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43. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

Il passe une nuit affreuse au milieu des songes les plus effrayants. […] Nous allons maintenant passer en revue les différentes espèces de lettres que l’on est appelé à écrire dans ses relations de société. […] « Il est dangereux de passer le but. […] puisqu’il faut passer sa vie à pleurer ceux qui sont chers, à pleurer les uns morts, les autres peu dignes de vivre, que je la trouve peu regrettable à tous égards ! […] Vous n’avez eu aucun égard pour ma vieillesse : passe encore si Votre Majesté était une coquette française ; mais comment une impératrice victorieuse et législatrice peut-elle être si volage ?

44. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Je n’ai fait que passer : il n’était déjà plus. […] L’Impie était le Dieu de la terre ; le Poète ne fait que passer ; et ce Dieu est disparu, anéanti : il n’est plus. […] Le vrai sublime peut donc se passer du secours de l’expression. Il s’en passe en effet assez souvent, quoiqu’on doive convenir que l’éclat en est rehaussé par le sublime des paroles. […] Passons aux exemples que nous fournissent les Auteurs profanes.

45. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre II. Des qualités essentielles du poète » pp. 16-21

Un tombeau est poétique, parce que tous les mystères de notre destinée s’y rattachent, et qu’il est un monument placé sur la limite des deux mondes, nous parlant à la fois du passé et de l’avenir, du visible et de l’invisible. […] Une nature déserte, muette, où l’homme n’a jamais passé, pourra inspirer le poète en lui parlant de la puissance du Créateur et de l’immensité de l’univers ; mais, à coup sûr, les pays illustrés par les grands événements antiques, qui ont vu passer le flot des générations humaines, prêteront davantage à la poésie. […] Si la nature, si les monuments du passé, tels que les tombeaux, les ruines, sont des sujets très propres à faire naître l’inspiration, que sera-ce quand le poète prendra pour sujet de ses chants Dieu lui-même, ses perfections, sa grandeur, sa majesté, ses bienfaits ?

46. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Telle fut l’ambition de la Pléiade, lorsque, alliant au mépris de notre passé une confiance illimitée dans l’avenir, elle brisa la chaîne de nos traditions nationales, et vint troubler par sa turbulence la belle économie des principes auxquels obéissait le développement spontané de l’esprit français. […] C’est, respondit-il, de Paris. — Tu viens donc de Paris, dist-il, et à quoy passez-vous le temps, vous aultres, messieurs estudians ?  […] Renfermons-nous dans le xvie  siècle ; et, sans passer en revue le vocabulaire latin des érudits ou des lettrés, énumérons les principales formes latines que nous offrent les écrivains de ce temps. […] Car tout ne fut pas également indispensable dans le travail d’épuration auquel se livrèrent les écoles, les salons ou les Académies qui passèrent au crible les éléments du discours. […] Nous ne conseillerons pas davantage de remettre en vigueur l’usage qui donnait un sens réfléchi à toute une famille de verbes dépourvus de la forme pronominale : affaiblir, escrimer, ourvoyer, faire voir, mesler, montrer, passer, repaistre, reposer, renouveler, ruer, terminer, pour s’affaiblir, s’escrimer, se fourvoyer, se faire voir, se mêler, se montrer, se passer, se repaître, se reposer, se renouveler, se ruer, se terminer

47. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-8

Balzac 1596-1655 [Notice] Né à Angoulême, Jean-Louis Guez de Balzac, membre de l’Académie française, passa presque toute sa vie sur les bords de la Charente, au fond de son château, dans un isolement superbe, qui, loin de nuire à sa renommée, donnait à ses écrits l’autorité d’oracles impatiemment attendus. […] Quand vous aurez vu le Tibre, au bord duquel les Romains ont fait l’apprentissage de leurs victoires, et commencé ce long dessein qu’ils n’achevèrent qu’aux extrémités de la terre ; quand vous serez monté au Capitole, où ils croient que Dieu était aussi présent que dans le ciel, et qu’il avait enfermé le destin de la monarchie universelle ; après que vous aurez passé au travers de ce grand espace qui était dédié aux plaisirs du peuple2, et où le sang des martyrs a été souvent mêlé avec celui des criminels et des bêtes, je ne doute point qu’après avoir encore regardé beaucoup d’autres choses, vous ne vous lassiez à la fin du repos et de la tranquillité de Rome, qui sont deux choses beaucoup plus propres à la nuit et aux cimetières qu’à la cour et à la lumière du monde3. […] Le soleil n’agit pas de toute sa force, comme il fit dès le mois d’avril de l’année passée, quand il brûla les herbes naissantes. […] Oui, disons hardiment à la gloire de notre Jésus-Christ et à la honte de leur Dioclétien : « Les tyrans passent, mais la vérité demeure. » (Socrate chrétien, Disc.  […] Il s’adresse à un homme d’État qui a plus souci du présent que du passé.

48. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Il prêchera Jésus dans Athènes, et le plus savant de ses sénateurs passera de l’aréopage en l’école de ce barbare. […] Dans la plupart des hommes, les changements se font peu à peu, et la mort les prépare ordinairement à son dernier coup ; Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l’herbe des champs ; le matin elle fleurissait, avec quelles grâces ! […] Ainsi comme nous en voyons passer d’autres devant nous, d’autres nous verront passer, qui doivent à leurs successeurs le même spectacle. […] dit-il à l’Égypte ; et le trône majestueux des Pharaons, et ce sacerdoce imposant, et ce peuple grave et sérieux passe et disparait bientôt ; — Marche, marche ! […] L’accident, c’est à-dire ce qui passe.

49. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Silvestre de Sacy Né en 1804 » pp. 271-274

Tous les moments qu’ils avaient de libres, ils les passaient dans leur chère bibliothèque, dans ce petit sanctuaire où l’on n’était pas admis sans difficulté, et où je suis entré une seule fois, il y a déjà bien des années, Dieu sait avec quel respect ! […] Quelles charmantes matinées que celles qu’on passerait, par un beau soleil, dans une allée bien sombre, au milieu de ce bruit des champs, immense, confus, et pourtant si harmonieux et si doux, à relire tantôt une tragédie de Racine, tantôt l’histoire des origines du monde, racontées par Bossuet avec une grâce si majestueuse ! […] rien n’est stable en ce monde, et c’est notre faute si nous n’avons pas appris de nos livres eux-mêmes à mettre au-dessus de tous les biens qui passent, et que le temps va nous emporter, le bien qui ne passe pas, l’immortelle beauté, la source infinie de toute science et de toute sagesse1 !

50. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Pouvait-elle, en France, se faire dans la poésie, qui seule nous occupe ici, avec les formes du passé ? […] Ronsard, et avec lui l’école à laquelle il donna son nom, répudia hardiment et brusquement le passé national, et ne demanda qu’à l’antiquité, et à l’Italie, qui avait été notre première initiatrice aux littératures antiques, les formes de sa poésie. […] Clément Marot fut un adepte de l’une et un précurseur de l’autre, en restant avant tout le représentant de ce qu’il y avait de meilleur dans la tradition littéraire du passé. […] Sa renommée de surprise a été un feu de paille ; les fleurs hâtives de sa poésie se sont desséchées, et avec elles sa renommée, qui n’a reverdi que dans notre siècle eu un jour d’ardente reaction contre le passé, revanche de celle dont il a été victime. […] — Ce qui est jà passé, et une fois est faict, Par tous les dieux ensemble estre ne peut défaict : Les procès, en ce poinct, ont sur eux l’advantage, Pour ce qu’un alibi, avec un tesmoignage Presté par charité, defaict tout le passé, Fait un mort estre vif, et un vif trespassé.

51. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Nous y avons passé. […] Or, tu as médit de moi l’an passé. […] Or, l’an passé je n’existais pas. […] Donc je n’existais pas l’an passé. […] Toute la nuit se passe ainsi.

52. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

On a dit avec esprit que les maîtres apprenaient à leurs élèves à se passer d’eux. […] Passons au second cas. […] Ils passèrent la nuit sur le champ de bataille, et le lendemain, au point du jour, le duc Guillaume rangea ses troupes et fit faire l’appel de tous les hommes qui avaient passé la mer à sa suite. […] On avait donc le temps de passer avant le moment du grand danger. […] La rivière coule alors d’un côté du rocher, la route passe de l’autre.

53. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

et à ces grands hommes dont tu vois passer les images ? […] C’est que la tribune peut se passer des règles oratoires plus facilement que le barreau. […] Reportez votre or à ceux qui ne peuvent s’en passer. » — Diogène le cynique lui eût envié cette pantomime. […] De là il passe en Asie, retrouve à Rhodes Apollonius Molon, son ancien maître, qui lui prédit ses grandes destinées. […] cela n’a d’autre métier, d’autre occupation dans ce monde que de passer la nuit à table.

54. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Dites ce qu’il faut, et ne dites que ce qu’il faut : entrez en matière sans préambule, et passez d’un article à l’autre, sans chercher de transition. […] On ne saurait trop y montrer l’intérêt qu’on prend à la personne pour laquelle on demande quelque chose, et dont on ne doit pas passer sous silence les talents et les vertus. […] Montrez-vous touché d’avoir pu déplaire à celui à qui vous écrivez, et sincèrement disposé à réparer le passé. […] Des escadrons entiers passent à la nage, sans se déranger : il est vrai qu’il passe le premier. […] Je ne vous dissimulerai pourtant pas que votre tâche me paraît un peu difficile : vos secours passés augmentent vos engagements ; et des succès ordinaires ne vous acquitteraient peut-être pas.

55. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

nous ne faisons que passer ici-bas ; Les rats petits et grands marchent tous au trépas. En fait d’enjouement, il est difficile de passer sous silence La Fontaine, écrivain qui a possédé cette qualité au plus haut degré. […] Il semblait à son gré gouverner le tonnerre, Foulait aux pieds ses ennemis vaincus : Je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus. […] La liaison est l’art d’enchaîner les pensées ; la transition est l’art de passer de l’une à l’autre naturellement. […] La Fontaine, dans la fable, le Chêne et le Roseau, lorsque le Roseau a fini de répondre au discours orgueilleux du Chêne, se sert d’une transition pour passer à l’arrivée de la tempête : Votre compassion, lui répondit l’arbuste, Part d’un bon naturel : mais quittez ce souci ;     Les vents me sont moins qu’à vous redoutables : Je plie, et ne romps pas.

56. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

afin que Dieu, qui dote les familles, Donne à vos fils la force, et la grâce à vos filles ; Afin que votre vigne ait toujours un doux fruit ; Afin qu’un blé plus mûr fasse plier vos granges ; Afin d’être meilleurs, afin de voir les anges   Passer dans vos rêves la nuit ! […] » Le coup passa si près que le chapeau tomba, Et que le cheval fit un écart en arrière. […] D’autres vont maintenant passer où nous passâmes ; Nous y sommes venus, d’autres vont y venir ; Et le songe qu’avaient ébauché nos deux âmes, Ils le continueront sans pouvoir le finir ! […] Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule Sur la face des mers, sur la face des monts, Sur les fleuves d’argent, sur les forêts où roule Comme un hymne confus des morts que nous aimons. […] Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête, Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux, Je m’en irai bientôt, au milieu de la fête, Sans que rien manque au monde immense et radieux1 !

57. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

N’allez pas croire, cependant, que je ne sente pas tout ce qu’il y a de douleur dans la rupture de ces liens qui vous attachaient au passé ? […] À mesure que je sens la mienne s’en aller, je me reporte avec plus de charme vers un passé qui ne fut pas non plus sans orages, mais sur lequel, en même temps, la bonne Providence versa de grandes douceurs. […] croyez-moi, la vraie, la solide, la tendre affection est la seule chose réelle, la seule qui ne passe point ; lorsque tout le reste change, caritas manet. […] Mon cœur, cependant, vous envoie ses vœux ; il demande pour vous, sinon le bonheur qui n’est point d’ici-bas, du moins ces secrètes consolations que la Providence fait couler d’en haut dans les âmes malades, ces joies intimes qui n’ont point de nom, parce qu’elles passent sur la terre1 comme quelque chose d’un autre monde, comme le souffle lointain de la patrie. […] Dans une autre lettre à madame de Senfft, je lis encore : « Je prends un plaisir extrême à voir cette vie passer comme l’oiseau qu’on entrevoit à peine et qui ne laisse point de trace dans les airs.

58. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Ils faisaient passer la vérité en un instant d’un bout de la Grèce à l’autre et découvraient le tyran qui se cachait. […] Celui qui croit pouvoir trouver en soi-même de quoi se passer de tout le monde se trompe fort ; mais celui qui croit qu’on ne peut se passer de lui se trompe encore davantage. […] Les esprits médiocres condamnent d’ordinaire tout ce qui passe leur portée. […] Et de tout cela je conclus que je dois donc passer tous les jours de ma vie sans songer à chercher ce qui doit m’arriver. […] Le prince et ses amis furent obligés de passer la nuit dans un marais pour se dérober à une poursuite si opiniâtre.

59. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des figures » pp. 324-354

s’écrie-t-il, vous avez cru que votre crime resterait enseveli dans l’ombre et que Dieu seul serait témoin de ce qui s’est passé entre votre victime et vous. […] Enfin, il y a l’ironie amère, dernière expression de la rage ou du désespoir, qui tour à tour est un blasphème, une injure ou imprécation : — Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance. […] Les Gascons d’autrefois passaient pour abuser de cette figure. […] il a quarante ans passés ; sur son ignorance ? […] On feint, pour ne pas fatiguer son public, de passer sur des choses qu’on a bien soin de lui dire. — Je ne vous peindrai pas… Vous dirai-je ?..

60. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre III. Lettres missives. Genre épistolaire. »

Entrez en matière sans préambule, et passez d’un article à l’autre sans transition. […] Si, au contraire, vous avez des torts, ne rougissez point d’en convenir dans votre lettre ; montrez-vous touché d’avoir pu déplaire à celui à qui vous écrivez et sincèrement disposé à réparer le passé. […] Après ces avis généraux sur le style des lettres, on ne peut passer entièrement sous silence le cérémonial qui y est observé. […] Mais je vis la maison de Guitaut toute en feu ; les flammes passaient par-dessus la maison de madame de Vauvineux. […] Enfin il me pria de tenir sa femme ; je le fis : il trouva que sa mère avait passé au travers de la flamme et qu’elle était sauvée.

61. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Courier, 1773-1825 » pp. 447-454

Voulez-vous, madame, une esquisse des scènes qui s’y passent à présent ? […] Au pied de la hauteur coule un torrent rapide, qu’il faut passer pour arriver sur l’autre montée : partie de la file est déjà dans l’eau, partie en deçà, au delà. […] Combien d’étrangers, qui n’y étaient venus que pour un hiver, y ont passé toute leur vie ! […] Vous savez le mot panem et circenses 1 ; ils se passent aujourd’hui de tous les deux et de bien d’autres choses. […] répondis-je, celle de César se passe très-bien d’un pareil service, et personne, je crois, n’a mieux su se recommander soi-même à la postérité. — Il est vrai, certes, et c’est là ce qui le distingue du vulgaire des conquérants.

62. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Le Sage 1668-1747 » pp. 139-143

Vous passez pour un prodige, et je ne doute pas que l’Espagne ne se trouve un jour aussi vaine6 de vous avoir produit, que la Grèce d’avoir vu naître ses sages7 » Ces paroles furent suivies d’une nouvelle accolade8 qu’il me fallut essuyer, au hasard d’avoir le sort d’Anthée9 Pour peu que j’eusse eu d’expérience, je n’aurais pas été la dupe de ses démonstrations ni de ses hyperboles ; j’aurais bien connu à ses flatte ries outrées que c’était un de ces parasites1 que l’on trouve dans toutes les villes, et qui, dès qu’un étranger arrive, s’introduisent auprès de lui pour remplir leur ventre2 à ses dépens ; mais ma jeunesse et ma vanité m’en firent juger tout autrement. […] Je me levai aussitôt, et, pendant que je m’habillais, Corcuélo arriva avec un mémoire de la dépense, dans lequel la truite n’était pas oubliée ; et non-seulement il m’en fallut passer par où il voulut, mais j’eus encore le chagrin, en lui livrant mon argent, de m’apercevoir que le bourreau se ressouvenait de mon aventure2. Après avoir bien payé un souper dont j’avais fait si désagréablement la digestion, je me rendis chez le muletier avec ma valise, en maudissant de bon cœur le parasite, l’hôte et l’hôtellerie Un poète qui a fait son chemin Un jour, je passai devant la porte d’un hôpital. […] Ventre, Nos écrivains du temps passé avaient volontiers le mot franc, et parfois brutal.

63. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

Vois-tu cette foule qui passe triste et recueillie ? […] Comme on le voit, la métalepse a lieu quand on passe d’une idée à une autre, comme par degrés. […] Mais ils doivent se modérer en écrivant, parce que le talent peut très bien se passer de pensées exagérées. […] L’hypotypose n’est un trope que parce qu’il met au présent un verbe qui devrait être au passé. Par cet artifice de diction il semble qu’une action se passe sous nos yeux.

64. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Il ne dit point « Ma haire et ma discipline », au contraire, il passerait pour ce qu’il est, pour un hypocrite, et il veut passer pour ce qu’il n’est pas, pour un homme de vol ; il est vrai qu’il fait en sorte que l’on croie, sans qu’il le dise, qu’il porte une haire et qu’il se donne la discipline. […] Au sortir de leurs mains je suis passé par des lieux où il y avait une garnison espagnole, et là, sans doute, j’ai couru plus de dangers, on m’a interrogé : j’ai dit que jetais Savoyard ; et, pour passer pour cela ; j’ai parlé, le plus qu’il m’a été possible, comme M. de Vaugelas : sur mon mauvais accent, ils m’ont laissé passer. […]passera aussi une armée : Bonaparte l’a dit ; il a marqué du doigt la route. […] Loin de l’admirer, on le plaint d’avoir passé tant de temps à faire de nouvelles combinaisons de syllabes pour ne rien dire que ce que tout le monde dit. […] vous qui deviez, défendre mon peuple comme une vigne dont vous aviez la garde ; vous qui deviez lui servir de haie et de rempart, c’est vous-mêmes qui avez ravagé cette vigne et qui l’avez ruinée comme si le feu y avait passé !

65. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Car, s il était une fois établi, dit Voltaire, qu’une action théâtrale pût se passer en deux jours, bientôt quelque auteur y emploierait deux semaines et un autre deux années. […] Ainsi, dans Cinna, la moitié de l’action se passe dans l’appartement d’Émilie, et l’autre moitié dans le cabinet d’Auguste. […] C’est dans l’entr’acte qu’elles se passent : le poète le suppose, le spectateur le croit. — Enfin, un autre avantage attaché à l’entr’acte, c’est de donner aux événements qui se passent hors du théâtre un temps idéal un peu plus long que le temps réel du spectacle. […] Les narrations que lait le poète pour instruire le spectateur de ce qui s’est passé avant l’action peuvent servir d’ornement dans la tragédie-. […] Mais il faut prendre garde de passer les bornes de la nature.

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