendre ces noms dans ce triomphe de la mort ? […] La mort de Laocoon, par Virgile, est un tableau ; la peinture des serpents qui viennent l’étouffer est une description ; Laocoon ardens est une image. […] Quant aux mots nouveaux, s’ils doivent toujours être proscrits des langues mortes, si ce n’est lorsqu’il s’agit d’exprimer des choses inconnues aux anciens, ils sont quelquefois admis dans les langues vivantes.

92. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

Les scènes mortes deviennent bientôt insipides, s’il ne n’y joint quelque sentiment qui y répande l’action et la vie. […] Nous trouvons un admirable modèle de début dramatique dans le récit de la mort de Jeanne d’Arc, par Casimir Delavigne. […] Le récit de la mort de Turenne, par Mme de Sévigné, nous offre un admirable modèle de nœud. […] Nous mentionnerons encore la mort de Laocoon, au IIe livre de l’Énéide ; la mort de Polyphonte, par Voltaire ; le combat entre Mérovée et un guerrier gaulois, par Chateaubriand. […] Nous citerons, dans le genre oratoire, la bataille de Rocroi ; la mort de Turenne, par Fléchier ; le combat naval de Duguay-Trouin, par Thomas ; le massacre des prêtres renfermés dans l’église des Carmes, par Legris-Duval, et la mort du duc d’Enghien, par Frayssinous.

93. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.

94. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Cousin 1792-1867 » pp. 257-260

Cousin n’avait jamais cessé d’être sensible à la gloire littéraire ; cette passion le suivit dans sa retraite dont il charma les loisirs par des études historiques, où les vues pénétrantes, mais parfois paradoxales d’un savoir aussi précis qu’enthousiaste, s’allient à l’éclat d’une forme magistrale, et à cette puissance d’imagination qui rend la vie à la poussière des morts. […] Encore quelques jours peut-être, la voix, la seule voix qui disait son nom parmi les hommes et le sauvait de l’oubli, sera muette, et Santa-Rosa sera mort une seconde et dernière fois. […] Depuis sa mort, le flambeau ne s’est pas éteint. […] Cousin y recueillait pieusement tous les souvenirs de ses relations avec un ami, le comte de Santa-Rosa, patriote italien, qui était mort en Grèce, dans l’île de Sphactérie, en 1825, après avoir joué un rôle héroïque dans son pays.

95. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

-C, avait fait une Histoire du peuple romain depuis la mort de Sylla jusqu’à la conjuration de Catilina, aujourd’hui perdue à l’exception de quelques fragments. […] Tite-Live, né à Padoue l’an 59 avant notre ère, passa une grande partie de sa vie à Rome, à la cour d’Auguste, et retourna dans sa patrie après la mort de cet empereur. Il entreprit et acheva une Histoire romaine complète, depuis les temps les plus reculés jusqu’à la mort de Drusus, l’an 744 de la fondation de Rome. […] Les grands généraux étaient morts ; on avait tout à craindre sous un jeune roi qui n’avait encore donné de lui que de mauvaises impressions. […] Cette dernière partie comprend les notices biographiques, ou éloges des académiciens morts par les confrères survivants, dont nous avons dit quelques mots à propos de l’éloquence académique.

96. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Tableau de la cour à la mort de monseigneur 1 Jamais la cour ne fut plus instructive que le jour de la mort de ce prince. […] Le grand dauphin, fils aîné de Louis XIV, né en 1661, mort en 1711. […] Saint-Simon triomphait de cette mort qui le remplissait d’aise, car il redoutait fort le règne de Monseigneur. […] Après la mort de Fénelon, Louis XIV brûla lui-même tous les manuscrits que le duc de Bourgogne avait conservés de son précepteur. […] Toute la vie de Fénelon s’explique par le Télémaque, ses succès, ses disgrâces, son charme entraînant, et l’antipathie profonde qu’il inspirait à Louis XIV, sa passion pour madame Guyon, ses disputes sur le quiétisme et sur le pur amour, sa condamnation, sa mort enfin, sans qu’il ait put réaliser un seul de ses rêves moraux, politiques et religieux. »

97. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Prosper Mérimée Né en 1803 » pp. 286-290

Dans plusieurs cantons de la Corse, surtout dans les montagnes, un usage extrêmement ancien, et qui se rattache peut-être à des superstitions du paganisme, oblige les passants à jeter une pierre ou un rameau d’arbre sur le lieu où un homme a péri de mort violente. […] Colomba s’arrêta devant ce tas de feuillage, et, arrachant un branche d’arbousier, l’ajouta à la pyramide. « Orso, dit-elle, c’est ici que notre père est mort. […] En ce moment, la cloche du village tinta lentement, car un homme était mort dans la nuit. […] Colomba veut exciter son frère Orso à venger la mort de son père.

98. (1854) Éléments de rhétorique française

Songez qu’il était mort, et qu’il avait une partie du cœur emportée. […] Quel champ couvert de morts me condamne au silence ? […] Cette mort est affreuse et fait frémir d’horreur. […] Lorsque Caïus Gracchus s’écriait, après la mort de Tiberius : Malheureux ! […] Le voyez-vous comme il vole ou à la victoire ou à la mort ?

99. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre IV. »

La mort de Turenne et la mort de Vatel, par madame de Sévigné, nous offrent des modèles parfaits de l’art de raconter, avec toutes les circonstances qui donnent de l’intérêt au récit. […] Le Franc de Pompignan, dans sa belle ode sur la mort de J. […] Le vrai bonheur n’est pas dans la satisfaction de tous nos désirs ; il est dans la vertu, dans la pratique du devoir ici-bas, et dans la récompense éternelle de la vertu après la mort. […] Un général faisait ce dilemme à une sentinelle qui avait laissé surprendre son camp : Ou tu étais à ton poste, ou tu n’y étais pas : Si tu étais à ton poste, tu nous as trahis ; Si tu n’y étais pas, tu as enfreint la discipline ; Donc, dans l’un ou l’autre cas, tu mérites la mort.

100. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

D’abord il promena ses regards sur les différentes sectes qui étaient autour de lui ; il en distingua une qui apprenait à l’homme à s’élever au-dessus de lui-même : elle lui découvrit, pour ainsi dire, un monde nouveau, où le plaisir et la douleur sont comme anéantis, où les sens ont perdu tout leur pouvoir sur l’âme, où la pauvreté, les richesses, la vie, la mort ne sont rien, où la vertu existe seule. […] me dis-je, on punit de mort un soldat qui quitte son poste, et toi tu quitterais le tien ? […] La mort était dans nos cabanes ; elle nous poursuivait dans nos forêts. […] Le tableau de la mort de Marc-Aurèle termine l’ouvrage de la manière la plus imposante. […] Je ne touchais ses mains défaillantes qu’avec respect ; et le lit funèbre où il attendait la mort, me semblait une espèce de sanctuaire.

101. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Philippe est-il mort ? […] Mort ou malade, que vous importe ? […] Après la mort d’Achille, Ajax et Ulysse se disputaient les armes de ce héros. […] Devant ceux qui ont le plus gagné à la mort de Clodius. […] Le temps ne paraît pas une chose dont on puisse sortir autrement que par la mort.

102. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

Mille morts sur un champ de bataille ne révoltent pas comme un supplice injuste. […] Enfin quand on arrive à la grande lutte, quand il faut à son tour se présenter au combat de la mort, sans doute l’affaiblissement de nos facultés, la perte de nos espérances, cette vie si forte qui s’obscurcit, cette foule de sentiments et d’idées qui habitaient dans notre sein, et que les ténèbres de la tombe enveloppent, ces intérêts, ces affections, cette existence qui se change en fantôme avant de s’évanouir, tout cela fait mal, et l’homme vulgaire paraît, quand il expire, avoir moins à mourir ! Dieu soit béni cependant pour le secours qu’il nous prépare encore dans cet instant : nos paroles seront incertaines, nos yeux ne verront plus la lumière, nos réflexions, qui s’enchaînaient avec clarté, erreront isolées sur de confuses traces ; mais l’enthousiasme ne nous abandonnera pas, ses ailes brillantes planeront sur notre lit funèbre ; il soulèvera les voiles de la mort, il nous rappellera ces moments où, pleins d’énergie, nous avions senti que notre cœur était impérissable, et nos derniers soupirs seront peut-être comme une noble pensée qui remonte vers le ciel. […] … Il me prend des moments de mélancolie si profonde, que je suis prête à me laisser mourir. — On est presque mort quand on est exilé : c’est au tombeau seulement où2 la poste arrive. […] Niobé, allusion au célèbre groupe de Praxitèle représentant Niobé qui pleure la mort de ses enfants.

103. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Florian 1755-1794 » pp. 473-479

La vie Florian fut un homme heureux, un talent facile et riant que tout favorisa, dès son entrée dans le monde et dans la vie ; mais il écrivit ces vers en 1793, sous la terreur, en prison, un an avant sa mort. […] Florian fut un homme heureux, un talent facile et riant que tout favorisa, dès son entrée dans le monde et dans la vie ; mais il écrivit ces vers en 1793, sous la terreur, en prison, un an avant sa mort. […] Dans les Glanes de Mlle Louise Bertin, couronnée par l’Académie, je rencontre ces vers, intitulés la Mort et la Vie : Si la mort est le but, pourquoi donc sur les routes Est-il dans les buissons de si charmantes fleurs ?

104. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

      Espagnols tant vantés, troupe jadis si fière, Sa mort anéantit votre vertu guerrière : Pour la première fois vous connûtes la peur. […] Les flots couverts de morts interrompent leur course, Et le fleuve sanglant remonte vers sa source2. […] Ce n’est plus ce lion qui, tout couvert de sang, Portait avec effroi la mort de rang en rang : C’est un Dieu bienfaisant, qui, laissant son tonnerre, Enchaîne la tempête et console la terre. […] Dieu mort sur cette croix, et qui revis pour nous, Parle, achève, ô mon Dieu ! […] Ton Dieu que tu trahis, ton Dieu que tu blasphèmes, Pour toi, pour l’univers, est mort en ces lieux mêmes ; En ces lieux où mon bras le servit tant de fois, En ces lieux où son sang te parle par ma voix.

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