On appelle vers, dans la plus grande étendue du sens, un discours partagé en groupes de mots et de syllabes, suivant une certaine cadence ou mesure déterminée par l’usage. […] Les stances sont des groupes composés de vers semblables, revenant dans le même nombre et dans le même ordre, présentant un sens complet, et coupés à l’intérieur par des repos semblablement espacés. […] Mais le sens n’était pas nécessairement suspendu à la fin des strophes, en sorte qu’elles enjambaient fort souvent chacune sur la suivante. Chez nous, au contraire, le repos à la fin de la stance, et par conséquent le sens terminé ou au moins suspendu à la fin de chaque, groupe, est une condition indispensable.
Je prise fort, je l’avoue, ces vieilles formes, à l’aide desquelles la langue remonte à ses origines, et j’estime qu’il est d’une saine littérature de ramener à leur sens natif les vocables que le temps en a détournés. […] L’usage a défendu avec raison de confondre dans une seule et même signification deux mots dont le sens réel est tout à fait distinct. […] A mon sens, ils ont tort. […] Il est adulte, me semble-t-il, voire un peu grisonnant ; un assez grand nombre d’esprits ingénieux et profonds l’ont travaillé et remué en tous sens pour qu’il puisse fournir, et même abondamment, à toutes les idées de celui qui l’a sérieusement étudié, et qui le connaît bien. […] Nodier, si bon juge en matière de langue : « Il ne suffit pas de s’abstenir d’inventer des mots, il faut se garder encore de les détourner de leur sens, car un terme déplacé devient souvent un barbarisme dans la phrase où il se glisse.
Le précepte fondamental est que le sens figuré ne soit jamais mêlé au sens littéral. […] Mais l’allégorie peut être moins intimement liée avec le sens littéral. […] Dans ce dernier sens, elle est compatible avec les plus nobles ornements. […] « En ce sens, simplicité signifie naturel. […] La base de tout bon style est un sens droit, accompagné d’une imagination vive.
Mais si, en restreignant ce mot au sens où il se prend pour l’ordinaire, on l’abandonne exclusivement à la poésie proprement dite, on ne concevra plus ce qu’il peut avoir de commun avec l’éloquence de la chaire, par exemple, ou avec celle du barreau. […] Et ne sommes-nous pas convenus que la perfection de l’âme consiste surtout à s’affranchir le plus qu’il est possible du commerce des sens et des soins du corps pour contempler la vérité dans Dieu ? Ne sommes-nous pas d’accord que le plus grand obstacle à cet exercice de l’âme est dans les objets terrestres et dans les séductions des sens ! N’est-il pas clairement démontré pour nous, que le seul moyen d’avoir quelque faible notion du vrai, est de le considérer avec les yeux de l’esprit, et en fermant les yeux du corps et les portes des sens ?
Vivre, ce n’est pas respirer, c’est agir, c’est faire usage de nos organes, de nos sens, de nos facultés, de toutes les parties de nous-mêmes qui nous donnent le sentiment de notre existence. […] Voilà encore pourquoi j’ai toujours tant redouté les bienfaits ; car tout bienfait exige reconnaissance, et je me sens le cœur ingrat, par cela seul que la reconnaissance est un devoir. […] Je connais mes grands défauts, et je sens vivement tous mes vices. […] qu’elle dût dire hardiment, tous les sens, toutes les passions et presque toute la nature criant à l’encontre, quelquefois : “Ce m’est un gain de mourir” ; et quelquefois : “Je me réjouis dans les afflictions ?” […] Je sens tout et je ne vois rien.
