figures grammaticales On trouve dans les orateurs et dans les poëtes des tours hardis, inattendus, nouveaux, qui renversent l’ordre régulier de la construction grammaticale. […] Je conjure celui qui répond oui de considérer, etc. » Vous trouverez à chaque pas dans Démosthène des tours semblables. […] La périphrase fait le tour de la pensée au lieu de l’aborder franchement. […] Quelques rhéteurs entendent par communication un tour oratoire par lequel on s’identifie avec son client.
L’élégance est le choix, le choix en tout, choix de pensées, choix d’expressions, choix de tours, choix de nombres. […] Choisir parmi les développements de la pensée les plus naturels et les plus dignes, parmi les expressions celles qui réunissent à la justesse l’harmonie et le coloris, parmi les tours les plus faciles et les plus variés, voilà le mérite de l’écrivain élégant. […] « Voici, dit-il, tout le secret de ces tours recherchés. […] Sa lettre à Horace est un chef-d’œuvre, comme vérité, et, si j’ose le dire, comme tour de force.
Ainsi, par d’heureux soins toujours entretenus, Tour à tour aux guérets ils portent leurs tributs. […] Le récit sera clair si on place chaque chose en son lieu, en son temps ; si on met de l’ordre dans les idées et dans les expressions ; si on n’emploie que des termes et des tours justes, naïfs, sans équivoque et sans ambiguïté. […] Or, ces ornements consistent dans les images et les descriptions, dans les pensées, dans les allusions, dans les tours et dans les expressions. […] Les tours peuvent-ils embellir le récit ? Pour orner le récit, les tours doivent être vifs et piquants ; quelquefois même ils sont sublimes : Un bloc de marbre était si beau, Qu’un statuaire en fît l’emplette.
Que le prédicateur vienne à paraître : si la nature lui a donné une voix enrouée, et un tour de visage bizarre, que son barbier l’ait mal rasé, si le hasard l’a encore barbouillé de surcroît, quelques grandes vérités qu’il annonce, je parie la perte de la gravité de notre sénateur. […] Il faut se mettre à la place de ceux qui veulent nous entendre, et faire essai sur son propre cœur du tour qu’on donne à son discours, afin de voir si l’un est fait pour l’autre, et si l’on peut s’assurer que l’auditeur sera comme forcé de se rendre4. […] Montaigne écrivait : « Qu’on jette une poutre entre ces deux tours ; il n’y a sagesse philosophique qui puisse vous donner courage d’y marcher. » 3.
Tantôt chez un auteur j’adopte une pensée, Mais qui revêt chez moi, souvent entrelacée, Mes images, mes tours, jeune et frais ornement ; Tantôt je ne retiens que les mots seulement. […] En dépit de Bavus2, soyez lents à me suivre ; Peut-être en de plus heureux temps J’ai moi-même, à l’aspect des pleurs de l’infortune, Détourné mes regards distraits ; A mon tour, aujourd’hui, mon malheur importune. […] Mon imitation n’est point un esclavage : Je ne prends que l’idée, et les tours, et les lois Que nos maîtres suivaient eux-mêmes autrefois.
Par ce tour adroit, il écarte tout ce que l’action de Milon peut avoir d’odieux. […] En effet, il y a pour chaque idée une expression, un tour unique. […] Mais ce tour serait languissant. […] Ce tour, comme le mot l’exprime, porte surtout le caractère de l’urbanité. […] Ce tour, pris à la lettre, paraît affaiblir la pensée ; mais les idées accessoires en font sentir toute la force.
