Ce monument suffirait à une renommée. […] Contre si chétifs adversaires, il suffit d’user du plat de l’épée.
Il suffit que ta cause est la cause de Dieu, Et qu’avecque1 ton bras elle a pour la défendre Les soins de Richelieu. […] « Quelques strophes de ce ton suffisent pour réparer une langue, et monter une lyre. » (Sainte-Beuve.)
La règle n’existait nulle part, et le caprice de quelques hommes suffisait quelquefois pour bouleverser le langage. […] Il suffit donc d’expliquer l’origine et la valeur du verbe être et de ses temps fondamentaux, pour rendre compte de tous les verbes et de leurs temps dérivés. […] Ce petit nombre d’exemples suffit pour montrer qu’outre certaines espèces de mots essentielles, il existe chez tous les peuples une syntaxe générale qui est invariable. […] Il ne suffit pas d’avoir, dans la disposition générale, bien conçu l’ensemble de son sujet ; il faut que chaque partie du tout soit clairement dessinée dans l’esprit, J. […] Il en est des livres comme des amis : un petit nombre suffit ; st l’on doit s’attacher à quelques auteurs d’élite, qu’on se rend familiers, et avec lesquels on s’identifie, pour ainsi dire.
On ne demande point que ces mœurs soient vertueuses ; il suffit qu’elles soient vraies, c’est-à-dire ressemblantes au héros qu’on veut peindre, ou plutôt à l’idée qu’on en a communément. […] C’est qu’il suffit qu’une chose nous paraisse actuellement l’un ou l’autre, pour que notre volonté la désire vivement et s’y attache, ou la repousse et fasse tout ce qui sera possible pour l’empêcher13. […] Les hommes n’écoutent volontiers que ce qui les amuse et les intéresse ; il ne suffit pas que ce que l’on dit mérite l’attention ; il faut encore l’exprimer d’une manière agréable. […] En ce faisant, on doit éviter deux défauts considérables : le premier, c’est de prouver les choses qui sont claires par elles-mêmes, que tout le monde connaît, et que personne ne conteste ; il suffit de les énoncer. […] Il faut savoir les présenter, les nuancer, les ordonner : il ne suffit pas de frapper l’oreille et d’occuper les yeux ; il faut agir sur l’âme et toucher le cœur en parlant à l’esprit.
Quelquefois un seul de ces moyens suffit ; le plus souvent ce n’est pas trop de les réunir tous trois. […] On a donc besoin d’un goût délicat pour discerner ce qui suffit et ce qui dégénèrerait en surabondance nuisible. […] Il est difficile de faire un plus long récit plus rapidement ; il suffirait de dire : Je m’embarquai. […] Il suffisait de dire : Je me suis rendu chez mon ami ce matin. […] Le premier n’admet strictement que très peu de paroles ; il suffit au second d’exprimer brièvement chaque pensée.
Une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. […] Suffisance signifie savoir qui suffit à la fonction.
En résumé, Molière a suffi aux plaisirs et à l’enseignement des auditeurs les plus simples et les plus raffinés. […] En un mot, dans les pièces sérieuses, il suffit, pour n’être point blâmé, de dire des choses qui soient de bon sens, et bien écrites ; mais ce n’est pas assez dans les autres : il y faut bien plaisanter, et c’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens1. […] Croyez-vous qu’il suffise d’en porter le nom et les armes, et que ce nous soit une gloire d’être sortis d’un sang noble, lorsque nous vivons en infâmes ?
Une exposition méthodique et lumineuse des règles suffit. […] Une connaissance assez étendue de ces deux arts suffit, avec les autres conditions requises dans la critique.
À la puissance des attaches humaines s’alliait dans cette tendresse un de ces intérêts éternels qui suffisent à s’emparer de l’être tout entier. […] Voici un aveu sur elle-même : « Je lisais hier au soir Bernardin, au premier volume des Études, qu’il commence par un fraisier, ce fraisier qu’il décrit avec tant de charme, tant d’esprit, tant de cœur, qui ferait, dit-il, écrire des volumes sans fin, dont l’étude suffirait pour remplir la vie du plus savant naturaliste par les rapports de cette plante avec tous les règnes de la nature.
