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42. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

C’est par antiphrase que les Grecs appelaient la mer Noire Pont-Euxin ou mer hospitalière, les Furies Euménides ou bienveillantes ; et que les Latins employaient le mot sacer, sacré, dans le sens d’execrabilis : Auri sacra fames . […] Mais le ciel en fureur, la mer pleine de rage Font-ils d’un bruit affreux retentir le rivage ? […] Entend-on de la mer les ondes bouillonner ? […] Des torrents écumeux se précipitaient le long des flancs de cette montagne ; le fond de ce bassin était devenu une mer. […] Soudain le mont liquide élevé dans les airs Retombe ; un noir limon bouillonne au fond des mers.

43. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Charles se croyait le maître du monde dans les déserts de la Pologne, où il errait, et dans lesquels la Suède était comme répandue1, pendant que son principal ennemi se fortifiait contre lui, le serrait, s’établissait sur la mer Baltique, détruisait ou prenait la Livonie. […] Il ne partit qu’après avoir assuré la Macédoine contre les peuples barbares qui en étaient voisins et achevé d’accabler les Grecs : il ne se servit de cet accablement que pour l’exécution de son entreprise ; il rendit impuissante la jalousie des Lacédémoniens ; il attaqua les provinces maritimes ; il fit suivre à son armée de terre les côtes de la mer, pour n’être point séparé de sa flotte ; il se servit admirablement bien de la discipline contre le nombre ; il ne manqua point de subsistances, et, s’il est vrai que la victoire lui donna tout, il fit aussi tout pour se procurer la victoire. […] Son industrie fut de séparer les Perses des côtes de la mer et de les réduire à abandonner eux-mêmes leur marine, dans laquelle ils étaient supérieurs.

44. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.

45. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

La mer mugit, les vents sifflent, le tonnerre gronde, la lueur sombre et pâle des éclairs perce la nue, montre et dérobe la scène. […] Tournez vos yeux sur une autre mer, et vous verrez le calme avec tous ses charmes. […] L’horizon offrait tous les signes d’une longue tempête ; la mer y paraissait confondue avec le ciel. […] Paul allait s’élancer à la mer, lorsque je le saisis par le bras : « Mon fils, lui dis-je, voulez-vous périr ?  […] Tous les matelots s’étaient jetés à la mer.

46. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

gentilz sires, puis que je apassai la mer par deçà en grand péril, si com vous savés, je ne vous ay riens rouvet ne don demandet. […] gentil seigneur, depuis que je passai la mer pour venir ici en grand danger, ainsi que vous savez, je ne vous ai prié de rien ni demandé un présent. […] J’étais à une demi-lieue de Calais, hier au matin, et voulus prendre le long de la mer pour faire plus de diligence : mais ma foi, l’on dit bien vrai qu’il n’est rien tel que le grand chemin : car je donnai tout au travers d’un sable mouvant877, où j’enfonçai jusqu’au menton. — Un sable mouvant auprès de Calais ! […] Charles se croyait le maître du monde dans les déserts de la Pologne, où il errait, et dans lesquels la Suède était comme répandue, pendant que son principal ennemi se fortifiait contre lui, le serrait, s’établissait sur la mer Baltique, détruisait ou prenait la Livonie1081.

47. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

Ainsi, l’on verra dans les plaines de l’air paître les cerfs légers, la mer laisser les poissons à sec sur le rivage, avant que son image s’efface de mon cœur. […] Autour de toutes les mers. […] Car ce fut un grand général et sur terre et sur mer. […] La vaste étendue de la mer, où surnagent quelques malheureux Troyens : Apparent rari nantes in gurgite vasto. […] Cette circonstance du calme de la mer est choisie avec goût ; elle fait mieux ressortir les mouvements des deux serpents à la surface des eaux.

48. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Mais quand je considère cette infinie multitude de peuples qui attend de leur protection son salut et sa liberté ; quand je vois que, dans un état policé, si la terre est bien cultivée, si les mers sont libres, si le commerce est riche et fidèle, si chacun vit dans sa maison doucement et avec assurance2, c’est un effet des conseils3 et de la vigilance du prince ; quand je vois que, comme un soleil, sa munificence porte sa vertu jusque dans les provinces les plus reculées, que ses sujets lui doivent, les uns leur honneur et leurs charges, les autres leur fortune et leur vie, tous la sûreté publique et la paix, de sorte qu’il n’y en a pas un seul qui ne doive le chérir comme un père : c’est ce qui me ravit, chrétiens ; c’est en quoi la majesté des rois me semble entièrement admirable ; c’est en cela que je les reconnais pour les vivantes images de Dieu, qui se plaît de remplir le ciel et la terre des marques de sa bonté, ne laissant aucun endroit de ce monde vide de ses bienfaits et de ses largesses4. […] Si je monte au ciel, vous y êtes ; si je me jette au fond des enfers, je vous y trouve ; si je me lève le matin, et que j’aille me retirer sur les mers les plus éloignées, c’est votre main qui me mène là ; et votre main droite me tient. […] Il emporte, en fuyant à bonds précipités, Les barques, les rumeurs, les fanges des cités, Chaque ruisseau qui l’enfle est un flot qui l’altère ; Jusqu’au terme où, grossi de tant d’onde adultère, Il va, grand, mais troublé, déposant un vain nom, Rouler au sein des mers sa gloire et son limon. […] Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles, Qu’on croit avoir pour soi les vents et les étoiles.

49. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XII. Abrégé des règles de la versification française. »

Voici un vers composé de douze syllabes qui sont toutes accentuées : Lac, près, bois, monts, ifs, pins, eaux, mers, flamme, air, tout fuit. […] C’est à dessein que Delille a amené l’enjambement suivant : Soudain le mont liquide, élevé dans les airs, Retombe ; un noir limon bouillonne au fond des mers, L’enjambement est défendu dans le vers français à cause de la rime, qu’il tendrait à faire disparaître ; il choque l’oreille et le goût : tel est ce vers : Consultons un devin, un prêtre, un interprète Des songes ; car souvent… Depuis Malherbe, le vers sur le vers n’osa plus enjamber ; nos meilleurs poètes ont évité l’enjambement, surtout dans les genres élevés ; on est moins sévère pour les genres simples. […] Les rimes qui offrent les mêmes lettres sans offrir les mêmes sons ne valent rien ; ainsi l’on ne peut faire rimer ville avec famille ; altier avec fier ; aimer avec mer ; couronne avec trône.

50. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. —  Voiture. (1598-1648.) » pp. 7-11

Au sortir de là, je suis arrivé à Savone, où j’ai trouvé la mer un peu plus émue qu’il ne fallait pour le petit vaisseau que j’avais pris, et néanmoins je suis, Dieu merci, arrivé ici à bon port. […] Enfin, je suis échappé des bandits, des Espagnols et de la mer.

51. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Au sortir de là, je suis arrivé à Savone96, où j’ai trouvé la mer un peu plus émue qu’il ne fallait pour le petit vaisseau que j’avais pris, et néanmoins je suis, Dieu merci, arrivé ici à bon port. […] Enfin je suis échappé des bandits, des Espagnols et de la mer : tout cela ne m’a point fait de mal, et vous m’en faites, et c’est pour vous que je cours le plus grand danger que je courrai en ce voyage. […] Un homme qui a assez de bien pour vivre, s’il savait demeurer chez soi avec plaisir, n’en sortirait pas pour aller sur la mer, ou au siège d’une place. […] » Il lui dit : « Oui, Monsieur. » Il ne savait pas que Vatel avait envoyé à tous les ports de mer. […] Si je monte au ciel, vous y êtes ; si je me jette au fond des enfers, je vous y trouve ; si je me lève le matin, et que j’aille me retirer sur les mers les plus éloignées, c’est votre main qui me mène-là, et votre main droite me tient.

52. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre II. De l’Éloquence chez les Grecs. »

On sait qu’il s’enferma dans un souterrain, pour étudier avec moins de distraction ; qu’il allait déclamer sur le bord de la mer, pour s’exercer à haranguer ensuite devant le peuple. […] C’était avoir saisi, ce me semble, sous un point de vue bien juste, le rapport qui se trouve entre ces deux puissances, également tumultueuses et imposantes, les flots de la mer et les flots d’un peuple assemblé.

53. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre III. Éloges de Pompée et de César, par Cicéron. »

Témoin l’Italie, qui, de l’aveu même de Sylla vainqueur, ne fut pacifiée que par le couvage et la sagesse de Pompée : témoin la Sicile, que le même Pompée affranchit des périls qui la menaçaient de si près : témoin l’Afrique, inondée du sang des innombrables ennemis qui la foulaient et la dévoraient : témoin l’Espagne, qui vil si souvent des milliers d’ennemis vaincus et terrassés par l’effort de son bras : témoin une seconde fois, et d’autres fois encore l’Italie, qui implora le secours de Pompée absent, pour la guerre dangereuse et sanglante qu’elle avait à soutenir contre les esclaves, guerre dont la fureur, rallentie par la seule terreur du nom de Pompée, fut entièrement étouffée par sa présence : témoins toutes les contrées, toutes les nations étrangères, les mers enfin, etc. ». […] « Pendant ces dernières années, quel endroit, dans toute l’étendue de la mer, a été assez fortifié par l’art, pour qu’on y fût en sûreté ; assez défendu par la nature, pour qu’on y échappât à la violence ? Qui a pu naviguer, sans s’exposer au péril de la mort ou de l’esclavage, parce qu’il fallait nécessairement ou mettre à la voile pendant l’hiver, ou voguer sur une mer infestée de pirates ?

54. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre premier. Beautés de détail. »

Autant qu’un homme assis au rivage des mers Voit, d’un roc élevé, d’espace dans les airs, Autant des immortels les coursiers intrépides En franchissent d’un saut. […] L’esprit du Seigneur a soufflé, et la mer les a engloutis ».

55. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Tous deux nagent de front, tous deux des mers profondes Sous leurs vastes élans font bouillonner les ondes. […] Les yeux de ces barbares ont la couleur d’une mer orageuse ; leur chevelure blonde, ramenée en avant sur leur poitrine, et teinte d’une liqueur rouge, est semblable à du sang et à du feu. […] La mer d’un côté, des forêts de l’autre formaient le cadre de ce grand tableau. […] On prend congé de la végétation ; tous les animaux sont bannis, et l’homme seul est là pour lutter contre la mer. […]            De la mer les flots qui bondissent            Assiègent le ciel en grondant !

56. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Neptune, au fond des mers, que ton trident vengeur Ouvre une tombe à l’adultère ! […] Quelle mer n’a point de tempête ? […] partons, la barque est préparée ; Mer, en ton sein garde-moi de périr. […] Mais que dire de la mer ou plutôt que n’en faut-il pas dire ? La grandeur infinie de la mer ravit dès le premier aspect ; mais il faut la contempler longtemps pour apprendre qu’elle a aussi cette autre partie de la beauté qu’on appelle la grâce.

57. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

La mer et les montagnes : quels spectacles offrent-elles ? […] L’Ane et ses Maîtres, le Bûcheron et Mercure, l’Ane et le Petit chien, le Berger et la Mer, les Souhaits, et dix autres fables prouvent à quel point cette idée lui tient au cœur. […] Il lui faut pourvoir à plus d’agressions et pour nous résister, il est nécessaire qu’elle disperse ses forces sur toutes les mers. […] Vous savez tout ce que, pendant les huit années de paix qui viennent de s’écouler, nous avons dû de richesses à nos établissements des Antilles, de la mer des Indes et de la Louisiane. […] Bornez au nécessaire vos entreprises continentales, portez vos efforts sur la mer, multipliez vos vaisseaux, jetez dans l’Inde et en Amérique deux petites armées, et bientôt vous aurez vaincu l’Angleterre, et sa défaite sera décisive.

58. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Ils perdent alors une partie du spectacle, car on n’aperçoit que la citadelle quand on vient de la mer ; et l’Anchesme coupe la perspective quand on descend de l’Eubée. […] Une enceinte de montagnes, qui se termine à la mer, forme la plaine ou le bassin d’Athènes. […] Bientôt des cris affreux succédaient au silence de la nuit, et les flammes du palais de Priam éclairaient cette mer, où notre vaisseau voguait paisiblement. […] Maintenant c’est comme le flot de la mer qui se brise tristement sur le rivage. […] Vous trouverez devant vous, d’un côté, des armes et un pays inconnu, de l’autre, la mer et des armes.

59. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

Les nuages Lorsque j’étais en pleine mer, et que je n’avais d’autre spectacle que le ciel et l’eau, je m’amusais quelquefois à dessiner les beaux nuages blancs et gris, semblables à des groupes de montagnes, qui voguaient à la suite les uns des autres, sur l’azur des cieux. […] Combien de fois, loin des villes, dans le fond d’un vallon solitaire couronné d’une forêt, assis sur les bords d’une prairie agitée des vents, je me suis plu à voir les mélilots dorés, les trèfles empourprés, et les vertes graminées, former des ondulations semblables à des flots, et présenter à mes yeux une mer agitée de fleurs et de verdure !

60. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Bien semble être la mer une barre assez forte, Pour nous ôter l’espoir qu’il puisse être battu ; Mais est-il rien de clos dont ne t’ouvre la porte            Ton heur et ta vertu ? […] Nous avons assez vu sur la mer de ce monde Errer au gré des flots notre nef vagabonde. […] Il laboure le champ que labourait son père ; Il ne s’informe point de ce qu’on délibère Dans ces graves conseils d’affaires accablés ; Il voit sans intérêt la mer grosse d’orages, Et n’observe des vents les sinistres présages Que pour le soin qu’il a du salut de ses blés. […] Il fallut s’arrêter, et la rame inutile Fatigua vainement une mer immobile. […]        On pourrait sans enchantement        Persuader leur vaine gloire        Que l’eau du Rhône ou de la Loire, Ayant sur son passage abreuvé l’Allemand, Ira grossir tes flots, orageuse mer Noire, Pour signaler les jours de leur gouvernement.

61. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

Cette tempête qui menace les cieux et les mers ne menace point la barque où je suis, elle porte César, et César la garantit de tous les périls, etc. […] La Mer Noire, célèbre par ses tempêtes, était nommée par les Grecs Mer hospitalière, et les furies : Euménides ou bienveillantes. […] Hyperbole effrontée en mer change un ruisseau, Ou le vautour cruel en doux et faible oiseau. […] Bossuet dit de la Reine d’Angleterre fuyant de son royaume : O voyage bien différent de celui qu’elle avait fait sur la même mer, lorsque, venant prendre possession du sceptre de la Grande-Bretagne, elle voyait, pour ainsi dire, les ondes se courber sous elle et soumettre toutes leurs vagues à la dominatrice des mers ! […] C’est que cette image de la mer qui se courbe et fait hommage de ses vagues à une grande Reine, présente une idée magnifique par elle-même, et magnifiquement exprimée.

62. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — André de Chénier 1762-1794 » pp. 480-487

que j’ai craint de voir à cette mer, un jour, Typhis donner ton nom et plaindre mon amour ! […] Glaucus ne te vit point ; car sans doute avec lui, Déesse, au sein des mers tu vivrais aujourd’hui.

63. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

« Avoir parcouru l’un et l’autre hémisphère, traversé les continents et les mers, surmonté les sommets sourcilleux de ces montagnes embrasées, où des glaces éternelles bravent également et les feux souterrains, et les feux du midi (premier membre) ; s’être livré à la pente précipitée de ces cataractes écumantes, dont les eaux suspendues semblent moins rouler sur la terre, que descendre des nues (second membre) ; avoir pénétré dans ces vastes déserts, dans ces solitudes immenses, où l’on trouve à peine quelques vestiges de l’homme, où la nature, accoutumée au plus profond silence, dut être étonnée de s’entendre interroger pour la première fois (troisième membre) ; avoir plus fait, en un mot, par le seul motif de la gloire des Lettres, que l’on ne fit jamais par la soif de l’or (quatrième membre) ; voilà ce que connaît de vous l’Europe, et ce que dira la postérité » (cinquième membre). […] Répondez, cieux et mers, et vous, terre, parlez. […] cher vaisseau, autrefois la cause de mes ennuis, aujourd’hui l’objet de mes regrets, de mes inquiétudes, ne te laisse point attirer par l’éclat séduisant des Cycladesa, et garde-toi d’aller t’engager dans les mers entrecoupées de ces îles. » Sous l’image de ce vaisseau, le Poète représente la république Romaine, et sous celle des flots et des vents déchaînés, les troubles qui l’agitaient, et les périls dont elle était menacée. […] C’est en ce sens qu’en parlant des Dieux du paganisme, on prend Vulcain, pour le feu : Mars, pour la guerre ; Neptune, pour la mer ; Apollon, pour la poésie, etc. […] Virgile emploie cette figure, lorsqu’en parlant de l’Amazone Camille a, il dit pour exprimer sa légèreté à la course : « Plus rapide que le vent, elle aurait pu voler sur un champ couvert d’herbes hautes ou d’épis, sans les faire plier sous ses pas, ou se frayer une route au milieu de la mer, et courir sur les flots, sans mouiller ses pieds légers. » Malherbe, dans son Ode à Louis XIII, dit aussi par hyperbole, pour peindre les temps heureux qu’il lui promet : La terre en tous endroits produira toutes choses ; Tous métaux seront or, toutes fleurs seront roses ;           Tous arbres oliviers.

64. (1854) Éléments de rhétorique française

L’amiral où elle était, conduit par la main de celui qui domine sur la profondeur de Ta mer et qui dompte ses flots soulevés, fut repoussé aux ports de Hollande, et tous les peuples furent étonnés d’une délivrance si miraculeuse. « Ceux qui sont échappés du naufrage disent un éternel adieu à la mer et aux vaisseaux ; et, comme disait un ancien auteur, ils n’en peuvent même supporter la vue. […] sire, on vous conseille de monter sur mer, comme s’il n’y avait pas d’autre moyen de conserver voire royaume que de le quitter ! […] « Non, sire, il n’y a ni couronne, ni honneur pour vous au-delà de la mer. […] Les mariniers, sur les bords de la mer Adriatique, sont revêtus d’une capote rouge et brune très-singulière, et du milieu de ce vêtement sortait le visage animé des Italiens, qui peignait la crainte sous mille formes.

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