Leurs enfans propres, Chatz-fourillons, et aultres parens, les avoyent en horreur et abomination. […] Tayme aussi Lucain, et le practique volontiers, non tant pour son style, que pour sa valeur propre et vérité de ses opinions et jugements. […] Nous n’avons plus rien de propre que nous puissions dire : cela est mien. […] Ces âmes ne sont propres qu’à exercer les vertus aisées ; elles ne savent agir que quand elles ne trouvent point de résistance. […] Jamais mon dessein ne s’est étendu plus avant que de tâcher à réformer mes propres pensées, et de bâtir dans un fonds qui est tout à moi.
Entendez-vous que la déclaration de guerre soit tellement propre au corps législatif que le roi n’ait pas l’initiative, ou entendez-vous qu’il ait l’initiative ? […] Il dispose du monde poétique, comme un conquérant du monde réel, et se croit assez fort pour introduire, comme la nature, le génie destructeur dans ses propres ouvrages. […] Enfin, pour mettre l’avenir à l’abri de tout péril, un bill fut proposé, portant que ce parlement ne pourrait être dissous sans son propre aveu. […] En général, un grand écrivain, dans les questions de goût, a pour type involontaire son propre talent. […] L’homme a donc tout à la fois des tendances, qui sont l’expression de sa nature, et des facultés propres à donner satisfaction à ses tendances.
L’aristocratie frivole qui applaudit à ses épigrammes battait des mains à sa propre ruine. […] Le désespoir m’allait saisir : on pense à moi pour une place ; mais, par malheur, j’y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint.
Lamennais 1782-1854 [Notice] M. de Lamennais nous offre dans sa vie comme dans ses œuvres les douloureuses contradictions d’une âme altière, ardente, incapable d’équilibre, et obstinée à se tourmenter elle-même par ses propres orages. […] On a dit encore : « Il faut ménager le vent aux têtes Françaises, et le choisir ; car tous les vents les font tourner. » « Les Français sont les hommes du monde les plus propres à devenir fous, sans perdre la tête.
Il est propre surtout aux sujets purement agréables. […] L’expression propre, créée d’abord pour désigner tel ou tel objet, traduit exactement la pensée sans l’embellir. […] Cette figure consiste à étendre ou à restreindre le sens propre des mots. […] La mesure dépend du nombre et de la longueur des syllabes ; le rythme et la cadence résultent de l’harmonie propre des mots et de leur combinaison dans la période poétique. […] La Pucelle de Chapelain, le Clovis de Desmarets étaient du reste peu propres à le lui faire goûter ; aussi l’a-t-il condamné très sévèrement.
Ce qui fait à Hérodote, historien et observateur, autant d’honneur au moins que les éloges de ses propres concitoyens, c’est la vérification récemment faite sur les lieux, par des savants dignes de foi, de ce qu’il avait écrit sur l’Égypte, et que l’on était convenu de regarder comme fabuleux. […] Le seul nom de cette guerre réveille dans l’esprit du lecteur le souvenir de tous les grands hommes qui y jouèrent un rôle ; et après avoir admiré leurs exploits ou leurs talents politiques, peut-être ne sera-t-on pas fâché de les entendre discuter eux-mêmes ces grands intérêts, ou plaider quelquefois leur propre cause devant un peuple léger, ingrat, qui méconnaissait bientôt, et payait souvent de l’exil ou même de la mort, les services les plus signalés. […] Le citoyen le plus heureux, si sa patrie vient à tomber, tombe nécessairement avec elle ; tant qu’elle se soutient, il trouve dans le bonheur général les moyens de réparer ses propres disgrâces. […] Croyez aussi que si les Athéniens restent tranquilles, leurs talents s’affaibliront insensiblement dans une fatale oisiveté, et que l’inaction, ce poison lent de tout ce qui existe dans la nature, les forcera d’employer leurs propres forces contre eux-mêmes.
En voici des exemples : Modérons nos propres vœux. […] En un mot il sait donner à chaque objet le vrai coloris qui lui est propre, et dire chaque chose sur le ton qui lui convient. […] On voit aisément que dans ce mot fumier, le figuré adoucit ce que le propre a de rude et de rebutant. […] Voici le sens de ce morceau : « Il faut donner à chaque vers, l’air et le caractère qui lui sont propres.
