croyez-vous qu’il s’y trouvât seulement dix justes, que le Seigneur ne put trouver autrefois en cinq villes toutes entières ? […] Quelque glorieuse que fût la source dont il sortoit, l’hérésie des derniers temps l’avait infectée ; il recevait avec ce beau sang des principes d’erreur et de mensonge et parmi ses exemples domestiques, il trouvait celui d’ignorer et de combattre la vérité ». […] S’il y a eu quelque dérangement dans les premières années de ce prince, l’âge y eut plus de part que le cœur : l’occasion put le trouver faible ; elle ne le rendit jamais vicieux ; et le reste de ses jours, passés depuis dans la règle, montrent assez que l’égarement n’avait été qu’un oubli, et qu’en se rendant au devoir, il s’était rendu à lui-même ». […] Quand on lit ces foudroyantes Catilinaires, on applique sans cesse à Cicéron ce qu’il a dit de Démosthène, ce que je me plais à répéter ici pour lui en faire hommage à lui-même… « Il remplit l’idée que je me suis formée de l’éloquence, et il atteint ce beau idéal, ce haut degré de perfection que j’imagine, mais dont je n’ai jamais trouvé d’autre exemple ».
Si l’on cherche quelque raison d’une destinée si cruelle, on aura, je crois, de la peine à en trouver. […] M. le duc de Biron, sous qui j’ai l’honneur de servir, pourra faire connaître ma naissance et ma conduite à Votre Majesté, lorsqu’elle le lui ordonnera ; et j’espère qu’elle ne trouvera rien, dans l’une ni dans l’autre, qui puisse me fermer l’entrée de ses grâces2. […] Si je m’étais trouvé à Aix lorsque le Parlement a fait son régiment, j’aurais peut-être eu la témérité de le demander. […] Il n’est guère sympathique aux Ménalques ; voulez-vous voir son idéal secret, lisez cette page : « Quand je trouve dans un ouvrage une grande imagination avec une grande sagesse, un jugement net et profond, des passions très-hautes mais vraies, nul effort pour paraître grand, une extrême sincérité, beaucoup d’éloquence, et point d’art que celui qui vient du génie, alors je respecte l’auteur, je l’estime autant que les sages ou que les héros qu’il a peints. […] Je le plains des piéges cruels qui se sont trouvés sur sa route, et même des faiblesses naturelles qu’il n’a pu surmonter par son courage.
Celle-ci représente toujours un objet qui s’est trouvé dans le fond du sujet qu’on traite. […] Oui, il faut qu’à la première lecture, avec une médiocre attention, sans gêne et sans étude, on trouve un sens net et développé. […] Remarquez la même faute dans la phrase suivante : s’il est vrai que ce prince ait traité les Catalans attachés à son ennemi, avec tant de hauteur, c’est peut-être qu’il s’imaginait trouver, à leur défaut, une ressource puissante dans un autre capitaine non moins habite. […] Il faudrait, suivant le sens qu’on voudrait marquer, dire à peu près : nous ne trouvons point dans le recueil des œuvres d’Eugène, la critique qu’il a faite d’un ouvrage d’Ariste ; ou ; nous ne trouvons point dans le recueil des œuvres d’Ariste, la critique d’un de ses ouvrages, qui a été faite par Eugène. […] Mais quand on y regarde de près, on est tout surpris de ne trouver qu’un barbarisme brillant dans ce qu’on avait admiré.
» Sur quelque contrée de la Grèce que vous tourniez vos regards, vous trouverez peu d’hommes au niveau de leur renommée. […] Abandonnant, à l’imagination l’incertitude de l’avenir, mais ne consultant que leur cœur sur la certitude du présent, persuadés d’ailleurs que le vrai salut du soldat est plutôt dans la mort qu’il trouve au sein de la vengeance que dans la fuite qui ne sauve que sa vie, ils ont évité la honte attachée au titre humiliant de vaincus ; ils se sont en quelque sorte identifiés avec la victoire, et leur âme, exempte de crainte, est sortie du combat avec toute sa gloire, sans avoir même senti pencher la balance du destin ». […] » Heureux donc ceux qui, ou comme vos enfants, ont trouvé dans la mort, ou comme vous, dans le chagrin de leur perte, une glorieuse indemnité ! […] Ceux à qui l’âge laisse encore l’espoir d’être pères, trouveront dans de nouveaux enfants un adoucissement aux larmes qu’ils répandent aujourd’hui, et la république en retirera le double avantage d’une population plus nombreuse et d’un concours unanime au bien général.