Marchez donc sur ses pas ; aimez sa pureté, Et de son tour heureux imitez la clarté. […] Surtout qu’en vos écrits la langue révérée Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée ; En vain vous me frappé d’un son mélodieux, Si le terme est impropre, ou le tour vicieux : Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme, Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme : Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain. […] Ce mouvement, ce tour dramatique est emprunté à une satire de Perse, sur la Paresse. […] Les personnes qu’ils ont commencé de connaître dans ce temps leur sont chères ; ils affectent quelques mots du premier langage qu’ils ont parlé : ils tiennent pour l’ancienne manière de chanter et pour la vieille danse ; ils vantent les modes qui régnaient alors dans les habits, les meubles et les équipages ; ils ne peuvent encore désapprouver des choses qui servaient à leurs passions, qui étaient si utiles à leurs plaisirs, et qui en rappellent la mémoire : comment pourraient-ils leur préférer de nouveaux usages, et des modes toutes récentes où ils n’ont nulle part, dont ils n’espèrent rien, que les jeunes gens ont faites, et dont ils tirent à leur tour de si grands avantages contre la vieillesse ?
Que de tours languissants et embarrassés se présentent avant le vrai tour, le seul qui donne à la pensée sa physionomie et son mouvement ! […] Pour la propriété, ce n’est pas assez d’être bien doué ; il faut savoir la langue et avoir pesé dans les écrits des modèles ce que valent les mots dont nous nous servirons à notre tour. […] Quels soins pour disposer dans l’ordre naturel tant de pensées qui se présentent isolément et avant leur tour, pour reconnaître les points par où elles se touchent, pour faire un tissu indestructible de tous ces fils dispersés !
Mais il faut supposer qu’on parle bien ; et peut-être même est-on obligé de parler un peu mieux dans une lettre que dans la conversation, parce qu’on a le temps de choisir ses idées et ses expressions, et de leur donner un tour plus agréable. […] Deux excès sont à éviter dans le style épistolaire : le trop d’art, c’est-à-dire les pensées affectées, les mots sonores, les figures éclatantes, les périodes nombreuses, les tours pompeux ou alambiqués ; et le trop de négligence, c’est-à-dire les termes impropres, les phrases triviales ou mal construites, les pensées sans valeur, et en, général tout ce qui ne serait pas bien reçu dans la conversation de la bonne compagnie. […] Dans les lettres de demandes, le ton doit être modeste et respectueux à proportion de la qualité de la personne à laquelle on écrit : les expressions choisies sans le paraître, les pensées justes et convaincantes, les tours agréables et propres à persuader, doivent distinguer ces lettres.
Pour défendre la vérité et faire aimer la vertu, tout écrivain digne de ce nom doit employer ces tours ingénieux qu’on appelle des images. […] Pour bien écrire, en effet, deux conditions sont essentielles : l’emploi du terme propre, et l’élégance des tours. […] On peut prendre la pensée d’un écrivain et la reproduire en changeant le tour et l’expression. D’autres fois, c’est le tour ou l’expression que nous emprunterons pour les appliquer à d’autres sujets. […] Plus on l’a étudié, plus l’imagination s’échauffe, plus elle fournit de pensées, de tours et d’expressions convenables.
L’unité de dessein bien déterminée, on distribue les groupes d’idées, et ensuite les détails de ces groupes, on assigne à chaque idée sa place d’après leur génération et leur dépendance, c’est-à-dire de manière que chacune d’elles amène la suivante, et que celle-ci, conduisant à son tour à une autre, serve en même temps à la précédente d’explication ou de développement. […] La véhémence dépend moins de la force de l’expression que de la vivacité et de la variété du tour et du mouvement de la phrase. […] L’élégance ajoute aux qualités essentielles l’agrément et la distinction, et elle y parvient par le choix des pensées, des expressions, des tours, des nombres. […] Enfin on range parmi les figures certaines formes de langage ou tours de phrase qui modifient la manifestation de l’idée, en faisant saisir d’une manière plus vive que les formes simples et positives le mouvement de l’âme et la vue de l’esprit.
