Vous éprouverez qu’il adopte de lui-même, dans les combinaisons les plus nouvelles, tout ce qui est fort et vrai, et ne rejette que le faux, qui presque toujours est la ressource et le déguisement de la faiblesse. Quelques productions irrégulières et informes ont enlevé les suffrages ; elles ne plaisent point par la violation des principes, mais en dépit de cette violation ; et c’est, au contraire, le triomphe de la nature et du goût, que quelques beautés conformes à cet invariable modèle, répandues dans un ouvrage bizarrement mélangé, suffisent à son succès, et soient plus fortes que l’alliage qui les altère. […] À plus forte raison signé d’un inconnu qui mérite un patronage. […] La Fontaine était fort distrait, et ne flattait d’ordinaire que ses amis malheureux.
C’était peut-être le chemin par où l’on montait à la citadelle, qui ne devint très forte que sous les tyrans de Lacédémone. […] L’éloquence y jaillit vive et naturelle ; la pensée, toujours grande et forte, se revêt d’une expression colorée et poétique. […] La pointe, longue et forte, était armée de plusieurs barbes ou crochets tranchants et recourbés. […] Ces braves gens marchaient tout joyeux, lorsque la vallée, se resserrant de nouveau, leur présenta une gorge étroite, fermée par un fort hérissé de canons : c’était le fort de Bard, déjà désigné comme un obstacle par plusieurs officiers italiens, mais comme un obstacle qu’on pouvait vaincre. […] On prendrait, se disait-il, le fort avec de l’audace ; si on ne le prenait pas, on le tournerait.
L’honneur en revient surtout à Henri Estienne, qui soutint le fort du combat dans son Dialogue du français-italianisé, pamphlet où l’épigramme littéraire est aiguisée par la haine politique. […] Mais le bon sens français fut encore ici le plus fort. […] Cette fronde légère suffit à terrasser le Goliath de la poésie ; et, malgré de pompeuses funérailles, malgré les épitaphes bruyantes qui ranimèrent un instant la ferveur des dévots, la gloire de Ronsard avait déjà bien pâli quand il mourut fort à propos, à la veille du jour où Malherbe allait enfin venir. […] Douloureux ne vient pas plus naturellement de douleur, que de chaleur vient chaleureux ou chaloureux ; celui-ci se passe, bien que ce fût une richesse pour la langue, et qu’il se dise fort juste où chaud ne s’emploie qu’improprement. […] Voici encore un terrain bien glissant ; aussi, j’admire fort les érudits qui, s’y tenant de pied ferme, imposent à chaque époque un système infaillible auquel ils veulent ramener tous les dissidents.
Je vous envoie, Monsieur, un de mes livres des Caractères, fort augmenté, et je suis, avec toute sorte de respect et de gratitude, etc. […] J’ai été fort exact. […] Pour moi, je ne sais ce que c’est que de manquer à ma parole, et je garde mon sérieux, comptant bien que vous tenez le vôtre : je trouverais fort mauvais qu’il en fût autrement. […] Là, je vis bien que la secousse avait été forte, ou sérieuse, comme vous diriez, cousine, ou conséquente, comme dit Voisard. […] Il avait près de neuf ans, et il était fort doux à cet âge.
« L’usage d’employer les mots dans un sens figuré s’étend fort loin, a dit Cicéron. […] Cette figure sert à exprimer le caractère d’une passion fougueuse, d’un sentiment vif et profond, la forte préoccupation d’un esprit qui s’attache à une seule pensée, et qui par cette raison répète souvent les mots qui la représentent. […] Correction La Correction consiste à corriger ce que l’on vient d’avancer, soit en employant des paroles et des pensées plus fortes ou moins fortes, soit en substituant une autre pensée que l’on juge plus convenable. […] vous le savez : le soir, nous la vîmes séchée ; et ces fortes expressions par lesquelles l’Écriture sainte exagère l’inconstance des choses humaines, devaient être pour cette princesse si précises et si littérales ! […] Boileau est fort amusant lorsque, dans son poème Le Lutrin, il compare la défaite et la fuite des chantres à la fuite d’un troupeau de moutons devant le loup cruel, et la déroute des Troyens devant le terrible Achille.