On leur a trouvé à tous deux des défauts, mais on n’a pas vu ou dit encore que ces défauts, en apparence si opposés, sont exactement les mêmes, et tiennent, dans l’un comme dans l’autre écrivain, à la manie de sortir du ton de son sujet. […] L’un part de ce qu’il entend nettement pour trouver la cause de ce qu’il voit ; l’autre part de ce qu’il voit, pour en trouver la cause, soit claire, soit obscure. […] Des Moscovites qui n’avaient encore qu’une légère teinture de discipline, nulle ancienne habitude de valeur, nulle réputation qu’ils craignissent de perdre, et qui leur enflât le courage, allaient trouver des Suédois exactement disciplinés depuis longtemps, accoutumés à combattre sous une longue suite de rois guerriers, leurs généraux animés par le seul souvenir de leur histoire.
Nous avons dit plus haut que la première condition pour écrire est de méditer à fond son sujet, de réfléchir dans le calme et le silence de l’esprit, pour trouver ce que l’on doit dire. […] Pour peu qu’il soit compliqué, il est bien rare qu’on puisse l’embrasser d’un coup d’œil, ou le pénétrer en entier d’un seul et premier effort : on ne peut donc trop s’en occuper ; c’est le seul moyen d’affermir, d’étendre et d’élever ses pensées : plus on leur donnera de substance et de force par la méditation, plus il sera facile de les réaliser ensuite par l’expression. » On peut être embarrassé de commencer son travail, soit parce qu’on entrevoit à la fois un grand nombre d’idées, soit parce que le sujet paraît aride, difficile, et qu’on ne trouve rien à dire. […] Écrire, c’est exprimer ce que l’on sait : plus un écrivain est instruit, plus il a de facilité pour écrire, plus il trouve d’idées applicables au sujet qu’il traite. […] L’histoire est l’étude de la vérité : on y trouve à la fois le drame, le roman, la philosophie et l’éloquence. […] Mais s’il y a opposition absolue entre les goûts, si l’un trouve laid ce que l’autre trouve beau, il y en a un qui est nécessairement vicieux.
Elles sont pour la plupart d’une extrême simplicité ; c’est assez souvent l’exposé d’un fait, quoiqu’il ne soit pas rare d’en trouver de très délicates, de très ingénieuses et de très fines. […] La rose n’a qu’un instant de vie : passez-vous sans la cueillir, vous aurez beau la chercher ensuite, au lieu de roses, vous ne trouverez plus qu’un buisson. […] On trouve cependant des sonnets dont le sujet n’est pas si relevé : le style est alors nécessairement dans le genre simple. […] En voilà cependant déjà quatre de faits Je ne pouvais d’abord trouver de rimes, mais En faisant, on apprend à se tirer d’affaire. […] Mais cette naïveté n’exclut pas la délicatesse, la finesse même, pourvu qu’elle ne s’y trouve pas aux dépens de l’aimable simplicité.
L’exemple de Voltaire méritoit de trouver des imitateurs, et le modèle qu’il venait de donner était bien capable d’en former. […] Aussi n’ai-je point parcouru les livres sacrés, pour y trouver quelque texte que je pusse appliquer à cette princesse. […] » Voilà ce qu’on trouve partout, ce que l’on cite, ce que l’on fait admirer aux jeunes gens comme un modèle de figure : mais ce qui suit, mais ce tableau où le désordre de la douleur est si bien exprimé, était-il donc moins digne d’être cité, et moins fait pour exciter l’admiration ? « Au premier bruit d’un mal si étrange, on accourt à Saint-Cloud de toutes parts ; on trouve tout consterné, excepté le cœur de cette princesse. […] Étudions le grand peintre dans un tableau d’un caractère tout opposé, et nous allons y trouver le même génie, malgré les différences essentielles du ton, des nuances et des détails.
