Origines de la langue française. — Lois qui présidèrent à sa formation La langue française, comme notre sol lui-même, s’est formée par une série d’alluvions successives. […] C’est ainsi que les Français diront roi avec les Bourguignons, et reyne avec les Normands. […] Nous lui devrons le vers de douze pieds, l’alexandrin, qui deviendra le mètre français par excellence. […] S’il ne se montre pas assez français par le cœur, il l’est du moins par l’esprit, et son livre sera l’adieu, le testament de la chevalerie qui va disparaître. […] Désormais, le français peut suffire à tous les besoins de la pensée.
Bien que l’on ait accusé Boileau d’avoir moins connu l’antiquité française que l’antiquité grecque et latine, ce jugement qu’il a porté sur les débuts de notre poésie paraîtra encore aujourd’hui assez fondé. Dans notre époque, on a pénétré plus avant, non sans intérêt et sans fruit, dans l’étude des premiers monuments du génie français ; mais nul ne contestera sans doute que de Malherbe seulement date notre littérature classique. […] Nisard, dans son Histoire de la littérature française, c. […] Outre l’édition de Malherbe que contient la collection des classiques français, Lefèvre, 1825, on consultera avec beaucoup de profit celle que MM. de Latour ont donnée chez Charpentier, en 1842, et qui renferme un commentaire inédit d’André Chénier. […] On peut rapprocher ces stances de celles de Malherbe sur la mort de la fille de du Perrier : voy. nos Morceaux choisis des Classiques français, à l’usage de la classe de sixième.
Depuis les Provinciales, la prose française est à ce point constituée, que, sans fléchir, elle peut recevoir l’impression des génies les plus divers. […] Voltaire est le plus parfait représentant de l’esprit français à cette époque. […] La force avait fini par manquer à la prose française ; Rousseau la lui a rendue : c’est là son titre immortel. […] Poussin ne continue pas la tradition de la peinture moitié française, moitié italienne de la fin du seizième siècle ; il rompt avec cette tradition, et commence une nouvelle école, que l’on peut juger diversement, mais qui évidemment est toute nationale et toute française. Voyez notre ouvrage Du Vrai, du Beau et du Bien, leçon x, de l’Art français.
Pourquoi ne dit-on pas en français : vos yeux font mourir me, comme on dit : vos yeux font mourir M. […] Aussi ne peut-on lire dix vers français sans y rencontrer l’hyperbate. […] » En général cependant la prose française est avare d’inversions. […] Mais observez en même temps la singulière susceptibilité de la langue française ! […] Et presque toujours cette construction rétablie représente à peu près exactement celle que l’on emploierait en français.
C’est que l’unité de la langue française devait être aussi laborieuse que celle de la nation. […] Mais le bon sens français fut encore ici le plus fort. […] Aussi, les vraies fautes de français sont-elles les maladresses qui rendent le discours pénible ou obscur. […] Aussi, la prose seule représente-t-elle à cette époque la vraie mesure de l’esprit français. […] Notre vocabulaire, tiré du grec, ne dit rien à un Français qui n’a pas fait d’études classiques.
Il trouva de génie l’éloquence militaire, la harangue brève, grave, familière, monumentale, et ces mots faits pour électriser la valeur française. […] Des milliers de Français et d’Autrichiens ne sont plus… Des milliers de familles désolées redemandent leurs pères, leurs époux, leurs fils ! […] La forme du gouvernement français, qui n’est point héréditaire, mais simplement électif ? […] En obligeant le peuple français à faire la guerre, on l’obligera à ne penser qu’à la guerre, à ne vivre que de la guerre, et les légions françaises sont nombreuses et braves2. […] Discours prononcé au quartier général de Posen, où les Français entrèrent en 1806.
Or c’est là un des caractères du génie français. […] Or les Muses françaises parlent la langue de Fénelon, et non celle de Froissart. […] Telle est précisément la situation du français. […] que ces messieurs se fassent traduire en français ! […] Quintilien disait finement : Aliud latine, aliud grammatice loqui ; parler français et parler Vaugelas, ce sont deux choses.
