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34. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Il est bon de remarquer cela en passant, pour comprendre combien les gens du dernier siècle se sont trompés. […] Je n’en prendrai point dans notre siècle, quoiqu’il soit fertile en faux ornements. […] Tout était donc gâté, selon vous, pour l’éloquence, dans ces siècles si heureux pour la religion ? […] Un des grands défauts de ce siècle, qui contribue le plus à cette décadence, c’est le mélange des styles. […] Je défie l’homme de la plus mauvaise humeur de me dire quel siècle il voudrait préférer au nôtre.

35. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — De Maistre, 1753-1821 » pp. 377-387

De Maistre 1753-1821 [Notice] Né à Chambéry, dans une province où notre langue fut souvent parlée avec distinction, patricien de vieille roche, ancien sénateur du Piémont, représentant d’un souverain à demi-dépouillé, ministre plénipotentiaire de Sardaigne à la cour de Russie, Joseph de Maistre voua une haine mortelle à toutes les idées de la révolution, et s’instituant le défenseur du droit divin sous toutes ses formes, recula jusqu’aux siècles des Grégoire VII et des Innocent III. […] Il me semble qu’un prophète, d’un seul trait de son fier pinceau, vous a peints d’après nature, il y a vingt-cinq siècles, lorsqu’il a dit : « Chaque parole de ce peuple est une conjuration2 » ; l’étincelle électrique, parcourant, comme la foudre dont elle dérive, une masse d’hommes en communication, représente faiblement l’invasion instantanée, j’ai presque dit fulminante, d’un goût, d’un système, d’une passion parmi les Français qui ne peuvent vivre isolés. […] L’empire de cette langue ne tient point à ses formes actuelles : il est aussi ancien que la langue même ; et déjà, dans le treizième siècle, un Italien écrivait en français l’histoire de sa patrie, « parce que la langue française courait parmi le monde, et était plus dilettable à lire et à oïr que nulle autre1 ». […] De Maistre dit encore : « Il y a des guerres qui avilissent les nations, et les avilissent pour des siècles ; d’autres les exaltent, les perfectionnent de toutes manières, et remplacent même bientôt, ce qui est fort extraordinaire, les pertes momentanées, par un surcroît visible de population. […] Oui, messieurs, n’en déplaise à l’esprit de diatribe et de dénigrement, cet aveugle qui regarde, je crois en l’humanité et j’ai foi en mon siècle ; n’en déplaise à l’esprit de doute et d’examen, ce sourd qui écoute, je crois en Dieu et j’ai foi en sa providence.

36. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Voltaire 1694-1778 [Notice] En parlant d’un homme dont la gloire a dominé son siècle et rempli le monde, il faut tenir un milieu entre ceux qui l’exaltent sans mesure, et ceux qui le maudissent sans réserve. […] Plus soucieux encore de plaire que d’instruire, de charmer que d’être utile, il chercha surtout le bruit, l’éclat, la gloire, la première place dans un siècle sur lequel il régna, et dont l’influence régnait elle-même sur l’Europe. […] Ses comédies ne font rire qu’à ses dépens, mais il reste sans rival dans la poésie légère, badine et philosophique Historien, il a laissé des monuments : Charles XII, récit achevé qui allie l’art de conter simplement à la sûreté d’une critique consciencieuse, et le Siècle de Louis XIV, qui nous montre l’ami des arts, du luxe et de la civilisation, l’écrivain inimitable qui aurait produit un chef-d’œuvre, si le plan de son livre n’était défectueux. […] Que Dieu ait pitié des Welches4, mais aimez toujours le vieux malade qui vous aime, et plaignez un siècle où l’opéra-comique l’emporte sur Armide 5 et sur Phèdre6. […] Voltaire y est tout entier, et tout son siècle y est avec lui. » Effaçons peut-être, et disons : certainement.

37. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IX. De quelques autres figures qui appartiennent plus particulièrement à l’éloquence oratoire. »

Dans les pertes médiocres, on surprend ainsi la pitié des auditeurs ; mais on décrit sans art une mort qu’on déplore sans feinte, etc. » Et Bossuet, dans celle du Grand-Condé : « Ce serait ici le lieu de faire voir notre Prince dans ses glorieuses campagnes qui ont été les miracles de notre siècle, et dont la postérité aura un jour droit de douter ; et peut-être même ne les croira-t-elle pas, parce qu’elles sont bien plus vraies que vraisemblables. […] Mais, sans parler des divines consolations que Dieu prépare ici-bas même à ceux qui l’aiment ; sans parler de cette paix intérieure, fruit de la bonne conscience, qu’on peut appeler en même temps et un avant-goût, et le gage de la félicité qui est reservée dans le ciel aux âmes fidèles ; sans vous dire, avec l’apôtre, que tout ce qu’on peut souffrir sur la terre n’est pas digne d’être comparé avec la récompense qui vous attend : si vous étiez de bonne foi, et que vous voulussiez nous exposer ici naïvement tous les désagréments qui accompagnent la vie du siècle, que ne diriez-vous pas, et que ne dit-on pas tous les jours là-dessus, dans le siècle » ? […] mais c’est ce que l’Écriture vous défend : Ne vous conformez point à ce siècle corrompu, etc. — Vous ne faites que ce que font les autres !

38. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Mais leurs styles sont différents, suivant leur génie particulier et le goût de leur siècle… Les ouvrages des Pères grecs sont également solides et agréables. […] Ceux qui ne contribuèrent pas peu à illustrer ce même siècle de Louis XIV, sont : Le P.  […] Pline se laissa entraîner par le mauvais goût de son siècle, qui n’admirait dans les productions de l’esprit, que ce qui était éclatant et recherché. […] Cet orateur vivait dans le cinquième siècle avant l’ère chrétienne. […] Ainsi lorsque dans les âges suivants, on parlera avec étonnement des victoires prodigieuses et de toutes les grandes choses, qui rendront notre siècle l’admiration de tous les siècles à venir, Corneille, n’en doutons point, Corneille tiendra sa place parmi toutes ces merveilles.

39. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Plus soucie encore de plaire que d’instruire, de charmer que d’être utile, il chercha surtout le bruit, l’éclat, la gloire, la première place dans un siècle sur lequel il régna et dont l’influence régnait elle-même sur l’Europe. […] Il s’éleva hautement contre le matérialisme de son siècle, et ces pages qui honorent son talent doivent nous rendre plus sévères pour celles qui en furent un emploi pernicieux. […] Le goût peut se gâter chez une nation ; ce malheur arrive d’ordinaire après les siècles de perfection1. […] Je pourrai vous demander de temps en temps des anecdotes concernant le siècle de Louis XIV. […] Il lui donna toutes les formes, tout l’agrément, toute la beauté même dont il est susceptible ; et parce qu’il y fit entrer tous les genres, son siècle abusé crut qu’il avait excellé dans tous.

40. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Missionnaire et apôtre d’un siècle dont il partagea les idées les plus généreuses, il ressuscita l’ordre de Saint-Dominique en 1840. […] Des générations de rois issus du même sang se sont succédé pendant dix siècles au gouvernement du même peuple, et, malgré cette perpétuité d’intérêt et de commandement, ils n’ont pu couvrir aux yeux du monde les fautes de leurs pères, et maintenir sur leur tombe le faux éclat de leur vie. […] Ouvriers d’une œuvre commencée par Dieu, nous y apportons une pierre que les siècles n’ébranleront jamais, et, si faible que soit notre part dans l’édifice commun, elle y sera éternellement. […] Et enfin, après des jours qui ont été des siècles, tout à coup, de cet abîme sourd et insensible, de cet enfant qui à peine a fait croire par un sourire qu’il entendait l’amour qui l’a mis au monde, la parole s’échappe et répond. […] Le soleil ne passe plus sur sa tête comme un feu qui s’éteint le soir et se rallume au matin, mais comme la grave mesure des âges, apportant à chaque jour son devoir, à chaque siècle sa durée.

41. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

La conscience humaine reçut, comme incontestables axiomes, des lois et des devoirs que, depuis tant de siècles, elle n’avait pas su trouver elle-même. […] Pour trouver quelque exemple d’un tel état de soumission mentale, il faudrait presque remonter jusqu’aux siècles les plus crédules et chez les peuples les plus courbés sous la verge du sacerdoce. […] L’érudition, qui par une inspiration du génie a retrouvé le sens des hiéroglyphes, perdu depuis près de quinze siècles, soulève en ce moment le voile qui couvre l’écriture de Ninive et de Babylone. […] Lorsque ce siècle aura réglé sa curiosité et tempéré sa fougue, personne ne peut prévoir sa grandeur, comme rien ne peut arrêter son génie. […] J’ai besoin de vous fournir immédiatement la preuve que ces grands ouvrages sont bien des premiers siècles persécutés.

42. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — De Retz. (1614-1679.) » pp. 20-28

La bataille de Rocroy avait anéanti pour des siècles la vigueur de l’infanterie d’Espagne. […] L’unique premier président, le plus intrépide homme, à mon sens, qui ait paru dans son siècle, demeura ferme et inébranlable1. […] Là, on voyait encore, au commencement de ce siècle, le café dit des Sergents. […] De là cet autre mot si juste du cardinal de Retz : « Si ce n’était pas une espèce de blasphème de dire qu’il y a quelqu’un dans notre siècle plus intrépide que le grand Gustave et M. le prince (le grand Condé), je dirais que ç’a été Molé, premier président » ; et il ajoute : « Il voulait le bien de l’Etat préférablement à toutes choses, même à celui de sa famille. » 2.

43. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Ces notes compléteront dans une certaine mesure, sur chaque poète, les notions nécessairement très resserrées dans le tableau d’ensemble qui précède chaque siècle. […] S’il n’était pas la souveraine autorité, il restait la grande renommée du siècle. […] Darmesteter et Hatzfeld, le Seizième Siècle en France, sect. […]                                               C’est un siècle maudit. […] Ce siècle, autre en ses mœurs, demande un autre style.

44. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre I. — Rhétorique »

des personnages de théâtre : tout y roule sur le faux ; ce n’est partout que représentations ; et tout ce qu’on y voit de plus pompeux et de mieux établi n’est l’affaire que d’une scène : qui ne le dit tous les jours dans le siècle ? Une fatale révolution, une rapidité que rien n’arrête, entraîne tout dans les abîmes de l’éternité ; les siècles, les générations, les empires, tout va se perdre dans ce gouffre, tout y entre et rien n’en sort : nos ancêtres nous en ont frayé le chemin, et nous allons le frayer dans un moment à ceux qui viennent après nous. […] Le torrent des âges et des siècles coule devant ses yeux ; et il voit, avec un air de vengeance et de fureur, de faibles mortels, dans le temps même qu’ils sont entraînés par le cours fatal, l’insulter en passant, profiter de ce seul moment pour déshonorer son nom, et tomber au sortir de là entre les mains éternelles de sa justice et de sa colère.

45. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Encore m’avouerez-vous que notre siècle est plus innocent que celui-là. […] Elle se trouve des forces que les siècles précédents ne savaient pas. […] Par là il mérita l’estime et l’amitié de plusieurs grands hommes du siècle de Louis XIV. […] Le siècle de Louis le Grand, siècle fameux par tant de merveilles et surtout fécond en grands et puissants génies, nous a retracé l’image du savant et poli siècle d’Auguste284, et, par des ouvrages qui ne périront jamais, a acquis à notre France une gloire immortelle. […] Ô siècles !

46. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300

Dès les temps les plus anciens, les rhéteurs étaient divisés sur les genres, les espèces, le nombre, le nom même des figures ; ces questions étaient, au siècle de Quintilien, une source intarissable de chicanes et de subtilités, et l’on ne s’accorde guère mieux aujourd’hui. […] « Les paysans ont l’esprit trop tourné à la métaphore pour ne pas deviner très-vite les expressions figurées. » Observation fine d’un écrivain de notre siècle qui a étudié le peuple, quoiqu’il l’ait malheureusement flatté avec autant d’exagération qu’on flatte tous les autres tyrans. […] Voici une remarque aussi juste que profonde d’un des plus savants hommes de notre siècle : « Dès que l’homme, en interrogeant la nature ne se contente pas d’observer, mais qu’il fait naître des phénomènes sous des conditions déterminées ; dès qu’il recueille et enregistre les faits pour étendre l’investigation au delà de la courte durée de son existence, la philosophie de la nature se dépouille des formes vagues et poétiques qui lui ont appartenu dès son origine ; elle adopte un caractère plus sévère, elle pèse la valeur des observations, elle ne devine plus, elle combine et raisonne. Alors les aperçus dogmatiques des siècles antérieurs ne se conservent que dans les préjugés du peuple et des classes qui lui ressemblent par leur manque de lumières ; ils se perpétuent surtout dans quelques doctrines qui, pour cacher leur faiblesse, aiment à se couvrir d’un voile mystique.

47. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre III. De l’Éloquence chez les Romains. »

Sur deux ou trois cents orateurs qui, en divers temps, parlèrent à Rome, à peine y en eut-il un ou deux, par siècle, qui pût passer pour éloquent : peu même eurent le mérite de parler avec pureté leur langue. […] L’époque où les orateurs de Rome commencèrent à déployer des talents réels, ne précéda pas de beaucoup le siècle de Cicéron. […] Il gouverna et sauva Rome ; il fut vertueux dans un siècle de crimes, défenseur des lois dans l’anarchie, républicain parmi des grands qui se disputaient le droit d’être oppresseurs.

48. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

Une digression également irréprochable de tous points c’est ce magnifique éloge des lettres que Cicéron a jeté dans la défense du poëte Archias et que tous les siècles ont répété. […] Non ; parce que leur siècle les comportait tels, et que, malgré leur immense supériorité, ils étaient et devaient être de leur siècle. […] Tous cea désirs de changement qui vous amusent, vous amuseront jusqu’au lit de la mort : c’est l’expérience de tous les siècles.

49. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

La théorie en effet a été et devait être modifiée d’après les idées littéraires qui ont successivement dominé dans les siècles et les pays divers. […] C’est le plan qu’ont adopté quelques philosophes et publicistes de notre siècle. […] La fuite du commun et du banal mène souvent soit au recherché et à l’excentrique, comme dans notre siècle, soit à l’ampoulé et à la périphrase académique, comme dans le xviiie , si fécond en poëmes descriptifs, et si stérile en bonnes descriptions. […] L’épithète pittoresque a remplacé partout l’épithète abstraite : la colonne majestueuse est devenue le fût jaspé et cannelé, le marbre gris et rose ; la main gracieuse et délicate s’est changée en doigts longs et blancs ; de même qu’au siècle précédent, les Grecs bien bottés et bien casqués d’Homère avaient disparu dans les guerriers magnanimes.

50. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

Si nous fûmes assez infortuné pour te méconnaître dans le siècle qui finit, tu n’auras pas roulé en vain le nouveau siècle sur notre tête. […] Daigne recevoir ce premier hymne que te portera l’aide de ce siècle qui rentre dans ton Eternité3 Les forêts vierges 1 Trois heures, 1791. […] C’est le siècle de François 1er 5.

51. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Nulle grande entreprise n’occupe la royauté et la nation : elles se reposent des longues et glorieuses fatigues du grand siècle dans les douceurs d’une paix inaccoutumée. […] Elle était toute vive encore aux premiers jours de notre siècle. […] Cependant pour être un écrivain d’un siècle de décadence, Rousseau n’en est pas moins, comme Tacite, un grand écrivain. […] Son style était celui des maîtres, et, en l’assouplissant au genre tempéré de l’histoire biographique, en lui donnant plus de grâce et de simplicité, il ne faisait que prouver une fois de plus que notre siècle n’avait pas produit d’écrivain supérieur à lui. » 2.

52. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gilbert. (1751-1780.) » pp. 297-303

Aux traces d’exagération et d’inexpérience qui s’y découvrent se mêlent des beautés du premier ordre : des éteincelles de génie brillent dans son ode sur le jugement dernier1 ; et la vigueur originale, la véhémence et l’éclat qui distinguent son éloquente invective contre les vices de son siècle attestent à quel point Gilbert, digne successeur de Régnier et de Boileau, était capable de féconder encore et d’agrandir le champ de la satire2. […] Quel siècle d’ignorance, en beaux faits plus stérile, Que cet âge nommé siècle de la raison ?

53. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Brizeux, 1803-1858 » pp. 557-563

Pauvret, tu m’as fait doux au dur siècle où nous sommes1. […] Dix siècles ont passé sur le saint édifice ; Donc, pour bien affermir la nouvelle bâtisse, C’est peu du granit dur, et c’est peu du mortier, Et c’est encor trop peu des règles du métier : Maçons, si vous voulez que votre blanche école Ne tombe pas au vent, comme un jouet frivole, Dès la première assise, à côté du savoir, Mettez la foi naïve, et l’amour, et l’espoir2. […] Un jour, comme on bâtissait une maison d’école dans son village, l’idée vint à Brizeux de comparer la blanche maison qui s’élevait à ces autres écoles qui durent depuis tant de siècles ; en souhaitant à celle-ci la longue existence de ses sœurs ainées, il donna ce conseil aux architectes.

54. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

« Les boiteux, dit Montaigne, sont malpropres aux exercices du corps, et aux exercices de l’esprit les âmes boiteuses » ; or, en ce siècle savant, on ne voit que boiteux voulant apprendre à marcher aux autres. […] si dans ces moments quelque idée de Paris, de mon siècle et de ma petite gloriole d’auteur, venait troubler mes rêveries, avec quel dédain je la chassais à l’instant, pour me livrer sans distraction aux sentiments exquis dont mon âme était pleine ! […] Nous lisons dans La Bruyère : « Qui a vécu un seul jour a vécu un siècle : même soleil, même terre, même monde, mêmes sensations ; rien ne ressemble mieux à aujourd’hui que demain ; il y aurait quelque curiosité à mourir, c’est-à-dire à n’être plus un corps, mais à être seulement un esprit. […] croyez-le, et ne désespérez pas, croyez qu’il en serait de ce jour comme du jour qui précédera la résurrection du Sauveur : la conscience humaine a peut-être aussi des éclipses ; mais si elle a des éclipses, elle a aussi ses pâques, et le siècle du Christ s’est levé sur le siècle de Néron. […] Il a franchi avec l’homme, quand l’homme tomba, le seuil perdu de l’Éden, et depuis soixante siècles, banni comme nous, il erre avec nous dans le monde, compagnon sacré de nos infortunes et concitoyen de notre exil.

55. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Préface de la première édition. » pp. -

En entrant dans le vaste champ des productions littéraires, j’ai présenté un tableau raccourci des quatre siècles, appelés par excellence les siècles des Arts.

56. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre V. » pp. 82-88

Vauquelin de la Fresnaye écrit, à la fin du XVI e siècle (Poétique, livre II, p. 50, éd. 1612) : Or comme eux l’héroïc, suivant le droit sentier, Doit son œuvre comprendre au cours d’un an entier  Le tragic, le comic, dedans une journée Comprend ce que fait l’autre au cours de son année. […] Sainte-Beuve, Poésie française au XVI e siècle, p. 328), d’Aubignac affirme que si les demi-savants doutent sur ce point, les savants n’hésitent pas  que si Aristote n’en a rien dit, c’est que la chose allait d’elle-même. […] Mais les libres penseurs du XVIII e siècle n’osent pas davantage secouer ces scrupules.

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