Il n’appartient donc qu’aux génies inventeurs et toujours pensants d’ajouter à ce trésor public, et d’augmenter les anciennes richesses de la raison : tous les autres philosophes, peuple stérile et contentieux, ne feront jamais que secouer, pour ainsi dire, et tourmenter les vérités que les grands génies vont chercher au fond des abîmes : ils ont un art qui les fait parler éternellement, quand d’autres ont pensé pour eux, et qui les rend tout d’un coup muets, quand il s’agit de trouver une seule idée nouvelle. […] C’est ainsi que les opinions bizarres des peuples, les dogmes souvent absurdes de l’école, l’esprit des corps avec tous ses préjugés, le génie des sectes avec toutes ses extravagances, se perpétuent d’âge en âge, et ne meurent presque jamais avec les hommes, parce que toutes ces idées, en sortant de l’âme des vieillards et des maîtres, entrent aussitôt dans celle des enfants et des disciples, qui les transmetteront de même à leurs crédules successeurs ». […] La philosophie ne saurait vous mener plus loin sans vous égarer : vous entrez dans les abîmes de l’infini ; elle doit ici se voiler les yeux comme le peuple adorer sans voir, et remettre l’homme avec confiance entre les mains de la foi.
C’est l’éloquence des hommes d’État, appelés à gouverner ou à diriger les peuples. […] Devant un peuple assemblé, l’éloquence prend un autre ton, un autre caractère ; elle s’adresse moins à la logique qu’à la passion ; elle emprunte plus de puissance à la voix, au geste, au regard, aux images, qu’à l’enchaînement des mots et des idées ; elle sait que son triomphe tient à l’ébranlement momentané des cœurs. […] On le trouve en usage chez les Égyptiens, en Grèce, à Rome, chez presque tous les peuples.
Jamais la France n’avait été plus florissante, ni le peuple plus heureux, parce que Saint Louis se faisait une religion de contribuer à la félicité de ses sujets, etc. […] Ces cérémonies étaient solennelles, et attiraient un grand concours de peuples : c’est là l’origine du mot Panégyrique, qui signifie en grec toute Assemblée. […] Le peuple romain comprit combien il serait utile à la république de louer les grands hommes après leur mort, et ordonna aussitôt que cet usage serait perpétuellement observé. […] Ce grand orateur était contemporain de Démosthène, qui le voyant un jour arriver dans l’assemblée du peuple, s’écria : Voici la hache de mes discours. […] Il leur est aussi essentiel de savoir l’histoire des guerres de leur pays, et même de celles des autres peuples.
., et par conséquent chez les peuples Orientaux, plus de douze cents ans avant l’ère chrétienne. […] Illustres fous, peuple charmant, Que la gloire à son char entraîne, Il est beau d’affronter gaîment Le trépas et le prince Eugène249, etc. […] La fin de cette ode est une prédiction du châtiment des habitants de cette ville corrompue, et de celui des Iduméens, peuples descendus d’Esaü. […] Égorgez ces peuples épars ; Consommez, criaient-ils, les vengeances divines : Brûlez, abattez ces remparts, Et de leurs fondements dispersez les ruines. […] Rien ne peut retarder son essor courageux : Ni d’un peuple en fureur l’audace téméraire, Ni l’aspect menaçant d’un tyran sanguinaire, Ni des vents et des flots les combats orageux.
Ils règnent tous ensemble, non sur des trônes que les mains des hommes peuvent renverser, mais en eux-mêmes avec une puissance immuable ; car ils n’ont plus besoin d’être redoutables par une puissance empruntée d’un peuple vil et misérable ; ils ne portent plus ces vains diadèmes, dont l’éclat cache tant de craintes et de noirs soucis. […] Le voici : « Un Prince qui craint Dieu, et qui gouverne sagement ses peuples, n’a plus rien à craindre des hommes. […] Il réconciliera les peuples et les Rois, loin de les diviser pour les affaiblir, et pour élever sa puissance sur leurs divisions et sur leur faiblesse. […] Toute sa puissance l’aurait rendu à peine maître de ses peuples ; par la vertu il deviendra l’arbitre même des Souverains. » Comparaison. […] Berruyer, dans son Histoire du peuple de Dieu, peint l’embrasement de ces anciennes villes, dont les habitants livrés à d’infâmes débauches, attirèrent sur eux un des plus terribles fléaux de la vengeance céleste.