Textes des compositions françaises données à la Sorbonne en 1881, 1882 et 1883. […] • Qu’appelez-vous un écrivain classique, et dans la littérature française, quels sont les écrivains français qui vous paraissent les plus dignes de ce titre ? […] Quels sont les principaux moralistes français ? […] Quel poète vous eussiez donné à la France, si vous aviez daigné écrire en français ! […] Urbain et Jamey, Les Classiques français du baccalauréat, t.
On consultera, avec profit, l’Histoire de la Littérature Française de M. […] Quelle est la part des économistes dans l’œuvre de la Révolution française ? […] A quelle époque la tragédie française a-t-elle produit ses chefs d’œuvre ? […] Grâce à eux l’influence de l’esprit français se fait partout sentir. […] Avant lui, la scène française n’existait pas : la tragédie française sortit tout armée de sa tête comme une nouvelle Pallas d’un nouveau Jupiter.
« Vous savez en quel état se trouvait la scène française, lorsqu’il commença à travailler. […] Personne ne rendait plus de justice que lui au créateur de la tragédie française ; il en répétait sans cesse les beaux vers, en faisait apprendre les plus belles scènes à ses enfants, leur en détaillait lui-même les endroits marquants, et ne se lassait point de leur dire : Corneille fait des vers cent fois plus beaux que les miens. […] Homère exprime tout ce qui frappe les yeux : les Français, qui n’ont guère commencé à perfectionner la grande poésie qu’au théâtre, n’ont pu et n’ont dû exprimer alors que ce qui peut toucher l’âme. — Le langage du cœur et le style du théâtre ont entièrement prévalu : ils ont embelli la langue française, mais ils en ont resserré les agréments dans des bornes un peu trop étroites. […] Aprés un tableau rapidement esquissé de l’état de la langue française avant Corneille, l’orateur continue : « La langue française restait donc à jamais dans la médiocrité, sans un de ces génies faits pour changer et pour élever l’esprit de toute une nation : c’est le plus grand de vos premiers académiciens, c’est Corneille seul qui commença à faire respecter notre langue des étrangers, précisément dans le temps que le cardinal de Richelieu commençait à faire respecter la couronne. […] Après avoir suivi avec Voltaire la langue française dans ses progrès, depuis sa naissance jusqu’à l’époque déjà marquée par une décadence qu’il a plus qu’un autre contribué à ralentir, peut-être sera-t-on bien aise d’avoir, sur le style en général, des idées justes, et données par un homme dont le nom seul rappelle l’un des titres les plus brillants de notre langue à l’admiration universelle : écoutons Buffon, dans son discours de réception à l’académie française.
Abrégé des règles de la versification française. […] Dépourvu de mètre et de forte accentuation, le vers français est un peu monotone ; il cherche à racheter ce défaut par la coupe qu’on appelle césure, et par la rime. […] L’accent temporel, dans le vers français, remplace ce qui lui manque sous le rapport de la quantité syllabique. […] D’après ce principe, le vers français a donc véritablement des longues et des brèves, c’est-à-dire des syllabes accentuées et d’autres qui ne le sont pas. […] Ceux qui ont voulu faire en français des vers blancs, c’est-à-dire sans rime, n’ont fait que prouver plus fortement la nécessité de cette répétition du son à la fin du vers.
Les langues du Midi le sont beaucoup plus que le français et les langues du Nord. […] Le français tient le milieu entre ces deux familles d’idiomes. […] Et aujourd’hui que dirons-nous, à notre tour, au jeune écrivain français ? […] Les onomatopées sont presque aussi fréquentes et aussi faciles en français qu’ailleurs, quand on s’impose le labeur puéril de les chercher. […] Parmi les poëtes français, Chapelain, Lamotte, Crébillon, Lemierre, paraissent avoir été complétement étrangers à tout sentiment d’harmonie.
La Henriade a prouvé une fois de plus que les Français, surtout au dix-huitième siècle, n’avaient pas la tête épique. […] Il est né pour aimer : l’élite des Français Est l’exemple du monde, et vaut tous les Anglais. […] Le Suisse V. » Puisque le sujet nous y invite, citons, chemin faisant, une belle page du général Foy sur l’armée française : « Demandez à un Anglais, à un Allemand, à un Russe, quels sont les meilleurs soldats du monde, chacun dira : Les nôtres, et ensuite les Français, A nombre égal de la même quantité de moyens matériels pour agir, il n’est donné à aucune armée de balancer, en campagne, la supériorité d’une armée française composée d’éléments nationaux, et commandée d’après la désignation populaire. […] Compositeur français, 2. […] On croirait voir ici déjà les soldats de la république française.
