Il en est de même de cette pensée par laquelle Pline le Jeune rappelle la libéralité dont Trajan fit preuve envers les Égyptiens, en leur envoyant du blé une année où le Nil n’avait pas débordé : Nilus Ægypto quidem sæpè, sed gloriæ nostræ nunquam largior fluxit. […] La pensée qui a de l’éclat rappelle ces ouvrages de l’art dont le brillant charme les yeux, ou ces fleurs nouvellement écloses qui parent nos jardins de leurs vives couleurs. […] Dans l’Énéide, un jeune guerrier se rappelle en mourant sa douce patrie, Argos, et jette vers elle un tendre regard : Et dulces moriens reminiscitur Argos. […] Aussi rapide que la pensée de l’homme qui jadis a parcouru des contrées lointaines ; il les retrace dans son esprit, et dit : J’étais ici, j’étais là, et se rappelle en un moment de nombreux souvenirs.
Μἐρος signifie quelquefois les parties du genre ou l’espèce : Métaphysique, IV, 25 : τὰ εἴδη τοῦ γένους φασὶν ἐἶναι μόρια. » Batteux, dans cette note, suit Vettori. p. 176, qui rappelle aussi le sens qu’a le mot μέρος un peu plus bas dans ce même chapitre.
Vous vous rappelez ce que nous avons dit de l’esprit, qu’il n’est autre chose qu’une perception vive et soudaine de rapports inaperçus par le vulgaire. […] Rappelez-vous les reproches si doux de Didon à Enéc : Si bene quid de le merui, fuit aut tibi quidquam Dulce meum… ; le mot d’Iphigénie, quand Agamemnon veut l’obliger à renoncer à Achille : Dieux plus doux, vous n’aviez demandé que ma vie !
Rappelez-vous ce que fit un homme illustre, P. […] Je ne veux point rappeler l’exemple trop ancien de C. […] L’anneau de Pison me rappelle une chose qui m’était entièrement échappée. […] Il rappellera les périls de la guerre, la situation fâcheuse de la république, la disette de bons généraux. […] Je rappelle ce souvenir, non pour faire un reproche à Syracuse, mais pour rapporter ce qui s’est passé autrefois.
234La Muse a donné aux lyres 235de rappeler (de chanter) les Dieux, 236et les enfants des Dieux, 237et l’athlète-en-pugilat vainqueur, 238et le cheval premier (victorieux) 239dans le combat de la course, 240et les soucis des jeunes-gens, 241et les vins libres (qui rendent libre). […] On se rappelle ce vers de Perse : Quum fracta te in trabe pictum Ex humero portes…. […] Nous croyons donc que, par ce mot honoratum, qui rappelle exactement le τετιμημένον d’Homère, le poëte latin fait à l’Iliade une allusion d’autant plus heureuse, peut être, qu’elle rappelle, à l’aide d’un seul mot formant hellénisme, le sujet réel et connu de ce poëme fameux.
Sa langue vive, franche, nette, vigoureuse, hardie, rappelle Rabelais, Régnier, Saint-Simon. […] Chacun rappelle en son souvenir depuis quel temps il lui a parlé, et de quoi le défunt l’a entretenu ; et tout d’un coup il est mort.
Dans les approches de la mort où la raison revient et où la vengeance cesse, l’amour de la patrie759 se réveille ; il croit satisfaire à sa patrie : il croit être rappelé de son exil après sa mort, et, comme ils parlaient alors760, que la terre serait plus bénigne et plus légère à ses os. […] Il rappelle à soi826 toute l’autorité de la table ; et il y a un moindre inconvénient à la lui laisser entière qu’à la lui disputer. […] d’entendre toujours dire qu’il avait raison, et d’être harangué chaque jour à la même heure, il écrivit en cour pour supplier le roi qu’il daignât rappeler ses chambellans, ses musiciens, son maître d’hôtel ; il promit d’être désormais moins vain et plus appliqué ; il se fit moins encenser, eut moins de fêtes, et fut plus heureux ; car, comme dit le Sadder1087, toujours du plaisir n’est pas du plaisir. […] Qu’on se figure un pays sans verdure et sans eau, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte et, pour ainsi dire, écorchée par les vents, laquelle ne présente que des ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés, un désert entièrement découvert, où le voyageur n’a jamais respiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante : solitude absolue, mille fois plus affreuse que celle des forêts ; car les arbres sont encore des êtres pour l’homme qui se voit seul ; plus isolé, plus dénué, plus perdu dans ces lieux vides et sans bornes, il voit partout l’espace comme son tombeau ; la lumière du jour, plus triste que l’ombre de la nuit1152, ne renaît que pour éclairer sa nudité, son impuissance, et pour lui présenter l’horreur de sa situation, en reculant à ses yeux les barrières du vide, en étendant autour de lui l’abîme de l’immensité qui le sépare de la terre habitée : immensité qu’il tenterait en vain de parcourir ; car la faim, la soif et la chaleur brûlante pressent1153 tous les instants qui lui restent entre le désespoir et la mort.
