Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus ; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s’ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent et qui s’en éloignent. […] Je savais que les langues que l’on y apprend sont nécessaires pour l’intelligence des livres anciens ; que la gentillesse des fables réveille l’esprit ; que les actions mémorables des histoires le relèvent, et qu’étant lues avec discrétion elles aident à former le jugement ; que la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées ; que l’éloquence a des forces et des beautés incomparables ; que la poésie a des délicatesses et des douceurs très-ravissantes ; que les mathématiques ont des inventions très-subtiles, et qui peuvent beaucoup servir tant à contenter les curieux qu’à faciliter tous les arts et diminuer le travail des hommes ; que les écrits qui traitent des mœurs contiennent plusieurs enseignements et plusieurs exhortations à la vertu qui sont fort utiles ; que la théologie enseigne à gagner le ciel ; que la philosophie donne moyen de parler vraisemblablement1 de toutes choses et de se faire admirer des moins savants ; que la jurisprudence, la médecine et les autres sciences apportent des honneurs et des richesses à ceux qui les cultivent ; et enfin, qu’il est bon de les avoir toutes examinées, même les plus superstitieuses et les plus fausses2, afin de connaître leur juste valeur et se garder d’en être trompé. […] Au contraire, je comparais les écrits des anciens païens qui traitent des mœurs à des palais fort superbes et fort magnifiques qui n’étaient bâtis que sur du sable et sur de la boue : ils élèvent fort haut les vertus, et les font paraître estimables par-dessus toutes les choses qui sont au monde ; mais ils n’enseignent pas assez à les connaître, et souvent ce qu’ils appellent d’un si beau nom n’est qu’une insensibilité, ou un orgueil, ou un désespoir, ou un parricide1. […] Allusion aux vertus romaines : l’insensibilité, pour le premier Brutus, qui fait mettre ses fils à mort ; l’orgueil, pour une foule de Romains illustres ; le désespoir, pour Caton, qui se tua lui-même à Utique ; le parricide, pour le second Brutus, qui tua César, son père adoptif.
« On compte, en le voyant, les ennemis qu’il a vaincus, non pas les serviteurs qui le suivent : tout seul qu’il est on se figure autour de lui ses vertus et ses victoires qui l’accompagnent : il y a je ne sais quoi de noble dans cette simplicité ; et moins il est superbe, plus il devient vénérable ». […] Mais un siècle et des hommes capables de persécuter la vertu, ne l’étaient pas d’écouter la voix de l’amitié ; et ce n’est pas sous les Tibères et avec les Pisons, que les Germanicus obtiennent justice. […] Ces derniers avis d’un père à ses enfants, ces réflexions si sages d’un grand conquérant sur le néant de la gloire et la réalité de la seule vertu, sont un des plus précieux monuments de la philosophie des anciens. […] Mais ne vous figurez pas que les hommes naissent fidèles : si cette vertu leur était naturelle, elle se manifesterait en eux à l’égard de tous, ainsi que certains sentiments que la nature donne à l’espèce humaine. […] La valeur, la vertu, la naissance ne sont plus comptées pour rien, et, populace méprisée, nous rampons devant des hommes que nous ferions trembler, si la république était autre chose qu’un vain nom.
Il était chargé de faire ressortir le côté moral de la pièce, et de donner en toute occasion des leçons de vertu. […] Il faut une volonté forte et un vertu solide pour résister à cette séduction. […] La première condition est que l’amour soit tragique, qu’il porte les personnages à de grands crimes ou à d’héroïques vertus, comme dans Phèdre, dans Andromaque, dans Zaïre. […] Toute passion mauvaise au théâtre doit porter sa peine, sinon elle est d’un effet dangereux : à moins que la volonté elle-même n’en triomphe par un effet de vertu. Et que l’amour, souvent de remords combattu, Paraisse une faiblesse et non une vertu.
