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91. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Que le naturel fasse donc le charme de vos narrations : le naturel est tout ; toujours vrai, toujours aimable, il est simple, élevé, sublime ; il est aussi varié que le sentiment. […] L’élocution sera-t-elle la même dans les matières de discussion, dans les sujets agréables, et dans les sujets élevés ou pathétiques ? […] Dans le style élevé, comme partout ailleurs, évitez la profusion des images. […] Les cinq premiers vers sont du style élevé ; mais le dernier est sublime. […] C’est par cet art que Virgile s’est élevé quelquefois dans l’églogue.

92. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Toute pensée naïve est naturelle : mais toute pensée naturelle n’est pas naïve, parce que le naturel peut avoir quelque chose de grand, de sublime ; au lieu que le naïf a toujours quelque chose de petit ou de moins élevé. […] Il y a des phrases, des mots, des tours qui ont de l’éclat et de la grandeur : ceux-là sont destinés à paraître dans les genres élevés. […] Voici la remarque de cet habile grammairien sur ces vers que le poète met dans la bouche de Mithridate : apprenez…… qu’il n’est point de Rois, Qui sur le trône assis, n’enviassent peut-être, Au-dessus de leur gloire un naufrage élevé, Que Rome et quarante ans ont à peine achevé. […] du Cerceau, qui dans ses réflexions sur la poésie française, s’exprime ainsi : J’avoue que je n’entends pas trop bien ce que signifie un naufrage élevé au-dessus de la gloire des autres Rois, et encore moins ce que veut dire, achever un naufrage.

93. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VII. Satire. »

Juvénal, élevé dans les cris de l’école, Poussa jusqu’à l’excès sa mordante hyperbole.

94. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Il y a trois genres ou caractères d’éloquence : le genre simple, qui dit les choses telles qu’elles sont ; le genre fleuri, qui les orne et les embellit ; le genre sublime, qui déploie tout ce que les pensées, les sentiments et les expressions ont de plus élevé, de plus frappant et de plus pompeux. […] C’est cette espèce d’éloquence qui a enlevé les suffrages, qui s’est rendue maîtresse des délibérations publiques, qui a étonné le monde par le bruit et la rapidité de sa course ; qui, après avoir excité l’applaudissement et l’admiration des hommes, les laisse dans le désespoir d’atteindre à cette haute perfection où elle s’est élevée.

95. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

Tout le monde trouva cette fonction d’agent de police, peu digne d’un général aussi élevé ; et Condé lui-même improvisa contre lui, dans le carrosse où on l’emmenait, ce couplet épigrammatique :         Cet homme gros et court,         Si connu dans l’histoire,         Ce grand comte d’Harcourt         Tout couronné de gloire, Qui secourut Cazal et qui reprit Turin, Est maintenant recors de Jules Mazarin. […] Bientôt après, le front élevé dans les airs,         L’enfant, tout fier de sa victoire, D’une voix triomphante en célébrait la gloire, Et semblait pour témoin vouloir tout l’univers.

96. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Il excelle à tracer des tableaux littéraires où l’on admire un savoir attrayant, des vues élevées, des idées libérales, de l’indépendance, de la modération, des anecdotes racontées finement, des rencontres imprévues qui piquent la curiosité, l’art d’aiguiser en ironie la fin d’un compliment, un goût délicat et sûr, un coloris poli et nuancé, un bon sens rapide et revêtu de grâce. […] Élevés au milieu d’une civilisation qui s’épurait et s’ennoblissait chaque jour, ils ne se réfugiaient plus tout entiers dans les souvenirs et dans l’idiome des Romains, comme avaient fait autrefois quelques hommes supérieurs lassés de la barbarie de leurs contemporains : ils étaient, au contraire, tous modernes par la pensée, tous animés des opinions1, des idées de leur temps ; seulement leur imagination s’était enrichie des couleurs d’une autre époque, d’une civilisation, d’un culte, d’une vie différente des temps modernes.

97. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — CHAPITRE PREMIER. Du genre léger on des poésies fugitives » pp. 75-95

Il semble cependant qu’elle se trouve beaucoup mieux dans les genres simples ou médiocres que dans le genre élevé, parce que son caractère est l’aisance et la liberté. […] Le poète y fait le plus souvent l’éloge du mort ; et il doit alors y mettre les grâces et les délicatesses du madrigal, en prenant cependant un ton plus noble et plus élevé, et en résumant d’un trait la vie et le caractère de la personne qui en est l’objet.

98. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

En un mot, son ouvrage est un des beaux monuments de ce siècle, élevé pour les âges suivants, et auquel l’antiquité n’a rien à opposer. […] Style élevé. […] Les chrétiens avaient élevé une tour pour escalader Jérusalem au premier assaut ; Argant et Clorinde viennent l’embraser pendant la nuit. […] Vastes labyrinthes de galeries étroites et peu élevées, elles sont le tombeau du voyageur imprudent qui se hasarde à les visiter sans guide. […] Mais l’homme vous a élevés, et sa fragilité vous a donné la vie et une durée éternelle.

99. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE IV. Des Figures. » pp. 144-262

Son vaste génie aspirait sans cesse à des choses immodérées, incroyables et trop élevées. […] Ejicere ex senatu. — Depellere, chasser, pousser d’un lieu élevé. […] Cæs. — Proceres (de procerus), les grands, ceux qui sont plus élevés que les autres. […]  — Speculari (de specula, lieu élevé d’où l’on peut voir), observer de loin, regarder d’un lieu élevé. […] C'est dans ce sens qu’on dit : Subducere naves, classem, parce que la terre est plus élevée que la mer. — Subtrahere (trahere sub), détourner, soustraire.

100. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre II. Études du Prédicateur. »

Le champ qu’elle cultive est trop précieux, les objets quelle embrasse trop élevés, trop importants, trop graves, pour y semer les bluettes et le faux clinquant du bel esprit.

101. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PRÉAMBULE. » pp. -

En suivant cette méthode, qui nous est spécialement recommandée par un grand poëte1, ils enrichiront leur esprit d’une foule de pensées nobles et fécondes, leurs cœurs s’épanouiront sous l’influence de sentiments élevés, et il se formera en eux comme un riche trésor de termes choisis et de tournures élégantes, où ils n’auront qu’à puiser quand il sera besoin d’écrire et de composer en latin.

102. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

C’est un homme dont les devoirs sont aussi étendus que sa puissance, qui répond à Dieu d’un peuple entier, et participe par ses vertus à tous les honneurs dus au génie : un homme qui se sanctifie par son pouvoir même, lorsqu’il rend ses sujets heureux : un homme dont les actions sont des exemples, les paroles des bienfaits, les regards même des récompenses : un homme qui n’est élevé au-dessus des autres que pour découvrir les malheureux de plus loin ; c’est enfin une victime honorable de la félicité publique, à qui la providence a donné pour famille une nation, pour témoin l’univers, tous les siècles pour juges. » (L’abbé Maury, Panég. de saint Louis.)

103. (1881) Rhétorique et genres littéraires

Leurs mœurs et leurs institutions politiques avaient fait de l’éloquence l’art le plus élevé. […] Le style sublime est celui qu’on emploie dans les discours ou écrits qui demandent de la grandeur et de l’élévation (sublimis, élevé). […] Ses principales qualités sont celles qui conviennent à la conversation des personnes bien élevées : bienséance, simplicité, aisance et naturel. […] Ses moyens de rendre la pensée ont varié à l’infini, et une quantité innombrable de rythmes a été créée depuis les poètes du seizième siècle (la Pléiade) jusqu’aux dernières productions de la poésie contemporaine ; aussi se prête-t-elle merveilleusement à l’expression de tous les sentiments, depuis les plus élevés et les plus graves jusqu’aux plus tendres et aux plus délicats. […] 4° Dans l’épopée, la poésie déploie toutes les ressources de l’art des vers et tous les trésors de l’imagination : figures hardies, coloris brillant, expressions pompeuses, images vives, pensées nobles et sentiments élevés.

104. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Corneille 1606-1684 [Notice] Né à Rouen, élevé au collège des Jésuites, Pierre Corneille subit d’abord l’influence du mauvais goût qui régnait autour de lui, et multiplia pendant sept années (1629-1636), des essais qui n’intéressent aujourd’hui que la curiosité littéraire5. […] est-il tache plus noire, plus indigne d’un homme élevé pour la gloire ? […] Précipice élevé d’où tombe mon honneur !

105. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

De leurs cendres et de leurs ruines s’est élevée la grandeur et la souveraineté de notre Église. […] J’ai le teint brun, mais assez uni ; le front élevé, et d’une raisonnable grandeur ; les yeux noirs, petits et enfoncés ; les sourcils épais, mais bien tournés. […] » Certes, elle s’est cachée 532 des yeux de tous les vivants ; les oiseaux mêmes du ciel, c’est-à-dire les esprits élevés, n’ont pu découvrir ses vestiges. […] La nature ne manque pas de faire naître dans tous les pays des esprits et des courages élevés ; mais il faut aider à les former. […] Mon carrosse même avait été lié avec des cordes, et presque élevé sur le pont ; mais quelques-uns de ceux qui le tiraient ayant lâché les câbles, il tomba dans le fond de l’eau et se perdit.

106. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre V. Barreau français. — Le Normant et Cochin. »

Que l’on cesse donc de s’étonner d’avoir vu et de voir tous les jours encore, insensiblement tomber des réputations, d’abord élevées si haut, mais qui manquaient de ce qui les devait soutenir à jamais.

107. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre II. Éloge de Démosthène par Lucien. »

si je dois vivre encore, si les jours de Démosthène doivent être conservés, que mes conservateurs soient mon pays, les flottes que j’ai armées à mes dépens, les fortifications que j’ai élevées, l’or que j’ai fourni à mes concitoyens, leur liberté que j’ai défendue, leurs lois que j’ai rétablies, le génie sacré de nos législateurs, les vertus de nos ancêtres, l’amour de mes concitoyens qui m’ont tant de fois couronné, la Grèce entière que j’ai vengée jusqu’à mon dernier soupir ; voilà quels doivent être mes défenseurs : et si dans ma vieillesse je suis condamné à traîner une vie importune aux dépens des autres, que ce soit aux dépens des prisonniers que j’ai rachetés, des pères dont j’ai doté les filles, des citoyens indigents dont j’ai acquitté les dettes.

108. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Ils sont tous effacés par l’apôtre de la tolérance civile, Michel de l’Hôpital (1505-1573), qui fait entendre à la France son éloquence honnête et élevée, pendant qu’à la suite de François Hotmann et d’Hubert Languet, les pamphlétaires descendent dans l’arène des partis. — Un seul des pamphlets politiques du temps est resté comme une œuvre originale et durable : c’est celui qui porta le dernier coup à la Ligue, c’est la Satire Ménippée (1593). […] Son génie se fait une langue merveilleusement souple, riche, inépuisable, pittoresque, éclatante, tour à tour populaire, voire populacière, et élevée, magistrale, à l’occasion éloquente ; et crée dans Pantagruel, Pichrocole, frère Jean des Entomeures, Panurge, des types qui nous sont devenus aussi familiers que ceux des chefs-d’œuvre du théâtre. […] Ceux que l’on avoit jetés dedans ont été bien aises que le roi leur ait permis d’en sortir, et ont quitté avec joie ces bastions qu’ils avoient élevés, et sous lesquels il sembloit qu’ils se voulussent enterrer.

109. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

De même que le génie est une faculté plus élevée que le goût, de même aussi la nature l’a répandu d’une main plus avare. […] Quoique ces passages soient de très beaux exemples d’un style élevé, ce n’est pas tant à ce titre que je les ai rapportés ici, que pour montrer que les objets qu’ils nous représentent appartiennent à la classe des objets sublimes. […] Un monument ne peut faire naître d’idées sublimes s’il n’est à la fois vaste et élevé. […] Pour bien juger d’un trait frappant dans une composition de quelque genre qu’elle soit, nous devons examiner la nature de l’émotion qu’il nous fait éprouver ; et si cette émotion a quelque chose d’élevé, de solennel, d’imposant, nous pouvons prononcer hardiment que ce trait est sublime. […] Cicéron nous apprend qu’il s’était élevé une contestation entre Roscius et lui : il s’agissait de savoir si Cicéron rendrait la même pensée par un plus grand nombre de phrases diverses que Roscius n’emploierait de gestes clairs et intelligibles pour l’exprimer.

110. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Cette lettre est un vrai modèle en ce genre, principalement pour la précision, la délicatesse, et le ton qu’on doit prendre, quand on écrit dans ces circonstances à des personnes d’un rang élevé. […] Madame la Duchesse de Ventadour, Gouvernante des Enfants de France, allait lui écrire pour le féliciter sur le rétablissement de sa santé, lorsqu’on vint lui annoncer la mort de Madame sixième, qui était élevée avec Mesdames à Fontevraulta.

111. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Nul livre en effet n’offre des maximes si pures, si élevées, des instructions si saines, si touchantes. […] Vous savez trop que les vertus du christianisme, loin d’être incompatibles avec la vraie valeur, impriment au contraire dans l’âme un caractère d’héroïsme plus élevé, que ne donne point le seul sentiment de l’honneur.

112. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

15° Pensées grandes La pensée est grande, lorsque l’objet qu’elle représente est élevé, imposant et noble : elle a une signification étendue, augmentée quelquefois encore par un terme de comparaison qui en fait mieux sentir la grandeur. […] La vertu doit donc accompagner la noblesse ; et c’est pour cela qu’une pensée noble ne peut sortir que d’un cœur vertueux ; elle contient l’expression d’un sentiment élevé, qui saisit l’âme et lui cause en même temps un plaisir mêlé d’admiration.

113. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

Une plaine immense a sans doute quelque chose d’imposant ; mais une montagne, dont nos yeux mesurent à peine la hauteur ; mais un précipice, une tour élevée, d’où nous considérons les objets qu’elle domine, excitent une sensation bien plus vive.

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