. — Voici comment la définition d’Aristote est traduite en latin d’après l’arabe d’Averroès (voir Essai sur la Critique, p. 297 et suiv.) par Hermann l’Allemand (fol. 42, recto, éd. de Venise, 1481) : « Terminus substantialis sive intelligere faciens substantiam artis laudandi est quoniam ipsa est assimilatio et repræsentatio operationis voluntariæ virtuosæ completæ quæ habet potentiam universalem in rebus virtuosis non potentiam particularem in una quaque rerum virtuosarum. […] Voilà donc déjà un plaisir qui se rencontre en la tragédie et qui ne se rencontre pas en la comédie. » Sur la terreur et la pitié, comparez : Rhétorique, II, 5 et 8 Morale Nicom., II, 4. — En ce qui touche la célèbre purgation des passions par le drame, nous devons renvoyer d’abord à l’Essai sur l’Histoire de la Critique, p. 180 et suivantes, où nous avons exposé sur ce sujet une opinion que nous croyons devoir maintenir, malgré le dissentiment de plusieurs savants interprètes de la pensée d’Aristote, tels que M. […] Elle se trouve confirmée par des rapprochements qui avaient échappé jusqu’ici à tous les critiques, dans un important mémoire de M.
Une merveilleuse sagacité psychologique assure à sa critique l’intérêt impérissable qui s’attache à toutes les œuvres où l’homme apprend à se connaître. […] Ce mode de commentaire, appliqué à la littérature, suppose tout un art qui se dérobe, et n’est au-dessous d’aucune science, ni d’aucune supériorité critique, si élevée et si distinguée qu’elle soit ; car il ne s’agit pas ici simplement de se faire petit avec les petits, il faut arriver à inoculer une sorte de délicatesse dans le bon sens, et dégager dans chacun ce je ne sais quoi qui ne demande pas mieux que d’admirer, mais qui n’a pas encore trouvé son objet1. […] Bayle, auteur du Dictionnaire historique et critique, était un vif esprit.
Pour une édition destinée aux maîtres et aux élèves de nos établissements secondaires, il eût été inopportun, même si nous en avions eu le loisir, de nous engager dans des discussions approfondies de critique verbale. […] Toutefois, et sur une doctrine capitale de l’auteur, la purgation des passions par le drame, nous avons voulu apporter, à l’appui de l’opinion exposée dans notre Essai sur l’histoire de la critique, un argument considérable, le texte de Proclus, signalé pour la première fois par M.
Qu’est-ce que la critique historique ? Quelles sont les règles fondamentales de la critique historique ? […] La critique sera légère et le reproche sera doux. […] Depuis, la critique a porté la main sur l’idole. […] Il faut remarquer que sa critique, comme la critique d’alors, était très dogmatique et souvent peu éclairée : elle avait le tort de juger trop vite.
Mais vint ce temps d’affligeante mémoire, Ce temps critique où s’éclipse sa gloire. […] L’académicien Campenon a donné en 1823 ses OEuvres choisies, qu’il a fait précéder d’un travail biographique et critique sur cet auteur. […] C’est ce que recommande Fénelon : « Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet, et ne toucher jamais que ce qu’on peut embellir. » Ce précepte est surtout applicable à la poésie, qui, remarque un critique moderne, « est l’essence des choses : or, il faut bien se garder d’étendre la goutte d’essence dans une masse d’eau ou dans des flots de couleur.
Les œuvres de critique et de théâtre de M. […] pour y parvenir, il doit varier sans cesse ses discours, et être à lui-même un critique sévère de ses propres ouvrages. […] Soyez-vous à vous-même un sévère critique. […] Des critiques l’ont blâmé.
C’est ce qui m’a déterminé à le rendre public, disposé à profiter, le mieux qu’il me sera possible, des observations judicieuses de la critique. Si la voix de cette critique doit être écoutée par un Auteur qui écrit pour sa propre gloire, elle doit l’être encore davantage par celui qui a principalement écrit pour l’instruction des jeunes gens.