Et si ce n’est assez de toute l’Italie, Que l’Orient contr’elle à l’Occident s’allie : Que cent peuples unis des bouts de l’univers, Passent pour la détruire et les monts et les mers ! […] Superbes monuments de l’orgueil des humains, Pyramides, tombeaux, dont la vaine structure A témoigné que l’art, par l’adresse des mains Et l’assidu travail, peut vaincre la nature : Vieux palais ruinés, chef-d’œuvre des Romains, Et les derniers efforts de leur architecture, Colisée où souvent les peuples inhumains De s’entr’assassiner se donnaient tablature : Par l’injure des temps vous êtes abolis, Ou du moins la plupart vous êtes démolis : Il n’est point de ciment que le temps ne dissoude. […] Le vaste azur des cieux sous sa main se déploie : Il peuple leurs déserts d’astres étincelants. […] Toutes les îles sont comme un petit grain de poussière… Tous les peuples du monde sont devant lui comme s’ils n’étaient pas ; et il les regarde comme un vide et comme un néant. » Voici l’heureuse imitation que Racine a faite de ce passage, dans sa Tragédie d’Esther. […] Dieu cite devant lui tous les peuples divers ; Et pour en séparer les Saints, son héritage, De sa religion vient consommer l’ouvrage.
Et plus loin : « Le pillage n’enrichit qu’un petit nombre d’hommes : il nous déshonore, il détruit nos ressources, il nous rend ennemis des peuples qu’il est de notre intérêt d’avoir pour amis, etc. » C’est à ce même héros qu’on attribue un mot sublime sur les Pyramides : Du haut de ces Pyramides, quarante siècles nous contemplent. […] Tous les droits du peuple ont été indignement violés ; et c’est à les rétablir sur une base immuable qu’il faut de suite travailler, pour consolider enfin dans la France la liberté et la république ».
C’est par là, en effet, qu’elle montre les fautes suivies de leurs inévitables châtiments, les desseins longuement préparés et sagement accomplis, couronnés de succès infaillibles ; c’est par là qu’elle élève l’âme au récit des choses mémorables, qu’elle fait servir les grands hommes à en former d’autres, qu’elle communique aux générations vivantes l’expérience acquise aux dépens des générations éteintes, qu’elle expose dans ce qui arrive la part de la fortune et celle de l’homme, c’est-à-dire l’action des lois générales et les limites des volontés particulières ; en un mot, monsieur, c’est par là que, devenue, comme vous le désirez, une science avec une méthode exacte et un but moral, elle peut avoir la haute ambition d’expliquer la conduite des peuples et d’éclairer la marche du genre humain 1. […] N’oublions pas que le jour où les peuples s’enferment avec imprévoyance dans le cercle étroit de leurs intérêts, et où ils aiment mieux soigner leur prospérité matérielle que leur intelligence, ils commencent à déchoir.
Barbier recherche quels sont les plus coupables, des écrivains irréligieux et corrupteurs, ou des hommes du peuple que la misère pousse à la révolte : Ces hommes de ruine et de destruction Ne souffrent pas le vent de la corruption. […] Les uns vont calculant, du fond du cabinet, D’un spectacle hideux le produit brut et net ; D’autres aux ris du peuple, aux brocards de l’école Promènent sans pitié l’encensoir et l’étole ! […] Vous verrez mainte république, Maint royaume, maint peuple, et vous profiterez Des différentes mœurs que vous remarquerez : Ulysse en fit autant. […] Nous voyons dans les Livres Saints qu’il fut en honneur chez les Hébreux, et, par conséquent, chez les peuples orientaux, plus de douze cents ans avant notre ère. […] Plus tard, Ménénius Agrippa se servit de la fable des Membres et de l’Estomac pour apaiser le peuple romain qui s’était mutiné et retiré sur le mont Sacré ; et, dans le même temps, le prophète Nathan employa l’admirable parabole du Riche et du Pauvre pour convaincre David de son crime et le forcer à prononcer lui-même sa propre condamnation.
Cette variété fait le charme des paysages, et en même temps elle satisfait aux divers besoins des peuples. […] D’ailleurs, c’est par un effet de la providence divine que nulle terre ne porte tout ce qui sert à la vie humaine ; car le besoin invite les hommes au commerce pour se donner mutuellement ce qui leur manque, et ce besoin est le lien naturel de la société entre les nations : autrement tous les peuples du monde seraient réduits à une seule sorte d’habits et d’aliments ; rien ne les inviterait à se connaître et à s’entrevoir. […] J’avoue que j’ai dérobé quelque chose à la simple nature3, pour m’accommoder au goût d’un peuple magnifique et délicat sur toutes les choses qui ont rapport à la politesse.