Sous combien de chefs peuvent se ranger les règles de la versification française ? […] Qu’est-ce que le vers, et comment le vers français se distingue-t-il de la prose ? […] En effet, un asclépiade est un vers français de la plus parfaite régularité. […] L’hiatus est-il admis dans la poésie française ? […] C’est à Malherbe que la poésie française est redevable de cette règle.
Telle est l’institution de l’Académie5 : elle est née pour élever la langue française à la perfection de la langue grecque et de la langue latine. Aussi a-t-on vu par vos ouvrages qu’on peut, en parlant français, joindre la délicatesse et la pureté attique à la majesté romaine. […] Par vos travaux et par votre exemple, les véritables beautés du style se découvrent de plus en plus dans les ouvrages français, puisqu’on y voit la hardiesse, qui convient à la liberté, mêlée à la retenue, qui est l’effet du jugement et du choix. […] Vinet dans sa Chrestomathie française, n’est pas seulement un orateur sublime et un magnifique historien : il est le premier dans l’éloquence didactique, où les Français sont les premiers. […] Louis XIII, ou plutôt Richelieu, fonda l’Académie française en 1635.
La Poétique d’Aristote ayant été récemment mise au programme des études pour la classe de rhétorique, il a paru opportun de réimprimer l’édition, avec traduction française et commentaire, que j’avais publiée, en 1849, dans l’Essai sur l’histoire de la Critique chez les Grecs, ouvrage depuis longtemps épuisé1. J’aurais voulu pouvoir remanier à loisir ce travail déjà ancien, le tenir au courant des derniers travaux de la philologie française et de la philologie étrangère sur l’opuscule si mutilé, si difficile, et pourtant si précieux, d’Aristote1. […] ___ Dans la première édition du Commentaire, les renvois au texte de la Poétique étaient indiqués en français. […] Cette réimpression, pour mieux répondre aux besoins des études, a dû être faite en deux volumes séparés, l’un comprenant le texte grec avec le commentaire, l’autre la traduction française. […] Charles Thurot, l’un des hellénistes français qui connaissent le mieux Aristote et à la seconde édition de la Poétique, publiée à Berlin, en 1874 par un savant Viennois, M.
Indignation et plaisanteries amères des chevaliers français qui entourent le prince. […] Les Anglais, parfaitement retranchés dans une position très-forte, riaient de la détresse des français. […] Si les Français triomphent, quel sera son sort et celui de sa famille ?... […] Il rencontre un pauvre prêtre français et le contraint de remplir à leur place cet affreux ministère. […] Un chevalier français cherche à détourner le roi de cette horrible résolution.
(Histoire de la littérature française, t. […] Pour écrire clairement en français, c’est-à-dire pour arracher les idées de ce fonds obscur où nous les concevons, et les amener à la pleine lumière, que d’efforts et de travail ! […] (Histoire de la littérature française, t. […] (Histoire de la littérature française, t. […] Lisez l’Histoire de la littérature française, pour commenter cette définition.
Bien avant le règne de Catherine II, il y a un parti français en Russie. […] Nulle part le déclin de la poésie française n’y est plus sensible. […] — Le dix-septième siècle avait fixé la langue de la prose française. […] voici la liste des propriétaires français. […] Ce qui n’est pas clair n’est pas français.
Rivarol a dit avec raison : Ce qui n’est pas clair n’est pas français. […] Française. […] Voltaire a dit que les Français n’ont pas la tête épique. […] Elle a produit au moyen âge deux cents poèmes populaires consacrés à des héros chrétiens et français. […] Pendant longtemps la tragédie française les imita.