Était-il vrai que le dogme ancien se fût brisé au premier contact de la critique ? […] Dans la seconde période, qui s’annonce vers 1840, la philosophie française se caractérise par le retour à la méthode critique et analytique. […] Le dix-neuvième siècle sera, avant tout, le siècle de l’histoire et de la critique. […] Réflexions critiques sur quelques Poètes. […] Necker les meilleurs possibles ; mais le ciel me préserve, dans une situation si critique, d’opposer les miens aux siens !
Dans quel auteur grec notre critique a-t-il lu cette règle sur la durée de l’action théâtrale ? […] ) — Nos critiques français sont bien autrement scrupuleux sur la question des unités, et il est curieux de voir comment la rigueur des préceptes d’Aristote va peu à peu s’exagérant dans l’esprit de ses imitateurs. […] Je relève cette erreur de d’Aubignac, parce qu’elle fournit l’occasion de remarquer que la règle de l’unité de temps paraît avoir été le produit de réflexions tardives faites sur ce sujet par les poëtes et les critiques.
Quelques contemporains avaient été rigoureux pour Molière ; mais la postérité n’a pas ratifié la plupart de leurs critiques : elle s’est prononcée notamment contre les jugement portés sur le style de l’auteur du Misanthrope et de l’Avare par La Bruyère (Caract., c. […] De nos jours aussi, sa vie et ses œuvres ont été le sujet des travaux de nombreux critiques : on citera parmi eux Lemercier, tome II de son Cours analytique de la littérature générale ; M. […] « S’il nous était enjoint de désigner précisément, observe un de nos critiques, le jour, le lieu et l’heure où Molière se révéla en quelque sorte à Louis XIV, et reçut de lui sa mission de poursuivre les ridicules du siècle, nous ne croirions pas nous tromper en disant que ce fut à Vaux, lorsque l’imprudent Fouquet voulut étaler devant le monarque les splendeurs de sa magnifique demeure. » Néanmoins, dans la comédie qui fut jouée à cette occasion, la scène que nous offrons ici ne se trouvait pas d’abord : ce fut après la représentation que le roi, félicitant l’auteur, lui indiqua un personnage de fâcheux qu’il avait oublié, celui du courtisan chasseur ; et il paraît assez certain que l’original de ce caractère était le marquis de Soyecourt, qui obtint en effet, un peut plus tard, la charge de grand veneur, pour laquelle il avait dès longtemps une vocation très-marquée.
Plus tard la critique, aidée de l’observation et de l’expérience, sépare et classe les œuvres des poëtes. […] Sa piété eût craint d’introduire la critique littéraire dans les livres saints. […] Genres secondaires : Lettres, Critique, Romans. […] 2. — La critique est le sentiment du beau et du vrai appliqué au jugement des arts. […] Il soumettait les idées et les sentiments à une analyse subtile, les tours et les mots à une critique rigoureuse.
Que de phrases creuses ou fausses débitées depuis qu’il y a des critiques et des jugements sur Eschyle et Corneille, Sophocle et Racine, Démosthène et Cicéron, Raphaël et Michel-Ange ! […] Plusieurs critiques, Fénelon à leur tête, ont vivement blâmé le récit de Théramène dans Phèdre. […] Il devrait dire simplement et d’une voix entrecoupée : — Hippolyte est mort, un monstre l’a fait périr ; je l’ai vu. — Il est aisé de répondre à ces critiques, et Voltaire l’a fait avec beaucoup de justesse. […] Sa façon de dire les terminaisons en i faisait croire à quelque chant d’oiseau ; le ch prononcé par elle était comme une caresse, et la manière dont elle attaquait les t accusait le despotisme du cœur. » Ici toute critique est superflue, il suffit de citer.
