On sait par quels degrés et par quels auteurs la tragédie s’est perfectionnée. […] Par conséquent, qui saura ce que c’est qu’une bonne ou une mauvaise tragédie, saura de même ce que c’est qu’une épopée. […] Qu’un poète sache ou ignore cette partie, on ne peut pas lui en faire un crime. […] C’est un grand talent de savoir mettre en œuvre les locutions dont nous parlons, les mots doubles, les mots étrangers, etc. ; mais c’en est un plus grand encore de savoir employer la métaphore. […] Ce qu’on en dit n’est peut-être ni le vrai, ni le mieux ; du moins on ne le sait pas, comme disait Xénophane.
Il engage ses revenus pour faire ouvrir des demeures à ceux qu’il ne saurait recevoir. […] Janin, qui sait parler le langage des enfants. […] On ne saurait citer un meilleur exemple dans ce genre que la fable des Deux Pigeons. […] il n’a pas su en profiter. […] On ne saurait être trop en garde contre ce défaut, puisque nos meilleurs poètes y tombent souvent.
Mais quand on dit je sai, Je suis savant… Cela ne plaît. […] La pensée gracieuse est celle qui inspire je ne sais quoi de doux, de riant et d’agréable qui fait sourire de plaisir. […] Un sentiment feint ne saurait toucher ; il a toujours quelque chose de froid. […] Le sentiment naïf est un mouvement du cœur qui échappe sans effort et sans apprêt, [et qui frappe par l’ingénuité et par je ne sais quoi d’imprévu. […] La composition de la phrase a tant d’influence sur le style, qu’on ne saurait y donner trop d’attention.
Je veux voir la patrie de Proserpine, et savoir un peu pourquoi Pluton a pris femme en ce pays-là. […] Quant à la beauté du pays, les villes n’ont rien de remarquable, pour moi du moins ; mais la campagne, je ne sais comment vous en donner une idée : cela ne ressemble à rien de ce que vous avez pu voir. […] On s’y rendait autrefois, comme vous savez, de tous les pays du monde. […] Vous savez le mot panem et circenses 1 ; ils se passent aujourd’hui de tous les deux et de bien d’autres choses. […] répondis-je, celle de César se passe très-bien d’un pareil service, et personne, je crois, n’a mieux su se recommander soi-même à la postérité. — Il est vrai, certes, et c’est là ce qui le distingue du vulgaire des conquérants.
Elle est amenée avec un art qu’on ne sauroit trop admirer. […] que faire pour le savoir ? […] Et des tiennes tu sais ce que j’en saurai faire. […] Mais il ne sut se prescrire aucune borne. […] Celui-ci ne sait que penser de cette fuite.
Si vous voulez qu’on les puisse refaire, De bons moyens, j’en sais certainement ; L’argent surtout est chose nécessaire. […] Depuis dix ans, nous ne savons comment, La Marne a fait des siennes tellement, Que c’est pitié de la voir en colère. […] Pour ce vous plaise ordonner promptement Nous être fait du fonds suffisamment ; Car vous savez, seigneur, qu’en toute affaire, Procès, négoce, hymen ou bâtiment, L’argent surtout est chose nécessaire. […] On attribuait autrefois beaucoup de valeur au sonnet ; tout le monde sait le jugement qu’en porte Boileau dans son Art poétique, et qui se termine par ce vers : Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème. […] Ci-gît qui fut de belle taille, Qui savait danser et chanter, Faisait des vers vaille que vaille, Et les savait bien réciter.
