Dans la tragédie de Richard III, par Shakspeare, la duchesse d’York exprime ainsi ses soupçons sur la fidélité religieuse de son mari : « Est-il pénétré de ce qu’il dit ? […] L’on peut à peine croire que le premier ait été capable d’écrire un poème épique ou une tragédie ; cependant aucun poète ne l’a surpassé dans cette espèce de poésie qui, sans s’élever trop haut, se soutient dans une moyenne région. […] Dans une pastorale, l’idée dominante est l’innocence et la tranquillité ; inspirer la pitié est le but de la tragédie ; la comédie a pour objet de signaler les ridicules. […] Elle prend un ton plus froid que la tragédie ; les sentiments les plus pathétiques et les plus violents n’y sont cependant pas déplacés, quelquefois même ils y sont nécessaires ; mais le pathétique n’en doit pas être le caractère principal. […] Elle embrasse un plus long espace de temps et un plus grand nombre d’actions que la tragédie, et permet, par conséquent, que les caractères soient mieux développés.
Racineen fournit un exemple de cette espèce dans la même tragédie. […] Celui-ci est pris de la tragédie d’Horace, C’est Camille qui parle à Horace son frère. […] Médée, dans la Tragédie de ce nom, veut se venger de ses ennemis. […] Cinna, dans la Tragédie de ce nom, forme une conjuration contre Auguste. […] On trouve encore le sublime de sentiment dans ces vers de la Tragédie de Rhadamisthe par Crébillon.
. — Ne pouvant entrer, à propos de ce texte, dans une longue discussion sur les parties d’étendue de la tragédie grecque, je me borne à quelques rapprochements, et je renvoie, pour chacune des six parties, à des exemples pris dans l’Œdipe roi, celle de toutes les tragédies grecques qu’Aristote a citée avec le plus de prédilection. […] Waldæstel étend cette analyse aux autres tragédies de Sophocle et aux sept tragédies d’Eschyle. […] Ce morceau est donc contenu dans le deuxième épisode, d’où il résulte que les parties en question ne sont pas précisément juxtaposées dans une tragédie, mais quelquefois interposées l’une dans l’autre. — Sur les chants du chœur, voy. aussi Problèmes, XIX, 15 et 48, p. 65, 66 de cette édition.
Ne sont plus dans la tragédie.] […] Hygin, Fable 127, et comparez le livre de Welcker, sur les Tragédies grecques considérées dans leur rapport avec le Cycle épique, t. […] Aristote se tromperait en citant ici comme exemple la tragédie de Sophocle, où Hémon paraît tirer, en effet, l’épée contre son père, mais sans préméditation et sans que cet incident ait la moindre importance dans l’économie de la pièce. […] Cette pièce, qu’on jouait de son temps, et dont il nous reste très-peu de fragments, lui paraissait la plus touchante de toutes les tragédies d’Euripide. » Comparez Lessing, Dramaturgie, p. 184, trad. fr. de 1785. […] « C’est pour cela que l’on a souvent dit que les tragédies ne mettent sur la scène qu’un petit nombre de familles : car les poëtes qui cherchoient des actions de cette nature en sont redevables à la fortune, et non pas à leur invention.
., I, p. 403) nous en donne la définition suivante, évidemment calquée sur celle de la tragédie qu’on lira plus bas au chap. […] L’auteur avait aussi sous les yeux le VI e chapitre de la Poétique quand il écrivait ces lignes sur la tragédie : τραγψδία ύφαιρεΐ τά φοbερά παθήματα της ψυχής δι’ οίxτου xαì ’óτι ( ?) […] La Mesnardière, Poétique (1640), chap. v, p. 48, permet d’outrepasser, pour la tragédie, les vingt-quatre heures, à condition toutefois que ce soit « pour attraper quelque incident qui mérite d’être acheté par une infraction si légère ». […] Car ces règles ne sont pas arbitraires vous les trouvez dans la Poétique d’Aristote, où l’unité de lieu, l’unité de temps et l’unité d’intérêt sont prescrites comme le seul moyen de rendre la tragédie intéressante : au lieu de ce que, dans ces pièces anglaises, la scène dure un espace de quelques années. » M. […] Le célèbre Manzoni les combat non moins victorieusement par une savante analyse des conditions de l’action dramatique et de l’intérêt théâtral, dans son Dialogue et dans sa Lettre sur les unités de temps, de lieu, etc., que l’on trouve dans l’édition de ses tragédies (Paris, 1830, in-12), et dans la traduction qu’en a donnée Fauriel (Paris, 1834).