— Parce qu’il n’y a pas de bonheur sans vertu, et qu’il existe une justice qui exige l’accord entre la vertu et la félicité. » Il y a des vérités d’expérience, que nous révèle le témoignage de nos sens et l’analyse, et que nous généralisons, après un certain nombre de faits recueillis, pour en déduire ensuite tous les faits homogènes ; telles sont les vérités physiques. […] C’est à l’écrivain à comparer, à peser les preuves, à se déterminer dans leur ordre et leur choix d’après son propre discernement, à se mouvoir, en un mot, en sens divers selon les vicissitudes du sujet. […] On leur objecte que cette division est toute matérielle ; qu’elle se rattache à des signes extérieurs, et non au sens intime du discours ; on leur demande d’où ils font ressortir l’éloquence des livres qui présente souvent les différents genres. […] Il est évident, en effet, que les lois de la narration ou de la description ne sont pas celles de l’argumentation ; que les règles qui gouvernent le commencement ne gouvernent pas la fin ; mais qu’on loue, qu’on défende, qu’on propose, qu’on exhorte, ou que, dans un sens opposé, on blâme, on accuse, on réfute, on détourne, les préceptes d’invention, de disposition, d’élocution même, seront à peu près semblables. […] ce dont je ne sens point, je l’avoue, la nécessité, je préférerais encore la première, sous le rapport de la nature des genres divers, et des préceptes à appliquer, et je distinguerais l’éloquence de la tribune, du barreau, de la chaire, de l’académie, et de la presse.
« Le poëte doit observer toutes ces choses et prendre garde surtout de ne rien faire qui choque les sens qui jugent de la poésie, c’est-à-dire les oreilles et les yeux : car il y a plusieurs manières de les choquer, j’en ai parlé dans d’autres discours où je traite de cette matière. » (Trad. de Racine.) C’est aussi le sens adopté par Dacier, qui rapproche de ce passage Horace, Art poétique, v. 179 et suiv. […] Expression consacrée en ce sens : Isocrate, A Philippe, § 35, et Sur l’Antidose, § 5 Philodème, Rhétorique, iv, col. 33, éd.
Il faut donc éviter, dans la construction oratoire, toutes les inversions, toutes les transpositions de mots qui pourraient obscurcir le sens de la phrase. […] Il faut donc, pour la clarté du sens, rapprocher le conjonctif qui de son antécédent, et dire avec Cicéron : Neque potest is exercitum continere imperator, qui se ipsum non continet. […] Il y a un sens très-équivoque dans ce vers de l’oracle : Aio te, Æacide, Romanos vincere posse. Pyrrhus, à qui il s’adressait, l’entendait de cette manière : Fils d’Eacide, je dis que tu pourras vaincre les Romains, tandis que le sens réel était que les Romains remporteraient sur lui la victoire. […] Dans la première partie de cette phrase, le sujet de la proposition principale, ii, est exprimé en premier lieu, parce qu’il est suivi d’une proposition incidente qui en détermine le sens : qui sunt in, etc.
3° Les équivoques déplaisent par leur double sens : Molière a imité Plaute dans les endroits où il est le plus comique. […] Si l’on rejette de sa phrase tous les mots qui n’ajoutent rien au sens, si l’on élague, pour ainsi dire les rameaux inutiles, la sève se répartit également entre les mots qui restent et la diction acquiert plus de vigueur. […] La Période est un cercle de pensées, dépendantes les unes des autres, et tellement liées entre elles, que le sens demeure suspendu jusqu’à la fin. Chacune de ces pensées, prise séparément, se nomme membre de la période : les membres doivent être des propositions complètes et distinctes, mais unies par le sens et la prononciation. […] Le nombre des membres d’une période peut s’élever jusqu’à cinq ; mais il faudrait éviter d’aller au-delà, à cause de l’impatience qu’éprouve le lecteur ou l’auditeur de voir le sens terminé.
La seconde chose à observer, celle à laquelle nous attachons le plus d’importance, c’est de ne jamais se permettre des transpositions forcées, des déplacements de mots qui nuiraient à la liaison des idées, et obscurciraient le sens de la phrase47. Si la matière donnée pour le vers est séparée par une virgule, il faut avoir soin de mettre au commencement tout ce qui est avant la virgule, sans jamais mélanger les mots qui précèdent avec ceux qui suivent, à moins que le sens ne le permette. […] 3° Chaque distique doit renfermer un sens assez complet pour que l’on puisse, à la rigueur, se passer de ce qui suit. […] 3° De finir le sens à la fin de chaque vers ; ce serait une monotonie insupportable. […] Les jeunes élèves négligent trop souvent le sens des mots et la liaison des idées, pour s’attacher uniquement au mécanisme du vers.