• Rappeler et discuter les moyens d’enrichir la langue proposés par Fénelon dans sa Lettre à l’Académie (15 novembre 1881). […] Entre la scène et les gradins s’étend l’orchestre, parterre demi-circulaire, au centre duquel on voit encore la thymèle, autel de Bacchus, qui rappelle aux yeux que la tragédie est née du dithyrambe. […] Bien différente est la conception des caractères de Narcisse et de Mathan, tracés avec une vigueur de pinceau qui rappelle l’Iago de Shakspeare. […] Mais puisqu’il plaît à Dieu de rappeler son serviteur, je dois me soumettre à ses décrets souverains, et n’avoir plus d’autre pensée que de me préparer avec ferveur à paraître devant lui. […] Rien ne rappelle mieux cette comparaison que ce qui se pusse dans l’âme d’Andromaque.
On a dit la fleur de l’âge, parce que l’éclat et la fraîcheur de la première jeunesse a rappelé les végétaux quand ils fleurissent. […] Ce trait est absurde et choquant ; il rappelle les paroles de ce soldat français qui, voyant un de ses camarades blessé d’un coup de feu à la jambe, le chargea sur ses épaules pour le porter à l’ambulance. […] Soit que l’analogie soit puisée dans l’histoire ou dans la fable, soit qu’elle rappelle des choses récentes ou personnelles, l’allusion n’est pas moins bonne si les idées réveillées dans l’esprit sont connues, ou trouvées sans efforts. […] L’allusion est ingénieuse, et rappelle délicatement les victoires du grand Roi. […] Elle s’annonce par je ne vous dirai point, je pourrais vous dire, je ne vous rappellerai point, et sous le prétexte de ne rien dire, on dit tout.
Exemple rappelé dans la Rhétorique, III, 2, et cité avec un vers de plus dans Athénée, X, p. 452 C.
Voici l’un : « Dans une bourgade de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait, il n’y a pas longtemps, un hidalgo… » ; et voici l’autre : « Blas de Santillane, mon père, après avoir longtemps porté les armes, se retira dans la ville où il avait pris naissance. […] Si l’on songe aux éléments dont parfois il se compose, on ne trouvera pas inopportun en bien des occasions de rappeler aux jurés leur haute mission, de stimuler soit leur sensibilité, car ils sont hommes, soit leur sévérité, car ils sont juges.
Fléchier, après le magnifique exorde cité plus haut, où il s’élève au-dessus de lui-même, continue son discours par l’exposition suivante : « Chrétiens, qu’une triste cérémonie assemble en ce lieu, ne rappelez-vous pas en votre mémoire ce que vous avez vu, ce que vous avez senti il y a cinq mois ? […] « Messieurs, dans un procès de cette nature, la moralité des accusés devant nécessairement influer sur la décision des juges, il conviendrait de rappeler ici les heureuses qualités dont la nature a doué la moitié la plus intéressante de nos clients ; mais si je disais tout ce que valent les chiens, nous aurions trop à rougir6.
Avocat contemporain de Boileau, fameux par son humeur agressive, qui rappelait ceux que Pétrone à nommés vultures togati. […] C’est ici qu’il faut se rappeler ce que dit si justement Rivarol dans son discours sur l’universalité de notre langue : « Tout ce qui n’est pas clair n’est pas français. » 2.
Tout en regrettant que le cynisme de ce Shakespeare jovial justifie trop le mot de la Bruyère, disant : « Où il est mauvais, il passe bien au-delà du pire ; c’est le régal de la canaille », rappelons pourtant qu’« où il est bon, il va jusqu’à l’exquis et l’excellent, qu’il peut être le mets des plus délicats ». […] Son œuvre rappelle cette fontaine magique dont les eaux avaient pour chacun le goût des vins qu’il s’imaginait boire.