J’entends par style le procédé propre à chaque écrivain pour exprimer ses idées. […] Celui qui ne sait pas écrire n’a pas de style ; celui qui sait écrire en a un qui lui est propre, et n’en a qu’un, que l’on reconnaît partout. […] « Le style est l’homme même signifie, dit-il, que le style manifeste la nature propre de l’intelligence qui le produit.
Son talent sera de les arranger dans l’ordre le plus propre à obtenir l’effet qu’il désire. […] C’est le propre de la gradation descendante. […] Recourez, comme Madame de Sévigné, aux petites circonstances et vous lui donnerez un vif éclat, une physionomie propre qui le distinguera de la mort de tel ou tel personnage.
Il a donné si longtemps des preuves de l’une, et si heureusement réalisé ce qu’il va dire de l’autre, que l’on croirait lire sa propre histoire tracée par la main impartiale de l’équité. […] Si la religion avait besoin de suffrages pour relever sa gloire et pour assurer son triomphe, on conviendra que celui d’un homme tel que d’Aguesseau serait bien propre à confondre la présomption aveugle qui l’attaque, et à faire rougir les vices honteux qui la déshonorent.
La nuit s’était déjà passée presque entière assez tranquillement, et je commençais à me rassurer, quand sur l’heure où il me semblait que le jour ne pouvait être loin, j’entendis au-dessous de moi notre hôte et sa femme parler et se disputer ; et, prêtant l’oreille par la cheminée qui communiquait avec celle d’en bas, je distinguai ces propres mots du mari : « Eh bien ! […] On apporte à manger : on sert un déjeuner fort propre, fort bon, je vous assure.
Jamais mon dessein ne s’est étendu plus avant que de tâcher à réformer mes propres pensées, et de bâtir dans un fonds qui est tout à moi. […] Pour les grands qui se prévalent de ce qu’ils sont, il les respecte de loin, et les abandonne à leur propre grandeur. […] N’est-ce pas aller contre ses propres lumières et contredire sa raison ? […] Il lui fallait parler à une société polie son propre langage, et lui plaire par le discernement des convenances. […] Après cette comédie jouée à ses propres dépens, vous croyez bien qu’au moins il ne fera plus le démoniaque.
S’il ne peut convenir qu’à un seul objet, comme Annibal (nom d’un homme), Paris (nom d’une ville), la Seine (nom d’une rivière), il est propre. […] Foudre, dans le sens propre, est, suivant l’académie, masculin et féminin, quoique le dernier soit plus usité : = être frappé du foudre ou de la foudre. […] Relâche, en termes de marine, signifiant un lieu propre à y relâcher pour se mettre à l’abri, est féminin : = menacés de la tempête, nous trouvâmes dans cette rade une bonne relâche. […] J’y joindrai les terminaisons propres aux temps simples : elles sont les mêmes dans tous les verbes. […] On a vu que le verbe avoir est employé dans ses propres temps composés ; j’ai eu, j’avais eu ; dans ceux du verbe être ; j’eus été, j’aurais été, et dans ceux de tous les verbes actifs.
Comme le sentiment de nos propres forces influe toujours sur nos opinions, le critique sans chaleur et sans imagination sentira faiblement des qualités qui lui sont trop étrangères. […] Que de noms propres on pourrait mettre sous cette phrase !
Le soldat anglais, bien nourri, bien dressé, tirant avec une remarquable justesse, cheminant lentement parce qu’il est peu formé à la marche, et manque d’ardeur propre, est solide, presque invincible dans certaines positions où la nature des lieux seconde son caractère résistant ; mais il devient faible si on le force à marcher, à attaquer, à vaincre de ces difficultés qu’on ne surmonte qu’avec de la vivacité, de l’audace et de l’enthousiasme. […] Je me suis donc avec confiance livré aux travaux historiques dès ma jeunesse, certain que je faisais ce que mon siècle était particulièrement propre à faire.
Elle n’en doit pas moins garder quelque chose de son caractère propre. […] Quel est le caractère propre de la poésie lyrique ? […] Celui-ci songe aux intérêts de la Grèce et à sa propre grandeur, Clytemnestre se souvient seulement qu’elle est mère. […] Celle-ci ne revêt pas la forme élégante des maximes de La Fontaine ; elle est énoncée dans la forme sèche et concise propre aux proverbes populaires. […] Ses personnages ont toujours le caractère qui leur est propre, caractère qu’un grand génie pouvait seul deviner.