Promu aux évêchés de Lavaur et de Nîmes, il honora l’épiscopat par ses vertus, comme il avait charmé les salons par ses agréments. […] Chacun à l’envi faisait gloire de savoir et de dire quelque particularité de sa vie et de ses vertus. L’un disait qu’il était aimé de tout le monde sans intérêt ; l’autre, qu’il était parvenu à être admiré sans envie ; un troisième, qu’il était redouté de ses ennemis sans en être haï : mais enfin, ce que le roi sentit sur cette perte, et ce qu’il dit à la gloire de cet illustre mort, est le plus grand et le plus glorieux éloge de sa vertu.
Ainsi en définissant l’espérance, je dirai que c’est une vertu et je nommerai son genre : j’ajouterai que c’est une vertu chrétienne et j’indiquerai sa différence ; j’expliquerai sur quoi elle est fondée et quel est son but, et je préciserai ses rapports. […] Il est dans le ciel une puissance divine, compagne assidue de la religion et de la vertu. […] C’est donc une des trois vertus théologales. […] Deux vertus aimables, la pitié et l’espérance, entourent la justice de Dieu. […] Les ornements conviennent à l’apologue lorsque, étant conformes à son genre, ils tournent au profit de la vérité qu’il veut faire connaître ou des vertus qu’il veut inspirer.
Le héraut s’avançait, et présentant au peuple assemblé les orphelins dont les pères étaient morts à la guerre, et qui étaient tous revêtus d’une armure complète, il faisait cette proclamation, si belle et si capable d’exciter à la vertu : Ces enfants, dont les pères sont morts à la guerre, en combattant avec courage, le peuple les a élevés pendant leur enfance : il les revêt aujourd’hui de cette armure complète, les renvoie, sous d’heureux auspices, à leurs affaires domestiques, et les invite à mériter un jour les premières places. […] l’on proclamera en plein théâtre, que le peuple d’Athènes couronne, pour sa vertu, le plus méchant des hommes ; et pour son courage, celui qui a lâchement abandonné son poste ! […] Oui, la Grèce leur accorde à tous la même sépulture, et leur rend les mêmes honneurs ; oui, Eschine, à tous, parce que tous eurent la même vertu, quoique la destinée ne leur ait pas accordé à tous le même succès ». […] ô vertu !
Manque-t-elle de l’une ou de l’autre des vertus que lui demandent les rhéteurs, clarté, précision, vraisemblance, intérêt, le défaut influe souvent sur l’ouvrage entier. […] Or il me semble, et c’est là que je voulais arriver, qu’il existe un moyen pratique, en quelque sorte, de parvenir à cette unité, et par conséquent à toutes les vertus qui en dérivent, c’est de bien saisir ce que j’appellerai le point culminant d’une narration ou d’une thèse. […] Dès lors, et puisque toutes les circonstances tendent à prouver que Milon ne songeait en aucune façon à hâter son départ, il n’y a plus un mot de trop ; chaque menu détail se change en argument ; tout ce qui eût été défaut en général devient vertu dans l’espèce. […] Ainsi, quand la Phèdre de Racine, poursuivie par les remords, fuit jusqu’au fond des enfers, et y trouve son père qui tient l’urne fatale et juge tous les pâles humains ; ainsi quand le Fabricius de Jean Jacques cherche vainement dans la Rome de marbre et d’or, esclave et énervée, ces toits de chaume et ces foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ; ainsi quand tout à l’heure Massillon nous montrait, en frissonnant lui-même, le tableau terrible du jugement dernier.
» Mais gardez-vous de penser, et tremblez de dire après la victoire : C’est pour prix de nos vertus que le Seigneur nous a livré la terre promise. Non : ce ne sont point vos vertus, ce sont leurs propres impiétés qui vont attirer sur ces peuples le poids terrible des vengeances du Seigneur. […] Nous avons tâché de vous prouver, dans le cours de cet ouvrage, que les progrès du goût et de l’éloquence étaient nécessairement attachés à ceux de la morale, et que la ruine de l’une entraînait la décadence inévitable de l’autre : nous vous avons montré que les plus beaux morceaux, que l’on pût offrir à votre admiration, étaient ceux où respire le sentiment de la vertu, la haine du vice ou l’amour éclairé de la patrie ; que tout ce qui ne porte pas ces grands caractères du vrai beau, ne peut qu’être froid, languissant, inanimé ; et qu’enfin, en tout genre comme en tout sens, dans la conduite, comme dans les ouvrages, L’esprit se sent toujours des bassesses du cœur.