Savoir lire, voilà son art inimitable. […] Ce mode de commentaire, appliqué à la littérature, suppose tout un art qui se dérobe, et n’est au-dessous d’aucune science, ni d’aucune supériorité critique, si élevée et si distinguée qu’elle soit ; car il ne s’agit pas ici simplement de se faire petit avec les petits, il faut arriver à inoculer une sorte de délicatesse dans le bon sens, et dégager dans chacun ce je ne sais quoi qui ne demande pas mieux que d’admirer, mais qui n’a pas encore trouvé son objet1. […] Heureux qui l’invoque et le prie à chaque accident de la saison, qui compte sur lui seul comme aux jours de la manne dans le désert, qui suit en fidèle ému, entre deux haies en fleur, la procession d’une Fête-Dieu champêtre, ou qui prend part avec foi et ferveur, le long des blés courbés ou desséchés, aux cantiques d’alarme et aux pieux circuits des Rogations extraordinaires, qui sait le chemin menant à la statue de la Vierge dressée au sommet du rocher, ou logée au cœur du chêne antique que hantaient jadis les fées, qui ne méprise pas le saint du lieu et le miracle d’hier qu’on en raconte ! […] Les amitiés littéraires Aimer Molière, c’est avoir une garantie en soi contre bien des défauts, bien des travers et des vices d’esprit ; c’est n’être disposé à goûter ni le faux bel-esprit, ni la science pédante ; c’est savoir reconnaître à première vue nos Trissotins et nos Vadius1 jusque sous leurs airs galants et rajeunis ; c’est ne pas se laisser prendre aujourd’hui plus qu’autrefois à l’éternelle Philaminte, cette précieuse de tous les temps, dont la forme seule change, et dont le plumage se renouvelle sans cesse ; c’est aimer la santé et le droit sens de l’esprit, chez les autres comme pour soi. […] Montaigne (1532-1592), avait pour devise : Que sais-je ?
Le ton en est gai et spirituel, et Paracelse ne sait guère ce qu’il doit répondre. […] Mais il faut que vous sachiez que tout cela ne dure qu’un moment. […] — Parce que je suis Français et que je sais ce qu’était Jeanne d’Arc, — Allons donc ! […] Sais-tu quelle est ta mère ? […] Grande contestation pour savoir lequel sortira des fers.
Son humeur, sa passion ne l’a pas moins inspiré que sa raison, et il y a dans sa vie des taches qui ne s’effaceront pas, comme dans ses écrits des torts que ses séductions ne sauraient faire oublier. […] Ce qui fait et fera toujours de ce monde une vallée de larmes, c’est l’insatiable cupidité et l’indomptable orgueil des hommes, depuis Thamas Kouli-Khân, qui ne savait pas lire, jusqu’à un commis de la douane, qui ne sait que chiffrer. […] C’est en avoir de reste que d’en savoir retrancher pour s’accommoder à celui de la multitude, et pour lui aplanir le chemin. […] Dans sa lettre du 3 avril 1741, Voltaire écrit à peu près les mêmes choses à Helvétius : « Vous ne savez pas combien cette première épître sera belle, et moi je vous dis que les plus belles de Despréaux seront au-dessous ; mais il faut travailler, il faut savoir sacrifier des vers ; vous n’avez à craindre que votre abondance, vous avez trop de sang, trop de substance ; il faut vous saigner et jeûner. » 1. On sait que le Tasse est le poëte de la Jérusalem délivrée, et l’Arioste celui de Roland furieux.
Quiconque sait les exciter à propos maîtrise à son gré les esprits, les fait passer de la joie à la tristesse. […] Les uns doutaient de tout ; les autres croyaient tout savoir. […] Que sais-je ? […] Saint Louis a été un grand roi, parce qu’il a su, en devenant saint, faire servir sa sainteté à sa dignité : deuxième partie. […] Voltaire, qui aimait à innover et qui savait y réussir, voulut signaler par un discours d’un nouveau genre son entrée à l’Académie.
Veut-on même le savoir ? […] Ce prince vient de découvrir une conspiration tramée contre ses jours par son favori, et ne sait plus à qui il doit désormais accorder sa confiance. […] Tous deux ont su régner, et ont régné trop peu. […] Où est l’homme, où est le sage qui sait agir, souffrir et mourir sans faiblesse et sans ostentation ? […] Sais-tu que le sénat n’a point de vrai Romain Qui n’aspire en secret à le percer le sein ?
Vous voulez savoir, par exemple, quelles règles peuvent déterminer l’étendue d’un ouvrage et des parties qui le composent. […] Sans cesse en écrivant variez vos discours… Heureux qui, dans ses vers, sait d’une voix légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. Ou plutôt heureux qui sait être à la fois égal et varié, égal par le tissu, varié par le dessin et la couleur. […] C’est ainsi que les historiens nons plaisent par la variété des récits, les romans par la variété des prodiges, les pièces de théâtre par la variété des passions, et que ceux qui savent instruire modifient le plus qu’ils peuvent le ton uniforme de l’instruction. » Essai sur le goût. […] Mais si nous ne connaissons pas ceux qui lui appartiennent, nous savons du moins que les pécheurs ne lui appartiennent pas.
