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100. (1873) Principes de rhétorique française

D’où te venaient cette ardeur et ce courage ? […] On vient. Comment vient-on ? […] La proposition doit venir aussitôt après l’exorde. […] Comment ne pas venir adorer l’Éternel ?

101. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

Il commence par gémir de la nécessité que lui impose la corruption des mœurs, de venir prouver à des hommes, à des chrétiens, la certitude d’une vérité qui n’excitait pas même de doutes chez les philosophes païens, et qui était l’âme de tout ce qui se faisait alors de grand ou d’estimable. […] D’où vient donc qu’il n’a plus connu de Dieu ; que le crime lui a paru des polices humaines ; l’avenir, une chimère ; l’âme, un souffle qui s’éteint avec le corps ? […] D’où vient que les richesses l’inquiètent, que les honneurs le fatiguent, que les plaisirs le lassent, que les sciences le confondent et irritent sa curiosité, loin de la satisfaire ; que tout cela ensemble ne peut remplir l’immensité de son cœur, et lui laisse encore quelque chose à désirer ? […] D’où a pu venir au genre humain cette idée étrange d’immortalité ? […] Il tire ensuite de toutes les vérités qu’il vient d’établir, la conclusion suivante : « Que conclure de ce discours ?

102. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — De Maistre, 1753-1821 » pp. 377-387

Tant qu’il leur restera du sang, elles viendront l’offrir ; et bientôt une rare jeunesse se fera raconter ces guerres désolatrices produites par les crimes de ses pères3 La guerre est donc divine en elle-même, puisque c’est une loi du monde4. […] C’est au milieu de cette solitude et de cette espèce de vide formé autour de lui qu’il vit seul avec sa femelle et ses petits, qui lui font connaître la voix de l’homme : sans eux il n’en connaîtrait que les gémissements… Un signal lugubre est donné ; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte et l’avertir qu’on a besoin de lui : il part ; il arrive sur une place publique couverte d’une foule pressée et palpitante. […] D’autres peuples, ou, pour mieux dire, leurs chefs, ont voulu profiter, contre toutes les règles de la morale, d’une fièvre chaude qui était venue assaillir les Français, pour se jeter sur leur pays et le partager entre eux. […] Et pour le dire en un mot, il ne se trouve buste, tant soit-elle armée de forces de corps ou pourveuë de sens, que l’homme ne vienne au-dessus. » 1. […] C’est d’elle que viennent toutes les palpitations généreuses des antres peuples, tous les changements insensibles du mal au bien qui s’accomplissent parmi les hommes en ce moment, et qui épargnent aux États des secousses violentes.

103. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre premier. de la rhétorique en général  » pp. 13-23

Si des génies exceptionnels les ont devinées, ce n’est pas un motif, pour ceux qui viennent ensuite, de ne pas les étudier, de ne pas mettre à profit, dans leur intérêt, les mérites et même les défauts de leurs prédécesseurs. […] La rhétorique est donc utile, parce que, l’intelligence humaine étant perfectible, l’art, c’est-à-dire les méthodes rationnelles de perfectionnement, peut efficacement venir en aide à la nature, c’est-à-dire aux dispositions innées. […] Et quoique la philosophie, la poésie et l’histoire se fussent successivement retirées du domaine de la littérature orale, ceux qui vinrent plus tard ne changèrent rien au mode consacré. […] Les uns sont essentiels et généraux ; ils tiennent à la nature même de l’art, viennent à propos en toute matière, et se retrouvent dans tous les siècles et sous toutes les latitudes : Avant donc que d’écrire, apprenez à penser… Tout ce qu’on dit de trop est fade et rebutant… etc. […] D’où vient, à certaines époques où le véritable esprit ne manque pourtant pas, la vogue inexplicable du calembour ?

104. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fléchier, 1632-1710 » pp. 124-132

Exorde de l’oraison funebre de Turenne 2 Je ne puis, messieurs, vous donner d’abord une plus haute idée du triste sujet dont je viens vous entretenir, qu’en recueillant ces termes nobles et expressifs dont l’Écriture sainte se sert3 pour louer la vie et pour déplorer la mort du sage et vaillant Machabée4 : cet homme qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre ; qui couvrait son camp du bouclier, et forçait celui des ennemis avec l’épée ; qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle. Cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Esaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; cet homme que Dieu avait mis autour d’Israël comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie que l’honneur de l’avoir servie  : ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel, et demeura comme enseveli dans son triomphe1. […] et ne mettez-vous pas dans votre esprit, à la place du héros dont parle l’Écriture, celui dont je viens vous parler ? […] Les pères doivent donner bon exemple à leurs enfants, mais ils doivent aussi profiter des bons exemples qui viennent quelquefois de leurs enfants. […] Les consolations humaines ne viennent ici qu’en dernier lieu ; elles seraient puissantes et efficaces si ces douleurs se consolaient.

105. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Supplément aux exemples. »

D’où vient, me diras-tu, cette brusque apostrophe ? […] Son service zélé n’est jamais suspendu ; Porteur laborieux, pourvoyeur assidu, Entre ses deux paniers de pesanteur égale, Chez le riche bourgeois, chez la veuve frugale, Il vient, les reins courbés et les flancs amaigris, Souvent à jeun lui-même, alimenter Paris. […] Et, faible, sur la terre il reposait sa tête : Et la neige, en tombant, le couvrait à demi, Lorsqu’une douce voix, à travers la tempête, Vint réveiller l’enfant par le froid endormi.           Qu’il vienne à nous celui qui pleure, Disait la voix, mêlée au murmure des vents ;           L’heure du péril est notre heure ;           Les orphelins sont nos enfants, Et deux femmes en deuil recueillaient sa misère.

106. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Pascal. (1623-1662.) » pp. 35-39

Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé, pour l’arrêter comme trop prompt : si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient ; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont plus rien, et échappons1 sans réflexion le seul qui subsiste. […] Il n’était donc pas juste qu’il parût d’une manière manifestement divine et absolument capable de convaincre tous les hommes ; mais il n’était pas juste aussi qu’il vînt d’une manière si cachée, qu’il ne pût être reconnu de ceux qui le chercheraient sincèrement. […] Nous sommes si présomptueux, que nous voudrions être connus de toute la terre, et même des gens qui viendront quand nous ne serons plus ; et nous sommes si vains, que l’estime de cinq ou six personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente. […] Cousin, qui parle ainsi dans son remarquable ouvrage sur les Pensées de Pascal : « Il est venu à cette heureuse époque de la littérature et de la langue où l’art se joignait à la nature dans une juste mesure pour produire des œuvres accomplies.

107. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Maintenon 1635-1719 » pp. 94-99

Si les biens nous viennent, recevons-les de la main de Dieu ; mais n’ayons pas de vues trop2 vastes. […] Je ne pourrais le supporter, si je ne regardais d’où il nous vient, et2 que les hommes ne sont que des instruments entre la main de Dieu, pour affliger un royaume trop heureux, et pour humilier un roi trop grand. […] J’ai été jeune et jolie, j’ai goûté des plaisirs : j’ai été aimée partout ; dans un âge un peu plus avance, j’ai passé des années dans le commerce de l’espris ; je suis venue à la faveur, et je vous proteste, ma chère fille, que ces états laissent un vide affreux, une inquiétude, une lassitude, une envie de connaître autre chose, parce qu’en tout cela rien ne satisfait entièrement ; on n’est en repos que lorsqu’on s’est donné à Dieu. » 1. […] L’abbé Gobelin lui disait un jour : « Vous n’avez que des étoffes communes : mais je ne sais ce qu’il y a, ma très-honorée dame, quand vous venez vous confesser, je vois tomber à mes pieds une quantité d’étoffes qui a trop bonne grâce et sied trop bien. » 4.

108. (1839) Manuel pratique de rhétorique

C’est le contenant pour le contenu ; les siècles à venir pour les hommes qui vivront alors. […] Naturellement elle vient après l’exorde et précède toujours la confirmation. […] Viennent ensuite ceux que le prince avait honorés d’une confiance particulière. L’orateur enfin lui-même vient y rendre le dernier et le plus attendrissant hommage. […] Toi-même, avant le coup, me venir consulter ?

109. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Qu’on en juge par cette description, qui, dans son poème des Trois règnes vient après plusieurs autres tout aussi agréables : Suis-je seul, je me plais encore au coin du feu. […] Ce mot, dont tout le monde comprend le sens général et ordinaire, est pris en poésie dans un sens particulier, pour exprimer ce qui vient après le dénouement et qui règle définitivement le sort des personnages. […] Son héros, essuyant une tempête, adresse ses prières à Jésus-Christ, et Vénus vient à son secours. […] Venons aux qualités des acteurs. […] Son sujet est la première croisade ; son héros est Godefroi de Bouillon, qui, élu général des croisés, vient mettre le siège devant la ville sainte.

110. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

Un roman, sans blesser les lois ni la coutume, Peut conduire un héros au dixième volume3 De là vient que Paris voit chez lui de tout temps Les auteurs à grands flots déborder tous les ans ; Et n’a point de portail, où, jusques aux corniches, Tous les piliers ne soient enveloppés d’affiches. Vous seul, plus dégoûté, sans pouvoir et sans nom, Viendrez régler les droits et l’état d’Apollon. […] Si l’on vient à chercher pour quel secret mystère Alidor, à ses frais, bâtit un monastère : « Alidor, dit un fourbe, il est de mes amis, Je l’ai connu laquais, avant qu’il fût commis ; C’est un homme d’honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu’il a pris au monde. » Voilà jouer d’adresse et médire avec art ; Et c’est avec respect enfoncer le poignard1. […] Viendrai-je, en une églogue, entouré de troupeaux, Au milieu de Paris enfler mes chalumeaux, Et dans mon cabinet assis au pied des hêtres, Faire dire aux échos des sottises champêtres ? […] Par mon exil honteux la Trappe est ennoblie ; J’ai vu dans Saint-Denis la réforme établie : Le Carme, le Feuillant, s’endurcir aux travaux ; Et la règle déjà se remet dans Clairvaux ; Cîteaux dormait encore, et la Sainte-Chapelle Conservait du vieux temps l’oisiveté fidèle : Et voici qu’un lutrin, prêt à tout renverser, D’un séjour si chéri vient encor me chasser !

111. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Louis au milieu d’eux, du haut du firmament, Vint contempler Henri dans ce fameux moment, Vint voir comme il saurait user de la victoire, Et s’il achèverait de mériter sa gloire. […] Après avoir été enfermé longtemps dans les cachots de cette ville, rendu à la liberté par le soudan qui y commande, Orosmane, il va reconnaître son fils dans Nérestan, chevalier chrétien, qui était venu pour racheter les captifs de sa religion ; il retrouvera en même temps sa fille dans Zaïre, qui, tombée au pouvoir de l’ennemi comme son père et toute sa famille, avait été dès sa plus tendre enfance nourrie dans les erreurs du mahométisme, et semblait être alors sur le point d’épouser Orosmane. […] Venez, prince, et montrez au plus grand des monarques De vos fers glorieux les vénérables marques : Paris va révérer le martyr de la croix, Et la cour de Louis est l’asile des rois. […] D’où vient que votre âme soupire ? […] Tallemant des Réaux nous apprend que « Malherbe ne voulait pas qu’on rimât sur bonheur ni sur malheur, parce que les Parisiens n’en prononçaient que l’u, comme s’il y avait bonhur et malhur. » De là venait que l’e entrait dans beaucoup de mots où nous n’avons laissé que l’u : j’ai beu, leu, cheute, etc.

112. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Fénelon a-t-il eu le loisir de se reposer tranquillement dans la grotte de Calypso, pour venir ensuite nous en faire une peinture si ravissante ? […] Bienfaitrice de tous les hommes, tu leur donnes des jouissances que le remords et la crainte ne viennent point empoisonner. […] Les bœufs mugissants et les brebis bêlantes venaient en foule, quittant les gras pâturages, et ne pouvant trouver assez d’étables pour être mis à couvert. […] N’as-tu pas dû cent fois te le faire redire, Toi-même avant le coup me venir consulter ? […] Et jamais dans Larisse un lâche ravisseur Me vint-il enlever ou ma femme ou ma sœur ?

113. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mme de Maintenon. (1635-1719.) » pp. 76-82

Si les biens nous viennent, recevons-les de la main de Dieu ; mais n’ayons pas des vues trop vastes3. […] Prenez ce temps-là pour venir à Paris. […] J’ai été jeune et j’ai goûté des plaisirs ; dans un âge un peu avancé, j’ai passé des années dans le commerce de l’esprit, je suis venue à la faveur ; et je vous proteste, ma chère fille, que tous les états laissent un vide affreux, une inquiétude, une lassitude, une envie de connaître autre chose, parce qu’en tout cela rien ne satisfait entièrement. […] Mme de La Maisonfort, à qui est écrite cette lettre (1691 ou 1692), venait d’embrasser, non toutefois sans quelque hésitation, la vie religieuse.

114. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — La Satire Ménippée, 1594 » pp. -

Deux charlatans, l’un Espagnol, l’autre Lorrain, sont venus ouvrir boutique en face du palais de nos rois, pour y débiter leurs drogues aux Parisiens. […] il n’est que d’en avoir, de quelque part qu’il11 vienne. […] Je sçay des inventions pour les faire venir à raison : je leur donne le frontal de corde liee en cordeliere1 : je les pends par les aisselles, je leur chauffe les pieds d’une pelle rouge, je les mets aux fers et aux ceps2 : je les enferme en un four, en un coffre percé plein d’eau : je les pends en chapon rosty : je les fouette d’estrivieres3 : je les sale : je les fais jeusner : je les attache estenduz dedans un ban : bref j’ay mille gentils moyens pour tirer la quinte-essence de leurs bourses et avoir leur substance pour les rendre belistres4 à jamais, eux et toute leur race. […] Malotru, anciennement malostru, malestru, vient du provençal malastruc (opposé à benastruc, heureux), du latin astrulus, qui est sous une bonne étoile. — Artillerie dérive d’artiller, armer : ce mot s’appliqua d’abord aux armes offensives (archers, arbalétriers).

115. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Brizeux, 1803-1858 » pp. 557-563

La mort de louise Quand Louise mourut à sa quinzième année, Fleur des bois par la pluie et le vent moissonnée, Un cortége nombreux ne suivit pas son deuil ; Un seul prêtre en priant conduisit le cercueil ; Puis venait un enfant qui, d’espace en espace, Aux saintes oraisons répondait à voix basse ; Car Louise était pauvre, et jusqu’en son trépas Le riche a des honneurs que le pauvre n’a pas. […] Elle mourut ainsi. — Par les taillis couverts, Les vallons embaumés, les genêts, les blés verts, Le convoi descendit au lever de l’aurore : Avec toute sa pompe avril venait d’éclore, Et couvrait en passant d’une neige de fleurs Ce cercueil virginal, et le baignait de pleurs ; L’aubépine avait pris sa robe rose et blanche ; Un bourgeon étoilé tremblait à chaque branche ; Ce n’étaient que parfums et concerts infinis, Tous les oiseaux chantaient sur le bord de leurs nids2. […] Alors, on ne voit plus que l’onde, et que les cieux, Les nuages dorés passant silencieux, Et les oiseaux de mer, tous allongeant la tête5, Et jetant un cri sourd signe de la tempête… Le chevreuil Dans un bois du canton, pris dès son plus jeune âge, Il était familier, bien qu’au fond tout sauvage : Aux heures des repas, gentiment, dans la main Il s’en venait manger et des fruits et du pain. […] Un jour, comme on bâtissait une maison d’école dans son village, l’idée vint à Brizeux de comparer la blanche maison qui s’élevait à ces autres écoles qui durent depuis tant de siècles ; en souhaitant à celle-ci la longue existence de ses sœurs ainées, il donna ce conseil aux architectes.

116. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Rochefoucauld, 1613-1680 » pp. 32-37

De là viennent ses erreurs, ses ignorances, ses grossièretés et ses niaiseries sur son sujet ; de là vient qu’il croit que ses sentiments sont morts lorsqu’ils ne sont qu’endormis, qu’il s’imagine n’avoir plus envie de courir dès qu’il se repose, et qu’il pense avoir perdu tous les goûts qu’il a rassasiés. […] Il est inconstant, et, outre les changements qui viennent des causes étrangères, il y en a une infinité qui naissent de lui et de son propre fond. […] Mais il faut se rendre à la raison aussitôt qu’elle paraît, de quelque part qu’elle vienne : elle seule doit régner sur nos sentiments ; mais suivons-la sans heurter les sentiments des autres et sans faire paraître du mépris de ce qu’ils ont dit.

117. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre premier. Division générale. »

La poésie adopte ordinairement le langage mesuré ; de là vient que les mots vers et poésie sont souvent pris comme synonymes. […] L’inspiration est une émotion profonde et momentanée de l’âme, une vive exaltation du sentiment et de l’intelligence ; c’est le feu sacré, le souffle de Dieu qui vient parfois électriser un mortel ; c’est un don du ciel qui n’est accordé qu’à des natures d’élite. […] Elle n’est pas, comme l’inspiration, l’apanage exclusif des hommes de génie ; elle existe aussi, quoique à un degré moins élevé, chez les hommes de talent ; c’est un brillant miroir où la pensée vient se réfléchir, un prisme au moyen duquel tous les objets se revêtent des plus riches couleurs10. […] Après l’action vient le repos, et dans le repos naît la réflexion, la philosophie. […] La décadence a commencé ; elle tend à la décrépitude, à moins que les évènements humains ne viennent secouer l’engourdissement de l’esprit, et le régénérer en le retrempant dans des éléments nouveaux.

118. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Vient-on l’y troubler, il s’y défendra comme une bête fauve dans sa tanière, mais sans pouvoir faire, du morceau de bois qui lui servira de défense, ni une épée, ni un drapeau. […] Avec l’abaissement du caractère est venue la servitude ; les tyrans se sont joués de ce peuple en lui imposant des lois dignes de ses mœurs. […] Tout ce qui lui vient de ses ennemis est bon pour elle ; la honte qui lui vient des siens est la seule chose qui soit capable de lui inspirer du découragement. […] Je demandais un jour, il y a de cela quinze ou vingt ans, à un préfet, homme de beaucoup d’esprit, pourquoi il ne venait pas plus souvent à Paris, et pourquoi, quand il y venait, il n’y restait pas plus longtemps. […] Les intentions, la bonne volonté, les plus beaux desseins, qu’on n’aurait certainement pas manqué de conduire à bien, n’eût été ceci ou cela, tout ce qui ne se résout pas en fait est compté pour rien par l’humanité ; elle veut des résultats retentissants ; car eux seuls viennent jusqu’à elle : or, il n’y a pas de tricherie possible.

119. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

On vient. Comment vient-on ? […] D’où vient tant d’indulgence ? […] que ne vient-il ? […] Nous venons d’en voir des exemples.

120. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Voltaire pousse plus loin encore la hardiesse de la comparaison, en assimilant deux armées qui en viennent aux mains, à l’effort de deux vents opposés qui se disputent l’empire des airs. […] 143Ainsi du plus haut des montagnes La paix et tous les dons des cieux, Comme un fleuve délicieux, Viendront arroser nos campagnes. […] 147Ses ennemis humiliés Mettront leur orgueil à ses pieds ; Et des plus éloignés rivages, Les rois frappés de sa grandeur, Viendront par de riches hommages Briguer sa puissante faveur. […] Voyons agir maintenant cette même Sagesse, que nous venons d’entendre parler : 159« Clara est, et quæ nunquam marcessit Sapientia, et facile videtur ab his qui diligunt eam, et invenitur ab his qui quærunt illam. — Qui de luce vigilaverit ad illam, non laborabit : assidentem enim illam foribus suis inveniet ». […] ………………………………………………… Il est venu ce temps, l’espoir de nos aïeux, Où le fer, dont la dent rend les guérets fertiles, Sera forgé du fer des lances inutiles.

121. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

toi-même qui jouis maintenant d’une jeunesse si vive et si féconde en plaisirs, souviens-toi que ce bel âge n’est qu’une fleur qui sera presque aussitôt séchée qu’éclose : tu te verras changer insensiblement ; les grâces riantes, les doux plaisirs qui t’accompagnent, la force, la santé, la joie s’évanouiront comme un beau songe ; il ne t’en restera qu’un triste souvenir ; la vieillesse languissante et ennemie des plaisirs viendra rider ton visage, courber ton corps, affaiblir tes membres, faire tarir dans ton cœur la source de la joie, te dégoûter du présent, te faire craindre l’avenir, te rendre insensible à tout, excepté à la douleur. […] tu te trompes, mon fils ; il se hâte, le voilà qui arrive : ce qui vient avec tant de rapidité n’est pas loin de toi, et le présent qui s’enfuit est déjà bien loin, puisqu’il s’anéantit dans le moment que nous parlons, et ne peut plus se rapprocher. […] Demandez-lui ce qu’il a fait de sa matinée : il n’en sait rien, car il a vécu sans songer s’il vivait ; il a dormi le plus tard qu’il a pu, s’est habillé fort lentement, a parlé au premier venu, a ait plusieurs tours dans sa chambre, a entendu nonchalamment la messe. Le dîner est venu ; l’après-dînée se passera comme le matin, et toute la vie comme cette journée. […] Cette humeur étrange s’en va comme elle vient ; quand elle le prend, on dirait que c’est un ressort de machine qui se démonte tout à coup6.

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