Mais que les hommes ne s’y trompent pas : Dieu redresse quand il lui plaît le sens égaré ; et celui qui insultait à l’aveuglement des autres tombe lui-même dans des ténèbres plus épaisses, sans qu’il faille souvent autre chose pour lui renverser le sens que ses longues prospérités. […] Je ne laisse pas de croire, continua-t-il, qu’il est d’une beauté ravissante. » L’aveugle parut alors changer de voix et de visage, et prenant un ton d’autorité : « Mon exemple, dit-il, vous doit apprendre qu’il y a des choses très excellentes et très admirables qui échappent à notre vue, et qui n’en sont ni moins vraies ni moins désirables, quoiqu’on ne les puisse ni comprendre, ni imaginer. » C’est en effet qu’il manque un sens aux incrédules, comme à l’aveugle ; et ce sens, c’est Dieu qui le donne, selon ce que dit saint Jean : « Il nous a donné un sens pour connaître le vrai Dieu et pour être en son vrai fils. […] Si c’est là sa largeur en tous sens, quelle peut être toute sa superficie ! […] Mais la sévérité des premiers Romains donna à ce mot elegantia un sens odieux : ils regardaient l’élégance en tout genre comme une afféterie, comme une politesse recherchée, indigne de la gravité des premiers temps. […] L’œil reçoit et réfléchit en même temps la lumière de la pensée et la chaleur du sentiment : c’est le sens de l’esprit et la langue de l’intelligence.
Le sens deviendrait : « Parmi les fables, en général (qu’elles soient historiques ou inventées par le poëte), les moins bonnes, etc. » Épisodiques.] ’ΕπƐισοδιώδη. […] . — Le plus ancien des traducteurs français, de Norville, est ici celui qui se rapproche le plus du sens d’Aristote : « Comme ils font des pièces qui doivent être représentées et disputer le prix, etc. » Et celles-ci, etc.] […] viii, dit que l’accident eut lieu θέας ούσης, pendant une fête, ce qui induit Dacier à traduire θƐωροūντι par « au milieu d’une grande fête. » Il est certain que θƐωρƐīν a souvent le sens d’assister à une fête.
Je demanderais surtout qu’infidèle à ses amis, ingrat envers ses protecteurs, odieux aux auteurs dans ses censures, nauséabond aux lecteurs dans ses écritures, terrible aux emprunteurs dans ses usures, colportant les livres défendus, espionnant les gens qui l’admettent, écorchant les étrangers dont il fait les affaires, désolant, pour s’enrichir, les malheureux libraires, il fût tel enfin dans l’opinion des hommes, qu’il suffît d’être accusé par lui pour être présumé honnête, d’être son protégé, pour devenir à bon droit suspect : donne-moi Marin 1 « Que si cet intrus doit former le projet d’affaiblir un jour ma cause en subornant un témoin dans cette affaire, j’oserais demander que cet autre argousin fût un cerveau fumeux, un capitan sans caractère, girouette tournant à tous les vents de la cupidité, pauvre hère qui, voulant jouer dix rôles à la fois, dénué de sens pour en soutenir un seul, allât, dans la nuit d’une intrigue obscure, se brûler à toutes les chandelles, en croyant s’approcher du soleil ; et qui, livré sur l’escarpolette de l’intérêt à un balancement perpétuel, en eût la tête et le cœur étourdis au point de ne savoir ce qu’il affirme, ni ce qu’il a dessein de nier : donne-moi Bertrand. […] Aujourd’hui je sens toute la fermeté de mon cœur s’amollir, se fondre de reconnaissance et de plaisir au plus léger éloge que j’entends faire de mon courage ou de mon honnêteté. […] Examinons le titre en ce sens. […] Point du tout ; la phrase est dans le sens de celle-ci : « ou la maladie vous tuera, ou ce sera le médecin » ; ou bien le médecin ; c’est incontestable. Autre exemple : « ou vous n’écrirez rien qui plaise, ou les sots vous dénigreront » ; ou bien les sots ; le sens est clair ; car, audit cas, sots ou mé hants sont le substantif qui vous gouverne.
Pour éviter tous les malentendus et pour bien comprendre ce que les rhéteurs modernes ont écrit sur l’éloquence, il est bon de remarquer que ce mot peut se prendre en trois sens différents : dans un sens tout à fait large, dans un sens moyen, dans un sens rigoureux et restreint. […] C’est encore abuser des mots que de passer du sens relatif au sens absolu. […] L’épée a frappé au dehors ; mais je sens en moi-même une douleur semblable. […] Tous les sens se fatiguent aisément de ce qui cause un plaisir trop vif. […] Dans le véritable sens du mot, dit M.
