/ 280
77. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Une règle générale qui n’admet pas d’exception, c’est d’élever sensiblement la voix sur les mots qui représentent une idée importante, un sentiment vif et passionné. […] Qu’il bénisse son nom, l’oiseau vif et joyeux Qui, dès le point du jour, chante aux portes des cieux ! […] La tristesse et le visage mécontent de grands seigneurs qui l’entouraient étaient pour sa bonne et faible âme un sujet de tourment aussi vif que les plaintes et les murmures du peuple. […] On y voit peu de grandes forêts ; mais chaque champ, chaque prairie, est entourée d’une haie vive qui s’appuie sur des arbres plantés irrégulièrement et fort rapprochés. […] Je veux : ma volonté suffit pour que je vive ; Je le sens, j’en suis sûr.

78. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — La Fontaine (1621-1695.) » pp. 194-204

Sa vive sympathie anime tout l’univers à nos yeux, et ses fables sont comme une vaste scène où il se montre souvent le rival de Molière2. […] Dans le contraste de ce sujet avec le précédent éclate la souplesse du talent de La Fontaine : la marche de la laitière est en effet aussi vive, preste et dégagée, que la montée du coche a été lente et laborieuse. […] Delille, s’inspirant de ces vers, a montré aussi dans ses Jardins, chant II,… Le pas leste et vif de la jeune laitière, Qui, l’habit retroussé, le corps droit, va trottant, Son vase en équilibre, et chemine en chantant.

79. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Si l’ardeur d’un sang qui s’enflamme le rend vif, emporté, colère, on voit, le moment d’après, toute la bonté de son cœur1 dans l’effusion de son repentir ; il pleure, il gémit sur la blessure qu’il a faite ; il voudrait, au prix de son sang, racheter celui2 qu’il a versé : tout son emportement s’éteint, toute sa fierté s’humilie devant le sentiment de sa faute. […] Le service n’aurait pas plus d’ordre que d’élégance ; la salle à manger serait partout, dans le jardin, dans un bateau, sous un arbre, quelquefois au loin, près d’une source vive, sur l’herbe verdoyante et fraîche, sous des touffes d’aunes et de coudriers1 : une longue procession de gais convives porterait en chantant2l’apprêt du festin  ; on aurait le gazon pour table et pour chaises ; les bords de la fontaine serviraient de buffet, et le dessert pendrait aux arbres3. […] Comme tous ces détails sont pris sur le vif !

80. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Sa langue vive, franche, nette, vigoureuse, hardie, rappelle Rabelais, Régnier, Saint-Simon. […] Vous avez un fonds de santé admirable, des lèvres fraîches, un teint vermeil, et des yeux vifs. […] Vive la science ! […] Rien de même ne paraît vif et agréable à notre esprit que ce qui passe par notre cœur. […] Quand on l’offense, il a le ressentiment vif, mais il ne dure pas longtemps.

81. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Familiarité hardie, pathétique ingénu, poésie de l’expression, brusques saillies d’imagination, élans impétueux, je ne sais quoi de vif et de soudain ; tel est le caractère de ses premiers sermons : ils ont le feu de la jeunesse, et une grâce de nouveauté qui ravit. […] Toujours entraîné, tu approches du gouffre affreux : déjà tout commence à s’effacer, les jardins moins fleuris, les fleurs moins brillantes, leurs couleurs moins vives, les prairies moins riantes, les eaux moins claires : tout se ternit, tout s’efface. […] J’aime ces tours libres, vifs et familiers. […] Remarquez ces tours vifs, passionnés et dramatiques.

82. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Par passions ils comprenaient les qualités et les moyens à l’aide desquels l’orateur parvient à exciter dans l’âme de ses auditeurs un mouvement vif et irrésistible, qui l’emporte vers un objet ou qui l’en détourne. […] Le résultat de vos observations à cet égard sera un vif désir de connaître et un profond sentiment d’admiration, qui ne peuvent manquer d’agrandir et de multiplier vos idées. […] Le second suppose, au contraire, l’activité de la circulation ; les personnes qui en sont douées sont vives et ardentes, le cerveau doit partager cette ardeur et cette vivacité.

83. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

« Les couleurs vives d’une draperie, dit Condillac, donnent de l’éclat à un beau teint, les couleurs sombres lui en donnent encore. […] Pascal et Corneille en ont de sublimes ; Pline le jeune, Sénèque, Fléchier, Marivaux, de vives et d’ingénieuses ; mais ces derniers ne peuvent s’en rassasier, et ils en deviennent faux et fatigants. […] Communication, délibération, interrogation, subjection, ajoutant un intérêt plus vif au lieu énumération des parties : .

84. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

Leurs entretiens doivent être exempts de ces disputes vives où l’aigreur domine, de ces reproches amers et mordants, de ces paroles injurieuses et grossières qui contrastent si vivement avec le caractère de la poésie pastorale. Si le fond du caractère des bergers doit être une aimable simplicité, il n’est nullement nécessaire qu’ils poussent cette qualité jusqu’à l’excès ; ils peuvent avoir du bon sens et de la réflexion, un esprit vif et prompt, mais toujours naturel, ennemi de l’affectation, de la recherche, des jeux de mots et des subtilités. […] Gessner, il est vrai, sortant de la voie tracée par les anciens, est allé chercher dans le sentiment de la famille et de la religion des ressources nouvelles ; mais, disciple d’une religion qui dessèche le cœur, il n’a pu puiser aux sources vives et abondantes, aux trésors de piété que nous offre l’Église catholique.

85. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Préface » pp. -

En revanche, notre plus vif plaisir a été de signaler les pages où l’homme se montre sous l’écrivain, où le style est la personne même trahissant son caractère, et laissant parler son cœur avec ce naturel, cet abandon, cette bonne foi qui ne sent ni l’encre ni le papier. […] Outre qu’il lui est impossible de ne pas respirer l’air qui nous entoure, ne donnons pas l’attrait du fruit défendu à des livres qu’un engouement irréfléchi lira sans critique, si l’on s’obstine à les proscrire des écoles, au lieu d’apprendre, par une direction tout ensemble libérale et sévère, à séparer le mort du vif, c’est-à-dire à discerner les qualités des défauts, et l’excellent du mauvais, ou du médiocre.

86. (1881) Rhétorique et genres littéraires

je suppose que cela soit : oui, je suis trop vif, trop sensible (concession). […] Son but est de produire sur l’imagination du lecteur ou de l’auditeur une impression si vive qu’il lui semble voir l’objet. […] L’imagination est la faculté de nous représenter les objets sous les couleurs les plus vives. […] C’est un chant vif, gracieux, alerte, ennemi de tout pédantisme. […] Le style de la comédie doit être simple, vif et enjoué.

87. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Relisez les récits mérovingiens et l’histoire du vase de Clovis, ou plutôt assistez à cette scène qui vous peindra au vif les orages de cette société tumultueuse. […] La conviction a une éloquence à elle, dont l’art, avec toutes ses ressources, ne peut rendre l’accent vif et passionné. […] Les esprits ainsi préparés, il entrait dans le vif du sujet. […] Il leur fait des attentats de Philippe un résumé énergique, plein d’interrogations pressantes et de reproches amers qui les poignent au vif et font tressaillir toutes les fibres de leur être. […] Mais ces tours heureux, ces vives figures, ces comparaisons hardies que Démosthène prodigue, c’est la passion qui les trouve, l’esprit les chercherait en vain.

88. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Le goût est le sentiment vif et délicat des beautés comme des défauts de la nature et de l’art. […] La description est une peinture vive et animée des objets. […] L’historien se borne à quelques traits vifs et saillants qui puissent frapper l’esprit du lecteur sans retarder la marche du récit. […] À l’exactitude il doit joindre l’ordre, la clarté, et surtout la concision qui donne au précepte un caractère vif et saisissant. […] Hors de ce cas, il faut que le dialogue soit vif, animé, coupé à propos, et que la réplique ne se fasse pas attendre.

89. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

La forme doit être vive et animée. […] Émilie n’est pas moins vive dans l’expression de son ressentiment et de sa haine. […] Il est net, vif, pittoresque. […] La vive intelligence de l’historien lui permet de tout saisir et de tout montrer. […] C’est le fait d’un esprit vif de comprendre d’abord et d’exposer clairement ce qu’il a compris.

90. (1854) Éléments de rhétorique française

Personne ne lui refuse cette qualité ; mais qu’on aille jusqu’à trouver son éloquence plus mâle, plus vive, plus riche que celle de Cicéron, c’est ce que personne ne pourra souffrir. […] Cette figure doit peindre les objets de telle manière, qu’on s’imagine presque les voir de ses propres yeux : c’est ce qu’on a appelé l’hypotypose, ou représentation vive et animée. […] Dans la tragédie de la Mort de César, l’action de Brutus et des autres conjurés semble avoir rendu au peuple l’enthousiasme républicain, et c’est au milieu des cris de vive la liberté !   […] je suppose que cela soit : oui, je suis trop vif, trop sensible (concession). […] Racine et Massillon offrent un grand nombre de périodes, où la multiplicité des accessoires, loin d’obscurcir la phrase, la rend, au contraire, plus vive et plus forte.

91. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Il me semble que, pour se rendre sensible aux beaux-arts, il faut commencer par voir les objets qui inspirent une admiration vive et profonde. […] L’éloquence y jaillit vive et naturelle ; la pensée, toujours grande et forte, se revêt d’une expression colorée et poétique. […] Son goût vif pour les arts, son instinct de l’antiquité, comme d’une patrie, se montrèrent d’abord. […] Augustin Thierry parut en 1823 et excita une vive admiration. […] Sa piété était si vive, son effusion si touchante, son courage si admirable, qu’elle arrachait les larmes à tous les assistants.

92. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

Dès que le jeune voyageur a percé les ténèbres, a débrouillé le chaos qui lui cachait ce monde nouveau qu’il vient habiter, tout le charme, tout l’étonne, tout le ravit ; une foule innombrable de vives sensations, de doux plaisirs, pénètrent dans son âme par les cinq parties que le ciel a placées artistement autour d’elle pour les y conduire. […] Les premiers mots qu’il prononce sont ceux de père et de mère… mots charmants, qui expriment, qui inspirent le plus pur amour ; ces premiers accents payent le sein maternel de toutes ses douleurs, et font naître dans le cœur d’un père les plus vives et les plus joyeuses espérances. […] Elle les rapproche et les arrange à son gré ; elle cherche même des effets dans la coupe des phrases, plus ou moins brusques, plus ou moins vives, plus ou moins majestueuses. […] Le style coupé convient particulièrement aux narrations, aux sujets agréables, pour reproduire rapidement une suite d’événements, ou pour exprimer des sentiments vifs et précipités.

93. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Esprit tendre, enjoué, vif et délicat, le chantre de Ver-Vert mourait à propos, lorqu’aux amusements des muses allaient succéder les clameurs et les orages de la politique5. […] Il était beau, brillant, leste et voltage, Aimable et franc, comme on l’est au bel âge, Né tendre et vif, mais encore innocent : Bref, digne oiseau d’une si sainte cage, Par son caquet digne d’être en couvent…     Admis partout, si l’on en croit l’histoire, L’oiseau chéri mangeait au réfectoire : Là tout s’offrait à ses friands désirs ; Outre qu’encor pour ses menus plaisirs, Pour occuper son ventre infatigable, Pendant le temps qu’il passait hors de table, Mille bonbons, mille exquises douceurs, Chargeaient toujours les poches de nos sœurs.

94. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Dans la réfutation, on emploie l’argumentation, qui doit être plus vive et plus serrée que dans la preuve. […] Cette récapitulation ne doit être ni longue ni froide, mais animée et précise, de manière qu’elle laisse une vive et forte impression. […] Des pensées ingénieuses, des images vives, douces, gracieuses, brillantes, exigent des expressions plus recherchées, des tours neufs et piquants, des ornements plus variés. […] Dans ce genre, les pensées sont ingénieuses, vives, brillantes ; la diction ornée et fleurie. […] L’un, par de vifs et continuels efforts, emporte l’admiration du genre humain, et fait taire l’envie ; l’autre jette d’abord une si vive lumière, qu’elle n’osait l’attaquer.

95. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Et combien ma douleur serait plus vive encore, si votre cœur pouvait rester longtemps insensible à la mort de tant d’innocents. […] C’est la partie la plus vive et la plus subtile de l’âme qui s’appesantit et qui semble vieillir avec le corps. […] L’avare s’y montre vif, empresse, hautain et emporté. […] Le vêtement de l’été se peint de la verdure la plus vive. […] Le combat était là plus vif et plus meurtrier que par- tout ailleurs.

96. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Et ce que presentement t’es-cripz, n’est tant a fin qu’en ce train vertueux tu vives, que de ainsi vivre et avoir vescu tu te reiouisses, et te refraichisses en couraige pareil pour l’advenir. […] Tu es a Paris, tu as ton precepteur Epistemon14, dont l’ung par vives et vocables instructions, l’aultre par louables exemples, te peult endoctriner. […] Aucun écrivain ne représente mieux que Montaigne le xvie  siècle par l’indépendance de sa pensée et la vive et libre allure de son style. […] Tu ne vois pas ce qui les ronge, les mord et picque iusqu’au vif, cependant que tu dors : les tourments secrets sont d’autant plus fascheux que l’on ne les oze declarer. […] Vive Dieu !

97. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Le génie vif et impatient de la France devait-il s’accommoder de ces lenteurs ? […] « Vive Dieu ! […] Martyr de sa justesse, il était offensé d’une saillie, comme une vue délicate est offensée par une lumière trop vive. […] monsieur, cela même était jouissance, puisque j’en étais pénétré d’un sentiment très vif et d’une tristesse attirante que je n’aurais pas voulu ne pas avoir. […] Ce n’est point un grand avantage d’avoir l’esprit vif, si on ne l’a juste.

98. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Son style est vif et élégant ; mais il y a peu d’ordre dans son traité. […] Il faut qu’ils ne disent rien qui ne se rapporte directement à la question : par là, le dialogue sera direct ; qu’ils ne fassent jamais attendre la réplique : par là, le discours sera vif ; qu’ils parlent toujours à propos : par là, le dialogue sera bien coupé. […] Il serait difficile de représenter plus au vif ces caractères flottants si communs dans le monde, qui n’aiment ou ne haïssent le bien ou le mal qu’en vue de l’opinion publique.

99. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Nul écrivain n’a jamais été plus riche en comparaisons vives et hardies, en métaphores rapides et involontaires qui obéissent à la pensée et la rendent visible. […] Piquant ; puis, qui cause une impression vive et pénible. […] Bien vive.

/ 280