Et croyez-vous qu’un seul suffise pour condamner un homme à mort ? […] Sur le principe d’autorité 2 Le respect que l’on porte à l’antiquité est aujourd’hui à tel point, dans les matières où il doit avoir moins de force, que l’on se fait des oracles de toutes ses pensées, et des mystères même de ses obscurités ; que l’on ne peut plus avancer de nouveautés sans péril, et que le texte d’un auteur suffit pour détruire les plus fortes raisons. […] Une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer.
Dans le premier cas, on saisit l’idée ; dans le second, on la cherche ; dans le troisième, on la méconnaît. » Or, pour acquérir la propriété des termes, pour en découvrir la valeur précise, il ne suffit pas d’en chercher une définition telle quelle dans le premier lexique venu ; il faut recourir à leur étymologie, et les suivre d’époque en époque à travers les significations diverses qu’ont pu leur donner les bons écrivains. […] Car on conçoit que l’existence de plusieurs hommes suffirait à peine à un travail aussi gigantesque, qui exigerait le dépouillement et la lecture de plusieurs milliers de volumes, depuis la fin du xiie siècle jusqu’au xixe .
La définition suffit pour donner une idée d’un sujet simple ; mais si le sujet est complexe, s’il prête au développement, on peut le détailler et en faire un tableau par l’énumération des parties qui le composent. […] Ce que nous avons dit des différentes espèces d’argument suffit pour habituer les jeunes gens à penser, à écrire avec précision, à raisonner avec justesse.
Je m’affligeais que ma langue ne pût pas suffire à mon cœur ; je voulais que mes auditeurs comprissent ce que je comprenais moi-même, et je sentais que je ne parlais pas de manière à produire cet effet. […] On ne retient presque rien sans le secours des mots, et les mots ne suffisent presque jamais pour rendre pleinement ce que l’on sent.
Quelquefois il suffit d’un léger changement dans les mots pour relever et ennoblir une pensée. […] Pour qu’un ouvrage soit cité comme modèle et étudié comme classique, il ne suffit pas qu’il soit écrit avec élégance. […] L’imitation est très utile et suffit quelquefois pour développer le talent d’un écrivain. […] Il nous suffira de dire un mot de ces trois parties pour indiquer les règles essentielles à toute narration. […] Des exploits militaires, quelque héroïques qu’on les suppose, ne suffisent pas toujours pour prévenir le refroidissement et l’ennui.
L’influence personnelle de l’orateur, l’autorité de son caractère et de ses qualités la rendent persuasive ; car la seule évidence ne suffit pas toujours à entraîner et à persuader les hommes. […] Il suffit de nommer Tacite et Tite-Live, ces deux maîtres de l’histoire, qui ont été des peintres immortels. […] — Il ne suffit pas de choisir et de disposer les preuves : il faut en tirer tout l’effet possible, en leur donnant toute leur force. […] De la nécessité d’y suffire est née la phrase complexe et soutenue qu’on appelle période. […] Les prêtres ne pouvaient suffire — aux sacrifices.
Il faut remarquer surtout ce qu’étaient et ce que devinrent ensuite ces mêmes Perses : il suffira, pour cela, de rapprocher de ce discours celui de Charidème à Darius, où il fait précisément des Macédoniens opposés aux Perses, le tableau que Sandanis fait ici des Perses et des Lydiens. […] Quant à la guerre actuelle, dont vous redoutez et la durée et l’issue, il suffit de vous rappeler ce que je vous ai cent fois répété, pour cesser d’en craindre les hasards. […] Ce ne sont pas des alliés que nous allons secourir dans un pays où nous puissions trouver aisément les secours nécessaires : nous partons pour une contrée absolument ennemie, où quatre mois suffiront à peine, en hiver, pour recevoir des nouvelles. — Si nous ne partons pas avec des forces capables de résister à la cavalerie sicilienne, et de tenir contre leur pesante infanterie, le succès est impossible, puisqu’en nous supposant même mieux équipés que nos ennemis, nous aurons encore de la peine à les vaincre et à défendre nos alliés.