Et fesoit estendre tapis pour nous seoir entour li ; et touz li peuples qui avoit afaire par devant li estoit entour li en estant. […] Le badaud173 peuple de Paris accourut au débat de toutes parts. […] Mais quelle horrible cruauté ces peuples n’exercèrent-ils pas sur ceux qui se rendirent ! […] Il y revint le lendemain, ou plutôt il y fut porté sur la tête des peuples avec des acclamations incroyables. […] C’est un sentiment naturel à tous les peuples.
Peut-être que, familiarisés davantage avec le style de ceux de tous les hommes qui ont parlé de la religion et de la morale de la manière la plus digne d’elles, ils concevront mieux qu’un grand prédicateur, qu’un véritable apôtre de l’Évangile, peut devenir un homme utile à la société ; et que celui qui, du haut de la tribune sacrée, annonce au peuple les paroles de la sagesse, contribue plus efficacement qu’ils ne le pensent à la félicité commune. […] Que l’on se transporte maintenant dans un temple, au pied des autels, sous les yeux de Dieu même, et en présence de tout un peuple ; que l’on se figure une lice ouverte où l’éloquence et le zèle divin, aux prises avec les passions, les vices, les faiblesses, les erreurs de l’humanité, les provoquent les unes après les autres, quelquefois toutes ensemble, les attaquent, les combattent, les terrassent avec les armes de la foi, du sentiment et de la raison.
Marmontel s’est amusé à le prouver, en rassemblant à dessein, et sans s’écarter cependant du langage de la nature, toutes les figures possibles de diction et de pensées dans le discours d’un homme du peuple, en querelle avec sa femme. […] Et dans ces vers si touchants de Joad au jeune Joas : Entre le peuple et vous vous prendrez Dieu pour juge, Vous rappelant un jour que, caché sous ce lin, Comme eux vous fûtes pauvre et comme eux orphelin. […] Le lion, l’aigle, les léopards, sont là pour les peuples même qu’ils désignent, c’est-à-dire, la Flandre, l’Allemagne, l’Angleterre. […] Cette figure et la métonymie, qui, comme on a pu l’observer, est elle-même une métaphore, sont celles dont l’usage est le plus fréquent dans le discours, parce qu’elles sont naturellement à la portée du peuple, comme du poète et de l’orateur le plus habile. […] Et puisqu’il s’agit ici d’allégories, il serait difficile sans doute d’en citer une plus touchante, mieux amenée et mieux soutenue que celle du psaume 80, où le peuple d’Israël est représenté sous la figure d’une vigne ; et la figure soudent jusqu’à la fin sa beauté et sa correction : pas un trait essentiel d’omis, pas une circonstance capable d’intéresser, qui ne soit mise dans tout son jour.
Chaque peuple donne à son style l’empreinte de son caractère et de son génie. […] Je ne vois pas le peuple à mon nom s’alarmer : Le ciel dans tous leurs pleurs ne m’entend point nommer. […] Ici leurs s’accorde avec l’idée de pluralité contenue dans le mot peuple. […] L’esclavage, pour le peuple esclave. […] Les langues varient sans cesse, avec l’esprit et le caractère des peuples ; de nouvelles idées, des besoins nouveaux amènent nécessairement des expressions nouvelles qui y correspondent ; certains mots vieillissent et tombent en désuétude, on les oublie ; d’autres prennent faveur : ainsi, dit Horace, les feuilles des forêts se renouvellent chaque année.
« On a quelque peine à voir, je l’avoue encore, ceux qui labourent dans la disette, ceux qui ne produisent rien dans le luxe ; de grands propriétaires qui s’approprient jusqu’à l’oiseau qui vole et au poisson qui nage : des vassaux tremblants qui n’osent délivrer leurs maisons du sanglier qui les dévore ; des fanatiques qui voudraient brûler tous ceux qui ne prient pas Dieu comme eux ; des violences dans le pouvoir, qui enfantent d’autres violences dans le peuple ; le droit du plus fort faisant la loi, non-seulement de peuple à peuple, mais encore de citoyen à citoyen. » 2. […] Rapprochez cette page de Massillon (Panégyrique de Saint Louis) : « A la tête des armées, ce n’était plus ce roi pacifique, accessible à ses sujets, assis sous le bois de Vincennes avec une affabilité que la simplicité du lieu rendait encore plus respectable ; réglant les intérêts des familles, réconciliant les pères avec les enfants, démêlant les passions de l’équité, assurant les droits de la veuve et de l’orphelin, paraissant plutôt un père au milieu de sa famille qu’un roi à la tête de ses sujets, entrant dans des détails dont des subalternes se seraient crus déshonorés, et ne trouvant indigne d’un prince et indécent à la majesté des rois que d’ignorer les besoins de leurs peuples. […] Notre nation n’a de goût que par accident ; il faut s’attendre qu’un peuple qui ne connut pas d’abord le mérite du Misanthrope et d’Athalie, et qui applaudit à tant de monstrueuses farces, sera toujours un peuple ignorant et faible, qui a besoin d’être conduit par le petit nombre des hommes éclairés. » 1.
