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104. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre V. Beautés oratoires. »

Les grands traits de sagesse et de politique qui brillent dans la conduite de Moïse avec les Hébreux ; le code le plus heureusement adapté aux circonstances locales, au caractère et aux mœurs du peuple auquel il était destiné, ont fait constamment regarder cet homme prodigieux comme le législateur le plus habile et le moraliste le plus profond qui ait jamais donné des lois ou des leçons au genre humain. […] Il était impossible qu’un homme d’un génie aussi supérieur à son siècle et à ses contemporains, n’eût pas fréquemment de ces beaux mouvements de l’éloquence que les circonstances inspirent, et dont nous avons cité et admiré déjà plusieurs traits.

105. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VII. Vers, stances, classification des poèmes. »

— Non, mais il rassemble les plus beaux traits de la même espèce qu’il voit épars dans la nature, et qui peuvent former un tout parfait en son genre. […] il en observa les plus beaux traits dans plusieurs belles personnes, les rassembla, en forma un tout, et montra ainsi sur la toile cette perfection idéale qu’on désigne par le mot de belle nature 68.

106. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Notre théâtre renferme même plusieurs pièces qui se terminent par un trait lumineux et frappant, par une espèce de moralité, comme Athalie et Sémiramis. […] Enfin, le quatrième moyen est de rapprocher les traits épars. […] Les caractères y abondent moins en détails, et s’y dessinent par leurs grands traits de ridicule. […] Il s’efforcera de réunir sur un seul individu tous les traits d’un caractère, distribués entre plusieurs membres de la société. […] Ce genre présente les vertus communes avec des traits qui les font aimer, et dans des périls ou des malheurs qui les rendent intéressantes.

107. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

            Ainsi le conçut dans Athènesa Ce cyniqueb fameux, qui, par un trait nouveau, Pour n’être seul oisif, remuait son tonneau. […] Mais la vue d’une immensité d’eau, dont les bornes paraissent être celles de l’univers, et qui rembrunie sous les ombres de la nuit, reprend insensiblement son azur, à la clarté graduelle du jour naissant : de longs traits de lumière qui paraissent jaillir du sein des eaux pour dorer l’horizon : un tourbillon de feux et d’éclairs étincelants, qui semblent embrasser cette surface liquide, pour annoncer le flambeau de la terre et des cieux : enfin ce grand astre, dont le globe resplendissant paraît s’élancer du milieu des ondes, réalisant, en quelque sorte, les fictions des anciens poètes ! […] Ajoutons encore quelques traits pour achever son portrait. […] Ils peignent avec plus de feu et de précision : ils peignent même souvent d’un seul trait.

108. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Il ne lui faut qu’un coup d’œil, pour saisir les plus secrets mouvemens du cœur : il ne lui faut qu’un trait pour les rendre. […] Chacune de ces pensées, caractérisée par une raison lumineuse, par un sentiment vif et profond, est un trait de flamme qui éclaire, qui échauffe : c’est, pour ainsi dire, un tableau de toute la religion. […] L’auteur présente toujours la vérité avec les traits les plus capables de la faire sentir et de la faire aimer.

109. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Trait vif et spirituel. […] J’aime ce trait ; il rend bien une sensation. […] C’est précisément ce trait noté par Saint-Simon qui nous montre le prince habile jusque dans sa colère à apercevoir le faible d’un raisonnement.

110. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

Il y a dans ce trait de la tristesse et de la grâce. […] Ce trait est simplement sublime, et les vers du poëte sont aussi beaux que la magnanimité de son père. […] Puissent tous les enfants se reconnaître dans les traits de ce tableau !

111. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VI. De l’Harmonie du Style. »

Tantôt la pensée demande le développement de la période ; tantôt les traits de lumière dont l’esprit est frappé, sont autant d’éclairs qui se succèdent rapidement. […] Sa tête regarde le ciel, et présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité : l’image de l’âme y est peinte par la physionomie ; l’excellence de sa nature perce à travers les organes matériels, et anime d’un feu divin les traits de son visage.

112. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Molière, (1622-1673.) » pp. 205-211

Dis-nous quel feu divin, dans tes fécondes veilles, Dis tes expressions enfante les merveilles ; Quels, charmes ton pinceau répand dans tous ses traits, Et quelle force il mêle à ses plus doux attraits. […] A trois longueurs de trait, tayaut 6, voilà d’abord Le cerf donné 7 aux chiens.

113. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — André de Chénier 1762-1794 » pp. 480-487

Ce trait rappelle Gilbert : Au banquet de la vie, infortuné convive, J’apparus un jour, et je meurs. […] Bavus, pour Bavius, misérable versificateur romain, qui poursuivit Horace et Virgile de ses traits jaloux.

114. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Le Sage, 1668-1747 » pp. 216-222

La légèreté dans le comique, une ironie tempérée de belle humeur et de bonhomie : voilà son trait distinctif. […] Il faut du bon sens et de la clarte dans toutes les poésies. » Ces traits rappellent la scène du sonnet dans le Misanthrope.

115. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Molière 1622-1673. » pp. 27-43

Lorsque vous peignez des héros, vous faites ce que vous voulez ; ce sont des portraits à plaisir, où l’on ne cherche pas la ressemblance, et vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor, et qui souvent laisse le vrai pour attraper le merveilleux. […] Il y a sous chacun de ces mots des traits de mœurs qui font revivre une classe presque disparue 6. […] Voilà des traits comiques d’une inimitable naïveté.

116. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

L’imitateur se transforme tellement en l’auteur imité, qu’ils ne paraissent être qu’un seul et même écrivain, quoiqu’on ne puisse désigner aucun trait particulier que l’un ait emprunté de l’autre. […] Racine convient qu’il a emprunté d’Euripide les plus beaux traits dont il a orné sa tragédie de Phèdre, et qu’il doit au même poète un bon nombre des endroits qui ont été le plus approuvé s dans son Iphigénie en Aulide. […] Ils seraient bien plus dignes d’excuses, si portant déjà le deuil, l’amertume, dans le cœur, ils en laissaient échapper quelques traits au-dehors. […] Aussi, ses paroles sont des traits de feu qui éclairent et pénètrent notre âme. […] La grandeur et l’importance du sujet autorisent l’Orateur à commencer par quelques traits frappants, par des figures brillantes, par de riches comparaisons.

117. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

mon père3, son crime à peine est pardonnable ; Mais s’il est insensé, vous êtes raisonnable : La nature est trop forte, et ses aimables traits Imprimés dans le sang ne s’effacent jamais ; Un père est toujours père, et sur cette assurance J’ose appuyer encore un reste d’espérance. […] À une dame 2 Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu’à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux. […] En lisant les œuvres de Pradon, nous avons rencontré cette invocation à Corneille : elle n’est pas indigne de mémoire Esprit du grand Corneille, anime nostre veine, Toy qui fus toujours seul le maistre de la scène, Dont le sçavoir profond et les nobles écrits Touchant toujours les cœurs, enlèvent les esprits ; Tous ces traits immortels, en te faisant revivre. […] Chaque trait procède d’une sorte de nécessité logique.

118. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Enfin avec quel intérêt nous aimons à suivre cette veine de l’esprit français mis au service du bon sens, depuis les Essais jusqu’à Zadig ; avec quel légitime orgueil nous retrouvons la même finesse de pensée ennoblie par une élévation morale qui n’émousse en rien la vivacité du trait, dans le Cours de littérature dramatique et dans Paris en Amérique. […] Pourquoi ce sombre aspect, ces traits défigurés, Ces blessures sans nombre, et ces flancs déchirés !  […] Outre la hache, qui, de leur nom, s’appelait francisque, ils avaient une arme de trait qui leur était particulière, et que, dans leur langue, ils nommaient hang, c’est-à-dire hameçon. […] Pendant qu’un des Francs lançait le trait, son compagnon tenait la corde, puis tous deux joignaient leurs efforts, soit pour désarmer leur ennemi, soit pour l’attirer lui-même par son vêtement ou son armure. […] Ils n’avaient ni arc, ni fronde, ni autres armes de traits, si ce n’est le hang et la francisque.

119. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

S’il n’a pas le trait acéré de La Rochefoucauld, la profondeur de Pascal, la vérité spirituelle et savante de La Bruyère, il nous touche par l’accent ému d’une âme fière, indépendante et haute dans une destinée trop étroite pour son essor. […] Le trait dominant de son caractère fut un stoïcisme tendre, la sérénité dans la douleur.

120. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Prosper Mérimée. Né en 1803. » pp. 558-565

Mérimée excelle à se détacher de lui-même, à soutenir le rôle d’un personnage imaginaire, à prendre le ton d’une situation, à faire parler un caractère, à peindre une physionomie par ses traits vivants. […] Tous ses personnages ont je ne sais quoi de net, de précis, d’arrêté qui burine profondément leurs traits.

121. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Le mot rayon a été institué pour signifier un trait de lumière ; le mot chaleur, pour signifier une propriété du feu. […] L’airain des trompettes sonne, L’acier sur l’acier résonne, La mort brise tous les traits. […] Le plus souvent, l’allusion est l’application d’un trait de louange ou de blâme. […] Dans l’éloquence, cette figure a souvent de grands avantages : une objection pressentie et repoussée n’est plus qu’un trait émoussé, quand l’adversaire veut s’en servir. […] Qu’on finisse la phrase par sacra legationis ou fas gentium, le trait est sans vigueur : Telum imbelle sine ictu.

122. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

Je l’ai vu : son même air, son même habit de lin, Sa démarche, ses yeux, et tous ses traits enfin ; C’est lui-même. […] Le rejet est donc tout-à-fait opposé à la coupe naturelle du vers français ; et ce sera toujours un défaut capital, à moins que le poète n’y trouve, dans des cas très-rares, l’occasion de produire un effet extraordinairement heureux, et, par un trait de génie, ne transforme cette licence en une beauté de premier ordre. […] Le maître en l’art d’écrire, Lui qu’orna la raison des traits de la satire,     Qui, donnant le précepte et l’exemple à la fois, Etablit d’Apollon les rigoureuses lois, ( Voltaire, le Temple du Goût.) […] Dans sa vie littéraire, Boileau a les plus grands traits de ressemblance avec Horace.

123. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Le pathétique est en effet son trait dominant, celui qui la distingue de l’éloquence grecque. […] Sur ce vaste forum romain, les discours n’étaient pas, comme chez nous, des monologues brillants, mais de véritables dialogues, où la foule répondait aux traits de l’orateur par son rire, ses larmes, ses murmures et ses applaudissements. […] Dans cet exercice journalier de la parole, on trouvait bien parfois de grands traits d’éloquence, mais sans les chercher.

124. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Homère, entre autres traits qui le distinguent des autres poètes, a celui-ci, qu’il a bien compris cela, soit par sa connaissance de l’art, soit par un génie naturel. […] Ce dernier trait est inhérent au sujet du drame, mais les autres sont des épisodes. […] De même ceux qui ne font pas d’opposition aux gens en colère ou très affairés, car cette opposition est un trait de caractère propre aux batailleurs. […] Ils vivent surtout d’espérance, car l’espérance a trait à l’avenir, et le souvenir au passé ; or, pour les jeunes gens, le passé est encore peu de chose, et l’avenir beaucoup. […] Les vieillards et ceux qui ont passé l’âge mûr ont des traits de caractère empruntés, pour la plupart, aux contraires de ceux qui précèdent.

125. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Le philosophe explique la nature d’une chose avec le moins de mots possible ; l’orateur en décrit tous les aspects et choisit de préférence les traits qui le conduisent à son but. […] Horace et Boileau ont recueilli les principaux traits de cette peinture. […] Mais la plaisanterie, maladroitement employée, est un trait qui revient contre celui qui l’a lancé, et de tous les traits qui peuvent se rétorquer, c’est sans contredit le plus terrible et le plus acéré. […] La connaissance de l’Histoire lui fournira mille traits frappants qui viendront orner et fortifier son discours. […] Le peuple français aime les traits alors même qu’il en est percé.

126. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

Les seconds sont ceux où l’on indique l’espèce particulière de sagesse, de bravoure ou de vertu qui appartient à chacun ; ils font voir les traits distinctifs de chaque personnage, et les nuances que les dispositions morales et le tempérament mettent entre deux hommes doués de la même qualité. […] Un caractère est vrai et naturel, lorsqu’il renferme tous les traits distinctifs qui lui sont propres, de manière à présenter une figure, à former un type qui sera l’expression la plus haute et la plus parfaite du genre. […] A chaque trait, à chaque mot, le poète, qui aura toujours son héros devant les yeux, devra se demander s’il a pu agir ou parler ainsi dans telle occasion. […] Le poète est inspiré dans l’ode et dans l’épopée ; mais, dans l’ode, son inspiration est prophétique : son cœur est dans l’ivresse du transport ; le poète, possédé du dieu qui l’inspire, y peint avec des traits de feu le sentiment qui l’anime, pour remplir notre âme.

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