Oui, César doit veiller à sa propre conservation, parce qu’il est indispensable qu’il existe pour réparer les maux que la guerre civile a faits à la patrie. […] Non, cet excès de fureur n’est pas concevable ; et jamais un soldat ne préférera sa propre vie à celle du chef à qui il doit tous ses avantages. […] Et si je vous diszis que ce n’est pas assez pour cette gloire même, que, de votre propre aveu, et malgré tous vos principes de philosophe, vous préférez à tout ?
Mêlant la lumière aux ténèbres, égaré par ses utopies, couvrant à son insu de l’intérêt général des théories qui flattaient ses propres ressentiments, il entoure d’un appareil logique des sophismes et des paradoxes ; il prête un faux jour d’évidence à des thèses que lui inspire le goût de la contradiction ou de la singularité : il eut une conscience d’apparat qui, sous prétexte de poursuivre la perfection, se dispensa des devoirs indispensables. […] La source du bonheur n’est tout entière ni dans l’objet désiré ni dans le cœur qui le possède, mais dans le rapport de l’un et de l’autre ; et comme tous les objets de nos désirs ne sont pas propres à produire la félicité, tous les états du cœur ne sont pas propres à la sentir. Si l’âme la plus pure ne suffit pas seule à son propre bonheur, il est plus sûr encore que toutes les délices de la terre ne sauraient faire celui d’un cœur dépravé. […] Il n’y a pas d’écrivain plus propre à rendre le pauvre superbe.
C’est ainsi que peignent et s’expriment les prophètes, et ceux que pénètre et inspire leur esprit, il n’y a là rien de fantastique, rien d’idéal : ce n’est point ici une création humaine divinisée ; c’est la divinité peinte de ses propres traits. […] Ainsi chaque contrée aura des métaphores, des comparaisons particulières, un style figuré qui lui sera propre ; et qui, toujours emprunté des scènes de la nature, nous offrira une espèce de topographie poétique, qui n’est ni sans charme, ni sans intérêt.
Les leçons qu’il reçut de lui, en développant les rares dispositions qu’il devait à la nature, le firent paraître de bonne heure propre aux fonctions les plus importantes. […] Instructions sur les études propres à former un magistrat : 1re instruction, 1716.
L’article accompagne encore les adjectifs placés avant ou après un nom propre. = Henri le Grand ; le grand Henri ; Louis le grand ; le grand Louis. Mais il est bon d’observer, après Duclos, que, dans ces cas, l’adjectif mis avec l’article avant le nom propre, ne sert qu’à qualifier cette personne dont on parle : placé après, il sert à la distinguer de celles qui portent le même nom. […] Mais au seul récit de ces nouveaux attentats, nous avons tous frémi, frissonné d’horreur ; et nos femmes auraient même tremblé pour leur propre vie, si nous avions tardé à voler à leur secours. […] La preuve complète de ce que je viens d’avancer, se trouve dans la propre signification des deux verbes laisser et faire, joints à un infinitif. […] On entend par gallicisme, une construction propre et particulière à la langue française.
Voyez de quel secours les Pères et l’Ecriture ont été, par exemple, à Bossuet, le plus original assurément de tous les orateurs de la chaire et le plus riche de son propre fond ! […] Comme il les fond dans ses propres conceptions, si bien qu’on ne saurait plus les en détacher, et que le bien des autres semble lui appartenir à aussi bon droit qu’à ceux même qu’il a dépouillés ! […] C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef dont ils ne savent pas les intentions ; c’est une multitude d’âmes pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la confiance. » Vous pressentez la conclusion, et vous voyez comment la définition de l’idée armée sert de développement à cette proposition : le commandement est chose difficile.
Cette convenance, loi suprême de toute composition, exige que chacun des genres extrêmes, en quelque sorte, et des intermédiaires qui les séparent, ajoute à ces vertus nommées essentielles, parce qu’elles conviennent à tous, un caractère propre et des qualités spéciales. […] Ou ces objets ne leur viennent pas dans l’esprit, ou, si quelque circonstance leur en présente l’idée et les oblige à l’exprimer ; le mot propre qui les désigne est censé leur être inconnu, et c’est par un mot de leur langue habituelle qu’ils y suppléent. » Il n’y a plus de noblesse en France, politiquement parlant ; mais aucun décret, que je sache, n’a banni la noblesse de l’art et de la science. Pour ceux qui ont obtenu ou veulent obtenir cet anoblissement littéraire, il est, comme jadis pour les nobles de race, des idées basses et vulgaires qui ne doivent pas leur venir à l’esprit, et si le sujet les amène forcément, l’expression propre est censée aussi leur être inconnue.