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59. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Tout à l’heure il descendra l’escalier paternel, il paraîtra dans la place publique ; son oreille entendra le choc douloureux des ambitions qui se heurtent, des idées qui se repoussent, et, comme une feuille tombée dans les flots d’une mer émue, il s’étonnera pour la première fois du prix que coûte la vie et des mystères qu’elle contient. […] Un missionnaire a paru dans la solitude avec un crucifix ; il a nommé Dieu, et les enfants ont souri, et les mères ont cru aux lèvres qui apportaient à leurs fils la bénédiction du grand Esprit. […] Si quelque chose pouvait m’anéantir à Notre-Dame, ce serait d’y paraître avec un costume emprunté. […] Il faut donc aimer la gloire, parce que c’est aimer les grandes choses, les longs travaux, les services effectifs rendus au genre humain, et il faut dédaigner la réputation, les succès d’un jour et les petits moyens qui y conduisent ; il faut songer à faire, à beaucoup faire, à bien faire, et non à paraître ; car, tout ce qui paraît sans être, bientôt disparaît ; mais tout ce qui est, par la vertu de sa nature, paraît tôt ou tard. […] Cette lettre est adressée à madame Swetchine ; en voici l’occasion : Lacordaire voulait paraître dans la chaire de Notre-Dame en costume de dominicain ; mais l’archevêque de Paris, craignant des manifestations irrévérentes, pria l’orateur de dépouiller dans cette occasion son habit monastique. — Ces scrupules furent accueillis par un refus péremptoire que madame Swetchine eut la douleur de transmettre. — Cette lettre est l’ultimatum de l’éloquent dominicain.

60. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

Comme la nouveauté plaît à tous les hommes, il faut s’efforcer d’être neuf et de donner un air de jeunesse aux circonstances, aux couleurs et aux images qui paraissent avoir été épuisées par les écrivains. […] La fable de La Fontaine est plus étendue, et cependant elle paraît moins longue. […] Deux objets en opposition se font valoir mutuellement et paraissent plus saillants et plus sensibles. […] On doit y paraître touché d’avoir pu déplaire, et sincèrement disposé et empressé à réparer le passé. […] Les expressions seront choisies sans le paraître ; les pensées, justes et convaincantes ; les tours, agréables et propres à persuader.

61. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

La nature, qui partout ailleurs brille par sa jeunesse, paraît ici dans la décrépitude : la terre surchargée par le poids, surmontée par les débris de ses productions, n’offre, au lieu d’une verdure florissante, qu’un espace encombré, traversé de vieux arbres chargés de plantes parasites, de lichens, d’agarics, fruits impurs de la corruption ; dans toutes les parties basses, des eaux mortes et croupissantes faute d’être conduites et dirigées ; des terrains fangeux, qui, n’étant ni solides ni liquides, sont inabordables, et demeurent également inutiles aux habitants de la terre et des eaux ; des marécages qui, couverts de plantes aquatiques et fétides, ne nourrissent que des insectes venimeux et servent de repaire aux animaux immondes. […] C’est dans les contrées les plus chaudes du nouveau monde que se trouvent toutes les espèces d’oiseaux-mouches ; elles sont assez nombreuses, et paraissent confinées entre les deux tropiques, car ceux qui s’avancent en été dans les zones tempérées n’y font qu’un court séjour ; ils semblent suivre le soleil, s’avancer, se retirer avec lui, et voler sur l’aile des zéphyrs à la suite d’un printemps éternel. […] Leur bec est une aiguille fine, et leur langue un fil délié ; leurs petits yeux noirs ne paraissent que deux points brillants ; les plumes de leurs ailes sont si délicates qu’elles en paraissent transparentes. […] Marcgrave1 compare le bruit de leurs ailes à celui d’un rouet… ; leur battement est si vif, que l’oiseau, s’arrêtant dans les airs, paraît non-seulement immobile, mais tout à fait sans action. […] Quelquefois même ils se livrent entre eux de très-vifs combats : l’impatience paraît être leur âme ; s’ils s’approchent d’une fleur et qu’ils la trouvent fanée, ils lui arrachent les pétales avec une précipitation qui marque leur dépit.

62. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Cependant rien n’y doit paraître recherché en aucune manière. […] Mais elle ne me paraît point conforme à celles du bon goût : je l’aurais voulue plus simple. […] Le style des lettres dans lesquelles on fait des récits ou des descriptions, peut être soigné, fleuri, avoir un certain éclat, pourvu que l’art ne paraisse point. […] Je ne vous dissimulerai pourtant pas que votre tâche me paraît un peu difficile : vos secours passés augmentent vos engagements ; et des succès ordinaires ne vous acquitteraient peut-être pas. […] Ce détail ne paraîtra pas minutieux, puisqu’il est nécessaire : d’ailleurs il ne sera pas long.

63. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fléchier. (1632-1710.) » pp. 69-75

Chacun choisit l’endroit qui lui paraît le plus éclatant dans une si belle vie. […] Ces conseils lui parurent lâches. […] Qu’est-ce que l’esprit, dont les hommes paraissent si vains ? […] De Montécuculli, général au service de l’Autriche, qui parut digne d’avoir été opposé à Condé et à Turenne.

64. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

Écoutez avec quel art l’orateur répond à l’objection, toute forte qu’elle paraît. […] Choisissez maintenant, et décidez-vous pour celui de tous les avis qui vous paraîtra le plus conforme au bien général ». […] On oublie le crime du scélérat, et l’on ne s’entretient que du châtiment, pour peu qu’il ait paru trop sévère. […] Cette considération me paraît d’un grand poids pour nous interdire toute espèce d’innovation. […] Peut-être leur conduite passée vous paraît-elle une excuse de ce dernier forfait.

65. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Préface » pp. -

Cette œuvre modeste, qui n’a pas paru inutile, se complète par deux recueils du même genre, où domine, avec de légères modifications de méthode, une pensée commune : d’un côté, par un recueil plus simple, rédigé pour les classes élémentaires ; de l’autre, par le présent recueil plus élevé, spécialement destiné aux classes supérieures1. […] Pour les enfants des classes élémentaires, convaincu qu’il fallait avant tout les former à l’usage de la langue de nos jours, nous avons, sans acception de temps, choisi chez ceux qui l’ont le mieux écrite, même chez les auteurs contemporains, ce qui nous a paru en rapport avec leur jeune intelligence. […] Nous nous estimerons heureux si nous paraissons à nos collègues n’être pas demeuré trop loin du but que nous avions à cœur d’atteindre, et si ces recueils en particulier, rédigés pour les classes supérieures, sont considérés comme un manuel de composition et de style, où les jeunes gens puissent apprendre, non par d’arides théories, mais par la pratique des chefs-d’œuvre de notre langue, à penser et à écrire.

66. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

Pensez-vous que les parents de nos malheureux guerriers versent plus de larmes pendant les tragédies, sur les infortunes des héros qui paraîtront ensuite, que sur l’ingratitude de la république ! […] Mon accusateur, au contraire, en voulant m’ôter la récompense que vous m’avez décernée, ne s’aperçoit pas qu’il veut aussi vous priver du juste tribut d’éloges que vous doit la postérité ; car, si vous me condamnez pour le conseil que j’ai donné, vous paraîtrez vous-mêmes avoir failli en le suivant. […] « Thémistocle qui commandait votre flotte, quand vous vainquîtes le roi de Perse à Salamine, vous paraît-il un plus grand homme que Démosthène qui a abandonné son poste ? Celui-ci vous paraît-il l’emporter sur Miltiade, qui vainquit les barbares à Marathon ? […] Trois statues de pierre, placées sous le portique de Mercure : mais il fut défendu d’y mettre leurs noms, afin sans doute que l’inscription parût être faite pour le peuple, et non pour les généraux.

67. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

En la relisant avec attention, vous sentirez que si le point culminant du morceau est en effet l’exclamation terrible : Paraissez maintenant, justes ! […] C’est alors seulement, c’est après cette préparation oratoire, œuvre de génie plus encore que d’art, qu’éclate tout l’effet de cet appel auquel doit répondre un silence de mort : Paraissez maintenant, justes, où êtes-vous ! […] Je suppose donc que c’est ici votre dernière heure et la fin de l’univers ; que les cieux vont s’ouvrir sur vos têtes ; que Jésus-Christ va paraître dans sa gloire au milieu de ce temple, et que vous n’y êtes assemblés que pour l’attendre comme des criminels tremblants, à qui l’on va prononcer une sentence de grâce ou un arrêt de mort éternelle ; car vous avez beau vous flatter : vous mourrez tels que vous êtes aujourd’hui. […] « Or, je vous demande, et je vous le demande frappé de terreur, ne séparant pas en ce point mon sort du vôtre, et me mettant dans la même disposition où je souhaite que vous entriez ; je vous demande donc : si Jésus-Christ paraissait dans ce temple, au milieu de celle assemblée, la plus auguste de l’univers, pour vous juger, pour faire le terrible discernement des boues et des brebis, croyez-vous que le plus grand nombre de tout ce que nous sommes ici fût placé à la droite ? […] Retranchez ces quatre sortes de pécheurs de cette assemblée sainte, car ils en sont retranchés au grand jour : paraissez maintenant, justes !

68. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Mais ce n’est pas en un jour que s’est formée et a paru à la lumière cette littérature et particulièrement cette prose nouvelle qui dit adieu sans retour aux libres allures et à l’inimitable fantaisie de Rabelais et de Montaigne, et se propose un tout autre idéal dont les traits dominants seront une clarté suprême et une simplicité parfaite, rehaussées par la force et par la grandeur. […] Relisez avec soin la plupart des ouvrages qui ont paru de 1750 à 1760, pièces de théâtre, romans, écrits philosophiques, discours académiques, compositions sérieuses et légères ; examinez le caractère général que présente en ces divers écrits la prose française : on la dirait épuisée, étiolée. […] C’est alors que paraît J.  […] Elle paraît, bien qu’adoucie par une imagination faible et tendre, dans toute la manière de Bernardin de Saint-Pierre. […] Il a redonné du ton à la langue, mais aux dépens du naturel ; il a porté le soin jusqu’à l’afféterie, laissé paraître l’effort, prodigué les grands mouvements, gâté souvent l’éloquence par la déclamation, et frayé la route à la rhétorique.

69. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Saint François de Sales, 1567-1622 » pp. -

Son œuvre principale fut l’Introduction à la vie dévole, qui parut en 1608, et ne tarda pas à être traduite dans toute les langues. […] Il sema de fleurs la route du salut, qui paraissait être toute hérissée d’épines. […] On connaît le vrai bien comme le vrai baume : on fait l’essai du baume en le distillant dedans l’eau ; car s’il va au fond et qu’il prenne le dessous, il est jugé pour être du plus fin et précieux : ainsi, pour connaître si un homme est vraiment sage, savant, généreux, noble, il faut voir si ses biens tendent à l’humilité, modestie et soumission ; car alors ce seront de vrais biens ; mais s’ils surnagent, et qu’ils veuillent paraître, ce seront des biens d’autant moins véritables qu’ils seront plus apparents2.

70. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Le soleil se couche, la lune paraît. […] A ces mots Gabinien paraît légèrement ému. […] L’enfant leur paraît trop faible ; ils le condamnent à périr. […] Les Romains, irrités, paraissaient disposés à bannir ce père barbare. […] Guise a l’audace d’y paraître et de l’y braver.

71. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

Il parut avec cet air simple et modeste, qui annonce presque toujours le vrai mérite. […] Dites en commençant si cc morceau vous paraît une description et pourquoi. […] Saladin vainqueur parut sous les murs pour sommer les habitants de lui ouvrir les portes. […] Efforcez-vous de faire croître l’intérêt, de manière à ce que le sort de Robert paraisse désespéré au moment où il retrouve son fil. […] Les seigneurs sont assemblés, elle paraît devant eux.

72. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

Le style facile est celui qui paraît n’avoir coûté aucune peine, aucun effort, et que l’on semble avoir trouvé comme en se jouant. […] Le travail ne doit pas paraître dans un ouvrage, parce que la gêne et l’effort de l’auteur ne manquent jamais d’affecter le lecteur d’une manière désagréable. […] Il y a des phrases, des mots, des tours qui ont de l’éclat et de la grandeur : ceux-là sont destinés à paraître dans les genres élevés. […] Elle consiste dans le choix de certaines expressions simples d’une molle douceur, et qui paraissent nées d’elles-mêmes plutôt que choisies. […] Rien n’est fatigant comme cette finesse affectée, qui est produite par un désir extrême de paraître simple et naturel et qu’on nomme marivaudage.

73. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Il ne voit l’exil que là où la vertu ne peut être ; la mort lui paraît le terme de la vie, et non pas une punition. […] Chacun choisit l’endroit qui lui paraît le plus éclatant dans une si belle vie. […] Que le sort de tels esprits hasardeux, et qu’il en paraît dans l’histoire à qui leur audace a été funeste ! […] Le jeune prince parut un autre homme. […] Elle paraît fréquemment dans les tragédies, surtout dans les monologues.

74. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

Ce caractère de simplicité, qui paraît si aisé à trouver, échappe à la plupart de ceux qui le poursuivent. […] La pensée est naïve quand elle cache, sous un air simple et ingénu, une certaine finesse et un certain sel que l’esprit ne paraît point avoir cherchés. […] Mais alors ce sont des pensées où le sentiment est tellement prédominant, qu’elles paraissent prendre naissance dans le cœur ou la volonté plutôt que dans l’intelligence. […] Tout sentiment doit être naturel, c’est-à-dire qu’il doit convenir à la situation de celui qui en est affecté, et paraître couler de source. […] Si la phrase doit être terminée, puisqu’une phrase inachevée n’est pas une phrase, il ne faut pas qu’elle soit plus que finie, c’est-à-dire que, lorsque la conclusion naturelle de la phrase paraît arrivée, il ne faut pas voir paraître des additions ou queues qui arrivent péniblement pour exprimer des idées étrangères.

75. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

C’est que la vengeance leur semblait traîner après elle je ne sais quoi de bas et d’emporté, qui eût défiguré le portrait et l’orgueilleuse tranquillité de leur sage ; c’est qu’il leur paraissait honteux de ne pouvoir se mettre au-dessus d’une offense. […] Et quand la religion des chrétiens n’aurait point d’autre preuves contre l’incrédulité, que l’élévation de cette maxime, elle aurait toujours ce degré de sainteté, et par conséquent de vraisemblance, sur toutes les sectes qui ont jamais paru sur la terre ». […] D’où vient donc qu’il n’a plus connu de Dieu ; que le crime lui a paru des polices humaines ; l’avenir, une chimère ; l’âme, un souffle qui s’éteint avec le corps ? » À mesure que ses mœurs se sont déréglées, les règles lui ont paru suspectes ; à mesure qu’il s’est abruti, il a tâché de se persuader que l’homme était semblable à la brute. […] L’avenir cessera de vous paraître incroyable, dès que vous cesserez de vivre comme ceux qui bornent toute leur félicité dans le court espace de cette vie ».

76. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Un tel classique a pu être un moment révolutionnaire, il a pu le paraître du moins, mais il ne l’est pas ; il n’a fait d’abord main basse autour de lui ; il n’a renversé ce qui le gênait que pour rétablir bien vite l’équilibre au profit de l’ordre et du beau. […] Mais l’important me paraît être aujourd’hui de maintenir le culte du passé, tout en l’élargissant. […] Il y a plus : il n’est pas bon de paraître trop vite et d’emblée classique à ses contemporains ; on a grande chance alors de ne pas rester tel pour la postérité. Fontanes3, en son temps, paraissait un classique pur à ses amis : voyez quelle pâle couleur cela fait à vingt-cinq ans de distance. […] Au centre du lieu, trois grands hommes aimeraient souvent à se rencontrer devant le portique du principal temple (car il y en aurait plusieurs dans l’enceinte), et, quand ils seraient ensemble, pas un quatrième, si grand qu’il fût, n’aurait l’idée de venir se mêler à leur entretien, ou à leur silence, tant il paraîtrait en eux de beauté, de mesure dans la grandeur, et de cette harmonie parfaite qui ne se produisit qu’un jour dans la pleine jeunesse du monde.

77. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Si elles paraissent avoir été placées à dessein, comme des ornements détachés du sujet, elles font un effet misérable. […] Il y a des métaphores permises, belles même en poésie, qui en prose paraîtraient absurdes ou peu naturelles. […] La dubitation exprime l’incertitude, le doute de celui qui parle ; il paraît ne savoir ni ce qu’il doit dire, ni quel parti il doit prendre. […] Je le déclare donc : Quinault est un Virgile ; Pradon comme un soleil en nos ans a paru. […] Comme une colonne dont la masse solide paraît le plus ferme appui d’un temple ruineux, 2.

78. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

Elle est l’effet d’une, imagination vivement frappée, à, qui les expressions ordinaires paraissent trop faibles. […] Quelle condition vous paraît la plus délicieuse et la plus libre, ou du berger, ou des brebis ? […] Et à la lune ; « Paraissez et soyez le flambeau de la nuit » ? […] Ces choses ne paraîtraient pas vraisemblables, si l’on ne savait pas qu’un despote dans le délire est fait pour tout oser, et qu’un peuple esclave est fait pour tout souffrir. […] Des nuages de couleur d’ambre flottaient avec grâce, et paraissaient disposés à se grouper vers un centre commun.

79. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

Pendant la mêlée, Jephté fait vœu de sacrifier au Seigneur celui des siens qui paraîtra le premier à ses yeux après la victoire. […] « Votre frère me paraît avoir tout ce qu’il veut, bon dîner, bon gîte et le reste. » (Les deux Pigeons.) […] L’amour-propre est si ombrageux que les conseils doivent être donnés avec douceur, et paraître inspirés par une tendre amitié. […] Comment vous a-t-il paru ? […] Il me parut pourtant que vous étiez un peu touchée en m’embrassant.

80. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

Ceux qui m’ont connu savent que dans mes conversations je ne cherchais pas trop à le paraître, et que j’avais assez le talent de prendre la langue de ceux avec lesquels je vivais. […] Ce qu’on appelle union dans un corps politique est une chose très-équivoque ; la vraie est une union d’harmonie, qui fait que toutes les parties, quelque opposées qu’elles nous paraissent, concourent au bien général de la société, comme des dissonances dans la musique concourent à l’accord total. […] Quand Philippe osa dominer dans la Grèce, quand il parut aux portes d’Athènes, elle n’avait encore perdu que le temps. […] Comparer dans La Bruyère Arias ou le parleur impertinent, qui a tout vu, tout lu, et aime mieux mentir que de se taire ou paraître ignorer quelque chose. […] « Ce livre m’a toujours paru un cabinet mal rangé, avec de beaux lustres de cristal de roche.

81. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

Cette notion me paraît juste et naturelle : ouvrons cette idée, et développons ce qu’elle renferme. […] Voici le portrait qu’il trace de ce père de la philosophie : « Enfin parut en France un génie puissant et hardi qui entreprit de secouer le joug du prince de l’école. […] Jetons hors de notre âme cette foule de petites idées, et voyons, s’il est possible, comme le vrai philosophe, par ces grandes vues qui embrassent les rapports éloignés, et décident à la fois une infinité de questions, en montrant l’endroit où mille objets viennent se toucher en secret par un côté, tandis que, par un autre, ils paraissent s’éloigner à l’infini, et ne pouvoir jamais se rapprocher. […] Les chaînes qu’on lui donne-ici sont aisées à porter, et ne doivent paraître trop pesantes qu’aux esprits vains et légers.

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