La même différence sépare la tragédie et la comédie. […] Ces éléments sont communs à toutes (les tragédies). […] Il y a, dans toute tragédie, le nœud et le dénouement. […] Voilà qui suffit sur la tragédie et sur l’imitation en action. […] La tragédie doit avoir une juste proportion (συμμετρίαν) de terreur.
La Poétique de la Mesnardière, qu’on a rarement à louer, contient (p. 22 et suiv.) de bonnes observations sur la différence de l’horrible et du terrible dans la tragédie. […] Corneille et Dacier s’inquiètent beaucoup de ce qu’Aristote paraît assimiler la condition des héros de tragédie à celle des auditeurs. […] On compte jusqu’à six tragédies portant ce titre, qui sont aujourd’hui perdues Aristote cite, au chap. […] L’auteur d’un argument sur l’Oreste d’Euripide remarque que cette pièce, ainsi que l’Alceste, a un dénoûment comique il cite encore un exemple de Sophocle, et il ajoute : « En un mot, il y a beaucoup d’exemples de ce genre dans la tragédie. » Comparez Villemain, Tableau du xviii e siècle, IIIe partie, v e leçon.
Rien de plus admirable que la manière dont cette belle tragédie est menée et diversifiée. […] Cet ouvrage d’un genre unique n’est point, comme l’a remarqué Corneille même, une véritable tragédie. […] Mais cette tragédie s’éloigne trop du simple. […] Son génie a créé en France la tragédie et la comédie. […] Le plan de cette tragédie est des plus vicieux, et le nœud de l’intrigue d’une faiblesse étonnante.
Nos tragédies classiques comptent généralement cinq actes, rarement trois. […] Tragédie. […] Venue après la tragédie, la comédie eut la même origine. […] La comédie est sortie peu à peu du comos, comme la tragédie du dithyrambe. […] Pendant longtemps la tragédie française les imita.
Du ton qui convient à la Tragédie et à la Comédie. — 99. […] Origine de la Tragédie et de la Comédie. — 295. […] La tragédie était inconnue, quand Thespis, le premier, dit-on, promena sur un tombereau des acteurs qui chantaient et jouaient ses pièces, le visage barbouillé de lie. […] On croit même que l’aîné avait composé une tragédie. — C’est à ces trois personnages qu’est adressée cette épître. […] La tragédie antique finit presque toujours ainsi ; voyez OEdipe, Hécube, etc.
Molière n’est plus restreint au Misanthrope, Corneille à quatre, Racine à trois de ses tragédies ; le cadre étroit du théâtre dit classique a été élargi, ou plutôt supprimé ; plusieurs comédies de Molière sont mises entre les mains des élèves de troisième, de seconde et de rhétorique ; plusieurs des tragédies de Corneille et de Racine sont dans les deux premières classes, leur théâtre complet est ouvert aux élèves de la dernière. […] Jean de la Taille, né en 1540, le chantre gracieux de la marguerite et de la rose, et, plus tard, le satiriste vigoureux du Courtisan retiré (voir infra), et son frère Jacques de la Taille, né en 1542, ont surtout leur place parmi les poètes dramatiques : le premier avec deux tragédies religieuses et bibliques Saül furieux et les Gabaonites, le second avec deux tragédies antiques et profanes, un Daire (Darius) et un Alexandre. […] Les poètes dramatiques éclos sur les pas de Jodelle, — la liste en serait longue, — écrivaient tragédies antiques, tragédies bibliques, tragédies modernes, voire contemporaines. […] C’est de là publia les huit pièces qui en font le précurseur véritable de nos tragiques du xviie siècle ; trois tragédies romaines ; Porcie (1568), Cornélie (1574), Marc-Antoine (1578) ; trois tragédies grecques : Hippolyte (1573), la Troade (1579), Antigone (1580) ; une tragédie sacrée : Sédécie ou les Juifves (1583), dont le second titre prend son nom du chœur qu’il y a introduit comme dans toutes les autres, et dont le sujet est le supplice de la famille de Juda après la destruction de Jerusalem par Nabuchodonosor II ; enfin une tragi-comédie, Bradamante (1582), empruntée à l’épopée de l’Arioste. […] C’est à sa tragédie de L’Escossaise (1605) qu’il dut la protection du fils de son héroïne, Jacques Ier, et les lettres de grâce de Henri IV.