Mais il faut supposer qu’on parle bien ; et peut-être même est-on obligé de parler un peu mieux dans une lettre que dans la conversation, parce qu’on a le temps de choisir ses idées et ses expressions, et de leur donner un tour plus agréable. […] Deux excès sont à éviter dans le style épistolaire ; le trop d’art, c’est-à-dire, les pensées raffinées, les mots sonores, les figures éclatantes, les périodes nombreuses, les tours pompeux ou alambiqués. […] Le ton doit en être modeste et respectueux, à proportion de la qualité de la personne à laquelle on écrit ; les expressions choisies, sans le paraître ; les pensées justes et convaincantes ; les tours agréables et propres à persuader. […] Si vous êtes vraiment sensible au service que vous avez reçu, vous ne manquerez ni d’expressions ni de tours pour en marquer toute votre reconnaissance, et pour louer la générosité de la personne qui vous a obligé.
Le monde le vomit aussi à son tour, car il ne veut rien que de vif et de ferme. […] Demandez-lui ce qu’il a fait de sa matinée : il n’en sait rien, car il a vécu sans songer s’il vivait ; il a dormi le plus tard qu’il a pu, s’est habillé fort lentement, a parlé au premier venu, a ait plusieurs tours dans sa chambre, a entendu nonchalamment la messe. […] Étudiez-le bien ; puis dites-en tout ce qu’il vous plaira ; il4 ne sera plus vrai le moment d’après que vous l’aurez dit : ce je ne sais quoi5 veut et ne veut pas ; il menace, il tremble ; il mêle des hauteurs ridicules avec des bassesses indignes ; il pleure, il rit, il blandine, il est furieux ; dans sa fureur la plus bizarre et la plus insensée, il est plaisant et éloquent, subtil, plein de tours nouveaux, quoiqu’il ne lui reste pas seulement une ombre de raison. […] Tour vil ; pour dire : Il se croit trahi.
Tout doit contribuer à cette clarté : les pensées, les expressions, les tours et même la manière de prononcer. […] Il soumettait les idées et les sentiments à une analyse subtile, les tours et les mots à une critique rigoureuse. […] Là se contrôlaient les sujets, les pensées, les tours et les mots. […] Ils les appelaient tour, physionomie, formes de la pensée ou des mots, manière d’être, extérieur, gestes du discours. […] Les premières dépendent uniquement du sens, des mouvements de la passion, ou du tour d’esprit : elles subsistent, quels que soient les mots employés.
Tour à tour dans l’opposition légale cl dans les conseils de la couronne, pair de France, ambassadeur, ministre des affaires étrangères, il ne déserta jamais la cause à laquelle il avait attaché l’honneur de son nom. […] Le soleil disparut derrière le Taygète, de sorte que je le vis commencer et finir son tour sur les ruines de Lacédémone. […] Je passerai à mon tour : d’autres hommes aussi fugitifs que moi viendront faire les mêmes réflexions sur les mêmes ruines. […] Tour à tour secrétaire d’État au département des finances, député de la ville d’Aix, ministre, président du conseil, M. […] Des troupes de cent hommes, sorties successivement des rangs, les traînaient cl lacune à son tour.
Le style simple n’admet ni les mots sonores, ni les tours harmonieux, ni les périodes nombreuses. […] Les figures vives et piquantes, le choix et l’harmonie des mots, la variété des sons, les tours ingénieux et brillants, en un mot tout ce qui peut embellir le discours, lui convient et le caractérise. […] L’un plus pur, l’autre plus sublime, Tous deux partagent notre estime Par un mérite différent : Tour à tour ils nous font entendre Ce que le cœur a de plus tendre, Ce que l’esprit a de plus grand. […] On le vit faire montre de son adresse à manier un cheval, se faire le rival des poètes et des écrivains de son temps, disputer avec eux du bel esprit, décrier leurs ouvrages, et se faire honneur de ceux d’autrui. » L’orateur et le poète emploient dans l’éthopée des couleurs plus brillantes, des tours plus nombreux que ceux de l’historien.