Bientôt il laissa sa femme veuve ; et celle-ci, quoique demeurée sans fortune, continua à voir la meilleure compagnie, qui la recherchait pour son esprit et pour ses vertus, au nombre desquelles fut toujours la plus exacte piété. […] Cette haute fortune de Mme de Maintenon eut son principe dans sa vertu, ce moyen de parvenir trop peu mis en usage ; car, comme elle l’a dit elle-même : « Rien n’est plus habile qu’une conduite irréprochable. » — J’oserai donc réclamer contre le jugement sévère d’un célèbre écrivain de nos jours qui, en peignant « les femmes illustres du dix-septième siècle », a représenté celle-ci comme « ne consultant ni le devoir ni son cœur, mais l’opinion ; ne poursuivant qu’un seul et bien misérable objet, la considération, sans vertu et sans amour… »
Tout un monde sophiste, en style de sermon, De longs écrits moraux nous ennuie avec zèle… ………………………………………………… Nos modestes aïeux Palaient moins de vertus et les cultivaient mieux6. […] Jadis peuple héros, peuple femme en nos jours, La vertu qu’ils avaient n’est plus qu’en leurs discours. […] Chacun veut de la vie embellir le passage : L’homme le plus heureux est aussi le plus sage… Jadis la poésie, en ses pompeux accords, Osant même au néant prêter une âme, un corps, Egayait la raison de riantes images ; Cachait de la vertu les préceptes sauvages Sous le voile enchanteur d’aimables fictions ; Audacieuse et sage en ses expressions, Pour cadencer un vers qui dans l’âme s’imprime, Sans appauvrir l’idée enrichissait la rime ; S’ouvrait par notre oreille un chemin vers nos cœurs, Et nous divertissait pour nous rendre meilleurs.
La conscience Partout nous rendons hommage, par nos troubles et par nos remords secrets, à la sainteté de la vertu que nous violons ; partout un fonds d’ennui et de tristesse inséparable du crime nous fait sentir que l’ordre et l’innocence sont le seul bonheur qui nous était destiné sur la terre. […] Elle seule est la lumière de notre esprit, la règle de notre cœur, la source des vrais plaisirs, le fondement de nos espérances, la consolation de nos craintes, l’adoucissement de nos maux, le remède de toutes nos peines ; elle seule est la source de la bonne conscience, la terreur de la mauvaise, la peine secrète du vice, la récompense intérieure de la vertu ; elle seule immortalise ceux qui l’ont aimée, illustre les chaînes de ceux qui souffrent pour elle, attire des honneurs publics aux cendres de ses martyrs et de ses défenseurs, et rend respectables l’abjection ou la pauvreté de ceux qui ont tout quitté pour la suivre ; enfin, elle seule inspire des pensées magnanimes, forme des âmes héroïques, des âmes dont le monde n’est pas digne, des sages seuls dignes de ce nom. […] La même comparaison a été appliquée ainsi par Sénèque : « La gloire suit la vertu comme son ombre.
Il croissait avec la triple garde de ces fortes vertus, comme un enfant de Sparte et de Rome, ou, pour mieux dire encore, comme un enfant chrétien, en qui la beauté du naturel et l’effusion de la grâce divine forment une fête mystérieuse que le cœur ne peut oublier jamais. […] Il lui faudra parler, écrire, commander par son talent et soutenir ce talent, quelque noble qu’il soit en lui-même, par cette autre puissance qui ne souffre jamais impunément d’éclipse, la vertu. […] Il veut dire : Que la mémoire de nos pères, que leur culte, la tradition de leurs vertus vive au fond de nos cœurs !