Homère avait été sublime longtemps avant que Longin eût essayé de définir le sublime ; et les chefs-d’œuvre d’Euripide et de Sophocle avaient vu le jour lorsque Aristote traçait les règles de la tragédie. […] Dans les vingt-cinq chapitres qui nous restent, l’auteur recherche les causes originelles de la poésie, qu’il croit trouver dans notre penchant pour l’imitation, et dans notre goût pour le rythme ; puis il trace en détail les règles de la tragédie. […] Une courte digression renferme l’histoire de la poésie française depuis Villon jusqu’à Malherbe. — Le second chant traite du genre pastoral, de l’élégie, de l’ode, du sonnet, de l’épigramme et de quelques autres poésies fugitives, et de la satire. — Dans le troisième chant, le poète expose en détail les règles relatives à la tragédie, à l’épopée et à la comédie. — Boileau est beaucoup plus complet que ses prédécesseurs ; cependant, il n’a parlé ni de la fable, ni de l’opéra, ni de la poésie didactique ; et cette regrettable lacune n’a pu être comblée jusqu’à ce jour, malgré les tentatives de quelques auteurs.
Si dans les anciens concours trois concurrents présentaient chacun trois tragédies (sans parler des drames satyriques), le total de ces tragédies devait égaler à peu près l’Iliade en longueur d’un autre côté, en admettant que l’usage des trilogies dramatiques fût aboli au temps d’Aristote, mais qu’il y eût cinq concurrents, cela ferait environ 8000 vers pour un seul concours. […] C’est Télèphe lui-même, le principal héros de cette tragédie, qui était parodié, à ce propos sans doute, par Alexis, dans son Parasite.
Dans le poëme épique, dans la tragédie, dans le roman, « le dénoûment, dit M. […] On a beaucoup discuté sur le dénoûment de la tragédie. […] Le chancelier d’Aguesseau les a parfaitement établies61 « Le poëte, dit-il, doit faire en sorte que le commencement et le nœud de la tragédie servent comme d’ombre et de contraste à l’événement imprévu par lequel il doit achever de nous charmer ; mais il n’oublie pas que si nous aimons la surprise, nous méprisons celle dont on veut nous frapper en violant toutes les règles de la vraisemblance ; il évite donc de mettre le spectateur en droit de lui dire : Quodcumque ostendis mihi sic, incredulus odi ; il ne change point Proené en hirondelle, ni Cadmus en serpent, c’est-à-dire qu’il n’invente point un dénoûment fabuleux, et qui, suivant l’expression de Plutarque, franchisse trop audacieusement les bornes du vraisemblable. […] Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’imilation par rapport à la tragédie, t. […] Ce que le pur et judicieux écrivain dit ici de la tragédie s’applique parfaitement au roman, au poëme et à toute espèce d’ouvrage.
. — Ici, comme dans son immortelle tragédie, Racine traduit ἐν Α ὐλίδι par « en Aulide ». […] Malgré l’autorité d’un tel critique et de ceux qui l’ont suivi, je crois que ces mouvements d’une âme qui cède d’abord à la douleur et se roidit ensuite contre elle, sont conformes à la nature, conformes à l’esprit du théâtre grec, qui en avait fait le sujet et la leçon de la tragédie. » (M. […] La tragédie demande encore qu’on les rende, autant qu’il est possible, de beaux objets.
Maintenant la tragédie, etc.] […] Nos poëtes ont vu des défauts dans sa Poétique, pour le moins à notre égard, toutes choses étant aussi changées qu’elles le sont. » (Saint-Évremond, De la Tragédie ancienne et moderne. […] Ce qui toutefois se fit assez tard car l’un et l’autre se ressentirent assez longtemps des farces satyriques dont la tragédie tirait une partie de son origine. » M.
Strabon fait peut-être allusion à la Poétique, lorsque, dans son Ier livre, il écrit, à propos d’Ératosthène : Оὐδὲ γὰρ ἀληθές ἐστιν, ὅ φησιν Ἐρατοσθένης, ὅτι ποιητὴς πãς στοχάζεται ψυχαγωγίας, οὐ διδασϰαλίας τἀναντία γὰρ οἱ φρονιµώτατοι τῶν περὶ ποιητιϰñς τι φθεγξαµένων πρώτην τινὰ λέγουσι φιλοσοφίαν τὴν ποιητιϰήν Polybe (Histoire, II, 56) compare, d’une façon peu instructive d’ailleurs, l’histoire à la tragédie, pour en marquer les différences. […] Malheureusement le témoignage d’Aristote est la seule trace qui reste aujourd’hui de cette pièce dans les écrits des anciens. — Lessing, dans sa Dramaturgie, va plus loin qu’Aristote et soutient que la tragédie a le même droit que la comédie sur les sujets d’invention mais l’histoire du théâtre moderne, ainsi que celle du théâtre grec, confirme la judicieuse réserve de notre philosophe. […] Il ne prend pas assurément cette peine il se laisse attendrir quand la pièce est touchante, et il ne s’avise pas de dire en voyant Polyeucte : « Je n’ai jamais entendu parler de Sévère et de Pauline ces gens-là ne doivent pas me toucher. » (Voltaire, Dissertation sur la tragédie, en tête de sa Sémiramis.