Cependant le seul e fermé ne suffit point pour cette rime. […] Le son de la dernière syllabe des mots ne suffit pas pour la rime féminine, parce que la prononciation sourde et obscure de l’e muet empêche d’y apercevoir une convenance sensible. […] Le seul e fermé dans l’avant-dernière syllabe d’un mot terminé par un e muet, ne suffit point pour la rime féminine.
Le poète va plus loin, et prouve, par l’exemple et avec le style de Virgile, qu’il a suffi d’ouvrir les yeux et d’observer la nature, pour arriver à cette fidélité d’expression imitative. […] Maniée avec art, elle s’élève aux plus grandes beautés en ce genre ; et il suffit, pour s’en convaincre, de parcourir les ouvrages de Pope, et surtout sa belle traduction d’Homère, la seule qui puisse, jusqu’ici, donner aux modernes une idée juste du plus grand génie qui ait jamais écrit dans la langue du monde la plus riche et la plus harmonieuse.
Il faut observer que l’éloquence peut exister indépendamment de la parole ; il suffit de l’émotion pour en produire l’effet : ainsi, il y a l’éloquence du regard, l’éloquence du geste, l’éloquence des larmes, et même l’éloquence du silence. […] Nous croyons inutile d’entrer dans le détail de ces différentes sortes d’éloquence ; elles se rattachent à celles qui précèdent, et ce que nous avons dit plus haut suffit pour que l’homme de goût et de sentiment puisse apprécier l’éloquence partout où elle se trouve.
Il ne semble pas qu’un homme seul y puisse suffire, ni par la quantité des choses dont il faut être instruit, ni par celles des vues qu’il faut suivre, ni par l’application qu’il faut apporter, ni par la variété des conduites qu’il faut tenir et des caractères qu’il faut prendre : mais la voix publique répondra si M. d’Argenson a suffi à tout.
L’effort d’une vertu commune Suffit pour faire un conquérant : Celui qui dompte la fortune Mérite seul le nom de grand. […] » Pour ce genre de poésies, dont Rousseau fit présent à notre langue, « il semble, comme l’a remarqué Le Brun, qu’il s’est plu à réserver toute la flexibilité de son beau talent : elles suffiraient pour le placer au plus haut rang, parce qu’il y développe toutes les qualités qui font le grand poëte ».
La raison suffirait pour nous apprendre que ceux qui cherchent à s’initier à l’art d’écrire, doivent s’attacher dans leurs lectures aux meilleurs ouvrages des écrivains les plus illustres. […] Qu’il nous suffise de dire sur ce point que pour bien traduire une langue, ce n’est pas assez de la savoir, mais qu’il faut encore manier habilement la sienne ; et que si une bonne traduction demande la précision, la clarté, la pureté et l’élégance, son vrai mérite consiste surtout dans la fidélité, qui fait qu’on n’altère en rien ni la pensée de l’écrivain, ni le génie de la langue.
La moindre lueur suffit aux uns pour les persuader de choses très fausses, et elle suffit aux autres pour les faire douter des choses les plus certaines ; mais, dans les uns et dans les autres, c’est le même défaut d’application qui produit des effets si différents. […] Une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. […] Pour justifier l’administration de Fouquet, Pellisson montre l’état prospère des finances qui suffisent aux charges toujours croissantes du royaume et permettent de diminuer les impôts. […] Ses Maximes cependant, son Introduction à la connaissance de l’esprit humain et ses autres fragments ont suffi pour lui donner une place parmi les modèles. […] Il suffit, sans chercher, d’attendre et de souffrir.