La forme de l’ode a varié suivant le goût des différents peuples. […] Le premier, Cantemus Domino, est l’expression la plus sublime de la reconnaissance et de l’admiration des Hébreux, après le passage de la mer Rouge ; l’autre, Audite, cœli quæ loquor, fut prononcé par Moïse, quelque temps avant sa mort, pour graver profondément dans la mémoire du peuple le souvenir des bienfaits dont Dieu l’avait comblé. […] La chanson n’a-t-elle pas une grande influence sur les peuples et en particulier sur les Français ? La chanson, et surtout la chanson patriotique, a toujours exercé une grande influence sur les peuples ; plus d’une victoire même a dû être attribuée à des chansons guerrières. […] De tous les peuples de l’Europe, le Français est celui dont le naturel est le plus porté à ce genre léger de poésie.
Montrez-lui comme il faut régir une province, Faire trembler partout les peuples sous la loi, Remplir les bons d’amour, et les méchants d’effroi ; Joignez à ces vertus celles d’un capitaine : Montrez-lui comme il faut s’endurcir à la peine, Dans le métier de Mars se rendre sans égal, Passer les jours entiers et les nuits à cheval, Reposer tout armé, forcer une muraille, Et ne devoir qu’à soi le gain d’une bataille ; Instruisez-le d’exemple, et rendez-le parfait, Expliquant à ses yeux vos leçons par l’effet1. […] Daignez considérer le sang dont vous sortez1, Vos grandes actions, vos rares qualités ; Chéri de tout le peuple, estimé chez le prince, Gendre du gouverneur de toute la province, Je ne vous compte à rien le nom de mon époux2 : C’est un bonheur pour moi qui n’est pas grand pour vous ; Mais après vos exploits, après votre naissance, Après votre pouvoir, voyez notre espérance3, Et n’abandonnez pas à la main d’un bourreau Ce qu’à nos justes vœux promet un sort si beau. […] Je dois ma vie au peuple, au prince, à sa couronne ; Mais, je la dois bien plus au Dieu qui me la donne : Si mourir pour son prince est un illustre sort, Quand on meurt pour son Dieu, quelle sera la mort2 ? […] Je satisfais ensemble et peuple et courtisans, Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans ; Par leur seule beauté ma plume est estimée ; Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée, Et pense toutefois n’avoir point de rival A qui je fasse tort en le traitant d’égal. […] Le peuple devant lui se lève après sa mort !
Suscitées par l’élan de la foi, recrutées par le malaise des peuples que rançonnait la féodalité, terminées par des mécomptes, elles avaient laissé le champ libre au tiers-état et à la royauté, qui se fortifièrent simultanément. […] Mais éclatèrent ensuite des guerres séculaires et des discordes civiles qui devaient retarder pour nous la résurrection accomplie déjà depuis longtemps au delà des Alpes, chez un peuple heureusement doué pour les arts, et qui semblait le dépositaire naturel des trésors oubliés. […] Autant vaudrait prétendre que les Grecs avaient été jadis pour le rude Latium des maîtres funestes, et que la prise de Corinthe fut un malheur pour Rome, comme celle de Constantinople un fléau pour les peuples qui héritèrent de ses nobles dépouilles. […] Politique peu loyal, il éblouira les imaginations par les dehors qui séduisent ; et ce luxe qui alimente les arts épuisera son peuple.