La raison du plus fort est toujours la meilleure. […] à fortiori, à plus forte raison. […] Le langage de l’exemple est le plus fort, et s’il est contraire à celui de sa bouche, il en détruit tout l’effet. […] Celui qui s’en forme de telles, est toujours puissant et fort dans ses mouvemens. […] L’homme fort met toute sa confiance dans ses raisons.
Édifier, éclairer, diriger les âmes fut son unique ambition, et c’est de lui qu’on peut dire : « Il ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour la vérité et la vertu. » Dans cette éloquence si saine, si substantielle et si forte, on voit rayonner la beauté morale d’un caractère. […] Comme elle se sent forte et vigoureuse, elle bannit la crainte et tend les voiles de toutes parts à l’espérance qui l’enfle et qui la conduit5. […] vous le savez : le soir nous la vîmes séchée ; et ces fortes expressions par lesquelles l’Écriture sainte exagère l’inconstance des choses humaines devaient être pour cette princesse si précises et si littérales ! […] C’est avec beaucoup de raison qu’elle s’applique si sérieusement à régler toute sa conduite ; car, après vous être fait à vous-même une si grande violence dans une chose qui vous touche si fort au cœur1, vous n’avez garde de négliger vos autres désirs, où il ne s’agit plus que de suivre vos inclinations. […] « Qui vous touche si fort au cœur. » Allusion à la lettre que Bossuet écrivit à Louis XIV pour lui faire rompre des attaches criminelles.
Plus tard, les Latins désignèrent par la même expression (stylus) un poinçon ou forte aiguille qui leur servait à tracer les lettres de l’alphabet sur l’écorce d’arbre appelée liber, ou sur des tablettes recouvertes de cire. […] Les peuples de l’Orient ont de tout temps chargé leur style de figures fortes et hyperboliques.
Cette division est tout à fait arbitraire ; elle est d’ailleurs fort inutile, car il n’y a pas plusieurs manières de procéder, ni plusieurs règles différentes, parce que les sujets sont différents. […] Chez nous, le genre du poème didactique a été fort cultivé de tout temps, et avec succès. […] Nous avons, en effet, des poèmes où une action très petite est racontée en termes fort simples, et dont l’élégance fait le plus grand mérite. […] Ce poème est composé de trente-six chants, tous fort longs. […] On y blâme trop de discours, des espèces de dissertations théologiques fort ennuyeuses, peu d’action, le manque de goût et de vraisemblance, et des épisodes trop peu liés.
Ipse dixit est parfois un argument bien fort, surtout si cet ipse est un mort ou un étranger. […] De retour chez eux, les savants conseillers cherchent dans tout Cicéron le merveilleux passage qui leur avait échappé ; ils le cherchèrent fort longtemps. […] 3° Fort souvent enfin, l’analyse, renfermée entre deux synthèses, développe la première et se résume dans la seconde. […] Aussi voyons-nous non-seulement que les orateurs sèment leurs discours des sentiments des poëtes, mais que les philosophes même, eux qui méprisent si fort tout ce qui est étranger à leurs études, daignent emprunter quelquefois l’autorité d’un vers cité à propos. » Instit. orat.
Ne perdez point de vue, au fort de la tempête, Ce panache éclatant qui flotte sur ma tête : Vous le verrez toujours au chemin de l’honneur. » A ces mots, que ce roi prononçait en vainqueur, Il voit d’un feu nouveau ses troupes enflammées Et marche en invoquant le grand Dieu des armées1. […] La première édition, d’ailleurs fort imparfaite, date de 1723. […] Une publication fort intéressante, qui contribue à nous faire bien connaître ces braves soldats et leur chef, est le recueil des Lettres missives de Henri IV. […] Beau portrait du calme qu’une âme forte conserve au milieu des dangers : Duplessis-Mornay, qui a laissé aussi des Mémoires curieux sur les événements et les guerres auxquels sa vie a été mêlée, se montra même sur les champs de bataille un sage, ami des hommes : ce qui ne l’empêchait nullement d’être un héros.
