Non, sans doute : il y a un choix à faire ; et ce choix dépend d’un esprit sage et judicieux, d’un discernement aussi fin que juste. […] Tous ces différents objets bien présentés donnent au lecteur une idée aussi étendue et aussi juste qu’elle puisse l’être, du gouvernement et des mœurs d’une nation. […] Un discernement juste pour le choix des événements, est nécessaire à celui qui veut faire un bon abrégé d’histoire. […] Cette histoire donne d’ailleurs une très juste idée de l’ancienne constitution du gouvernement anglais. […] L’auteur y montre partout des talents supérieurs pour la politique, un discernement juste, un esprit pénétrant et un goût exquis.
Qui peut vous en donner une idée plus juste que les vers d’Homère et de Virgile ? […] Virgile, toujours sage, au milieu même de ses écarts, ne donne à l’oreille que ce qu’exige la vérité, et l’harmonie est toujours chez lui l’accord juste du tact le plus exquis avec l’imagination la plus brillante. […] Maniée avec art, elle s’élève aux plus grandes beautés en ce genre ; et il suffit, pour s’en convaincre, de parcourir les ouvrages de Pope, et surtout sa belle traduction d’Homère, la seule qui puisse, jusqu’ici, donner aux modernes une idée juste du plus grand génie qui ait jamais écrit dans la langue du monde la plus riche et la plus harmonieuse.
c’est la seule parole qui me reste, c’est la seule réflexion que me permet, dans un accident si étrange, une si juste et si sensible douleur. […] Mais s’il est à propos de réduire à sa juste valeur le néant de l’homme et de tout ce qui l’environne, il est à craindre cependant que le découragement ne résulte bientôt de cette première idée, et que la conviction profonde de cette vérité que nous ne sommes rien ici-bas, ne nous fasse perdre de vue ce que nous devons être un jour dans une autre patrie. […] etc. » Cette transition amène naturellement la seconde partie, où l’orateur développe les motifs qui doivent nous donner une idée juste des espérances de l’homme, et de la destinée qui lui est promise.
Quand il entra dans la Franche-Comté2, il avait pris ses précautions si justes du côté de l’Allemagne, qu’en une province ouverte de toutes parts les ennemis ne purent, dans une occasion si pressante, se faire un passage pour y jeter le moindre secours. […] Il est donc juste que les sciences, que les beaux-arts s’emploient à éterniser la mémoire d’un prince à qui ils sont tant redevables : il est juste que les écrivains les plus illustres le prennent pour objet de toutes leurs veilles ; que les peintres et les sculpteurs s’exercent sur un si noble sujet2.
En vain le destructeur rapide De Marc-Antoine et de Lépide Remplissait l’univers d’horreurs : Il n’eût point eu le nom d’Auguste, Sans cet empire heureux et juste Qui fit oublier ses fureurs. […] Là s’anéantiront ces titres magnifiques, Ce pouvoir usurpé, ces ressorts politiques, Dont le juste autrefois sentit le poids fatal : Ce qui fit leur bonheur deviendra leur torture ; Et Dieu, de sa justice apaisant le murmure5, Livrera ces méchants au pouvoir infernal. Justes, ne craignez point le vain pouvoir des hommes, Quelqu’élevés qu’ils soient, ils sont ce que nous sommes : Si vous êtes mortels, ils le sont comme vous1.
il était du nombre de ceux qui n’avaient suivi que leur devoir ; et ce parti, quoique le plus juste, n’avait jamais été le plus grand. […] Croyez-vous qu’il s’y trouvât seulement dix justes, que le Seigneur ne put trouver autrefois en cinq villes tout entières ? […] Elle emploie des mots qui, pris à la lettre, vont bien au delà de la réalité, mais qui sont réduits à leur juste valeur par ceux qui les entendent. […] S’il règne, qu’il soit juste, et, s’il le faut, sévère ; Qu’il fasse tout le bien que j’aurais voulu faire ! […] C’est une espèce de métaphore plus hardie que les autres ; mais on ne doit l’employer qu’autant qu’elle est claire et juste, et qu’elle donne plus de force et d’agrément à la composition.