Si vous avez à célébrer les vertus et la gloire d’un souverain, qui remplit tous ses devoirs, et dont la présence porte la joie dans tous les cœurs ; votre style doit être facile, harmonieux et plein de douceur. […] C’est alors qu’elles voient la vérité dans tout son jour, la vertu dans toute sa pureté, le bonheur suprême qui doit en être la récompense ; et c’est presque en même temps que cette lumière si éclatante, ces connaissances si sublimes opèrent la plus heureuse révolution dans les mœurs, l’esprit, le caractère, la législation et le gouvernement de tous les peuples. […] Il doit principalement s’arrêter sur les détails de sa conduite particulière ; développer d’une manière nette et précise les motifs de ses actions, et former, sous des traits bien marqués, un tableau de ses faiblesses et de ses vertus. […] Il est fâcheux qu’entraîné par la reconnaissance, qui portée au-delà de certaines bornes, cesse d’être une vertu, il ait flatté le monstrueux Tibère, et son digne favori Séjan qui avaient été ses bienfaiteurs. […] Cet ouvrage d’ailleurs respire la vertu et la fait aimer.
C’est donc sur l’autorité de la vertu que l’éloquence devra établir son autorité. […] si la fortune perd ses menaces contre le boulevard de la vertu ? […] Dieu a-t-il quelque autre sanctuaire que la terre et la mer et l’air et le ciel et le giron de la vertu ? […] La victime agrandit à nos yeux le sacrifice ; ses vertus nous y intéressent davantage. […] Elle fait le tableau des vertus ou des vices, des qualités ou des défauts d’une personne.
J’ai poussé la vertu jusques à la rudesse. […] Ariste lui représente que les soins défians et la gêne ne font point la vertu des femmes ; mais que l’honneur doit les tenir dans le devoir. […] Le vice impunément, dans le siècle où nous sommes, Foule aux pieds la vertu si précieuse aux hommes. […] C’est au poëte à ne jamais s’écarter de ce principe, et à faire toujours céder l’intérêt de sa propre gloire à celui des bonnes mœurs et de la vertu. […] Nous serons les miroirs d’une vertu bien rare : Mais votre fermeté tient un peu du barbare.
. — Mais l’innocence est la vertu des anges, La fleur qui ne germe qu’au ciel. […] Des âmes sans cesse nourries des idées de gloire et de vertu ont presque toujours un langage digne d’elles. […] L’éthopée (ἔθος, mœurs, ποιέω, décrire) consiste à représenter les vertus ou les vices, les qualités ou les défauts d’une personne. […] Au reste, c’est quand le poète chante Dieu et la vertu, qu’il atteint à la sublime perfection de son art. […] L’ode morale ou philosophique est celle qui a pour but de présenter des leçons de vertu.
Le poète qui préconise la vertu, et qui attaqua en général les mœurs corrompues, mérite les plus grands éloges. […] Est-ce donc le malheur des hommes, Qui fait la vertu des grands rois ? […] L’ode morale ou philosophique est à la gloire de la vertu. Le poète s’y abandonne à tous les vifs transports, que peuvent lui inspirer la beauté de cette vertu ou la laideur du vice. […] La gloire et la vertu dans un cœur magnanime Ont-elles enfanté quelque projet sublime ?
Penses-tu qu’un moment ma vertu démentie Eût mis dans la balance un homme et la patrie ? […] Une jeunesse éternelle, un bonheur sans fin, une gloire toute divine est peinte sur leur visage ; mais leur joie n’a rien de folâtre ni d’indécent ; c’est une joie douce, noble, pleine de majesté : c’est un goût sublime de la vérité et de la vertu qui les transporte. […] Toute sa puissance l’aurait rendu à peine maître de ses peuples ; par la vertu il deviendra l’arbitre même des Souverains. » Comparaison. […] L’intérêt du bien public justifia son ingratitude, quelquefois même sa vengeance ; et si dans ces occasions, la passion fut le seul motif de sa conduite, on peut dire qu’il servit souvent l’État par ses vices mêmes comme par ses vertus. […] Mon cœur de soins divers sans-cesse combattu, Ennemi du forfait, sans aimer la vertu, D’un amour malheureux déplorable victime, S’abandonne au remords, sans renoncer au crime.