C’est par le coup d’œil observateur, qui découvre à tout moment dans ces objets des propriétés, des analogies, des différences, un nouvel ordre de choses, un nouveau monde que l’œil du vulgaire n’aperçoit jamais ; c’est pour le talent singulier, non de raisonner avec plus de méthode, mais de trouver les principes même sur lesquels on raisonne ; non de compasser ses idées, mais d’en faire de nouvelles et de les multiplier sans cesse par une réflexion féconde : talent unique et sublime, don précieux de la nature, que l’art peut aider quelquefois, mais qu’il ne saurait ni donner, ni suppléer par lui-même. […] Il n’appartient donc qu’aux génies inventeurs et toujours pensants d’ajouter à ce trésor public, et d’augmenter les anciennes richesses de la raison : tous les autres philosophes, peuple stérile et contentieux, ne feront jamais que secouer, pour ainsi dire, et tourmenter les vérités que les grands génies vont chercher au fond des abîmes : ils ont un art qui les fait parler éternellement, quand d’autres ont pensé pour eux, et qui les rend tout d’un coup muets, quand il s’agit de trouver une seule idée nouvelle. […] « Je le trouve dans le talent de saisir les principes généraux, et d’enchaîner les idées entre elles par la force des analogies : c’est véritablement le talent de penser en grand. […] » Libre et hardi dans les choses naturelles, et pensant toujours d’après lui-même ; flatté depuis longtemps par le plaisir délicat de goûter les vérités claires et lumineuses qu’il voyait sortir, comme autant de rayons, de sa propre substance, ce roi des sciences humaines se révolte aisément contre cette autorité, qui veut captiver toute intelligence sous le joug de la foi, et qui ordonne aux philosophes mêmes, à bien des égards, de redevenir enfants : il voudrait porter dans un nouvel ordre d’objets sa manière de penser ordinaire : il voudrait encore ici marcher de principe en principe, et former de toute la religion une chaîne d’idées générales et précises que l’on pût saisir d’un coup d’œil ; il voudrait trouver, en réfléchissant, en creusant en lui-même, en interrogeant la nature, des vérités que la raison ne saurait révéler, et que Dieu avait cachées dans les abîmes de sa sagesse ; il voudrait même ôter, pour ainsi dire, aux événements leur propre nature, et que des choses dont l’histoire seule et la tradition peuvent être les garants, fussent revêtues d’une espèce d’évidence dont elles ne sont point susceptibles ; de cette évidence toute rayonnante de lumière qui brille à l’aspect d’une idée, pénètre tout d’un coup l’esprit, et l’enlève rapidement. […] Descendez avec le flambeau de la philosophie jusqu’à cette pierre antique, tant de fois rejetée par les incrédules, et qui les a tous écrasés ; mais lorsqu’arrivés à une certaine profondeur, vous aurez trouvé la main du Tout-Puissant, qui soutient, depuis l’origine du monde, ce grand et majestueux édifice toujours affermi par les orages même et le torrent des années, arrêtez-vous enfin et ne creusez pas jusqu’aux enfers.
Il est rare que dans l’assemblée un orateur puisse prévoir le tour que prendra la discussion, les adversaires qu’il aura à combattre, les arguments, les opinions qu’il faudra réfuter ; un discours préparé d’avance ne trouve pas toujours la place ni l’à-propos qui lui convient. […] Henri IV trouva souvent à propos ces élans d’éloquence guerrière ; il disait, à la bataille d’Ivry : « Compagnons, vous êtes Français, je suis votre roi, voilà l’ennemi ; nous courons aujourd’hui même fortune. Enfants, si les cornettes vous manquent, ralliez-vous autour de mon panache blanc : vous le trouverez toujours sur le chemin de l’honneur. » Napoléon, avant la bataille des Pyramides, disait : « Soldats, souvenez-vous que, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! […] On le trouve en usage chez les Égyptiens, en Grèce, à Rome, chez presque tous les peuples. […] C’est ainsi qu’on trouve l’éloquence dans les ouvrages du moraliste et du philosophe, dans les récits de l’historien, dans les vers du poète, et parfois même dans une simple lettre.
Mais on y trouve de fort jolis tableaux. […] Phèdre touchée de repentir vient trouver Thésée pour le prier d’épargner son fils. […] vous ne trouvez pas ce crime impardonnable ? […] On y trouve aussi quelques pièces de la comédie me. […] On en trouvera les plus parfaits modèles dans le même poëte.
— Ce serait, monsieur, qu’il trouvât bon que mon magnifique conseil abrégeât le temps du bannissement de mon sot mari, qui a voulu faire le bel esprit. […] Ce malheureux avilissement où ils sont les irrite ; ils trouvent en vous un client, et ils vous prodiguent tout le mépris dont ils sont couverts. […] Il avait le besoin de plaire encore plus que de dominer ; il trouvait plus de plaisir à mettre en jeu ses séductions que sa force. […] Dans l’éloquence, dans la poésie, dans toute espèce de littérature, on les trouve, comme dans l’histoire, abondants en choses et sobres à juger. […] où le trouver ?
