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50. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Retz 614-1679 » pp. 22-26

Il expia les fautes d’une vie agitée et stérile par des disgrâces, suivies d’un exil et d’une retraite qu’honora son repentir, et que consolèrent des amitiés choisies, entre autres celle de madame de Sévigné. […] Il n’a jamais été bon homme de parti, quoique toute sa vie il y ait été engagé. Cet air de honte et de timidité que vous lui voyez dans la vie civile s’était tourné dans les affaires en air d’apologie1 ; il croyait toujours en avoir besoin : ce qui, joint à ses Maximes, qui ne marquent pas assez de foi à la vertu2, et à sa pratique, qui a toujours été de chercher à sortir des affaires avec autant d’impatience qu’il y était entré, me fait conclure qu’il eût beaucoup mieux fait de se connaître et de se réduire à passer, comme il l’eût pu, pour le courtisan le plus poli et pour le plus honnête homme, à l’égard de la vie commune, qui eût paru dans son siècle. […] Le président Hénault peint ainsi le cardinal de Retz : « On a de la peine à comprendre comment un homme qui passa sa vie à cabaler n’eut jamais de véritable objet. […] Ce qui est étonnant, c’est que ce même homme, sur la fin de sa vie, n’était plus rien de tout cela, et qu’il devint doux, paisible, sans intrigue, et l’amour de tous les honnêtes gens de son temps ; comme si toute son ambition d’autrefois n’avait été qu’une débauche d’esprit, et des tours de jeunesse dont on se corrige avec l’âge ; ce qui prouve bien qu’en effet il n’y avait en lui aucune passion réelle.

51. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Thiers Né en 1797 » pp. 265-270

Thiers Né en 1797 [Notice] Orateur et homme d’État formé par une longue expérience de la vie publique, M. […] J’ai consacré à écrire l’histoire trente années de ma vie, et je dirai que, même au milieu des affaires publiques, je ne me séparais pas de mon art 1. […] Ma vie, j’ose le dire ; a donc été une longue étude historique ; et si on en excepte ces moments violents où l’action vous étourdit, où le torrent des choses vous emporte au point de ne pas vous laisser discerner ses bords, j’ai presque toujours observé ce qui se passait autour de moi, en le rapportant à ce qui s’était passé ailleurs, pour y chercher ce qu’il y avait de différent ou de semblable. […] Si vous ne rêvez pas vie militaire, si vous ne dévorez pas les livres et les plans de la guerre, si vous ne baisez pas les pas des vieux soldats, si vous ne pleurez pas au récit de leurs combats, si vous n’êtes pas mort presque du désir d’en voir et de honte de n’en avoir pas vu, quoique ce ne soit pas de votre faute, quittez vite un habit que vous déshonorez. […] Laborieux, patient, arrivant à l’heure de la fortune comme il arrivait à l’heure d’un dîner ou d’un meeting, il alla au pas toute sa vie, et eut la ponctualité d’une montre bien réglée.

52. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

Quel plaisir cruel que celui de haïr, c’est-à-dire, de porter sur le cœur le poids d’amertume qui empoisonne tout le reste de la vie ! […] « Si tout doit finir avec nous, si l’homme ne doit rien attendre après cette vie, et que ce soit ici notre patrie, notre origine, et la seule félicité que nous pouvons nous promettre, pourquoi n’y sommes-nous pas heureux ? […] L’avenir cessera de vous paraître incroyable, dès que vous cesserez de vivre comme ceux qui bornent toute leur félicité dans le court espace de cette vie ». […] ne souille point ta noble vie, en la finissant ; ne laisse point ton espoir et la gloire aux champs de Philippes. […] Je me dirais : Tout ne finit pas pour nous avec la vie, tout rentre dans l’ordre à la mort ».

53. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Il vient une saison dans la vie où, tous les voyages étant faits, toutes les expériences achevées, on n’a pas de plus vive jouissance que d’étudier et d’approfondir les choses qu’on sait, de savourer ce qu’on sent, comme de voir et de revoir les gens qu’on aime : pures délices du cœur et du goût dans la maturité. […] Plus tard la place est occupée ; les affaires, les soucis, les soins de chaque jour la remplissent, et il n’y a plus guère moyen qu’avec un trop grand effort de repousser la vie présente qui nous envahit de tous côtés et qui nous déborde, pour aller se reporter en idée à trois mille ans en arrière1. […] Il est besoin auparavant de se recueillir, de s’isoler de la vie qui fait bruit et de lui fermer la porte, de faire comme on faisait autrefois quand on voulait s’approcher des mystères, de prendre toute une semaine de retraite, de demi-ombre et de silence, de mettre son esprit au régime des ablutions et de le sevrer de la nourriture moderne. […] Mais aussi, que le présent, que l’avenir le plus prochain, ne nous possèdent point tout entiers ; que l’orgueil et l’abondance de la vie ne nous enivrent pas ; que le passé, là où il a offert de parfaits modèles et exemplaires ne cesse d’être considéré de nous et compris. […] O vous qu’un noble orgueil anime, qui avez pris à votre tour possession de la vie et des splendeurs du soleil, qui vous sentez hautement de la race et de l’étoffe de ceux qui ont le droit de se dire : « Et nous aussi, soyons les premiers et excellons ! 

54. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Il ne perdit le vent qu’une fois, sur la fin de sa vie, et le reprit habilement. […] Ceux conspirer ma mort, qui la vie ont de moy ? […] En ceux qui vie et biens de ma bonté reçoivent ? […] Vous n’aurez autrement la vie en asseurance. […] Voilà son entrée dans la vie.

55. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

Il passa les douze premières années de sa vie dans le monde et dans les camps, où il servit sous les ordres de Maurice de Nassau et du duc de Bavière (1617-1619). […] Sa vie tout entière fut dévouée à la vérité. […] Mais je serai bien aise de faire voir en ce discours quels sont les chemins que j’ai suivis, et d’y représenter ma vie comme en un tableau, afin que chacun en puisse juger, et qu’apprenant du bruit commun les opinions qu’on en aura, ce soit un nouveau moyen de m’instruire que j’ajouterai à ceux dont j’ai coutume de me servir. […] J’ai été nourri aux lettres dès mon enfance, et, pour ce qu’on me persuadait que par leur moyen on pouvait acquérir une connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie, j’avais un extrême désir de les apprendre. […] Et j’avais toujours un extrême désir d’apprendre à distinguer le vrai d’avec le faux, pour voir clair en mes actions et marcher avec assurance en cette vie.

56. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Rappeler les habitants d’Antioche à la vie, c’est les soustraire à la tyrannie de la nature. […] Jusqu’au dernier instant de ma vie. […] Si les bienséances sont nécessaires dans la vie, elles le sont encore plus dans le discours. […] Chacun choisit l’endroit qui lui paraît le plus éclatant dans une si belle vie. […] Qu’il eût encore volontiers sauvé la vie au brave comte de Fontaines !

57. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Raisonnable que je haïsse mes amis, mes reproches, ceux à qui je dois la vie, c’est-à-dire, que je m’en détache ; quand ? […] Aussi fut-il persécuté, calomnié, pendant toute sa vie, par les hommes violents et atrabilaires de sa secte. […] Ces deux avocats jouirent, pendant leur vie, d’une brillante réputation, ainsi que Gautier, leur contemporain. […] Ces orateurs n’entrent dans aucun détail sur la vie de l’académicien, et se bornent à louer en général ses talents, son esprit, et les qualités de son cœur. […] Souvenez-vous que ma retraite hors de cette ville, sans l’avoir assurée au parti, sera la retraite de ma vie hors de ce corps.

58. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Sa vie tout entière fut dévouée à la vérité ; mais son principal titre à la reconnaissance de l’avenir est le Discours de la Méthode, où il porta la prose française à sa perfection : c’est un modèle de netteté, de justesse et d’exactitude. […] Au contraire, dans la ville où je suis, n’y ayant5 aucun homme, excepté moi, qui n’exerce la marchandise6, chacun est tellement attentif à son projet que j’y pourrais demeurer toute ma vie sans être jamais vu de personne. […] Quel autre lieu pourrait-on choisir3 au reste du monde où les commodités de la vie et toutes les curiosités qui peuvent être souhaitées soient si faciles à trouver qu’en celui-ci ? […] Si c’est pour votre propre intérêt, il est certain que vous la pouvez mieux réparer que l’autre, en ce que l’acquisition d’un fidèle ami peut autant valoir que l’amitié d’un bon frère1 ; et si c’est pour l’intérêt de celui que vous regrettez, comme sans doute votre générosité ne vous permet pas d’être touché d’autre chose, vous savez qu’il n’y a aucune raison ni religion qui fasse craindre du mal après cette vie à ceux qui ont vécu en gens d’honneur, mais qu’au contraire l’une et l’autre leur promettent des joies et des récompenses. […] L’ironie légère de l’expression prouve que Descartes ne prenait pas au sérieux ces velléités de vie solitaire.

59. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Retz, 1614-1679 » pp. 38-42

Il expia les fautes d’une vie agitée et stérile par des disgrâces, suivies d’un exil et d’une retraite qu’honora son repentir, et que consolèrent des amitiés choisies, entre autres celle de Madame de Sévigné. […] Il n’a jamais été bon homme de parti, quoique toute sa vie il y ait été engagé. Cet air de honte et de timidité que vous lui voyez dans la vie civile s’était tourné dans les affaires en air d’apologie1 ; il croyait toujours en avoir besoin : ce qui, joint à ses Maximes qui ne marquent pas assez de foi à la vertu2, et à sa pratique, qui a toujours été de chercher à sortir des affaires avec autant d’impatience qu’il y était entré, me fait conclure qu’il eût beaucoup mieux fait de se connaître et de se réduire à passer, comme il l’eût pu, pour le courtisan le plus poli et pour le plus honnête homme, à l’égard de la vie commune, qui eût paru dans son siècle. […] Le président Hénault peint ainsi le cardinal de Retz : « On a de la peine à comprendre comment un homme qui passa sa vie à cabaler n’eut jamais de véritable objet. […] Ce qui est étonnant, c’est que ce même homme, sur la fin de sa vie, n’était plus rien de tout cela, et qu’il devint doux, paisible, sans intrigue, et l’amour de tous les honnêtes gens de son temps ; comme si toute son ambition d’autrefois n’avait été qu’une débauche d’esprit, et des tours de jeunesse dont on se corrige avec l’âge ; ce qui prouve bien qu’en effet il n’y avait en lui aucune passion réelle.

60. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Elle nous montre la vie en action. […] Les Vies de Plutarque, la Vie d’Agricola par Tacite, l’Histoire de Charles XII par Voltaire, se placent parmi les chefs-d’œuvre. […] Iphigénie défend contre la mort, une vie exigée par la fatalité et livrée par son père. […] Ce qui est au-delà ne s’acquiert pas dans les écoles, et s’apprend toute la vie. […] vous ne m’aurez de ma vie avec vous.

61. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lacordaire 1802-1861 » pp. 279-285

Le cœur Je ne croirai jamais que le cœur s’use, et je sens tous les jours qu’il devient plus fort, plus tendre, plus séparé des liens du corps, à mesure que la vie et la réflexion détruisent l’enveloppe où il est étouffé. […] Vingt ans après, La Place disait à l’empereur : un des plus beaux examens que j’aie vu passer dans ma vie est celui de votre aide de camp, le jeune Drouot. […] Là où la vie publique est établie, tout homme riche est patricien, ou peut le devenir. […] Le droit est la seconde initiation à la vie publique. […] Vous êtes juges du pré, du champ, non de la vie, non des mœurs, non de la religion ; si vous ne vous sentez pas assez forts et justes pour commander vos passions et aimer vos ennemis, selon que Dieu commande, abstenez-vous de l’office de juges. » 1.

62. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Guizot Né en 1787 » pp. 247-250

La vie semble prendre dès le berceau, et au bord de la tombe, un caractère attendrissant et respectable pour ceux même qu’aucune relation personnelle ne lie à l’enfant qui y entre, ou au vieillard qui en sort. […] Vivez, vivez longtemps au milieu d’elle ; consacrez-lui avec affection cette ardeur que n’altèrent point encore les intérêts agités de la vie. […] L’étude poursuivie avec sincérité élève et purifie le cœur, en même temps qu’elle enrichit et arme l’esprit pour toutes les carrières de la vie. […] La sérénité Je serais surpris, monsieur, si le cours des années, et les enseignements de la vie ne produisaient pas sur vous le même effet que j’ai éprouvé. […] Vous le savez, monsieur, il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père, a dit Notre-Seigneur Jésus-Christ ; il y a aussi plusieurs routes ici-bas pour les gens de bien, à travers les difficultés et les obscurités de la vie, et ils peuvent se réunir au terme sans s’être vus au départ, ni rencontrés en chemin1.

63. (1881) Rhétorique et genres littéraires

Elle poursuit l’idéal ; elle va même jusqu’à introduire le merveilleux dans les épisodes de la vie humaine. […] (Vies de Plutarque, suivies des Parallèles de ses héros.) […] Les Parallèles, qui suivent les Vies des hommes illustres de Plutarque. […] On y représente les événements les plus funestes et les situations les plus émouvantes de la vie. […] Il vit des oppositions qui se rencontrent à chaque instant dans la vie réelle, où tout événement touche au comique par un point quelconque, il en est la peinture exacte.

64. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

Pour s’instruire d’exemple, en dépit de l’envie, Il lira seulement l’histoire de ma vie. […] Achève, et prends ma vie après un tel affront, Le premier dont ma race ait vu rougir son front. […] D’une indigne pitié ton audace est suivie : Qui m’ose ôter l’honneur craint de m’ôter la vie ! […] J’ai couru sur le lieu, sans force et sans couleur ; Je l’ai trouvé sans vie ? […] Fontenelle, Vie de P.

65. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

Au milieu de la vie tumultueuse d’un siècle dissipé, Buffon avait su s’isoler. […] La vie est un mouvement fécond, la mort est une immobilité stérile. » 1. […] Or, est-il que la guerre est du tout contraire à ce que j’ay dit, et les hommes guerriers ennemis jurez de cette vie-là Ainsi est-il impossible de voir une république fleurissante en religion, justice, charité, intégrité de vie, et brief, en toutes sciences libérales et arts méchaniques, si les citoyens ne jouissent d’une paix très-haute et assurée, qui toutefois est la ruine des hommes de guerre, desquels on ne sait ny mise ny receptes, non plus que de leurs outils, quand on est en bonne paix. […] De qui la grâce est tout, et le corps presque rien ; Vif, prompt, gai, de la vie aimable et frêle esquisse, Et des dieux, s’ils en ont, le plus charmant caprice. […] Fallex, p. 165) Il dit : « Paris est un gouffre où se perdent le repos et le recueillement de l’âme ; la vie n’est plus qu’un tumulte importun.

66. (1854) Éléments de rhétorique française

vous dirait-il, une vie oisive, et des mœurs inutiles et errantes ? […] Quelle gracieuse et touchante image pour représenter la fin de la vie ! […] Un particulier peut, sans déshonneur, mener une vie douce et obscure ; un roi ne peut, sans se déshonorer, préférer une vie douce et oisive aux fondions pénibles du gouvernement. […] Le ciel ne l’imposa-t-il point, avec ta vie, une tâche pour la remplir ? […] Qu’il eût encore volontiers sauvé la vie au brave comte de Fontaines !

67. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lamennais 1782-1854 » pp. 243-246

Lamennais 1782-1854 [Notice] M. de Lamennais nous offre dans sa vie comme dans ses œuvres les douloureuses contradictions d’une âme altière, ardente, incapable d’équilibre, et obstinée à se tourmenter elle-même par ses propres orages. […] Il est bien vrai que la vie est triste, pleine de soucis, de mécomptes, d’inquiétudes, de douleurs ; mais tout cela dure peu. […] Je voudrais que nous fussions « doux avec la vie » ; mais cela, j’en conviens, est plus difficile2. […] C’est encore, à tout prendre, le pays où il y a le plus de vie morale2. […] Dans une autre lettre à madame de Senfft, je lis encore : « Je prends un plaisir extrême à voir cette vie passer comme l’oiseau qu’on entrevoit à peine, et qui ne laisse point de trace dans les airs ; et quand après cela j’arrête mes regards sur cette immense éternité, fixe, immobile, vaste comme mon cœur, inépuisable comme ses désirs, je voudrais m’élancer dans ses profondeurs.

68. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Rien au monde n’est plus à vous pour toute la vie que moi. […] Il faudrait lui faire passer sa vie sur un lit de repos. […] Le dîner est venu ; l’après-dînée se passera comme le matin, et toute la vie comme cette journée. […] Nous n’emportons de cette vie que la perfection que nous avons donnée à notre âme ; nous n’y laissons que le bien que nous avons fait. […] Le sommet de la vie vous en dérobe le déclin ; de ses deux pentes vous n’en connaissez qu’une, celle que vous montez.

69. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fléchier. (1632-1710.) » pp. 69-75

Ainsi commençait une vie dont les suites devaient être si glorieuses. […] Il en devait coûter une vie que chacun de nous eût voulu racheter de la sienne propre. […] L’armée en deuil est occupée à lui rendre les devoirs funèbres ; et la renommée, qui se plaît à répandre dans l’univers les accidents extraordinaires, va remplir toute l’Europe du récit glorieux de la vie de ce prince et du triste regret de sa mort. […] Ici l’on offre le sacrifice adorable de Jésus-Christ pour l’âme de celui qui a sacrifié sa vie et son sang au bien public ; là on lui dresse une pompe funèbre, où l’on s’attendait à lui dresser un triomphe. Chacun choisit l’endroit qui lui paraît le plus éclatant dans une si belle vie.

70. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

On composait des dithyrambes où l’on célébrait ses louanges, en racontant les aventures merveilleuses de sa vie. […] Le drame est donc la représentation d’une action imitée de la vie humaine. […] L’observation de ces trois unités a pour but de porter aussi loin que possible la vraisemblance et l’imitation de la vie réelle. […] 1° Le drame bourgeois représente les scènes de la vie commune dans ce qu’elles ont de plus touchant et de plus lamentable. […] Son but est de représenter toutes les faces de la vie humaine dans leur expression la plus saisissante et la plus vraie.

71. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bourdaloue 1632-1704 » pp. 89-93

Voilà toute sa vie : c’est le plus bel éloge qu’on en puisse faire. […] L’hypocrisie Quand je parle de l’hypocrisie, ne pensez pas que je la borne à cette espèce particulière qui consiste dans l’abus de la piété, et qui fait les faux dévots ; je la prends dans un sens plus étendu, et d’autant plus utile à votre instruction que peut-être, malgré vous-mêmes, serez-vous obligés de convenir que c’est un vice qui ne vous est que trop commun ; car j’appelle hypocrite quiconque, sous de spécieuses apparences, a le secret de cacher les désordres d’une vie criminelle. […] Je souhaite de me retirer et de mener désormais une vie plus tranquille, c’est-à-dire plus régulière et plus sainte. […] Qu’il me soit permis, je vous en conjure, d’employer constamment pour Dieu et pour moi-même ce qui me reste de vie, et de me disposer par là à mourir en religieux. […] Là, oubliant toutes les choses du monde, je repasserai devant Dieu toutes les œuvres de ma vie, dans l’amertume de mon âme4.

72. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

« Tu m’as rendu la vie !  […] Votre Oreste au berceau va-t-il finir sa vie ? […] Dans ces merveilleux apologues tous les aspects de la vie sont reproduits, et la nature entière s’y reflète. […] Véritable amant de la nature, de la pure et simple nature, il aspire, comme Virgile, au bonheur de passer sa vie dans une champêtre et douce solitude. […] Rousseau, dans l’ensemble de ses œuvres comme dans l’ensemble de sa vie, prête à un double sentiment : l’envie et la pitié.

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