Elle ne tarda pas à revenir, et l’on sut qu’arrêtée dans l’avenue entre les deux écuries, elle n’avait attendu le roi que fort peu de temps. […] n’approchez pas, nous sommes pestiférés. » Je n’ai point su quel mouvement fit le roi, qui ne l’embrassa point à cause du mauvais air. […] Les plus fins d’entre eux, ou les plus considérables, s’inquiétaient déjà de la santé du roi ; ils se savaient bon gré de conserver tant de jugement parmi ce trouble, et n’en laissaient pas douter par la fréquence de leurs répétitions. […] Cela su, je tâchai de n’en être pas bien aise. Je ne sais pas trop si je réussis bien ; mais au moins est-il vrai que ni joie ni douleur n’émoussèrent ma curiosité, et qu’en prenant bien garde à conserver toute bienséance, je ne me crus pas engagé par rien au personnage douloureux.
Fallait-il ouvrir une bouche si grande, pour ne rien dire que ce que tout le monde sait, que ce que tout le monde suppose si naturellement ? […] Veut-on savoir ce qu’il faut penser d’une semblable manière d’écrire ? […] « Ces écrivains, dit-il, n’ont point de style, ou, si l’on veut, ils n’en ont que l’ombre : le style doit graver des pensées ; ils ne savent que tracer des paroles ». […] Qui ne sait, et qui peut douter à présent que la théorie la plus profonde, que les plus savantes spéculations ne peuvent remplacer, dans aucun cas, la pratique nécessaire pour bien gouverner ? […] Veut-on savoir comment le maréchal de Saxe se formait au grand art de la guerre ?
Ingénieux et sensible dans sa prose, il a su tourner de jolis vers, et ses fables méritent l’attention, ne fût-ce que pour nous faire mieux sentir le prix de La Fontaine. […] Il sait conter et animer un récit par des traits agréables. […] Content de ce succès, notre singe saisit Un verre peint qu’il met dans la lanterne ; Il sait comment on le gouverne, Et crie en le poussant :« Est-il rien de pareil4 ! […] — Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose, Mais je ne sais pour quelle cause Je ne distingue pas très-bien3. » Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne Parlait éloquemment, et ne se lassait point. […] Beaucoup de personnes pourtant, cherchant à se faire illusion, ou ne pouvant pas croire au mal, par je ne sais quelle mollesse de caractère qui croit anéantir le danger qu’elle se dissimule, beaucoup de personnes s’obstinaient à dire : « Ce n’est rien. » 2.
Il voulut régner selon son inclination, qui ne se prescrivait point de règles, même dans les choses où il ne lui eût rien coûté de s’en imposer ; et il fit si bien que, dans le cas où le destin lui eût donné un successeur de son mérite, je ne sais si la qualité de premier ministre qu’il a prise le premier n’aurait pas pu devenir, avec un peu de temps, aussi odieuse en France que le fut par l’événement celle de maire du palais et de comte de Paris1. […] Il était bon ami ; il eût même souhaité d’être aimé du peuple ; mais quoiqu’il eût la civilité, l’extérieur et beaucoup d’autres parties propres à cet effet, il n’en eut jamais le je ne sais quoi qui est encore en cette matière plus requis qu’en toute autre. […] La Rochefoucauld Il y a toujours eu du je ne sais quoi en tout M. de La Rochefoucauld4. […] Il n’a jamais été capable d’aucune affaire, et je ne sais pourquoi ; car il avait des qualités qui eussent suppléé en tout autre celles qu’il n’avait pas. […] Il a toujours eu une irrésolution habituelle, mais je ne sais même à quoi attribuer cette irrésolution.
— Par des hommes qui certainement n’ont choisi ce métier facile et vulgaire que parce qu’ils ne sauraient faire mieux ; par des hommes qui savent fort peu, et qui n’ont ni la volonté ni même le temps d’en apprendre davantage. […] On ne le sait pas. […] Nous allons apprendre ce que nous savons déjà, des choses fort simples. […] Si l’écrivain sait joindre à l’éclat de la forme, de la parole, la grandeur du fond, de la pensée, s’il sait présenter à l’esprit une belle image en termes choisis, il parle avec magnificence. […] Un mérite non moins précieux c’est de savoir varier son style, pour empêcher l’ennui de s’emparer du lecteur.