Lorsque le génie peut élever et épurer nos âmes, nous faire aimer la vertu, la gloire, la patrie, la liberté, il serait défendu de lui demander pourquoi il se gaspille lui-même dans des sujets insignifiants, ou se prostitue à des sujets ignobles ! […] « L’homme digne d’être écouté, dit Fénelon, est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour la vérité et la vertu. » Le sujet doit donc être moral, ou du moins n’avoir rien de contraire à la moralité. […] C’est une grande faute ; même littérairement parlant, je crois la vertu plus intéressante que le crime.
Si nous avons à décrire les phénomènes de la nature, les splendeurs du soleil à son lever ou à son coucher, la lumière se jouant en mille nuances autour de notre globe, le calme d’une belle nuit, un orage, la mer et ses mille aspects merveilleux, la campagne et ses charmes enivrants ; si nous voulons peindre l’homme et la société avec les vertus, les passions ou les travers qui nous présentent sans cesse un drame ou une comédie vivante, il vaut mieux interroger notre mémoire et nos impressions que les livres ; nos compositions auront une couleur plus vraie, nous y ferons circuler davantage la chaleur et la vie. […] La famille nous présentera l’image du bonheur et des vertus domestiques. […] La religion est la science suprême de la vérité : elle seule peut révéler l’origine et le but de notre existence ; elle élève nos cœurs à Dieu par la foi, elle les touche et les enflamme par la charité, elle les soutient par l’espérance, en proposant comme récompense à nos vertus une immortalité de bonheur. […] C’est là qu’ils apprendront à penser avec noblesse, à parler avec élégance ; ils sentiront en eux, par cette culture de l’âme, une élévation de sentiments, une puissance de pensée, une satisfaction intime qui leur feront mépriser le vice et chérir la vertu : c’est par là qu’ils verront grandir en eux l’imagination, le goût et le talent.
L’homme recommande le philosophe par ses vertus antiques, austères, patriarcales. […] Duclos représentait ainsi le caractère français : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère ; il allie les qualités héroïques avec le plaisir, le luxe et la mollesse ; ses vertus ont peu de consistance, ses vices n’ont point de racines. […] La frivolité qui nuit au développement de ses talents et de ses vertus le préserve en même temps des crimes noirs et réfléchis. […] La vertu seule nous sied bien ; nous l’exerçons avec grâce, et presque en nous jouant ; nous faisons les plus nobles actions et les plus hauts sacrifices avec aisance, simplicité, grandeur.
Et pouvez-vous, seigneur, souhaiter qu’une fille Qui vit presque en naissant éteindre sa famille, Qui, dans l’obscurité nourrissant sa douleur, S’est fait une vertu conforme à son malheur, Passe subitement de cette nuit profonde Dans un rang qui l’expose aux yeux de tout le monde, Dont je n’ai pu de loin soutenir la clarté, Et dont une autre enfin remplit la majesté6 ? […] vos vertus m’ont toujours rassurée6. […] Chez Racine, la vertu n’est pas bruyante. […] Racine est le plus grand peintre de la délicatesse et du dévouement féminin ; ses héroïnes ont de l’esprit dans la vertu. […] S’il se jette dans la morale, ce n’est pas lui, c’est le divin Platon qui assure que la vertu est aimable, le vice odieux, ou que l’un et l’autre se tournent en habitude.
Bossuet avait à déplorer la mort d’une reine célèbre par de grands revers et de grandes vertus ; l’orateur ne voit dans ce long enchaînement de revers et de prospérités qu’une leçon éclatante que le ciel donne aux grands de la terre ; et le Psalmiste lui fournit cette grande idée, qui se féconde entre ses mains et devient le germe d’un des plus beaux discours dont s’honore l’éloquence évangélique : et nunc reges intelligite ; erudimini qui judicatis terram . […] À l’étude suivie des saintes écritures, il est essentiel de joindre la lecture raisonnée de ces orateurs que leurs vertus et leur éloquence vraiment apostoliques ont fait nommer à si juste titre les pères, c’est-à-dire, les fondateurs et les soutiens de l’église.