Je ne trouve à cela aucun inconvénient. […] On y trouve un asile contre le froid et la chaleur. […] En allant au Capitole du côté du Forum, on trouve à droite les prisons Mamertines. […] Je cherchai Vile du Plataniste, et je crois l’avoir trouvée au-dessous même de Magoula. […] Thiers s’est trouvé à la hauteur de ces grandes situations.
C’est un feu que Dieu nous a confié ; nous devons le nourrir de ce que nous trouvons de plus précieux. […] Je ne peux non plus m’embarquer pour aller trouver les sauvages du Canada : premièrement, parce que les maladies dont je suis accablé me retiennent auprès du plus grand médecin de l’Europe, et que je ne trouverais pas le même secours chez les Missouris ; secondement, parce que la guerre est portée dans ce pays-là, et que les exemples de nos nations ont rendu les sauvages presque aussi méchants que nous. […] Colonnades, pilastres, péristyle, tout le fin4 de l’architecture s’y trouve ; mais je fais encore plus de cas des blés et des prairies. […] Alors je suis mon dieu à moi-même, je sacrifie le monde entier à mes fantaisies, si j’en trouve l’occasion ; je suis sans loi, je ne regarde que moi. […] Voltaire n’était pas aussi malheureux qu’il le dit de vivre ainsi en plein tourbillon : le mouvement, le bruit, était son élément ; il s’y trouvait comme le poisson dans l’eau.
Malgré la diversité que peuvent présenter les évènements de l’histoire, ils se développent toujours d’après certaine loi, sous certaine influence, et ils tendent toujours vers un but : c’est à ce fil général que l’historien se rattachera pour grouper les membres épars du récit, et c’est ainsi qu’il trouvera l’unité. […] La pensée religieuse donne une magnifique unité à cet ouvrage, qui, comme l’a dit Voltaire, n’a eu ni modèle ni imitateurs, et dont le style n’a trouvé que des admirateurs. […] Les mémoires ne contiennent pas une histoire suivie et complète, ils relatent les faits, les impressions personnelles à l’auteur, ce qu’il a vu, ce qu’il a entendu dire, ce à quoi il a pris part directement ou indirectement ; plus il s’est trouvé haut placé, plus ses récits offrent d’importance et d’intérêt. […] On aime à y trouver un ton de liberté vif et animé, des portraits pittoresques, des anecdotes piquantes, des détails intimes de mœurs ; l’auteur peut s’y mettre en scène, et cette communication familière avec le lecteur donne un charme de plus au récit ; mais les mémoires ne doivent pas dégénérer en bavardage inutile.
[Notice] Né à Limoges en 1668, d’une ancienne et honorable famille, François d’Aguesseau eut le bonheur de trouver dans son père un excellent maître qui forma également son cœur et son esprit. […] Vous ne sauriez mieux réussir à l’éviter qu’en vous attachant aux deux vues générales que je viens de vous marquer : l’une, de vous convaincre toujours de plus en plus du bonheur que vous avez d’être né dans la seule véritable religion, en vous appliquant à considérer les caractères éclatants qui en démontrent la vérité ; l’autre, de vous remplir le cœur et l’esprit des préceptes qu’elle renferme, et qui sont la route assurée pour parvenir au souverain bien, que les anciens philosophes ont tant cherché et que la religion seule peut nous faire trouver. […] Vous aller entrer dans le monde, et vous n’y trouverez que trop de jeunes gens qui se font un faux honneur de douter de tout, et qui croient s’élever en se mettant au-dessus de la religion. […] Mais c’est une grande satisfaction pour un jeune homme aussi bien né que vous l’êtes, de s’être mis en état de sentir la frivolité des raisonnements qu’on se donne la liberté de faire contre la religion, et de bien comprendre que le système de l’incrédulité est infiniment plus difficile à soutenir que celui de la foi, puisque les incrédules sont réduits à oser dire, ou qu’il n’y a point de Dieu, ce qui est évidemment absurde ; ou que Dieu n’a rien révélé aux hommes, ce qui démenti par tant de démonstrations et de faits qu’il est impossible d’y résister : en sorte que quiconque a bien médité toutes ces preuves trouve qu’il est non-seulement plus sûr, mais plus facile de croire que de ne pas croire, et rend grâces à Dieu d’avoir bien voulu que la plus importante de toutes les vérités fût aussi la plus certaine, et qu’il ne fût pas plus possible de douter de la vérité de la religion chrétienne, qu’il l’est de douter s’il y a eu un César ou un Alexandre… Pour ce qui est de l’étude de la doctrine que la religion nous enseigne, et qui est l’objet de notre foi ou la règle de notre conduite, c’est l’étude de toute notre vie, mon cher fils : vous en êtes déjà aussi instruit qu’on le peut être à votre âge, et je vois avec joie que vous travaillez à vous en instruire de plus en plus ; je ne puis donc que vous exhorter à vous y appliquer sans relâche.