Ce sens moral doit surtout être vrai. […] Si le sens moral peut être deviné sans peine, et bien clairement entendu, on doit se dispenser de l’exprimer. […] La précision et la clarté font le plus grand mérite de ses fables : elles sont pleines de sens et de force, mais d’une brièveté extrême. […] L’un et l’autre, à mon sens, ont le cerveau troublé. […] Une poésie forte et harmonieuse, qui rend le sens substantiel du lyrique latin, me paraît ici préférable à la meilleure prose qui en rendrait le sens littéral.
Dans le sens d’élocution. […] Charmante, sens propre : qui charme. […] Conseils est pris dans le sens de consilium, projet, dessein. […] « Plaintif », sens fréquentatif. […] Excitée, sens latin, éveillée.
L’hypocrisie Quand je parle de l’hypocrisie, ne pensez pas que je la borne à cette espèce particulière qui consiste dans l’abus de la piété, et qui fait les faux dévots ; je la prends dans un sens plus étendu, et d’autant plus utile à votre instruction que peut-être, malgré vous-mêmes, serez-vous obligés de convenir que c’est un vice qui ne vous est que trop commun ; car j’appelle hypocrite quiconque, sous de spécieuses apparences, a le secret de cacher les désordres d’une vie criminelle. Or, en ce sens, on ne peut douter que l’hypocrisie ne soit répandue dans toutes les conditions, et que parmi les mondains il ne se trouve encore bien plus d’imposteurs et d’hypocrites que parmi ceux que nous nommons dévots. […] Je sens que mon corps s’affaiblit et tend vers sa fin.
Le jeune patricien s’y plaît et s’y donne ; il s’y plaît comme Démosthène, il s’y donne comme Cicéron ; et toutes ces images du beau, en le préparant aux devoirs de la cité, lui font déjà une arme présente contre les erreurs trop précoces de ses sens. […] Ses yeux, ses oreilles, ses lèvres, tous ses sens sont fermés. […] Un peuple, après avoir tenu longtemps avec honneur le sceptre de sa destinée, a perdu peu à peu le sens des grandes choses, il n’a plus su croire, ni délibérer, ni se dévouer. […] Plus je vieillis, plus je sens que la grâce de Dieu opère en moi le détachement de ce monde ; je ne me soucie plus que de faire la volonté de Dieu. […] D’autres auraient mieux fait ; je fais comme je sens et comme je suis. »
Vous vous hasardez à mériter le reproche adressé par Boileau à ces poëtes riches d’imagination, mais pauvres d’études préliminaires, Dont le feu, dépourvu de sens et de lecture, S’éteint à chaque pas, faute de nourriture. […] Mais si l’infinie variété des idées, selon les modifications des sujets, des temps, des lieux, des personnes, s’oppose à ce qu’on puisse les discipliner et les classer rigoureusement, si même il serait à regretter qu’on parvînt jamais à les enregistrer, comme on fait des mots dans un lexique, elles ont cependant un certain nombre de caractères communs qui, présents à la mémoire et saisis à propos, contribuent assurément à leur développement rationnel : par exemple, elles ont toutes un sens, donc on peut les définir ; elles ont toutes une expression, donc on peut en discuter le signe : presque toutes en renferment plusieurs autres, donc on peut les analyser ; et ainsi de suite. […] Vous définirez l’idée dont le mot république est le signe : voilà la définition ; on vous définirez le mot dont l’idée république est le sens, voilà la notation ou l’étymologie. […] On n’a point eu tort, cependant, de distinguer ces deux lieux ; car on emploie le second dans les cas même où le sens et le signe de l’idée également connus ne demandent ni définition, ni étymologie. […] « Sans doute, dit-il, celui qui se borne à dire qu’une ville a été prise embrasse dans ce seul mot toutes les horreurs que comporte un pareil sort ; mais il ne remue pas les entrailles, et a l’air d’annoncer purement et simplement une nouvelle : mais développez tout ce qui est renfermé dans ce mot, alors on verra les flammes qui dévorent les maisons et les temples ; alors on entendra le fracas des toits qui s’abîment, et une immense clameur formée de mille clameurs ; on verra les uns fuir à l’aventure, les autres étreindre leurs parents dans un dernier embrassement ; d’un côté, des femmes et des enfants qui gémissent, et de l’autre, des vieillards qui maudissent le sort qui a prolongé leur vie jusqu’à ce jour ; puis, le pillage des choses profanes et sacrées, les soldats courant en tout sens pour emporter ou pour chercher leur proie, chacun des voleurs poussant devant soi des troupeaux de prisonniers chargés de chaînes, des mères s’efforçant de retenir leurs enfants, enfin les vainqueurs eux-mêmes se battant entre eux à la moindre apparence d’un plus riche butin.