Son plaidoyer est fondé sur l’idée du juste et sur les principes du droit ; il appartient au genre judiciaire. […] Le juste, l’utile et le beau ne sont que trois formes du vrai. […] Il ajoute, pour ainsi dire, à la nature de cette langue celle de son esprit si net, si juste, si facile, si rapide, si brillant de clarté. […] La Rhétorique moderne a conservé les termes de l’ancienne, parce qu’ils sont bien faits, justes et précis. […] Leur règle n’est pas de parler juste, mais de faire des figures justes. » (Ibid.
Le bon sens et le goût en sont les justes appréciateurs. […] Enfin le tempéré est celui qui tient le juste milieu entre ces deux genres, et qui possède les beautés de l’un et de l’autre. […] Ces figures hardies, qui sont, comme je l’ai remarqué, le langage naturel des passions, reçoivent une juste application. […] Croyez-vous qu’il s’y trouvât seulement dix justes, que le Seigneur ne pût trouver autrefois en cinq villes tout entières ? […] Peut-être que, parmi ceux qui m’entendent, il ne se trouvera pas dix justes ; peut-être s’en trouvera-t-il encore moins.
On accusa la métaphore de vulgarité, l’hyperbole, l’exclamation, l’apostrophe multipliées, de mauvais ton ; ceux qui avaient l’esprit droit et juste et le sentiment des convenances s’éloignèrent du style figuré des premiers âges, non point qu’il ne fût naturel, mais parce qu’il ne l’était plus. […] Dumarsais donne des figures une idee juste au fond, mais qui pourrait être mieux présentée : « Les figures, dit-il, sont des manières de parler distinctement des autres par une modification particulière, qui fait qu’on les réduit chacune à une espèce à part, et qui les rend ou plus vives, ou plus nobles, ou plus agréables que les manières de parler qui expriment le même fond de pensée, sans avoir d’autre modification particulière. » Préférez-vous la définition de M. […] Voici une remarque aussi juste que profonde d’un des plus savants hommes de notre siècle : « Dès que l’homme, en interrogeant la nature ne se contente pas d’observer, mais qu’il fait naître des phénomènes sous des conditions déterminées ; dès qu’il recueille et enregistre les faits pour étendre l’investigation au delà de la courte durée de son existence, la philosophie de la nature se dépouille des formes vagues et poétiques qui lui ont appartenu dès son origine ; elle adopte un caractère plus sévère, elle pèse la valeur des observations, elle ne devine plus, elle combine et raisonne.
Je savais que les langues que l’on y apprend sont nécessaires pour l’intelligence des livres anciens ; que la gentillesse des fables réveille l’esprit ; que les actions mémorables des histoires le relèvent, et qu’étant lues avec discrétion elles aident à former le jugement ; que la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées ; que l’éloquence a des forces et des beautés incomparables ; que la poésie a des délicatesses et des douceurs très-ravissantes ; que les mathématiques ont des inventions très-subtiles, et qui peuvent beaucoup servir tant à contenter les curieux qu’à faciliter tous les arts et diminuer le travail des hommes ; que les écrits qui traitent des mœurs contiennent plusieurs enseignements et plusieurs exhortations à la vertu qui sont fort utiles ; que la théologie enseigne à gagner le ciel ; que la philosophie donne moyen de parler vraisemblablement1 de toutes choses et de se faire admirer des moins savants ; que la jurisprudence, la médecine et les autres sciences apportent des honneurs et des richesses à ceux qui les cultivent ; et enfin, qu’il est bon de les avoir toutes examinées, même les plus superstitieuses et les plus fausses2, afin de connaître leur juste valeur et se garder d’en être trompé. […] Ainsi je m’assure que vous me souffrirez mieux si je ne m’oppose point à vos larmes, que si j’entreprenais de vous détourner d’un ressentiment3 que je crois juste ; mais il doit néanmoins y avoir quelque mesure, et comme ce serait être barbare de ne se point affliger du tout lorsqu’on en a du sujet, aussi serait-ce être trop lâche de s’abandonner entièrement au déplaisir : oui, ce serait faire fort mal son compte que de ne tâcher pas de tout son pouvoir à se délivrer d’une passion si incommode. […] On le trouve souvent dans Corneille : Puisse le juste Ciel, content de ma ruine, Combler d’heur et de jours Polyeucte et Pauline.