L’avocat poëte avait, dès l’âge de vingt-trois ans, placé sur la scène, dans une pièce intitulée Mélite, une aventure qui lui était personnelle, et, encouragé par le succès, il avait fait suivre cette comédie de quelques autres ; à vingt-neuf ans, abordant la tragédie, il avait dans Médée trouvé quelques traits sublimes ; à trente, il faisait paraître le Cid : et la France ravie saluait de ses applaudissements enthousiastes le nom du grand Corneille. […] Il faut rappeler ce mot de Voltaire : « Non-seulement on doit à Corneille la tragédie et la comédie, mais on lui doit l’art de penser. » 2. […] Quant au héros de cette tragédie, don Rodrigue Diaz de Bivar, c’est un personnage historique dont les Romanceros espagnols nous entretiennent très-fréquemment, et qui remporta en effet beaucoup d’avantages sur les Maures, vers 1060, sous Ferdinand Ier, dit le Grand, roi de Léon et de Castille. […] Cette locution ironique paraîtrait aujourd’hui peu convenable dans une tragédie ; mais alors les genres n’étaient pas, comme à présent, définis et limités avec exactitude : on aura plus d’une occasion de le remarquer dans Corneille. […] Ce langage atteste, en tout cas, que l’élévation du talent n’avait chez Corneille d’égale que la modestie. — On a remarqué, relativement à la comédie, que nos plus illustres tragiques s’y étaient essayés avec succès, tandis qu’aucun de nos comiques, quelle que fût sa célébrité, n’a fait une tragédie passable.
Racine 1639-1699 [Notice] On peut diviser ses tragédies en trois groupes. […] Dans la seconde classe, on rapprochera ses tragédies historiques, Britannicus (1669), énergique tableau qui nous peint Rome impériale, au moment où Néron devient un monstre ; Bérénice (1670), suave élégie qui fit couler des larmes ; Bajazet (1672), nouveauté hardie qui transporte sur la scène un épisode d’histoire contemporaine ; Mithridate (1673) où Corneille est égalé par son rival. […] Pour expier ses tragédies, ne songea-t-il pas à se faire chartreux ?
., d’une Passion d’automne, d’un Clair de lune, d’un Ruisseau amant de la prairie, de la tragédie d’Aspar, d’Endymion, etc. ! […] Mais quand les factions furent éteintes, il ne resta à la tragédie de Caton que de très-beaux vers et de la froideur. […] et que cependant de très-mauvaises tragédies barbares, écrites dans un style d’allobroge, ont réussi, après les scènes sublimes qu’on trouve dans Corneille, et les tragédies touchantes de Racine, et le peu de pièces bien écrites qu’on peut avoir eues depuis cet élégant poète ? […] Avez-vous jamais dit que Cicéron écrivait au parfait ; que la coupe des tragédies de Racine était heureuse ? […] Les tragédies de tous nos auteurs, depuis M.
La tragédie et ses règles. […] En quoi diffère-t-elle de la tragédie des anciens ? […] Faut-il regretter que les chœurs n’existent pas dans nos tragédies ? […] Faire l’histoire de la tragédie de Jodelle à Corneille. […] Il n’en est pas de plus digne de la tragédie.
Voici un sentiment très délicat, que Racine, dans sa tragédie de Bérénice, donne à Titus, empereur de Rome, parlant de cette reine de Palestine, qu’il devait épouser. […] Le début de la tragédie de Pompée du grand Corneille, offre de très beaux vers. […] Voyez le bel effet que produit cette figure dans cet endroit de la tragédie de Zaïre par Voltaire. […] Telle est celle qu’emploie Corneille dans sa Tragédie d’Héraclius, lorsqu’il dit : La vapeur de mon sang ira grossir la foudre. […] Il faut cependant observer que cette figure doit être sobrement employée dans la Tragédie.