Enfermés dans ce petit espace de jours précaires et comptés, quand la vie n’est plus que le dernier combat contre la mort, il nous en rappelle le commencement et nous en cache la fin. […] Se rappeler le portrait de la Jeunesse par Bossuet.
Cochin, avec un air austère et imposant, qui lui donnait quelque ressemblance avec Démosthène ; Le Normant, avec un air noble, intéressant, qui rappelait la dignité de Cicéron.
Mais elles nous rappellent les mœurs de l’ancienne chevalerie ; et c’est ce qui nous les fait lire avec plaisir et avec intérêt.
c’est par le secours de ces mêmes Romains, ô Milon, que tu as pu me rappeler dans Rome ; et ils ne pourront m’aider à t’y retenir ! […] — Pourquoi m’avez-vous rappelé dans ma patrie ?
Nous allons la mettre sous les yeux du lecteur, en nous servant de la belle traduction de Lefranc de Pompignan, dont le nom ne rappelle à bien des gens qu’une des nombreuses victimes immolées aux sarcasmes de Voltaire, mais dont les vers retracent souvent l’harmonie et l’enthousiasme vraiment lyriques de J. […] Mais notre opprobre même assure notre gloire : Des promesses du ciel rappelons la mémoire, etc.
Pour donner l’idée de la suspension, je rappellerai un exemple de cette figure, c’est une singulière période de Brébeuf, souvent citée en pareil cas : elle se trouve dans ses Entretiens solitaires, livre II, chap. 5. […] Rappelez-vous la fameuse phrase de M.
Cela a été vrai de tous les temps ; et il serait bon que l’on se rappelât généralement que cela n’a pas cessé de l’être aujourd’hui.
Il faut nous rappeler de quels ancêtres nous sommes issus, quelle terre nous a engendrés, nous a reçus, nous a nourris, nous a armés. […] Passer en revue leurs malheurs, rappeler nos douleurs et nos dangers personnels, est une chose bien amère ; les déplorer est inutile : y apporter un remède, voilà notre devoir. […] Je dois rappeler leur souvenir, afin d’adoucir par l’énumération des louanges qui leur sont dues, les regrets qu’ils nous inspirent. […] Qu’est-il besoin de vous rappeler des choses qui vous sont bien connues, à savoir, les hauts faits de Cyrus, de Cambyse, démon père Darius ? […] Ils se rappellent avec joie ce qu’ils ont fait autrefois, et s’acquittent sans se plaindre de ce qui leur reste à faire.
et que Joas lui répond : Parmi des loups cruels prêts à me dévorer, il fait allusion à la position dans laquelle il se trouvait lors du massacre des princes de Juda, et rappelle ainsi qu’il était près de mourir sous le poignard d’Athalie. […] C’est la plus variée dans ses formes, et la plus riche : on images et eu beautés ; elle est faite pour plaire à. l’esprit et nous faire connaître les objets avec les qualités qui leur appartiennent et les circonstances qui s’y rattachent ; elle rappelle les événements passés et nous les place sous les yeux comme s’ils s’accomplissaient au moment où nous les lisons ; elle nous fait partager toutes les sensations que les écrivains ou leurs héros ont éprouvées eux-mêmes. […] Les Déserts de l’Arabie Pétrée Qu’on se figure un pays sans verdure et sans eau, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd, sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte, et pour ainsi dire, écorchée par les vents, laquelle ne présente que îles ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés ; un désert entièrement découvert où le voyageur n’a jamais respiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante : solitude absolue, mille fois plus affreuse que relie des forêts ; car les arbres sont encore des êtres pour l’homme qui se voit seul plus isolé, plus dénué, plus perdu dans ces lieux vides et sans bornes : il voit partout l’espace comme son tombeau ; la lumière du jour, plus triste que l’ombre de la nuit, ne renaît que pour éclairer sa nudité, son impuissance, et pour lui présenter l’horreur de la situation, en reculant à ses yeux les barrières du vide, en étendant autours de lui rabane de l’immensité qui le sépare de la terre habitée ; immensité qu’il tenterait en vain de parcourir : car la faim, la soif et la chaleur brûlante pressent tous les instants qui lui restent entre le désespoir et la mort. […] Prosopopée La Prosopopée fait parler tous les êtres, soit animés, soit inanimés, soit réels, soit imaginaires, les morts même qu’elle rappelle de leurs tombeaux pour instruire les vivants.