La comparaison ne doit plus être seulement juste et suivie, nous la voulons neuve, rapide et piquante. […] Comme tout y est à la fois juste et poétique ! […] Tout le mérite de ces phrases et des allusions verbales, en général, est dans l’heureux emploi du mot à double entente ; l’esprit sourit à ces jeux que la raison ne désavoue pas, quand le sens du mot se trouve également juste dans les deux acceptions, et qu’ils sont d’ailleurs dans le ton de l’ouvrage. […] Voici encore un précepte de détail parfaitement juste, que je trouve dans M.
dites si vous avez jamais vu autre chose en moi qu’un homme constamment gai ; aimant avec une égale passion l’étude et le plaisir : enclin à la raillerie, mais sans amertume, et l’accueillant dans autrui contre soi, quand elle est assaisonnée2 ; soutenant peut-être avec trop d’ardeur son opinion quand il la croit juste, mais honorant hautement et sans envie tous les gens qu’il reconnaît supérieurs ; confiant sur ses intérêts jusqu’à la négligence ; actif quand il est aiguillonné, paresseux et stagnant après l’orage ; insouciant dans le bonheur, mais poussant la constance et la sérénité dans l’infortune jusqu’à l’étonnement de ses plus familiers amis3 1. […] Ce qui fera son éternel à-propos, c’est d’être une sorte de manifeste vivant contre les inégalités, justes ou injustes, de la société.
— Le genre judiciaire se rapporte au passé, il a pour objet Je juste. […] Paraissez maintenant, justes ! […] Toutes ces objections sont plus spécieuses que justes. […] Enfin, l’orateur romain offre lui-même plus d’un exemple de divisions justes et régulières. […] On dit qu’il est juste de faire périr une femme qui a tué son mari, qu’il est juste qu’un fils venge le meurtre de son père, et l’on absout Oreste sans se demander s’il est juste qu’un fils assassine sa mère.
Écrivain juste, clair, exact, uni, probe comme sa pensée, il a l’expression ferme, nette, appropriée, simple sans bassesse, noble sans recherche ; il songe à instruire plus qu’à plaire, et nous émeut par la force pénétrante de la vérité. […] Au contraire, combien de justes faussement accusés et condamnés !
Quand nous disons que le style de Racine est excellent, c’est que nous considérons, d’une part, ces idées si justes, si clairement conçues par le poète, disposées dans un ordre parfait, et se fortifiant mutuellement ; et, de l’autre, ces expressions propres, que l’auteur a peut-être cherchées avec effort, mais qui semblent être venues d’elles-mêmes se ranger sous sa plume : ces phrases où la complication de la période ne nuit en rien à la clarté du sens, et cet heureux arrangement de mois qui ferait des vers de Racine la musique la plus harmonieuse pour l’oreille, lors même qu’ils ne seraient pas le langage le plus entraînant pour le cœur. […] Cette qualité est le propre des esprits sains et justes. […] Une pensée est juste, quand elle exprime une chose telle qu’elle est, sans exagération, sans altération de la vérité, comme : la partie est moins grande que le tout. […] Ce vers de La Fontaine : Et c’est être innocent que d’être malheureux, est juste au point de vue du sentiment ; car nous sentons que le malheur doit expier le crime ; mais pour l’esprit, ce n’est pas d’une justesse absolue. […] Pascal, dont l’esprit était admirablement juste, n’aurait pas écrit ainsi ; car il dit qu’on ne sait pas en quoi consiste l’agrément qui est l’objet de la poésie.