Excellent tour dont Voltaire loue avec raison la concision énergique et regrette la désuétude. — Pour la plupart des observations dont ces vers ont été le sujet et pour leurs variantes assez nombreuses, nous nous contenterons au reste, en général, de renvoyer à l’édition Lefèvre déjà citée. […] « La franchise de la repartie, a dit Châteaubriand au sujet d’un de ces dialogues de Corneille, la rapidité du tour et la hauteur des sentiments ne manquent jamais d’y ravir le spectateur. » 2. […] C’est-à-dire, la vertu même : l’inversion que présente ce vers était un tour fort reçu, en prose comme en vers, du temps de Corneille. […] Corneille s’est encore servi de ce mot dans Horace, et Voltaire l’en félicite avec raison : « Ce terme, dit-il, n’a été employé que par Corneille et devrait l’être par tous les poëtes. » Il eût pu ajouter que le père de la tragédie en France ne l’avait nullement inventé, mais qu’il l’avait trouvé dans notre ancienne langue, où pour le tour et pour l’expression il y a encore bien des ressources précieuses à exhumer. […] Pour il a fallu se contenter de : ce tour est hors d’usage aujourd’hui.
Loin de lui les tours harmonieux et les périodes nombreuses. […] Fille aimable du bienfait, tu te fais reconnaître à ton tour : tu ménages, dans l’ordre social, un doux échange de procédés et un commerce de tendres affections. […] Pensées ingénieuses, expressions frappantes, tours et figures agréables, arrangement nombreux et périodique. […] Ils mirent en vogue des expressions dérivées de barbarismes ; des tours nouveaux avec des solécismes ; et ils présentèrent des idées neuves avec des termes impropres. […] Le tour en est grand, les pensées nobles, le style sublime et magnifique, les expressions fortes, les figures hardies ; tout y est plein de choses et d’idées qui frappent l’esprit et saisissent l’imagination.
L’âne vint à son tour, et dit : « J’ai souvenance Qu’en un pré de moines passant, La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et, je pense, Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue : Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net2» A ces mots, on cria haro1 sur le baudet. […] Mon imitation n’est point un esclavage ; Je ne prends que l’idée, et les tours, et les lois Que nos maîtres suivaient eux-mêmes autrefois. […] Joachim du Bellay et Henri Estienne ont beaucoup recommandé ce tour, et Amyot l’a souvent imité des auteurs qu’il traduisait ; mais, si l’on excepte quelques écrivains qui ne répudièrent pas l’héritage du seizième siècle, on peut regretter que l’on ait depuis trop peu usé de cette forme qui donne de l’aisance et de la vigueur au langage.
Il les admire avec l’accent d’une amitié respectueuse qui trahit des sympathies secrètes de croyances, de sentiments ou même de talent ; car il nous parle de ses maîtres favoris avec leur tour d’esprit et presque dans leur langue. […] D’autres bibliothèques s’en enrichiront pour être dispersées à leur tour.
Lamartine 1790-1869 [Notice] Tour à tour historien, publiciste, diplomate, orateur et personnage politique mêlé à des crises orageuses, où il joua un rôle pacificateur, M. de Lamartine n’a jamais cessé d’être un poëte. […] Quand ce fut à mon tour : « O saint ami ! […] M. de Lamartine prend le mot simple, et le rend poétique par la place et le tour qu’il lui donne.
En vain vous me frappez d’un son mélodieux, Si le terme est impropre ou le tour vicieux : Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme, Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme. […] L’élégance du style tient de près à la noblesse ; c’est ce tour gracieux et poli que l’on donne à la pensée, et qui la rend agréable. […] Les figures sont certains tours de parole ou de pensée qui donnent au style de la force, de la grâce ou de la noblesse, soit en changeant la signification d’un mot (figures de mots), soit en construisant la phrase d’après certaines tournures vives et singulières (figures de pensées). […] Les figures de mots sont de deux espèces : 1) celles où les mots conservent leur véritable signification ; 2) celles qui changent la signification des mots : c’est pour cela qu’on les nomme tropes d’un mot grec qui signifie tour ou changement. […] La transition est le passage d’un sujet à un autre, le lien qui unit les parties d’une composition ; elle consiste en un mot, un tour, une pensée, qui sert d’intermédiaire.