Toutefois je ne trouve pas fort étrange qu’un esprit grand et généreux comme le vôtre ne se puisse accommoder à ces contraintes serviles auxquelles on est obligé dans la cour ; et puisque vous m’assurez tout de bon que Dieu vous a inspiré de quitter le monde, je croirais pécher contre le Saint-Esprit si je tâchais à vous détourner d’une si sainte résolution1 ; même vous devez pardonner à mon zèle, si je vous convie de choisir Amsterdam pour votre retraite, et de préférer cette ville, je ne dirai pas seulement à tous les couvents des capucins et des chartreux, mais aussi à toutes les plus belles demeures de France et d’Italie2. […] Je veux bien que vous y trouviez un canal3 qui fasse rêver les plus grands parleurs, une vallée si solitaire qu’elle puisse leur inspirer du transport et de la joie ; mais malaisément se peut-il faire que vous n’ayez aussi quantité de petits voisins qui vous vont quelquefois importuner, et de qui les visites sont encore plus incommodes que celles que vous recevez à Paris4. […] Quel autre lieu pourrait-on choisir3 au reste du monde où les commodités de la vie et toutes les curiosités qui peuvent être souhaitées soient si faciles à trouver qu’en celui-ci ? […] Descartes était un de ces philosophes qui, vivant par la pensée, avaient la faculté précieuse de se recueillir, de s’abstraire assez pour trouver la solitude, au milieu de la foule.
Il ne trouva rien au-dessus de son ambition que l’étendue immense de ses vues. […] Il faut surtout ne pas abuser du moyen ; car le récit s’en trouve toujours singulièrement ralenti, et cet inconvénient peut être plus grand que l’avantage obtenu d’ailleurs. […] Réduit à se contenter des superbes monuments qu’il laissa sur les bords de l’Araspe, il ramena son armée par une autre route que celle qu’il avait tenue, et dompta tous les pays qu’il trouva sur son passage. […] On trouve, à la tête du recueil des mémoires que l’Académie des belles-lettres a publiés, un Précis historique de son établissement, par Roze ; et les éloges des membres de cette académie forment aussi une suite remarquable de notices. […] La nécessité d’économiser le temps a fait réunir ces petites pièces en très grande quantité dans des dictionnaires plus ou moins développés, où l’on trouve ainsi immédiatement tout ce que l’on a besoin de savoir sur tel ou tel personnage.
Aujourd’hui surtout que l’on nous donne en mille romans la monnaie du vieux poëme épique, comme en mille lithographies et en mille statuettes, celle de la peinture et de la sculpture, le plus mince fabricant de nouvelles croirait déroger en débutant tout bonnement comme les contes de fées : « Il était une fois un roi… ou un bûcheron. » Ouvrez le premier roman venu, vous êtes sûr d’y trouver, après un titre plus ou moins prétentieux, quelque chose comme ceci : « Vers la fin du mois d’octobre dernier, un jeune homme entra dans le Palais-Royal… » ou, pour varier : « Vers la fin du mois de septembre 1800, un étranger arriva devant le palais des Tuileries… » ou bien : « Assez, Caroline, voici la nuit ; remettons à demain vos réflexions sur cette lecture… » ou encore : « Voyez ce brick ! […] Quand Massillon est appelé à faire l’éloge de Louis XIV, son esprit frappé de la misère de toutes les grandeurs humaines, comparées à la grandeur de Dieu, trouve ce début réellement sublime en face du cercueil de Louis le Grand :« Dieu seul est grand, mes frères ! […] Si l’on songe aux éléments dont parfois il se compose, on ne trouvera pas inopportun en bien des occasions de rappeler aux jurés leur haute mission, de stimuler soit leur sensibilité, car ils sont hommes, soit leur sévérité, car ils sont juges. […] « La dernière chose qu’on trouve, dit-il, en faisant un ouvrage, est de savoir celle qu’il faut mettre la première. » J’ajouterais avec Voltaire : quelquefois ! […] Car on éprouve du plaisir à mesurer le chemin qu’on a fait et rien n’anime plus à poursuivre ce qu’on a commencé, que de savoir ce qui reste à faire : on ne trouve jamais long ce dont on aperçoit le terme. » Quistil.