De l’Éloquence politique chez les Français. […] Déjà la nécessité reconnue, depuis longtemps, de réformer des abus fortifiés par des siècles d’oubli du devoir des uns et des droits des autres ; déjà ce besoin inquiet d’un changement quelconque, avaient fait éclore une foule d’ouvrages où l’on était surpris de trouver autant d’esprit que de raison, et qui annonçaient d’avance les beaux jours de l’éloquence française. […] On la vit s’élever tout à coup à une hauteur de pensées, et à une magnificence de diction proportionnées aux objets qu’elle traitait ; la langue française acquit, dans la bouche des Mirabeau, des Maury, des Lally-Tolendal, etc., une force d’expression, un caractère d’énergie oratoire, dont elle n’offrait pas encore de modèle, et dont nous multiplierions volontiers les exemples, si ces matières, complètement étrangères, d’ailleurs, aux études des jeunes gens, n’avaient de plus l’inconvénient de rappeler des souvenirs auxquels il est difficile de toucher, sans réveiller des passions. […] À peine le Démosthène français eut-il rencontré, dans ce nouvel Eschine, un rival de génie et d’éloquence, que la tribune, presque sans cesse occupée par ces deux illustres antagonistes, présenta le spectacle le plus imposant dont les fastes de l’éloquence française puissent garder la mémoire. […] Telle fut, pour notre patrie, l’époque du régime révolutionnaire ; le coup le plus mortel qu’il ait porté à la langue et à l’éloquence françaises, n’est pas seulement d’avoir introduit une foule de mots barbares déjà oubliés, et qui ne pouvaient survivre aux choses qui les avaient introduits dans le discours, mais d’avoir accoutumé les esprits à déraisonner sans cesse, par l’affectation même de vouloir toujours raisonner, et de rester sans cesse à côté de la vérité en disant autre chose que ce qu’on voulait dire, ou en le disant autrement qu’on ne le devait.
Signalons tout d’abord l’Histoire de la Révolution française (1824), résumé dramatique d’une époque orageuse qui pour la première fois était étudiée dans son ensemble, et appréciée par une intelligence supérieure ; ceux même qui conclueraient différemment sont entraînés par l’intérêt austère d’un récit mâle et simple d’où se détachent des portraits hardiment tracés par un peintre peut-être trop impassible. […] Sainte-Beuve, mais il a préféré être le plus établi des historiens. » On sait que, nommé à l’Académie française en 1836, il devint secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences morales en 1839. […] Mais peut-être appartient-il à l’Académie française, le jour où elle reçoit un homme d’État aussi éclairé dans ses rangs, de rappeler à la France que c’est l’esprit des nations qui fait leur grandeur et sert de mesure à leur durée1. […] Nous lisons dans le Siècle de Louis XIV, de Voltaire : « La nation française est de toutes les nations celle qui a produit le plus d’ouvrages excellents. […] L’esprit de société est le partage naturel des Français : c’est un mérite et un plaisir dont les autres peuples ont senti le besoin.
Thiers mérite d’être appelé notre historien national ; car dans les œuvres monumentales que nous devons à sa plume infatigable circule l’éloquence d’une âme française qui, vivement émue par toutes les joies ou toutes les douleurs du citoyen, fait tressaillir les fibres les plus vives du patriotisme populaire. […] La vieille société française du dix-huitième siècle, si polie, mais si mal ordonnée, finit dans un orage épouvantable. […] (Discours de réception à l’académie française.) […] Le gouvernement, éclairé par ses exploits, lui envoyait des renforts, avec lesquels il pouvait aller à Vienne dicter une paix glorieuse, au nom de la république française. […] On assembla sur-le-champ la garnison, et on les publia à la lueur des torches, au son des fanfares, au milieu des cris de joie de tous les Français attachés à leur pays !
Tantôt le singulier remplace le pluriel et réciproquement : le Français, le Belge, le riche, le pauvre, pour les Français, les Belges, etc. ; les Racine, les Corneille, pour Corneille et Racine ; l’ennemi vient à nous, pour les ennemis ; il est écrit dans les Prophètes, pour dans un prophète ; il l’a dit vingt fois pour un nombre indéterminé de fois106. […] Appelons encore synecdoque, et non métonymie, l’emploi de l’abstrait pour le concret, si fréquent dans la poésie, et même dans la prose française. […] « Faites de mon hôtel tout ce que vous voudrez, vous êtes ici chez vous, » disait un gentilhomme français à je ne sais quel ambassadeur qu’il était chargé de loger. […] En français le mot sacré, dans le sens d’exécrable, détestable, est-il une antiphrase nationale ou simplement un latinisme107 ? […] L’allemand, l’anglais, l’espagnol, l’italien, le français traduisent tous : Naboth a blasphémé ; il n’y a que le hollandais qui se serve du mot béni (gezegend).