La Poétique d’Aristote ayant été récemment mise au programme des études pour la classe de rhétorique, il a paru opportun de réimprimer l’édition, avec traduction française et commentaire, que j’avais publiée, en 1849, dans l’Essai sur l’histoire de la Critique chez les Grecs, ouvrage depuis longtemps épuisé1. […] Quant au commentaire, je l’ai approprié à sa nouvelle destination, en le dégageant de quelques renvois, désormais superflus, à l’Essai sur l’histoire de la critique, et en le complétant par quelques additions que le progrès des études sur Aristote avait rendues nécessaires.
Or supposons, ce que je ne crois pas d’ailleurs, que la dignité du barreau défendit en effet à d’Aguesseau d’employer ce terme, il est évident qu’il n’eût été nullement déplacé, dans un autre ouvrage, par exemple, dans un livre de critique sur la Comédie italienne. […] Ce que l’on peut dire seulement pour donner l’universalité au précepte de Boileau, c’est que, s’il est des genres où la noblesse contrarie trop manifestement le naturel pour pouvoir être admise, où la bassesse et la trivialité absolues soient le seul moyen de rester dans le vrai, ces genres ne sont pas du ressort de la critique, et les honnêtes gens s’en abstiennent. […] Ils ont surtout égaré la critique. […] C’est ce que la critique du xviie siècle n’a pas compris, et ses fausses idées sur la noblesse du style lui ont fait mal juger de tout ce qui s’y rattache.
Quelques-uns des livres, que le critique judicieux et délicat avait choisis, sont dans les mains de nos élèves. […] Le plaisir de la critique nous ôte celui d’être vivement touché de très-belles choses. […] dit la Critique. […] bon dieu, s’écria la Critique, quel horrible jargon ! […] Je vis que les ouvrages qu’il critique le plus en détail sont ceux qui en tout lui plaisent davantage.
L’art poétique est la théorie de la poésie, comme la rhétorique est la théorie de l’éloquence : il sert à diriger le poète dans ses ouvrages, et fournit aux critiques les moyens d’apprécier les diverses compositions poétiques. […] Dans le premier chant et dans le quatrième, Boileau donne les règles générales de la poésie : qualités du style, versification, nécessité de corriger son travail et de consulter des critiques éclairés.
Ainsi comprise, la rhétorique est une branche de la critique : c’est la critique appliquée à l’art de parler et d’écrire ; elle est une branche de la philosophie : c’est l’application de l’esprit philosophique aux œuvres de l’imagination oratoire et littéraire. […] — Si les anciens rhéteurs ont trop vanté les lieux communs, les critiques modernes les ont trop rabaissés, les orateurs et les écrivains d’aujourd’hui n’en tiennent pas assez de compte. […] Et quant à ceux qui voudraient s’autoriser des critiques de Fénelon, ils donneraient la mesure de leur suffisance plutôt que celle de leur génie littéraire. […] L’appréciation est digne de l’œuvre et du critique, de Virgile et de Fénelon. […] Les critiques dont cet admirable morceau a été l’objet attestent ou l’irréflexion ou la jalousie de ceux qui les ont adressées au poëte.
Les moyens pratiques sont la lecture, l’étude des bons auteurs, et l’exercice de la composition ; les moyens théoriques sont l’étude des règles de l’art d’écrire et l’histoire critique de la littérature. […] Enfin, après avoir posé les règles de la description, de la narration et de la dissertation, nous avons parlé de l’analyse critique, en en donnant un modèle qui puisse guider dans ce genre de travail : nous recommandons cet exercice comme un excellent moyen de former le goût et le jugement.
Quant au caractère général des problèmes qui y sont discutés, voy. l’Essai sur l’Histoire de la Critique, p. 123, où je crois avoir montré combien de subtilités puériles se mêlaient à l’érudition d’Aristote et à sa philosophie. […] — Voy. aussi notre Essai sur l’Histoire de la Critique, p. 123 et suiv.