Si les mots, il alla à Athènes, m’offensent l’oreille, il est probable que les Latins du siècle d’Auguste ne trouvaient rien de pénible dans ces vers de Virgile78 : Arma amens capio… Flumina amem sylvasque inglorius… Une voyelle brêve suivie d’une longue et réciproquement ne déplaisait pas à Quintilien, il trouvait même un certain air de grandeur à des phrases comme celle-ci : pulchra oratione acta omnino jactare. […] Jusqu’à Balzac, on n’en trouve guère, même dans les meilleurs écrivains, qui ne soit boiteuse et déhanchée, en quelque sorte. […] Pour plaire aux habiles, la période doit se dérouler avec aisance, abondance et harmonie ; qu’elle ne se prolonge pas indéfiniment comme ces phrases allemandes dont on ne trouve la fin qu’en sautant au moins un feuillet ; que les suspensions et les repos y soient ménagés avec assez d’art pour permettre au lecteur de respirer librement et à propos81 ; qu’elle se termine, autant que possible, par des sons pleins et soutenus, qui, tout en évitant le ridicule de l’esse videatur 82, empêchent la voix de tomber trop brusquement ; que pour flatter l’oreille et faciliter la prononciation, les membres en soient savamment balancés et proportionnés. […] Sûr de lui-même et du lendemain, Condé s’est endormi à Rocroi comme il eût fait à Chantilly, et Bossuet, pour le peindre, trouve des phrases aussi calmes, aussi reposées que le sommeil du héros ; la première qui s’éteint mollement avec l’adverbe final, l’autre qui se fond en quelque sorte dans les liquides dont elle abonde. […] Pourquoi n’admet-on pas en vers cette forme si française, il y a, il y aurait… puisqu’on trouve quelque douceur dans le mot Ilion : Ilion, ton nom seul a des charmes pour moi !
Il ne suffit pas d’avoir trouvé les choses que l’on veut dire, il faut savoir les arranger dans l’ordre le plus naturel et le plus intéressant, de manière à donner à l’ensemble de l’unité et de l’harmonie. […] Où peut-on trouver tant et de si puissants exemples que dans les actions d’un homme sage, modeste, libéral, désintéressé, dévoué au service du prince et de la patrie ; grand dans l’adversité par son courage, dans la prospérité par sa modestie, dans les difficultés par sa prudence, dans les périls par sa valeur, dans la religion par sa piété ? […] Mais dans quel autre ayez-vous trouvé le commandement plus honnête ? […] Son ombre eût pu encore gagner des batailles : et voilà que dans son silence son nom même nous anime ; et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et n’arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le roi de la terre il faut encore servir le roi du ciel.” […] On y trouvera toutes les formes habituelles des discours du barreau, la division, le ton, le style : c’est une parodie piquante et originale, que peuvent avouer l’esprit et le bon goût.
Au sortir de l’adolescence, il vint de son pays, à pied, chercher à Paris la fortune : il ne devait y trouver que les déceptions, les dégoûts et la misère. […] Ils furent refusés à ce jeune homme d’une âme honnête et ardente : après s’être voué par le courage de ses attaques aux ressentiments du parti philosophique, il ne trouva dans ceux dont il servait la cause avec un zèle aventureux qu’une froide et dédaigneuse protection. […] J’ai vu l’enfant gâté de nos penseurs sublimes, La Harpe, dans Rousseau trouver de belles rimes ; Boileau, correct auteur de libelles amers1, Boileau, dit Marmontel, tourne assez bien un vers : Et tous ces demi-dieux, que l’Europe en délire A depuis cent hivers l’indulgence de lire, Vont dans un juste oubli retomber désormais, Comme de vains auteurs qui ne pensent jamais ! […] Voilà un de ces vers trouvés, une de ces pensées vraies, relevées par la vivacité piquante de l’expression, qui, dès leur naissance, s’établissent un droit sur toutes les mémoires et reviennent dans toutes les conversations : plus d’un trait de Gilbert a eu cet heureux privilège.