Je trouvai ce sentiment fort juste ; mais je pensai en même temps qu’on le pouvait appliquer à bien des choses de plus grande conséquence. […] Le premier est l’ascendant, c’est-à-dire une manière impérieuse de dire ses sentiments, que peu de gens peuvent souffrir, tant parce qu’elle représente l’image d’une âme fière et hautaine, dont on a naturellement de l’aversion, que parce qu’il semble que l’on veuille dominer sur les esprits et s’en rendre le maître… C’est encore un fort grand défaut que de parler d’un air décisif, comme si ce qu’on dit ne pouvait être raisonnablement contesté ; car l’on choque ceux à qui l’on parle de cet air, ou en leur faisant sentir qu’ils contestent une chose indubitable, ou en faisant paraître qu’on leur veut ôter la liberté de l’examiner et d’en juger par leur propre lumière1, ce qui leur paraît une domination injuste. […] (Lettres des 21 juin, 5 et 22 juillet 1671, etc.) — L’écrit dont nous avons donné un extrait était principalement la lecture favorite de cette femme d’un esprit si charmant, mais d’une âme si forte et si élevée.
Si cela arrive avant que vous soyez mariée, vous épouserez un gentilhomme de campagne fort misérable ; car vous ne serez pas riche, et si, pendant ma vie, vous épousez un plus grand seigneur, il ne vous considérera, quand je n’y serai plus, qu’autant que votre humeur lui sera agréable ; vous ne pouvez l’être que par votre douceur, et vous n’en avez point. […] Je ne suis point prévenue contre vous, car je vous aime fort ; mais je ne vous vois pas sans peine, par l’orgueil qui paraît dans tout ce que vous faites. […] Je vous parle comme à une grande fille, parce que vous avez l’esprit fort avancé ; mais je consentirais de bon cœur que vous en eussiez moins, et moins de présomption.
C’est qu’il est fort rare chez le peuple qui a la prétention d’être l’arbitre de l’esprit et du goût littéraire. […] Il se distingua en Sorbonne ; on remarqua de fort bonne heure la force et la vivacité de son esprit. […] Il aime la chair humaine, et peut-être, s’il était le plus fort, n’en mangerait-il pas d’autre. […] Pour les vrais amis, il faut les choisir avec de grandes précautions, et par conséquent se borner à un fort petit nombre. […] Ne te tiens-tu pas fort de ma poltronnerie ?
Ce héros si célèbre fut le plus vaillant et le plus fort de tous les Grecs, au siège de Troie. […] Il se signala par sa bravoure, dans le fort de la mêlée, au passage du Rhin. […] L’endroit où l’armée de Louis XIV passa ce fleuve le 2 juin 1672, est près du village de Tolhus, au-dessous du fort de Schench, à deux lieues nord de Clèves. […] Les Dieux eux-mêmes l’avaient si fort en vénération, qu’ils craignaient de jurer par ses eaux ; et si quelqu’un d’eux avait violé son serment, il aurait été privé des honneurs de la divinité et du nectar pendant cinq ans. […] Il eut pour successeur son fils Laomédon, qui la fit entourer de plus fortes murailles et de tours.
Leur forte culture est devenue plus nécessaire encore aujourd’hui qu’autrefois, aux hommes publics obligés de faire prévaloir leurs pensées par la parole et de donner les raisons de leurs actes. […] Le génie ne s’imite pas ; il faut avoir reçu de la nature les plus beaux dons de l’esprit et les plus fortes qualités du caractère pour diriger ses semblables, et influer aussi considérablement sur les destinées de son pays. […] Mais il y a aussi dans la vie de Franklin de belles leçons pour ces natures fortes et généreuses qui doivent s’élever au-dessus des destinées communes.