« C’est ici le lieu de vous dire un mot de ces braves citoyens, qu’il a envoyés à un péril manifeste, quoique les sacrifices ne fussent point favorables ; de payer un juste tribut de regrets et d’éloges à ces illustres morts, dont il a osé louer la bravoure, en foulant leurs tombeaux de ces mêmes pieds qui ont si lâchement abandonné le poste qui leur était confié. […] Mon accusateur, au contraire, en voulant m’ôter la récompense que vous m’avez décernée, ne s’aperçoit pas qu’il veut aussi vous priver du juste tribut d’éloges que vous doit la postérité ; car, si vous me condamnez pour le conseil que j’ai donné, vous paraîtrez vous-mêmes avoir failli en le suivant. […] Imaginez-vous entendre Solon, ce grand philosophe, ce législateur fameux, dont les excellentes lois ont affermi chez nous la démocratie ; et Aristide, cet homme juste et désintéressé, qui a réglé les contributions de la Grèce, et dont le peuple, après sa mort, a doté les filles : l’un, vous conjurer avec cette douceur qui lui était si naturelle, de ne point préférer aux lois et à votre serment, les phrases éloquentes de Démosthène ; l’autre, se plaindre du mépris de la justice, vous demander si vous ne rougissez pas, en voyant que vos pères ont presque fait mourir, ont banni d’Athènes et de toute l’Attique Arthénius de Zélie, qui avait apporté chez les Grecs l’or des Perses ; Arthénius qui ne faisait que passer dans Athènes, qui était uni aux Athéniens par le droit de l’hospitalité ; et que vous, vous allez honorer d’une couronne d’or Démosthène, qui n’a pas apporté de l’or des Perses, mais qui en a reçu, et qui en possède encore pour prix de ses trahisons.
Elle se fonde, disent-ils : 1° sur les objets de la pensée : l’honnête, l’utile et leurs contraires sont la matière du genre délibératif ; le vrai, le juste et leurs contraires, celle du genre judiciaire ; le beau et le laid, celle du genre démonstratif ; 2° sur la situation de celui qui écoute : dans le délibératif, il écoute pour approuver ou rejeter l’avis proposé ou combattu ; dans le judiciaire, pour absoudre ou condamner l’individu accusé ou défendu ; dans le démonstratif, pour imiter ou fuir les exemples loués ou blâmés ; 3° sur les différents points de la durée : la délibération porte toujours sur l’avenir, le jugement sur le passé, l’éloge ou le blâme ordinairement sur le présent. Je réponds qu’il n’est pas rare qu’on délibère sur des intérêts actuels, et que, si le jugement porte toujours sur le passé, il en est fort souvent de même de l’éloge ou du blâme, qui ne sont en définitive qu’une espèce de jugement, sauf la sanction pénale ; d’où il suit aussi qu’il y a presque toujours du démonstratif, c’est-à-dire de l’éloge ou du blâme dans le judiciaire et même dans le délibératif ; que le délibératif, en traitant de l’honnête, peut par la même aborder le vrai et le juste aussi bien que le judiciaire ; que si le beau du démonstratif est purement artistique, c’est resserrer le genre dans des bornes trop étroites ; s’il est moral, il rentre dans le vrai, le juste et l’honnête des deux autres genres ; que, tandis que les deux premiers ont un double élément, d’une part, la destination des œuvres oratoires à telle ou telle tribune, de l’autre la nature des idées, le démonstratif n’a que ce dernier, ce qui jette une sorte de confusion dans la division ; que d’ailleurs si cette division pouvait paraître complète dans l’antiquité, elle ne l’est pas pour nous, car à quel genre rattacher l’éloquence de la chaire, qui n’a assurément rien de judiciaire, qui peut passer pour un mélange du délibératif et du démonstratif, sans être absolument ni l’un ni l’autre, et dont il serait peut-être mieux de faire un quatrième genre que l’on pourrait nommer protreptique ou hortatif ?
Leur règle n’est pas de parler juste, mais de faire des figures justes. » Vous savez ce que l’on nomme en logique enthymème : c’est un syllogisme tronqué, dont on a retranché ou la majeure, ou la mineure, ou la conclusion. […] tu me fais mourir ; rapprochez-en l’admirable strophe d’Hermione, acte IV, scène 5, d’Andromaque : Est-il juste, après tout, qu’un conquérant s’abaisse… jusqu’à la fin ; et vous pourrez vous faire une idée de la valeur de l’ironie dans le genre tragique comme dans le plaisant.