Lui seul ignore combien il est au-dessous du sublime et de l’héroïque ; et, incapable de savoir jusqu’où l’on peut avoir de l’esprit, il croit naïvement que ce qu’il en a est tout ce que les hommes en sauraient avoir : aussi a-t-il l’air et le maintien de celui qui n’a rien à désirer sur ce chapitre, et qui ne porte envie à personne. […] Si vous le saluez quelquefois, c’est le jeter dans l’embarras de savoir s’il doit rendre le salut ou non ; et, pendant qu’il délibère, vous êtes déjà hors de portée. […] Et ne savais-je pas tous ces remèdes que vous m’enseignez ? […] On ne tarit point sur les Pamphiles : ils sont bas et timides devant les princes et les ministres, pleins de hauteur et de confiance avec ceux qui n’ont que de la vertu, muets et embarrassés avec les savants ; vifs, hardis et décisifs avec ceux qui ne savent rien. Ils parlent de guerre à un homme de robe, et de politique à un financier ; ils savent l’histoire avec les femmes ; ils sont poëtes avec un docteur, et géomètres avec un poëte.
Sa diction a je ne sais quoi de grave et d’auguste. […] Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je le rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose qui fût utile à ma famille, et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je le regarderais comme un crime. […] Rome ne put plus savoir si celui qui était à la tête d’une armée dans une province était son général ou son ennemi.
Qu’ils sachent donc qu’il serait mille fois plus facile de détruire la grande capitale que de flétrir l’honneur des enfants du grand peuple et de ses alliés. […] Ne plaignez pas mon sort ; je serai toujours heureux lorsque je saurai que vous l’êtes. […] Rendons-lui le coq des Gaulois ; Il sut aussi lancer la foudre. […] On ne saurait répondre avec plus de dignité dédaigneuse aux rodomontades d’un ennemi fanfaron. […] Je savais ce que je faisais, lorsque, général d’armée, je prenais la qualité de membre de l’Institut : j’étais sûr d’être compris par le dernier tambour.
À chaque page, à chaque phrase même, ils savent varier leurs couleurs. […] Enfin, dans le choix de ses livres, il faut savoir se borner. […] Quand on a choisi ces derniers, il faut savoir s’y tenir et ne pas voltiger de livre en livre. […] Les jeunes gens ne sauraient être trop circonspects et trop délicats sur ce point. […] Il faut savoir tenir le milieu entre une négligence choquante et une recherche qui paraîtrait ridicule.
Leur gloire, féconde en ruines, Sans le meurtre et sans les rapines Ne saurait-elle subsister ? […] Quels soupçons pouvaient paraître injustes à l’égard de celui qui, rougissant de son père, honnête artisan, ne sut pas, comme Horace son maître, être un bon fils ? […] Ce n’est pas sans raison qu’André Chénier a remarqué, en commentant Malherbe, que nos poëtes lyriques même dans leurs meilleures productions, avaient su rarement s’arrèter à propos […] Il est à propos de remarquer avec quel bonheur Rousseau savait rajeunir et relever, par la richesse et l’éclat de son style, le vieux fonds mythologique, dont il fit toutefois, à l’exemple de son temps, un trop large usage. […] Personne, on l’a déclaré avec raison, n’a su tirer un parti plus riche et des accords plus harmonieux de ces petits vers si aisés en apparence et cependant si difficiles à bien faire.
Au milieu d’un siècle dissipé, Buffon sut se ménager une studieuse retraite. […] Le style C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire : il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et, comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres ; il demeure donc dans la perplexité ; mais, lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile1 ; la chaleur naître de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur, et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on dit à ce que l’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. […] Ces écrivains n’ont point de style, ou, si l’on veut, ils n’en ont que l’ombre : le style doit graver des pensées ; ils ne savent que tracer des paroles. […] Il convient de lire après cette page celle de Bossuet que voici : « L’homme a presque changé la face du monde ; il a su dompter par l’esprit les animaux qui le surmontaient par la force ; il a su discipliner leur humeur brutale, et contraindre leur liberté indocile ; il a même fléchi par adresse les créatures inanimées : la terre n’a-t-elle pas été forcée par son industrie à lui donner des aliments plus convenables, les plantes à corriger en sa faveur leur aigreur sauvage, les venins même à se tourner en remèdes pour l’amour de lui ? Il serait superflu de vous raconter comme il sait ménager les éléments, après tant de sortes de miracles qu’il fait faire tous les jours aux plus intraitables, je veux dire au feu et à l’eau, ces deux grands ennemis, qui s’accordent néanmoins à nous servir dans des opérations si utiles et si nécessaires.