Si j’étais complétement fort, je vous représenterais, dans toute sa clarté, ce que je ne vois et ce que je ne puis dire qu’à moitié. […] tandis que ma parole se déroulait péniblement, déjà l’idée rapide et vive était rentrée dans la profondeur de l’intelligence ; et pourtant c’était à l’aide des traces lumineuses qu’elle avait laissées sur son passage, que je pouvais retrouver quelques signes et exprimer quelques pensées. » Ainsi donc, tous, qui que nous soyons, faibles ou forts, tous nous sentons, à chaque instant, une contrariété qui fait du même coup notre grandeur et notre misère, qui nous abat et qui nous élève, soit que, dans nos actions, nous poursuivions l’idée d’un bonheur et d’une vertu que nous ne pouvons pas atteindre, soit que, seulement dans nos paroles, nous cherchions à représenter une vérité que nous ne pouvons pas non plus exprimer tout entière. […] Fragment de préface 2 J’avais un de mes amis en Limousin qui habitait une fort méchante maison.
Les rhéteurs recommandent d’en donner d’abord de fortes, de placer les plus faibles au milieu, et de réserver les plus solides pour la fin. […] La raison du plus fort est toujours la meilleure. […] Dire ce qui constitue la patrie, quels devoirs nous avons envers elle, à quelles conditions elle est forte et prospère. […] Pascal l’estimait fort et il voulait qu’on s’en préoccupât toujours. […] Les arts qui ont si fort contribué à la gloire du grand règne n’y sont pas oubliés.
On voit que l’allusion était forte, et que ce n’était pas là un simple jeu de mots. […] Si les plaisanteries, si les railleries dures et offensantes sont et doivent être sévèrement interdites à l’orateur du barreau, à combien plus forte raison ne doit-il pas se défendre la grossièreté des injures et l’odieux des personnalités ?
Un père d’autrefois 4 Je me plains de vous, de ce que vous ne m’avez pas mandé que vous aviez fouetté mon fils ; car je veulx et vous commande de le fouetter5 toutes les fois qu’il fera l’opiniastre ou quelque chose de mal, saichant bien par moy-mesme qu’il n’y a rien au monde qui lui face plus de profict que cela ; ce que je recognois par experience m’avoir profité ; car, estant de son aage, j’ay esté fort fouetté. […] On voit que Henri IV approuvait fort ce mode d’éducation qui excitait l’indignation de Montaigne.
Originaire de Rouen et neveu du grand Corneille, il voulut d’abord marcher sur les traces de son oncle et travailler pour le théâtre : mais ses compositions dramatiques ne réussirent que fort peu ; et, pour ses vers en général, si quelques-uns eurent de son vivant plus de succès, on peut dire qu’à l’exception d’un petit nombre de pièces légères ils ne le méritaient pas davantage : Fontenelle manquait de naturel et de cette émotion vraie qui est l’âme de la poésie. […] Dans toutes les Indes orientales on croit que, quand le soleil et la lune s’éclipsent, c’est qu’un certain dragon, qui a les griffes fort noires, les étend sur ces astres dont il veut se saisir ; et vous voyez pendant ce temps-là les rivières couvertes de têtes d’Indiens qui se sont mis dans l’eau jusqu’au cou, parce que c’est une situation très-propre, selon eux, à obtenir du soleil et de la lune qu’ils se défendent bien contre le dragon. […] L’usage en était fort ancien et subsista jusque dans la seconde partie du dix-septième siècle.
Il a fait des vers fort heureusement2, il a réussi dans la prose : les savants ont été contents de son latin ; la cour a loué sa politesse. […] Il n’est pas fort vif au dehors, mais il a beaucoup de vivacité au dedans, et peu de chose échappe à ses réflexions. […] Les portraits étaient alors fort à la mode.
La séance de l’Académie a été fort brillante. […] Enfin quand on arrive à la grande lutte, quand il faut à son tour se présenter au combat de la mort, sans doute l’affaiblissement de nos facultés, la perte de nos espérances, cette vie si forte qui s’obscurcit, cette foule de sentiments et d’idées qui habitaient dans notre sein, et que les ténèbres de la tombe enveloppent, ces intérêts, ces affections, cette existence qui se change en fantôme avant de s’évanouir, tout cela fait mal, et l’homme vulgaire paraît, quand il expire, avoir moins à mourir ! […] L’ennemi de l’enthousiasme est la moquerie ; voici comment le traitait madame de Staël : « La moquerie qui s’attache aux idées et aux sentiments est la plus funeste de toutes, car elle s’insinue dans la source des affections fortes et dévouées.