L’exaltation furieuse d’un sauvage qui connaît les passions de la foule et qui les partage peut frapper aussi juste que l’art savant et mesuré d’un Athénien. […] Si l’éloquence politique, en effet, n’est, comme nous l’avons dit, que le langage du bon sens parlé devant un peuple, si son but unique est de persuader des choses justes et utiles, qu’a-t-elle besoin des artifices du barreau et de l’attirail du pathétique ? […] A cette grande école de Platon, il avait appris qu’il n’y a qu’une morale, applicable aux États comme aux particuliers, à la vie publique comme à la vie privée, et que la politique la plus juste est non-seulement la seule bonne mais encore la seule utile. […] Ce sentiment élevé du juste respire dans tous ses discours : il en forme pour ainsi dire la moelle et la substance : — « Ce n’est pas sur l’injustice, dit-il, ni sur la perfidie, ni sur le mensonge que l’on a jamais pu fonder une puissance durable. […] » ce ne sont pas seulement les vaincus de Chéronée qui applaudissent et qui se sentent consolés, mais les hommes de tous les temps qui ont succombé en défendant une cause juste.
Socrate se prononça contre eux, fit sentir l’absurdité de leur dialectique et le vide de leur prétendue éloquence, et tâcha de rappeler ses concitoyens à des idées plus justes sur l’art de raisonner. […] C’était avoir saisi, ce me semble, sous un point de vue bien juste, le rapport qui se trouve entre ces deux puissances, également tumultueuses et imposantes, les flots de la mer et les flots d’un peuple assemblé.
Faire prévaloir tout ce qui est bon et honnête, le juste sur l’injuste ; assurer le triomphe de la vérité et de la vertu ; défendre la pureté et la sainteté de la morale et de la religion ; étendre l’empire des lettres, des sciences et des arts ; raffermir l’existence des sociétés ébranlées ; travailler à l’utilité ou au bien général : tel est le domaine de l’orateur, telle est la gravité de la mission qu’il est appelé à remplir parmi ses concitoyens. […] 3° Le Genre Judiciaire appartient au barreau ; il a pour objet le juste et l’injuste.
Bien des rhéteurs modernes ont parlé de l’élégance, et ont dit à ce propos des choses non-seulement justes, mais fines et délicates ; et peut-être, malgré tout, ne font-ils pas encore bien apprécier ce qu’elle est réellement. […] « Une des choses qui nous plaît le plus, dit Montesquieu, c’est le naïf, mais c’est aussi le style le plus difficile à attraper : la raison en est qu’il est précisément entre le noble et le bas ; il est si près du bas, qu’il est très-difficile de le côtoyer toujours sans y tomber. » De part ni d’autre, l’appréciation ne me paraît rigoureusement juste. […] Attaquez, combattez ces choses ou ces hommes, si leur chute est nécessaire au triomphe des opinions que vous croyez justes et utiles et du parti que vous défendez, mais ne les raillez pas ; les respecter, c’est vous respecter vous-même.
En ce sens, les classiques par excellence seraient les écrivains d’un ordre moyen, justes, sensés, élégants, toujours nets, d’une passion noble encore, et d’une force légèrement voilée. […] Que l’admiration de nous à eux, des modernes aux vrais Anciens, à ceux qui ont le mieux connu le beau, s’entretienne de phare en phare, de colline en colline, et ne s’éteigne pas ; que l’enthousiasme de ce côté n’aille pas mourir, — ce serait une diminution du génie humain lui-même ; — non un enthousiasme crédule, aveugle et indigne d’eux comme de nous, mais un enthousiasme léger, clairvoyant, intelligent, divinateur et réparateur, qui n’est que l’émotion la plus délicate et la plus vivé en face de tant de belles choses, accomplies une fois en leur juste cercle et à jamais disparues1. […] Ce n’est là rien de plus qu’un juste tribut payé à leur renommée ; en d’autres termes, c’est la modestie convenable à tout individu, de penser que son jugement inexpérimenté est sujet à se méprendre plutôt que la voix unanime du public.