La satire badine on enjouée prend un ton piquant et léger ; elle critique, en plaisantant, les ridicules, les faiblesses du cœur, et les erreurs du goût et de la raison ; elle se borne à la raillerie, regardant ce moyen comme plus efficace et plus convenable que la colère, pour arriver à son but. […] Il est fâcheux pour la gloire de Boileau, dont la critique est ordinairement saine, qu’il se soit laissé entraîner par la prévention contre le Tasse et Quinault. […] Ainsi le poète satirique doit éviter les personne· lités, la prévention dans ses jugements, et faire disparaître ce que la critique a toujours de désagréable sous l’urbanité du reproche. […] Il répandra en même temps sur sa critique tout le sel et tout l’enjouement, toute la délicatesse et toutes les grâces qui pourront la rendre non moins agréable qu’instructive. […] La fable, en effet, n’est pas un récit destiné seulement à plaire ; c’est surtout une forme d’instruction et de critique, une narration qui doit signifier clairement la vérité que l’on veut enseigner, un miroir qui n’a de valeur qu’autant qu’il représente fidèlement les objets.
Nous ne répondrons point à cette critique, qui ne regarde point la poésie. […] De certaines critiques sur les défauts de la poésie ; des raisons qu’on peut leur opposer. […] Avec cette distinction, on répondra à la plupart des critiques. […] Mais si l’opinion des Céphaléniens est vraie, qu’Ulysse prit Pénélope chez eux, et que son beau-père se nommait Icadius, c’est l’erreur qui a occasionné la critique. […] Ainsi la critique peut tomber sur cinq chefs ; sur l’impossible, sur l’invraisemblance, sur les méchancetés gratuites, sur les contradictions et sur les fautes de l’art.
Préface de la première édition Les tendances actuelles, écrivait récemment un critique, sont hostiles à l’étude sérieuse des lettres. […] Les noms d’Aristote, de Cicéron, d’Horace, de Quintilien, de Longin, chez les anciens ; de Vida, de Bouhours, de Jouvency, de Rollin, de Dumarsais, de Marmontel, de Le Batteux, de Blair, de La Harpe, de Domairon, de Tuet, de Girard, de Villiers, de MM. de Bonald, Le Clerc, Laurentie, Capot, chez les modernes, rappellent les autorités les plus hautes en fait de critique littéraire.
S’il ne s’agissait, d’ailleurs, que de lutter d’autorités, il ne serait pas difficile de trouver nombre d’auteurs, surtout parmi les poètes et les vrais critiques, qui ont été d’un avis tout contraire, n’admettant jamais parmi les poèmes les ouvrages en prose, quelque poétiques qu’ils fussent. […] Lamotte, homme de beaucoup d’esprit, mais qui n’avait pas le sentiment des arts, fut le premier qui mit au rang des épopées ce beau roman politique, apparemment pour se ménager à lui-même le droit singulier de faire des tragédies et des odes en prose1. » Enfin, Dussault, critique célèbre de l’époque impériale, a dit avec autant d’élégance que de justesse : « La versification est tellement essentielle à la poésie, qu’on ne peut raisonnablement regarder comme des poètes ceux qui ont secoué ce joug.
Mais c’est une épître et non un poème didactique, et c’est pour avoir mal à propos cru qu’il avait voulu faire un poème que quelques critiques lui ont trop sévèrement reproché le peu d’ordre qu’on y remarque. […] Il y a des critiques qui ne le pensent pas. […] Il le devait, et il mériterait aujourd’hui même les reproches de la critique, s’il ne l’avait pas fait134. […] La critique a relevé, dans l’Iliade et dans l’Odyssée, quelques longueurs, des détails inutiles, des écarts multipliés ; mais, malgré ces défauts, il y a près de trois mille ans que toutes les nations éclairées admirent ces deux poèmes ; ce qui a fait dire à Chénier : Trois mille ans ont passé sur la cendre d’Homère, Et depuis trois mille ans, Homère respecté, Est jeune encor de gloire et d’immortalité. […] Le succès prodigieux qu’a eu la Henriade répond assez aux critiques qui en ont été faites.