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104. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre second. De la disposition. »

Ces règles ont pour objets : L’exorde, la proposition, la narration, la confirmation, la réfutation, et la péroraison. […] L’exorde doit être insinuant quand de fortes préventions existent, quelqu’en soit l’objet. […] C’est l’objet de la confirmation, partie la plus essentielle du discours ; car les mœurs et les passions ne sont souvent que des accessoires. […] Son imagination leur présente les côtés touchants des objets ; sa sensibilité provoque l’expression des plus doux sentiments.

105. (1853) Éléments de la grammaire française « Préface. » p. 2

Il est surtout important de ne pas leur présenter plusieurs objets à la fois : il faut, pour ainsi dire, faire entrer dans leur esprit les idées une à une, comme on introduit une liqueur goutte à goutte dans un vase dont l’embouchure est étroite : si vous en versez trop en même temps, la liqueur se répand, et rien n’entre dans le vase. […] Enfin, il y a une manière de s’énoncer, accommodée à leur faiblesse : ce n’est point par des définitions abstraites qu’on leur fera connaître les objets dont on leur parle, mais par des caractères sensibles, et qui les rendent faciles à distinguer1.

106. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

De ce principe, comme du centre, se répand la lumière sur toutes les parties de cet ouvrage, de même qu’un peintre place dans son tableau le jour, en sorte que d’un seul endroit il distribue à chaque objet son degré de lumière. […] Cette lumière universelle découvre et représente à nos esprits tous les objets ; et nous ne pouvons rien juger que par elle, comme nous ne pouvons discerner aucun corps qu’aux rayons du soleil. […] Voilà ce qu’on appelle la vie du monde et l’objet de l’envie des sots ; mais ces sots sont tout le genre humain aveuglé. […] Je crains pour vous les discussions d’affaires, et tous les objets qui réveillent votre douleur. […] Non, il n’y a que les sens et l’imagination qui aient perdu leur objet.

107. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Or, comme cette idée générale du beau est elle-même quelque chose de vague, il faut savoir parfaitement distinguer ce qui constitue l’espèce de beauté relative à l’objet auquel on l’applique ; nous nous sommes assez étendus sur cet article au commencement de l’ouvrage, pour nous dispenser d’y revenir. Poursuivons notre objet. […] unique objet de joie et de douleurs, » Jusqu’au dernier soupir, Sion chère à nos cœurs ! […] Le plus saint des devoirs, celui qu’en traits de flamme La nature a gravé dans le fond de notre âme, C’est de chérir l’objet qui nous donna le jour. […] Il n’en est pas ainsi de la pièce suivante, la seule qui m’ait paru digne par son objet, et par certaines parties de son exécution, d’entrer un moment en parallèle avec la touchante églogue de Florian, à laquelle elle eut l’honneur de disputer, en 1784, le prix de l’académie française.

108. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre premier. Apologie de Socrate par Platon. »

C’est là que Socrate, élevé au-dessus de lui-même, et par l’importance de l’objet, et par la grandeur des idées quelle lui suggère, personnifie tout à coup les lois, et les introduit elles-mêmes sur la scène. […] Ne sommes-nous pas d’accord que le plus grand obstacle à cet exercice de l’âme est dans les objets terrestres et dans les séductions des sens ! […] » Espérons donc (et nous en avons sans doute le droit), espérons que celui qui a fait de cette recherche son grand objet sur la terre, pourra s’approcher après la mort de cette vérité éternelle et céleste : celui surtout dont le cœur aura été pur ; car rien d’impur ne saurait approcher de ce qui est la pureté par excellence.

109. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

Cette éducation commença avec sa naissance : la frugalité, la douceur, la tendre amitié, voilà les objets qu’il aperçut en sortant du berceau. […] Quel est ce nom, sacré dans certains siècles, et abhorré dans d’autres ; objet tour à tour et du respect et de la haine, que quelques princes ont persécuté avec fureur, que d’autres ont placé à côté d’eux sur le trône ? […] Tu emprunteras des secours ; mais ces secours ne seront qu’un remède imparfait à ta faiblesse : l’action confiée à des bras étrangers, ou se ralentit, ou se précipite, ou change d’objet ; rien ne s’exécute comme le prince l’a conçu ; rien ne lui est dit comme il l’aurait vu lui-même, on exagère le bien ; on diminue le mal : on justifie le crime ; et le prince, toujours faible ou trompé, exposé à l’infidélité ou à l’erreur de tous ceux qu’il a chargés de voir et d’entendre, se trouve continuellement placé entre l’impuissance de connaître et la nécessité d’agir. […] Cependant l’armée était consternée ; le soldat gémissait sous ses tentes ; la nature elle-même semblait en deuil ; le ciel de la Germanie était plus obscur ; des tempêtes agitaient la cime des forêts qui environnaient le camp, et ces objets lugubres semblaient ajouter encore à notre désolation.

110. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — CHAPITRE PREMIER. Du genre léger on des poésies fugitives » pp. 75-95

L’inscription s’appelle épigraphe quand elle est placée au frontispice d’un livre, pour en indiquer, sous forme de sentence, l’objet ou l’esprit. […] Le poète y fait le plus souvent l’éloge du mort ; et il doit alors y mettre les grâces et les délicatesses du madrigal, en prenant cependant un ton plus noble et plus élevé, et en résumant d’un trait la vie et le caractère de la personne qui en est l’objet. […] Lorsque la plaisanterie ne se porte que sur un léger ridicule, comme ici, et que l’objet est indifférent, on la pardonne, et on peut en rire. […] Quoique chacun des traits pris séparément puisse s’appliquer à différents objets il faut cependant que tous ces traits réunis désignent exclusivement la chose dont le nom est cherché.

111. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre III. Discours académiques de Racine, de Voltaire et de Buffon. »

Les premiers poètes formèrent le génie de leur langue ; les Grecs et les Latins employèrent d’abord la poésie à peindre les objets sensibles de toute la nature. […] » C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire. […] Les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera la vie à chaque expression : tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur ; et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce qu’on dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux ».

112. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

Moraliste aussi profond que Molière et La Bruyère, il nous offre des trésors d’observations, d’expérience, de vérité, de bon sens pratique égayé par une malice enjouée, et animé par une imagination où tous les objets se réfléchissent comme en un miroir sympathique. […] Je suis chose légère, et vole à tout sujet ; Je vais de fleur en fleur, et d’objet en objet. […] Oui, ces objets familiers, tous voisins et charmants, conviennent encore mieux au pinceau du fabuliste que les perspectives infinies des cieux. […] Ce qui venait de l’Amérique était alors objet de curiosité. […] Se soucier se disait des choses, et signifiait comme ici être un objet de souci.

113. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

L’auteur, dépouillé de tout sentiment étranger à son objet, livré entièrement et uniquement à la vérité qu’il peint, la présente telle qu’elle est, avec la naïveté, la force, la candeur, qui lui sont propres. […] L’Histoire ecclésiastique ne diffère de l’histoire profane que par l’objet. […] On la divise de plusieurs façons, suivant l’objet qu’on se propose. […] Une histoire universelle comprendrait le fond de toutes les histoires des peuples, réduites à une étendue proportionnée au corps entier de l’ouvrage : tous les objets détaillés, mesurés, placés selon leurs rapports symétriques entre eux et avec le tout, y seraient dans un état perpétuel de comparaison. […] Pour remplir avec succès ce dernier objet, il faut qu’il joigne à la finesse de l’esprit, à la délicatesse du goût, une étude sérieuse et une connaissance réelle des matières que ces auteurs ont traitées ; qu’il lise leurs écrits sans la moindre prévention ; qu’il remonte jusqu’aux temps où ils ont vécu, se transporte dans les pays qu’ils ont habités, et observe la religion, les mœurs, les usages, le goût dominant de leur siècle.

114. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

« C’est faute de plan, dit Buffon, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé et ne sait par où commencer à écrire. […] Dans un livre didactique, procédant par synthèse, où vous imposez votre savoir au lecteur qui ne s’adresserait pas à vous, s’il n’avait foi à la science et au professeur, il suffit de l’exposition simple, claire, précise de la matière ; une bonne définition sera tout l’exorde : « La géométrie est une science qui a pour objet la mesure de l’étendue. — La grammaire est la science des signes de la parole et des règles à suivre pour les employer convenablement. — L’histoire naturelle, prise dans toute son étendue, est une histoire immense ; elle embrasse tous les objets que nous présente l’univers….. » Buffon n’a pas commencé autrement. […] Son exorde eut naturellement pour objet sa position d’avocat étranger devant un jury étranger, et il le traita avec une adresse si savante que, avant d’avoir abordé les faits, il s’était déjà concilié la faveur universelle.

115. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

En général les livres qui traitent d’intérêts sérieux, qui ont pour objet l’humanité, la patrie, les hautes doctrines de la société, tous les ouvrages didactiques, religieux, moraux, politiques, historiques, exigent la gravité du ton, la dignité du langage, une réserve scrupuleuse dans le choix des termes. […] Les objets vils et populaires ne leur sont pas assez familiers pour que les termes qui les représentent soient de la langue qu’ils ont apprise. Ou ces objets ne leur viennent pas dans l’esprit, ou, si quelque circonstance leur en présente l’idée et les oblige à l’exprimer ; le mot propre qui les désigne est censé leur être inconnu, et c’est par un mot de leur langue habituelle qu’ils y suppléent. » Il n’y a plus de noblesse en France, politiquement parlant ; mais aucun décret, que je sache, n’a banni la noblesse de l’art et de la science. […] Selon moi, le sublime suppose toujours, dans l’objet qui l’inspire, l’intelligence ; dans le sujet qui l’éprouve, la conscience de son émotion.

116. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nisard. Né en 1806. » pp. 585-597

La troisième4 sorte de critique choisit, parmi tous les objets d’étude qu’offrent les lettres, une question qu’elle traite à fond, en prenant grand soin de n’en avoir pas l’air. […] C’est là son objet : tirer des lettres un enseignement pratique, songer moins à conduire l’esprit que le cœur, prendre plus de souci de la morale que de l’esthétique. […] Si son objet est élevé, si elle ne fait tort ni à l’esprit humain qu’elle étudie dans son imposante unité, ni au génie de la France, qu’elle veut toujours montrer semblable à lui-même, ni à notre langue qu’elle défend contre les caprices de la mode, il faut avouer qu’elle se prive des grâces5 que donnent aux trois premières sortes de critique la diversité, la liberté, l’histoire mêlée aux lettres, la beauté des tableaux, la vie des portraits, les rapprochements de la littérature comparée. […] Images : elles sont mauvaises quand elles masquent l’objet, et font de l’ombre un corps, quand elles absorbent l’attention aux dépens de l’idée.

117. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre V. Genre didactique et descriptif en vers. »

Les anciens étaient sobres de détails ; ils voyaient surtout l’objet dans l’ensemble, d’un coup d’œil synthétique ; ils se contentaient de le décrire en peu de mots, par les traits les plus saillants. Les modernes ont l’esprit d’analyse et d’observation joint à un goût minutieux et raffiné ; ils s’arrêtent curieusement autour de chaque objet, et ne l’abandonnent souvent qu’après en avoir épuisé la peinture ; ils aiment à se perdre dans les détails, dans la contemplation vague et la rêverie mélancolique : c’est de cette tendance qu’est né le genre descriptif en vers comme en prose.

118. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Vigny 1799-1863 » pp. 530-539

En général, il faut que les comparaisons ajoutent à l’idée de l’objet qu’on vent peindre, et l’agrandissent. […] Le poëte anime tous les objets qu’il peint. […] Non, ce n’est pas de la photographie ; car le poëte donne aux objets une physionomie morale, une expression, une âme en quelque sorte.

119. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

L’idée de l’acte n’évoquera-t-elle pas naturellement, quand il est transitif, celle de l’objet qui en est affecté ? […] C’est que la forme me au lieu de je ou moi indiquant nécessairement l’objet de l’action, puisque, par une exception bien rare en français, ce mot se décline, l’esprit le replace naturellement après le verbe qui exprime cette action. […] Je pourrais multiplier les exemples ; je me contenterai de citer une phrase de Fléchier : « Déjà prenait l’essor, pour se sauver vers les montagnes, cet aigle dont le vol hardi avait d’abord effrayé nos provinces122 ; » et cette belle construction de Bossuet déjà citée, qui reproduit si bien, par la hardie transposition du verbe et par le poids de toute la phrase la formidable pesanteur de l’objet à peindre : « Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne… etc. » Souvent, sans inversion précise, la construction de Bossuet donne à sa parole un charme extrême. […] Oronte est A présent un objet de clemence ; S’il a cru les conseils d’une aveugle puissance, Il est assez puni par son sort rigoureux, Et c’est être innocent que d’être malheureux !

120. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

Quelques jours avant l’assemblée, on affichait un placard qui indiquait l’objet de la convocation. […] Les prytanes convoquaient l’assemblée, les proèdres en indiquaient l’objet, et l’épistate recueillait les voix. […] Il s’agit maintenant de rassurer le peuple sur les suites de cette guerre devenue inévitable, et l’objet des alarmes du moment. […] » Mais lorsque la république se fut accrue, lorsque les factions se fortifièrent par le nombre des factieux, l’innocence devint l’objet et souvent la victime de la calomnie. […] » C’est à vous que je m’adresse ici, vous qui avez toujours moins chéri l’état, que vos palais, vos maisons de campagne et vos tableaux : voulez-vous conserver ces objets de votre attachement ; voulez-vous ménager la sûreté de vos plaisirs ?

121. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

Cette espèce de panégyrique religieux, dont l’origine est très ancienne, a chez les peuples chrétiens un double objet : celui de proposer à l’admiration, à l’émulation, à la reconnaissance les vertus et les talents qui ont honoré l’humanité, et de faire sentir en même temps le néant de tout ce qui a brillé dans ce monde, au moment où il faut passer dans l’autre. […] Princesse, le digne objet de l’admiration de deux grands royaumes, n’était-ce pas assez que l’Angleterre pleurât votre absence, sans être encore réduite à pleurer votre mort ? […] Il s’agit de la princesse qui est l’objet de l’oraison funèbre que nous analysons : « Affable à tous avec dignité, elle savait estimer les uns sans fâcher les autres ; et quoique le mérite fût distingué, la faiblesse ne se sentait point dédaignée.

122. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre V. des topiques ou lieux. — lieux applicables aux parties du sujet  » pp. 64-74

On conçoit quelle abondante variété de développements découle de l’examen des causes premières ou secondes, essentielles ou accidentelles, intimes ou extérieures, brutes ou intelligentes, de tout ce qui peut être l’objet de la pensée humaine. […] J’ai cherché à bien m’expliquer au commencement du chapitre précédent : les lieux assurément ne sont pas les idées, et je ne les présente pas comme tels ; mais, s’il m’est permis de revenir, à cause de son exactitude, sur une comparaison tirée d’objets purement matériels, je dirai : Les compartiments d’une boutique ne sont pas non plus les marchandises, et cependant si le marchand est privé de ce secours, si les matériaux de son commerce gisent confusément entassés autour de lui, il perdra un temps précieux avant de mettre la main sur la denrée demandée. […] Vienne l’habitude, l’écrivain y recourra instinctivement et sans peine, comme le marchand expérimenté retrouve, les yeux fermés, les divers objets de son commerce, selon les diversités de la demande.

123. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Thiers. Né en 1797. » pp. 513-521

Il a, dit-il, le fanatisme de la simplicité, et compare lui-même son style à ces glaces sans tain à travers lesquelles apparaissent tous les objets sans la moindre altération de couleur ou de contour. […] C’est cette qualité, appliquée aux grands objets de l’histoire, qui, à mon avis, convient essentiellement au narrateur, et qui, lorsqu’elle existe, amène bientôt à sa suite toutes les autres, pourvu qu’au don de la nature on joigne l’expérience, née de la pratique. En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes.

124. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE IV. Des Figures. » pp. 144-262

2° Les adjectifs possessifs, quand on voit clairement quel est l’objet possesseur. […] L'imagination se plaît ainsi à grossir les objets, et, selon qu’elle est plus ou moins vive, le langage est aussi plus ou moins hyperbolique. […] Jus, le droit, l’objet de la justice, l’objet de la loi. […] Au figuré, perception ou impression qui se produit dans notre âme à la vue des objets. […] Obducere rebus tenebras, répandre les ténèbres sur un objet.

125. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XV. » pp. 109-111

Un demi-tyran serait indigne d’être regardé  mais l’ambition, la cruauté, la perfidie, poussées à leur plus haut point, deviennent de grands objets. La tragédie demande encore qu’on les rende, autant qu’il est possible, de beaux objets.

126. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bossuet. (1627-1704.) » pp. 54-68

A la vue d’un si grand objet, n’attendez pas de cette princesse des discours étudiés et magnifiques : une sainte simplicité fait ici toute la grandeur. […] Le corps reçoit de tous côtés les impressions des objets, sans être blessé : on lui a donné des organes pour éviter ce qui l’offense ou le détruit ; et les corps environnants, qui font sur lui ce mauvais effet, font encore celui de lui causer de l’éloignement. […] L’œil a ses humeurs et son cristallin, où les réfractions se ménagent avec plus d’art que dans les verres les mieux taillés ; il a aussi sa prunelle, qui s’allonge et se resserre pour rapprocher les objets, comme les lunettes de longue vue. […] Cet adverbe a, dans la langue de Bossuet, le sens de l’adverbe latin apte : il désigne l’exact rapport d’un objet avec son but et sa fin.

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