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2. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre lII. »

Les exploits des héros ne doivent pas dépasser certaines bornes possibles. […] Il doit y avoir un héros qui domine tous les autres : deux actions, deux héros qui marchent simultanément divisent l’attention, et l’intérêt diminue. […] Des héros de roman fuyez les petitesses : Toutefois aux grands cœurs donnez quelques faiblesses. […] Il est d’usage de placer dans le poème épique un héros qui domine tous les autres par sa grandeur ou par sa vertu ; l’ouvrage y gagne en unité et en intérêt. […] Dans l’Iliade, Achille est le héros principal, mais sa grandeur ne fait pas tort à celle des autres personnages, tels qu’Hector, Ajax, Diomède, Ulysse, Nestor, Priam.

3. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. B. Rousseau. (1671-1741.) » pp. 254-266

Du titre de vertu suprême Il dépouille la vertu même, Pour le vice que tu chéris : Et toujours ses fausses maximes Erigent en héros sublimes Tes plus coupables favoris. […] Et je pourrai forcer ma bouche A louer un héros farouche Né pour le malheur des humains ? […] Quel est donc le héros solide Dont la gloire ne soit qu’à lui ! […] Héros cruels et sanguinaires, Cessez de vous enorgueillir De ces lauriers imaginaires Que Bellone vous fit cueillir. […] Massillon a développé la même idée dans son Petit Carême : « Tout est brillant au dehors, vous voyez le héros ; entrez plus avant, cherchez l’homme lui-même : c’est là que vous ne trouverez plus, dit le Sage, que de la cendre et de la boue. » Et plus loin : « L’homme désavouait le héros… » (Sermon pour le dimanche de la Passion.)

4. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Jean-Baptiste Rousseau 1670-1741 » pp. 441-444

Un héros Est-on héros pour avoir mis aux chaînes Un peuple ou deux ? […] Est-on héros en signalant ses haines Par la vengeance ? […] Est-on héros en régnant par la peur ? […] Mais de son ire4 éteindre le salpêtre, Savoir se vaincre et réprimer les flots De son orgueil, c’est ce que j’appelle être Grand par soi-même : et voilà mon héros !

5. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Elles servent au contraire, quand elles sont employées à propos, à relever la gloire du Héros que loue l’Orateur. […] Il nous le représente ensuite ; 1º comme un Héros supérieur à sa propre gloire, c’est-à-dire, qui fit tout pour l’acquérir hors de la désirer et de la chercher ; 2ºcomme un Héros sans ostentation ; 3º comme un Héros ennemi de la flatterie ; 4º comme un Héros aussi humain qu’il était grand ; 5º comme un Héros que l’amour de lui-même n’avait point gâté ; bon père, aimable maître, parfait ami. […] Ce Héros se vit mêlé dans un parti que la discorde avait formé, et qui le détacha de nous. […] L’Orateur nous représente ici son Héros mourant. […] Il est mort en Héros chrétien, parce qu’il a fait paraître, en mourant, toute la grandeur de son âme.

6. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Un héros, par exemple, est en danger. […] Cependant il s’en faut bien que ces trois héros se ressemblent. […] Eu les travestissant, j’admire ses héros. […] Le héros pour lequel on s’intéresse, ne doit presque jamais se souiller d’aucun meurtre. […] Le mal est que l’amour n’est souvent chez nos héros que de la galanterie…..

7. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Quel que soit l’objet que se propose le poète ou son héros, comme la fin de l’entreprise, les obstacles qui se trouvent à ses desseins fournissent une autre sorte d’intérêt qui pique notre curiosité. […] Son héros, essuyant une tempête, adresse ses prières à Jésus-Christ, et Vénus vient à son secours. […] Certains critiques133 ont donc eu tort de trouver les héros d’Homère défectueux, parce qu’ils ne ressemblaient pas aux nôtres. […] Les mœurs seront ressemblantes, si la peinture qu’on fait d’un héros ne peut appartenir qu’à ce héros ; si on y joint les traits propres et individuels, c’est-à-dire qui ne conviennent qu’à lui seul et le distinguent de tout autre. […] Son sujet est la première croisade ; son héros est Godefroi de Bouillon, qui, élu général des croisés, vient mettre le siège devant la ville sainte.

8. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XXIV. » pp. 128-130

Dans ses Discorsi dell’arte poetica, I, p. 19, éd. 1804, après avoir marqué la différence qui, selon lui, doit exister entre les héros épiques et les héros tragiques : « Dalle cose dette può esser manifesto, che la differenza ch’è fra la tragedia e l’epopeia non nasce solamente della diversità degl’instrumenti e del modo dell’imitare, ma molto più e molto prima della diversità delle cose imitate, la qual differenza è molto più propria, è più intrinseca, e più essenziale dell’altre  e se Aristotile non ne fà menzione, è perchè basta a lui in quel luogo di mostrare che la tragedia e l’epopeia siano differenti, e cio abbastanza si mostra per quelle altre due differenze, le quali a prima vista sono assai più note, che questa non è. » Mentir comme il convient.] […] Or, dans sa première entrevue avec Pénélope, Ulysse, sous le faux nom d’Æthon et sous les habits d’un mendiant, se donne pour un guerrier qui a vu Ulysse à la guerre de Troie, et il décrit l’extérieur de ce héros : là-dessus Pénélope fait le faux raisonnement dont notre philosophe a loué Homère. […] C’est Télèphe lui-même, le principal héros de cette tragédie, qui était parodié, à ce propos sans doute, par Alexis, dans son Parasite.

9. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VIII. L’éloquence militaire. »

Qu’ils apprennent donc à distinguer ces traits de caractère, ces expressions échappées à l’âme d’un grand homme, dans un moment décisif, ou dans une circonstance importante, de ces harangues composées à loisir, et placées par le poète ou par l’historien dans la bouche d’un héros. […] Quelquefois encore les propres expressions du héros qu’on fait parler, sont tellement consacrées par la reconnaissance ou par l’admiration, que ce qu’il reste de mieux à faire au poète ou à l’historien, c’est de les rapporter textuellement. […] Un héros plus voisin de nous, et qui a plus d’un rapport avec les grands hommes que nous venons de citer, a déployé, dans une foule de circonstances, cette concision énergique, premier caractère du génie, qui compte les mots pour prodiguer les pensées. […] Et plus loin : « Le pillage n’enrichit qu’un petit nombre d’hommes : il nous déshonore, il détruit nos ressources, il nous rend ennemis des peuples qu’il est de notre intérêt d’avoir pour amis, etc. » C’est à ce même héros qu’on attribue un mot sublime sur les Pyramides : Du haut de ces Pyramides, quarante siècles nous contemplent.

10. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Racine, 1639-1699 » pp. 150-154

Ses héros sont voisins de nous ; on se reconnaît en eux. Dans ses héroïnes, il combine avec un art exquis les nuances les plus délicates : aveux dissimulés, fins mouvements de pudeur alarmée, insinuations, fuites, retours, caprices de coquetterie hardie et discrète, effusions de sensibilité éplorée, éclats de désespoir, fierté, grandeur d’âme, abnégation prête à tous les sacrifices. […] Combien de rois, de princes, de héros de toutes nations nous a-t-il représentés, toujours tels qu’ils doivent être, toujours uniformes avec eux-mêmes, et jamais ne se ressemblant les uns aux autres ! […] Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les États, nous ne craindrons point de dire, à l’avantage des lettres et de ce corps fameux dont vous faites maintenant partie, que du moment que des esprits sublimes, passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de monsieur votre frère, quelque étrange inégalité que, durant leur vie, la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse : la postérité, qui se plaît, qui s’instruit dans les ouvrages qu’ils lui ont laissés, ne fait point de difficulté de les égaler à tout ce qu’il y a de plus considérable parmi les hommes, et fait marcher de pair l’excellent poëte et le grand capitaine.

11. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

Ce héros paraissait craindre alors de compromettre sa réputation si solidement établie. […] C’est le plus illustre de tous les héros que l’antiquité fabuleuse ait célébrés. […] Mais ce héros si fameux par ses exploits, ne l’est pas moins par ses faiblesses. […] Il paraît donc qu’on a attribué les grandes actions de ces différents héros à celui-ci. […] Le héros qu’elle mit au monde, est Achille.

12. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

On a souvent demandé quel était le héros du Paradis perdu. […] Ses héros, introduits successivement, fixent tour à tour notre attention. […] Ce que Virgile nous apprend en quelques mots, les héros, dans Homère, nous le disent eux-mêmes. […] La plupart des héros engagés dans cette guerre passaient pour avoir une origine divine ; aussi les récits que la tradition avait conservés sur ces héros et sur leurs exploits étaient remplis de traits fabuleux. […] Énée lui-même n’est pas un héros bien intéressant.

13. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XII. du corps de l’ouvrage. — portrait, dialogue, amplification  » pp. 161-174

Dans celui de Condé, pour mieux faire saisir le caractère de son héros, il le met en opposition avec Turenne et les relève ainsi tous deux par le contraste. […] Vous avez lu de ces romans où l’auteur, peu content d’esquisser jusqu’au personnage le plus subalterne, revient vingt fois sur les acteurs principaux, les reproduit de face, de profil, de trois quarts, sous tous les aspects55 ; le héros ne pourra ni marcher, ni s’asseoir, ni se mouvoir en aucun sens, sans que son attitude soit longuement et minutieusement décrite. […] Ne vous semble-t-il pas d’ailleurs que ces portraits exprofesso où l’auteur arrête le personnage dans sa marche pour le faire poser, en quelque sorte, ont presque toujours je ne sais quoi d’apprêté et de déclamatoire, et qu’il est un moyen bien plus naturel de faire apprécier le héros, c’est l’action et le dialogue ? […] Comme sa passion l’obligea de ne mettre sa politique qu’en second dans sa conduite, héroïne d’un grand parti, elle en devint l’aventurière. » Le grand mérite de ces portraits est la précision originale de la forme unie à la vérité du fond. […] Cette forme dramatique, en effet, est la plus concise, la plus saisissante et la plus agréable au lecteur, à qui elle donne la satisfaction d’apprécier lui-même, d’exercer son esprit et de deviner son héros. »

14. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

Mais au moindre revers funeste, Le masque tombe, l’homme reste, Et le héros s’évanouit. […] Ainsi, le poète veut-il, par exemple, chanter un héros qui a terminé une glorieuse entreprise ? […] Ces faiblesses ne rendront son héros que plus intéressant, parce qu’elles le rapprocheront de nous ; parce qu’elles nous le représenteront sujet, comme nous, à la fragilité de la nature humaine. […] De même, s’il fait faire à son héros des actions ignobles et basses, sous prétexte que tous les hommes peuvent en faire de pareilles ; s’il représente un objet avec toutes ses imperfections, avec tous ses défauts, sous prétexte que cet objet existe réellement ; alors on s’écriera : Ce n’est point dans la belle nature ; ce n’est point là la belle nature. […] S’élevant et s’abaissant dans son style, il sait le varier selon les sujets : il prête un langage différent au monarque, au héros, au simple citoyen, au berger, en prenant, pour ainsi dire, leurs sentiments et leur âme.

15. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Tous ces héros en foule attendaient le signal, Et, rangés près du roi, lisaient sur son visage D’un triomphe certain l’espoir et le présage. […] Ce héros cependant, maître de sa faiblesse, Déguisait ses chagrins sous sa fausse allégresse4. […] C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi ; C’est le sang des héros, défenseurs de ma loi ; C’est le sang des martyrs… O fille encor trop chère, Connais-tu ton destin ? […] Beau portrait du calme qu’une âme forte conserve au milieu des dangers : Duplessis-Mornay, qui a laissé aussi des Mémoires curieux sur les événements et les guerres auxquels sa vie a été mêlée, se montra même sur les champs de bataille un sage, ami des hommes : ce qui ne l’empêchait nullement d’être un héros. […] « Ce vieillard, dit La Harpe, sortant des cachots où il a langui vingt ans, ce dernier rejeton d’une race de héros français, rappelant ses antiques exploits et ses longues infortunes, reconnaissant la voix d’un de ses anciens compagnons d’armes, forme un tableau plein d’un intérêt de religion et de chevalerie absolument neuf sur la scène française lorsque Voltaire l’y produisit. » 2.

16. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VI. Des éloges funèbres. »

Voici le début de l’orateur : « Plusieurs des orateurs que vous venez d’entendre à cette tribune, n’ont pas manqué de préconiser le législateur qui, en consacrant l’ancienne loi sur la sépulture des citoyens moissonnés dans les combats, crut devoir y ajouter celle qui ordonne de prononcer leur éloge : sans doute ils pensaient que c’est une belle institution de louer en public les héros morts pour la patrie. […] Il fallait d’ailleurs fortifier par d’incontestables preuves l’éloge des héros dont nous honorons la tombe. […] Une partie de la dette publique est déjà réellement acquittée par les honneurs rendus à la tombe des héros que nous pleurons.

17. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Massillon. (1663-1742.). » pp. 120-123

Ce n’était plus, dis-je, ce roi pacifique et clément : c’était un héros toujours plus intrépide à mesure que le péril augmentait ; plus magnanime dans la défaite que dans la victoire ; terrible à ses ennemis, lors même qu’il était leur captif. […] En subjuguant ainsi les ennemis domestiques, notre pieux héros s’exerçait à combattre un jour les ennemis de la foi. […] Terre infortunée qui, arrosée du sang de Jésus-Christ, et consacrée par les mystères qui ont opéré le salut de tous les hommes, gémissez pourtant encore, malgré tous les efforts de nos pères, sous une dure servitude, pour servir sans doute de monuments jusqu’à la fin à la vérité des prédictions du Sauveur ; terre infortunée, vous rappelâtes alors, en voyant ce pieux héros armé pour la délivrance de la sainte Jérusalem, vous rappelâtes vos anciens jours de gloire et d’allégresse ; vous parûtes animée d’une nouvelle espérance, vous crûtes revoir les Josué, les Gédéon, les David, a la tête de vos tribus, qui venaient briser votre joug et vous délivrer de la servitude et de l’oppression d’un peuple incirconcis.

18. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Jupiter, héros, etc., sont les expressions qui conviennent à foudre. […] Le dessein doit être formé dès le commencement du poëme : le récit des obstacles que le héros franchit ne doit point nuire à l'unité du dessein, et les principaux personnages ne doivent point disparaître. […] La cause doit être digne du héros. […] Le temps de l'action principale, depuis le point d'où part le héros ou la narration, ne peut être de plus d'un an, mais le poëme peut rappeler les hauts faits du héros dans d'autres temps. Le poëte divise sa fable en deux parties : l'une où son héros parle, raconte ses aventures ; l'autre où le poëte fait lui-même le récit de ce qui arrive ensuite à son héros.

19. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Veut-on faire l’éloge d’un grand capitaine, on oublie que son héros est un homme et que ce sont des hommes qu’il fait égorger. […] La gravité des obstacles vaincus démontre la force du héros, leur nombre met sa constance à l’épreuve. […] Il faut toujours qu’il y ait un personnage dominant, qu’on appelle le héros de l’action. […] C’est le héros qui est l’âme, le principe, le mobile de tout ce qu’on entreprend. […] C’est là qu’il indique le but que le héros se propose et les obstacles qui s’opposent à son œuvre.

20. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre III. — Disposition »

L’orateur nous y fait connaître son héros par les qualités du cœur considérées sous un autre point de vue : son humanité, sa bonté, sa simplicité et sa grandeur morale. […] Péroraison de l’Éloge funèbre du Prince de Condé Jetez les yeux de toutes parts ; voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien enfin ne manque dans tous ces honneurs que celui à qui on les rend. Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros ; mais approchez en particulier, vous qui courez avec tant d’ardeur dans la carrière de la gloire, âmes guerrières et intrépides ! […] Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau, versez des larmes avec des prières ; et, admirant dans un si grand Prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait égalé le courage.

21. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IX. Parallèle des Oraisons funèbres de Condé, par Bossuet et de Turenne, par Fléchier et Mascaron. »

Mais avant d’entrer dans le détail de ces discours, il est indispensable de faire connaître les héros qui en étaient l’objet, et c’est Bossuet lui-même qui va nous en tracer le parallèle. […] Rien n’égale l’impétuosité et la chaleur du style de Bossuet, quand il décrit les exploits de son héros. […] Le même orateur fait de la modestie de son héros le tableau suivant : « Il revenait de ses campagnes triomphantes, avec la même froideur et la même tranquillité que s’il fût revenu d’une promenade, plus vide de sa propre gloire que le public n’en était occupé.

22. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

La poésie, d’abord consacrée à célébrer la gloire, de Dieu, puis à chanter les héros, essaya ensuite d’instruire les hommes. […] Mais, en général, aucun homme de goût ne pourra admirer une pièce ou le héros, Enfant au premier acte, est barbon au dernier. […] Un héros, par exemple, est en danger. […] Il n’appartient qu’aux véritables héros d’exciter l’admiration, dit Geoffroy, tandis que le premier malheureux peut produire la pitié et le dernier des scélérats la terreur. […] Voltaire s’élève avec force contre l’usage continuel de cette passion dans la tragédie : Vouloir de l’amour dans toutes les tragédies, dit-il, me paraît un goût efféminé… L’amour n’est souvent chez nos héros que de la galanterie.

23. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XVI. Genre du roman. »

L’histoire de l’homme ne consiste pas seulement dans les événements extérieurs et publics, qui ne nous montrent guère que des princes, des héros, et les actions mémorables des grands hommes ; l’humanité a encore une autre face : c’est la vie privée, c’est la multitude, ce sont les passions, les intérêts, les accidents de tous les jours, les vertus, les vices, les mœurs, les usages, les caractères de la vie commune ; c’est l’histoire de chacun et l’histoire de tous : tels sont les éléments variés et féconds où le roman puise ses peintures et ses récits. […] Toute la nature lui appartient ; il peut prendre tous les tons, toutes les formes, aborder toutes les matières, les étendre, les développer son gré ; son héros est un centre autour duquel il fait rayonner tous les caprices de sa fantaisie. […] L’Espagne avait eu ses Amadis ; la France les imita, puis elle tomba dans les Artamènes, race de héros aussi fades qu’ennuyeux, aussi peu conformes à l’histoire qu’à la nature.

24. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

Est-ce là un langage digne de la tragédie, digne des héros qu’il fait parler ? […] — Faire de ce rude héros un galant du xviie  siècle, quelle invraisemblance ! […] On le voit, les exemples abondent ; Corneille, en faisant parler ces héros et ces héroïnes, leur prêtait, selon la parole de Saint-Évremond, « tout ce qu’il avait de noble dans l’imagination », et les transformait en les idéalisant. […] Nous croyons au contraire que si un pays a dans ses annales des événements glorieux et dignes de l’épopée, des héros capables d’inspirer un poète, c’est la France. […] Sans doute, au premier abord, on se demande comment les animaux, qui sont le plus souvent les héros de ses fables, peuvent être des personnages de comédie.

25. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

On croyait voir l’Ulysse d’Homère provoqué par Irus, dépouiller son manteau de pauvre, et déployer la stature imposante, les membres nerveux d’un héros. […] Chaque soldat va se croire un héros et se persuadera que son nom passera à la postérité. […] Nous voilà arrêtés par un héros, appuyez, grand orateur, sur ses qualités guerrières ; nommez-le plusieurs fois, essayez le fracas de son nom sur notre valeur et notre courage. […] Le premier, irrité par tant de périls, accourt près du héros qui s’élance à la tête de ses soldats. […] C’est à ce mot que finit l’exposition : car tout est en scène, le héros, son ennemi, et le lieu du combat.

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