Bonnes gens, ie ne vous peulx veoyr) : allez à l’enterrement d’elle, et ce pendent5 ie berceray ici mon filz, car ie me sens bien fort altere et serois en danger de tomber malade, mais beuuez quelque bon traict6 deuant7 : car vous vous en trouuerez bien, et m’en croyez sur mon honneur. […] Le sens est : la joie que lui donnait la naissance d’un fils. […] Fâcher (de fatigare) a un sens très fort. […] Bon a ici le sens de naïf. […] Charmes a le sens d’incantations magiques.
Je connais peu de morceaux qui réunissent à un pareil degré la profondeur des idées, la justesse du sens, la clarté des raisonnements, l’élégance et la force d’un style toujours au niveau de la matière qu’il traite. […] Ce brillant caractère me frappe d’abord dans tous les ouvrages marqués au coin de la vraie philosophie : je sens un génie supérieur qui m’enlève au-dessus de ma sphère ; et qui, m’arrachant aux petits objets, autour desquels ma raison se traînait lentement, me place tout d’un coup dans une région élevée, d’où je comtemple ces vérités premières, auxquelles sont attachées, comme autant de rameaux à leur tige, mille vérités particulières ; dont les rapports m’étaient inconnus : il me semble alors que mon esprit se multiplie et devient plus grand qu’il n’était. […] Sans cesse il vient accuser de témérité, et lier par de timides conseils la noble hardiesse du pinceau créateur : naturellement scrupuleux, il pèse et mesure toutes ses pensées, et les attache les unes aux autres par un fil grossier qu’il veut toujours avoir à la main ; il voudrait ne vivre que de réflexions, ne se nourrir que d’évidence ; il abattrait, comme ce tyran de Rome, la tête des fleurs qui s’élèvent au-dessus des autres : observateur éternel, il vous montrera tout autour de lui des vérités, mais des vérités sans corps, pour ainsi dire, qui sont uniquement pour la raison, et qui n’intéresseraient ni les sens ni le cœur humain. […] Profitez de ses idées originales et hardies, c’est la source du grand et du sublime ; mais donnez du corps à ces pensées trop subtiles ; adoucissez par le sentiment la fierté de ses traits ; abaissez tout cela jusqu’à la portée de nos sens : nous voulons que les objets viennent se mettre sous nos yeux ; nous voulons un vrai qui nous saisisse d’abord, et qui remplisse toute notre âme de lumière et de chaleur.
Le palais d’Orléans et l’hôtel de Condé, étant unis ensemble par ces intérêts, tournèrent en moins de rien en ridicule la morgue qui avait donné aux amis de M. de Beaufort le nom d’Importants ; et ils se servirent en même temps très-habilement des grandes apparences que M. de Beaufort, selon le style1 de tous ceux qui ont plus de vanité que de sens, ne manqua pas de donner en toute sorte d’occasions aux moindres bagatelles. […] L’unique premier président, le plus intrépide homme, à mon sens, qui ait paru dans son siècle, demeura ferme et inébranlable1. […] Et même du sens et du talent, malgré son poëme de la Pucelle. […] Ce pluriel, dans un sens où aujourd’hui nous mettrions le singulier, était usité au dix-septième siècle.
Plus récemment encore, nous croyons avoir présenté quelques réflexions utiles sur la moralité du drame selon le sens d’Aristote, dans la vingt-cinquième leçon de L’Hellénisme en France (1869). […] Je traduis ποιότης selon le sens qu’Aristote lui-même donne à ce mot dans les Catégories, chap. […] Voyez l’analyse qu’Aristote lui-même donne des divers sens de ce mot, dans la Métaphysique, IV, 16 et 17.