Au treizième chant il revoit Ithaque, mais on conçoit que le poëme n’est pas fini, tant que tous les prétendants n’ont point payé de leur tête leur insolente usurpation, tant qu Eumée n’a pas reconnu son maître, Télémaque son père, Pénélope son époux, Laërte son fils, le peuple entier son roi. […] Courbé, comme je le suis, par la main de la douleur, je suis peu capable d’assister mon pays dans cette périlleuse conjoncture ; mais, milords, tant que je garderai le sentiment et la mémoire, je ne consentirai jamais à priver la royale postérité de la maison de Brunswick et les descendants de la princesse Sophie de leur plus bel héritage. » N’est-ce pas dans l’intervention personnelle de l’orateur que consiste en grande partie le triomphe de Bossuet, dans la péroraison de l’Oraison funèbre de Condé, « lorsqu’après avoir mis Coudé au cercueil, comme parle Chateaubriand, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsqu’en s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe, et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité ? […] On cite celle du discours d’Adrien au peuple de Constantinople et de l’éloge de saint Basile, par Grégoire de Nazianze, celles de la plupart des oraisons funèbres de Bossuet et des sermons de Massillon, celle du discours du père de Neuville sur le péché mortel, la péroraison si touchante de Vincent de Paul, tirée de la personne du client, lorsque, montrant aux dames pieuses qui composaient son auditoire les pauvres petits orphelins dont il s’était fait le père, près d’expirer devant elles, si elles ne leur venaient en aide, il s’écriait : « Or sus, mesdames, la compassion et la charité vous ont fait adopter ces petites créatures pour vos enfants.
Nous en citerons, pour preuve, quelques fragments du discours prophétique, où, vingt ans avant la révolution, l’orateur-magistrat la dénonçait au roi, à la France, à l’Europe entière ; en exposait le but, le plan, les moyens, les auteurs, de manière à ne pas laisser l’ombre d’un doute sur l’existence de cette effrayante conspiration contre le bonheur et la moralité de tous les peuples. […] Et le gouvernement doit trembler de tolérer dans son sein une secte ardente, qui semble ne chercher qu’à soulever les peuples, sous prétexte de les éclairer ».
Exemple : Il est contraire aux intérêts d'un peuple de porter la guerre dans les pays qui l'avoisinent : les Thébains se sont mal trouvés d'avoir porté la guerre dans la Phocide ; donc les Athéniens ne doivent pas déclarer la guerre aux Thébains. […] Ce caractère n'est pas toujours celui du peuple ; l'héroïque population de Paris a donné dans les trois journées (juillet 1830) l'exemple d'une grande modération. […] Que cent peuples, unis des bouts de l'univers, Passent, pour la détruire, et les monts et les mers ! […] Selon cette poétique, toute idée est puisée dans la nature, dans la croyance religieuse des peuples et dans leurs mœurs. […] C'est surtout le besoin de mettre leurs compositions sous les yeux du peuple qui porte les nouveaux écrivains à suivre ces préceptes.
Voici deux exemples très beaux de cette figure : Sitôt que de ce jour La trompette sacrée annonçait le retour, Du temple, orné partout de festons magnifiques, Le peuple saint en foule inondait les portiques. […] Je ne vois point le peuple à mon nom s’alarmer ; Le ciel dans tous leurs pleurs ne m’entend point nommer. […] 3° Le contenant pour le contenu : Siluit terra in conspectu ejus . — L’Europe, pour les peuples de l’Europe. — Un nid, pour les petits oiseaux qu’il renferme. — La coupe, pour le vin. […] Telles sont ces phrases de Bossuet : L’orgueil de Démétrius souleva le peuple. […] Rois, soyez attentifs ; peuples, ouvrez l’oreille : Que l’univers se taise et m’écoute parler !
La narration possédera les couleurs de la vraisemblance, dit Cicéron, si elle s’accorde avec le caractère, l’intérêt, la condition, les mœurs des personnages, avec les circonstances des temps et des lieux, avec les opinions, les lois, la religion et les usages des différents peuples. […] Le peuple, saisi de pitié, tombe lui-même à genoux, et répète avec les soldats : Sacrifiez ! […] C’est ainsi que le style historique, toujours coupé et dégagé des longues phrases et de ces périodes qui tiennent l’esprit en suspens, sera rapide, énergique, plein de chaleur, quand il s’agira de raconter de grandes scènes de l’humanité, comme une sanglante bataille, les ravages de la guerre, de la peste, etc. ; gracieux, brillant et fleuri, pour retracer les fruits heureux de la paix et le bonheur des peuples ; vif, pressé et empreint d’une teinte d’indignation, quand il faudra peindre un personnage odieux et méprisable, un prince qui aura été la honte du trône et le fléau de son peuple. […] C’est ainsi que le style des habitants du Nord est empreint d’une autre teinte que le style des peuples du Midi, que la diction d’Ossian est différente de celle d’Homère. […] Il faut dire simplement les choses telles qu’elles se présentent à l’esprit ; mais il ne faut jamais se servir de mots impropres, de locutions triviales, de proverbes relégués parmi le peuple, de jeux de mots forcés, de tours proscrits depuis longtemps, d’expressions dont on ne connaît pas bien la valeur.